La Casa de John Doe

Transcription

La Casa de John Doe
la compagnie, lieu de création à Belsunce
19rue francis de pressensé 13001 marseille
[email protected]
feuille de presse
tél 04 91 90 04 26
www.la-compagnie.org
La Casa de John Doe
une exposition de Jean-Paul Labro
avec la collaboration artistique pour la création sonore de Rasim Biyikli
et l’assistance technique de Fabrice Cotinat et Guillaume Landron
une production les Instants Vidéo 2008
en partenariat avec la compagnie,
durée du cycle : 26 minutes et 30 secondes
la compagnie, accueille La casa de John Doe, une exposition de JeanPaul Labro. À cette occasion, elle publie un numéro hors série, édition
spéciale « Qui est John Doe ? » de son « Validé par », mensuel gratuit de
création collective. Sa sortie est prévue pour le 14 novembre 2008, pendant
la programmation de projections internationales des Instants Vidéos à la
compagnie.
ouverture du 6 au 29 novembre, du mercredi au samedi de 15h à 19h
et jusqu’à la fin du mois de décembre, sur rendez-vous en téléphonant
au 04 91 90 04 26
Remerciements à Marc Mercier et Naïk M’Sili, Béatrice Daupagne, Ophélie Koch,
Thomas Gérard, au Café de la Paix, et toutes les personnes qui ont parlé dans la
bétonnière...
entretien avec jean-paul labro
la compagnie, : Jean-Paul Labro, pour ton exposition in situ dans nos locaux, tu
as choisi de convoquer John Doe, que représente-t’il pour toi ?
Jean-Paul Labro : « John Doe » est la traduction anglaise de monsieur tout le monde.
Transposé en français, « John Doe » est personnalisé. Il devient quelqu’un en restant
le monsieur tout le monde des origines anglophones, l’homme de la rue, né sous X, il est
le lot commun de tous.
la compagnie, : pourquoi ce titre « La casa de John Doe » ?
J-P. L. : la casa désigne la maison en espagnol et induit une distance par rapport
au terme maison de langue française. Cela résonne à la fois comme un exotisme et
un fantasme, une maison idéale et rêvée. À l’instar de cette maison imaginaire que
se représentent les deux clochards père et fils, du film Dodes’Kaden (1970) d’Akira
Kurosawa, la casa est une fabrication mentale, une pure fiction. Dans l’exposition, il
y a cette question posée du lieu où l’on vit et son instabilité fondamentale qui est en
contradiction avec les valeurs de la propriété et de l’architecture solide. La casa de John
Doe, c’est aussi une maison qui est à ciel ouvert.
la compagnie, : qui habite dans la casa ?
J-P. L. : un John Doe qui rêve d’une lointaine casa, l’homme de la rue qui se manifeste,
celui que l’on rencontre, que l’on croise, le quidam, l’anonyme.
la compagnie, : parle nous de l’exposition ?
J-P. L. : « La casa de John Doe » pose la question de la personne dans son environnement.
Je place au centre de mon expérience artistique la compagnie, son dispositif, et les espaces
qui lui sont concentriques, la rue, le quartier, la ville. Il y a plusieurs dispositifs : des
bétonnières audio, « Les Bétonneuses », et des projections vidéo sur des « Panneauxécrans ». « Les Bétonneuses » est une pièce qui se compose de deux bétonnières, l’une
est mobile et recueille les voix des habitants dans la ville et dans le quartier de Belsunce.
L’autre installée à la compagnie diffuse ces voix enregistrées. « Les Panneaux-écrans »
sont des dispositifs de projection vidéo qui rappellent les panneaux d’affichage que l’on
trouve installés dans le paysage. Dans l’exposition, il y a deux vidéos où j’utilisent
des matériaux issus de fictions cinématographiques et deux bétonnières qui
diffusent les éléments sonores prélevés dans la rue. J’ai fait appel au compositeur
Rasim Bikilyi qui a réalisé une scénographie musicale de l’exposition, reliant tous
les éléments sonores. L’exposition se déploie dans les locaux de la compagnie et à
côté, au café de la Paix avec l’accrochage des photos d’Ophélie Koch prises pendant
les pérégrinations de la bétonnière.
la compagnie, : pour les « Panneaux-écrans », peux-tu nous parler du travail
vidéo que tu as réalisé ?
J-P. L. : dans la première vidéo, les personnages réunis autour d’un feu sont tous
des « image-fantômes » du cinéma, ils sont en quelque sorte des sans abris. Le feu
de camp suggère un retour au primitif qui inaugure peut-être un nouveau point
de départ, un retour aux valeurs essentielles de l’existence. Dans les Westerns
d’où sont issues la plupart des scènes que j’ai prélevées, la question de la casa est
souvent épineuse. Les propriétaires terriens luttent à mort contre les nomades
qu’ils soient indiens ou cow-boys errants, ils leurs opposent toujours leurs valeurs
bourgeoises. Le mode opératoire de cette vidéo consiste à filmer mon propre
feu pour y intégrer les acteurs qui ont été mis en scène dans un rapport direct
aux flammes. Ces scènes convoquent souvent un moment privilégié de pause,
de longues plages de silence entre les personnages et de révélations. Et puis il
y a la lumière du feu, celle qui éclaire des corps et des visages, et qui nous fait
basculer dans le monde de la pensée et du rêve. Rêve de se voir dans l’habit
lumineux d’une humanité qui grandit autour d’un même foyer, pensée de celui
qui se perçoit en ombre portée sur le mur de la caverne. On est aux origines du
cinématographe. Construit selon les règles d’un partage d’univers, j’immisce des
personnages devenus miens dans la trame d’un film où, comme dans L’invention
de Morel, livre d’Adolfo Bioy Casares, des rencontres impossibles ont lieu dans la
seule dimension de l’image.
Dans l’autre film, il s’agit également de scènes prélevées dans l’histoire du cinéma.
Des architectures abstraites, des bâtiments industriels, des intérieurs de maison,
en feu signifient de manière très claire la dévastation et la perte du foyer. Mais
à contrario de cette perte, ces images qui nous montrent la dématérialisation
d’architectures peuvent apparaître comme la projection d’un désir. Un désir
d’habitat dont les plans sont dessinés sur les traces de sa ruine.
la compagnie, : comment fonctionne « Les Bétonneuses » ?
J-P. L. : ce dispositif sonore simple est composé de deux bétonnières, l’une pose des
questions, l’autre y répond. Je fais des captations sonores dans le quartier, dans la ville.
J’interroge les gens sur John Doe, ce qu’il signifie pour chacun d’eux. Ils déposent
leurs paroles dans une bétonnière, équipée à l’intérieur de sa cuve d’un matériel
d’enregistrement sonore. À partir de cette récolte sonore, qui s’est effectuée avec l’équipe
de la compagnie, Rasim Biyikli crée une première matrice sonore. La bétonnière audio
est déplacée à la force des bras, dans la rue, sur les chantiers qui cernent le quartier
de la compagnie. Évidemment, les bétonnières renvoient au répertoire du bâtiment,
à la démolition et à la construction. Il y a dans ce dispositif, un glissement de sens
qui s’opère, la parole dans la machine est pétrie comme une matière mnésique, elle
indique à celui qui l’écoute l’écho d’une voix commune et compose un portrait de
John Doe, fluctuant et instable.
la compagnie, : avec « Les Bétonneuses » tu inities, avec notre équipe, un work
in progress, comment le conçois-tu ?
J-P. L. : Le travail avec « Les Bétonneuses » va continuer pendant toute la durée de
l’exposition. L’équipe de la compagnie continuera de récolter des interviews, ce qui
engage l’exposition dans un processus ouvert de création continue.
la compagnie, : comme fonctionne ta collaboration avec le musicien Rasim
Biyikli ?
J-P. L. : à cette première étape du projet, Rasim a réalisé une partition musicale et
sonore originale d’une durée de 26 minutes, qui intègre les voix enregistrées et le
son des films. Il a spatialisé le son et mis l’exposition en musique. Avec l’équipe de
la compagnie, nous interrogeons les gens sur l’identité de John Doe. Les réponses
sont enregistrées quand les personnes parlent à l’intérieur de la bétonnière. « Les
Bétonneuses » vont continuer à s’enrichir de matière auditive. Ce dispositif ouvert,
en perpétuel mouvement, est amené à connaître de prochains développements au fur
est à mesure des réponses récoltées. La matrice, composée par Rasim Biykli à partir
des témoignages des habitants déjà récoltés, constitue la première séquence d’une
expérience à renouveler. Le soir du vernissage, l’exposition se prolonge dans le Café de
la Paix, avec l’accrochage des photos d’Ophélie Koch, prises pendant l’enregistrement
des paroles d’habitants, et avec la présence de la bétonnière audio activée, prête à
recevoir de nouveaux témoignages sonores.
JEAN-PAUL LABRO
Jean-Paul Labro est né à Nevers en 1969. Il vit et travaille entre Vic-en-Bigorre, Pau
et Bourges. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieur d’Art de Bourges, il y a enseigné
ainsi qu’à l’école d’art de Pau, et enseigne aujourd’hui à l’Ecole Supérieure des arts
de la Communication de Pau. Co-fondateur et directeur de la structure et du festival
Bandits-Mages de 1992 à 2004 à Bourges, il en assume actuellement la présidence et la
co-direction artistique. Il a collaboré avec plusieurs collectifs dont La Valise à Nantes
et la galerie du Cartable à Châteauroux.
Jean-Paul Labro crée des environnements, des installations vidéo et des sculpturesmachines que l’on pourrait rapprocher de l’univers de Léonard de Vinci ou de Jules
Verne. Il est aussi actif dans le domaine de la performance. Ses oeuvres à la fois pesantes
et aériennes inversent notre relation habituelle à la matière et aux images qui nous
entourent.
À consulter pendant l’exposition : un catalogue et un DVD retraçant ses précédents
travaux (Jean-Paul Labro, éditions Un, Deux Quatre, 2007).
Jean-Paul Labro présente aussi dans le cadre des Instants Vidéo, L’homme-bulle
(1998/2006) une installation et performance aquatique réalisée avec un module
d’exploration de surface dans des lieux et temps publics. « Il ne regarde rien ; il
retient, vers le dedans, son amour et sa peur : c’est cela le regard. »
du 8 au 11 novembre, de 13h30 à 20h30, à la Cartonnerie (Friche Belle-de-Mai)
RASIM BIYIKLI
Autodidacte, Rasim Biyikli (musicien et compositeur du groupe Man : blog.myspace.
com/mantm) est quelqu’un aux multiples ressources. Il réalise depuis une dizaine
d’années la musique des dispositifs de Pierrick Sorin, compose la musique de nombreux
films dont ceux des frères Podalydès et a déjà une discographie importante. Il a créé un
studio de recherche l’H.Q.R, centre de ressources multimédias, et part prochainement
travailler en résidence à la Villa Kujoyama de Kyoto, après avoir collaboré avec de
grands musiciens japonais tels que Goro Ito, Keiji Haino, Mooshill, Yumi ou le label
musical de Tokyo 333.
Pour « La casa de John Doe », il effectue la mise en musique de l’espace d’exposition,
et crée la première séquence sonore, véritable matrice des « Bétonneuses ».
LES INSTANTS VIDEO
Pour retrouver la programmation complète des Instants Vidéo :
wwww.instantsvideo.com