Nîmes-Montpellier
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20 | Le chantier du mois | Contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier Reportage photos Frédéric Vielcanet De l’anticipation sur toute la ligne Entré fin 2015 en mode ferroviaire, le chantier du contournement de Nîmes et Montpellier s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres à travers l’Hérault et le Gard. Depuis la base travaux, son centre névralgique, et tout le long du tracé, l’anticipation et la coordination jouent un rôle majeur dans son bon déroulement. Prévention btp – Numéro 197 – Mai 2016 | 21 Q uatre-vingts kilomètres de long, 28 raccordements, 188 ouvrages d’art, 500 000 tonnes de ballast, jusqu’à 4 500 personnes en activité… Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Sauf que depuis son lancement fin 2013, après un an d’études et de préparation, le chantier de la première ligne à grande vitesse mixte (LGV et fret) du contournement de Nîmes et Montpellier file droit. « Un gros travail d’identification des risques a été effectué en amont, de façon à ce que les mesures de prévention soient bien appliquées et vérifiées ensuite sur le terrain », précise Patrick Michelon, le responsable QSE d’Oc’Via Construction. La déviation des réseaux, un travail colossal Titulaire du contrat de partenariat public-privé conclu avec SNCF Réseau, le maître d’ouvrage Oc’Via réunit toutes les compétences pour la conception, la construction et la maintenance de la ligne ferroviaire (voir ci-contre la fiche d’identité du chantier). Fin 2017, celle-ci permettra d’augmenter l’offre de trains régionaux sur la ligne actuelle et de mettre Fiche d’identité du chantier Montpellier à moins de 3 heures de Paris. « Gérer la phase d’identification et de déviation des réseaux existants a été lM aîtrise d’ouvrage : Oc’Via. notre premier grand challenge, explique Alain Girbal, coorlC onstructeur : Oc’Via Construction donnateur SPS de l’opération. À lui seul, le réseau hydrau(Bouygues Construction, Colas, Colas rail, lique régional a nécessité près de deux cents déviations ». Spie Batignolles, Alstom), avec maîtrise En termes d’organisation, le chantier est scindé en trois lots, d’œuvre intégrée (Systra, Setec). terrassement, ouvrage d’art et ferroviaire, chacun étant soulC oût global : 1,8 milliard d’euros mis à un plan général de coordination et supervisé par une (50 % État, 30 % collectivités locales, dizaine de préventeurs. C’est depuis la base chantier, située à 20 % SNCF Réseau). mi-parcours, que les deux tronçons (l’un vers Nîmes, l’autre vers Montpellier) se déploient. Les matériaux (rails, traverses lL ivraison : fin 2017, après essais et tests. et pierres de ballast) utilisés dans la réalisation des voies y sont réceptionnés et stockés. C’est d’ici aussi, depuis le poste de commande, que sont planifiées les multiples interventions du chantier linéaire. Le suivi numérique des intervenants En mode routier, les personnels étaient transportés directement sur le tracé en fourgonnettes ou par covoiturage jusqu’aux postes de travail ou vers les trois autres bases vie installées à proximité des ouvrages principaux. Aux travaux de terrassement et de génie civil (ponts, viaducs, tranchée de Manduel…) ont succédé les travaux ferroviaires (caténaire, signalisation ballastage, pose des voies…). Dans un cas comme dans l’autre, la règle est identique : pour accéder au chantier, les opérateurs doivent porter un badge à puce qui permet à tout moment de vérifier les informations concernant leur entreprise, leur métier et la mise à jour des certificats profes- >> sionnels ou médicaux. n LOÏC FÉRON Mai 2016 – Numéro 197 – Prévention btp 22 | Le chantier du mois | Approvisionnement L’approvisionnement en matériaux, notamment du ballast, des traverses ou des rails, s’effectue depuis une voie dédiée sur le faisceau de réception, avant leur transport vers la zone de stockage. + Le technique page 24 Technique Arrivés sur la plate-forme par convoi de 42 barres (pour 9 km de voie), les longs rails soudés (432 mètres chacun) sont tirés deux par deux par un portique, puis soudés et fixés aux traverses à l’aide de tirefonds. Secours Exigés par la coordination, des points de rencontre des secours sont répartis sur le tracé tous les 2,5 km. En cas d’incident, ils permettent au service d’intervention des secours de localiser la portion de la ligne concernée. Prévention btp – Numéro 197 – Mai 2016 Travaux en hauteur Sur les 80 km de voie, la pose des caténaires (installation des portiques, déroulage de câbles, pose des supports caténaires) s’effectue à la nacelle. | 23 LE BINOME CLÉ Alain Girbal (à droite) et Jean-François Garcia, coordonnateurs SPS Matériel Spécialement conçu pour ce chantier, un retourneur de camions évite aux engins qui livrent le ballast d’effectuer des manœuvres sur la plate-forme. Suivi des personnes Chaque intervenant du chantier est équipé d’un badge à puce contenant toutes les informations sur son entreprise, son métier et les certifications exigées. Pilotage Le poste de commande gère le planning des interventions et des déplacements ferroviaires sur l’intégralité du tracé. Il fait aussi office de centre de formation pour les agents d’escorte et les chefs de manœuvre. Mai 2016 – Numéro 197 – Prévention btp Conception OPPBTP / Réalisation agence Logomotif / Reportage photos Frédéric Vielcanet Présents depuis la phase de conception, Alain Girbal et Jean-François Garcia (groupe Socotec) sont à 100 % sur le terrain. « Après une phase très lourde de dévoiement des réseaux, tant aériens que souterrains, les travaux répartis entre terrassiers et ouvragistes se sont déroulés dans une bonne entente, souligne Alain Girbal. Nous veillons en particulier aux travaux en hauteur, notamment lors de la pose des caténaires. La coactivité va être plus soutenue dans la dernière phase, notamment pour la réalisation de la gare multimodale. La superposition de travaux sous dalle va demander un surcroît de vigilance. » >> 24 | Le chantier du mois | >> Des plates-formes sur mesure 2 3 1 Le + technique Du pont cadre béton armé pour les petits franchissements de cours d’eau ou de voiries aux viaducs pour les franchissements majeurs, près de 170 ouvrages d’art seront réalisés sur cette opération. Les corniches, les caniveaux pour collecter les eaux de ruissellement, les habillages métalliques couleur sur les façades des tabliers et les écrans acoustiques, ont été posés avec une plate-forme conçue et fabriquée par la société Pont Équipement d’Epernon (Eure-et-Loir). Prévention btp – Numéro 197 – Mai 2016 1 Des plates-formes à déport négatif Ces plates-formes permettent de travailler en déport négatif en façade du tablier afin de pouvoir réaliser la pose des caniveaux des eaux de ruissellement de l’ouvrage et de fixer les habillages en alu laqué de finition. La plateforme est conçue pour recevoir deux personnes. Elle dispose à l’arrière des poutres d’un lest de 600 kg. Chaque module fait 3 mètres de long par 1, 2 ou 3 mètres de large. Ils peuvent être juxtaposés afin de constituer un ensemble de grande longueur. 2 Une plate-forme sur poutres articulées En aluminium pour alléger son poids, elle est entièrement démontable pour être transportée dans un fourgon. La structure articulée permet à la plate-forme, grâce à des treuils à câbles, de franchir les garde-corps en place sur l’ouvrage et de se positionner sur la façade du tablier. 3 Un déplacement sur rail Le déplacement de ces plates-formes est permis grâce à la présence de roues à bandes caoutchouc avec frein. Cependant, il est recommandé d’adapter des galets de roulement à gorge qui faciliteront le déplacement sur un rail métallique placé au sol.