sommaire - Communauté de Communes des Collines du Léman
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SOMMAIRE Petite présentation de la littérature africaine…………………………………….p.2 Carte d’Afrique : langues officielles………………………………………………..p.3 Livres d’auteurs africains, par pays d’origine…………………………………….p.4 - Afrique du Sud……………. p.4 Angola……………………... p.7 Cameroun………………… p.8 Congo……………………… p.9 Côte d’Ivoire……………… p.10 Djibouti……………………... p.11 Gabon……………………… p.12 Ghana……………………… p.12 Guinée……………………... p.12 Mali…………………………. p.13 Mozambique……………… p.14 Nigéria……………………… p.15 Sénégal……………………..p.16 Somalie…………………….. p.18 Soudan…………………….. p.19 Tanzanie…………………… p.19 Tchad………………………. p.20 Togo………………………… p.20 Zimbabwe…………………. p.21 « L’Afrique vue d’ailleurs »…………………………………………………………… p.22 Quelques ouvrages sur l’Afrique…………………………………………………… p.24 Partageons !........................................................................................................ p.25 Cette bibliographie est une sélection non-exhaustive et subjective de documents se trouvant sur votre réseau de bibliothèques et pouvant être demandés à Savoie-Biblio. N’hésitez pas à en emprunter et à en réserver. Très bonne lecture ! 1 Un petit peu d’histoire ! L’Afrique est un grand continent, soumis à des modifications incessantes et à des guerres. Il existe entre 1000 et 2000 langues africaines. Les plus reconnues officiellement sont : l’afrikaans, le français, l’anglais, le portugais, l’arabe et le swahili. La littérature africaine est relativement jeune. C’est d’abord une civilisation de l’oralité qui a transmis la mémoire. Les écrivains d’Afrique écrivent le plus souvent dans la langue des colonisateurs. Les jeunes écrivains se posent justement la question par rapport à la langue. Pour qui écrivent-ils ? Souvent très peu pour leur population. La littérature orale est très riche, la traduction est difficile. La colonisation a malgré tout permis de transmettre l’alphabet latin et d’aller des langues parlées vers les langues écrites. Une douzaine d’auteurs africains seraient publiés par an sur le continent, contre une centaine en France…. Quelques écrivains africains écrivent dans leur langue et traduisent ensuite mais nous n’avons pas de véritable littérature en langue africaine. Et la plupart des écrivains africains vivent en dehors de leur continent et ne sont en général pas lus dans leur pays. Ces écrivains parlent donc la plupart du temps de leur pays, de leur culture mais aussi des problèmes liés à la politique. De la négritude à la migritude : Après la Seconde Guerre Mondiale est née la négritude, terme employé par Aimé Césaire. Il s’agit d’un courant littéraire et politique qui revendique l’identité noire et sa culture. Dans les années 70 apparait une littérature féminine autonome. Le roman épistolaire de Mariama Bâ, Une si longue lettre, publié en 1979, en fut le coup d’envoi spectaculaire. A partir des années 80, on assiste à l’éclosion d’un genre nouveau pour la littérature africaine, le roman policier (Achille Ngoye). En même temps, une littérature jeunesse commence à se développer et connait un deuxième élan à la fin des années 90. Très riche, la littérature orale africaine nourrit grandement la littérature écrite pour la jeunesse, mais l’édition propose également livres d’images, romans, poèmes, documentaires, bandes dessinées… En ce début du XXIe siècle, c’est le mouvement de la « migritude », un néologisme qui combine négritude et émigration, qui caractérise cette littérature. Les nouvelles générations d’écrivains ont en commun l’expérience de l’immigration : par exemple, Fatou Diome (La Préférence nationale), Alain Mabanckou (Bleu-blanc-rouge), Sami Tchak (Place des Fêtes), Calixthe Beyala (Le petit prince de Belleville). Mais ils restent aussi profondément attachés à leur pays d’origine. Aujourd’hui, une notion de littérature-monde apparaît. Des écrivains refusent d’être enfermés soit dans des littératures nationales soit dans la francophonie, soit dans un régionalisme marginalisant, soit dans un vague entre-deux inconfortable. Littérature-monde aussi parce que les littératures africaines sont multiples et diverses et qu’elles s’évertuent comme les autres littératures à dire le monde. 2 Les langues officielles 3 Livres d’auteurs africains Afrique du Sud André Brink, 1935Né dans une famille afrikaner descendant de colons boers, arrivé en Afrique depuis trois siècles, André Brink effectue une partie de ses études supérieures en France où il rencontre pour la première fois des étudiants noirs traités sur un pied d'égalité sociale avec les autres étudiants. Il prend alors conscience des effets néfastes de l'apartheid sur ses concitoyens noirs. De langue afrikaans et anglaise. Auteur de nombreux ouvrages, il est professeur d'anglais à l'Université du Cap depuis 1991 Une Saison blanche et sèche ; LGF, 1992 (1980) Prix Médicis étranger 1980 et prix Martin Luther King, Une saison blanche et sèche est le quatrième roman d’André Brink. Interdit dès sa parution en Afrique du Sud en 1979, puis traduit dans une dizaine de pays et adapté au cinéma en 1989, ce roman est l’œuvre la plus engagée et la plus marquante dans l’histoire de la lutte contre l’apartheid du romancier. Reportage riche en couleurs et en symboles, celui-ci nous dépeint à travers la mise en scène des tribulations de son personnage principal Ben Du Toit, la société sudafricaine des années 70 ; une société des plus injuste, raciste et diffamatoire. Le lecteur découvre les réalités profondes entourant l’apartheid. L’ami auquel Ben Du Toit a confié ses notes afin qu’il les rédige, se charge de la narration. Il interprète, narre, détaille et commente comme s’il s’agissait de sa propre histoire. La mise en scène d’un jeune Afrikaner aux prises avec un système qu’il cautionne par ignorance et naïveté mais qu’il découvre au fil des évènements révèle la prise de conscience progressive d’une minorité Blanche, des atrocités commises par le régime ségrégationniste de Pretoria de l’époque. Ainsi, André Brink nous dépeint une bataille, celle d’un homme qui, contre toute attente et en dépit des avertissements qui lui sont adressés, décide de s’élever contre un Etat policier pour faire régner la justice dans un pays où l’homme noir est malheureux. John Maxwell Coetzee, 1940Né au Cap dans une famille boer. L’anglais est sa langue maternelle. Il réside actuellement en Australie. Il est l'auteur de deux récits autobiographiques, d’un volume de nouvelles, de dix romans traduits dans 25 langues et abondamment primés, ainsi que de plusieurs recueils d’essais. Deux de ses romans, Michael K, sa vie, son temps (prix Fémina étranger) et Disgrâce, ont été couronnés par le prestigieux Booker Prize. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2003. Disgrâce a été adapté au cinéma en 2010. L’été de la vie ; Seuil, 2010 Après Scènes de la vie d'un jeune garçon et Vers l'âge d'homme, voici le troisième volet de l'entreprise autobiographique de Coetzee : il a atteint la trentaine et, de retour au pays natal, partage avec son père vieillissant une maison délabrée dans la banlieue du Cap. Autobiographie fictive puisque l'auteur confie la tâche d'un portrait posthume à un jeune universitaire anglais qui recueille les témoignages de quatre femmes et d'un collègue qui auraient compté pour l'écrivain en gestation dans les années 1970. Ce quintette de voix laisse entrevoir un homme maladroit, mal à l'aise, brebis galeuse de la famille afrikaner qui peine à ouvrir son cœur. La femme adultère, la danseuse brésilienne, la cousine chérie, l'universitaire et la maîtresse française s'accordent à faire de lui un amant sans chaleur, un amoureux indésirable, un enseignant sans charisme. 4 Ces entretiens sont encadrés de notes et fragments extraits de carnets où l'écrivain s'interroge et se cherche. Dans ce récit où se mêlent le comique et le ridicule, la mélancolie et le désespoir, Coetzee se livre avec prudence et dévoile peu à peu un cœur en souffrance sous la cuirasse. Il invite une nouvelle fois le lecteur à une superbe méditation sur la condition humaine. Damon Galgut, 1963Né à Pretoria. Écrivain précoce, il signe son premier roman à l'âge de dix-sept ans. A Sinless Season sera suivi d'un recueil de nouvelles en 1989. Il a reçu en 1991 le CNA Literary Award pour son deuxième roman, The Beautiful Screaming of Pigs. Depuis, il a publié plusieurs romans. L’imposteur ; éd. De l’Olivier, 2010 Un docteur irréprochable ; éd. de l’Olivier, 2005 Damon Galgut imagine un hôpital perdu au fin fond de la campagne, dans ce qui s'appelait un « Homeland », c'est à dire, selon la définition habituellement admise, un de ces «territoires pauvres et sous-développés que le gouvernement de l'Apartheid avait réservés à "l'autodétermination" de ses différentes "nations" noires». Cet établissement n'a d'hôpital que le nom. Très peu de matériel. Tout a été volé, saccagé. Peu de personnel. Laurence Waters a choisi de venir là, pour effectuer son année de service social, une obligation à laquelle doit se soumettre tout jeune médecin après avoir obtenu son diplôme. Ce qu'il découvre l'effare. On devine qu'il est dans cet hôpital, comme Galgut dans son pays. Stupéfait de constater que des années après la fin officielle de l'Apartheid, les vieilles frontières persistent sous les apparences paisibles du politiquement correct. Tout le monde se moque que les malades meurent ici, puisque ce sont des noirs très pauvres, ou pire encore, des fuyards venus du pays voisin. Ils arrivent affamés, déshydratés, les pieds en sang, avec pour seul espoir, celui des clandestins. Laurence trouve encore la preuve de cet archaïsme dans les relations que certains entretiennent avec les autochtones. Austère et sans concession. Nadine Gordimer, 1923Issue d'une famille bourgeoise, de père juif et de mère anglaise, elle fut élevée dans la religion chrétienne, et elle grandit dans l'environnement privilégié de la communauté anglophone blanche, mais n'en demeure pas moins sensible aux inégalités raciales et aux problèmes sociopolitiques de son pays. Elle rédigea sa première nouvelle à l'âge de neuf ans, nouvelle inspirée par la fouille par la police de la chambre de sa domestique noire. C'est par le biais de l'écriture qu'elle choisit de s'engager peu à peu contre le système de l'apartheid. Elle fut proche de l'ANC de Nelson Mandela. L'essentiel de son œuvre, de facture classique, en témoigne largement aujourd'hui et la lecture de ses écrits enseigne une douloureuse page d'Histoire. Cependant, sa talentueuse célébration des paysages sudafricains et son amour pour cette terre 'odorante et colorée' -qu'elle n'a pas quittéeajoutent humanité et chaleur à ses écrits. Elle a reçu le prix Nobel de littérature en 1991 Histoire de mon fils ; éd. Bourgois, 1992 Personne pour m’accompagner ; Plon, 1996 5 Ceux de July ; Albin Michel, 1992 (1983) Nadine Gordimer inverse les rôles. Les noirs prennent le pouvoir et les blancs sont obligés de se cacher ou de fuir. Les Smales, une famille blanche et bourgeoise de cette Afrique du Sud imaginaire, se réfugient dans le village de July, leur fidèle domestique, en attendant que les choses se calment ou reviennent à la normale. Commence alors pour eux, un apprentissage difficile de la différence, de la pauvreté, de la dépendance, de la peur et de la soumission aussi. Nadine Gordimer est impitoyable avec ses personnages. Elle les déshabille progressivement jusqu’à la nudité totale. Les Smales ne peuvent plus échapper à une lucidité difficilement supportable sur leur passé, l’apartheid, leurs idées progressistes. Nadine Gordimer explore avec une intelligence rare l’ambigüité des rapports entre les noirs, les blancs, le riche et le pauvre, le domestique et le maître. On ressent la tension de cette situation au final désespérante. Bessie Head, 1937-1986 Ecrivain de langue anglaise, née à Pietermaritzburg, décédée en 1986 au Botswana. Née d'un couple illégitime (mère blanche et père noir) dans un asile psychiatrique où sa mère avait été internée, elle quitte en 1964 l'Afrique du Sud pour le Bechuanaland, où elle sera institutrice jusqu'à sa mort subite à 49 ans. La vie et l'œuvre de la métisse Bessie Head illustrent la douleur de la marginalisation mais aussi la fécondité des interférences culturelles. La femme qui collectionnait des trésors et autres récits ; éd Zoé, 1994 Nouvelles Recueil de nouvelles sur la vie rurale au Botswana. Il raconte le jeu des forces qui dominent la vie des gens simples dans les villages. Bessie Head entre dans les pensées et les motivations qui les poussent à agir pour ou contre les normes de leur groupe. Avec subtilité, le titre du recueil transmet un message : la femme qui collectionnait des trésors a assassiné son mari qui se livrait à la débauche. L'assassinat était le seul moyen pour elle de revendiquer sa dignité d'être humain. Elle est conduite en prison, mais avec tous les trésors qu'elle a collectionnés : l'amitié, le respect, la gentillesse. Roger Smith, 1960Né à Johannesburg, producteur, réalisateur, auteur de scénarios et de romans policiers. Ecrit en anglais. Roger Smith vit au Cap. Mélanges de sangs ; Calmann-Lévy, 2011 Roman policier C’est dans une atmosphère moite et sordide que débute cette histoire. Dès les premières pages le lecteur ressent l’état d’insécurité permanente dans lequel évolue le personnage principal, Jack Burn, ex-marine américain. Rien ne nous rassure, même le héros inquiète. Sa brutalité effraie un peu et lorsqu’il abat les voyous minables venus menacer sa famille, sa légitimité n’a alors rien d’immédiat et ne le rend pas particulièrement attachant. Le lecteur est méfiant et le restera jusqu’à la dernière page. A l’issue de ce meurtre, se dévoilent d’autres personnages tout aussi insaisissables. Le témoin de ces meurtres, Benny Mongrel, ancien taulard, Rudi Barnard, le flic véreux, immonde, complètement illuminé et sans état d’âme, écœurant au plus haut point. Ou encore, dans les bas-fonds du ghetto, Carmen Fortune, camée au « tik », complètement paumée et abîmée. Tous ces personnages liés les uns aux autres par une violence meurtrière et sans appel, évoluent en enfer et n’ont aucun espoir de rédemption. Alors, lorsque surgit d’ailleurs, comme un second rôle, l’inspecteur Disaster Zondi de la police des polices, on respire un peu ; mais son implication toute relative ne suffira pas à juguler tout le désordre et toute la violence qui règnent au Cap ni ramener 6 un peu d’ordre moral dans une société sans repères où les inégalités sèment le désespoir, où le pouvoir ne fait plus face, vaincu, gangréné par la corruption, où l’Apartheid a laissé des blessures douloureuses toujours vives, ineffaçables. Un premier roman remarquable, récompensé d’ailleurs par le « Deutschen Krimi Preis ». Ivan Vladislavic, 1957Né à Pretoria, Ivan Vladislavic est nouvelliste et romancier de langue anglaise. Il a participé activement à la célèbre revue d'art et de littérature Staffrider dont il a publié avec Andries Oliphant une anthologie en 1988. Il est également éditeur et a reçu le prix du Sunday Times et le prix Warwick. La vue éclatée ; éd. Zoé, 2007 Les limites de Johannesbourg dérivent au loin, glissent par-dessus des crêtes et des vallées intouchées, s'arrêtent un instant dans des abris précaires puis se remettent en route. À la marge, là où la ville se fond provisoirement dans le veld, se développent des environnements nouveaux que personne n'aurait pu imaginer. Dans l'Afrique du Sud d'Ivan Vladislavic, tout est en reconstruction, des bâtiments pour les petits revenus aux lotissements de luxe sécurisés. Il en est de même des relations sociales : tout est à réinventer. La ségrégation d'autrefois a bel et bien disparu, mais il reste un rapport malaisé entre les différentes populations qui composent le pays. Quatre histoires se déroulent, liées par leur décor, la périphérie de Johannesbourg, qui devient ainsi le personnage principal de ce roman, tout en laissant aux protagonistes de chair assez d'espace pour se débattre dans les tourments de l'amour, de l'incertitude et de la création. Malgré des thèmes pessimistes, la fantaisie ludique, la verve satirique et la drôlerie de Vladislavic emportent le lecteur. Angola José Eduardo Agualusa, 1960José Eduardo Agualusa, né à Huambo, est un écrivain et journaliste. Il vit entre l'Angola, le Brésil et le Portugal. Ses livres ont été traduits dans plus de 20 langues, dont cinq traduits et publiés en français. Début 2009 il fut invité en résidence d'auteur par la ville d'Amsterdam. C'est ici que naquit son roman Barroco tropical. A écrit des pièces de théâtre avec Mia Couto. Le marchand de passés ; éd. Métailié, 2006 Le marchand de passés n'est autre que Félix Ventura, albinos en pays d'Afrique, enfant abandonné et trouvé par un bouquiniste dans une caisse de livres. Félix exerce ce métier parce qu'il aime les histoires et qu'il s'est inventé un passé au fil du temps. Félix dit : Je pense que ce que je fais est une forme avancée de littérature. Moi aussi je crée des intrigues, j'invente des personnages, mais au lieu de les garder prisonniers dans un livre je leur donne vie, je les jette dans la réalité. Il offre ses services à des riches, des militaires, à toute personne voulant redorer son blason, oublier des actes peu glorieux et donner un beau passé à ses enfants. Mélangeant passé et présent, des bouts de vrai récoltés dans des films ou la presse et des faux souvenirs, Félix invente de nouvelles vies dans un pays marqué par la décolonisation et une guerre civile sanglante. Entre propos presque philosophiques du gecko, rêves plus ou moins éveillés de Félix, entre le vrai et le faux, les mensonges et des bouts de réalité, José Eduardo Agualusa nous interroge sur la mémoire tant individuelle que 7 collective. Ecriture sobre, d'une grande finesse et pleine de poésie qui n’oublie pas la cruauté de la vie, de la guerre et ses conséquences sur les hommes. Pepetela, 1941Arthur Pestana dit « Pepetela », est un écrivain de langue portugaise né à Benguela. Il fait des études au Portugal puis s'exile à Paris et à Alger. A partir de 1960, il s'engage dans la guerre d'indépendance avec le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola. En 1975, il est nommé vice-ministre de l'Éducation. Professeur de sociologie, Pepetela a écrit une dizaine de livres publiés dans plusieurs pays d'Europe. Pepetela, à travers sa littérature, cherche à fédérer les peuples d'Angola avec la notion de peuple angolais, puisque ce dernier est constitué de différentes ethnies. Il décortique la société angolaise avec humour et truculence. Jaime Bunda, agent secret ; éd. Buchet-Chastel, 2005 Roman policier Jaime Bunda, dit Popotin à cause de son impressionnant derrière, a été casé par son cousin au Bunker, siège des services secrets angolais. Depuis plus d'un an, ledit derrière vissé à une chaise, il s'ennuie... jusqu'au jour où son chef lui confie une mission - retrouver l'assassin d'une gamine de quatorze ans, tuée après avoir été prise en stop par un inconnu roulant dans une luxueuse voiture noire. Tandis que ses méthodes pour le moins loufoques sèment la consternation au Bunker, Jaime Popotin se retrouve sur la piste du mystérieux T, également appelé le " pagre fumé " - un gros poisson, donc, de mèche avec un certain Saïd Bencherif, escroc libanais entré clandestinement dans le pays... Quand Pepetela, l'auteur phare de la littérature angolaise, s'attaque au roman policier, c'est toute la société qui est radiographiée avec une verve, une truculence et une autodérision réjouissantes. Cameroun Léonora Miano, 1973Née à Douala, elle vit actuellement à Paris. Avec Les aubes écarlates, publié aux éditions Plon en 2009, Léonora Miano achève son triptyque consacré à l'Afrique après L’intérieur de la nuit, puis Contours du jour qui vient, prix Goncourt des Lycéens 2006. Son dernier livre Tels des astres éteints, Plon 2008, était consacré aux afropéens. Contours du jour qui vient ; Plon, 2006 L’histoire se déroule dans ce pays imaginaire d’Afrique équatoriale, le Mboasu. Le pays est sens dessus dessous, et les parents acculés par la misère se défont de leur progéniture. L’héroïne, Musango, est une fillette chassée par sa mère qui l’accuse d’avoir le mauvais œil. Lorsque le lecteur la rencontre, elle a douze ans, et il y a trois ans qu’elle n’a pas revu sa mère. Elle s’adresse à elle en imagination, résolue à la retrouver, pour comprendre son histoire et se créer un futur. Léonora Miano a voulu qu’il y ait deux lectures possibles de ce texte très dense. Ainsi, le lecteur pourra y lire le récit d’une fillette et de sa mère, l’histoire très universelle de la complexité des rapports mère-fille, dont le motif émaille le livre. Mais au-delà de la déchirure de ces relations, on doit pouvoir lire également le discours qu’adresse une génération entière de jeunes, à une terre qui leur est devenue trop dure, et qui ne sait quel avenir leur offrir. L’auteur prône la quête de soi, l’invention de sa propre destinée par l’individu, dans un environnement où les modèles sont défaillants. 8 Congo Henri Lopes, 1937Né en 1937, Henri Lopès est un écrivain congolais (Brazzaville). Il a assumé de hautes fonctions politiques et administratives dans son pays (Premier ministre de 1973 à 1975) avant de devenir fonctionnaire international de l'Unesco à Paris. La parution de Le Lys et le Flamboyant aux éditions du Seuil complète un œuvre jusque-là composée d'un recueil de nouvelles et de cinq romans. Ses écrits réalisés au Congo révèlent les contradictions de l'Afrique indépendante ; elle évoque surtout le combat que l'individu mène contre les entités collectives en s'appuyant sur la lecture et le savoir. En 1972 il est lauréat du Grand prix littéraire d'Afrique noire de l'Association des écrivains de langue française. En 1993, l'Académie française lui décerne le Grand Prix de la Francophonie. Le Pleurer rire ; éd. Présence africaine, 2003 (1982) Classique de la littérature africaine, " Le Pleurer-Rire " est dominé par tonton Hannibal-Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé. Ancien baroudeur devenu Président de la République à la faveur d'un coup d'Etat, il exerce un pouvoir illimité. A travers ce roman, c'est le problème du pouvoir et du contre-pouvoir qui est posé dans toute son ampleur. La violence verbale qui perce au détour de chaque page n'a d'égal que le tragique des situations et des événements qui y sont décrits. Œuvre forte et dense, complexe et lucide, Le Pleurer-Rire fonde son originalité sur sa structure polyphonique, son rythme varié et sa charge d'ironie et d'humour qui justifie son titre. Mêlant grâce et trivialité, fiction et réalité, citations et parodie, il tente de renouveler l'écriture romanesque qui devient, ici, le lieu où diverses formes de langage s'engendrent les unes les autres, se répondent, s'entrecroisent, s'éclairent, ou se heurtent et finalement s'enchaînent dans un mouvement continu. Alain Mabanckou, 1966Il est né au Congo-Brazzaville. Après avoir vécu en France pendant une quinzaine d’années, il réside maintenant aux Etats-Unis où il fut d’abord invité comme écrivain en résidence. Il est professeur de « Creative Writing » et de littérature francophone à UCLA, à Los Angeles. Il est l’auteur de cinq romans, plusieurs recueils de poèmes, ainsi que de nouvelles. Il a reçu en 1995 le prix de la Société des Poètes Français ; en 1998 le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire. Prix Renaudot en 2006 Demain j’aurai vingt ans ; éd. Gallimard, 2010 Mémoires de Porc-épic ; éd. Le Seuil, 2006 Chez les Bembé, ethnie du Nord du lac Tanganyika, on dit que chaque homme a pour double un animal servile. Ainsi, Porc-Epic a-t-il consacré toute une vie de rongeur à exécuter les basses besognes assassines du terrible Kibandi, charpentier susceptible et colérique qui n'aime ni se faire refouler par les filles ni se faire refuser un crédit à l'épicerie. Et tchac ! Si son maître l'exige, Porc-Epic plante ses piquants en travers des gorges, des tempes et des cœurs ennemis. A la lumière du legs des ancêtres et de leur sagesse millénaire, «Mémoires de porcépic» est un roman pluriel qui intègre les faits et notions historiques, mythologiques, anthropologiques, sociologiques, philosophiques voire psychanalytiques. Une fable énigmatique qui expose les pouvoirs insoupçonnés et les qualités intrinsèques dont un animal regorge dans son intériorité inaccessible. Un récit aux contours métaphysiques et d’inspiration animiste qui illustre à l’évidence l’autre visage de l’être humain. Un conte 9 prodigieux. Une farce ironique truculente et picaresque, pas de ponctuation sauf la virgule, nombreuses citations de proverbes africains. Sony Labou Tansi, 1947-1995 Romancier, poète et dramaturge congolais, Sony Labou Tansi était un membre de l’avantgarde africaine. Son écriture satirique mais pleine d’espoir s’est confrontée à la censure à de nombreuses reprises. Les thèmes centraux de ses œuvres sont la corruption du pouvoir et la résistance. Il a souvent provoqué puis rompu avec les genres littéraires occidentaux en utilisant l’exagération, un langage démembré et une esthétique anti-naturaliste. Sony Labou Tansi n’a jamais abandonné la satire politique et la critique, mais, dans ses dernières œuvres, il touche aussi à des thèmes tels que l’amour, la vie et la mort. Sony Labou Tansi a été successivement professeur d’anglais, chef de service à la Direction Générale de la Recherche Scientifique et député. En 1979, il fonde le Rocado Zulu Théâtre de Brazzaville et publie son premier roman : La Vie et demie. Sony Labou Tansi gagna plusieurs prix littéraires comme le Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire pour L’Anté-peuple. En 1988, il obtient le premier prix de la Francophonie de la SACD et le prix de la Fondation Ibsen. Le commencement des douleurs ; éd. Le Seuil, 1995 « Le commencement des douleurs a pour thème central les effets toxiques sur la population d'un pays. L'histoire ne se déroule pas en Afrique, mais en Sicile. Je décris ainsi le cas d'une île douloureuse qui est bombardée. Je parviens à montrer que l'Afrique ne doit pas devenir une Sicile. En partant d'un pays d'Europe, je pense parvenir à mieux éveiller la conscience de tous ceux qui s'intéressent au continent africain. » A Hondo-Noote, comme dans toutes les autres villes de la côte, les hommes et les femmes savent qu’ils doivent compter avec les éléments. Quand le savant Hoscar Hana donne un baiser un peu trop appuyé à la jeune fille du ploutocrate Arthur Banos Maya, on scrute le ciel et la terre : une telle entorse à la coutume n’annonce-telle pas la fin des temps ? Face aux réponses sibyllines des éléments, aux astuces rationalistes jusqu’au délire que déploie le savant pour échapper à son destin, la colère des dieux redouble. Face à cela les habitants de Hondo-Noote opposent la bombance. Vaudeville cosmique que traverse une inquiétude visionnaire. Ce roman posthume publié en octobre 1995, met en exergue une nature exaspérée au sein de laquelle l’extravagance des projets d’un savant ne l’emporte en rien sur le caprice, la désillusion et une certaine forme de démence. Ainsi, la déconstruction des systèmes, des concepts, des règles préside souvent à la création littéraire chez Sony Labou Tansi. Côte d’Ivoire Ahmadou Kourouma, 1927-2003 Né dans le Nord de la Côte-d'Ivoire, Ahmadou Kourouma est élevé par un oncle infirmier, chasseur, musulman et féticheur. Plongé dans les traditions de son pays, Kourouma s'imprègne de ce qui sera plus tard le terreau de son inspiration : la culture malinké. Après de brillantes études secondaires, il part pour Bamako au Mali pour intégrer l'École technique supérieure. En 1949, il est accusé d'avoir endossé le rôle de "meneur" lors d'une manifestation estudiantine indépendantiste. Il est banni du Mali. Il se voit simultanément retirer son statut sursitaire, et contraint de se mettre au service de l'armée française. Où il doit réprimer des indépendantistes de l'Afrique de l'Ouest. En 1960, la Côte d'Ivoire devient indépendante. C'est l'occasion pour lui, marié à une Française, de retourner dans son pays natal. Le 10 président Houphouet-Boigny, l'accusant de comploter contre le peuple, le fait emprisonner. Il échappe à la torture en raison de son mariage avec une française, mais se voit privé du droit de travailler. Cette période lui permet de rédiger son premier roman, "Les Soleils des indépendances". Avec une écriture très singulière et imprégnée de l'esprit malinké, il dénonce les problèmes qui gangrènent la société : l'arbitraire, la sujétion de la femme, l'excision. Kourouma ne trouve pas d'éditeur pour ce livre. En attendant le vote des bêtes sauvages ; éd. Le Seuil, 1998 Lors d'une cérémonie purificatoire en six veillées, toute l'histoire du général Koyaga, " président " de la République du Golfe, se dévoile. Au récit de cette vie, mené par le griot des chasseurs et son bouffon, s'adjoint l'histoire des proches du dictateur : sa mère, Nadjouma, qui tient ses pouvoirs d'une météorite et les fait partager à son fils, et le marabout au service du tyran, qui protège son maître des complots ourdis pour le renverser. Jouant sur les traditions, les mythes et les peurs ancestrales liées à la magie, le despote a assis son pouvoir sur l'ensemble du pays et a bâti sa propre légende, mais avec les mains couvertes de sang... Conte fantastique, chronique historique et politique, ce roman est un portrait féroce et plein d'humour de l'Afrique d'aujourd'hui. Yacouba, chasseur africain ; éd. Gallimard, 1998 Roman jeunesse Mathieu vient d'arriver à Abidjan, en Côte d'Ivoire, dans la famille de son père. Il y découvre l'effervescence de la vie locale avant d'apprendre que ses cousins doivent être initiés au bois sacré par le grand maître chasseur et sorcier Yacouba. Mais on dit que ces rites sont très dangereux... Comment faire pour empêcher cette initiation ? Djibouti Abdourahman Waberi, 1965Abdourahman A. Waberi a quitté son pays en 1985 afin de poursuivre ses études en France. Il a signé neuf ouvrages qui ont été salués par la critique et couronnés de nombreux prix. Abdourahman A. Waberi est devenu un des auteurs les plus prometteurs et audacieux de sa génération. Le magazine Lire l’a classé parmi les 50 auteurs les plus importants aujourd’hui tout comme Le Monde diplomatique : "l’un des plus talentueux de la nouvelle génération d’écrivains africains". En 2005, il publie Aux Etats-Unis d’Afrique chez Lattès. Passages des larmes ; éd. Lattès, 2009 Djibril a quitté Djibouti depuis de longues années. A Montréal, il est devenu un homme neuf : le pays de son enfance n’est plus pour lui qu’une terre étrangère, poussiéreuse, un terrain vague. Employé par une agence de renseignement, il doit pourtant y retourner pour une mission de quelques jours. Djibouti est devenu un enjeu géostratégique majeur : la France, les Etats-Unis, Dubaï, les islamistes se disputent ce morceau de basalte. Djibril n’a que faire de leurs querelles mais il se sent trahi par ce pays né, comme lui, un 17 juin 1977, jour de l’Indépendance. Les plaies s’ouvrent, les fantômes des siens viennent le hanter, son enquête piétine. Chaque jour, il se laisse entraîner sur les chemins dangereux de la mémoire. De sa prison cachée sur les îlots du Diable, au large de Djibouti, Djamal, le frère jumeau de Djibril, né quelques minutes après lui, a appris le retour de son aîné prodigue : il le suit en pensée où qu’il aille, l’interpelle, ne le laisse pas en paix. On ne revient pas impunément sur les traces de son passé. Un très beau roman où il est question du temps, de l’exil et de la figure mythique de l’écrivain Walter Benjamin qui hante l’imaginaire de ces deux frères perdus. 11 Abdourahman A. Waberi compose un récit sensible, haletant et poétique et nous fait traverser de part en part ce pays de sables, d’îlots et de passages. Gabon Janis Otsiemi, 1976La vie est un sale boulot ; éd. Jigal, 2009 A Libreville, Chicano sort de prison après avoir purgé quatre ans pour un braquage qui a mal tourné ! Adieu la bande de paumés, finies les embrouilles, il veut devenir quelqu'un, un honnête homme si possible... Reconquérir Mira, trouver un boulot, monter un petit commerce et gagner sa galette à la sueur de son front, voilà son rêve ! Mais comment faire quand on n’a ni sou, ni métier, ni diplôme dans un pays où la corruption est la règle d'or à tous les carrefours ? Car ici plus qu'ailleurs, si la barbe et le grelot ne font pas une chèvre... la vie est souvent un sale boulot ! Prix du roman Gabonais en 2010. Ghana Kwei Quartey, Jeune médecin ghanéen désormais installé aux Etats-Unis et auteur d'un bon premier roman. Épouses et assassins ; éd. Payot suspense, 2009 Roman policier Darko Dawson, inspecteur de la police d'Accra, est chargé de se rendre à Ketanu, un village éloigné au bord de la Volta - en pleine brousse, pour le coup - afin d'élucider le meurtre d'une jeune étudiante qui participait à un programme de lutte contre le sida. Une enquête particulière pour lui, puisque Ketanu est aussi le village natal de sa mère, disparue 25 ans auparavant dans des circonstances jamais éclaircies. On repère assez vite les fausses pistes de l'auteur, qui reprend les schémas classiques du roman policier, mais comme souvent avec le polar, l'intérêt est ailleurs. Loin de tout pittoresque, Quartey dresse un tableau en clair-obscur de la société ghanéenne et nous donne un bon aperçu de la vie quotidienne d'un pays tiraillé entre des pratiques ancestrales et l'avènement d'une certaine modernité. En abordant les questions de la polygamie, des liens familiaux, du sida, de la condition des femmes, ainsi que du poids des traditions et des superstitions. D'ailleurs, Dawson est lui-même le fruit de cette société en pleine mutation. Un style direct, léger et sans fioritures stylistiques pour une intrigue policière simple et efficace, des personnages bien campés. Guinée Tierno Monénembo, 1947De son vrai nom Thierno Saïdou Diallo. Ecrivain guinéen francophone, lauréat du prix Renaudot en 2008. En 1969, ce fils de fonctionnaire quitte la Guinée, fuyant la dictature de 12 Ahmed Sékou Touré et rejoint à pieds le Sénégal voisin. Il va ensuite en Côte d'Ivoire poursuivre ses études. Il a rejoint la France en 1973 afin de continuer ses études. Tierno Monénembo publie son premier roman en 1979. Ses romans traitent souvent de l'impuissance des intellectuels en Afrique, et des difficultés de vie des Africains en exil en France. Il a récemment consacré un roman aux Peuls et une biographie romancée à Aimé Olivier de Sanderval, un aventurier et explorateur français, admirateur de leur civilisation et devenu un « roi » Peul. À cette occasion, il revisite l'histoire coloniale pour faire entrer cette période controversée dans l'imaginaire romanesque. Le roi de Kahel ; éd. Seuil, 2008 Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier, que les Peuls appelleront Yémé et qui deviendra le vicomte de Sanderval, fonde le projet de conquérir à titre personnel le FoutaDjalon et d'y faire passer une ligne de chemin de fer. On a presque tout oublié de lui aujourd'hui: il fut pourtant un précurseur de la colonisation de l'Afrique de l'Ouest et ses aventures faisaient le régal des gazettes de l'époque. Au cours de ses cinq voyages successifs, Sanderval parvient à gagner la confiance de l'almâmi, le chef suprême de ce royaume théocratique qu'était le pays peul, qui lui donne le plateau de Kahel et l'autorise à battre monnaie à son effigie. De ce personnage haut en couleur, Tierno Monénembo nous offre une foisonnante biographie romancée. L'épopée solitaire d'un homme, Olivier de Sanderval, qui voulut se tailler un royaume au nez et à la barbe de l'administration française... et des Anglais. Mali Moussa Konaté, 1951Moussa Konaté est diplômé des lettres de l’École normale supérieure de Bamako. Acteur fortement impliqué dans son milieu, il a été depuis 1985 au cœur des efforts de développement du village de Sanankoroba, qui favorise l’autonomie, l’action citoyenne, et renforce la prise en charge effective de leur développement par les populations. Il a enseigné quelques années avant de se consacrer à l’écriture et de fonder les Éditions du Figuier en 1997, devenant ainsi le premier écrivain éditeur du Mali. Écrivain et dramaturge, il est considéré aujourd’hui comme le meilleur représentant de la littérature de son pays. Sans renoncer à son amour pour la littérature francophone, il travaille actuellement à la diffusion du savoir au sein du monde rural à travers des publications en langues nationales du Mali. Il est aujourd’hui co-directeur du festival Etonnants voyageurs de Bamako au Mali. Il a reçu en 2005 le Prix Sony-Labou-Tansi. Moussa Konaté vit actuellement à Limoges, en 2008 il a publié un recueil de nouvelles intitulé Nouvelles du Mali avec les écrivains maliens Ousmane Diarra, Sirafily Diango, Yambo Ouologuem et Alpha Mandé Diarra. Il publie en 2010 L’Afrique noire est-elle maudite ? La malédiction du Lamantin ; éd. Fayard Noir, 2009 Roman policier A la saison sèche, au cœur du fleuve Niger, une ethnie réputée pour sa connaissance des mystères du monde aquatique, les Bozos, s'installe sur l'îlot de Kokrini. Un jour, contre toute attente, le fleuve entre en furie et un orage d'une violence inouïe frappe le campement. On découvre au petit matin deux corps sans vie. Dépêchés sur les lieux comme la loi l'exige, le commissaire Habib et son fidèle Sosso doivent affronter la foule des villageois et bientôt le pays entier : en dépit des preuves, tout le monde croit à une mort surnaturelle. C'est le Lamantin, le dieu du fleuve Niger, qui s'est vengé. Jamais enquête n'aura semblé aussi difficile. Les anciens, sa femme et même le directeur général de la police pressent Habib de 13 suspendre ses investigations. Enfant du continent noir formé à l'école des Blancs, le commissaire vit un cas de conscience... Yambo Ouologuem, 1940Ecrivain de langue française né à Bandiagara (pays Dogon) au Soudan français (actuel Mali). Yambo Ouologuem fait ses études secondaires au Mali avant de continuer en France, au lycée Henri-IV, où il se rend en 1960. Il sera par la suite licencié ès Lettres, licencié en Philosophie, et diplômé d'études supérieures d'Anglais. Il enseigne pendant plusieurs années dans un lycée de la banlieue parisienne, le lycée de Charenton (Val-de-Marne). C'est en 1968 que Yambo Ouologuem écrit son premier livre, Le Devoir de violence. Il reçoit pour celui-ci le prix Renaudot la même année ; il est alors le premier romancier africain à recevoir cette distinction. Le devoir de violence ; éd. le Serpent à plumes, 2002 (1968) Nos yeux boivent l'éclat du soleil, et, vaincus, s'étonnent de pleurer, Maschallah ! oua bismillah !.... Un récit de l'aventure sanglante de la négraille - honte aux hommes de rien ! tiendrait aisément dans la moitié de ce siècle ; mais la véritable histoire des Nègres commence beaucoup, beaucoup plus tôt, avec les Saïfs, en l'an 1202 de notre ère, dans l'empire africain de Nakem, au sud du Fezzan, bien après les conquêtes d'Okba ben Nafi et Fitri. Censuré en France depuis plus de trente ans, étudié dans le monde entier, briseur de tabous, Le Devoir de violence est une œuvre puissante et unique, un roman-culte du continent africain. Vaste saga historique, il retrace, depuis le XIIIe siècle, la geste des Saïfs, conquérants et maîtres du mythique empire Nakem. Fabuleux prosateur de tous les excès et de tous les crimes, Yambo Ouologuem dit les complexités de l'Histoire de l'Afrique où l'esclavage et la colonisation sont même antérieurs à l'arrivée des Européens qui ne firent peut-être que reprendre à leur compte et en l'amplifiant dramatiquement un système fou qui existait déjà. Mozambique Lilia Momplé, 1935Après son lycée, elle obtient une Bourse et s’en va étudier au Portugal. Elle vit quelques temps à Londres en 1964, revient au Mozambique en 1965, puis s’installe à Salvador da Bahia, au Brésil, de 68 à 71. Elle revient alors au Mozambique, où elle participe à la lutte pour l’indépendance de son pays. En 1981, elle est nommée Secrétaire d’État à la culture. Elle fut ensuite Secrétaire Générale de l’Association des écrivains mozambicains de 1995 à 2001 et Présidente de cette même association pendant 2 ans. À ce poste, son action s’est tournée vers la promotion des écrivains féminins et l’éducation. Neighbours ; éd. Les allusifs, 2007 Au Mozambique, au cours d'une longue nuit de mai entre 19 heures et 8 heures le lendemain, des liens ténus se nouent et se brisent entre les habitants de trois maisons voisines : une jeune famille, une femme qui attend son mari infidèle, et des Noirs et des Blancs réunis pour le "coup" qu'ils s'apprêtent à porter... Quels sont les mobiles de cette conspiration meurtrière ? Haine féroce envers le peuple noir, vengeance personnelle ou appât du gain ? Au fil des pages se démêle l'intrigue qui lie les destinées de chacun. Mais le récit des événements, construit heure par heure, est prétexte à de multiples digressions, offrant ainsi une fresque complexe qui évoque très habilement l'histoire mozambicaine, de la 14 colonisation portugaise aux intrusions pernicieuses de l'Afrique du Sud raciste, en passant par l'insécurité et la corruption. Nigeria Sefi Atta, 1964Née à Lagos, Sefi Atta est romancière, nouvelliste et dramaturge. Publiée simultanément au Nigeria, en Angleterre et aux Etats-Unis, Le meilleur reste à venir, son premier roman, a obtenu le prix Wole-Soyinka en 2006. Le meilleur reste à venir ; éd. Actes Sud, 2008 Enitan et Sheri sont deux jeunes filles en rupture contre l'ordre et le désordre d'un Nigeria à peine sorti de la guerre du Biafra, un pays où se succèdent coups d'état militaires et régimes dictatoriaux. Deux jeunes filles puis deux femmes qui, du début des années 1970 au milieu des années 1990, veulent échapper à l'enfermement d'une société oppressive et machiste. Sheri, belle et effrontée mais blessée à jamais, choisira l'exubérance et la provocation. Enitan tentera de trouver son chemin entre la dérive mystique de sa mère, l'emprisonnement de son père, sa carrière de juriste et le mariage lui imposant, en tant que femme, contraintes et contradictions. Et c'est à travers la voix de ce personnage inoubliable que Sefi Atta compose ici un roman initiatique d'une remarquable puissance, un livre dans lequel le destin personnel dépasse le contexte historique et politique du Nigeria pour se déployer dans le sensible jusqu'au cœur même de l'identité et de l'ambiguïté féminines. Buchi Emecheta, 1944Sociologue nigériane née à Lagos, Buchi Emecheta compte à son actif une vingtaine de romans, une dizaine de livres pour enfants, des pièces de théâtre à l’usage de la télévision et des pièces radiophoniques. Elle quitte assez tôt son pays natal pour rejoindre son époux qui vit en Angleterre. Après des études de sociologie, elle regagne le Nigeria pour assurer les fonctions de professeur de littérature anglaise à l’Université de Calabar. A la suite des événements inattendus, elle abrège son séjour et quitte provisoirement le Nigeria. Buchi Emecheta s’installe à Londres où elle consacrera son temps exclusivement à l’écriture. Sa renommée est acquise après la publication, en 1974, du roman autobiographique “Second Class-Citizen” (Citoyen de seconde zone, traduit de l’anglais par Maurice Pagnoux, 267 p. connaîtra en 1994 une seconde édition chez Gaïa). L’héroïne de son roman est une femme de couleur, qui, en privé, croule sous le poids de l’autorité maritale et subit, dans l’espace public, le racisme et ses méfaits. La dot ; éd. 10-18, 2006 (1976) Dans la ville de Lagos, Aku-nna fait figure d'exception. Fillette aussi vive qu'extravertie, elle s'occupe de son frère, tient la case familiale et fait ses humanités à l'école chrétienne. Mais sa vie est soudain bouleversée par la mort de son père. Recueillie par un oncle aux coutumes traditionnelles, Aku-nna doit abandonner l'école pour apprendre son rôle de future épouse et constituer une dot fructueuse. C'est alors qu'elle rencontre Chike. Descendant d'une lignée d'esclaves rejetée par la communauté, il lui ouvrira la voie de la liberté. Avec La Dot, Buchi Emecheta nous offre un regard unique sur une société africaine en pleine mutation. Un conte initiatique d'une rare force émotionnelle sur le joug des traditions et la violence de l'exil. 15 Ben Okri, 1959Né à Minna, au centre du Nigéria, il a passé une partie de sa petite enfance en Angleterre avec ses parents. Grâce à son père, passionné de littérature, il découvrira Dickens, Tourgueniev et la philosophie grecque et chinoise. Il a travaillé au service étranger de la BBC World Service et a été le responsable éditorial de la section « Poésie » du West Africa Magazine pendant sept ans. En 1991, il a obtenu le Booker Prize pour La route de la faim. Il a aussi reçu le prix des écrivains du Commonwealth pour l'Afrique, le prix Aga Khan pour la fiction et a reçu un Crystal Award du forum mondial économique. Il vit à Londres. La route de la faim ; éd. Julliard, 1994 Au Nigeria naît Azaro, un enfant-esprit. Ces enfants viennent au monde et en repartent selon un cycle qui leur permet de fuir la dureté de la vie. Fils unique d’un père orgueilleux qui survit en portant des sacs de ciment et d’une mère marchande ambulante, Azaro décide de rester sur terre. Il veut affronter la tragique mais fascinante réalité du monde. Un photographe lui apprend à voir, une petite fille l’obsède, des esprits tentent de l’empêcher d’avancer… Il découvre un pays où la misère gagne sur la brousse, où les politiciens, qu’ils soient du Parti des Riches ou du Parti des Pauvres, méprisent les populations. Un univers aussi où la réalité, le rêve et la magie s’entremêlent en permanence jusque dans le bar de Madame Koto où vin de palme, esprits et sorcellerie peuvent conduire à la mort. La route de la faim décrit une Afrique inquiétante mais aussi d’une beauté merveilleuse. Premier roman de l’auteur. Sénégal Mariama Bâ, 1929-1981 Elevée dans un milieu musulman traditionnel par ses grands-parents maternels, après la mort de sa mère, elle fut scolarisée à l'école française et entra à l'Ecole Normale de Rufisque en 1943 avec des résultats d'examens brillants. Elle y obtint son diplôme d'institutrice en 1947. Elle enseigna pendant douze ans puis, pour des raisons de santé, demanda son affectation à l'Inspection régionale de l'enseignement du Sénégal. Mère de 9 enfants, divorcée, elle fut l'épouse du député Obèye Diop. En 1980 le Prix Noma lui fut décerné pour son premier roman Une si longue lettre. Elle est morte en 1981, peu avant la parution de son second ouvrage. Une si longue lettre ; éd. Le Serpent à plumes, 2001 (1979) Une si longue lettre est une œuvre majeure, pour ce qu'elle dit de la condition des femmes. Au cœur de ce roman, la lettre que l'une d'elle, Ramatoulaye, adresse à sa meilleure amie, pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage. Elle y évoque leurs souvenirs heureux d'étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les Indépendances. Mais elle rappelle aussi les mariages forcés, l'absence de droits des femmes. Et tandis que sa belle-famille vient prestement reprendre les affaires du défunt, Ramatoulaye évoque alors avec douleur le jour où son mari prit une seconde épouse, plus jeune, ruinant vingt-cinq années de vie commune et d'amour. La Sénégalaise Mariama Bâ est la première romancière africaine à décrire avec une telle lumière la place faite aux femmes dans sa société. 16 Fatou Diome, 1968Fatou Diome est née sur la petite île de Niodior, dans le delta du Saloum, au sud-ouest du Sénégal. Elle est élevée par sa grand-mère. A treize ans, elle quitte son village pour aller poursuivre ses études dans d'autres villes du Sénégal tout en finançant cette vie nomade par de petits boulots et finit par entamer des études universitaires à Dakar. A 22 ans, elle se marie avec un Français et décide de le suivre en France mais elle divorce deux ans plus tard. En 1994, elle s'installe en Alsace et poursuit ses études à l'université de Strasbourg. Le ventre de l’atlantique ; éd. A. Carrière, 2003 Salie vit en France, son frère, Madické, rêve de l'y rejoindre et compte sur elle. Mais comment lui expliquer la face cachée de l'immigration, lui qui voit la France comme une Terre promise où réussissent les footballeurs sénégalais, où vont se réfugier ceux qui, comme Sankèle, fuient leur destin tragique ? Comment empêcher Madické et ses camarades de bâtir des châteaux en Espagne, quand l'homme de Barbès, de retour au pays, gagne en notabilité, escamote sa véritable vie d'émigré et les abreuve de récits où la France passe pour une Arcadie imaginaire ? Les relations entre Madické et Salie nous dévoilent l'inconfortable situation des "venus de France ", écrasés par les attentes démesurées des leurs restés au pays et confrontés à la difficulté d'être l'Autre partout. Distillant leurre et espoir, Le Ventre de l'Atlantique charrie entre l'Europe et l'Afrique des destins contrastés saisis dans le tourbillon des sentiments. La condition humaine s'y laisse scander par l'irrésistible appel de l'Ailleurs. Car, même si la souffrance de ceux qui restent est indicible, il s'agit de partir, voguer, libre comme une algue de l'Atlantique. Un premier roman sans concession, servi par une écriture pleine de souffle et d'humour. Boubacar Boris Diop, 1946Boubacar Boris Diop est né à Dakar. Romancier et essayiste, il a longtemps exercé les fonctions de journaliste et dirigé un quotidien indépendant, Le Matin de Dakar. L'écrivain sénégalais va volontiers chercher dans les hypothèses du roman de politique-fiction (Le Temps de Tamango) ou dans les "traces" d'une histoire plus récente (Thiaroye, terre rouge et Murambi), la matière de ses écrits, conjuguant, avec habileté et exigence, réflexion politique et originalité littéraire. Il est aussi l'auteur de nombreux articles critiques et, en 2003, d'un roman, Doomi Golo, écrit en wolof. Murambi, le livre des ossements ; éd. Stock, 2000 Construit comme une enquête et un réquisitoire, avec une extraordinaire lucidité, le roman de Boubacar Boris Diop nous éclaire sur l'ultime génocide du XXe siècle mieux que tous les essais et témoignages. Avec une sobriété d'un classicisme exemplaire, l'auteur expose les faits, ses rouages et ses ressorts cachés : quelques personnages en situation, avant, pendant et après le génocide, se racontent et se croisent, s'aiment et se confessent. Jessica, la miraculée qui sait et comprend du fond de son engagement ; Faustin Casana, membre des Interahamwe ; le docteur Joseph Karekezi, notable hutu naguère modéré, qui organisa et coordonna le massacre de Murambi ; le colonel Etienne Périn, officier de l'armée française; Cornelius Karekezi enfin, qui, de retour au pays quatre ans après le drame, découvre l'épouvantable responsabilité de son père. En vrai romancier, Boubacar Boris Diop nous interdit les faux-fuyants qui voudraient folkloriser les drames africains pour mieux les oublier. En " raconteur d'éternité ", avec toute la rigueur d'un talent sans faille, il nous oblige à regarder en face notre réalité, qu'on voudrait sauve de tout autre désastre humain. 17 Aminata Sow Fall, 1941Née à Saint-Louis (Sénégal), femme de lettres, romancière – l'une des pionnières de la littérature africaine francophone. Elle porte un regard critique sur une société sénégalaise en pleine mutation dont elle dénonce l'hypocrisie et l'idéologie patriarcale. Ainsi, dans son œuvre la plus connue, La « Grève des bàttu ou les déchets humains », qui lui a valu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980, elle imagine – en s'appuyant sur des faits réels – une grève de mendiants chassés de la capitale par des autorités soucieuses de promouvoir le tourisme. Les romans d'Aminata Sow Fall sont devenus des classiques, aujourd'hui inscrits dans les programmes d'enseignement. Toujours absorbée par l'écriture, la romancière partage désormais son temps entre Dakar, Saint-Louis et d'autres destinations à l'étranger, car elle est souvent sollicitée pour des conférences en relation avec son œuvre ou des thèmes plus larges tels que l'éducation, la culture ou la paix. Aminata Sow Fall est mère de sept enfants, dont le rappeur Abass Abass. La grève des Battu ou Les déchets humains ; éd. Le Serpent à plumes, 2001 (1979) Kéba-Dabo avait pour tâche, en son ministère, de " procéder aux désencombrements humains ", soit : éloigner les mendiants de la Ville en ces temps où le tourisme, qui prenait son essor, aurait pu s'en trouver dérangé. Et son chef, MourNdiaye, a encore insisté : cette fois, il n'en veut plus un seul dans les rues ; et ainsi fut fait. Mais les mendiants sont humains, et le jour où, écrasés par les humiliations, ils décident de se mettre en grève, de ne plus mendier, c'est toute la vie sociale du pays qui s'en trouve bouleversée. A qui adresser ses prières ? À qui faire ces dons qui doivent amener la réussite ? Avec humour, avec gravité aussi, Aminata Sow Fall dénonce dans ce roman les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles, du Sénégal ou d'ailleurs. Somalie Nuruddin Farah, 1945Ecrivain de langue anglaise, né à Baidoa dans le sud de la Somalie. Il a grandi dans l'Ogaden, une province de l'Éthiopie proche de la Somalie. Au cours de sa jeunesse, il a appris le somali, l'amharique, l'arabe, puis l'anglais et l'italien. Entre 1969 et 1972, il a contribué à la mise en place de la transcription du somali selon l'alphabet latin. Il publie son premier roman, From a Crooked Rib, "Née de la cote d'Adam", en 1970, un an après la prise de pouvoir par le général Siyad Barre, qui devint ensuite sa bête noire et dont la politique dictatoriale et autocratique servit de toile de fond à sa première trilogie, publiée entre 1979 et 1983. Après plusieurs années passées à étudier en Inde, en Angleterre et en Italie, il publie, en 1975, un second roman, A Naked Needle, qui lui vaut les foudres du régime et l'oblige à s'exiler définitivement, menacé à mort. Entre 1975 et 1992, il poursuit une vie d'errance, s'installant tour à tour dans plusieurs pays africains (Kenya, Éthiopie, Gambie, Nigeria) et refusant, comme certains de ses confrères, de s'installer aux États-Unis, où de nombreuses universités l'invitaient pourtant. Après la chute du dictateur et l'effondrement de l'État somalien, il revint à deux reprises en Somalie, mais toujours en courant de grands risques personnels. Son œuvre est l'une des plus importantes de l'Afrique anglophone, et même de la littérature de langue anglaise. Son approche de sujets complexes au travers d'une langue habitée, poétique et refusant les conventions romanesques, lui a valu l'estime de la critique et d'un lectorat de plus en plus nombreux. Ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues, et il a obtenu, en 1998, le prestigieux Prix Neustadt. 18 Exils ; éd. Le Serpent à Plumes, 2010. Après vingt ans d'exil à New York, Jeebleh décide de retourner en Somalie, son pays. Au programme : trouver la tombe de sa mère et aider son ami d'enfance Bile à récupérer Raasta, sa fille enlevée. Mais quand il débarque à Mogadiscio, Jeebleh se rend compte que la situation a radicalement empiré. Les clans ont divisé le pays, les adolescents prennent les gens pour des cibles et les Américains ont la gâchette facile. La tâche de Jeebleh est complexe, d'autant qu'on se méfie de lui. A quel clan appartient-il aujourd'hui ? Dans ce monde chaotique où rien ni personne n'est ce qu'il paraît, où chaque mot peut être une bombe, la petite Raasta, nommée la Protégée, représente l'espoir. Ses mots, sa présence sont le seul réconfort de ce peuple de vautours gouverné par la peur. Soudan Jamal Mahjoub, 1960Né à Londres d'un père soudanais et d'une mère anglaise. Il a grandi à Khartoum avant de partir étudier la géologie à Sheffield avec l'idée d'entreprendre, plus tard, des recherches pour exploiter l'or noir dans son pays natal. Il a vécu ensuite à Londres, puis à Copenhague, avant de s'installer à Barcelone. Il est l'auteur de cinq romans publiés outre-manche, dont l'un fut remarqué par le journal The Guardian, qui lui décerna son très convoité prix éponyme. Tous ses romans sont traduits en français et souvent réédités, signe d'une bonne réception. Outre son talent, Jamal Mahjoub a la particularité d'écrire en anglais et de défier les frontières habituelles de l'establishment autant à Khartoum qu'en Europe : il est classé anglais dans un paysage littéraire soudanais, largement arabophone, et arabe dans un paysage littéraire londonien (ou danois ou espagnol), à peine attentif aux voix en provenance de l'ancien empire dont le Soudan n'a jamais vraiment fait partie, à l'exception d'une brève période de domination qui court de 1899 à 1956. La navigation du faiseur de pluie ; éd. Actes Sud, 1998 Roman du sable et du désert, La Navigation du faiseur de pluie raconte une improbable quête. Tanner, vingt-cinq ans, quitte un jour l'Angleterre pour s'installer au Soudan, la terre paternelle, A Khartoum, il habite une maison sinistre, vit mal sa liaison avec Nina. Sur fond de guerre et de déréliction, il travaille à des missions de terrain. Au cours de l'une d'elles, une jeune femme meurt par sa faute. Pour le compte de la société qui l'emploie, il prend alors la route avec un énigmatique Américain. Tous deux vont dans le Sud, là où l'on cherche - sans moyens et sans espoir - du pétrole et où règne une incessante guérilla, Les deux hommes s'enfoncent peu à peu au cœur du désert, dans une véritable descente aux enfers, Vers un dénouement tragique et poétique à la fois, que vient noyer la pluie. Tanzanie Adam Shafi Adam Les Girofliers de Zanzibar ; éd. Le serpent à plumes, 2000 (1978 trad. 1986) Ecrit par un enfant du pays, Les Girofliers de Zanzibar est un pilier de la culture swahilie. Kijakazi, née à Zanzibar dans une famille d'esclaves, est la plus fidèle servante du seigneur Malik et de son fils, Fouad. Tandis que ceux-ci vivent comme des princes de la récolte des 19 clous de girofle, leurs esclaves ne connaissent que brimades et tâches harassantes. Mais sur la plantation, certains jeunes se laissent gagner aux théories révolutionnaires venues de la ville... A travers ce récit aux airs de conte de fées, Adam Shafi Adam relate un événement peu connu de l'histoire contemporaine, la révolution de janvier 1964, qui marqua la rupture brutale avec le sultanat féodal de Zanzibar et l'instauration d'une république populaire. Tchad Nimrod, 1959Né à Koyom, dans le sud du pays, Nimrod Bena Djangrang a quitté la savane tchadienne à l’âge de 25 ans pour échapper à la précarité engendrée par la guerre civile. Pendant sept ans, il poursuit ses études en Côte d’Ivoire, avant de gagner la France où il réside depuis 1991. Dès son premier recueil de poèmes, publié en 1989 (Pierre, poussière, éditions Obsidiane), cet inconsolable exilé passe par l’écriture pour renouer avec son pays natal. Une écriture lyrique qui reconstitue les territoires de l’enfance, les saisons, les amours, les « infinies métamorphoses du crépuscule ». Le bal des princes ; éd. Actes Sud, 2008 Après de longues années d'exil, un jeune professeur de littérature est en partance pour le village de son aïeule. Ce matin-là, il traverse le fleuve et rejoint la terre de son enfance, mais au calme habituel s'est, semble-t-il, substitué une étrange agitation : l'un des colonels de l'armée est attendu dans cette campagne tchadienne pour une visite très officielle. Alors que les regards du jeune homme s'évadent vers la beauté des paysages alentour, les villageois l'identifient sans tarder comme la seule personne capable de leur servir d'interprète auprès du colonel. Car les dialectes en ces régions sont multiples et l'isolement de ces provinces du Sud ne pourra s'effacer qu'au prix de l'engagement des populations dans un même combat. Dans la lumière de midi, le jeune homme devient le médiateur entre le chef de village et cet illustre chef de guerre : une sorte de passeur sommé de rendre intelligibles l'Ancien et le Moderne, d'être le dépositaire des uns et des autres - bien qu'incompris des deux camps -, pour qu'advienne, peut-être, un monde plus homogène. A travers cette rencontre entre un fils de l'exil et le pouvoir incarné par un militaire, Nimrod explore l'infini du sensible. Dans une langue éminemment poétique, son personnage aborde les rivages de ses contraires : cette condition d'étranger qui fait de lui un amoureux des êtres et des lieux de cet autre versant de sa vie. Togo Kossi Efoui, 1962Né à Anfoin, Kossi Efoui est titulaire d'une maîtrise de philosophie obtenue à l'Université du Bénin (Togo). Sa participation au mouvement étudiant des années 1980, durement réprimé par le régime, l’a conduit à se réfugier en France. En 1989, il reçoit le Grand Prix Tchicaya U Tam'si du Concours théâtral interafricain pour sa pièce Le Carrefour. Boursier de Beaumarchais, il est accueilli en résidence d’écriture à la Maison des auteurs du Festival des Francophonies en 1992. Plutôt qu’ "exilé" ou "réfugié", il préfère se définir aujourd’hui comme "vagabond", terme qu’il juge plus subversif (« c’est contre les vagabonds, rappelle-t-il, qu’on a inventé les cartes d’identité »). Son œuvre est traversée par la question de l’exil, empreinte 20 de ce choix douloureux, travaillée par l’ici et l’ailleurs. Mais Kossi Efoui estime avant tout que l’exil se situe au cœur même de l’acte d’écrire, en tant qu’effort vers la rupture et l’inédit. Solo d’un revenant ; éd. Le Seuil, 2008 Le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d'étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talismans qui se recourbent sur ellesmêmes comme la queue du scorpion. Zimbabwe Brian Chikwava, Originaire du Zimbabwe c’est l'un des écrivains les plus prometteurs de sa génération : il est également musicien et vit actuellement à Londres. Il a gagné le Caine Prize en 2004 pour un premier recueil de nouvelles Seventh Street Alchemy. Harare North est son premier roman. Harare Nord ; éd. Zoé, 2011 Il est effronté, arrogant, manipulateur, incorrect, menaçant, tordu. Il est aussi caustique, brillant, un peu sexy et drôle. Il est perdu. Il peut devenir fou. Il, c'est le héros de ce roman, fraîchement arrivé du Zimbabwe à Londres, qu'il surnomme Harare Nord, du nom de la capitale de son pays bien-aimé. Après quelques semaines chez un cousin peu accueillant, il s'installe dans un squat habité par quatre compatriotes, tous en quête d'une vie à peu près décente. La plus jeune des quatre loue par exemple son bébé aux femmes qui cherchent un appartement auprès des services sociaux. Brian Chikwava a inventé pour son personnage une voix hautement singulière et poétique, dérangeante, féroce et caustique. Le lecteur le suit et s'il sourit la première fois qu'il lit "Je suis un homme de principe moi", il finit par le penser lorsque ce refrain revient pour la dernière fois à la fin du livre. 21 « L’Afrique vue d’ailleurs » Ils sont américains, anglais, français, polonais ou portugais. Ils ont vécu en Afrique ou non. Ils ont émigré, ils sont exilés. Ils sont écrivains, voyageurs, ethnologues, ouverts au monde et fascinés par l’Afrique. Ils la racontent de l’extérieur. Au cœur des ténèbres / Conrad ; Gallimard, 1931 Le récit, au fil de la remontée d'un fleuve en forme de serpent, nous entraîne dans une expédition au cœur du continent africain, peuplé de combattants invisibles et de trafiquants d'ivoire rongés par la fièvre. C'est l'un d'eux, M. Kurtz, que Marlow, le narrateur, est chargé par sa compagnie de ramener en Europe. Mais le responsable du comptoir perdu s'est " ensauvagé ", et les indigènes tentent de s'opposer à son départ... "Au cœur des ténèbres" a inspiré Francis Coppola pour son film "Apocalypse now". Bêtes sans patrie / Uzodinma Iweala ; éd. De l’Olivier, 2008 Alors que la guerre civile fait rage dans une contrée africaine sans nom, Agu tente par tous les moyens de fuir son village. La violence le rattrape pourtant et il se fait enrôler comme enfant soldat. Sous les ordres du commandant, il est contraint de voler, violer et tuer. Pour sauver sa propre vie, il devient une bête féroce. Ebène : aventures africaines / Ryszard Kapuscinski ; Plon, 2000 Documentaire Il aura fallu quarante-trois ans de fréquentation assidue de l'Afrique à ce journaliste polonais pour qu'il se risque enfin à en livrer un portrait magnifique et terrifiant, chaleureux et accablant. Ses courts chapitres s'échelonnent des débuts de la décolonisation à nos jours, et privilégient les pays les plus misérables ou ceux dont le passé est le plus tragique : Ethiopie, Soudan, Somalie, Liberia, Nigeria, Rwanda, Ouganda. Kapuscinski a le don de raconter en dix ou vingt pages le règne ubuesque d'Idi Amin Dada ou la rivalité sanglante des Hutus et des Tutsis. Mais le peintre de fresques se fait aussi miniaturiste : il évoque un feu de camp, un logement qu'il occupa jadis à Lagos, une rencontre avec des nomades sahariens, des palabres avec des paysans de la savane, des cauchemars éveillés et de purs instants de bonheur. Dans des pages lumineuses, il nous aide à comprendre ce que signifie pour ces hommes à la peau d'ébène l'appartenance à une ethnie et à un clan, comment fonctionnent les solidarités et quels sont leurs effets pervers. L’africain / Jean-Marie Gustave Le Clezio ; Mercure de France, 2004 Le regard en arrière porté par l'écrivain sur son enfance africaine et la violence de l'identité à rebours, qui n'est pas nécessairement liée à la couleur de la peau. La ferme africaine / Karen Blixen ; Gallimard, 1937 En 1914, Karen Blixen arrive au Kenya avec son mari pour vivre sur une ferme de café. Immédiatement attirée par la terre, elle y passe les années les plus heureuses de sa vie jusqu'à ce qu'elle doive quitter la ferme pour retourner au Danemark, en 1931. C'est là qu'elle va rédiger ce roman relatant son expérience en Afrique. Un adieu émouvant à sa ferme bien aimée, ce livre raconte ses amitiés avec les gens du pays, son affection pour le paysage et les animaux ainsi que son amour pour l'aventurier Denys Finch-Hatton. 22 Les belles choses que porte le ciel / Dinaw Mengestu ; Albin Michel, 2007 Premier roman A 36 ans, Sepha Stephanos se fait une raison : sa vie n'est pas celle qu'il avait rêvée. Il a fui l'Ethiopie et tient une épicerie minable à Washington. Ses seuls amis sont deux Africains dont il partage la nostalgie du continent et il se passionne pour la littérature. Mais l'arrivée d'une jeune femme blanche et de sa fillette métisse vont bouleverser cet équilibre précaire... Les enquêtes de Mma Ramotswe / Alexander MacCall Smith ; 10/18, 2003 Roman policier L’écrivain Alexander Mc Call Smith a inventé Precious Ramotswe, première femme détective privée du Botswana. A la tête de l’Agence N°1 des Dames Détectives, sise à Gaborone, elle mène ses enquêtes dans le pays. Féminisme, humour et exaltation des valeurs africaines ponctuent les aventures de cette drôle de dame d’Afrique. Quelques titres : Mma Ramotswe détective / Miracle à Speedy motors / Les mots perdus du Kalahari / Le bon mari de Zebra Drive / Vérité et feuilles de thé / 1 cobra, 2 souliers et beaucoup d’ennuis / La vie comme elle va / Les larmes de la girafe / Vague à l’âme au Botswana / Un safari tout confort Mémoire d’éléphant / Antonio Lobo Antunes ; éd. C. Bourgeois, 1979 Toute une vie évoquée dans une journée : un psychiatre, très proche de l'auteur, vétéran de la guerre d'Angola, évoque le gouffre du quotidien dans lequel il a sombré depuis son retour et la séparation d'avec sa femme : tout est sombre et laid. Cette expérience traumatisante lui a révélé la vraie nature de la société portugaise, étouffée par l'Église et la dictature, dissimulant derrière les bonnes manières et les règles de bienséance, une grande vulgarité et une vraie mesquinerie. La ville apparait comme un véritable zoo humain, avec des animaux en cage dont il serait un des geôliers. Il se sent complice de cette caste qui enferme ceux qui ne s'intègrent pas dans le cadre et envoie le peuple se faire tuer pour défendre ses petits intérêts. Lui, ne sait plus très bien qui est fou et qui ne l'est pas. Les souvenirs l'assaillent au long de cette journée : sa jeunesse, son éducation bourgeoise, la rencontre avec sa femme, la naissance de ses filles, son départ pour l'Angola, la torture, la beauté de l'Afrique. Nous autres / Stéphane Audeguy ; Gallimard, 2008 A l'annonce de la mort de son père inconnu, un fils se rend auprès de sa dépouille au Kenya, à Kibera. Sur place, il apprend qu'il ne peut respecter la dernière volonté de son père : être inhumé en terre kényane. Il part explorer ce pays traversé par une ligne de chemin de fer, à la recherche d'un lieu pour l'enterrer. Zulu / Caryl Ferey ; Gallimard, 2010 Roman policier Le cadavre d'une jeune fille blanche est découvert dans un jardin botanique du Cap. Il s'agit de la fille d'un ancien joueur des Springboks, véritable star nationale. Alors que l'enquête patine, le corps d'une deuxième femme portant des scarifications faisant référence à des sacrifices zoulous est retrouvé. Tandis que la ville tombe dans la psychose raciale, la brigade des homicides enquête. 23 Quelques ouvrages sur l’Afrique Histoire de l’Afrique Noire au XXe siècle Les Africains. Histoire d’un continent / John Iliffe ; Flammarion, 2009, 459 p. : Histoire générale de l'Afrique, des origines de l'humanité jusqu'à l'Apartheid. Les thèmes abordés dans ce livre : peuplement du continent, coexistence de l'homme avec son environnement, construction de sociétés durables et défense contre les agressions venues des régions plus favorisées. L’Afrique depuis 1940 / Frederick Cooper ; Payot, 2008, 319 p. : Cette histoire de l'Afrique contemporaine propose une approche à la fois chronologique et thématique pour jeter un pont entre les périodes coloniale et postcoloniale, s'attachant à étudier les changements qui accompagnèrent la fin des empires et les processus qui se perpétuèrent même lorsque les pouvoirs changèrent de mains. DVD Afriques : comment ça va avec la douleur, un film de Raymond Depardon, Arte Video, 1996 Raymond Depardon arpenta le continent africain entre 1993 et 1996... Avec des mots libres et parfois dénonciateurs, il montre les plaies, l'agonie et la volonté de vivre de peuples meurtris et s'interroge sur sa responsabilité d'homme d'image à parler de la douleur... Un film indispensable... Ouvrages récents qui abordent la culture africaine L'Afrique noire est-elle maudite ? / Moussa Konaté ; Fayard, 2010, 238 p. Selon l'auteur, l'Afrique noire, exploitée et manipulée depuis des siècles par des élites corrompues, doit connaître un sursaut des consciences face aux enjeux de la mondialisation. Forte d'une population jeune et riche de nombreux atouts, l'Afrique a les moyens de faire émerger un modèle de société moderne. Pour cela, elle doit libérer l'individu, trahir ses ancêtres pour mieux les défendre. Sortir de la grande nuit : essai sur l'Afrique décolonisée / Achille Mbembe ; La Découverte, 2010, 243 p. L’auteur montre que de nouvelles sociétés africaines sont en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres, et de la circulation des hommes et des cultures. Il décrypte les mutations africaines et les confronte aux évolutions des sociétés postcoloniales européennes. La France décolonisa sans se décoloniser. 24 Partageons ! Voici une petite place pour laisser vos impressions sur vos lectures, vos coups de cœur, ce que vous n’avez pas aimé, ou donner d’autres idées de lectures. ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ 25 ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________ 26