Point de vue de Gérard Vanca

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Point de vue de Gérard Vanca
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point de vue
point de vue
émilie Cler
Point de vue de Gérard Vanca
> L’offre de For-Age a-t-elle évolué face à ces changements
de la biologie médicale ?
Notre offre est née avec les regroupements des LBM. Ceux-ci
engendrent une mutualisation des moyens nécessitant des restructurations indispensables dans les courses. En effet, si l’effectif
des coursiers est réduit, les points de collectes, eux, ne changent
pas, ce qui incite à une réorganisation des tournées. Nous sommes
alors apparus sur le créneau de l’optimisation de ces tournées
afin de réduire le temps et le coût du transport. En supprimant le
support papier, en proposant des solutions modulables de gestion
de coursiers et la mise en place d’outils simples compatibles avec
tous les systèmes informatiques des laboratoires (SIL), ces coûts
de transports peuvent être réduits de 10 à 30 % tout en apportant
la traçabilité.
For-Age développe des logiciels informatiques et possède une
activité de consulting dans le secteur médical et médico-social.
Gerard Vanca, son PDG, est Ingénieur télécom & réseaux de formation. Il a travaillé chez Ericsson aux Pays-Bas à la fin des années
1970, puis est arrivé en France dans les années 1980, exerçant son
activité dans le monde médical, au CHU de Besançon. Il a ensuite
créé la société For-Age [prononcée 4H = Help and Health at Home
and Hospital] en 1990, dont l’activité est répartie entre le monde
médical (80 %) et les administrations et collectivités (20 %). La
société développe désormais des applications innovantes basées
sur la mobilité, la traçabilité et le temps réel pour le monde de la
santé. Gerard Vanca retrace l’évolution de sa société.
> Présentation de la société For-âge
En 2010, nous nous sommes recentrés sur le développement de
projets concernant la gestion de mobilité, que nous avons séparée
de l’activité de consulting. Soutenus par Oseo Innovation, nous
avons créé un logiciel de gestion de l’activité Nomade pour mieux
gérer les tournées et justifier le service effectué. Il était adapté
aux services de soins infirmiers à domicile et à l’hospitalisation
à domicile. Fin février 2012, suite à l’approche de biologistes qui
souhaitaient collaborer avec nous, nous avons mis au point avec
eux une application spécifique, Biotrack, permettant d’identifier
les échantillons et d’associer les données de temps de transport
au dossier du patient. Elle assure au biologiste la maîtrise des
conditions de transport des échantillons du lieu de prélèvement
externe jusqu’au laboratoire.
> Quelles sont les spécificités du marché français de la
biologie médicale dans le domaine pré-analytique par
rapport aux autres pays européens ?
Notre regard est encore neuf et nous avons peu de recul, mais tous
les sites de biologie médicale ont besoin de maîtriser les conditions
de transport de leurs échantillons. Nous avons d’abord développé
une solution logistique pour la France et travaillons également
sur une version suisse et nous sommes en cours d’évaluation des
marchés anglais, allemands, et BENELUX. En Grande-Bretagne,
les laboratoires sont essentiellement publics. Ce sont les ‘phlebotomistes’ qui réalisent les prélèvements et les transports se font
par le privé. En France, le prélèvement des échantillons par des
infirmières à domicile représente encore 30 à 50 % du flux. De
Avril-Mai 2013 ❘ Biologiste infos
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Alors que la biologie médicale est en pleine mutation,
Biologiste infos a recueilli le point de vue de Gerard Vanca,
PDG de For-Age sur les évolutions des laboratoires en
matière de pré-analytique et sur la forme que prendront les
laboratoires sur la ligne d’arrivée.
Ingénieur télécom et réseaux de formation, Gerard Vanca a travaillé chez Erickson aux Pays-Bas à la fin des années 1970, puis
est arrivé en France, dans les années 1980, exerçant alors son
activité dans le monde médical, au sein du CHU de Besançon.
Il a ensuite créé la société For-âge (prononcée 4H = Help and
Health at Home and Hospital) en 1990, dont l’activité client est
repartie entre le monde médical (80 %) et l’administration et les
collectivités (20 %). For-âge a mis en place la première plateforme mondiale de téléphonie IP. La société développe désormais
des applications innovantes en matière de télécommunication
adaptées aux différents partenaires du monde médical.
plus, il existe un maillage fin des LBM sur un territoire étendu,
avec un grand nombre de laboratoires de proximité. Le transport
se fait du domicile au laboratoire mais aussi du laboratoire au
plateau technique. Les LBM ont donc besoin de restructurer leur
logistique autour du flux de tubes, pour des questions d’économie
de moyens et de coûts.
> L’obligation d’accréditation a-t-elle engendré des changements dans ce secteur ?
Les laboratoires organisés selon la norme 17025 ne prenaient pas
en compte la phase pré-analytique. Elle conditionne pourtant les
résultats des examens mais souffre d’une complexité de l’organisation des flux du fait du grand nombre d’intervenants (infirmières,
coursiers, pharmaciens, techniciens). Or, 60 à 80 % des erreurs
constatées viennent de la phase pré-analytique. L’obligation
d’accréditation selon la norme ISO 15189 a mis en exergue les
difficultés existantes de gestion des données et de liaison avec le
dossier patient, et a souligné la nécessaire évolution de la gestion
artisanale de cette activité. Les biologistes ont mis en ordre la
partie qu’ils connaissaient le mieux, la phase analytique. Après
l’automatisation et la robotisation de cette phase, commencent
> Comment réduire les coûts de la phase pré-analytique ?
La réduction des remboursements a engendré comme première
réaction une pression sur les fournisseurs. Pour réduire les coûts
tout en augmentant les volumes, il faut suivre les trois règles suivantes : chasser l’inutile (ne pas faire d’économies sur l’inutile),
éviter la surqualité et continuer à optimiser les process.
> Quels sont les points forts de votre offre ?
Nous allons présenter très prochainement un solveur d’optimisation
des tournées qui tiendra compte des tournées récurrentes, des
dépôts des infirmières aux points de collecte, des urgences, ainsi
que des ressources et des véhicules disponibles, afin d’optimiser
le chemin de chaque coursier. Le logiciel sera capable de définir
le coursier le plus à même d’effectuer la tournée. Un kilomètre
coûte 50 cents plus les salaires et charges, il y a donc des dizaines
de milliers d’euros d’économie à réaliser.
Par ailleurs, nous avons volontairement évolué vers un mode SaaS
avec un logiciel en tant que service (Software as a Service). Ce
concept consiste à proposer un abonnement à un logiciel plutôt
que l’achat d’une licence. Il n’y a alors plus besoin d’installer une
application de bureau, mais simplement d’utiliser un programme
client-serveur. Cela nous permet d’apporter une nouvelle vision
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désormais l’analyse du mode de fonctionnement de la phase préanalytique et son informatisation.
Les systèmes d’information des laboratoires étaient au coeur des
débats lors des Journées Internationales de Biologie 2012.
financière maîtrisée aux entreprises, et d’intégrer la maintenance,
les mises à jour, les améliorations et les changements de serveur,
car tout est hébergé dans le cloud. C’est un véritable process qualité
pour le laboratoire.
Notre rôle ne se limite toutefois pas à mettre à disposition les outils
mais aussi d’accompagner les laboratoires vers une maîtrise de la
phase pré-analytique.
> Quelles innovations reste-il à prévoir en matière de préanalytique ?
Ce qui pose problème aux biologistes à l’heure actuelle est le
manque d’outils dédiés à cette phase, permettant de maîtriser
toutes les contraintes organisationnelles liées à la mise en place de
la norme ISO 15189. Il s’agit d’intégrer de nouvelles technologies
comme la NFC ou de développer des fonctions pour réduire le temps
administratif. Nos axes de recherche et développement portent sur
l’intégration de l’ensemble des contraintes du lieu de prélèvement
au laboratoire sans toucher au SIL, sur le transfert de données
sécurisé découvertes sur le lieu de prélèvement avant l’arrivée du
coursier au laboratoire (via une suppression du support papier et
l’utilisation de Smartphones et de tablettes avec des codes 2D ou
tags NFC), sur l’optimisation des tournées des infirmières salariés,
mais aussi sur l’adaptation des outils de suivi des échantillons lors
de la sous-traitance entre laboratoires publiques et privés.
> Peut-on dire que la biologie médicale en France finira par
s’apparenter à celle qui existe dans un autre pays ?
Il est difficile de prévoir ce qu’il se passera. Les textes peuvent
encore changer. Les groupements régionaux finiront certainement
par fusionner entre eux pour constituer un regroupement et des
plateaux techniques plus importants. Le nombre d’interlocuteurs
se réduit mais ce n’est pas forcément le cas du marché. À terme,
nous nous dirigerons probablement vers un modèle allemand ou
suisse tout en gardant la proximité. ■
Biologiste infos ❘ Avril-Mai 2013