Thème toxicomanie
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Thème toxicomanie
Thème toxicomanie Pauline Morissette, Ph. D. Chantal Lavergne, Ph. D Marielle Venne, t. s. Connaissances qui justifient de s’arrêter à la consommation parentale dans cette vignette • Pour plusieurs enfants vivre avec des parents qui consomment des drogues peut avoir des conséquences importantes dont des difficultés d’attachement (Kroll et Taylor, 2003) • Pour les parents la consommation peut mettre la famille dans une situation financière difficile, entraîner des symptômes dépressifs, rendre irritable ou non disponible physiquement ou émotionnellement pour leurs enfants, mettre l’enfant à risque de négligence (Forrester et Harwin, 2004) • La recherche indique que la consommation s’ajoute généralement à d’autres problèmes (Hart et Powell, 2006) (ex. violence familiale, exposition de l’enfant au monde de la drogue) (Gorin, 2005). • La consommation des parents ne présentent pas un risque également lourd pour tous les enfants (Schuman, McMahon et Luthar, 2008). Certains parents consommateurs peuvent donc très bien répondre aux besoins d’un enfant mais d’autres ne le pourraient pas Que savons-nous de la consommation de Maryse et Stéphane • La consommation de choix des parents est le speed. • Réflexion de l’intervenant: est-ce le seul produit qu’ils consomment? • La consommation est passée d’occasionnelle à régulière depuis la • • • naissance de l’enfant. Réflexion de l’intervenant : Que veut dire pour ce couple avoir une consommation régulière? La consommation semble avoir augmenté, il faudra donc tenter de comprendre ce qui se passe La consommation est acceptée par l’un et l’autre puisqu’ils consomment souvent ensemble. Réflexion : Ils ne peuvent se fier sur l’autre pour s’occuper de Maxime puisqu’ils consomment ensemble. Ont-ils commencé à consommer ensemble? Suite… • La consommation joue un rôle positif dans leur vie puisqu’elle leur • permet des moments de détente en couple et de mieux jouer leur rôle auprès de Maxime. Pour le père elle lui permet de travailler de nombreuses heures et donc de faire vivre sa famille. Réflexion : La consommation peut-elle avoir d’autres impacts ? La consommation peut-elle rendre Maryse plus impatiente vis-à-vis Maxime? La fatigue des parents est-elle liée à la consommation? Deviennent-ils trop fatigués pour s’occuper de Maxime? • On sait aussi que Maryse allaite Maxime 3 à 4 fois par nuit. • Réflexion : La consommation de Maryse peut-elle être nuisible pour la santé de Maxime? Pourquoi Maxime est-il irritable selon les parents? Elle semble l’allaiter souvent. Suite… • On sait que la consommation de Maryse et de Stéphane inquiète la • grand-mère maternelle. Réflexion : Qu’est-ce qui inquiète surtout la grand-mère? A-telle été témoin de quelque chose? Il faudra la rencontrer pour en savoir plus. • On sait aussi qu’ils n’aiment pas parler de leur consommation aux • intervenants. Réflexion : Pourquoi ne pas en parler aux intervenants? Est-ce la honte? Est-ce parce qu’ils consomment plus qu’ils le voudraient? Ont-ils peur des jugements? Cette méfiance peut-elle les isoler des ressources dont ils pourraient avoir besoin? Quelques notions sur le speed :produit de choix des parents dans cette vignette • Il s’agit d’un puissant stimulant qui peut, ingérer à faible dose, tenir • éveiller plusieurs heures et procurer un sentiment de plaisir et de bien-être. Il rend aussi plus alerte, plus énergique, plus confiant et moins fatigué (Harbin et Murphy, 2000). Réflexion de l’intervenant :Le speed peut stimuler l’activité physique et comportementale de Stéphane et Maryse et pourrait donc les amener à manquer de constante dans leur routine avec Maxime • Ingérer à plus forte dose il rend exalté • Réflexion de l’intervenant : La quantité consommée peut-elle amener des alternances de périodes de surexcitation suivies de périodes d’abandon qui ne font pas de sens pour le bébé. Suite :speed… • Ingérer à forte dose et sur quelques jours, il rend l’humeur instable. • On peut aussi se sentir abattu, apathique, nerveux, épuisé et on peut être tenté d’en reprendre pour contrer ces effets. Réflexion de l’intervenant : le speed rend-t-il leur humeur imprévisible ou instable. • Ingérer à forte dose et de façon répétée sur plusieurs semaines, il • • peut provoquer de la panique, des hallucination et un sentiment de persécution. Ceci disparaît quand le produit est éliminé. Le speed peut être gobé, sniffer, fumer ou shooter. Réflexion de l’intervenant : leur mode d’administration du speed peut-il affecter la santé du bébé? Autres dimensions et aspects à examiner • Concernant l’irritabilité de l’enfant et de sa croissance plus lente • Réflexion: Il faudrait examiner l’état de santé de l’enfant dans son ensemble ainsi que son développement. Les difficultés de l’enfant peuvent-elles être attribuables à d’autres causes que la consommation? Par exemple, à un manque de stimulation, à des soins physiques inadéquats ou à un problème de santé physique non encore diagnostiqué? • On apprend que Maryse est impatiente avec son enfant: elle le trouve colérique et • pleurnichard. De plus, les parents offrent peu d’opportunités au bébé de s’éveiller au monde qui l’entoure et ils ne voient pas cela comme un problème Réflexion: il faudrait explorer avec les parents leurs connaissances et leurs idées sur le développement de leur enfant. Les parents ont-ils une bonne connaissance ou encore sont-ils capable de bien estimer quels sont les comportements, les réactions et les besoins de leur enfant compte tenu de son âge? Répondent-ils aux signaux de l’enfant de manière appropriée? Comment les parents témoignent-ils de leur affection à leur enfant dans leurs gestes quotidiens? Les parents semblent-ils aimer les contacts physiques avec l’enfant ou au contraire tentent-ils de les limiter à ce qui est absolument nécessaire (ex.: allaitement.)? • Selon la grand-mère, les soins de base apportés à l’enfant ne seraient pas adéquats • Réflexion: Les parents offrent-ils des repères suffisamment stables pour les routines de vie? Les autres besoins physiques (alimentation, hygiène, habillement) de l’enfant sont-ils comblés? Autres dimensions et aspects à examiner (suite) • On sait que Maryse et Stéphane ont eu peu de temps pour développer leur relation de • couple avant l’arrivée du bébé et que maintenant ils trouvent leur vie de parents plus difficile Réflexion: Comment se porte leur relation de couple actuellement? Leur relation est-elle difficile voire violente? Est-ce que le nombre d’heures que passe Stéphane à son travail nuit à la relation de couple? Maryse se sent-elle soutenue dans son rôle de mère? Se sent-elle isolée du fait de l’absence de Stéphane? Stéphane, de son côté, est-il satisfait de sa relation de couple et de son implication auprès de Maryse et de son enfant compte tenu de ses nombreuses heures de travail? • On sait peu de choses sur le logement de cette famille outre le fait qu’il soit petit Réflexion: l’espace dont la famille dispose est-il adéquat? Y a-t-il des pièces désignées et séparées pour les activités normales de la famille mais aussi pour des activités personnelles (ex.: dormir, s’isoler pour lire, etc.)? L’ameublement de la maison, incluant les appareils électroménagers, répond-il aux besoins essentiels de la famille? De façon générale, est-ce que le foyer est propre et en ordre? Les services de base tels que chauffage, eau, électricité, sont-ils disponibles et fiables? Autres dimensions et aspects à examiner (suite) • On apprend que les relations entre Maryse et sa mère sont rompues • et que Stéphane n’a plus de contacts avec sa famille Réflexion: En cas de besoin, qui d’autres que la famille immédiate Maryse peut-elle appeler pour l’aider? S’il s’agit d’amis, ceux-ci sontils fiables notamment pour s’occuper de l’enfant quelques heures? • On sait que Maryse passe de nombreuses heures seules avec son • bébé Réflexion: Maryse peut-elle compter sur des services d’aide à la famille dans son quartier notamment des services de répit-garderie? Ces services sont-ils facilement accessibles? Y at-il des coûts impliqués? Maryse peut-elle payer les frais pour y avoir accès? Les questions à poser devraient donc porter • Sur l’usage de substances : Quelles drogues sont • consommées? Y ajoute-t-on de l’alcool? Consomment-ils plusieurs fois en une même semaine ou en un même mois? Consomment-ils beaucoup dans ces occasions? Comment obtiennent-ils leur drogue? Comment la consomment-ils? Quand consomment-ils, où, avec qui, à part ensemble? Des amis consomment-ils avec eux dans leur logement? Objectifs visés :Permet de porter une appréciation 1) sur leur capacité à protéger l’enfant et à en prendre soin quand ils ont consommé 2) sur leur capacité à prioriser Maxime. Suite… • Sur les effets de la consommation sur la vie de Maxime et sur leurs rôles de • parents Où est Maxime quand ils consomment seuls ou ensemble? Comment se sentent-ils après avoir consommé? Après avoir consommé, ont-ils remarqué des changements dans leur façon de jouer leur rôle de parents? Dans leur façon d’être avec Maxime? Objectifs visés : Pouvoir apprécier leur disponibilité envers Maxime, leurs motivations et capacités à le stimuler, à maintenir des comportements constants envers lui. • Sur la consommation et l’ environnement familial ? Quelle est leur histoire • de consommation? Consomment-ils ensemble depuis longtemps? Leur consommation a-t-elle un impact sur leurs moyens financiers? Sur le travail de Stéphane?, sur leur lieu d’habitation?, parlent-ils de leur consommation avec d’autres personnes? Objectifs visés : 1)Comprendre le rôle des drogues dans leur couple? 2) Bien évaluer leur capacité à modifier leur consommation (si besoin est) pour mieux s’occuper de leur enfant et voir si la consommation peut empêcher de répondre aux besoins de base de l’enfant : santé, alimentation, etc.de voir s’ils connaissent les ressources Suites… • Sur les autres difficultés vécues par la famille ainsi que • sur les opportunités présentes dans l’environnement familial La consommation est-elle le seul problème ou encore le problème le plus lourd auquel le couple est confronté? Quelles sont les autres difficultés reliées aux parents, à la famille et à son environnement qui affectent la réponse aux besoins de cet enfant? Quelles sont les forces et les facteurs de protection présents dans la vie de cette famille? Objectifs visés: Avoir une évaluation la plus complète possible de la situation de façon à répondre à l’ensemble des besoins individuels des enfants et des parents ainsi qu’à ceux reliés à la famille et aux conditions de vie. Réflexions sur le cadre • Le cadre permet une centration et un approfondissement • • des besoins de l’enfant par ses points de repères qui sont appuyés sur des connaissances. On évite ainsi de perdre de vue ce qui doit être évalué. La démarche d’analyse s’appuie sur le jugement professionnel et non seulement sur des questionnaires et des échelles. Cette appréciation bien que plus subjective laisse de la place à une révision de rencontre en rencontre qui semble plus mobilisatrice pour les parents qu’une appréciation figée «une fois pour toute». Avoir une base d’évaluation commune donne un «esprit» nouveau soit une envie et un souci plus grand de travailler ensemble. Suite… • Avoir un cadre d’évaluation n’enlève pas le côté «art» de • • l’évaluation. Il s’agit d’un cadre général. Des formations spécifiques en toxicomanie, en santé mentale demeurent nécessaires pour son utilisation optimale puisque ces circonstances colorent, par ex., les capacités parentales et les conditions matérielles d’existences des parents. Le cadre met l’accent sur l’enfant et sur certaines dimensions de l’adulte en relation avec l’enfant. On semble avoir oublié la personne de l’adulte et le couple conjugal qui sont aussi au cœur de la réponse aux besoins des enfants. Des questions qui restent • Ce modèle a-t-il été conçu pour une évaluation de • • • premier niveau ? Toutes les sphères besoins de l’enfant, compétences parentales et environnement familial sont-elles toujours également explorées? Ont-elles un poids égal? Dans le cas où des dimensions relatives à l’emploi ou au logement nuisent à la réponse aux besoins de l’enfant. Comment s’assure-t-on de répondre aux besoins du ou des parents? Dans le cas où l’histoire personnelle des parents les a fragilisés sur le plan psychologique et émotif ,par ex., l’aide aux adultes fait-elle partie du plan de services?