Les dessous de votre billet d`avion

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Les dessous de votre billet d'avion
A.B / Gh.B.
France-Antilles Martinique
17.07.2009
Pas facile d'obtenir le détail des taxes de son billet d'avion. Si autrefois elles figuraient sur les coupons émis, les mémos ne mentionnent
désormais plus que le total des taxes. Certains responsables de l'aéroport voient en la disparition du billet papier une aubaine pour les
transporteurs aériens.
Que payons-nous réellement au titre des taxes et redevances qui
s'ajoutent au prix du billet d'avion ? A quoi servent-elles ? Et
pourquoi sont-elles aussi élevées ? L'enquête de France-Antilles.
Qui n'a jamais été interpellé par la différence de prix entre le montant hors taxes d'un billet et celui toutes taxes
comprises ? Différence telle qu'elle peut parfois représenter plus de la moitié du prix total d'un billet d'avion (voir
notre mémo voyage). Du coup, la promotion hors taxes alléchante se révèle bien moins intéressante une fois le
montant total révélé...
Pour comprendre pourquoi c'est aussi cher mais surtout, à quoi servent tous ces suppléments - dont on voudrait
bien se passer - nous nous sommes livrés à un examen approfondi du découpage du prix du billet.
À qui bénéficient-elles ?
« Ce sont les taxes d'aéroport » . Exercice intéressant : quand vous demandez à votre agent de voyage à qui
profitent taxes et autres redevances incluses dans le montant d'un billet d'avion, dans la plupart des cas il
désignera les gestionnaires de l'aéroport. Autrement dit, la direction des concessions de la Chambre de
Commerce et d'Industrie de Martinique (CCIM). Mais la réalité est tout autre.
Lasse de se faire montrer du doigt, la CCIM a décidé de jouer la carte de la transparence, en établissant un
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document listant l'ensemble des taxes et redevances que paient les usagers de l'aéroport.
- Premier constat : nos désirs d'évasion financent un certain nombre de services privés et de dépenses
publiques. Aéroports (de départ à l'aller et au retour), compagnie aérienne, mais aussi Direction de l'aviation
civile, Région Martinique et Etat...Ce sont au total 6 bénéficiaires qui se partagent les taxes sur un aller-retour
Fort-de-France/ Paris. Ce chiffre redescend à 5 sur un aller-retour Fort-de-France/ Pointe-à-Pitre, puisque la taxe
instituée par la Région ne pèse pas sur les destinations de la Caraïbe.
- Second constat : contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas la Chambre de Commerce, ni même
l'Etat qui emporte la part la plus importante... mais la compagnie aérienne. Pour un aller-retour Fort-deFrance/Paris (16 août- 6 septembre 2009) réservé à la mi-juillet, le transporteur récupère de 71% à 73%
des taxes. Le reste est réparti entre les 5 autres bénéficiaires.
À quoi servent ces taxes ?
Chaque taxe, chaque redevance a une finalité bien précise. Pour y voir clair, reprenons notre billet aller-retour
Fort-de-France/Paris avec les mêmes dates : 16 août et 6 septembre 2009.
Air France se distingue de ses deux concurrentes, avec un surplus de 10 euros. Le montant total des taxes est
de 237,67 euros pour Corsairfly et Air Caraïbes, mais de 247,67 euros pour le leader du marché. Elles se
répartissent de la façon suivante :
- 2 euros au titre de la Taxe solidarité perçue par l'Etat. Instaurée en 2006 par le président Chirac, elle sert à
financer l'aide aux pays en voie de développement.
- 4,50 euros au titre de la Taxe d'embarquement perçue par la Région Martinique. Elle a été instituée en 1992
pour combler le déficit de la région.
- 7,84 euros au titre de la Taxe de l'Aviation civile. Elle finance le fonctionnement de l'administration de l'Aviation
civile et l'aménagement du territoire. Elle varie selon la destination.
- 21,40 euros, au titre de la Redevance passager perçue par le gestionnaire de l'aéroport au départ de Fort-deFrance. Elle sert à financer l'investissement et le fonctionnement de l'aérogare.
- 9,67 euros, au titre de la Redevance passager perçue cette fois par le gestionnaire de l'aéroport au départ de
Paris Orly. Là encore elle sert à financer l'investissement et le fonctionnement de l'aérogare.
- 22,26 euros, au titre de la Taxe aéroport perçue par l'Etat et reversée aux gestionnaires d'aéroport. Elle finance
les mesures de sûreté (contrôles des passagers et des bagages) et de sécurité (protection incendie). Elle est
variable selon les aéroports.
- 170 euros (180 euros pour Air France), au titre de la Surcharge carburant, perçue par la compagnie aérienne.
Cette surcharge tarifaire sert à financer le surcoût du pétrole, les primes d'assurances ou les obligations de
sûreté. Elle varie selon la distance des vols ainsi que l'évolution du cours du baril de pétrole.
Les mystères du kérosène
Au final donc, c'est la fameuse surcharge carburant qui alourdit le plus la facture. Elle est aussi importante que le
montant hors taxe de notre billet d'avion (voir mémo) : 179 euros. Si en théorie, son évolution est censée suivre
le cours du baril de pétrole, dans les faits, la corrélation se fait plus complexe.
Ainsi, pour un aller-retour effectué en mars 2007 sur la même distance (Fort-de-France/Paris en direct), le
montant de la surcharge carburant s'élevait à 96 euros, avec un baril à 58 dollars. Tandis qu'aujourd'hui, la
surcharge est de 170 euros avec un baril à 62 dollars. « Les voies du kérosène sont impénétrables » commente
un salarié de l'aéroport.
Autre interrogation : celle de la suppression de la surcharge carburant. Cette question épineuse a été évoquée à
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plusieurs reprises par les compagnies sans qu'elle ne soit jamais couronnée par une application. Quelques
baisses ont néanmoins été répercutées au cours des derniers mois (5 à 10 euros en moyenne). « Pourtant, le
cours du baril de pétrole a très significativement baissé au cours des derniers mois, au point même de susciter
l'inquiétude des financiers internationaux » , souligne l'un des responsables de l'aéroport. Interpellé sur cette
question, le directeur d'une compagnie aérienne préférant rester anonyme répond que « le problème est
actuellement étudié par la Iata (1) » .
En attendant, c'est aux voyageurs qu'il revient de supporter le fardeau financier.
(1) Iata : International Air Transport Association (Association internationale du transport aérien).
- Surcharge carburant et fidélisation : l'exception Air Caraibes
« Miles » pour Air France et Air Caraibes, ou « Euros » chez Corsairfly... Les programmes de fidélisation mis
au point par les compagnies aériennes permettent aux voyageurs de se « dédouaner » du prix hors taxes du
billet d'avion. Mais les taxes restent dues. Si le principe reste valable dans toutes les compagnies aériennes,
Air Caraïbes se distingue en ne répercutant pas la taxe carburant sur ses passagers privilégiés. Ainsi, pour
un aller-retour Fort-de-France, l'abonné utilisant ses miles ne paie que 67,67 euros de taxes au lieu des
237,67 euros de taxes (surcharge carburant comprise).
Indexée sur le cours du pétrole, la surcharge carburant atteint parfois un montant équivalent au prix du billet hors taxes. (Photo
archives/France Antilles)
- Doit-on prendre une assurance ?
Beaucoup d'agences de voyage proposent aux passagers de prendre une assurance surtout lorsque ceux-ci
disposent d'un billet non modifiable, non remboursable. L'assurance intervient en cas d'accident très grave
hypothéquant le voyage. La majorité des contrats proposés vous couvrent également durant votre séjour à
l'étranger contre les frais médicaux et les rapatriements d'urgence.
Mais sachez que bon nombre des porteurs de carte de paiement (Visa, Eurocard Mastercard, American
Express, Diners, etc....) bénéficient d'une assurance assistance-rapatriement gratuite si celle-ci est incluse
dans leur contrat. Il importe donc de bien vérifier le contrat d'utilisation de la carte avant de souscrire une
police d'assurance supplémentaire pour ces deux risques avec votre voyagiste.
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- Et les frais de service ?
Avant les frais de services étaient inclus dans le prix du billet. Que vous achetiez votre billet par téléphone
ou dans une agence, vous payiez le même prix. Les compagnies aériennes versaient une commission aux
agences de voyage.
Depuis avril 2005, c'est terminé pour les frais de commission. Et voilà que les frais de service sont facturés
aux passagers et de surcroît à des tarifs différents. Qu'est-ce que cela veut dire ? Aucun tarif aérien
n'intègre les frais de service. Plus vous réclamez du service plus vous payez cher.
Les frais de services varient de 5 à 70 euros en fonction de la classe et de la compagnie dans laquelle vous
voyagez, du mode de réservation et d'achat de votre billet et de la nature du vol (moyen ou long courrier).
C'est bien sûr la vente par Internet qui coûte le moins cher.
Ces frais de service sont à ajouter au prix total du billet à la fin de votre réservation sur Internet. Ils ne sont
pas remboursables et ne s'appliquent pas aux bébés de moins de 2 ans n'occupant pas de siège.
- Pas de prix unique dans une même classe
En classe économique, plusieurs tarifs sont appliqués. (DR)
Les transporteurs appliquent le « yield management » . Cela signifie que sur une ligne régulière long
courrier par exemple, il y a plus d'une dizaine de tarifs applicables. Prenons le cas de la classe économique :
la personne qui voyage à côté à vous (même classe, même confort) peut avoir payé 20 à 30% plus cher (ou
moins cher) son billet.
Chaque classe est divisée en sous-classes de réservation. Pour chaque sous-classe, il y a un quota de places
défini. Une fois le quota des places moins chères vendu, on passe au quota suivant. Et ainsi de suite...
En haute saison, réserver votre billet d'avion au plus tôt vous permet d'obtenir un meilleur tarif (le vol est
mis en vente un an avant le départ). Mais attention! Plus les billets sont bas, plus ils sont soumis à des
conditions particulières et restrictives. Très souvent, ils sont ni échangeables, ni remboursables. Quand ils
sont modifiables, ils le sont avant le départ moyennant une certaine somme (de 50 à 100 euros pour un aller
Fort-de-France-Paris).
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