HaïtI ROyaumE DE cE mOnDE - Alliances Françaises en Haiti
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HaïtI ROyaumE DE cE mOnDE - Alliances Françaises en Haiti
DOSSIER DE PRESSE Contacts Corinne Micaelli-Mulholland Directrice exécutive Eléonore Lanfry Chargée de programmation prog@institutfrançaishaiti.org Caroline Faysse Chargée de communication com@institutfrançaishaiti.org 99, avenue Lamartinière Bois Verna T (+509) 28 13 00 14 www.institutfrancaishaiti.org Facebook : Institut français en Haïti Twitter : IF Haïti BBM : 2A5FA6 Haïti Royaume de ce monde Cette exposition est une coproduction du Fonds de Dotation agnès b. et de l’Institut français. Elle bénéficie du soutien de l’Amabassade de France et de l’Institut français en Haïti, la Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL), la Ville de Paris (dans le cadre de la convention Institut français/Ville de Paris), l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le service culturel de l’Ambassade d’Haïti en France, ARCADES (Fonds européen de Développement) et le service culturel de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris. Haïti royaume de ce monde Exposition Collective - Art contemporain Du 9 mars au 13 avril 2013 - Maison vital, jacmel, Haïti Exposition contemporaine de près de 30 pièces, tous supports confondus (peinture, sculpture, récupération, installation, vidéo) 17 artistes, des grandes personnalités de l’art haïtien, y sont représentés : Sergine André Elodie Barthélémy Mario Benjamin Jean Hérard Céleur Macksaens Denis Edouard Duval-Carrié André Eugène Frankétienne Guyodo Sébastien Jean Killy Tessa Mars Pascale Monnin Paskö Barbara Prézeau Michelange Quay Roberto Stephenson Après avoir été exposée à l’Espace Agnès B. à Paris (France) d’avril à mai 2011, à la Biennale d’Art Contemporain de Venise (Italie) de juin à août 2011 sous pavillon haïtien, à la Haïtian Cultural Arts Alliance à Miami, dans le cadre de la foire internationale Art Basel Miami Beach en décembre 2011, et au Centre culturel de rencontre Fonds SaintJacques, à Sainte-Marie en Martinique, en octobre/novembre 2012, HAITI ROYAUME DE CE MONDE sera présentée au public haïtien du 9 mars au 13 avril 2013 à la Maison Vital, Jacmel. « Haïti royaume de ce monde » ne présente que les œuvres de contemporains. « Je voulais aller à contrepied, c’est-à-dire montrer d’autres facettes et formes de l’art haïtien qui ne se réduit pas aux peintures, ni aux naïfs » Giscard Bouchotte, Commissaire d’exposition PRÉSENTATION HAïTI ROYAUME DE CE MONDE, témoin de la vitalité créatrice des artistes haïtiens, donne à voir les travaux des artistes qui, au quotidien, questionnent le chaos, mettent en cause l’idée du caractère fatal du malheur et proposent un autre visage d’Haïti. Ils sont plasticiens, photographes, sculpteurs, peintres, performeurs, vidéastes, ils sont les acteurs essentiels de leur époque. L’exposition est pensée comme un laboratoire dont ils sont les dépositaires. Elle présente principalement des oeuvres récentes ou inédites, commandes faites aux artistes spécifiquement pour l’exposition, témoignant ainsi de leur vitalité créatrice, et, dans le même temps, nous interrogeant sur la difficulté pour ces artistes et leurs oeuvres, de circuler, d’échanger avec la Caraïbe et le reste du monde. Le titre, inspiré du roman d’Alejo Carpentier, est une manière de revenir sur des mythes fondateurs liés à Haïti et, sans en faire son éloge, de sublimer le chaos haïtien et ses possibles. C’est en 1943 lors de son voyage en Haïti que l’écrivain cubain Alejo Carpentier trouve les fondements de sa théorie du «réalisme merveilleux». Le real maravilloso, en phase avec les soubresauts politiques et pris dans la spirale des catastrophes naturelles les plus dévastatrices, a longtemps fait place au «chaos merveilleux». C’est ce «chaos merveilleux» que cette exposition propose d’explorer. Frankétienne, à travers ses ovnis littéraires et picturales, L’Oiseau schizophone (1993) ou Galaxie Chaos-Babel (2006) crée un univers apocalyptique depuis une quarantaine d’année. Mario Benjamin, lui, habite le temps et l’espace : il réalise des installations qui font corps avec le lieu de naissance de son oeuvre. Macksaens Denis (premier vidéaste haïtien) poursuit, avec ses sculptures-vidéos, une réflexion qui porte sur la déferlante d’images propre à notre époque. Roberto Stephenson, le photographe de la ville, s’inspire du spectacle des décombres des maisons pour camper deux types d’architecture : une architecture molle avec les tentes disséminées sur les places publiques et l’architecture dure avec ce qui reste de béton. Les sculpteurs de la Grand’Rue, André Eugène, Guyodo et Jean Hérard Celeur, par la magie de la récupération, transforment un cimetière grandissant de carcasses de voitures en face de chez eux. Alors que les jeunes plasticiens Killy et Paskö nous emportent dans un autre imaginaire, déconstruisant les idées reçues sur Haïti, il y a aussi toutes celles et tous ceux qui proposent du sens à ce qui arrive en utilisant des médiums de plus en plus prisés chez ces artistes, comme par exemple l’installation ou la vidéo. C’est notamment le cas de Macksaens Denis, Barbara Prézeau, Elodie Barthelemy, Edouard Duval-Carrié, Mario Benjamin… La plupart des artistes de la sélection sont des artistes vivants et confirmés, aux côtés de deux jeunes à l’avenir très prometteur, Tessa Mars et Sébastien Jean. Reste l’audace de cette sélection : Frankétienne, plus connu comme dramaturge et écrivain, présenté ici comme le seul écrivain en Haïti qui vit de sa peinture. Suite au séisme, constat a été fait que, l’aide internationale privilégiait l’urgence, boudant ainsi la création et toutes les expressions artistiques, jugées superficielles par rapport aux besoins vitaux. Dans un pays où tous ces artistes représentent de véritables leaders d’opinion, est-il toujours sensé de les confiner au champ purement esthétique ? N’ont-ils pas également leur mot à dire sur la reconstruction et les affaires politiques du pays ? L’imaginaire n’est-il pas, lui aussi, une porte pour se dépasser et, petit à petit, se reconstruire ? Malgré l’écart qui existe entre les discours qui jurent qu’Haïti ne s’en sortira que par sa culture et la réalité du budget qui lui est alloué, le pays serait celui ayant la plus grande concentration d’artistes et d’artisans de la Caraïbe. Ils en sont aujourd’hui les meilleurs ambassadeurs. Ils sont la preuve que quelque soit la situation, la création elle, ne tarit pas. La tendresse du monde ne va pas durer. C’est à une Haïti qui a inspiré des intellectuels aussi illustres que Graham Greene, Aimé Césaire, Maryse Condé ou Edouard Glissant que nous vous convions. Bienvenue dans une Haïti debout. Une Haïti où la vie a repris ses droits et où les créateurs gouvernent. Giscard Bouchotte - Commissaire d’exposition C’est dans ce contexte, un an après le séisme, avec l’aide du Fonds de dotation Agnès B. et de l’Institut Francais, qu’est né le projet d’exposition collective HAïTI ROYAUME DE CE MONDE. Dépassant les idées reçues d’une Haïti «misérable», d’un art haïtien naïf, HAïTI ROYAUME DE CE MONDE est l’une des plus belles cartes de visite du pays, présentée dans les plus grandes manifestations d’Art Contemporain au cours des deux dernières années. Qui n’a pas lu Le royaume de ce monde du Cubain Alejo Carpentier sur l’histoire d’Haïti pourrait trouver légèrement mégalomaniaque le titre choisi par Giscard Bouchotte, commissaire, pour cette exposition collective d’artistes haïtiens ! Mais voilà. Frankétienne, le plus grand poète vivant de son île, est le premier à affirmer haut et fort sa mégalomanie et on ne peut nier l’impression de majesté qui se dégage des travaux présentés ici. On peut imaginer, dans la circonstance où la plupart de ces créateurs se trouvent, leur île dévastée, leurs proches endeuillés, sans oublier celle d’une dignité qui cherche sa place entre compassion et solidarité, les difficultés qu’ils rencontrent... Sans éviter le contexte du séisme, puisqu’elle s’ouvre sur les remarquables photos de Roberto Stephenson sur les camps de Port-au-Prince, auquel il insuffle la poésie de sa lumière, l’exposition est surtout un voyage dans les profondeurs d’un imaginaire, blessé mais réhabité par une tradition extrêmement riche quant aux représentations de la mort. Forêt de songes Il suffit de voir se promener le Grand Baron vaudou sur aluminium d’Édouard DuvalCarrié pour pénétrer avec ce guide magnifique cette forêt de songes. À ses côtés tourne et retourne sur lui-même l’Ange sacrifié de Pascale Monnin, spectacle de pure grâce, et après avoir traversé cette sorte de ruelle intérieure où s’exposent les silhouettes et visages stupéfiants des artistes de la Grand-Rue de Port-au-Prince, on débarque dans le temple vaudou de Sergine André, qui reconstitue dans cette installation vivante et parfois malicieuse le coeur battant de son île. On trouve aussi ici la matière première de cette «terre nourricière» en galettes d’argile signées Élodie Barthélemy et, dans un tout autre genre, le travail étonnant de Mario Benjamin qui aligne des chaises en Plexiglas où des poissons sont enfermés... Les vidéastes ne sont pas en reste, ainsi Maksaens Denis qui réfléchit sur les flux d’images contemporains ou encore Barbara Prezeau sur le deuil. La plupart des artistes réunis disent la puissance du merveilleux dans un réel chaotique et douloureux. L’exposition, soutenue par le fonds de dotation Agnès b. et l’Institut français, se tient non loin du canal Saint-Martin, dans la bien-nommée rue Dieu ; c’est le premier rendez-vous d’un périple qui durera trois ans, s’arrêtera cet été à la Biennale de Venise et, après un tour du monde, atteindra Haïti, royaume qui l’inspire. Par Valérie Marin la Meslée Le Point.fr - Publié le 22/04/2011 FONDATION AGNES B. Créé à titre privé par Agnès B. en juin 2009, dans la continuité de ses engagements de toujours, le Fonds de Dotation Agnès B. développe une politique de mécénat originale en soutenant et en accompagnant de manière ponctuelle ou permanente, des projets, des associations, des personnes, dans les arts, la création et la pensée ; dans le champ des solidarités ; et dans le domaine de l’environnement. Pour l’art et la création, toutes les disciplines sont concernées : les arts plastiques et graphiques, la littérature, le cinéma, la musique. Les actions menées touchent tout aussi bien le soutien à des artistes qu’à des lieux de diffusion atypiques, ou encore l’accompagnement de projets hors-normes. Le Fonds de Dotation organise des expositions - à la Galerie du Jour et hors les murs - des manifestations, édite des ouvrages. Il a repris l’édition et la diffusion du le Point d’Ironie dernier en date un numéro spécial Pierre Reimer. Ce journal d’art a été créé à l’initiative d’Agnès B., Christian Boltanski et Hans-Ulrich Obrist, chaque numéro est une carte blanche confiée à un artiste, et est diffusé à cent mille exemplaires dans le monde. Enfin, les actions de solidarité, au-delà du fait de l’engagement d’Agnès B. dans la lutte contre le Sida, pour le droit au logement, pour l’accès à l’éducation, à la santé et à l’eau, s’en trouvent renforcées. Dans le domaine de la préservation de l’environnement, le Fonds de Dotation soutient et accompagne le voilier Tara dans ses expéditions scientifiques. La dernière en date, Tara Océans - expédition internationale sur trois ans et dans tous les océans du monde. En projet la création d’un espace public, lieu qui sera consacré à toutes les formes d’art et de création, ainsi qu’à la conservation et la diffusion de la collection d’art d’Agnès B. INSTITUT FRANCAIS L’Institut français est l’agence du Ministère des Affaires étrangères et européennes pour l’action culturelle extérieure de la France. L’Institut français oeuvre en faveur des arts visuels et de l’architecture, tant en direction des artistes et créateurs vivant et travaillant en France que sur le continent africain et dans la région caribéenne. Il est l’opérateur du Pavillon français de la Biennale de Venise et coproducteur de certaines grandes Biennales, notamment en Afrique. Il accompagne des étapes internationales d’expositions dans le cadre de la diffusion des collections publiques ou dans celui de la programmation des musées ou partenaires étrangers, il soutient la présence d’artistes français dans les foires internationales et favorise le repérage des scènes artistiques par les professionnels étrangers. SUR LE WEB http://hpnhaiti.com/site/index.php/art-a-spectacle/6368-haiti-france-aquand-en-haiti-lexposition-l-haiti-royaume-de-ce-monde-rhttp://www.lepoint.fr/arts/haiti-royaume-de-cemonde-22-04-2011-1322485_36.php http://www.dailymotion.com/video/xhullw_exposition-haiti-royaume-de-cemonde-chez-agnes-b-8-avril-au-18-mai-2011_creation#.UNHi_7baOS4 http://www.francetv.fr/culturebox/haiti-royaume-de-ce-monde-une-exposition-a-la-fondation-agnes-b-53743 BIOGRAPHIES Sergine André dit « Djinn » est née en 1969 à Verettes, Haïti et travaille aujourd’hui à Bruxelles. Après des études à l’École des Arts d’Ottawa, elle revient en Haïti où elle signe ses premières toiles. En 1997, elle participe à l’exposition « Les Femmes peintres d’Haïti» au musée National d’Haïti (Panthéon). En mai de la même année, elle expose aux côtés de Pascale Monnin à la Galerie Monnin à Pétion-Ville. En décembre 1997, elle est lauréate du concours « Connaître les jeunes peintres » organisé par l’Institut français, ce qui lui permet d’être invitée d’avril à juin 1998 à l’Ecole Nationale des Beaux Arts à Paris. Depuis 1996, elle ne cesse d’exposer dans son pays mais aussi en Europe et aux Etats-Unis. « Sergine André est née dans l’Artibonite, dans cette région d’un pays délabré qui est encore fertile. Dans cette région, cependant, comme dans tout Haïti, les êtres humains sont moins nombreux que les esprits, surtout pendant la nuit, qui fait peur. Sergine André est une noctambule. Elle va là ou les autres craignent le pire. Elle voit ce qui les terrorise, et elle le fait voir. Audacieuse Sergine ! Chacun de ces tableaux fait sentir une présence inquiétante, rend visible l’invisible. C’est comme si les esprits, ceux de l’autre côté, respirent sur l’autre côté de la toile. Leur haleine la transperce. La toile transpire, empreinte d’une étrange beauté, de l’étrangeté de toute beauté. La figure non figurée d’un être insaisissable apparaît, saisie dans l’espace pictural. Pour ceux qui savent voir, il y a plus à aimer qu’à craindre. » Michael Norton Elodie Barthelemy, née en 1965 en Colombie est une plasticienne à la double culture française et haïtienne. Initiatrice du mouvement de solidarité porté par La Maison des Artistes et soutenu par l’AIAP Europe : « Haïti Action Artistes », regroupant des artistes du monde entier, elle vit et travaille en France. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris en 1991, elle n’avait que 20 ans, lorsqu’elle a eu l’opportunité d’exposer en Haïti. Ce voyage s’est révélé déterminant pour trouver son chemin artistique. Elle y a enraciné sa source d’inspiration et y a trouvé bon nombre de matériaux et d’objets qui ont nourri son champ d’expérimentation : calebasses, cheveux, racines, chapeaux, vêtements d’occasion, fers découpés, bouteilles. Son travail prend différentes formes : dessins, peintures, tissus appliqués, sculptures, installations, photos, vidéos, enregistrements sonores, oeuvres participatives. Elle coud, écoute, assemble, tresse, peint, scotche. Elle insuffle dans la société française des points de vue, des valeurs, des questionnements et des propositions qui lui viennent de cet entre-deux propre à la double culture. La relation avec les vivants, les morts, la nature, l’humour, qui habite ses travaux ont beaucoup emprunté à la culture haïtienne traditionnelle. L’installation terre nourricière qu’Elodie Barthélemy a conçu pour « Haïti, Royaume de ce monde » emprunte son inspiration d’une part à la littérature latino américaine, base de son éducation littéraire, et plus spécifiquement à Cent ans de solitude de Gabriel Garcìa Màrquez, ouvrage fondateur du Réalisme magique. Et d’autre part, aux reportages relatant une réalité haïtienne : le commerce alimentaire de galettes d’argile (janvier 2008 sur France 2 et janvier 2010 dans Paris Match) et enfin à la méthode du torchis, ancestrale et respectueuse de l’environnement, pratiquée encore en Picardie. Sur un étal de marché, posées sur des plateaux en osier traditionnels, sont présentées des galettes, disposées en empilements cylindriques, évoquant indifféremment des tourelles de guet, des habitats en terre ou des greniers à grain. Confectionnées à partir d’argile, de paille, de sable, de chaux et de dents, ces galettes interrogent notre dette à tous envers la terre qui semble disposée à nous porter, nous loger et nous nourrir, au propre et au figuré, jusqu’à la dévoration; hier, aujourd’hui et demain? Mario Benjamin, né en 1964 à Port-au-Prince, vit et travaille en Haïti. Pionnier en Haïti, de l’art informel, des installations, du ready-made, des expériences multimédia et performances, il refuse systématiquement de documenter son travail. De ses premières expériences, il ne reste ni publication, ni film ; seuls quelques diapositives ou photographies échappent à la règle. Il faut dire que Mario Benjamin dont les premières expositions figuratives et maniéristes, très conformes au goût de la fin des années 80, va bousculer, jusqu’à la rupture, son public déjà acquis. Depuis une dizaine d’années, ses oeuvres, d’une facture très libre, inquiètent. Les récentes expositions de Mario Benjamin s’adressent à l’espace, il y crée un environnement à l’échelle humaine. Le spectateur déambule à travers l’oeuvre ou s’y confronte de manière physique. L’art se rapproche du « sujet / spectateur » et cesse d’être objet. Il y a abolition de la distanciation. Cette proximité invasive déclenche des phénomènes au niveau de la perception. Il va sans dire que la censure locale, si peu informée des pratiques actuelles de l’art international et surtout motivée par le commerce d’objets plastiques, a essayé (dans les limites de ses capacités) de minimiser l’impact de ce qu’il faut qualifier de révolution dans le contexte de l’histoire de l’art haïtien. C’est à ce titre de révolutionnaire que l’oeuvre de Mario Benjamin a été présentée dans presque toutes les prestigieuses rencontres de l’art contemporain international : Biennale de La Havane, de Johannesburg, de São Paolo, de Venise et bien entendu de Santo Domingo ainsi qu’a de nombreuses expositions aux États-Unis, notamment au MOCA à Miami. Il a également participé récemment à l’exposition itinérante La route de l’art sur la route de l’esclave, à Latitudes 2004 – Terres de l’Atlantique, Infinite Island : Contemporary Caribbean Art au Brooklyn Museum à New York, Kreyol Factory avec les sculpteurs de la Grand’rue. La cinéaste suisse, Irène Lichtenstein, lui consacre un film en 2008. En 2010 le musée du Botanique de Bruxelles lui commande une installation. En 2011 c’est chez Digicel qu’il réalise une installation permanente en mémoire des disparus du séisme. Jean Hérard Céleur, né en 1966 à Port-au-Prince où il y vit encore. Depuis 1999 il a exposé de nombreuses fois en Haïti, en Afrique, et en Europe notamment en Angleterre et en Italie. « Mon oeuvre est un collage qui traverse l’abstrait et le représentatif. Elle est un assemblage d’objets que je taille dans le bois, combinée avec des matériaux trouvés qui m’entourent comme des tubulures de moteurs, des téléviseurs, des pneus, des enjoliveurs et du bois de construction rejeté. Les sculptures font références à des sujets variés, et sont liées à la fois à la situation politique actuelle à Portau-Prince (…). Pour moi, la figure, l’objet est une manière d’explorer l’abstraction, l’histoire de l’art, et l’art de la politique. (…) je vis dans une réalité chargée d’une pauvreté quotidienne qui nourrit mon travail constamment. Cependant cette nécessité économique est combinée avec une continuité visuelle et culturelle, qui fait référence à la fois au patrimoine et à l’histoire africaine et haïtienne. (…) » Maksaens Denis, né en 1968 en Haïti vit et travaille à Dakar, Sénégal. Après des études d’audio-visuelle à Paris à l’ESRA, il travaille comme monteur et réalisateur pour différentes sociétés de post production. Parallèlement à son travail de réalisateur/monteur il expérimente de nouvelles formes d’images avec le collectif “les Filtres Actifs” et “VJ Pirate” avec lequel il réalise des performances vidéos dans le milieu underground parisien jusqu’en 2004. Depuis 2002, il réalise des installations et des sculptures-vidéos dans divers pays du monde. Il participe à des expositions internationales telles que : “Latitudes 2004” à Paris, la “51ème Biennale de Venise” en 2005, “Landings” au Mexique en 2006, “Infinite Island” au Brooklyn Museum en 2007, Le “Forum AfricAmericA” en 2004, 2006 et 2008 en Haïti et la “Biennale de Dakar” en 2010, où un prix de la Fondation Blachère lui est decerné pour son installation “36 secondes”. « L’image photographique et la vidéo sont les outils qui me permettent le mieux de m’exprimer. Je joue avec l’image. Je la prends, je la transforme et je la travaille jusqu’à ce qu’elle arrive à donner l’émotion que je recherche. Intégrée dans une installation vidéo ou dans une sculpture vidéo, elle doit former avec l’une ou l’autre un tout cohérent et indissociable. J’aime aussi le tube cathodique et très souvent je le libère de son emballage plastique pour le mettre à nu. C’est à la fois un choix esthétique et une manière de démystifier cet objet (...). Dans mes installations, je pose les interrogations que je me pose à moi-même, qu’il s’agisse de la misère, du mysticisme, de la mort. » (…) C’est l’action de créer qui est primordiale pour moi. L’insertion d’éléments de ma culture est sans doute une certaine recherche d’une identité perdue durant mes 17 ans en Europe. Mais l’important, en dehors de toute considération haïtienne, c’est l’oeuvre elle-même et ce qu’elle exprime… » Propos recueillis par Roger Pierre Turine, Bruxelles, 2010 Edouard Duval-Carrié, né en 1954 en Haïti vit et travaille aujourd’hui à Miami. Artiste reconnu et chantre contemporain de la culture haïtienne et vaudou, il s’est installé (après un long périple, dans les Caraïbes et à Paris) à Little Haïti, coeur du quartier haïtien de Miami. Son atelier, centre névralgique ouvert et généreux, autour duquel se sont développés l’Alliance (Alyans Atizay Ayisyen) et le Centre Culturel haïtiens, est identifiable par ses grands dessins blancs appliqués au pochoir sur les murs rouges. Havre de création, actif et foisonnant, laboratoire d’idées, de langues (créole, espagnol, français et anglais), de techniques artistiques, d’actions culturelles et humanitaires à destination de la communauté haïtienne, c’est aussi un lieu ressource, vibrant et vivant où cohabitent les outils et tubes de peintures, les oeuvres en cours ou exposées, et les collections accumulées de livres, jouets, minéraux, animaux empaillés, mappemondes, objets artisanaux, rituels vaudou et autres croyances…. Edouard Duval-Carrié collectionne, mais à la différence de son ami, Hervé Di Rosa, il ne court pas le monde, il l’amène à lui, marque son territoire artistique et invente sa propre représentation du monde. Au M.I.AM, musée international des arts modestes de Sète, un choix d’oeuvres d’Edouard Duval-Carrié est présenté, des objets rituels vaudou, et de l’art populaire haïtien, font écho aux oeuvres exposées dans «Global Caribbean» ; c’est un peu du monde d’Edouard Duval-Carrié qui est reconstitué, de l’énergie qui l’anime, un fragment des Caraïbes. André Eugène, né en 1959 vit et travaille à Port-au-Prince. Influencé par l’énergie créative de son entourage, il a appris la sculpture traditionnelle sur bois. « Il y avait toujours quelque chose qui se passait dans notre voisinage, il y avait de la musique, de nombreux sculpteurs et des vaudous. C’est ce qui me fit commencer ma vie d’artiste». Son travail est fortement influencé par les artistes contemporains haïtiens comme Nasson. Eugène fusionne les effigies fétiches avec une vision du futur apocalyptique : Il utilise des squelettes humains pour représenter les têtes. Son travail est imprégné d’une conception audacieuse de l’ironie, de la sexualité et de l’humour. Depuis 1998 il participe à de nombreuses expositions collectives en Haïti, aux USA et en Europe. « C’est d’habitude toujours la bourgeoisie qui détient les galeries. Mais moi, je voulais en avoir une qui ne serait pas seulement une galerie, mais plutôt un musée. C’est la raison pour laquelle j’ai nommé E Pluribus Unum Musée d’Art, mon atelier et ma cour. Frankétienne, né le 12 avril 1936 vit et travaille en Haïti. Il est né, dit-il, « du viol d’une paysanne haïtienne de treize ans par un vieil industriel américain ». Enseignant, comédien, dramaturge, écrivain et peintre, Frankétienne est cofondateur à la fin des années 1960 du mouvement Spiraliste, largement inspiré, entre autres, du nouveau roman français et de l’expérience joycienne. Pour plusieurs critiques, aujourd’hui, à l’égal de Dos Passos, de Césaire, de Carpentier, ou Naipaul, il a su trouver dans différentes formes d’expressions populaires haïtiennes la source vive de nouvelles esthétiques, modernes et actuelles, dont Ultravocal (1972), L’Oiseau schizophone (1993) et H’Éros-Chimères (2002) qui sont exemplaires. Son travail sur le Spiralisme trouve écho dans le cycle infernal des malheurs d’Haïti. Il met en scène l’art du désastre « Foukifoura », il présente ses oeuvres comme prémonitoire. La Spirale c’est l’esthétique du chaos, de l’imprévisible, de l’inattendu, de la diversité… (…) Accroché obstinément à son bout d’île qu’il a refusé de quitter même pour un court séjour durant les années Duvalier, et qu’il refuse encore de quitter trop longtemps, malgré les sollicitations nombreuses et la furie des exodes, publiant régulièrement (depuis quarante ans) dans les deux langues des traditions littéraires haïtiennes, jouissant d’une large audience nationale, plus qu’aucun autre, Frankétienne est écrivain haïtien. Créateur nocturne (…) chacune de ses grandes oeuvres est profondément ancrée dans l’histoire contemporaine haïtienne. Chacune témoignant (…) d’un moment de la « conscience nationale ». En 2004, le Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre lui a rendu hommage lors de la grande exposition : Frankétienne : Entre ténèbres et lumière où furent exposées ses vingt fresques sur la révolution haïtienne. Jean Jonassaint - Extrait biographie Ile en ile Guyodo (Frantz Jacques), né en 1973, vit et travaille à Port-au-Prince. Membre du groupe Atis Rezistans, il crée des sculptures à partir d’éléments de voitures, d’objets en métal ou en plastique ainsi que toutes sortes de déchets récupérés dans le quartier de la Grande Rue. Alors que sa mère le destinait une carrière de mécanicien, il fut footballeur professionnel jusqu’à ses 25 ans. En 1989 Guyodo expose pour la première fois au Sent Kiltirel Afrika Amerika à Port-au-Prince. En 2006 il fut l’un des artistes choisi par les commissaires du Musée International de l’Esclavage de Liverpool qui lui commandèrent une pièce monumentale (Freedom Sculpture) pour la commémoration du 200ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Guyodo expose en Europe, en Haïti ainsi qu’aux Etats-Unis. Sébastien Jean, né en 1980 à Thomassin, il vit et travaille toujours en Haïti. Artiste, peintre et sculpteur autodidacte, il a commencé à peindre et à dessiner dès l’âge de 13 ans, encouragé par sa mère, puis par Félicia Dell, créatrice de mode, ainsi que Christian Raccurt et Reynal Lally, (collectionneurs), et l’artiste Mario Benjamin. Son travail est fortement influencé par le vodou. Ses sculptures sont réalisées à partir d’objets de récupération. Il peint des toiles de grand format et a mis au point une technique associant du noir de fumée à la couleur, qui donne à ses tableaux un clair-obscur particulier. Pour sa première grande exposition, organisée à l’Institut français en Haïti en décembre 2009, le commissaire était l’artiste Mario Benjamin. En 2010, il bénéficie d’une bourse de « Culture France » et est en résidence au couvent des Recollets à Paris. Il a participé également à trois expositions : « Arts America » à Miami en Floride, organisée par la galerie Marassa, « Saint-Soleil - Malraux » à Pétionville organisée par l’Institut français et l’ambassade de France en Haïti à l’occasion de la visite officielle du Ministre français de la culture, Frédéric Mitterrand et « Un fond noir et un fond blanc » organisée par la galerie Monnin. « (…) J’ai très tôt été attiré par la nature où j’aimais m’isoler pour trouver le silence et méditer pour ressentir des vibrations magiques qui me procuraient de fortes sensations. Incroyable mais vrai, c’est ainsi qu’en 1997, à l’âge de 17 ans, j’ai découvert à côté de chez moi des bambous desséchés. J’en ai pris un sans vraiment savoir ce que j’allais en faire. Spontanément, avec du noir et du blanc à l’huile, j’ai exécuté un dessin que j’ai intitulé « nan magribe », ce qui signifie « Crépuscule ». A ce moment là, je ne connaissais pas encore l’efficacité de l’encre de Chine, mais il faut bien apprendre un jour ou l’autre. Dans une imprimerie proche de chez moi, j’ai récupéré toutes sortes de couleurs que j’ai utilisé pour peindre des bambous. Chez moi, on se réjouissait de cette production originale alors que dans le voisinage on me prenait pour un fou ! Sans me Killy (Patrick Ganthier) né en 1966 à Girardeau, vit et travaille aujourd’hui à Montréal. Il a commencé à travailler comme artisan de fanaux de Noël (petites lanternes de papier et de carton de couleurs). Autodidacte, il crée des sculptures de récupération avec des matériaux trouvés dans son quartier. De 1987 à 1990, il fait l’apprentissage du dessin au Centre d’Art de Port-au-Prince sous la direction du peintre réaliste Franck Louissaint. En 1997, il présente pour la première fois sa sculpture de recyclage au Concours Texaco « Artisanat de récupération. » A la même époque, il fréquente l’atelier Kay Tiga où sous la conduite du fondateur du mouvement Saint Soleil, Jean Claude Garoute plus connu sous le nom de Tiga. En 2004, Killy émigre à Montréal, où il produit, à partir de mousse synthétique et de planches récupérées dans les décharges de Rivière des Prairies, une imagerie baroque et expressive. Des pièces d’une rare puissance qui tiennent de l’Art brut et du Funk Art. Membre actif de l’Atelier circulaire de Montréal, (centre de production et de diffusion des arts imprimés), Killy y poursuit une formation en gravure et lithographie jusqu’en octobre 2005, date à laquelle un grave accident lui abîme une main, ce qui n’entamera pas son pouvoir créatif. L’exposition Grandir et Mourir, organisée en février 2008 au Montréal Arts Interculturels (MAI) a su soulevé un vif intérêt du public et de la critique montréalaise. En 2009, la série de monotypes pailletés présentée à la Galerie Monnin témoigne de la force imaginative de Killy. Deux expositions récentes avec Les Ateliers Jérôme de Port-au-Prince, Immanence (août 2010) et Entre ciel et Terre (Karibe Convention Center, septembre 2010) donnent la mesure de sa force créatrice et l’étendu de ses possibilités. L’oeuvre de Killy est reconnue par la critique comme celle qui établit « une frontière entre la vie et la mort ». Ses oeuvres polymorphiques portent la mémoire historique et sa mémoire personnelle. Elles expriment la transculturalité du phénomène de violence et de ghettoïsation tandis qu’elles proposent l’expression artistique comme une possible issue. «C’est une force invisible qui me pousse à créer, explique le peintre-sculpteur. Si je ne crée pas, c’est comme si j’en avais fini avec la vie.» Tessa Mars, née en 1985 à Port-au-Prince, vit et travaille à Piéton Ville. Elle obtient une Licence en Arts, Lettres et Communication, mention arts plastiques à l’Université de Rennes. En 2006, elle revient en Haïti et travaille depuis à la Fondation AfricAméricA en tant qu’assistante coordinatrice de projets. La peinture est son medium favori et son travail s’articule autour de la notion d’identité. En 2008, elle a exposé au coté du trinidadien Christopher Cozier, du martiniquais Habdaphai et de la béninoise Edwige Apoglan, dans le cadre du 5ème Forum Transculturel de Portau-Prince, sa première expérience artistique dans un cadre international. « Tessa Price Mars est revenue au pays avec un bagage académique acquis dans un cadre nordique. Au contact des artistes populaires, autodidactes membres de la Fondation AfricAméricA, elle opère une remise en question de ses connaissances et développe une écriture picturale, déliée, ample, souvent violente. Les attributs sexuels simplifiés, vagins, phallus, comme les visages servent d’indicateurs imprécis d’une identité complexe, en mutation permanente. » Barbara Prézeau Stephenson Depuis quelques mois, le pays vit une fièvre électorale, une fièvre d’autant plus risquée que le gagnant de ces élections présidentielles aura la charge d’un pays sortant à peine de la plus grande catastrophe physique de son histoire. Une énième élection, un énième espoir… Qui croire ? En qui placer sa confiance ? Les magouilles officielles et cachées n’inspirent pas confiance. On dirait le carnaval. Les murs sont recouverts d’affiches, des inconnus nous regardent et nous demandent nos votes. Soit on n’avait jamais entendu parler d’eux soit on ne les reconnaît plus. Les discours se multiplient et se ressemblent, on passe souvent de la politique à l’absurde et le choix devient difficile. Et l’on se laisse séduire par la familiarité. On oublie peut être que sous la jupe de ti-Simone (sobriquet d’un candidat partant favori dont la bannière est de couleur rose fluorescent) les choses ne sont peut-être plus toutes roses. Voter devient un amusement, un leurre, une occasion de se mettre quelque chose dans la poche. Dans la langue créole, le verbe Voter (Voté) et le verbe Ejaculer (Voyé) ont le même nombre de syllabes et la même sonorité. Dans le chaos ambiant, il est facile de faire un glissement phonétique et alors tout perd de son sens. Le projet mural en question est un jeu, un va-et-vient, une ritournelle sans fin d’espoir et de dérision au bout de laquelle nous, Haïtiens, attendons encore le vote de la délivrance ou l’éjaculation qui ne sera encore qu’un moment, une catharsis, où nous nous retrouverons à la case (cassée) de départ. Pascale Monnin, née en 1974 vit et travaille à Port-au-Prince. Depuis 15 ans, elle gère la galerie familiale à Port-au-Prince. Après le séisme, elle croit en la force des images. Pascale Monnin vient de cette profusion picturale, de cette nécessité gourmande de cadrer le réel au bout du pinceau. (…) Troisième génération d’une famille de jurassiens, établie à Port-au-Prince depuis 1947, elle apprend à peindre, dans les écoles genevoises. A 20 ans, elle retourne en Haïti rejoindre son père et sa soeur avec lesquels elle reprend la galerie fondée par son aïeul. Des sculptures de Nasson aux peintures de Zéphirin et Mario Benjamin, les Monnin fomentent l’une des plus riches collections d’art haïtien de ces cinquante dernières années. Les soeurs Monnin, arrivent à maintenir dans ces couloirs caraïbes une vie artistique. Pascale Monnin, enfant de Suisse dont le grand-père avait fait le choix de cette île, n’a pas attendu que le pays soit relevé. Elle sait que les tableaux qu’elle montre participent au chantier en cours. - Arnaud Robert Depuis 1992, les oeuvres de Pascale Monnin sont exposées dans le monde entier. « Ces personnages, ces animaux qui peuplent mes tableaux sont un peu comme les dieux, les esprits d’une mythologie qui m’appartiendrait. Ils chuchotent quelque chose que je n’arrive pas tout à fait à saisir ; ils me parlent du monde des vivants, de celui des morts. Ils disent aussi de moi, mais leur langage est codé et je ne les comprends qu’à moitié. Compagnons de route tour à tour bienveillants, effrayants, protecteurs ou manipulateurs, ils renvoient en miroir ; errances, poésie et doute. » Paskö (Pierre Pascal Merisier), né en 1974 à Pétion-Ville, il vit et travaille à Carcassonne en France depuis 2004. De 1994 à 1996, il étudie le dessin et la peinture, avec l’artiste Margareth Squire, aux ateliers d’art de l’école Sainte Trinité. Puis, il fréquente les ateliers de Tiga. En 1997, il participe à un atelier de linogravure et de monotype au Centre d’Art de Port-au-Prince. En 2000, il prend part à l’atelier de linogravure de l’artiste américaine Mary Jo Mc O’Neill à l’occasion du 1er Forum Culturel d’Art Contemporain, organisé par la Fondation AfricAmerica. En 2002, il travaille la céramique dans l’atelier de Lissa Jeannot. Il suit une formation en gravure à Montpellier. En 2006 il reçoit une bourse du gouvernement français. Il expose pour la première fois, comme artiste invité, au Festival Saint- Soleil à Soissons-La-Montagne en septembre 1996. Depuis, ses oeuvres sont exposées en Haïti, à Cuba, en République Dominicaine, en France, au Canada, en Norvège et aux Etats-Unis. « (…) Pasko a gardé très profondément ancrées en lui, la culture et les moeurs d’Haïti, (...) Qu’a-t-il donc conservé dans son oeuvre, qui parle de cette vie insulaire tout en gardant ses distances ? Le vaudou, bien sûr (…) Mais (…) il se reprend chaque fois pour échapper au mythe. Dépasse la dimension contextuelle, la condition sociale, pour témoigner à sa façon de l’humanité de ses individus. (…) D’Haïti, Pasko a aussi gardé des images, imprimées dans son esprit depuis l’enfance et ses pérégrinations sur les places de marchés (…) Et les danses. Celles où les corps libérés expriment tantôt une légèreté renforcée par les ailes dont ils sont dotés ; tantôt une lasciveté, un érotisme d’autant plus grands qu’ils sont fortement sexués. L’artiste adopte alors souvent le rouge, non pour évoquer le sang mais à cause de son côté provocant, gai : l’idée de la fête en somme. Il favorise les lignes qui silhouettent les personnages ; module ses couleurs, assurant pour ses corps et décors une parfaite complémentarité ou des dissonances volontaires et parvient alors à sa palette tellement surprenante. Ainsi, animé de la volonté de se séparer de ses dieux mais pas de ses coutumes ; de se situer « en marge « pour ne pas être un Naïf Primitif mais agir résolument dans la modernité (…) » Jeanine Rivais Barbara Prézeau, née en 1965, vit et travaille à Port-au-Prince. Elle a émigré au Canada en 1985 et vécu successivement à Paris, à Dakar et à Port-auPrince. Plasticienne, historienne d’art et commissaire d’exposition, elle crée la Fondation AfricAméricA en 1999, puis le Forum Multiculturel d’Art Contemporain en 2000 et le Centre Culturel AfricAméricA, en 2001. Après avoir exploré les possibilités de la peinture, de la sculpture, de l’installation et du design, elle s’est imposée sur la scène internationale en devenant la première artiste haïtienne à pratiquer le Land Art. Invitée à Moncton au Nouveau Brunswick en 1999, elle réalise Choses, qui sont des choses recrachées par la mer sur les bords de la rivière Petit Codiac. En 2004, elle intervient dans les jardins de l’Ecole des Beaux Arts de La Réunion avec Signes, Mémoires et, en 2005, sur le site de l’Hôpital Caroline, (îles du Frioul, Marseille), elle réalise une oeuvre sur les concepts de durée et de travail féminin : Soie, fleurs et mistral. « Je me documente toujours sur le lieu, la lumière, la nature du sol, les conditions atmosphériques; je m’inspire de repères photographiques. L’oeuvre, naît ensuite d’un travail d’écriture, préalable au voyage, à l’expérience empirique. La réalisation proprement dite est un corps à corps, avec les éléments, avec le temps alloué à l’exécution et aussi une rencontre avec les publics. » - Barbara Prézeau Michelange Quay, né le 5 janvier 1974 aux Etats-Unis. Il vit aujourd’hui à Paris.En 1994, il obtient sa Licence de Cinéma à l’université de New York, ainsi que sa Licence d’Anthropologie à l’université de Miami. En 2002 il réside, à Paris, à la Cinéfondation du festival de Cannes où il commence l’écriture de son long métrage, Mange ceci est mon corps (sorti en 2006). En 2004, il réalise L’Evangile du cochon créole, un court métrage de 18 minutes, produit par Les Films à un dollar, présenté en compétition officielle du festival de Cannes en 2004. Il reçut le prix du meilleur court métrage aux festivals de Locarno, Stockholm, Milan, Rio de Janeiro, Sao Polo, Turin et au festival Tokyo Con Can Film. Haïti Royaume de ce monde présente un court extrait de Mange ceci est mon corps, une scène où «des femmes créoles mixent comme des DJ une musique répétitive et obsessionnelle. «Dans «Mange, ceci est mon corps», il n’y a pas de bande sonore à proprement parler. Il y a des musiques qui ont leur propre moment. J’aimerais bien croire, me persuader, que ce film pourrait contribuer à un cinéma basé sur le « rythme », plus que sur la « mélodie dominante » des destins des personnages, qu’on voit souvent dans le cinéma. C’est le personnage, on l’identifie avec son destin. On est toujours en train de suivre quelqu’un, son destin ou soi-même se mettre en scène. Dans ce film, ce que j’avais envie de montrer, c’est une forme où le rythme, la texture, le style, le feeling sont les plus importants. Et en ce sens-là, j’espère que ça s’inscrit dans une plus large continuité des arts issus de cultures syncrétiques d’Haïti, et d’autres îles, de l’expérience métisse. Parce que ce qui réunit deux peuples, quand ils se rejoignent, deux styles, deux dialogues, c’est cette espèce de rythme de base, de feeling de base, là où les mots ne peuvent pas être traduits. Je voulais faire un film rythmique, un film musical dans le vrai sens du terme. Il y a quelque chose d’immanent entre ces deux principes. Et au milieu se trouve cette présence indigène, ou haïtienne, qui a toujours été, et qui resurgit sous différents masques. Toutes les cultures, mais plus explicitement les cultures créoles, qui sont plus récemment marquées par le clash, le choc des civilisations, dans le sens le plus ambigu du terme, témoignent de cette capacité de « manger » des influences de partout, et de les réinventer dans leurs propres images, au service des buts du jour. Haïti, et ce qu’on pourrait appeler l’essence haïtienne, c’est difficile de le décrire. Il y a des images fugaces d’un feu qui brûle, mais on ne peut pas le saisir. Et c’est une culture qui a toujours su incorporer les influences, et se réinventer, tel un corps qui se reproduit, où toutes les cellules changent» Extrait d’un entretien avec Catherine Ruelle, 2008 Roberto Stephenson, né en 1964 à Rome, il vit et travaille en Haïti. De père haïtien et de mère italienne, Roberto Stephenson a vécu à Rome (Italie), Aleppo (Syrie), Amman (Jordanie), New York (USA), Ahmedabad (Inde), Londres (GB). Après des études d’ingénieur et de graphisme, il se dirige vers la photographie d’architecture et durant plusieurs années collabore à de nombreux magazines et livres dont L’Industria delle Costruzioni, The World Of Interiors, Domus, Modo, Roma S.Marcello, Palazzi, Palazzetti e Case a Roma, Palazzi Storici del Banco di Roma - Genova De Ferrari… jusqu’à son installation en Haïti où il travaille comme photographe, graphiste et publicitaire pour des entreprises locales. Il continue son travail personnel en photographie numérique. Il est régulièrement invité à présenter ces travaux à travers le monde. Ses photos ont été exposées lors de la Biennale de la Caraïbe de Santo-Domingo (République Dominicaine, 2001) où il a remporté la médaille d’or, en Martinique lors des Rencontres photographiques en Caraïbe (2001), à La Havane au Ve Salon international d’art numérique (Cuba, 2003), à Oslo, à la House of Art Museum, (Norvège, 2003) et lors des Ve Rencontres de la photographie africaine de Bamako (Mali, 2003) où il a reçu le prix de la Communauté Européenne. Très impliqué dans la diffusion et la promotion des arts visuels haïtiens, il a co-créé la Fondation M’WE’M à Port-au-Prince en 2003. Roberto Stephenson a publié un livre de photographie intitulé Intérieurs d’Haïti - (Paru aux Éditions M’WE’M, 2003) www.robertostephenson.com Giscard Bouchotte Diplômé en sciences politiques de Sciences Po Paris, France. En 1998, il reçoit un prix littéraire pour sa nouvelle Blackout, publiée aux éditions Mémoires à Port-au-Prince, puis traduite en espagnol pour la revue Casa de las Américas. Giscard Bouchotte travaille avec la fondation AfricAmérica à Haïti, fondée entre autre par Barbara Prézeau-Stephenson, et participe à l’organisation des Forums Transculturels de Port-au-Prince. En 2010, il soutient, pour AfricAmérica, un projet réalisé entre Madagascar, Haïti et le Cameroun et orchestré par Revue Noire. Il emmène avec lui Jean Eddy Rémy. Giscard Bouchotte est le commissaire de l’exposition « historique » Haiti : Kingdom of this World présentée à la 54e Biennale de Venise dans le premier pavillon haïtien, à Paris et à Miami (2011). Il a aussi réalisé le court métrage La Vie Rêvée de Sarah, 2008, produit par Energy Films et Haïti, vu par Maryse Condé.