Une nouvelle étape du partenariat stratégique
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Une nouvelle étape du partenariat stratégique
nouvelle étape du partenariat stratégique Une R E V U E O F F I C I E L L E D E L’ A M B A S S A D E D U K A Z A K H S TA N E N F R A N C E © Ambassade du Kazakhstan 1 Kazakhstan et la France continuent de renforcer leurs liens de partenariat stratégique » «Le Par S.E.M. Nourlan DANENOV, Ambassadeur du Kazakhstan en France, Ambassadeur, Délégué permanent auprès de l’UNESCO L KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE a République du Kazakhstan a célébré en 2014 le 23ème anniversaire de son indépendance. Depuis 1991, le Kazakhstan a fait un parcours impressionnant. Riche en ressources naturelles et doté d’une économie dynamique, il s’est forgé une notoriété de partenaire stable et fiable. La communauté internationale reconnaît notre pays comme étant un acteur responsable et actif, dont les initiatives contribuent durablement au renforcement de la paix et de la stabilité dans un monde déchiré par des conflits en tout genre. Cela nous procure un droit moral de briguer le poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2017-2018. Derrière ces succès, un grand travail a été accompli dans le cadre de la diplomatie multivectorielle du Kazakhstan sous l’impulsion décisive du Chef de l’État kazakhstanais, le Président Noursoultan Nazarbaïev. Chaque année, il dévoile sa vision claire du développement de notre pays. Dans son récent discours sur l’État de la Nation « La Voie vers l’avenir », le Président de la République a ainsi présenté la Nouvelle politique économique du Kazakhstan. Celle-ci constitue une grande avancée en vue de rejoindre les 30 pays les plus développés du monde. Le Kazakhstan et la France continuent de renforcer leurs liens de partenariat stratégique. Nos échanges s’intensifient. Les cadres de notre coopération Kazakhstan République Présidentielle Chef de l’État : M. Noursoultan NAZARBAÏEV Premier Ministre : M. Karim MASSIMOV Ministre des Affaires étrangères : M. Erlan IDRISSOV Ministre de l’Économie nationale : M. Erbolat DOSSAEV Ministre des Investissements et du Développement : M. Asset ISSEKESHEV Ministre des Finances : M. Bakhyt SULTANOV Ministre de la Défense : M. Imangali TASMAGAMBETOV 2 s’élargissent. L’année 2014 a été exemplaire et riche en événements. Avec nos partenaires français, nous avons organisé les sessions de la Commission mixte pour la coopération économique et du Conseil des affaires, ainsi que des forums économiques. Cette coopération s’appuie sur un dialogue politique riche, confiant et pragmatique. Les récentes rencontres à Paris de nos premiers ministres et de nos ministres des Affaires étrangères ont créé une base solide pour le succès de la visite que le Président de la République française a accompli au Kazakhstan, les 5 et 6 décembre 2014. Aussi, faut-il rappeler que nos Chefs d’État se sont entretenus en marge du Sommet sur la sécurité nucléaire qui a eu lieu en mars 2014 à La Haye, aux PaysBas. La France reconnaît le rôle stratégique du Kazakhstan dans la région d’Asie centrale et salue la contribution de notre pays à la résolution des conflits régionaux. La récente rencontre au sommet de l’État a placé nos relations à un nouveau niveau de coopération qui s’intensifie dans tous les domaines. L’amitié kazakhstano-française s’est également renforcée grâce aux échanges culturels, universitaires et scientifiques. Nous avons clôturé la Saison du Kazakhstan en France, organisée pour la première fois dans l’histoire de nos relations bilatérales. De nombreuses manifestations culturelles et représentations ethnographiques ont eu lieu sous son égide à Paris. Géographie et population Capitale : Astana Superficie : 2 724 900 km² Population : 17,5 millions d’habitants Langue officielle : Kazakh (langue d’État), Russe (officielle) Fête nationale : 16 décembre Économie PIB : 141,8 milliards de dollars (janv.-sept. 2014) Taux de croissance : 4,1% (janv.-sept. 2014) Importations : 37,3 milliards de dollars (janv.-nov. 2014) Exportations : 73,2 milliards de dollars (janv.-nov. 2014) Monnaie : Tengué © Ambassade du Kazakhstan S.E.M. Nourlan Danenov lors de la réception organisée à l’occasion de la célébration de la fête nationale de la République du Kazakhstan, le 16 décembre 2014, à Paris en présence de l’Orchestre national folklorique d’Atyraou. propos l’inauguration de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan par les deux Chefs d’État français et kazakhstanais à Almaty le 6 décembre 2014. Il s’agit du premier établissement universitaire français en Asie centrale. Le développement du partenariat kazakhstanofrançais dans le secteur du tourisme constitue une autre priorité pour nos peuples qui souhaitent se connaître et se rapprocher davantage. Je saisis cette occasion pour vous annoncer que la compagnie nationale aériennne Air Astana ouvrira le 29 mars 2015 une liaison aérienne directe entre Astana et Paris, tant attendue par les deux pays ! Nous espérons que vous serez nombreux à visiter notre capitale, notamment, lors de l’Exposition internationale consacrée à l’« Énergie du Futur » qui se tiendra du 10 juin au 10 septembre 2017. Je suis heureux et fier de vous rappeler que le 26 novembre 2014 l’art traditionnel kazakh du dombra kuï, ainsi que des connaissances et les savoir-faire traditionnels liés à la fabrication de la yourte kazakhe ont été inscrits par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pour rendre hommage au premier Président de la Vème République française, un monument à l’effigie de Charles De Gaulle a été inauguré le 12 décembre 2014 à Astana, en forme d’attention particulière du Kazakhstan à l’égard de la France. Nous nous félicitons qu’une nouvelle impulsion ait été donnée à la coopération dans les domaines universitaire, de la recherche et de l’enseignement professionnel, qui constituent autant de priorités dans nos relations bilatérales. Il convient de souligner à ce FÉDÉRATION DE RUSSIE Pétropavlovsk Kostanaï Pavlodar Semeï ASTANA MONGOLIE Oust'-Kaménogorsk Oural'sk Arkalyk Aktobé Karagandy KAZAKHSTAN Atyraou Aktaou Aralsk Mer d’Aral Balkash Baïkonour Kyzylorda Taldykorghan Chou Taraz CHINE Almaty Turkestan Chymkent KIRGHIZISTAN OUZBÉKISTAN Mer Caspienne TURKMÉNISTAN TADJIKISTAN 3 2 Préface « Le Kazakhstan et la France continuent de renforcer leurs liens de partenariat stratégique » Par S.E.M. Nourlan Danenov, Ambassadeur du Kazakhstan en France, Ambassadeur, Délégué permanent auprès de l’UNESCO 6 Une nouvelle étape du partenariat stratégique Un large potentiel pour la coopération économique entre le Kazakhstan et la France Entretien avec M. Asset ISSEKESHEV, Ministre des Investissements et du Développement du Kazakhstan, Co-Président de la Commission mixte kazakhstano-française Un partenariat franco-kazakhstanais renforcé Par S.E.M. Francis ÉTIENNE, Ambassadeur de France au Kazakhstan Le Kazakhstan, une terre d’avenir Par M. Aymeri de MONTESQUIOU, Sénateur du Gers, Vice-Président de la Com- Des relations interparlementaires dynamiques Une coopération universitaire prometteuse Par le Professeur Jean-Yves MÉRINDOL, Président de l’Université Sorbonne Paris Cité L’Université Sorbonne-Kazakhstan, nouveau visage de la coopération académique franco-kazakhstanaise Propos recueillis de M. Marek HALTER, Président fondateur de l’Université SorbonneKazakhstan à Almaty et des Forces armées du Sénat KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE 20 Une diplomatie engagée sur la scène internationale UE-Kazakhstan : un partenariat approfondi Par M. Gunnar WIEGAND, Astana Expo-2017 : un terrain pour la réalisation d’innovations Par M. Talgat YERMEGIYAEV, Président du Conseil de JSC compagnie nationale Astana Expo - 2017 Une candidature à un siège de membre non-permanent du Conseil de sécurité «L’Énergie du futur» au cœur de l’Astana Expo-2017 Par M. Vicente Gonzalez LOSCERTALES, Secrétaire Général du Bureau International des Expositions (BIE) Directeur au Service européen d’Action extérieure (SEAE) pour la Russie, le partenariat oriental, l’Asie centrale, la coopération régionale et l’OSCE Le Kazakhstan : un réseau diplomatique de 143 ambassades à travers le monde 32 Une puissance économique en devenir Les énergies renouvelables au cœur de la politique énergétique kazakhstanaise Entretien avec M. Vladimir SHKOLNIK, Ministre de l’Énergie du Kazakhstan Katco : symbole de la réussite du partenariat industriel franco-kazakhstanais Entretien avec M. Gérard FRIES, Directeur général de Katco « Un acteur du cycle de production d’énergie nucléaire » Entretien avec M. Nurlan KAPPAROV, Ancien Ministre, Président de la compagnie nationale KazAtomProm KazMunayGas, un acteur central du secteur énergétique kazakhstanais 4 Entretien avec M. Sauat MYNBAYEV, Président du Conseil d’administration de la compagnie nationale KazMunayGas La sécurité des opérations pour les hommes et pour l’environnement : priorité absolue de Total au Kazakhstan Par M. Brendan McMAHON, Directeur général de Total Exploration & Production au Kazakhstan « Geo-Énergies » : un centre franco-kazakhstanais de recherche et de formation Par M. Michel PANFILOV, Professeur à l’Université de Lorraine , Directeur général du Centre Géo-Énergies 44 Des synergies économiques croissantes Astana et Paris : une amitié basée sur un dialogue constructif et bienveillant Par M. Adilbek JAXYBEKOV, Maire d’Astana Granit Thales Electronics : un partenariat réussi de haute technologie Par M. Olivier SIDIQIAN, Des entreprises françaises de plus en plus intéressées par le marché kazakhstanais Entretien avec M.Yves-Louis DARRICARRÈRE, Président de Total Upstream et Co-Président UKAD : des synergies complémentaires dans le secteur de la métallurgie Par M. Georges DUVAL, Président du groupe Aubert & Duval Airbus Group : « une coopération globale et multiple avec la République du Kazakhstan » Entretien avec M. Silvère DELAUNAY, Directeur d’Airbus Group au Kazakhstan Des services durables pour accompagner le développement économique Par M. Nicolas ROBIN, Responsable de la zone CEI du groupe Seureca Directeur Pays Asie Centrale du Groupe Thales Comment ECKE s’intègre naturellement dans la vision stratégique du Président Nazarbaïev pour 2050 Par M. Tristan SERRETTA, Directeur général d’Eurocopter Kazakhstan Engineering (ECKE) Efficacité énergétique à Almaty, Kazakhstan Par M. Raphael BERDUGO, Directeur de projet au Kazakhstan Un sentiment d’appartenir à la terre kazakhe Par Mme Claudie HAIGNERÉ, Ancienne Ministre, Présidente du Palais de la Découverte et de la Cité des Sciences et de l’Industrie Le Kazakhstan et la Côte d’Azur, de la villégiature à la coopération économique Par M. Dominique PAGES, Consul Honoraire de la République du Kazakhstan à Nice, Cannes, Marseille, Toulon et Saint-Tropez La France, partenaire de l’industrie spatiale kazakhstanaise 62 Le Kazakhstan face au défi de la diversification Par M. Gregory LECOMTE, Chef de projet et Analyste politique, Programme de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la compétitivité en Eurasie Sommaire Une coopération durable avec le Kazakhstan Par Mme Janet HECKMAN, Directrice de la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) au Kazakhstan La ville durable : nouvel axe de la coopération économique franco-kazakhstanaise Les interactions culturelles, socle d’une relation durable UNESCO-Kazakhstan : un lien solide en plein essor Par Mme Irina BOKOVA, Directrice Générale de l’UNESCO Par M. Albert FISCHLER, L’Alliance française à Almaty : pôle dynamique de la vie culturelle au Kazakhstan Par Mme Zulfi JARKESHEVA, Présidente du bureau de l’Alliance française Almaty au Kazakhstan Napoléon fascine à Astana Par M. Pierre BRANDA, membre de la Fondation Napoléon, Co-commissaire de l’Expostion « Napoléon, une vie, une légende » Palmes académiques Une langue toujours vivante : le français au Kazakhstan ! 5 6 seulement la première économie d’Asie centrale mais votre pays peut parler à tous ses voisins, travaille avec tous ses voisins : la Russie, la Chine et vous avez aussi des liens avec l’Iran. » Et d’ajouter lors du toast porté aux relations franco-kazakhstanaises : « Cette position charnière peut faire du Kazakhstan un acteur majeur sur la scène internationale. Il va le montrer à travers la réussite, je n’en doute pas, de l’exposition Astana 2017. » Une reconnaissance de la montée en puissance de la diplomatie kazakhstanaise qui prend tout son sens dans le contexte de la recherche d’une sortie de crise en Ukraine. D’autant qu’elle s’accompagne du soutien clairement affiché par Paris aux aspirations d’Astana sur la scène diplomatique internationale concernant notamment la consolidation des liens avec l’Union européenne, le pro- Le Maire d’Astana, M. Adilbek Jaxybekov, a inauguré le 12 décembre 2014, aux côtés de S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur de France au Kazakhstan, une statue à l’effigie du Général De Gaulle. © Ambassade de France © Présidence de la République française KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE P rès de vingt ans après la visite officielle effectuée en 1993 par François Mitterrand à Almaty, au lendemain de l’indépendance du Kazakhstan, le Président Noursoultan Nazarbaïev a accueilli le 5 décembre 2014 le Président François Hollande à Astana, la nouvelle capitale du pays depuis 1998. Une référence historique plusieurs fois soulignée par le Chef de l’État français comme pour mieux mettre en lumière à quel point les relations entre les deux pays n’ont cessé, depuis lors, de gagner en ampleur. La signature d’un partenariat stratégique en 2008 et la création d’une Commission présidentielle en 2010 ont marqué un tournant dans le resserrement de ces liens, que la France entend aujourd’hui pleinement valoriser. « Ma visite a pour objet de développer, d’amplifier, de renforcer encore ce partenariat », a ainsi déclaré le Président François Hollande lors du toast du déjeuner d’État offert à son arrivée au Kazakhstan. Fruit d’une diplomatie active l’ayant portée à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2010, le Kazakhstan s’est, en effet, affirmé comme un interlocuteur de plus en plus incontournable sur la scène diplomatique régionale. Épousant parfaitement les atouts et les contraintes de sa géographie, la politique étrangère « multivectorielle » du Président Noursoultan Nazarbaïev lui permet aujourd’hui de jouer un rôle de pont entre l’Asie et l’Europe. Une spécificité que le Président François Hollande n’a pas manqué de saluer lors de la conférence de presse conjointe organisée à son arrivée : « Le Kazakhstan a une position majeure en Asie centrale. Le Kazakhstan est non Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev en discussion avec le Président français François Hollande, le 5 décembre 2014 à Astana. Une nouvelle étape du partenariat stratégique nouvelle étape du partenariat stratégique Une Ouvrant une nouvelle étape du partenariat stratégique entre Astana et Paris, la visite effectuée par le Président français François Hollande au Kazakhstan les 5 et 6 décembre 2014, a confirmé l’intérêt mutuel des deux pays à donner de la profondeur à leurs relations dans tous les domaines. À commencer, en matière de concertation diplomatique avec la réaffirmation du soutien de la France à la politique multivectorielle conduite par le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev qui fait aujourd’hui du Kazakhstan un acteur pivot de l’espace géopolitique eurasien. Loin d’être négligée, la diversification de la coopération économique est l’un des piliers du partenariat stratégique, au même titre que l’enrichissement des liens universitaires et, plus largement, humains comme l’illustre l’ouverture de l’Institut SorbonneKazakhstan à Almaty. Faits et chiffres des relations kazakhstano-françaises DES LIENS STRATÉGIQUES Kazakhstan : 1er fournisseur d’uranium de la France et son 8ème fournisseur de pétrole PREMIER PARTENAIRE DE LA FRANCE EN ASIE CENTRALE Échanges commerciaux pour les 10 premiers mois de 2014 : 5,1 milliards de dollars Exportations du Kazakhstan vers la France : 4,1 milliards de dollars Importations au Kazakhstan depuis la France : 930 millions de dollars Flux d’investissements français au Kazakhstan : 585 milions de dollars (pour les 9 premiers mois de 2014)* DES ÉCHANGES HUMAINS CROISSANTS Communauté française au Kazakhstan : 416 personnes Étudiants kazakhstanais en France : Environ 400 cessus d’adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ou le rapprochement initié avec l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Alors que le Kazakhstan s’apprête à accueillir une Exposition internationale consacrée à l’« Énergie du futur » en 2017, le Chef de l’État français a également formulé le vœu que les deux pays coopèrent en vue de la Conférence sur le climat qui doit aboutir fin 2015 à un accord global pour limiter les effets du réchauffement climatique. En l’espace de deux décennies, le Kazakhstan est devenu pour la France un partenaire de tout premier ordre. Au plan stratégique, les deux pays ont signé en octobre 2009 un accord bilatéral sur le transit ferroviaire et aérien sans escale des matériels militaires français de retour d’Afghanistan, complété en novembre 2012 par un protocole mettant à la disposition des forces françaises l’aérodrome de Chymkent, dans le sud du Kazakhstan, comme plateforme aéro-ferroviaire pour faciliter le retrait de ces matériels. La coopération de défense et militaire s’est, quant à elle, progressivement consolidée depuis la création en 2002 du poste d’Attaché de défense à l’Ambassade de France, déménagée à Astana en 2008. Elle poursuit quatre objectifs majeurs : la formation des élites et des officiers subalternes et des stages de spécialisation ; le conseil en matière de coopération d’armement ; la coopération opérationnelle ; le soutien à l’exportation par l’organisation de visites, d’exercices et de démonstrations en France et au Kazakhstan et, jusqu’en 2007, par la tenue régulière de commissions d’armement, qui ont repris en 2011. Dans ce contexte, les entreprises françaises sont d’ores et déjà présentes sur le marché militaire kazakhstanais, * Source des statistiques économiques : Ambassade du Kazakhstan en France. 7 © Frédéric de la Mure / MAEDI Le Ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, M. Laurent Fabius, accueillant son homologue kazakhstanais, M. Erlan Idrissov, le 10 juin 2014. KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE comme en témoigne leur présence plus nombreuse lors de la 3ème édition du salon de l’armement (KADEX) qui s’est tenue à Astana en mai 2014. À cette occasion, le groupe Airbus Defence & Space a d’ailleurs exposé son fleuron industriel, l’avion de transport militaire, l’A400M. Ce rapprochement dans ce secteur hautement stratégique résulte de la persévérance de certains groupes comme Thalès, qui a été le premier à avoir concrétisé un partenariat dans le secteur de l’armement. Après les premières livraisons de radios destinées à équiper les brigades de l’Armée de terre kazakhstanaise fin 2010, une entreprise conjointe a été installée à Almaty avec pour ambition d’équiper les autres corps d’armées, les structures territoriales et, à plus lointaine échéance, celles des autres structures de force. Airbus Helicopters a, de son côté, créé une filiale commune pour la construction d’hélicoptères de la gamme EC-145, tandis que le groupe Sagem est engagé dans le même processus pour fournir des drones de type Sperwer au Ministère kazakhstanais de la Défense. Au plan économique, le Kazakhstan est, grâce à la richesse de son sous-sol, devenu le premier fournisseur en uranium de la France et son 8ème fournisseur en pétrole brut. De ces intérêts mutuels ont émergé des synergies économiques fortes qui ont hissé la France au troisième rang de ses investisseurs étrangers, avec un stock d’investissements de 9,4 milliards de dollars fin juin 2014 (selon l’Ambassade de France au Kazakhstan) derrière les Pays-Bas et les États-Unis. Ces synergies s’expriment à travers de véritables partenariats industriels incluant, pour une grande part, de réels transferts de technologie et de compétence. C’est le cas avec Katco, créée par le groupe kazakhstanais KazAtomProm et le français Areva. Cette coentreprise illustre à elle seule le haut niveau atteint par la coopération économique entre les deux pays. Elle devrait, en effet, inaugurer d’ici à 2018 de nouvelles lignes d’assemblage de combustible nucléaire dans l’usine métallurgique d’Oulba. Les groupes français jouent en outre un rôle majeur dans des secteurs clés de l’économie kazakhstanaise, à l’instar de Total qui participe au développement du gisement géant de Kashagan. Le groupe pétrolier français est également associé à GDF-Suez en vue du projet d’exploitation du gisement gazier de Khvalinskoye, en mer Caspienne. Enfin, la coopération économique kazakhstano-française s’est étendue à d’autres secteurs de pointe comme le spatial. Fin 2012, le Président François Hollande a ratifié l’accord de coopération dans le domaine de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques, signé trois ans plus tôt en octobre 2009. Dans ce cadre, Airbus Defence and Space est en train de construire, avec l’Agence spatiale kazakhstanaise KazCosmos, un centre d’intégration satellitaire franco-kazakhstanais à Astana. La filiale d’Airbus Group basée à Toulouse a également conçu le premier satellite très haute résolution d’observation de la Terre du Kazakhstan, le KazEOSat-1. Lancé fin avril 2014, celui-ci est le premier élément d’un système d’observation spatial très vite complété par un deuxième satellite. En dépit de cette dynamique, les échanges commerciaux, dominés par l’importation de produits énergétiques, n’atteignent encore que 6 milliards d’euros en 2013, selon les statistiques françaises. Alors que la France s’était fixée en 2009 comme objectif de doubler ce résultat en cinq ans, les marges de manœuvre restent donc encore vastes, à la mesure des besoins du Kazakhstan qui lance en 2015 son second plan d’industrialisation. Ayant pour objectif clair de diversifier les sources de la croissance économique du pays, cette nouvelle étape vers la réalisation de la Stratégie 2050 initiée par le Président Noursoultan Nazarbaïev, ouvre d’ores et déjà de nouvelles opportunités aux entreprises françaises, en particulier dans les secteurs des infrastructures, des transports, de l’aéronautique, des énergies renouvelables, de la santé, du tourisme et du luxe. Sans la création d’un tissu de liens culturels entre les deux pays, le partenariat stratégique entre le Kazakhstan et la France n’aurait pu atteindre une telle densité. Le succès des saisons culturelles croisées qui se sont déroulées entre 2013 et 2014 s’est ainsi construit autour de réelles affinités, matérialisées aujourd’hui par une coopération universitaire naissante avec la création de l’Institut Sorbonne Kazakhstan. Porté par Marek Halter depuis la fin 2012, ce projet a rapidement été concrétisé par la signature en septembre 2013 d’un mémorandum entre Sorbonne Paris Cité (SPC) et Ma visite a pour objet de développer , d’ amplifier , de renforcer encore ce partenariat - François Hollande 8 CHRONOLOGIE CHRONOLOGIE Une nouvelle étape du partenariat stratégique © Présidence de la République française l’Université nationale pédagogique Abaï. Il a d’ores et déjà donné lieu à un cycle de conférences qui a débuté en février 2013. Deux masters (relations internationales et conduite du changement) ont été mis en place à Almaty à la rentrée 2014 pour 50 étudiants de l’Université Abaï qui bénéficieront de cours de français et d’une bourse du gouvernement kazakhstanais. Locomotive de cette coopération universitaire, le programme présidentiel de bourses Bolachak et placé directement sous la tutelle du Président Noursoultan Nazarbaïev. Celui-ci fait de la formation l’un des piliers de l’émergence du Kazakhstan. De fait, il soutient chaque année 3 000 étudiants kazakhstanais qui suivent des cours dans les meilleures institutions d’enseignement supérieur du monde. Pour la France, répondre à la formation des élites constitue un vecteur de qualité de l’approfondissement du partenariat stratégique franco-kazakhstanais. Il s’est d’ores et déjà concrétisé avec la mise en œuvre d’un programme de formation des hauts fonctionnaires entre l’Académie de la Fonction publique et l’École Les Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev reçu au Palais de l’Élysée par le Président français François Hollande, le 21 novembre 2012. nationale d’Administration (ENA) qui a abouti en 2011 à la création d’un master commun entre les deux établissements. Cette coopération devrait très rapidement s’étoffer avec la signature de vingt conventions de coopération dans ce domaine à l’occasion de la visite officielle du Président français François Hollande au Kazakhstan. Devant l’Académie des Sciences d’Almaty, il s’est montré volontariste quant à l’essor des échanges universitaires bilatéraux. « Nous sommes prêts à accueillir en France davantage que les 400 étudiants kazakhstanais (…). Nous pouvons arriver, d’ici cinq ans, facilement à doubler le chiffre. » Mais le développement d’interactions plus intenses entre les sociétés des deux pays dépend aussi de la facilité à nourrir les rencontres entre leurs populations. Ce sera chose faite avec l’ouverture le 29 mars 2015 d’une liaison aérienne directe entre Paris et Astana. dates clés des relations kazakhstano-françaises 25 janvier 1992 : Protocole sur l’établissement des relations diplomatiques. 23 septembre 1992 : Première visite officielle du Président Noursoultan Nazarbaïev en France. Signature du Traité d’amitié, d’entente et de coopération. 16-17 septembre 1993 : Le Président François Mitterrand effectue la première visite d’État d’un dirigeant français au Kazakhstan. Signature d’un Accord de coopération dans les domaines de la culture et des arts. 3 février 1998 : Signature d’un Accord sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements et d’une Convention en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion et la fraude fiscales en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune. 8 février 2008 : Visite du Premier Ministre François Fillon à Astana. Signature d’une Déclaration d’intention de Partenariat stratégique et d’une Déclaration d’intention sur la coopération en matière de tourisme. 10-11 juin 2008 : Visite officielle du Président Noursoultan Nazarbaïev à Paris. Signature du Traité de partenariat stratégique et d’un Accord de coopération dans le domaine du tourisme. 6 octobre 2009 : Visite d’État du Président Nicolas Sarkozy à Astana. Signature de 24 accords intergouvernementaux et de coopération. 21 novembre 2012 : Dixième visite officielle du Président Noursoultan Nazabaïev à Paris. Première rencontre avec le Président François Hollande. Automne 2013 : Lancement des premières Saisons culturelles croisées avec la Saison française à Astana. Automne 2014 : Saison culturelle du Kazakhstan en France. 17 octobre 2014 : Tenue à Astana de la 11 ème session de la Commission mixte FranceKazakhstan pour la coopération économique. 5-6 décembre 2014 : Visite officielle du Président François Hollande à Astana. Signature de 6 accords intergouvernementaux et de 22 accords interuniversitaires. 9 large potentiel pour la coopération économique entre le Kazakhstan et la France Un Entretien avec M. Asset ISSEKESHEV, Ministre des Investissements et du Développement du Kazakhstan, Co-Président de la Commission mixte kazakhstano-française Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Monsieur le Ministre, le Président français François Hollande a effectué une visite officielle au Kazakhstan les 5 et 6 décembre 2014. Compte tenu des nouveaux contrats conclus à cette occasion, quelles sont vos attentes à l’égard des perspectives de l’approfondissement du partenariat économique entre les deux pays ? KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE M. Asset Issekeshev : Nous espérons que cette visite et les accords signés dans ce cadre permettront d’étendre davantage les liens de coopération entre le Kazakhstan et la France. Nos relations bilatérales n’ont cessé de s’accroître ces dernières années grâce aux nombreuses visites organisées entre nos deux gouvernements, au plus haut niveau, mais aussi entre nos chefs d’entreprise. Nous avons lancé de nombreux projets industriels et nous espérons que ces accords porteront leurs fruits. Nous espérons d’ailleurs continuer à consolider nos échanges économiques en démarrant de nouveaux projets, en particulier L'Agence nationale d'exportation et d'investissement KAZNEX INVEST aide les entreprises kazakhstanaises à développer et à promouvoir les exportations locales, ainsi qu’à attirer les investissements directs étrangers dans les secteurs prioritaires de l'économie du Kazakhstan. www.kaznexinvest.kz 10 dans l’aéronautique et l’espace, les transports, la métallurgie, la chimie, la pharmacie, etc… K-F.P.S. : La 11ème session de la Commission mixte franco-kazahstanaise qui s’est tenue en octobre 2014 a mis particulièrement l’accent sur la diversification des échanges économiques. Quel regard portez-vous sur le potentiel entre le Kazakhstan et la France dans ce domaine ? A.I. : Tout d’abord, je tiens à saluer les bons résultats de notre coopération économique. La France occupe aujourd’hui le 5ème rang de nos partenaires commerciaux après la Russie, la Chine, les Pays-Bas et l’Italie. Nos échanges ont atteint 8 milliards de dollars en 2013. Pour les huit premiers mois de 2014, ils se sont élevés à 4 milliards de dollars, soit un net accroissement par rapport à la même période en 2013. En matière d’investissements directs, la France détient un stock de 10 milliards de dollars, avec plus de 100 entreprises actives au Kazakhstan. Pour répondre à votre question, je dois dire qu’il existe encore de vastes marges de manœuvre pour diversifier les secteurs de notre coopération économique. Une trop grande part est encore concentrée dans le secteur de l’énergie, en particulier dans ceux des hydrocarbures et de l’uranium. Mais avec le lancement de notre programme d’industrialisation, nous avons également initié des partenariats fructueux dans des secteurs industriels avec des fleurons français tels qu’Airbus, Danone, Eurocopter, Sanofi ou encore Vicat qui ont d’ores et déjà réalisés d’importants investissements dans notre pays. De nouvelles opportunités devraient voir le jour prochainement avec l’achèvement de notre premier plan quinquennal d’industrialisation 2010-2014 et la définition de nouveaux secteurs prioritaires pour la diversification de l’industrie kazakhstanaise au cours des cinq prochaines années. Cette deuxième phase met l’accent sur 14 secteurs d’activité dont le tourisme, la pharmaceutique ou les infrastructures. Ce fut d’ailleurs l’un des thèmes phares des discussions que nous avons eu dans le cadre de la dernière Commission mixte kazakhstano-française. Je tiens également à rappeler que sous l’impulsion du Président Noursoultan Nazarbaïev, notre gouvernement s’est efforcé d’accentuer ses efforts concernant notre environnement des affaires, comme l’illustre la nouvelle loi, adoptée en juillet 2014, sur l’amélioration du climat d’investissement. Celle-ci prévoit de nombreuses mesures comme l’exemption de certains types d’impôt, la stabilité législative en matière fiscale, la simplification du recrutement des spécialistes étrangers et des démarches administratives, ou la prise de fonction d’un ombudsman pour l’investissement. Une initiative importante a en outre été prise avec la suppression des visas pour les ressortissants de dix pays, dont la France. Enfin, le Chef de l’État a annoncé dans son discours à la Nation de novembre 2014, un vaste pro- A.I. : L’Expo Astana 2017 marquera, sans aucun doute, un grand événement pour notre pays. Il peut également favoriser l’émergence de nouveaux projets entre le Kazakhstan et la France, ne serait-ce qu’en raison des technologies de pointe qu’il entend réunir et promouvoir sous le thème de l’« Énergie du Futur ». Nous nous concertons déjà avec nos partenaires français, institutions et entreprises, sur la mise en place de projets et les opportunités que nous pouvons développer ensemble notamment dans les filières de l’éolien et du solaire. Mais celles-ci ne concernent pas seulement les énergies au sens strict du terme : il faut par exemple explorer les aspects de la gestion de la consommation, de la construction de bâtiments. J’attire aussi votre attention sur les infrastructures nouvelles qui sont en train de se mettre en place en vue de l’accueil de l’exposition en luimême, ce qui ouvre des possibilités de coopération dans les secteurs du BTP ou de l’architecture. K-F.P.S. : Vous avez cité quelques mesures récemment annoncées par le gouvernement kazakhstanais pour inciter les investisseurs étrangers à s’implanter au Kazakhstan. Quelle attention portez-vous plus spécifi- quement aux petites et moyennes entreprises (PME) ? A.I. : Il s’agit justement de l’un des aspects clés de notre stratégie de commerce extérieur et de notre concertation avec la France. À travers les mesures que nous avons adoptées, nous cherchons à modifier notre législation conformément aux standards de Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Les résultats sont d’ailleurs au rendez-vous : nous disposons aujourd’hui du meilleur climat d’investissement de l’Asie centrale grâce à la position que nous occupons au carrefour de grands marchés tels que la Russie, la Chine, l’Europe ou l’Iran. Au plan international, nous figurons désormais au 25ème rang dans le classement de la Banque mondiale pour la protection de l’investissement. Au-delà des aspects fiscaux et administratifs, nous avons créé de nombreuses agences pouvant apporter des services très diversifiés comprenant la recherche de partenaires locaux ou de structures de formation du personnel. Il faut également souligner l’effet d’entrainement que peut générer le développement des activités des grands groupes français auprès des PME. Nous comptons à l’heure actuelle plus de 25 nouveaux projets à l’étude d’entreprises françaises et, pas M. Asset Issekeshev, alors VicePremier Ministre kazakhstanais, inaugurant la 6 ème réunion du Conseil des affaires kazakhstanofrançais, le 13 février 2014, aux côtés des co-Présidents du Conseil, M. Aidan Karibjanov, Président du conseil d’administration de la holding Visor, et M. Yves-Louis Darricarrère, Directeur général Upstream de Total, et les ambassadeurs des deux pays. seulement de grandes entreprises. Enfin, l’ouverture le 29 mars 2015 d’une liaison aérienne directe entre Astana et Paris est une excellente nouvelle pour l’essor futur des échanges entre nos deux pays. C’est une initiative qui ne manquera pas de renforcer l’intérêt des PME françaises pour le marché kazakhstanais. K-F.P.S. : Quels sont les autres projets prévus en vue d’accroître la visibilité du Kazakhstan auprès des entrepreneurs français ? A.I. : Nous sommes tout à fait conscients de l’existence de ce déficit de visibilité. Aussi, avons-nous élaboré des mesures spécifiques en lien étroit avec l’annonce de notre nouveau plan d’industrialisation et l’organisation de l’Expo Astana 2017. Cette stratégie devrait monter en puissance dès 2015 avec l’organisation de nombreux événements. Pour la France en particulier, l’année 2014 a déjà été riche en manifestations avec le déroulement de la Saison culturelle du Kazakhstan, dont nous sommes très satisfaits. 11 Une nouvelle étape du partenariat stratégique K-F.P.S. : Dans cette perspective, quels nouveaux secteurs de coopération économique l’organisation par votre pays de l’Expo Astana 2017 peut-elle, selon vous, faire émerger entre le Kazakhstan et la France ? © Ambassade du Kazakhstan gramme d’investissements dans le secteur des infrastructures pour faire face à la conjoncture économique internationale et, en particulier, aux effets des difficultés que traverse l’économie russe. Ce programme, qui associe d’importantes institutions financières internationales comme la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI) ou l’Asia Development Bank (ADB), est, à juste titre, susceptible d’intéresser les entreprises françaises. partenariat franco-kazakhstanais renforcé Un Par S.E.M. Francis ÉTIENNE, Ambassadeur de France au Kazakhstan S KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE ur le plan politique, les relations franco-kazakhstanaises ont été lancées peu de temps après l’indépendance, le Président François Mitterrand se rendant au Kazakhstan dès septembre 1993. De son côté, le Président Noursoultan Nazarbaïev a effectué dix visites en France entre 1992 et 2012. Le dialogue politique s’est nettement intensifié au cours de la dernière décennie et notamment depuis la signature le 11 juin 2008 d’un accord de partenariat stratégique, qui a ensuite débouché sur plusieurs accords intergouvernementaux et commerciaux aujourd’hui en développement. Simultanément, l’Ambassade de France s’installait en 2008 à Astana, devenue capitale officielle, un Consulat général de France demeurant à Almaty, grand centre économique névralgique et première ville du pays par sa population. Concrétisant notre partenariat stratégique, les contacts à haut niveau politique interviennent régulièrement depuis 2012 : - Le Ministre de la Défense, M. Jean-Yves le Drian, s’est rendu au Kazakhstan en juillet 2012 dans le cadre des discussions sur le transit retour du dispositif français en Afghanistan. - Le 21 novembre 2012 a lieu au Palais de l’Élysée la première rencontre du Président Noursoultan Nazarbaïev avec le Président François Hollande. - En mars 2013, intervient la visite officielle du Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, M. Laurent Fabius, à Astana ; - En mai 2013, la Ministre du Commerce extérieur ouvre le forum 12 d’investissement d’Astana et y copréside la commission mixte ; - En septembre 2013, la Ministre de la Francophonie se rend à Astana et Almaty ; - En 2014, on relèvera la venue du Ministre des Affaires étrangères kazakhstanais, M. Idrissov à Paris le 11 juin 2014, celle de M. Matthias Fekl, Secrétaire d’État au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de l’étranger pour la Commission mixte à Astana le 17 octobre 2014, celle du Premier Ministre Karim Massimov à Paris, les 16 et 17 novembre ; - Enfin, les 5 et 6 décembre 2014 se déroule la première visite officielle du Président François Hollande à Astana et à Almaty, à la tête d’une délégation de 60 chefs d’entreprises et de 34 universitaires de haut rang, au cours de laquelle, outre plusieurs rencontres au plus haut niveau, sont signés six accords officiels (coopération universitaire, reconnaissance des diplômes, coopération entre ministères de l’environnement, du tourisme, entre fonctions publiques nationales, protocole sur l’espace), 22 accord interuniversitaires et 17 contrats et lettres d’intention entre entreprises des deux pays. Échanges culturels : une impulsion donnée par les Saisons croisées (20132014) Il y a, au Kazakhstan, une connaissance ancienne conduisant à une véritable adhésion à la culture française : d’Alexandre Dumas à Patricia Kaas en passant par les classiques du cinéma français, le théâtre et la musique : cet engouement ancien est à prolonger par la découverte de la création française du XXIème siècle. L’image de notre pays demeure également indissociable des arts de vivre que les habitants du Kazakhs- tan ont déjà fait leur avec enthousiasme. La coopération culturelle a connu un nouvel essor à l’occasion des saisons croisées, qui ont offert des rencontres exceptionnelles ponctuant l’automne 2013 à Astana et Almaty, puis l’automne 2014 à Paris. La saison française n’aurait pu être mise en œuvre sans la contribution de Total, sponsor général des saisons, suivi par Air Astana et Eurasian Bank et Airbus group. La programmation comprenait une série de grands rendez-vous succédant à l’arrivée symbolique de la course en vélo solaire reliant Le Bourget-du-Lac à Astana : tournée de l’Orchestre national de Lille, des ballets de Preljocaj et Gallotta, de Patricia Kaas, et en clôture, une exposition historique, patrimoniale et politique : « Napoléon. Une vie, une légende », honorée par la venue du président Nazarbaïev le 20 décembre 2013. La mobilisation de personnalités a profité à la relation bilatérale : l’engagement de Marek Halter a ainsi été décisif dans la création de l’Institut « Sorbonne-Kazakhstan » au cœur de l’Université Abaï, qui a accueilli sa première promotion de 60 étudiants à la rentrée de septembre 2014 et a été célébrée lors de la visite conjointe des deux Chefs d’État le 6 décembre, qui y ont dévoilé une plaque commémorative et signé le livre d’or. Une diversification des relations économiques et commerciales Historiquement présente dans le secteur de l’énergie, la France diversifie son activité au Kazakhstan avec l’arrivée de grands groupes dans le secteur des transports, mais aussi par la réalisation de par- tenariats franco-kazakhstanais dans de nombreux secteurs industriels (industrie automobile, métallurgie, aéronautique, défense, industrie pharmaceutique, cimenterie, services urbains, énergies renouvelables, agroalimentaire). Les investissements directs français s’élevaient à 9,4 milliards de dollars fin juin 2014, classant la France au troisième rang des investisseurs étrangers au Kazakhstan, après les Pays-Bas (57,7 milliards de dollars) et les États-Unis (15,6 milliards de dollars). Le secteur de l’énergie est le principal bénéficiaire des investissements français, ce qui s’explique par la présence historique de Total et d’Areva : - Total est présent au Kazakhstan depuis 1992 et a, notamment, pris une participation de 16,8% dans le consortium North Caspian Operating Company (NCOC) en charge de l’exploitation de Kashagan en mer Caspienne. - Areva est présente depuis 1996, via la JV Katco créée avec KazAtomProm pour l’extraction d’uranium. Les sources d’énergies renouvelables sont aussi un vecteur de la technologie française au Kazakhstan avec la construction de l’usine Astana-Solar produisant des panneaux solaires photovoltaïques selon une technologie ayant associé le CEA et des compagnies privées françaises. Les investissements français se concentrent également dans le secteur des transports ferroviaires et aéronautiques : - Alstom, en partenariat avec l’entreprise russe TransMashHolding et les chemins de fer kazakhstanais KTZ, a construit une usine de production de locomotives électriques à Astana et opère une usine de production de moteurs d’aiguillages à Almaty. - Airbus Helicopters est implantée au Kazakhstan pour la production, avec Kazakhstan Engineering, d’appareils EC 145 au sein de la coentreprise ECKE. Les exportations de véhicules automobiles français au Kazakhstan sont encore limitées mais PSA a conclu un accord de partenariat industriel avec le constructeur automobile local Agromashholding, avec pour premier résultat le début d’une production de véhicules Peugeot à Kostanaï. D’autres projets de production sont à noter. Dans le domaine spatial, Airbus Defence & Space a été sélectionné en octobre 2009 afin de devenir le partenaire stratégique du Kazakhstan pour la mise en place d’une filière spatiale de haut niveau dans le pays. Astrium a ainsi fourni deux satellites d’observation de la terre lancés avec succès en 2014. Astrium et son partenaire kazakhstanais Garych Sapary ont par ailleurs créé la JV Ghalam en charge de construire et d’exploiter un centre d’assemblage, d’intégration et de test de satellites. Des investissements français sont également réalisés dans le secteur de l’agroalimentaire (Danone, Lactalis, Soufflet), de la construction (Vicat), de la défense (Airbus Defence & Space, Thalès), de l’environnement et des services urbains (GDF-Suez, Degrémont). Dans le sillage des grands groupes français implantés, de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME) se sont, par ailleurs, développées sur le marché kazakhstanais, en rude concurrence avec les PME italiennes et allemandes. Le volume des échanges commerciaux entre la France et le Kazakhstan est, par ailleurs, en constante progression et s’établit à 6 milliards d’euros en 2013. La France est le 5ème client du Kazakhstan en 2013, dont elle absorbe 6,4% des exportations derrière l’Italie, la Chine, les PaysBas et la Russie. Nos relations commerciales sont dominées par l’importation de produits énergétiques kazakhstanais, les grands contrats représentant une composante majeure des ventes vers le Kazakhstan. La progression de nos exportations s’est confirmée en 2013 (+40%, à 677 millions d’euros) et se maintient en 2014 (+16%), grâce aux exportations de matériels de transport – près de la moitié des exportations françaises. Si l’aéronautique en constitue une part prépondérante, la forte progression du poste matériel ferroviaire augure bien des investissements notables choisis par Alstom. 13 Une nouvelle étape du partenariat stratégique © Présidence de la République française Le Président François Hollande recevant les honneurs de la Garde présidentielle kazakhstanaise à son accueil, le 5 décembre 2014, au Palais Akorda en compagnie du Président Noursoultan Nazarbaïev. Le Kazakhstan, une terre d’avenir Par M. Aymeri de MONTESQUIOU, de la Défense et des Forces armées du Sénat A KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE partir d’une situation de « rastroika » (déconstruction) massive, conséquence de l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990, générant un désordre absolu, le Kazakhstan a su se reconstruire tout d’abord en profitant de l’immense richesse de son sous-sol puis en mettant en place une politique d’investissement visant à positionner le pays comme un acteur incontournable de la scène internationale. Le Président Nazarbaïev avait compris que la modernisation du Kazakhstan ne serait possible qu’à travers la diversification de son économie, la création d’activités à forte valeur ajoutée et l’innovation. Son pays est actuellement l’une des économies les plus dynamiques de l’espace postsoviétique et a accédé à la catégorie des 50 pays les plus compétitifs du monde. La France fut un des premiers pays européens à s’intéresser au Kazakhstan, celui-ci est vite devenu son premier partenaire commercial en Asie centrale avec un volume d’échanges de 6 milliards d’euros en 2013, dont 677 millions d’euros d’exportations depuis la France. Avec 5,3 milliards d’euros d’importations, notre pays est le cinquième client du Kazakhstan (6,4% de ses ventes), 10% de l’essence que nous consommons provient du Kazakhstan. Aujourd’hui, malgré ce haut niveau d’échanges économiques, chacun admet que la relation entre nos deux pays, et plus largement entre l’Union européenne et le Kazakhstan, est encore insuffisamment développée. Les entreprises françaises y sont encore trop peu présentes, en 14 particulier les petites et moyennes entreprises (PME). Parmi les causes, on constate malheureusement une absence d’incitation à l’apprentissage du français au Kazakhstan et, du côté français, un manque de connaissance de la culture kazakhstanaise et de la langue russe entrave l’implantation des PME dans le pays. Les visites officielles des politiques français sont rares, ce qui est malheureusement perçu par les Kazakhstanais comme un manque d’intérêt pour des projets communs. Pourtant, les opportunités de coopération y sont nombreuses et on observe une présence importante des PME italiennes, américaines et allemandes sur son territoire. Pour sortir de cette situation médiocre, il est impératif de multiplier et de renforcer les partenariats stratégiques dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de la sécurité, de l’innovation et de la culture. En effet, la France peut apporter son expertise dans les secteurs des transports et des infrastructures car le Kazakhstan veut développer un potentiel de transit considérable en raison de sa position géographique stratégique, très importante pour les liaisons entre l’Orient et l’Occident. Il y a donc un besoin de construire des autoroutes et d’améliorer les infrastructures ferroviaires. Il faut aussi garder à l’esprit que le Kazakhstan ne souhaite pas seulement acquérir des technologies et du savoir-faire, il cherche aussi à développer son rôle de trait d’union entre l’Ouest et l’Est et le Nord et le Sud en se positionnant comme hub économique. L’énergie est un autre secteur stratégique de coopération dans lequel la France doit jouer un rôle majeur. Nous partageons des défis communs en matière de sécurité énergétique et de protection de l’environnement. Le Kazakhstan a clairement exprimé sa volonté de développer les énergies renouvelables et nous devons participer à ce projet. Riche en gaz et surtout en pétrole, le Kazakhstan est un partenaire-clé pour le renforcement de la sécurité énergétique de l’Europe et de la France. Assurer une sécurité énergétique pour l’Occident c’est participer à la sécurité du monde. Le Kazakhstan exprime sa volonté de se développer dans le domaine de l’innovation et investit massivement dans l’éducation et la recherche. Le Président Nazarbaïev a instauré de nouveaux programmes dans ces domaines par la création de l’Université Nazarbaïev à Astana et en mettant en place un programme de coopération avec de prestigieuses universités américaines, françaises et chinoises. La fondation Bolachak est une excellente initiative qui vise à former les élites en permettant par des bourses aux jeunes étudiants de se former dans les meilleures universités étrangères. La France ainsi que l’UE devraient ouvrir la voie à une coopération plus développée dans le domaine technologique. Notre pays se distingue par la qualité de son savoir-faire, de ses ingénieurs et techniciens ainsi que par la qualité de ses chercheurs notamment dans les sciences – mathématiques, physique, chimie, médecine, biologie. Elle doit absolument développer une coopération plus étroite dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche avec le Kazakhstan sous peine d’être distancée par ses concurrents. Quant aux enjeux sécuritaires, proche de l’épicentre des grands séismes géostratégiques du XXIème siècle, et avant tout de l’Afghanistan, le Kazakhstan, en tant que puissance régionale incontournable, jouera un rôle stabilisateur très important dans cette zone devenue vitale pour la France et l’Union européenne, entre autre par son concept laïque de l’État. Il faut garder à l’esprit que face aux montées du terrorisme, ce vaste pays est un allié essentiel. Zone charnière, l’Asie centrale a subi des attentats sur son territoire immédiatement après l’annonce du retrait des troupes américaines de l’Afghanistan. La présence de mouvements terroristes islamistes tels que le Mouvement islamique d’Ouzbékistan – le Hizb - Ut Tahir – ou une résurgence des Islamistes au Tadjikistan, constituent de réelles menaces. Le Kazakhstan est aussi préoccupé par le trafic de drogue à partir de l’Afghanistan. 80% de l’héroïne circulant dans le monde provient de laboratoires clandestins d’Afghanistan, elle transite ensuite par l’Asie centrale en direction de la Russie, de l’Europe, de la Chine et des États-Unis. Les frontières sont très difficiles à contrôler sur les milliers de kilomètres, elles délimitent des immensités souvent quasiment vides, favorisant un fort potentiel de criminalité organisée. Pour surmonter les défis économiques, environnementaux et sécuritaires d’aujourd’hui et de demain, la France a décidé d’accorder une place prioritaire à la diplomatie économique, notamment en la mobilisant au service des entreprises pour développer leurs échanges avec des pays occupant une place de plus en plus importante sur la scène internationale. Avec le Kazakhstan nous partageons des défis communs et une même vision d’un avenir paisible et prospère. Le fondement de notre coopération a été mis en place par un Partenariat stratégique signé en 2009 par l’ancien Président Nicolas Sarkozy et le Président Nazarbaïev – il est temps maintenant de passer à l’étape supérieure en renforçant notre coopération dans les secteurs clés pour l’avenir. © Ambassade du Kazakhstan Des relations interparlementaires dynamiques Depuis l’indépendance du Kazakhstan en 1991, la coopération interparlementaire s’est affirmée comme l’un des canaux les plus fertiles de la concertation politique et diplomatique avec la France. De nombreuses visites conjointes sont organisées régulièrement entre les parlementaires des deux pays. M. Kassim Jomart Tokaev, Président du Sénat kazakhstanais, a ainsi reçu le 14 septembre 2014 une délégation du Groupe d’amitié France-Kazakhstan dirigée par le Sénateur des DeuxSèvres, M. André Dulait, et le 5 décembre, M. Jean-Vincent Placé, Sénateur de l’Essonne, qui accompagnait la délégation du Président François Hollande. 15 Une nouvelle étape du partenariat stratégique © Ambassade du Kazakhstan Le Parlement kazakhstanais est composé d’une chambre haute (le Sénat) et d’une chambre basse, le Majlis. coopération universitaire prometteuse Une Par le Professeur Jean-Yves MÉRINDOL, Président de l’Université Sorbonne Paris Cité KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE 16 son système d’enseignement supérieur, facilitant ainsi les échanges internationaux. L’université Sorbonne Paris Cité rassemble huit établissements de la région parisienne. Il s’agit de quatre universités du centre et du nord de Paris (la Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13) et de quatre instituts plus spécialisés (l’Institut de Physique du Globe de Paris, l’École des Hautes Études en Santé Publique de Rennes, Sciences Po et l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales). Nous avons 120 000 étudiants dans tous les domaines scientifiques, 8 500 chercheurs M. Serik Praliev, Recteur de l’Université Abaï et M. Jean-François Girard, Président de l’Université Sorbonne Paris Cité signant une convention de coopération entre les deux établissements, à Almaty le 17 septembre 2013. et enseignants-chercheurs – publiant plus de 8 000 articles scientifiques chaque année – et 6 000 personnels administratifs et techniques. Nous délivrons chaque année 1 000 doctorats (PhD). Plusieurs de nos professeurs avaient déjà, et depuis plusieurs années, l’habitude de collaborations avec des collègues d’universités du Kazakhstan. Nous avons décidé au printemps 2013, répondant à une suggestion de Marek Halter, écrivain amoureux du Kazakhstan, d’aller plus loin que ces contacts individuels et d’aller vers des accords plus ambitieux. Nous avons choisi comme partenaire privilégié, l’Université Nationale Pédagogique Abaï, héritière d’une histoire remontant à 1928. Cette université, qui compte 22 000 © Institut Sorbonne-Kazakhstan E n septembre 1988, à l’occasion du 900ème anniversaire de l’Université de Bologne et au tout début des grands changements qui allaient affecter tout l’Est de l’Europe et l’Asie, plusieurs recteurs et présidents d’universités européennes ont signé la Magna Charta Universitatum, soulignant l’importance du rôle des universités « dans une société qui se transforme et s’internationalise ». Dix ans plus tard, à Paris, les ministres en charge de l’enseignement supérieur en Allemagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni ont adopté la déclaration de la Sorbonne le 25 mai 1998. Cette déclaration, visant à harmoniser les études universitaires, débouche sur la déclaration de Bologne, signée le 19 juin 1999 par 30 pays européens, avant d’être rejoints par de nombreux autres pays depuis. Ce processus, qui vise à introduire un système de grades académiques facilement reconnaissables et comparables, à promouvoir la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs, et à assurer la qualité de l’enseignement supérieur en Europe, a influencé de nombreux systèmes universitaires d’autres régions du monde. C’est en référence explicite à ce contexte, tenant compte des valeurs de l’Europe en matière d’autonomie intellectuelle et universitaire, que le Kazakhstan, qui a rejoint le processus de Bologne en 2010, fait évoluer étudiants et 1 500 professeurs, dispense des enseignements dans de nombreuses disciplines, dont la psychologie et la pédagogie, le dessin et le graphisme, la géographie, l’écologie, la physique et les mathématiques, la philologie des langues russe et kazakhe, l’histoire, les finances et l’économie, les relations internationales, le droit. Cette pluridisciplinarité permet de créer, par étapes successives, plusieurs programmes de formation conjoints avec les universités et établissements de Sorbonne Paris Cité. Dans cette perspective, un mémorandum a été signé le 17 septembre 2013, par le Professeur Jean-François Girard, alors Président de Sorbonne Paris Cité, et le Recteur de l’Université Abaï, Serik Praliev. Ce mémorandum a été complété par plusieurs avenants signés à Almaty en septembre 2013 et mai 2014. Ce dernier accord a permis la création au sein de l’Université Abaï de « l’Institut Sorbonne Kazakhstan », hébergé dans un beau bâtiment du centre ville, ainsi que l’ouverture en septembre 2014 de deux programmes de niveau master : le premier, intitulé « Politique et action internationale », est porté par l’Institut national des langues et civilisations orientales, établissement membre de Sorbonne Paris Cité qui fait référence en matière de formation des diplomates français ; le second, consacré au « Management du changement », est porté par le département d’économie et de gestion de l’Université Paris Diderot, université membre de Sorbonne Paris Cité. Soixante étudiants ont été sélectionnés parmi les 120 candidats initiaux. Ces deux programmes ont bénéficié du soutien du gouvernement kazakh qui finance des bourses pour les étudiants qui s’y sont inscrits. Nous travaillons avec nos partenaires de l’Université Abaï, notamment avec le Recteur Praliev et la Professeur Goulmira Nourlikhina, qui assure la co-direction de l’Institut, pour mettre en place de nouvelles formations dans les prochaines années. Le jeune Institut Sorbonne Kazakhstan d’Almaty est déjà bien connu : il a accueilli en septembre 2014 une délégation de sénateurs français et a été, en décembre 2014, l’une des étapes de la visite officielle du Président de la République française, François Hollande. Nous sommes très heureux de contribuer à la coopération universitaire entre la France et le Kazakhstan. Nous ne sommes bien sûr pas la seule université française ayant des accords avec des universités kazakhstanaises : on peut évoquer notamment l’Université de Lorraine et ses nombreux partenariats à Astana, Almaty et dans d’autres villes ; l’Université du Havre qui développe des coopérations en droit international ; l’Université de Perpignan très active depuis longtemps dans le domaine des langues étrangères. Cependant notre accord avec l’Université Abaï est doublement original : d’une part, parce qu’il implique, à travers notre université, plusieurs établissements d’enseignement supérieur en France ; d’autre part, parce qu’il a vocation à se décliner dans plusieurs disciplines de formation, assurant ainsi des coopérations de long terme, et permettant aux jeunes de nos deux pays de mieux se connaître, et donc aussi de développer des relations politiques, économiques et culturelles. 17 Une nouvelle étape du partenariat stratégique © Présidence de la République française Le Président Noursoultan Nazarbaïev et le Président François Hollande lors de la cérémonie d’inauguration de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan, le 6 décembre 2014 à Almaty. Université Sorbonne-Kazakhstan, nouveau visage de la coopération académique franco-kazakhstanaise L’ Propos recueillis de M. Marek HALTER, Président fondateur de l’Université Sorbonne-Kazakhstan à Almaty Au cœur d’Almaty, cette ville clé sur la mythique route de la soie, qui revêt actuellement de nouveaux atours, s’affiche fièrement l’enseigne « Sorbonne–Kazakhstan » sur la façade d’un bâtiment qui a été généreusement mis à disposition par l’Université KazNPU Abaï, la plus ancienne du pays. Il s’agit de la première université française en Asie centrale, cette région située au cœur du continent eurasiatique, riche de ses ressources et de ses promesses, un carrefour des civilisations, des religions et des zones géo-climatiques. KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE 18 ce vieux kazakh, les nouvelles générations de son pays, voilà une belle entreprise ! Une entreprise d’autant plus utile que le Kazakhstan, dont la croissance économique s’avère durable et soutenue, a un grand besoin de se doter de cadres supérieurs de toutes disciplines afin de répondre aux besoins de l’État, des entreprises, des collectivités locales. En vérité, avoue Marek Halter, tout avait commencé en Russie, alors encore l’URSS, dès les L’écrivain et Président fondateur de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan à Almaty, M. Marek Halter, accueilli par M. Serik Praliev, Recteur de l’Université Abaï. premiers jours de la perestroïka, lorsqu’avec son ami Mstislav Rostropovitch, il est allé proposer à Andreï Sakharov, de créer une Université française à Moscou, première université occidentale qui verra le jour dans la Russie post-soviétique. François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev l’inaugurèrent en 1991. Un an plus tard, une seconde Université a vu le jour à Saint-Pétersbourg, qui fut inaugurée par le maire de la « seconde capitale » Anatoli Sobtchak et son adjoint d’alors Vladimir Poutine. Depuis, ces deux Universités ont délivré leur 30 000 ème diplômes. © Institut Sorbonne-Kazakhstan U n homme, un écrivain, penseur et homme d’action, a été à l’origine de cette initiative, c’est Marek Halter. L’idée lui est venue il y a trois ans, à l’occasion du vingtième anniversaire de la fondation de l’Université française de Saint-Pétersbourg. Un homme d’affaires kazakhstanais, Nauratdin Tagabergenov, lui proposa de lancer un projet similaire au Kazakhstan. Cette suggestion qui pouvait paraître absolument gratuite a immédiatement suscité un intérêt profond chez Marek Halter. En effet, c’est là, à Almaty, que sa famille avait atterri, ayant fui sa Varsovie natale, foulée par la botte nazie, puis suivi le calvaire de centaines de milliers de Russes relégués par Joseph Staline dans l’arrière-pays de son immense empire. Marek Halter, s’en souvient parfaitement : Il errait, gamin affamé, sur le vieux marché d’Almaty, humant les parfums des étals, lorsqu’un Kazakh à barbe blanche lui tendit une galette de blé toute chaude, une lepiotchka : « Mange, petit, dit-il en russe, sinon tu ne passeras pas l’hiver ». Un geste simple, qui le réconcilia à jamais avec l’humanité. Apporter l’expertise et les connaissances françaises à ce grand et beau pays, comme de remercier, à travers le geste de Voilà donc que cette idée a germé sur le sol kazakh et est devenue réalité. Elle a été accueillie avec enthousiasme tant en France qu’au Kazakhstan et a bénéficié de l’appui des plus hautes autorités de l’État, du Président Noursoultan Nazarbaïev, comme du Premier Ministre Karim Massimov, dont les enfants étudient en France. Lors d’un voyage de repérage au Kazakhstan plusieurs Universités se sont proposées pour accueillir cette Université. Le choix s’est finalement arrêté sur l’Université d’État KazNPU Abaï à Almaty, la plus vieille du pays forte de 24 000 étudiants, Almaty, ville de culture, pétrie de traditions, et tournée vers l’avenir. Du côté français, c’est Sorbonne Paris Cité qui s’est portée d’emblée candidate, regroupement universitaire qui compte parmi ses membres l’Institut d’études politiques de Paris, l’Institut national des Langues orientales vivantes, et rassemble 120 000 étudiants. Le 29 mai 2014, le Président de Sorbonne Paris Cité, Jean-Yves Mérindol, et le recteur de l’Université KazNPU Abaï, Serik Praliev signèrent l’accord officiel portant création d’une université française : Sorbonne-Kazakhstan. L’université Sorbonne-Kazakhstan a ouvert ses portes à la rentrée 2014 au sein de ses deux Facultés, qui délivreront des Masters internationaux basés sur la délivrance de diplômes français et kazakhstanais : - « Dialogue international dans les conditions de globalisation » - « Relations internationales » - « Gestion des changements dans le monde moderne ». Le Kazakhstan, peuplé de près de 18 millions d’habitants, compte aujourd’hui plus de 700 000 étudiants, chiffre significatif au regard du nombre d’étudiants français ou allemands. Les établissements universitaires sont publics, privés ou semi-privés. À peu près 30 000 étudiants kazakhstanais étudient actuellement à l’étranger, dont seulement 300 en France, dans le cadre du programme Bolachak assurant la formation rapide de cadres à l’étranger. Dans le pays, où les études secondaires durent onze années, bénéfice d’un taux de scolarité proche de 100%. D’autres projets sont envisagés pour enrichir ce premier pôle universitaire français enraciné au Kazakhstan appelé à devenir à terme un centre universitaire de dimension régionale qui accueillera les étudiants en provenance de toute l’Asie centrale et même de la Chine, proche pays frontalier du Kazakhstan. Compte tenu de l’importance qui s’attache à une gestion efficace des ressources hydriques, en Asie centrale marquée par la sécheresse, il est envisagé de créer un institut agricole franco-kazakhstanais en liaison avec l’Institut Agro Paris Tech. L’installation d’une clinique française auprès de l’Université médicale nationale kazakhstanaise, forte de 11 000 étudiants est également envisagée. De même qu’une École de Marketing de Luxe. Pour aider à la création d’autres filières françaises d’excellence à Almaty et peut-être aussi une antenne à Astana, a été créée une Fondation pour l’Enseignement supérieur franco-kazakhstanaise. Les locaux mis à disposition de Paris-Sorbonne ont été inaugurés par le Président Noursoultan Nazarbaïev et le Président de la République François Hollande, lors de sa visite officielle des 5 et 6 décembre 2014. L’Université Sorbonne-Kazakhstan, vient ainsi enrichir et couronner les coopérations en matière de formation technique supérieure en partenariat avec les universités kazakhstanaises et les industriels (Centre des métiers de l’électricité « Schneider Electric » à l’Université technique Satpaïev et à l’Institut de la soude, soutenu par Total auprès de l’Université technique de Qaraghanbdy). Son rayonnement contribuera à affermir la coopération franco-kazakhstanaise, enrichir le dialogue entre les cultures et les civilisations, comme de contribuer au développement économique, social et culturel, du Kazakhstan, comme de l’ensemble des pays d’Asie centrale. 19 Une nouvelle étape du partenariat stratégique © Présidence de la République Les Présidents kazakhstanais et français participant au lancement des activités de l’Institut SorbonneKazakhstan, le 6 décembre 2014. © Ambassade du Kazakhstan KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE L e Kazakhstan, dont le territoire s’étire des rives de la Caspienne jusqu’à la Chine et la Mongolie, partage avec la Russie, la frontière terrestre la plus importante du monde d’une longueur de 6 846 km*. De ce fait, le Kazakhstan, plus vaste pays d’Asie centrale, se positionne résolument comme un pays eurasien par excellence, qui n’a jamais renoncé à poursuivre sa vocation qu’il conçoit comme celle d’être un pont entre l’Asie et l’Europe ainsi qu’un carrefour des religions, des cultures et des civilisations. « Le Kazakhstan est en Asie un État unique dans lequel sont entrelacées racines européennes et racines asiatiques. (...) La combinaison de différentes cultures et traditions nous permet d’absorber le meilleur des cultures européenne et asiatique », expliquait le Président Noursoultan Nazarbaïev dans son ouvrage L’Union eurasienne : Idées pratique, perspectives (Moscou, 1997). On voit que depuis, ce concept a pleinement acquis droit de cité et qu’il est devenu une des données importantes sur la carte géopolitique mondiale. Poursuivant, sans relâche son objectif de se hisser à l’horizon 2050, parmi les 30 premiers pays du monde par sa puissance économique, le Kazakhstan a initié dès son indépendance, une politique étrangère « multivectorielle » et de participation active à l’ensemble des organisations internationales, que celles-ci soient mondiales – Organisation des Nations unies (ONU) et agences onusiennes – ou régionales – Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Organisation de coopération de Shangaï (OCS), etc. ; et, bien entendu, aux divers organismes issus 20 Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev s’exprimant à la tribune du G-Global, dans le cadre du Forum économique d’Astana qui s’est tenu du 21 au 23 mai 2014. du démembrement de l’URSS, comme la Communauté des États indépendants (CEI) et l’Organisation duTraité de sécurité et de coopération (OTSC). Aujourd’hui, le Kazakhstan a établi des relations diplomatiques avec 143 pays et il est devenu membre de 64 organisations internationales économiques et politiques. Il a mis en place une structure légale pour ses relations avec les autres pays : plus de 1 300 contrats et accords intergouvernementaux ont été signés par le Kazakhstan, qui a établi une coopération active avec la grande majorité des pays d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie, mais aussi avec les principales organisations régionales. La Russie reste pour le Kazakhstan un partenaire privilégié comme l’a attestée la présence du Président Noursoultan Nazarbaïev aux Jeux Olympiques de Sotchi en févier 2014 et comme en témoigne toujours son vif engagement dans le processus de création de l’Union économique eurasiatique, dont il a été l’un des promoteurs. Astana n’en entend pas moins poursuivre une politique d’ouverture et d’équilibre avec tous les pays, voisins ou éloignés, grandes ou moyennes puissances d’avenir. Cette insertion active du Kazakhstan dans le jeu international lui a valu d’ailleurs l’honneur d’avoir été le premier pays à l’Est de Vienne à avoir exercé la présidence de l’OSCE en 2010, décision qui fut prise par consensus lors de la conférence ministérielle de l’Organisation tenue à Madrid, les 29 et 30 novembre 2007. Ayant fait d’une rencontre de Chefs d’État ou de gouvernement, l’une des priorités de sa présidence, le Kazakhstan a ainsi accueilli les 1er et 2 décembre 2010 à Astana, un sommet de l’OSCE, onze ans après celui Une diplomatie engagée sur la scène internationale diplomatie engagée sur la scène internationale Une Si ses immenses ressources en hydrocarbures et minières ont permis au Kazakhstan d’acquérir un rôle croissant dans l’économie mondiale, son ascension fulgurante sur le devant de la scène internationale tient surtout au sage équilibre de la politique étrangère « multivectorielle » promue par le Président Noursoultan Nazarbaïev. Près d’un quart de siècle après son indépendance, le plus grand pays d’Asie centrale se pose en véritable carrefour des échanges culturels et économiques entre l’Europe et l’Asie. Après avoir assumé la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2010, il aspire à devenir membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies en 2017-2018. À cette date, sa capitale, Astana, aura accueilli l’Exposition internationale sur l’Énergie du futur, qui promet d’être une véritable vitrine du rayonnement et de l’ouverture du « Pays des steppes ». d’Istanbul, auquel ont participé les représentants de 65 pays, dont 9 ayant le statut d’observateur. La Russie y fut représenté par le Président Dmitri Medvedev, les États-Unis, par la Secrétaire d’État Hillary Clinton et la France par le Premier Ministre François Fillon. Le Kazakhstan fut loué pour son action médiatrice exercée lors de la crise qui venait de secouer le Kirghizstan. Ce fait historique a été marqué par l’adoption de la Déclaration d’Astana «Vers la communauté de la sécurité» qui contient les positions communes des 56 États membres de l’OSCE. Il s’agit du premier document final, depuis ces onze dernières années, qui fut adopté à l’issue d’un sommet de l’OSCE. Le Kazakhstan a lancé un vecteur eurasien du développement de l’Organisation, a enrichi l’esprit d’Helsinki par celui d’Astana, et donné le départ à une nouvelle étape de la vie de l’OSCE qui a été précédée par la signature de la Charte de Paris et de l’Acte final d’Helsinki. Selon la déclaration du Président Noursoultan Nazarbaïev, l’adoption de la Déclaration d’Astana peut devenir le début d’un nouvel engagement d’une communauté unique indivisible de la sécurité euro-atlantique et eurasienne, objectifs certes ambitieux mais qui s’inscrivent dans une perspective à long terme dont il conviendra de garder la trace. Il faut rappeler qu’à l’occasion du 20ème anniversaire de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, la Présidence kazakhstanaise de l’OSCE, conjointement avec le Ministère français des Affaires étrangères, a organisé, le 28 octobre 2010 à Paris, une Conférence internationale commémorative à laquelle ont participé le Président kazakhstanais, le Secrétaire général de l’OSCE Marc Perrin de Brichambaut, l’ancien Président français Valéry Giscard d’Estaing, ainsi que M. Roland Dumas, ancien Ministre français des Affaires étrangères, M. Hans-Dietrich Genscher, ancienVice-Chancelier allemand, et les représentants des pays-membres de l’OSCE. Le Kazakhstan a également été actif dans le processus d’Istanbul sur l’Afghanistan et dans d’autres structures régionales, comme le Conseil turcique, fondé le 3 octobre 2009, qui le réunit à la Turquie et à l’Azerbaïdjan. Astana abrite, dans ce cadre, l’Académie turcique. L’une des premières grandes orientations de la politique étrangère kazakhstanaise a été la poursuite d’une politique active en faveur du désarmement et de la non-prolifération. Dans la lignée de sa renonciation, lors de son indépendance, à l’arme nucléaire (avec la clôture du Polygône nucléaire de Le Kazakhstan est en Asie un État unique dans lequel sont entrelacées racines européennes et racines asiatiques - Noursoultan Nazarbaïev * Certes la frontière entre le Canada et les États-Unis, avec 8 893 km est plus longue, mais elle est répartie en deux sections dont l’une de 6 416 km ne dépasse pas la longueur de la frontière kazakhstano-russe. 21 © Ambassade du Kazakhstan MM. Noursoultan Nazarbaïev, Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, respectivement Chefs d’État du Kazakhstan, de la Russie et du Bélarus formant l’Union économique eurasiatique entrée en vigueur le 1er janvier 2015, KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE Semipalatinsk, alors 2ème site d’essais nucléaires dans le monde et l’abandon du 4ème arsenal nucléaire mondial), son adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1994 en tant qu’État non doté, et sa ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en ont témoigné. C’est à l’initiative du Kazakhstan que l’Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 2 décembre 2009, la résolution 64/35 déclarant le 29 août « Journée internationale contre les essais nucléaires. » Le 8 septembre 2006 a d’ailleurs été signé à Semipalatinsk le Traité portant création d’une Zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, qui fut ratifié le 21 mars 2009. Le Kazakhstan s’est également efforcé de contribuer à une solution de la question du nucléaire iranien, en accueillant deux sessions des négociations du groupe des Six + l’Iran. Mais la politique d’Astana est loin de s’en être uniquement tenue à ceci : elle a fait montre, à plusieurs reprises, d’initiative et d’originalité. Ainsi, dès 1992, le Président Noursoultan Nazarbaïev lança une initiative visant à créer une Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), qui vit le jour l’année suivante. Cette organisation, que la Chine cherche encore à renforcer, est dotée d’un secrétariat et d’un directeur exécutif, peu connus du public et même des experts. Elle compte 20 pays membres, ainsi que sept pays et trois organisations internationales (ONU, OSCE et Ligue arabe) en tant qu’observateurs. Son cercle initial s’est notablement élargi ces deux dernières années le Vietnam, Bahreïn, l’Irak et le Cambodge, le Bangladesh et les Philippines ayant obtenu le statut d’observateur. Le fait que la Turquie, membre de l’OTAN, ait présidé la CICA de 2010 à 2014, présidence qui est suivie par celle de la Chine en 2014-2016, atteste de la large ouverture de cette organisation asiatique continentale. Sans faire de la concurrence à l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), la CICA vise à instaurer entre ses membres une coopération des plus élargies en matière de lutte contre le terrorisme, le séparatisme, l’extrémisme religieux, les problèmes d’immigration illégale, le trafic de drogue… Le fait que le Chef de l’État kazakhstanais ait voulu en faire une plateforme commune pour la sécurité euro-atlantique et eurasienne, notamment en la rapprochant de l’OSCE, apparaît tout à fait méritoire à la lumière de la situation qui s’est développée du fait de la crise ukrainienne et des vives 22 tensions qu’elle a suscitée entre la Russie et les pays occidentaux, au premier chef, les États-Unis. L’objectif du Président kazakhstanais est de faire prendre à la CICA toute sa place dans l’architecture mondiale de sécurité. Le Kazakhstan apparaît, de fait, comme un des rares pays, capable et désireux, d’assurer ce lien entre ces diverses organisations régionales de portée continentale, ayant exercé la présidence de l’OCS de juin 2010 à juin 2011 et celle du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) de juin 2011 à mi-novembre 2012, entraînant la création de l’Institut de l’OCI pour la sécurité alimentaire et la Commission de l’OCI sur les droits de l’homme. La région de l’Asie centrale a toujours été et reste une priorité particulière de la politique étrangère du Kazakhstan qui n’a par ailleurs jamais ménagé ses efforts pour y promouvoir une coopération régionale, et faire en sorte que tous les différends – notamment frontaliers –, entre les pays de le région soient réglés dans un esprit ouvert : il a été notamment à l’origine de la Communauté économique eurasienne (CEEA). La région est exposée aux mêmes défis et menaces que la communauté internationale. Qu’il suffise de mentionner les questions des ressources hydriques, les problèmes écologiques, ceux du trafic de drogue, d’exportation du radicalisme du Sud. Le Kazakhstan, en particulier, a beaucoup œuvré pour réhabiliter la mer d’Aral, cette vaste étendue d’eau, qui était condamnée à l’assèchement depuis les années 1980 du fait des prélèvements massifs sur les deux fleuves qui l’alimentaient, l’Amou-Daria et le Syr Daria. L’ancienne partie nord, celle qui se situe sur son territoire a été progressivement remise en eau, au point d’être appelée aujourd’hui la « Petite mer d’Aral ». Une autre orientation de la politique extérieure kazakh-stanaise qu’il convient de souligner, dans la conjoncture actuelle d’exacerbations des identités ethniques et religieuses, est sa volonté constante de contribuer à l’approfondissement du dialogue entre les religions, en réunissant à plusieurs reprises un Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles dans la capitale kazakhstanaise en 2003 et 2007, ainsi que la Conférence d’Astana le 17 octobre 2008. Un effort qui ne s’est jamais relâché et qui gagnerait encore en recrutant de nouveaux adeptes, tout en enrichissant son agenda déjà fourni avec la tenue d’un prochain sommet en juin 2015. Le Kazakhstan est, en outre, l’un des trois pays formant le noyau initial de l’Union douanière eurasiatique (2010), devenue Espace économique commun. C’est à Astana qu’a été signé le 29 mai 2014, le Traité instituant l’Union économique eurasiatique (UEE) qui entrera en vigueur Une diplomatie engagée sur la scène internationale © UN Photo/Loey Felipe Le Conseil de sécurité des Nations unies au sein duquel le Kazakhstan est candidat à un siège de membre non-permanent pour 2017-2018. pour l’action humanitaire et la lutte contre les catastrophes naturelles. Le Kazakhstan est bien conscient de l’interaction du développement, de la protection et de la sécurité de l’environnement. Grande puissance énergétique, une grande partie de son avenir y est lié. Le Kazakhstan se rend parfaitement bien compte que l’énergie aura un impact croissant sur la sécurité de notre avenir commun, d’où le thème choisi « Énergie du futur » pour l’Expo-2017 qui se tiendra à Astana. Depuis les années 2000, le Kazakhstan a, enfin, formalisé ses relations avec le Conseil de l’Europe qui, à terme, pourraient déboucher sur son accession, au statut d’observateur à l’Assemblée parlementaire de la plus ancienne organisation européenne d’envergure continentale, ce qui concrétiserait encore sa diplomatie multivectorielle, comme sa vocation d’être un pont entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud. © Ambassade du Kazakhstan le 1er janvier 2015 dont la paternité est revendiquée par le Président Noursoultan Nazarbaïev. Si les échanges économiques ont beaucoup augmenté entre les pays membres, l’économie kazakhstanaise a cependant été confrontée à l’élévation des droits de douane appliqués aux produits chinois, ainsi qu’à une percée des entreprises russes sur son marché qui n’a pu être compensée par une offensive similaire des entreprises kazakhstanaises sur le marché russe. Elle entend en tirer le meilleur parti en dépit des difficultés conjoncturelles liées aux sanctions occidentales contre la Russie et à la chute du cours des hydrocarbures. Le Kazakhstan, au terme d’un processus de négociation relativement resserré, espère bien adhérer à l’Organisation mondiale du Commerce en 2015, ce qui ne manquera pas de stimuler ses efforts en matière de compétitivité et de concurrence. Dans la lignée de ces efforts, de ses initiatives et de sa participation active au sein de multiples organisations de coopération, le Kazakhstan fait œuvre de candidature comme membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour 2017-2018. Il avance au titre de sa candidature, qu’il apparaît comme un pays stable, progressif et pacifique, de revenu intermédiaire, leader reconnu en matière de sécurité nucléaire et de non-prolifération, ainsi que comme un contributeur pour la sécurité alimentaire et énergétique mondiales, atouts que nul ne saurait lui contester. Étant le plus grand pays émergent sans littoral, il comprend également parfaitement les problèmes des pays enclavés, comme ceux des petits pays insulaires menacés par la montée du niveau de la mer. Le Kazakhstan ne cache pas sa volonté de renforcer de manière significative sa contribution aux efforts du Département des opérations de la paix de l’ONU. Le bataillon « KAZBAT » a participé à des opérations de déminage en Irak. Des officiers kazakhstanais participent comme observateurs militaires dans un certain nombre de missions de maintien de la paix des Nations unies. Le Kazakhstan propose d’ailleurs de faire d’Almaty, son ancienne capitale, un hub régional des Nations unies Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev et le Président chinois Xi Jinping à Shanghai le 19 mai 2014. 23 UE-Kazakhstan : un partenariat approfondi Par M. Gunnar WIEGAND, Directeur au Service européen d’Action extérieure (SEAE) pour la Russie, le partenariat oriental, l’Asie centrale, la coopération régionale et l’OSCE KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE 24 partenariat signé en 1999 qui régit actuellement les relations entre l’UE et le Kazakhstan. En termes de coopération politique, l’Accord renforcé de partenariat et de coopération insiste tanais et européens. Un dialogue politique renforcé découlera de la mise en œuvre de cet Accord, avec notamment un Conseil de coopération annuel et des comités de coopération thématiques dans © Commission européenne L e 8 octobre 2014, le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso recevait à Bruxelles le Président Noursoultan Nazarbaïev afin d’entériner la fin des négociations de l’Accord renforcé de partenariat et de coopération entre l’Union européenne (UE) et le Kazakhstan. Premier pays d’Asie centrale à négocier ce type d’accord, le Kazakhstan représente en effet le principal partenaire du resserrement des liens entre l’UE et l’Asie centrale. Soulignant la portée politique de cet accord, le Président Barroso a confirmé qu’il « facilitera grandement les relations politiques, économiques et stratégiques ainsi que le flux commercial, de services et d’investissements entre le Kazakhstan et l’UE, et contribuera aux réformes politiques, économiques et de l’État de droit au Kazakhstan, ainsi qu’à sa modernisation et prospérité ». Entamées en 2011, les négociations de cet Accord renforcé de partenariat et de coopération ont été conclues en septembre 2014. Le texte de l’Accord traite des relations politiques, économiques et commerciales entre l’UE et le Kazakhstan, ainsi que d’environ vingt-neuf secteurs-clés de coopération, notamment dans les domaines de l’énergie et du transport, de l’environnement et du changement climatique, de l’emploi et des affaires sociales, de l’éducation, la recherche et la culture. Une fois ratifié et entré en vigueur, cet accord de partenariat renforcé remplacera l’Accord de sur les valeurs de démocratie, de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que sur leur mise en œuvre effective. L’accent est porté notamment sur une coopération étroite entre l’UE et le Kazakhstan dans le but d’améliorer le fonctionnement du système judiciaire et l’État de droit ainsi que la compréhension mutuelle et le rapprochement de leurs politiques et de leurs législations. L’Accord envisage aussi la possibilité de négociations prochaines sur un accord de facilitation des visas pour les citoyens kazakhs- Le Ministre kazakhstanais des Affaires étrangères, M. Erlan Idrissov, et M. David O’Sullivan, Directeur général administratif du Service européen d’Action extérieure (SEAE), lors de la signature du document conjoint sur l’achèvement des négociations sur un accord de partenariat et de coopération (APC) renforcé entre le Kazakhstan et l’Union européenne, en septembre 2014. les domaines clés, ainsi qu’un Comité de coopération parlementaire entre le Parlement européen et le Majilis du Kazakhstan. Les décisions prises par le Conseil de coopération dans le but de réaliser les objectifs de cet Accord auront d’ailleurs une valeur juridique contraignante, et un mécanisme de règlement des différends est prévu dans le texte. L’Accord développera en outre le dialogue existant entre l’UE et le Kazakhstan sur le respect des droits de l’homme, notamment à travers un Dialogue annuel, des rencontres bilatérales et des projets de coopération sur ce sujet. Durant la dernière décennie, l’UE est devenue le premier partenaire commercial du Kazakhstan, avec un montant d’échanges commerciaux atteignant 31 milliards d’euros, dont 24 milliards d’exportations kazakhstanaises vers l’Europe, essentiellement énergétiques, et 7,5 milliards d’exportations européennes vers le Kazakhstan, essentiellement des produits manufacturés et équipements. L’Europe est également le premier investisseur étranger, avec plus de la moitié des investissements directs étrangers (IDE) au Kazakhstan provenant de l’UE. Ces relations devraient encore progresser dans un avenir proche avec l’adhésion du Kazakhstan à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur laquelle l’UE et le Kazakhstan ont signé un accord bilatéral à l`occasion de la visite présidentielle le 8 octobre 2014, ainsi que la mise en œuvre du Chapitre commercial du nouvel Accord, qui prévoit notamment une consolidation du cadre légal et juridique et d’un climat stable d’investissements pour les opérateurs économiques. Le Chapitre commercial renforcera considérablement la coopération dans les secteurs du commerce des services, de l’établissement et du fonctionnement des entreprises, des mouvements de capitaux, de l’énergie et des matières premières, des marchés publics et des droits liés à la propriété intellectuelle. De plus, l’Accord inclut vingt-neuf chapitres de coopération dans les domaines économiques, l’environnement et le développement durable, la coopération technique et financière, avec des dispositions concrètes en faveur tant des citoyens que des entreprises des deux parties, notamment en termes de protection des consommateurs, d’opportunités d’investissements et de coopération pour les petites et moyennes entreprises (PME), d’emploi et de protection sociale. L’accord met également l’accent sur la coopération dans les domaines du transport et de l’énergie, en particulier sur la promotion des énergies renouvelables et les programmes d’efficacité énergétique afin de contribuer à la fois au maintien de prix abordables de l’énergie et aux obligations internationales de lutte contre le changement climatique. Enfin, l’Accord encourage la coopération et les échanges en matière d’innovation, de recherche et d’accès aux marchés respectifs pour les nouvelles technologies. Le Kazakhstan étant également devenu en 2014 un pays partenaire du Dialogue Asie-Europe (ASEM) (Rencontre Europe-Asie), son rôle stratégique d’intermédiaire et de transit entre l’Asie et l’Europe devait être renforcé. L’Accord renforcé de partenariat et de coopération inclut notamment des dispositions en termes de dialogue politique à haut niveau, de coopération régionale, de lutte contre le terrorisme et les trafics internationaux et de contribution à la stabilité, notamment du continent eurasiatique. L’accord promeut non seulement le renforcement des réseaux économiques et d’entreprises, mais aussi un dialogue étroit entre réseaux de la société civile. Il est important pour l’UE de démontrer symboliquement à travers ce nouvel accord, que la construction de relations stables et solides entre l’Europe et les pays membres de l’Union économique eurasiatique qui le souhaiteraient, est possible. L’UE cherche par ce biais à renforcer les relations constructives et pacifiques avec ses régions voisines, comprises dans un sens large. 25 Une diplomatie engagée sur la scène internationale © Commission européenne Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev participant à Milan, en octobre 2014, au 10ème sommet Asie/Europe (ASEM) aux côtés des dirigeants européens et asiatiques. Une candidature à un siège de membre non-permanent du Conseil de sécurité M embre de l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis le 2 mars 1992, le Kazakhstan a déposé en juin 2010 sa candidature en vue de siéger pour la première fois de son histoire, en qualité de membre non-permanent, au sein du Conseil de sécurité des Nations unies en 2017-2018. Une initiative qui traduit la volonté du Président Noursoultan Nazarbaïev d’engager davantage la diplomatie kazakhstanaise face aux défis globaux auxquels se trouve confrontée l’humanité. KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE Pays stable, progressif et pacifique, de revenu intermédiaire, chef de file reconnu en matière de sécurité nucléaire et de non-prolifération, ainsi que contributeur à la sécurité alimentaire et énergétique mondiales, le Kazakhstan ne manque pas d’arguments pour appuyer son initiative. Plus grand pays émergent sans littoral, il peut également faire valoir sa compréhension des problématiques spécifiques des pays enclavés, tout comme celles des petits pays insulaires menacés par les effets du changement climatique. Le Kazakhstan s’est en outre résolument impliqué dans sa coopération avec l’ONU. Celle-ci a commencé ses opérations dans le pays, début 1993, à la suite de l’accord signé le 5 octobre 1992 par le Président Nazarbaïev et le Secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros Ghali. Au cours des années suivantes, les diverses agences du système onusien ont apporté leur soutien au développement économique, social et culturel du pays, et en particulier à l’élaboration de la Stratégie Kazakhstan 2030. De son côté, le Kazakhstan participe activement aux travaux des institutions onusiennes. Également candidat à la présidence de la 71ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, il est actuellement membre du Conseil économique et social, de la Commission de la lutte contre le narcotrafic, du Comité de coordination de l’UNAIDS et du Comité sur le patrimoine mondial de l’UNESCO. Alors que M. Kassym-Jomart Tokayev, Président du Sénat kazakhstanais, a été le premier ressortissant asiatique à avoir dirigé l’Office des Nations unies à Genève, S.E.Mme Byrganym Aitimova, Ambassadeur, Représentant permanent du Kazakhstan auprès des Nations unies à New York entre 20072013, a exercé la Présidence de l’Association internationale des Représentants permanents aux Nations unies. Au plan des opérations de maintien de la paix, le Kazakhstan cherche aujourd’hui à renforcer de manière significative sa contribution aux efforts du Département des opérations de la paix de l’ONU. Le bataillon « KAZBAT » a ainsi participé à des opérations de déminage en Irak. Des officiers kazakhstanais participent comme observateurs militaires dans un certain nombre de missions de maintien de la paix des Nations unies. Le Kazakhstan propose d’ailleurs de faire d’Almaty, son ancienne capitale, un hub régional des Nations unies pour l’action humanitaire, et la lutte contre les catastrophes naturelles. 26 OTTAWA WASHINGTON D.C. MEXICO BRASILIA Une diplomatie engagée sur la scène internationale Le Kazakhstan : un réseau diplomatique de 143 ambassades à travers le monde BRUXELLES OSLO LA HAYE BERLIN LONDRES LISBONNE VILNIUS VARSOVIE MOSCOU MINSK OULAN-BATOR KIEV PRAGUE BUDAPEST BUCAREST ZAGREB BICHKEK TBILISSI TACHKENT EREVAN DOUCHANBÉ A CHKHABAD ANKARA ATHÈNES TÉHÉRAN BAKOU ISLAMABAD TEL-AVIV AMMAN LE CAIRE KOWEIT DOHA MASCATE RIYAD ABU DHABI KAZAKHSTAN VIENNE ROME PÉKIN TOKYO SÉOUL HANOÏ BANGKOK ADDIS-ABEDA KUALA LUMPUR SINGAPOUR DJAKARTA JOHANNESBURG Ambassades de la République du Kazakhstan Ambassades de la République du Kazakhstan dont l’ouverture est annoncée Vlady France Conseil PARIS BERNE MADRID HELSINKI 27 Astana Expo-2017 : un terrain pour la réalisation d’innovations Par M. Talgat YERMEGIYAEV, Président du Conseil de JSC compagnie nationale Astana Expo - 2017 A KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE l’issue du vote secret lors de la 152ème Assemblée générale du Bureau International des Expositions, Astana a été choisie, le 22 novembre 2012, pour organiser l’Exposition internationale Expo-2017. La capitale kazakhstanaise avait alors largement dépassé la ville belge de Liège. Au cours de ces deux dernières années, nous avons beaucoup œuvré pour l’organisation de cet évènement. Le dossier d’enregistrement de notre projet d’exposition a ainsi été approuvé. Nous avons également adopté la loi sur l’organisation de l’Expo-2017, choisi le logo de l’évènement, désigné le vainqueur du concours international des architectes pour le meilleur projet de pavillon et commencé les travaux de construction. Afin d’accueillir le plus grand nombre de touristes, nous sommes en train de moderniser les infrastructures d’Astana. Nous envisageons la participation de plus de 100 pays et de dix entreprises leaders des technologies innovantes. D’une manière générale, nous estimons que plus de 5 millions de visiteurs devraient faire le déplacement, dont 15% d’étrangers. L’« Énergie du futur », fil conducteur de l’organisation de l’Expo-2017 L’Expo-2017 a été reconnue officiellement le 11 juin 2014 à l’occasion de la 155ème Assemblée générale du BIE. Ce jour-là, le Kazakhstan a reçu le drapeau du BIE, ouvrant la voie au lancement des travaux de grande envergure en vue d’attirer les participants étrangers et de mener une campagne 28 promotionnelle de l’Expo-2017 au niveau international. Le Kazakhstan a proposé comme thème de l’Expo-2017 à Astana l’« Énergie du futur ». À travers lui, nous aspirons à rechercher les moyens d’un changement qualitatif dans le secteur de l’énergie, et, avant tout, à promouvoir le développement de sources d’énergie alternatives et de nouveaux moyens de trans- port. Nous avons choisi ce thème, parce que bien qu’il soit détenteur de ressources considérables en matière de combustibles fossiles, le Kazakhstan est déterminé à utiliser des sources alternatives d’énergie et a mis le cap vers la création d’une économie « verte ». Nous pensons que l’Expo-2017 fera émerger une nouvelle dynamique pour l’élaboration et l’utilisation des sources d’énergie alternatives, en offrant la possibilité de présenter les meilleures technologies du monde et contribuera à la promotion de programmes sur l’efficacité énergétique. Les technologies vertes au cœur du site de l’Expo-2017 Le Président du Kazakhstan, M. Noursoultan Nazarbaïev, a inauguré le lancement des travaux de construction du village de l’Expo-2017, en prenant part le 24 avril 2014 à la cérémonie de pose de la première pierre du chantier de l’exposition. Le concours international des architectes pour la meilleure idée de l’Expo-2017 a été remporté par la société américaine « Adrian Smith+Gordon Gill Architecture LLP ». Nous pensons que cette entreprise a non seulement l’expérience dans le domaine de la construction, mais aussi dans celui de l’économie « verte ». Selon le plan approuvé, les 38 chantiers de l’Expo-2017 devront être mis en exploitation en décembre 2016. La surface totale de la Cité « Astana Expo-2017 » s’élève à 174 hectares où seront installés des édifices de plus d’un million de mètres carrés. Dans la zone d’exposition seront regroupés le pavillon du Kazakhstan, les pavillons internationaux, thématiques et d’entreprises, ainsi que des centres commerciaux. En dehors de cette zone, il est envisagé de construire un centre de conférences, un centre de presse, une « ville » couverte, ainsi que des immeubles d’habitation et d’hôtels. Le bâtiment principal de l’EXPO – le pavillon national – épousera les formes d’une sphère, l’une des plus grandes au monde. Il sera conçu avec les technologies « vertes » les plus modernes. Des verres solides de haute technologie seront utilisés de double couche qui permettront d’isoler le bâtiment de la température extérieure et du bruit. En octobre 2014, le Secrétaire général du BIE, M. Viscente Loscertales, s’est rendu en visite à Astana. Lors de sa rencontre avec le Président Nazarbaïev, il a évoqué le bon déroulement des travaux du site de l’Expo-2017, grâce à son envergure nationale et au soutien permanent dont il bénéficie au plus haut niveau de l’État kazakhstanais. « La construction se déroule rapidement, a-t-il affirmé, on est même en avance sur le planning établi. Je tiens à souligner qu’au cours de mes 25 années de carrière, je n’ai jamais vu une construction d’un rythme aussi élevé et d’un niveau tout à fait convenable. Je suis convaincu que l’Expo-2017 qui arrive sera organisée avec succès. » Des infrastructures de transport et touristiques modernisées Astana s’apprête à accueillir des touristes de tous les coins du monde qui viendront pour visiter l’Exposition internationale. La compagnie nationale « Astana Expo-2017 » et la Mairie d’Astana accordent une attention particulière à cet aspect. Dans la capitale, les travaux de construction de la nouvelle gare visent à porter ses capacités de traitement à 35 000 passagers. En ce qui concerne les autres chantiers, il est prévu de moderniser l’aéroport, de construire deux nouvelles gares routières, ainsi que des voies dédiées au transport public – BRT (Bus Rapid Transit). Les autorités de la capitale espèrent que cela permettra de transporter un nombre considérable de passagers et d’améliorer l’organisation du trafic en général. Nous menons activement les travaux qui permettront à de nouveaux hôtels et des restaurants de voir le jour, ainsi que toute une infrastructure pertinente pour les loisirs et l’accueil des touristes. Afin d’alléger l’occupation des hôtels d’Astana pendant la période de l’organisation de l’Expo-2017, nous envisageons de créer aux alentours de la capitale des éco- et ethno-villages, à l’instar des villages olympiques. En outre, nous allons installer une centrale solaire à Astana d’une puissance de 50 MW. Ce projet sera réalisé grâce aux investissements privés. Les organisateurs de l’Expo-2017 ont l’intention, dans le cadre du déroulement de l’exposition, de renforcer le développement du potentiel touristique du Kazakhstan. Pour cela, nous étudions l’implica- tion des grands opérateurs touristiques kazakhstanais et étrangers. Nous allons faire en sorte que les touristes obtiennent le plus grand choix de biens et de services. Nous évoquons notamment la possibilité d’organiser des visites guidées vers les destinations populaires de notre pays, comme le cosmodrome de Baïkonour, Burabaï, Chymboulak, Almaty, ainsi que les sites de la Route de la Soie. Toute l’information concernant ces nouvelles offres sera disponible sur notre site internet. En même temps, les tarifs seront spécialement réduits pour les visiteurs de l’exposition. La compagnie nationale « Astana Expo-2017 » a organisé, en octobre 2014, un concours du « Meilleur itinéraire touristique dans la capitale » pour les entreprises de ce secteur du Kazakhstan. Son but a été de définir le meilleur itinéraire touristique à Astana qui corresponde à tous les critères de qualité et de prix. La compagnie nationale « Astana Expo-2017 » s’efforce de prendre en considération tous les aspects de cet ambitieux projet et de bien préparer l’organisation de cette Exposition internationale spécialisée dans notre capitale, que nous aspirons à rendre, pour l’occasion, plus confortable et plus attractive pour les touristes. 29 Une diplomatie engagée sur la scène internationale © Expo-Astana-2017 Vue d’artiste du futur pavillon du Kazakhstan lors de l’Exposition internationale qu’Astana accueillera en 2017. L’Énergie du futur » au cœur de l’Astana Expo-2017 « Par M. Vicente Gonzalez LOSCERTALES, Secrétaire Général du Bureau International des Expositions (BIE) A tifs. Aujourd’hui, 168 pays ont ratifié la Convention de 1928. Le nombre de villes candidates à l’organisation des expositions est en augmentation constante et leur profil culturel se diversifie. Par ailleurs, les Expos constituent aujourd’hui l’événement le plus visité au monde. Les expositions offrent une excellente plate-forme pour les villes et les nations, et du point de vue du contenu, satisfont et dépassent leurs objectifs de branding et de communication. Depuis que le Kazakhst an est devenu membre du BIE en 1997, il a été un participant et un contributeur actif aux activités de l’Organisation. En 2017, Astana, la nouvelle capitale du Kazakhstan, sera l’hôte d’une exposition internationale sur le thème vital de l’Énergie du futur. L’Expo Astana 2017 sera une nouvelle porte d’entrée pour cette région géographique en ce qui concerne l’organisation de ce type événements. De même, elle fournira le cadre nécessaire aux acteurs mondiaux pour catalyser leurs vues et leurs énergies sur des questions fondamentales qui touchent à la pauvreté, au réchauffement planétaire, au changement climatique, au développement économique, à la politique ou encore à l’innovation. Producteur important de combustibles fossiles, le Kazakhstan s’est fixé l’objectif ambitieux de satisfaire la moitié des besoins énergétiques du pays à partir de Sélectionnée à l’issue du vote des membres du Bureau International des Expositions (BIE), le 22 novembre 2012, la capitale du Kazakhstan, Astana, sera la ville hôte de l’Exposition internationale de 2017 consacrée à l’Énergie du Futur. Plus de 100 pays et organisations internationales et jusqu’à 5 millions de visiteurs sont attendus lors de cet événement inédit en Asie centrale. © Ambassade du Kazakhstan KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE près plus de cent cinquante ans d’une longue histoire, les expositions universelles continuent de jouir d’une vitalité considérable tout en atteignant de façon satisfaisante leur but principal qu’est l’enseignement du public et l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les besoins de notre civilisation. Grâce aux thèmes abordés, les Expos mettent en avant les progrès réalisés et les perspectives pour l’avenir. Même si l’accent et les types d’expositions ont changé au cours de ses 83 ans d’histoire, le BIE reste le garant de leur intégrité, de leur qualité et de l’application de la Convention de 1928 concernant les expositions internationales. L’intérêt croissant pour les expositions se reflète dans des aspects quantitatifs et qualita- 30 sources alternatives et durables d’ici 2050. Il vise à développer une économie verte et à devenir un centre d’innovation et de recherche sur les énergies. Cette stratégie met en évidence la volonté du Kazakhst an de se positionner comme un chef de file de la croissance verte entre l’Europe et l’Asie, et comme un pays d’engagement solide pour la promotion des sources d’énergie verte et de la transition vers un modèle de développement économique durable. Conscient que les réformes nécessaires pour encourager une économie verte et traiter les questions environnementales transnationales se situent au-delà de la capacité individuelle de chaque pays, le Kazakhstan a lancé à cette fin plusieurs grands projets pour stimuler la coopération mondiale. L’Astana Expo-2017 représente une de ces importantes initiatives qui favorisent les questions de développement durable grâce à la coopération internationale et au dialogue. Plus de 100 pays et organisations internationales et jusqu’à 5 millions de visites sont attendus à l’Astana Expo-2017. Le pays hôte, les pays participants, les entreprises, les régions et la société civile s’y réuniront pour orchestrer avec le public un échange éducatif mondial et promouvoir le développement de plates-formes d’innovation et de progrès social. En sélectionnant l’Énergie du futur, Astana Expo-2017 continue la longue lignée des expositions qui placent l’environnement, la diversité et la durabilité au cœur de ces événements. Suite à la Conférence Rio + 20 des Nations unies sur le développement durable, l’Ast ana Expo-2017 apportera une contribution essentielle à l’éducation du public sur les défis liés à l’énergie, tout en trouvant des solutions communes pour la préservation d’un environnement sain et pour la prospérité économique. L’Astana Expo-2017 ne sera pas uniquement une occasion de sensibiliser les citoyens du monde aux problèmes liés à l’énergie, mais sera également l’occasion de rassembler et lier les politiques et les actions des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile pour une plus grande mobilisation, un plus grand engagement et un leadership politique plus important. Conçue dans le cadre du développement d’un futur parc scientifique, l’Astana Expo-2017 transformera le site dans l’expression élaborée du thème de l’exposition à travers l’utilisation de sources d’énergie efficaces et renouvelables et de méthodes respectueuses de l’environnement. Alors que l’héritage physique de l’exposition sera visible sur place, l’héritage immatériel sera réalisé à travers le Manifeste des valeurs et des principes de l’Astana Expo-2017. Ce manifeste représentera la vision de l’exposition et l’aboutissement des conclusions et du consensus atteints pendant les forums et les colloques organisés au cours de la préparation et du déroulement de l’exposition. Le thème de l’Astana Expo2017 représente, à la lumière du climat international actuel, une véritable opportunité de renforcer le rôle essentiel des expositions en tant que promoteurs clés de la coopération et de la compréhension internationale, laissant un important héritage matériel, mais aussi culturel et politique. Les expositions peuvent être placées avec succès au service de l’humanité et d’un « monde plus harmonieux », si nous pouvons continuer à travailler sur leur rôle de références crédibles pour le dialogue international et de lieux où la multiplicité des cultures locales et mondiales peuvent effectivement avoir une véritable voix. 31 Une diplomatie engagée sur la scène internationale © Ambassade du Kazakhstan Le Secrétaire Général du Bureau International des Expositions, M. Vincente Gonzalez Loscertales, reçu le 21 octobre 2014 au Palais Akorda par le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev. © Total KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE M oteur économique de l’Asie centrale, le Kazakhstan affiche un PIB d’environ 230 milliards de dollars ou 13 600 dollars par habitant début 2015. Rien qu’entre 1997 et 2007 son PIB a été multiplié par 3,5%. Une progression qui ne peut encore que s’accélérer au regard de son énorme potentiel de croissance. Lancée en septembre 2013, la production du champ de Kashagan, l’une des plus grandes découvertes de l’histoire pétrolière mondiale, a dû être interrompue près d’un mois seulement plus tard, pour cause de défaillance technique. Un grain de sable au regard du volume colossal d’or noir qu’abrite ce gisement : ses réserves prouvées atteindraient 1,5 milliard de tonnes, ce qui permettrait de produire 75 millions de tonnes par an de brut, soit 1,7 million de baril par jour. Toutefois, les difficultés des conditions d’extraction en font aussi l’un des projets les plus coûteux du secteur. Pour autant, Kashagan ne représente pas à lui seul le secteur pétrolier kazakhstanais. Dans la mer Caspienne, Tenguiz contiendrait 800 millions de tonnes de pétrole, tandis que Karatchaganak compterait 1,2 milliard de tonnes de pétrole et 1,35 milliard de m3 de gaz. À ces ressources en hydrocarbures, s’ajoutent son vaste potentiel minier, soit 95% des éléments de la classification de Mendeleïv. Avec 19 451 tonnes en 2011, il a rejoint le premier rang des producteurs mondiaux d’uranium, tandis qu’il figure parmi les dix premiers producteurs mondiaux de zinc, de titane, de manganèse, de ferrochromes ou de charbon. 32 Le gisement pétrolier géant de Kashagan en mer Caspienne. Si cet arsenal de matières premières lui a permis de cumuler 28 milliards de réserves de change (données de la Banque centrale du Kazakhstan pour 2014), le Président Noursoultan Nazarbaïev ne compte pas s’en tenir à la gestion d’une rente. Aussi, dans sa Stratégie 2050 annoncée fin 2012, il a fixé pour objectif de hisser le pays parmi les 30 premières économies du monde. Pour y parvenir, le Kazakhstan a adopté de nombreuses Le Président Noursoultan Nazarbaïev ne compte pas s’en tenir à la gestion d’une rente . réformes notamment du cadre des investissements, comme l’exemption de taxe sur les revenus des sociétés et de taxe foncière pendant 10 ans ou la mise en place d’un guichet unique (le Comité d’investissement du Ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies). En juin 2014, le Président kazakhstanais a également annoncé une mesure exceptionnelle : l’exemption de visas kazakhstanais pour les 10 premiers pays investisseurs Une puissance économique en devenir puissance économique en devenir Une Premier producteur mondial d’uranium, le Kazakhstan détient les 9ème réserves de pétrole de la planète et d’immenses autres ressources en minerais. Si la richesse de son sous-sol lui a permis d’enregistrer une croissance moyenne de 7% par an au cours de la dernière décennie, il cherche désormais à accélérer la montée en puissance d’une industrie à haute valeur ajoutée et diversifiée. Flux d’investissements directs étrangers (en milliards de dollars) 15 12 9 6 3 0 2009 2010 2011 2012 2013 au Kazakhstan, parmi lesquels figure la France (projet pilote qui sera testé jusqu’en juin 2015). À la source de cet appel aux investisseurs étrangers, la volonté de diversifier l’économie kazakhstanaise. Les secteurs prioritaires sont définis au sein du second plan quinquennal d’industrialisation qui a débuté le 1er janvier 2015. Parmi ceux-ci, les énergies renouvelables occupent une place de choix avec la perspective de l’Expo 2017. Dans ce domaine, le Kazakhstan peut également se prévaloir d’un atout majeur : de considérables ressources en métaux rares, indispensables pour la conception des unités de production d’énergie renouvelable comme les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques. Face à la fragilité de la conjoncture internationale, avec la chute des cours du pétrole et l’accentuation des tensions géopolitiques, le Président Noursoultan Nazarbaïev a également annoncé, dans un discours à la Nation délivré en octobre 2014, un grand programme d’investissements dans le secteur des infrastructures d’un montant de 33 milliards de dollars, essentiellement financé par le secteur privé. « Nous devons agir » a-t-il insisté à plusieurs reprises. Cette nouvelle politique économique baptisée « Nourly Jol » - La Voie vers l’avenir - prouve encore à quel point le Kazakhstan demeure résolument proactif dans la gestion de son ascension économique. 33 énergies renouvelables au cœur de la politique énergétique kazakhstanaise Les Entretien avec M. Vladimir SHKOLNIK, Ministre de l’Énergie du Kazakhstan Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : L’énergie constitue l’un des éléments concourant à une ville durable, thème choisi pour l’exposition internationale qui se tiendra à Astana en 2017. S’il possède des ressources d’origine fossile, le Kazakhstan développe également des ambitions fortes en matière d’énergies alternatives. Quels dispositifs et quelles incitations sont-ils prévus pour favoriser cet objectif ? KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE M. Vladimir Shkolnik : En dépit de ses ressources fossiles traditionnelles, le Kazakhstan a besoin de développer des technologies dites « propres » pour réduire les rejets de gaz à effet de serre et d’autres sources de pollution. L’émergence de sources d’énergies renouvelables constitue depuis ces dernières années l’un des vecteurs phares du développement énergétique de notre pays où elles représentent, selon les experts, un potentiel assez important. Pour vous en donner une idée, la puissance potentielle de l’éolien s’élève à 920 milliards kW/heure, celle des centrales hydrauliques à 62 milliards kW/heure et celle des centrales solaires dans les régions du sud du pays pourrait atteindre 2 500 à 3 000 heures solaires par an. Je souhaiterais par ailleurs attirer votre attention sur l’événement majeur que nous sommes en train d’organiser sur le thème « Énergie du futur », l’Astana Expo 2017. Celui-ci met en lumière une fois encore notre orientation vers le développement des sources d’énergies renouvelables. Le Ministère kazakhstanais de l’Énergie, avec les autres organismes publics et compagnies nationales, se prépare activement pour la tenue de 34 l’exposition internationale spécialisée Expo-2017. La mise en œuvre des technologies liées aux sources d’énergies renouvelables dans les entreprises kazakhstanaises contribuera ainsi à optimiser le développement de la production d’énergie électrique et thermique. K-F.P.S. : Au cours des années à venir, quelle est votre perception du principal défi que doit relever votre pays en matière d’énergie ? V.S. : Le gouvernement kazakhstanais a adopté le Concept de développement du secteur énergétique et thermique à l’horizon 2030, qui définit un modèle de marché de l’électricité garantissant des tarifs cohérents et transparents pour l’énergie électrique à long terme et l’amélioration de l’attractivité du cadre des affaires dans ce secteur pour les investisseurs. Il convient également de noter que le résultat de ce travail est l’établissement de l’équilibre énergétique du pays jusqu’en 2030, qui permet de définir le lieu, le volume et l’année d’un éventuel déficit dans le système énergétique du Kazakhstan. Ce dispositif nous permet de réagir et d’anticiper afin d’assurer le maintien permanent des livraisons d’énergie aux consommateurs. Conformément à ce Concept, le développement durable de cette industrie sera assuré par le perfectionnement du marché de l’électricité. En vue du développement industriel du Kazakhstan, nous continuons à réaliser des projets, comme la construction d’une centrale électro-thermique à Balkhach, la mise en œuvre du 3ème bloc énergétique de la 2ème centrale hydro-électrique d’Ekibastuz, la modernisation d’une centrale hydro-électrique à Shardara, la construction de la sous-station d’Alma comprenant un rattachement au système énergétique national, celle du réseau de transit Nord-Sud à travers l’Est et, plus largement, la modernisation continue du réseau électrique national. Pour favoriser les énergies renouvelables au Kazakhstan, nous avons étudié les meilleures pratiques mondiales et adopté une loi qui soutient leur utilisation. La nouvelle législation vise en outre à soutenir tant les investisseurs que les consommateurs ordinaires. Nous avons également approuvé des objectifs et des mesures concrets pour favoriser l’essor de ces nouvelles sources d’énergie. Le Chef de l’État dans la « Stratégie 2050 » a posé comme objectif pour le développement des sources d’énergies alternatives et renouvelables qu’elles représentent la moitié de la consommation énergétique totale à l’horizon 2050. Le Concept de la transition énergétique du Kazakhstan prévoit des mesures concrètes pour réaliser cet objectif. Il s’agit d’atteindre 3% d’énergie électrique produite à partir de sources d’énergies renouvelables en 2020 et 10% en 2030. À cet égard, les prévisions tablent sur une puissance en 2030 de 4,6 GW pour l’énergie éolienne et 0,5 GW pour les centrales solaires. Pour atteindre ces objectifs, il faudra réaliser un certain nombre de projets qui ont été proposés dans le cadre du Plan de développement des sources d’énergies alternatives K-F.P.S. : Deux ans avant l’Expo 2017, comment votre pays se prépare-t-il à constituer une vitrine des éco-technologies et, plus largement, des solutions énergétiques visant à protéger l’environnement ? V.S. : Le problème majeur auquel se trouve confrontée la société moderne de nos jours, est le changement climatique et l’aggravation des problèmes environnementaux en raison de l’utilisation de sources d’énergies dites « sales ». Dans le même temps, le système énergétique actuel éprouve une pression colossale résultant d’un besoin croissant en énergie dans le monde entier. Cette situation continue de se détériorer en raison de l’accès limité des pays en voie de développement aux sources énergétiques. L’exposition internationale spécialisée Astana Expo-2017 aborde deux enjeux importants de l’humanité : la stabilisation du climat et l’accès à l’énergie propre. Le sujet de l’exposition, « Énergie du futur », représente un riche potentiel pour l’innovation. Cette exposition pourrait démontrer au monde entier le volume des études scientifiques sans précédent. Cela concerne les inventions énergétiques et ce que l’on appelle les « produits verts ». Le thème « Énergie du futur » est divisé en trois parties : 1) réduction des rejets de gaz carbonique ; 2) efficacité énergétique ; 3) accessibilité d’énergie pour tous. Astana Expo-2017 prévoit d’aborder à travers ces thèmes la nécessité de réduire les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour adoucir les conséquences du changement climatique et représenter de nouvelles sources d’énergie, ainsi que les technologies « à bas carbone ». L’exposition aura quatre pavillons thématiques, dont la surface globale s’élève à 17 000 m2 : « Monde d’énergie », « Énergie pour la vie », « Énergie pour tous » et « Mon énergie du futur ». K-F.P.S. : Quels sont les principaux acteurs de la coopération avec la France dans ce domaine ? V.S. : Un des investisseurs potentiels français intéressés est la compagnie Urbasolar qui envisage la réalisation d’un projet dans la région du Sud du Kazakhstan concernant l’installation de panneaux photovoltaïques (12 MW) de la JV Katko produits par l’usine Astana Solar. Une autre société française Fonroche (représentée au Kazakhstan par la SARL Aquila Solar) travail quant à elle sur le projet de construction d’une centrale solaire dans la région de Jambyl avec une puissance de 24 MW. Par ailleurs, la compagnie nationale KazAtomProm, en coopération avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives de la France Dans le cadre de la Stratégie 2050 et de la préparation de l’Exposition internationale qui aura lieu à Astana en 2017, le Kazakhstan veut accélérer le développement de son secteur des énergies renouvelables. (CEA) met actuellement en place le projet « KazPV » pour la production de modules photovoltaïques conçus à partir de silicium kazakhstanais. Ce projet fait partie des accords stratégiques conclus entre les deux pays lors de la visite officielle du Président Noursoultan Nazarbaïev en France, en octobre 2010. Le projet comprend également la construction d’une usine d’assemblage de panneaux photovoltaïques près d’Astana. Cette usine a été inaugurée le 25 décembre 2012 par le Chef de l’État. La puissance envisagée (50 MW) prévoit une possibilité d’extension de la production des éléments photovoltaïques jusqu’à une puissance de 100 MW. K-F.P.S. : Pouvez-vous évoquer pour nous les projets kazakhstanais en matière d’énergie nucléaire et les opportunités de coopération qu’ils pourraient ouvrir avec des sociétés françaises telles Areva? V.S. : Le Kazakhstan aspire au développement continu de l’énergie nucléaire. Nous menons actuellement des discussions sur le futur emplacement d’une centrale nucléaire et sur sa puissance. Notre pays étudie les offres des meilleures entreprises internationales en matière de planification, de construction et d’exploitation de centrales nucléaires. La société française Areva a, par exemple, présenté son réacteur ATMEA, conçu en coopération avec la société japonaise Mitsubishi Heavy Industries. 35 Une puissance économique en devenir © Ambassade du Kazakhstan et renouvelables au Kazakhstan pour la période 2013-2020. Selon ce plan actualisé, nous allons mettre en place d’ici 2020 près de 106 unités des sources d’énergies renouvelables, dont la puissance totale s’élèvera à 3054,55 MW, répartie comme suit : - 34 unités éoliennes représentant une capacité de 1787 MW ; - 41 centrales hydro-électriques (539 MW) ; - 28 centrales solaires (713,5 MW) ; - 3 centrales bioélectriques (15,05 MW). Comme vous pouvez le constater, le Kazakhstan mène activement une politique en faveur du développement des sources d’énergies renouvelables qui correspond aux défis globaux et aux intérêts stratégiques du Kazakhstan à long terme. La mise en place de ces mesures placera notre pays en tête des pays les plus avancés en matière d’énergies renouvelables et contribuera à la transition vers une « économie verte ». Katco : symbole de la réussite du partenariat industriel franco-kazakhstanais Entretien avec M. Gérard FRIES, Directeur général de Katco Créée en 1996, la société minière Katco est parvenue en à peine une quinzaine d’années à se hisser dans le peloton de tête des plus grandes mines d’uranium au monde. Cette réussite est le fruit d’un partenariat hors norme entre deux géants du nucléaire, le leader mondial du secteur Areva et l’opérateur national kazakhstanais et premier producteur mondial d’uranium, KazAtomProm. © Areva KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE K-F.P.S. : Après ce démarrage réussi, comment Katco est-il devenu l’un des plus importants sites de production d’uranium au monde ? Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Alors que l’entreprise conjointe Katco est aujourd’hui une réussite, pourriez-vous revenir sur le contexte de sa création ? M. Gérard Fries : Quand Areva, alors connu sous le nom de Cogema, prend la décision à la fin des années quatre-vingt-dix de démarrer ses activités au Kazakhstan, c’est à la recherche d’un autre métal, l’or, que le groupe se lance. Mais rapidement, la décision est prise de se concentrer en priorité sur l’uranium, dont le potentiel local est déjà connu grâce à l’important travail de recherche réalisé par les compagnies d’exploration locales depuis les années soixante-dix. Le pari est cependant risqué, car le cours de l’uranium stagne depuis plusieurs années aux alentours de 10 $ la livre, soit quatre fois moins 36 L’usine de traitement de l’entreprise kazakhstano-française Katco, à Tortkuduk Sud. qu’aujourd’hui. Nos équipes y croient malgré tout, et avec le soutien des autorités nationales, la co-entreprise Katco, alliance de KazAtomProm (49%) et Cogema (51%), voit le jour. En quelques années, ce choix audacieux se révèle payant. La solidité du projet développé sur les permis octroyés dans le sud du pays a rapidement convaincu les actionnaires de démarrer une usine pilote en 2001. L’essor de la société dans les années qui suivent a coïncidé avec l’envol des cours de l’uranium, qui ont atteint des sommets en 2007, au moment même où Katco atteignait son premier objectif de production fixé à 1500 tonnes d’uranium par an. L’aventure était lancée, les installations fonctionnaient et le potentiel de développement était très important. G.F. : Le changement de catégorie s’opère à partir de 2007. De nouvel exploitant à taille réduite, notre société investit massivement et devient, dès 2009 et avec une production annuelle légèrement supérieure à 3000 tonnes, le site de production d’uranium le plus important au monde utilisant la méthode d’extraction dite In Situ Recovery (ISR). Ce développement hors-norme est à mettre au crédit de la clairvoyance de nos actionnaires, Areva et KazAtomProm qui, face au succès des premières années de développement, ont rapidement validé un schéma de croissance de notre production jusqu’à un pallier de 4 000 tonnes d’uranium par an à l’horizon 2013. Mais pour passer d’environ 1 500 tonnes en 2007 à près du triple six ans plus tard, la marche était haute ! Nous avons donc lancé un projet dédié, intitulé « Katco 4000 », dont l’ambition était de fournir à notre entreprise les moyens d’atteindre un niveau de production jusque-là inégalé dans le monde de l’ISR. Plusieurs centaines de millions d’euros ont ainsi été investis sur nos sites pour décupler notre capacité de production. Avec 4005 tonnes extraites en 2013, soit 6 % de la production mondiale d’uranium, et l’ambition Une puissance économique en devenir acteur du cycle de production d’énergie nucléaire » « Un Entretien avec M. Nurlan KAPPAROV, Ancien Ministre, Président de la compagnie nationale KazAtomProm M. Nurlan Kapparov : Le potentiel de développement de l’énergie nucléaire est relativement important. Selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), la part de l’énergie nucléaire dans la production mondiale d’électricité, actuellement de 14%, est appelée à doubler. Les principales zones de croissance de ce secteur viennent de l’Asie, en particulier de la Chine qui prévoit de mettre en service une centaine de centrales nucléaires d’ici 2025, contre 21 aujourd’hui. Les autres grands pays producteurs sont notamment l’Inde et la Russie. Le Kazakhstan est donc assez optimiste quant aux perspectives de la demande d’uranium. aspire à maîtriser l’ensemble des étapes du cycle du combustible nucléaire. Quelle est votre perception de la coopération initiée avec le groupe français Areva ? N.K. : Au milieu des années 1990, Areva a établi une co-entreprise avec le Kazakhstan et a beaucoup investi pour y développer ses activités. Aujourd’hui, KazAtomProm et Areva extraient ensemble de l’uranium et notre coopération se poursuit avec succès. Elle demeure toutefois insuffisamment exploitée au regard de son potentiel. La prochaine étape de ce partenariat concerne en effet l’assemblage de combustible nucléaire, sujet sur lequel nous travaillons depuis ces sept dernières années. K-F.P.S. : Quel rôle le groupe KazAtomProm envisage de jouer dans le cadre de l’Exposition internationale consacrée à l’« Énergie du futur » ? K-F.P.S. : Au-delà de l’extraction et de l’exportation d’uranium, KazAtomProm N.K. : Par définition, le thème choisi pour l’Expo 2017 concerne de répéter jusqu’en 2039 ce niveau de production record dans le monde de l’ISR, Katco est durablement ancré dans la catégorie des grands producteurs d’uranium. de construction d’infrastructures, plus de 450 millions d’euros ont été investis localement depuis 2002 et les retombées économiques directes issues de notre exploitation (droits de douane, impôts, dividendes) sont de l’ordre de 100 millions d’euros par an pour le Kazakhstan. Katco finance par ailleurs chaque année des projets sociétaux en faveur des populations locales à hauteur de 1,5 million d’euros. Autant de bénéfices directement issus de la réussite de ce partenariat gagnant-gagnant franco-kazakhstanais dont l’histoire et le développement ne font que commencer. K-F.P.S. : Comment décririez-vous le rôle économique de Katco dans sa région d’implantation et au Kazakhstan de manière générale ? G.F. : Katco est un acteur majeur de l’économie locale et compte plus de 1200 salariés directs, dont plus de 98% sont kazakhstanais, et des centaines de travailleurs sous-traitants associés à son activité. En termes les énergies dites « propres » compte tenu du défi posé par le changement climatique. Cela inclut aussi l’énergie nucléaire. En tant qu’acteur important du cycle de production d’énergie nucléaire, le Kazakhstan doit donc montrer ses accomplissements dans ce domaine lors de l’Expo 2017. Aussi, KazAtomProm entend être présent à cet événement majeur, sans doute avec un pavillon et, je l’espère, aux côtés de nos partenaires comme Rosatom, Westinghouse dont nous sommes actionnaires, ou encore Areva. Je tiens par ailleurs à souligner que KazAtomProm a développé des activités dans le secteur des énergies renouvelables et, plus spécifiquement, de la production d’équipements pour la production d’énergie solaire, à travers trois projets dont l’un est celui d’Astana Solar conduit notamment en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Expédition de fûts, à l’usine de traitement de minerai d'uranium de Tortkuduk. © Areva Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Monsieur le Président, le groupe kazakhstanais KazAtomProm s’est hissé en l’espace d’une trentaine d’années en tête des producteurs mondiaux d’uranium. Comment décririez-vous l’avenir de l’énergie nucléaire ? 37 KazMunayGas, un acteur central du secteur énergétique kazakhstanais Entretien avec M. Sauat MYNBAYEV, Président du Conseil d’administration de la compagnie nationale KazMunayGas Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : Monsieur le Président, vous avez récemment été nommé à la tête du Conseil d’administration de la compagnie nationale KazMunayGas. Quel regard portez-vous sur le partenariat établi entre votre groupe et le groupe pétrolier français Total ? KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE M. Sauat Mynbayev : Tout d’abord je souhaiterais saluer le bon développement des relations kazakhstano-françaises au cours de ces vingt dernières années et la dimension stratégique qu’elles ont acquises. Ces liens ont permis la réalisation de nombreux projets d’envergure, notamment dans le secteur énergétique. L a c ompa gni e K a z M u n ayGas est l’un des partenaires du groupe français Total, dans le cadre du North Caspian Sea Production Sharing Agreement (NCSPSA), conclu en octobre 2008 et qui couvre une aire de 5 600 km2, incluant notamment le gisement géant de Kashagan. KazMunayGas occupe une position centrale dans le consortium opérateur de ce champ pétrolier, la North Caspian Operating Company (NCOC), avec une part de 16,877% aux côtés de Total (16,807%) et de cinq autres compagnies : ENI, Shell, ExxonMobil qui ont des parts équivalentes de 16,807%, ainsi que Inpex (7,563%) et CNPC (8,333%). K-F.P.S. : Démarrée en septembre 2013, la mise en production du gisement de Kashagan a été interrompue en raison de problèmes techniques. Comment analysez-vous 38 les conséquences de ce nouveau report ? S.M. : Le gisement de Kashagan, mis à jour en 2000, constitue l’une des plus importantes découvertes de l’histoire pétrolière en raison de son envergure. Toutefois, il est aussi l’un des projets les plus complexes en raison des conditions difficiles de son exploitation et des moyens exceptionnels qu’il requiert. Nous menons actuellement un travail étroit avec les autres partenaires de la NCOC pour résoudre ce problème. Si vous me permettez l’expression, nous sommes tous dans le même bateau. Notre objectif est de mener à bien ce projet. Les groupes participant au consortium NCOC se sont accordés sur une commercialisation du pétrole extrait de Kashagan dans la deuxième moitié de 2016, ce qui me semble une position raisonnable. Notre accord mutuel sur ce calendrier prend en compte nos interrogations sur les technologies à mettre en œuvre, y compris la construction éventuelle d’un nouveau pipeline, pour permettre le redémarrage de la production dans des conditions satisfaisantes, en termes de sécurité et de protection de l’environnement. K-F.P.S. : Alors que Total et KazMunayGas œuvrent également depuis 2009 à la mise en valeur du gisement de Khvalynskoye, comment souhaiteriez-vous voir s’approfondir les liens de coopération entre les deux compagnies ? S.M. : En effet, le groupe Total s’intéresse également au projet de Khvalynskoye qui est un champ de gaz à condensats situé au nord de la mer Caspienne. Nous avions signé un accord de coopération à cet égard en 2009. Nous sommes toutefois en négociation avec notre partenaire russe (Lukoil) qui est l’opérateur de ce projet. Pour ce qui est de l’avenir de notre coopération, je pense que Total dispose encore de marges de manœuvre pour développer ses activités au Kazakhstan, y compris peut-être dans l’onshore. Je tiens aussi à saluer son implication dans d’autres secteurs d’activités, telle que la formation par le biais de l’Institut de Soudure. K-F.P.S. : Vous avez récemment défini de nouvelles lignes directrices dans le cadre du « programme de transformation » du groupe KazMunayGas. Pouvez-vous nous les détailler ? Quels changements ce programme est-il susceptible d’introduire dans les relations entre KazMunayGas et ses partenaires étrangers ? S.M. : Notre objectif est d’améliorer l’efficacité de la compagnie KazMunayGas, en termes de performances et de bonne gouvernance. Nous chercherons bien sûr à consolider nos capacités de production, ce qui suppose de lourds investissements dans les infrastructures. Enfin, je suis convaincu que ce processus ne pourra qu’améliorer nos relations avec l’ensemble de nos partenaires. sécurité des opérations pour les hommes et pour l’environnement : La priorité absolue de Total au Kazakhstan Par M. Brendan McMAHON, Directeur général de Total Exploration & Production au Kazakhstan T otal est présent au Kazakhstan depuis 1992 via sa participation de 16,81% dans le permis Nord Caspienne qui comprend notamment le champ géant de Kashagan, opéré par la société conjointe d’opérations North Caspian Operating Company (NCOC). Situé à 75 km des côtes dans les eaux peu profondes de la zone nord de la mer Caspienne, Kashagan est l’une des plus importantes découvertes de ces quarante dernières années. Il est prévu que sa mise en œuvre se fasse par phases successives. Peu de temps après le démarrage de la phase 1 en septembre 2013, la production a été arrêtée en raison de fuites détectées sur deux pipelines. Le consortium a mobilisé ses meilleurs experts pour remplacer les pipelines et assurer le redémarrage de Kashagan en toute sécurité dès que possible, d’ici environ deux ans. La capacité de production devrait atteindre 370 000 barils par jour en 2017, puis 450 000 barils par jour à terme grâce à un projet complémentaire d’injection de gaz. Le développement des phases ultérieures fait actuellement l’objet d’études. Par ailleurs, Total détient, depuis fin 2012, une participation de 75% dans deux blocs terrestres, North et South Nurmunai, situés dans le sud-ouest du pays, à proximité de la mer d’Aral, une zone prometteuse et sous explorée. L’acquisition de ces deux blocs d’exploration permet à Total de devenir opérateur au Kazakhstan et lui donne l’opportunité de mettre en application et démontrer son savoir-faire. Une campagne sismique a été réalisée en 2013 et sera suivie par le forage d’au moins deux puits d’exploration en 2015. En étroite collaboration avec la société nationale KazMunayGas, Total travaille également sur de nouveaux prospects d’exploration qui pourraient être développés conjointement. Je souhaiterais également rappeler que, pour Total, la priorité absolue est d’assurer la sécurité des opérations pour les hommes et pour l’environnement et ce, à tout moment. Total applique également des politiques très rigoureuses en matière d’éthique et de développement durable. Il s’agit pour le Groupe d’une valeur fondamentale. 39 Une puissance économique en devenir © Total La plateforme du consortium NCOC sur le site d’exploitation du gisement de Kashagan en mer Caspienne. Geo-Énergies » : un centre franco-kazakhstanais de recherche et de formation « Par M. Michel PANFILOV, Professeur à l’Université de Lorraine, Directeur général du Centre Géo-Énergies J KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE ’ai découvert le Kazakhstan en 2009, en arrivant de France pour une mission très courte mais unique dans son genre afin d’étudier un nouveau phénomène qui commençait à éveiller notre curiosité : il s’agissait d’un flux exponentiellement croissant d’étudiants kazakhstanais qui venaient faire leur master à Nancy. Bien que nous fussions ravis de constater le succès de notre formation, nos capacités d’accueil étaient limitées. Ma mission était donc clairement de réorganiser notre système de fonctionnement d’une façon quelconque. La solution est venue à la fin de ma mission – j’ai proposé d’inverser les flux : offrir une formation à l’identique mais à Almaty en envoyant des enseignants français au Kazakhstan. De cette idée d’inversion des flux ont commencé à se dessiner les contours de ce qui allait devenir le Centre franco-kazakhstanais « GéoÉnergies ». Une équipe de travail franco-kazakhstanaise s’est rapidement formée, elle incluait M. Talgat Ensepbayev, Directeur du département Petroleum Engineering à KazNTU, et M. Aidarkhan Kaltayev, Directeur du département Mécanique à KazNU, et Mme Noémie Larrouille, Attaché du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, qui sont devenus les personnages clés de tout le projet. Le fort soutien administratif était assuré par M. Izim Dussembayev, pro-Recteur de KazNTU, et M. Murat Orunkhanov, pro-Recteur de KazNU. M. Bernard Pacqueteaux, alors responsable du Service de coopération et d’Action culturelle de l’Ambassade de France, et M. Gilles Mametz, brillant diplomate du Ministère français des Affaires 40 étrangères, assuraient le soutien politique. Un groupe solide de 14 enseignants-chercheurs français de différentes universités françaises a été créé, pour assurer les cours à Almaty. Bientôt les présidents de trois universités, M. Bakhytzhan Zhumagulov (KazNU), M. Zhaksenbek Adilov (KazNTU) et M. François Laurent (Université de Lorraine – ex. INPL) ont signé l’accord tripartite sur la coopération et la création du Centre franco-kazakhstanais de formation et de recherche « Géo-Énergies » (CGEn). En septembre 2010 le Centre a commencé à fonctionner : le premier groupe d’étudiants sélectionnés a regagné le Master à double diplôme. Qu’est-ce que c’est le Centre GéoÉnergies ? Le terme « Geo-Énergies » signifie « les ressources énergétiques souterraines » et inclut les thèmes scientifiques suivants, autour desquels nos activités sont développées : hydrodynamique des réservoirs du pétrole et du gaz, ingénieries des réservoirs, géologie des réservoirs, production, modélisation, ressources d’énergies non conventionnelles, stockage souterrain d’énergie, ressources énergétiques minières. Ceci nous a permis de traiter un spectre très large de problèmes et de développer une association scientifique qui réunit plusieurs laboratoires-partenaires kazakhstanais et français. L’objectif du Centre est de développer des projets de formation et de recherche et développement (R&D), en y impliquant les meilleurs scientifiques du Kazakhstan et de la France, et ainsi former des scientifiques de haut niveau au Kazakhstan à travers une activité de recherche commune. L’objectif à long terme est la création d’un laboratoire mixte international CNRS au Kazakhstan équipé des plates-formes expérimentales et informatiques. Le Centre vise à développer la recherche théorique, numérique et expérimentale, à créer des codes numériques et les modèles conceptuels des processus physiques, à obtenir des données empiriques, et à effectuer des analyses laboratoires de roches et des fluides. Le CGEn comprend des laboratoires de recherche et des unités de formation (master, doctorat, ...) francokazakhstanais communs : - Master à double diplôme SRE (Subterranean Reservoirs of Energy) : avec la KazNU, la KazNTU et la KBTU depuis 2014. C’est la filiale à Almaty du Master International SRE associé à l’École de Géologie de l’Université de Lorraine. Les étudiants kazakhstanais sont sélectionnés par un jury de master. Ils font ensuite leur première année d’études à Almaty (M1) et la deuxième année en France. Nous délivrons un diplôme national français habilité par le Ministère français de l’Enseignement supérieure et de la Recherche. - Laboratoire de recherche « Hydrodynamique Souterraine », conjointe avec KazNU. Il s’agit d’un laboratoire localisé au sein de la faculté mécanique-mathématique à KazNU, qui inclut une salle équipée de manipes et plusieurs salles informatiques. Les étudiants peuvent y effectuer leurs projets de recherche sous la direction de chercheurs kazakhstanais et français. - École doctorale conjointe : quatre thèses Ph.D. en co-tutelle avec KazNU sont en préparation depuis 2011-2012. – sont des vecteurs de la nouvelle politique énergétique, grâce auxquels le Kazakhstan accèdera à des nouvelles technologies et réduira sa consommation d’énergies fossiles, en les convertissant en catégorie de ressources stratégiques du pays. Ces points déterminent la ligne directrice de notre coopération. L’extension du Centre Géo-Énergie vers le Centre GeoE2nergy, dans lequel E2 signifie Électricité et Environnement, s’impose. GeoE2nergy inclura donc trois grands sujets : Énergies Géologiques, Énergies Renouvelables et Environnement, ce qui ajoutera l’électricité verte, sa production, stockage, conversion, l’électro-chimie et les matériaux pour l’énergie aux sujets déjà existants. Respectivement, les nouvelles unités structurelles du CGEn sont en cours de création : - Laboratoire de recherche « Énergies renouvelables », avec KazNIIEnergy en tant que membre associé du Centre ; - Master « Énergies Renouvelables », en collaboration avec KazNU et KazNTU. - Le laboratoire de recherche Hydrogen and Renewable Energy, en collaboration avec KazNTU; Enjeux pour les deux pays Le fonctionnement du Centre permet de : - Réunir un capital humain capable de former durablement l’élite des futurs ingénieurs kazakhstanais - Répondre à court terme aux besoins du marché économique et industriel en respectant les standards internationaux - Mobiliser les ressources propres des universités kazakhstanaises, peu sollicitées actuellement, impliquer les meilleurs enseignants-chercheurs nationaux dans la formation des étudiants Kazakhstanais - Apporter l’expertise du système d’enseignement supérieur français en matière d’ingénierie pédagogique - Assister au re-développement industriel de la France sur le territoire national et à l’étranger grâce à la formation supérieure d’ingénieurs et techniciens Kazakhstanais - Former en France les Kazakhs pour les entreprises françaises implantées au Kazakhstan qui ont obligation d’embaucher des Kazakhs - Créer des emplois en France à long terme en s’ouvrant au Kazakhstan : les entreprises françaises jouant l’exportation auront besoin à la fois de cadres locaux mais aussi français Le bon fonctionnement de ce projet est rendu possible grâce à l’investissement et le dynamisme de bon nombre de personnes de KazNU et KazNTU. Dire que le Kazakhstan s’ouvre à nous est une vision réduite, c’est moi qui me suis ouvert ; ce qui m’a permis d’entrevoir tout le potentiel, la beauté et la chaleur de ce pays. C’est la chaleur de mes amis kazakhstanais. C’est à eux que je consacre ce papier. 41 Une puissance économique en devenir © Ambassade de France Extension du Centre Le CGEn devenant de plus en plus connu et renommé, le Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international a créé en 2012, un poste de directeur technique du CGEn. Le MESR accorde une aide financière au projet. La rencontre entre les présidents des deux pays en 2012 aboutit à la signature d’un communiqué faisant mention du CGEn. Depuis 2012, nous avons commencé l’extension du centre vers d’autres thèmes : les énergies renouvelables et l’environnement, ainsi que l’ingénierie minière, la chimie et l’informatique. De nouveaux partenaires apparaissent alors : KBTU, International University of Information Technologies, Université de Taraz, KazNIIEnergy. Dans le même temps, quatre universités de Lorraine fusionnent en une seule qui donnera l’Université de Lorraine. En 2013, des tentatives de lancer des projets dans le domaine du droit international, de l’économie et de la psychologie sont initiées. En 2012, la « Stratégie 2050 » apparait – le document principal édité par le Président du Kazakhstan, dans lequel le rôle crucial des énergies renouvelables et non traditionnelles dans l’économie du pays a été souligné. L’éolien, le photovoltaïque, l’énergie gravitaire d’eau, les bio-énergies, l’énergie de l’hydrogène, ainsi que les méthodes non conventionnelles d’extraction du méthane de charbon, la gazéification in-situ du charbon, la géothermie et le stockage d’énergie S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur de France au Kazakhstan, entouré d’étudiants du Centre Géo-Énergies à Almaty. Une coopération durable avec le Kazakhstan Par Mme Janet HECKMAN, Directrice de la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) au Kazakhstan L KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE a Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) représente l’un des plus importants investisseurs au Kazakhstan, et le premier en dehors du secteur des hydrocarbures. À ce jour, la Banque a investi plus de 6,7 milliards de dollars dans plusieurs secteurs de l’économie kazakhstanaise, avec plus de la moitié de ces fonds soutenant le développement du secteur privé. La BERD est également engagée dans le dialogue politique. Nous œuvrons ainsi avec le gouvernement kazakhstanais sur une variété de thèmes allant des petites et moyennes entreprises (PME) et la législation sur les énergies renouvelables. Le Président de la BERD, Sir Suma Chakrabati, co-préside le Conseil des Investisseurs étrangers aux côtés du Président Noursoultan Nazarbaïev. En 2014, la coopération entre la BERD et le Kazakhstan a atteint un nouveau palier avec la conclusion d’un arrangement de partenariat novateur, par lequel le gouvernement kazakhstanais a associé la BERD et d’autres institutions financières internationales (IIF) en vue de dynamiser les investissements et les réformes. Le gouvernement kazakhstanais a alloué 0,5 trillion de tengués, soit 2,7 milliards de dollars, à la mise en œuvre d’investissements conjoints et de la coopération avec la BERD et les autres IIS. Cette initiative permet à la BERD d’accroître significativement ses investissements au Kazakhstan. Notre Banque a d’ores et déjà annoncé les cadres de financement pour soutenir de nouveaux projets d’infrastructures publiques relatifs à cet arrangement. L’une des priorités de la BERD dans le cadre de la nouvelle Stratégie pays pour le Kazakhstan, est de rééquilibrer le rôle de l’État de façon à accorder une plus large place au secteur privé. Le gouvernement kazakhstanais a déjà pris des initiatives dans cette perspective, améliorant ainsi les activités des entreprises privées et du capital privé 42 dans le développement économique du pays. Nous avons travaillé étroitement avec le gouvernement kazakhstanais sur la législation des nouveaux partenariats public-privé (PPP). Lorsque cette législation sera mise en place, permettant le fonctionnement de PPP, les investisseurs, parmi lesquels la BERD, pourront financer des projets d’infrastructures d’envergure nationale, tel que le périphérique d’Almaty. La BERD a d’ailleurs accueilli en décembre 2014 un séminaire consacré à ce projet majeur (auquel participe également l’IFC) dans les locaux de son siège à Londres, en décembre 2014. Nous travaillons également à intensifier notre travail dans le domaine de l’énergie durable et de l’utilisation efficace des ressources – conformément à la Stratégie d’Économie verte du Kazakhstan. Nous faisons déjà beaucoup dans ce domaine – du financement de réseaux de transport public écologiquement propre à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les entreprises du secteur privé. Nous aspirons à mettre en place des normes industrielles en développant des projets-pilotes éoliens et solaires. Nous considérons ainsi actuellement la création de deux projets de fermes éoliennes au Kazakhstan. Le développement régional est, bien entendu, la clé pour apporter la croissance à la plus large portion de la population, et également pour la diversification et l’industrialisation de l’économie. En témoigne, par exemple, notre coopération approfondie avec la région de Kyzylorda. Nous avons déjà financé des projets dans cette région, tels que de nouvelles plateformes de forages avec la société Zhanros Drilling et de bus publics énergétiquement efficaces avec l’Akimat. Nous travaillons également à plusieurs nouveaux projets à Kyzylorda, du chauffage de district à l’eau, les déperditions et la gestion des déchets solides. J’ai confiance en la capacité de ces projets à constituer le modèle de notre engagement futur dans les régions kazakhstanaises dans le cadre de notre nouveau partenariat. Un autre secteur crucial concerne les petites et moyennes entreprises (PME). Le gouvernement considère, à juste raison, que le financement des PME et l’amélioration de la compétitivité constituent une priorité. Nous avons déjà octroyé des lignes de crédit, représentant une somme globale de plus de 100 millions de dollars aux banques kazahstanaises et aux institutions de micro-finance, destinée au financement de prêts pour les PME. Ce travail se poursuit aujourd’hui. La BERD offre également aux PME un service de conseil – par le biais de sept bureaux disséminés à travers le Kazakhstan – qui leur apporte un soutien en terme de transfert de savoir-faire. Cette activité est d’ores et déjà co-financée par le gouvernement kazakhstanais. Dans le cadre de notre partenariat, nous aspirons d’ailleurs à dynamiser significativement ce type de services. Plus important, nous allons accroître les prêts de la BERD en monnaie nationale. En 2014, la Banque nationale du Kazakhstan nous a ouvert un accès au tengué équivalent à 1 milliard de dollars. Depuis que nous avons obtenu cet accès, le plus large accord que nous ayons conclu est un crédit d’un montant de 30 milliards de tengués, accordé par la BERD à la compagnie kazakhstanaise Kazakh Railways (KZT). Dans son dernier discours à la Nation, le Président Noursoultan Nazarbaïev a défini des orientations visant à accompagner les efforts du pays pour dépasser le palier de développement des pays à revenus intermédiaire avec le concours d’un groupe de IIF, incluant la BERD, désignées spécifiquement comme étant des contributeurs majeurs aux progrès des réformes dans le pays. Il existe donc un riche agenda de travail entre le gouvernement kazakhstanais, le secteur privé et la BERD. Nous restons engagés et déterminés à surmonter les défis à venir. Une puissance économique en devenir Kazakhstan face au défi de la diversification Le Par M. Gregory LECOMTE, Chef de projet et Analyste politique, Programme de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la Compétitivité en Eurasie Une puissance économique régionale et un potentiel reconnu En 2013, le PNB par habitant (parité de pouvoir d’achat) a ainsi dépassé les 14 000 dollars, grâce à un taux de croissance annuel moyen sur ces dix dernières années d’environ 6%. Gaz et pétrole constituent environ 60% des exportations du Kazakhstan et près de 40% du revenu national. Les perspectives sont prometteuses au vu des réserves actuelles et, plus encore, au regard des autres minerais possédés, telles que le cuivre, le zinc ou l’uranium. Outre des indicateurs macroéconomiques relativement solides et la présence en quantité de ressources naturelles, le Kazakhstan possède d’autres avantages compétitifs qui laissent présumer du potentiel de son économie : richesse et abondance de terres agricoles (le pays est parmi les premiers exportateurs de blé dans le monde), qualité du système éducatif primaire et secondaire (en 2011, le pays est classé premier au classement UNESCO « Éducation pour tous »), proximité géographique de vastes marchés d’exportation (Eurasie, Chine). L’impératif de la diversification et le Programme de l’OCDE pour la Compétitivité en Eurasie La diversification de l’économie n’en demeure pas moins un impératif reconnu par les autorités kazakhstanaises qui se sont lancées ces dernières années, et parmi d’autres réformes, dans un programme visant à améliorer la compétitivité de l’économie. Agroalimentaire, industrie pétrochimique ou encore télécommunications et technologies de l’information ou encore développement des PME sont ainsi parmi les priorités du gouvernement. La récente Stratégie 2050 fait ainsi mention explicite de certaines de ces priorités. Le Programme de l’OCDE pour la Compétitivité en Eurasie coopère activement avec le gouvernement du Kazakhstan sur nombre de ces sujets. En matière de développement du secteur privé en particulier. Dans l’agriculture par exemple, afin d’améliorer la productivité et remédier à la fragmentation des exploitations, le Programme conseille le gouvernement sur la promotion des coopératives agricoles. Dans le secteur pétrochimique, afin d’adapter l’offre à la demande urgente de compétences, la formation professionnelle est un sujet d’importance. Le Programme travaille également sur des sujets transversaux : politique de l’innovation, développement régional afin d’assurer une croissance équilibrée et inclusive à travers le territoire (trois régions produisent encore la majorité du PNB du pays), ou encore bonne gouvernance et efficience des institutions publiques dans leurs interactions avec le secteur privé. La diversité de ces thématiques témoigne autant du dynamisme de la coopération entre l’OCDE et le Kazakhstan que de la multiplicité des défis auxquels doit faire face le pays pour atteindre l’un de ses objectifs déclarés majeurs, à savoir une économie diversifiée et fondée sur la connaissance. L’expertise, les standards et instruments de l’OCDE peuvent contribuer à cet effort. © Ambassade du Kazakhstan V ingt-trois ans après son indépendance, le Kazakhstan s’est affirmé comme une puissance régionale grâce à son dynamisme économique porté par les investissements étrangers et les exportations d’hydrocarbures. L’impératif de la diversification économique demeure néanmoins une priorité. Le Programme de l’OCDE pour la Compétitivité en Eurasie soutient en ce sens l’effort du gouvernement kazakhstanais. Vue sur la Tour Baïterek à Astana. 43 © Présidence de la République KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE A ccompagné d’une délégation de 60 chefs d’entreprise, le Président français François Hollande a été accueilli à Astana le 5 décembre 2014 par le Président Noursoultan Nazarbaïev pour une visite officielle qui s’est tenue à peine deux mois après la dernière réunion de la Commission mixte franco-kazakhstanaise, le 17 octobre. Co-présidée par M. Bakhyt Soultanov, Ministre kazakhstanais des Finances, et M. Matthias Fekl, Secrétaire d’État français au Commerce extérieur, celle-ci avait déjà largement préparé le cadre d’un nouveau rapprochement économique entre les deux pays. Avec un stock d’investissements de 9,4 milliards de dollars fin juin 2014 (selon l’Ambassade de France au Kazakhstan), la France s’est hissée au 3ème rang des investisseurs étrangers après les Pays-Bas et les États-Unis. Mais tout comme les échanges commerciaux qui s’élèvent à près de 6 milliards d’euros, ils restent largement dominés par le secteur de l’énergie (hydrocarbures et uranium). Aussi, les deux piliers de la présence économique française au Kazakhstan demeurent, pour l’heure, le groupe pétrolier Total et le spécialiste du nucléaire Areva. Le premier est arrivé au Kazakhstan en 1992 et détient une participation de 16,8% dans le permis de Nord Caspienne qui couvre notamment le gisement géant de Kashagan, opéré par la société conjointe d’opérations, la North Caspian Operating Company (NCOC). Fort de son expérience dans les forages en eaux profondes, il est actif dans la résolution du problème technique qui entrave la mise en production de 44 Le Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev et le Président français François Hollande, le 5 décembre 2014 à Astana, lors des forums économique et universitaire kazakhstano-français. ce champ pétrolier. Total détient également 75% de deux blocs situés près de la mer d’Aral dont il est opérateur. En outre, en tant qu’opérateur de la concession détenue par OilTechnoGroup (OTG), le leader français des hydrocarbures apporte sa maîtrise opérationnelle et son savoir-faire en matière de respect de l’environnement. La compagnie Areva est, quant à elle, active au Kazakhstan depuis 1996, via la joint-venture Katco créée avec le groupe kazakhstanais KazAtomProm pour l’extraction d’uranium. Véritable fer de lance de la dimension stratégique des liens noués entre les deux pays, cette coopération devrait franchir une nouvelle étape avec le lancement de nouvelles lignes d’assemblage de combustible nucléaire d’ici 2018. Si le pétrole et l’uranium pèsent encore pour une large part dans les échanges économiques entre le Kazakhstan et la France (représentant 84% des échanges totaux et 95% des importations françaises), le secteur de l’énergie pourrait rapidemment devenir un moteur pour leur diversification. L’accent mis par les autorités kazakhstanaises sur les technologies vertes dans le sillage de la préparation de l’Exposition internationale de 2017 à Astana, a en effet généré une nouvelle filière de coopération entre les deux pays, portée pour l’heure par le partenariat entre KazAtomProm, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Urbasolar et le consortium des sociétés françaises ECM Technologies, SEMCO et CEIS pour la construction de l’usine Astana-Solar dédiée à la production de panneaux photovoltaïques. Au-delà du développement des énergies renouvelables, la diversification des moteurs de la croissance de l’économie kazakhstanaise est devenue une priorité de la nouvelle Des synergies économiques croissantes synergies économiques croissantes Des Avec plus de cent entreprises présentes dans le pays, la France s’est hissée au quatrième rang des partenaires commerciaux du Kazakhstan et au troisième rang de ses investisseurs étrangers. Encore largement dominés par le secteur de l’énergie, les liens économiques entre les deux pays tendent à se diversifier. Aérospatial, défense, transports, tourisme ou santé sont aujourd’hui les secteurs d’activité émergents d’un partenariat stratégique dont le potentiel ouvre de nombreuses perspectives d’intensification. © Ambassade du Kazakhstan politique économique du Kazakhstan, annoncée par le Président Noursoultan Nazarbaïev lors de son discours à la Nation en novembre 2014. Englobant un large éventail de secteurs d’activité, celle-ci ouvre de larges perspectives pour le renforcement de la coopération économique Le Président Noursoultan Nazarbaïev inaugurant l’usine d’assemblage de panneaux solaires d’Astana, Astana Solar, conçue en coopération avec KazAtomProm et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). kazakhstano-française, d’autant que les bases en vue d’intensifier cette dynamique existent déjà. Les investisseurs français sont ainsi présents dans le secteur de l’agroalimentaire (Danone, Lactalis, Soufflet), de la construction (Vicat), de la défense (Airbus Group, Thalès), de l’environnement et des services urbains (GDF-Suez, Degrémont), ou encore de l’aéronautique, autant de secteurs clés pour ce vaste pays enclavé dont la modernisation accélérée des infrastructures est une condition de son développement. Symbole des transferts de technologies que la France peut apporter au Kazakhstan, Airbus Helicopters s’est implanté pour la production, avec Kazakhstan Engineering, d’appareils EC 145 au sein de leur co-entreprise ECKE. Dans le secteur automobile, PSA Peugeot-Citroën a conclu un accord de partenariat industriel avec le constructeur automobile local Agromashholding, avec pour premier résultat le début de la production de véhicules Peugeot à Kostanaï. La diversification des moteurs de la croissance de l’économie kazakhstanaise est devenue une priorité. 45 46 téléphérique reliant la ville d’Almaty au sommet du célèbre site touristique de Kok Tobe. Un contrat qui peut augurer de bonnes perspectives si le Kazakhstan voyait récompensée sa candidature à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2022. Autre secteur en plein développement dans les relations économiques franco-kazakhstanaises, la santé. À l’occasion de la visite du Président François Hollande, l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer (CLCC) français, a signé un accord pour devenir le partenaire privilégié du centre de lutte contre le cancer basé à Astana. Un enjeu de taille pour le Kazakhstan qui souffre d’un déficit de maîtrise en matière de radiothérapie et en imagerie. Le transfert de compétences est d’ailleurs au cœur de cette coopération qui prévoit un large éventail d’activités, de l’administration à la formation du personnel. © Alstom Transport © Air Astana KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE De fait, pas moins de 17 accords ou protocoles d’entente entre entreprises kazakhstanaises et françaises ont été signés à l’occasion de la visite du Chef de l’État français, la première du Président François Hollande au Kazakhstan. Parmi les plus en vue, celui du groupe Alstom qui a conclu un accord pour devenir le premier actionnaire d’EKZ, la co-entreprise créée avec la compagnie ferroviaire nationale du Kazakhstan (KTZ) et qui a remporté un contrat de 1,3 milliard d’euros, sur 25 ans, pour la maintenance des locomotives électriques de fret et de voyageurs au Kazakhstan. Un contrat on ne peut plus stratégique, le réseau ferroviaire kazakhstanais étant le troisième plus grand réseau au monde, avec près de 20 000 km de voies ferrées, utilisant un écartement de voie de 1 520 mm. Ce, d’autant plus qu’il lui ouvre les portes des autres marchés de la région, à l’instar du contrat obtenu par EKZ auprès d’Azerbaijan Railways pour la réalisation de 50 nouvelles locomotives électriques, début 2014. Signe de l’importance de ce partenariat dans le transport ferroviaire, le Président Noursoultan Nazarbaïev avait inauguré, le 4 décembre 2012, une usine de fabrication de locomotives électriques du groupe Alstom à Astana, en présence notamment du Président-Directeur général du groupe français, M. Patrick Kron. Le Kazakhstan ne s’intéresse pas seulement aux grands groupes français. Les petites et moyennes entreprises (PME) y ont également toute leur place. Pour preuve, c’est la société bourguignonne Cleia qui a été choisie par l’entreprise kazakhstanaise Absolut Keramik pour construire, à Koustanaï au nord-ouest d’Astana, la briqueterie la plus moderne du pays. D’un montant de 17,5 millions d’euros, ce contrat devrait permettre la production de 40 millions de briques au format russe. Il implique un fort apport technologique, puisque ces blocs isolants en terre cuite permettront de réaliser des économies d’énergie grâce à leurs qualités d’isolant thermique naturel, tout en diminuant les coûts de construction d’habitation par leur grande taille. Pour sa part, la société Poma, spécialiste français du transport par câble, a été choisie pour remplacer l’actuel Un Airbus A320 aux couleurs de la compagnie nationale kazakhstanaise Air Astana qui débutera ses vols directs entre Astana et Paris le 29 mars 2015. Les premières locomotives électriques pour le transport de fret de la série KZ8A ont été livrées par le groupe Alstom en décembre 2012, initiant une coopération industrielle d’envergure kazakhstano-française dans le secteur du transport ferroviaire. Des synergies économiques croissantes Astana et Paris : une amitié basée sur un dialogue constructif et bienveillant Par M. Adilbek JAXYBEKOV, Maire d’Astana L a France est l’un des principaux partenaires du Kazakhstan sur tout le spectre des relations bilatérales. Le développement dynamique de notre coopération est basé sur un dialogue constructif et bienveillant au niveau des Chefs d’État. Les principales orientations de notre coopération économique se concentrent dans les secteurs des hydrocarbures, minier, aérospatial, nucléaire, des transports et des machines-outils, de la finance et de l’agriculture. Plus de 100 entreprises ayant une participation de capitaux français sont enregistrées au Kazakhstan. Depuis 1994, les investissements directs français cumulés dans l’économie kazakhstanaise s’élèvent à 10 milliards de dollars. L’une des plus grandes entreprises d’Astana, la capitale du Kazakhstan, est la joint-venture dédiée à l’assemblage des hélicoptères Eurocopter (Kazakhstan-France-Allemagne), aujourd’hui Airbus Helicopters qui est située dans la zone économique libre « Astana – ville nouvelle ». La société Iveco est également devenue un partenaire important d’Astana qui s’apprête à utiliser ses autobus pour la modernisation de son réseau de transports publics. Nous avons, en effet, signé des accords pour le développement des systèmes « BRT » (Bus Rapid Tranzit) et « City Bus ». Pour le développement du système BRT, nous avons prévu l’achat de 27 bus. La livraison de ces bus sera effectuée en 2016 par le distributeur officiel d’Iveco, la compagnie AllurAutoAstana. Dans le cadre du projet City Bus, un accord a été signé entre la société kazakhstanaise Astana LRT et la compagnie Iveco d’un montant de 107 millions d’euros qui correspond à la livraison de 358 bus. Le financement de ce contrat a été effectué par le biais d’une ligne de crédit accordée par la Commerzbank AG. Les 80 premiers bus ont d’ores et déjà été livrés à la capitale Astana. Les véhicules de cette nouvelle flotte ont été mis en service dans la ville depuis la fin 2014. Il est prévu d’en finaliser les livraisons dans la première moitié de l’année 2015. Par ailleurs, nous avons instauré avec la France une coopération dans le secteur de la santé qui constitue l’une des principales orientations de nos actions communes. En février 2014, la ville d’Astana et l’Institut Gustave Roussy (IGR) ont d’ailleurs signé un mémorandum de partenariat stratégique et de coopération. Dans ce cadre, un Concept de partenariat stratégique a été élaboré et mis en œuvre avec succès entre le Centre oncologique d’Astana et l’IGR pour les années 2014-2016. Dans le cadre de ces accords, nous favorisons des échanges d’expérience entre spécialistes kazakhstanais et français, ainsi qu’une concertation en vue de l’application des normes et des méthodes les plus modernes de la France dans le domaine du diagnostic et du traitement des maladies oncologiques. À l’avenir, la coopération avec l’IGR en ce qui concerne le perfectionnement du Centre oncologique d’Astana permettra de créer un établissement moderne. La culture représente un autre volet de notre coopération avec la France. Elle continue d’avancer à grands pas. Les années 2013-2014 ont été marquées par les Saisons croisées du Kazakhstan et de la France. Nous gardons en souvenir des impressions inoubliables laissé par l’Orchestre national de Lille et du spectacle d’Angelin Preljocaj, « Les nuits ». L’artiste française Patricia Kaas a également rencontré un large succès lorsqu’elle s’est produite en concert en novembre 2013, tout comme l’exposition sur la vie de Napoléon qui a suscité un fort enthousiasme auprès du public kazakhstanais. Je suis convaincu que la Saison du Kazakhstan a également attiré l’attention du public français. Début novembre 2014, nous avons, pour notre part, organisé les Journées d’Astana à Paris dans le cadre de ces Saisons croisées. Le programme des événements a été très chargé et a offert une opportunité unique aux Français de découvrir l’originalité de la culture kazakhe et d’apprécier son artisanat. En 2013, lors de la célébration du 15ème anniversaire de notre capitale, nous avons accueilli une délégation de la ville de Nice, dirigée par son Maire adjoint, M. Benoit Kandel. Lors de cette visite, nos villes ont signé un Acte d’amitié, dans le cadre duquel nous avons prévu une série de manifestations, y compris l’organisation des Journées culturelles d’Astana et l’ouverture d’une représentation d’affaires d’Astana à Nice. L’un des événements marquants de l’histoire de nos relations bilatérales a été la visite du Président François Hollande au Kazakhstan. Je suis convaincu que la rencontre au sommet de l’État organisée à cette occasion, donnera une forte impulsion au renforcement de notre coopération. Peu après cette visite, nous avons inauguré un monument à l’effigie du premier Président de la Vème République, le général Charles de Gaulle. Ce monument se trouve dans le « Quartier français » dans la rue qui porte son nom. Astana et Paris seront toujours liés par des relations amicales, dans le sillage du renforcement de la coopération kazakhstano-française dans les domaines politique, économique et culturel. 47 entreprises françaises de plus en plus intéressées par le marché kazakhstanais Des Entretien avec M. Yves-Louis DARRICARRÈRE, Président de Total Upstream*, Kazakhstan-France Partenariat Stratégique: Pourriez-vous évoquer les récents travaux du Conseil des affaires franco-kazakhstanais pour favoriser la coopération économique entre les deux pays ? KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE M. Yves-Louis Darricarrère : Le Conseil des affaires franco-kazakhstanais, dont j’assure la co-présidence avec M. Aidan Karibjanov, Président de Visor Holding, est né en 2008 d’une initiative des Présidents français et kazakhstanais, M. Nicolas Sarkozy et M. Noursoultan Nazarbaïev, et a fusionné avec le Comité FranceKazakhstan de MEDEF International. L’action du Conseil vise à faciliter la réalisation de projets et à favoriser la mutualisation d’expériences entre entreprises françaises et kazakhstanaises. Il contribue ainsi à renforcer et à développer les relations économiques et les partenariats industriels entre les deux pays. La dernière session du Conseil s’est tenue à Astana en février 2014 : à cette occasion, j’ai conduit une délégation de 46 chefs d’entreprises françaises issues des secteurs de l’énergie et de l’environnement, des transports et des infrastructures, des télécommunications, de la banque, de la défense et de la santé. Ils ont pu s’entretenir avec les membres du gouvernement du Kazakhstan pour mieux comprendre les attentes du gouvernement et, ainsi, mieux y répondre. En 2014, la partie française du Conseil a reçu la visite officielle de M. Asset Issekeshev, alors Vice-Premier Ministre et, tout récemment, du Premier Ministre kazakhstanais Karim Massimov pour une réunion préparatoire à la visite présidentielle française qui a eu lieu en décembre 2014 au Kazakhstan. La densité de nos activités nous permet de mesurer l’intérêt croissant des entreprises françaises pour le Kazakhstan pour le marché qu’il représente, pour le potentiel économique qu’il offre et pour les projets qui sont lancés par les autorités de ce pays. Parallèlement, la « task force » que j’ai créée en 2011 s’est rendue au Kazakhstan à sept reprises. Financée par Total, cette petite équipe effectue des missions de travail pour étudier les pistes d’amélioration des activités du Conseil et mieux appréhender les attentes des autorités et partenaires kazakhstanais. Le Conseil œuvre également au développement des relations francokazakhstanaises en formulant des propositions concrètes aux gouvernements. À l’occasion de la XIème réunion de la Commission mixte, qui s’est tenue le 17 octobre 2014 à Astana, le Conseil a mis en avant des propositions susceptibles de contribuer à l’amélioration de l’environnement dans lequel les entreprises françaises et kazakhstanaises développent leurs projets et partenariats, notamment en matière de ressources humaines, de marchés publics, et concernant les conséquences de l’Union douanière et les contraintes réglementaires. Ces domaines d’action sont essentiels pour les projets en cours de réalisation aujourd’hui et pour les entreprises qui viendront au Kazakhstan demain. En effet, l’attrait du pays auprès des entreprises françaises ne se limite plus aux grands groupes, et les entreprises de taille intermédiaire, les PME (petites et moyennes entreprises) internationalisées, comptent parmi les entreprises toujours plus nombreuses à prendre part aux actions du Conseil. K-F.P.S. : En votre qualité de représentant du groupe Total au sein du Foreign Investment Council (FIC), pourriez-vous évoquer quelques-unes des initiatives menées par Total au Kazakhstan ? Y.L.D. : Le groupe Total veille en permanence à renforcer son engagement * Total Upstream regroupe les branches Exploration-Production et Gas & Power 48 en tant qu’entreprise socialement responsable dans tous les pays où elle est présente. Au Kazakhstan, un de nos projets, qui est une réussite, est significatif de cet engagement : la création de l’Institut de Soudure du Kazakhstan (Kazakhstan Welding Institute). À l’initiative de Total, le Kazakhstan est devenu, en 2011, le 55ème membre de l’Institut International de la Soudure (International Institute of Welding) et a créé une association de soudure indépendante, KazWeld, qui est devenue, à son tour, le 18 novembre 2014, membre observateur de la Fédération européenne de Soudure. Aujourd’hui, un cycle complet de formation de soudeurs qualifiés selon les normes internationales a été mis en place au Kazakhstan. Plus de 700 spécialistes locaux ont été formés et ont reçu des diplômes internationaux de différentes catégories de soudeurs - praticiens, spécialistes et ingénieurs de haut niveau. Neuf centres de formation régionaux ont été certifiés pour être pleinement conformes aux normes internationales. En association avec l’Institut français de Soudure, un programme de Master a également été mis en place en 2013 en partenariat avec l’Université technique d’État de Karaganda. Par ailleurs, afin de soutenir la stratégie de développement du Kazakhstan dans les énergies renouvelables, Total a proposé d’aider au développement de projets solaires par l’intermédiaire de sa filiale, SunPower, aujourd’hui un des leaders mondiaux du solaire. La technologie C7 de SunPower sera testée dans les locaux de l’Université Nazarbaïev à Astana au cours des deux prochaines années. La réussite de ce projet pourrait conduire à l’installation d’un projet à plus grande échelle, une centrale solaire de production d’électricité. Des synergies économiques croissantes Airbus Group : « une coopération globale et multiple avec la République du Kazakhstan » Entretien avec M. Silvère DELAUNAY, Directeur d’Airbus Group au Kazakhstan Kazakhstan-France Partenariat Stratégique : En quelques années, Airbus Group est devenu un partenaire étroit du Kazakhstan dans le secteur aéronautique. Comment définiriez-vous sa stratégie dans ce pays ? techniciens d’hélicoptères, impliquant l’École militaire d’Aktobe et la société nationale française DCI, démontre l’implication permanente du groupe et sa capacité d’initiative au Kazakhstan. M. Silvère Delaunay : La stratégie d’Airbus Group au Kazakhstan vise à répondre à celle définie par le gouvernement kazakhstanais de développement des activités non extractives avec la mise en place d’un contenu local et de transferts de savoir-faire / technologies, quand cela est, bien entendu, économiquement viable et technologiquement possible, l’industrialisation étant synonyme de volume et de visibilité, requérant constance et anticipation, donc des engagements à long terme signés avec anticipation. Ainsi, Airbus Group est, à la fois, un partenaire stratégique qui a établi une coopération locale à long terme, et un fournisseur d’équipements / systèmes prenant en compte les besoins d’autonomie du Kazakhstan, notamment en terme de maintenance, ce qui est fondamental pour la souveraineté de notre pays. Mais Airbus Group est également un client clé du Kazakhstan, achetant sur le long terme des quantités très significatives de titane, permettant à UKTMP (Ust-Kamenogorst Titanium Magnesium Plant) de développer des produits de valeur ajoutée croissante*. Airbus Group a donc développé une coopération globale et multiple avec la République du Kazakhstan, et demeure actif pour en accroître le périmètre. Le récent projet de création d’une académie de formation ab initio pour pilotes et K-F.P.S. : Pourriez-vous nous rappeler les débuts de la coopération entre Airbus Group et le Kazakhstan ? S.D. : Tout d’abord Airbus a fourni des A320/321 à la compagnie aérienne nationale Air Astana et désire logiquement continuer à prendre part à la croissance de la flotte de cette compagnie aérienne. Airbus Group peut également répondre aux besoins de la nouvelle compagnie domestique, Air Kazakhstan, grâce à son offre de turbo-propulseurs ATR. La première coopération stratégique fut établie dans le domaine spatial, Astrium (désormais intégré au sein d’Airbus Defence and Space) ayant été sélectionné comme partenaire de Kazakhstan Garish Sapary (KGS), filiale de l’Agence spatiale KazCosmos. Airbus Defence & Space a ainsi lancé avec succès deux satellites d’observation de la terre (haute et moyenne résolution), et fourni les stations sol associées, projet appelé localement « DZZ », permettant au Kazakhstan de disposer de capacités sans précédent, pour des applications cadastrales, agricoles, environnementales mais également en terme de renseignements et de sécurité. Ces deux satellites sont actuellement en orbite et en phase de recette. Le satellite de haute résolution, en particulier, va être livré sous peu et fournit des images d’une qualité exceptionnelle. En outre, Airbus Defence and Space participe également à la mise en place d’un centre d’Assemblage, Intégration et Test de Satellite (nommé localement « SBIK ») actuellement en construction à Astana, agissant en Assistance à Maitrise d’Ouvrage mais également en tant que fournisseur d’équipements complexes. La construction de ce centre est sous la responsabilité de KGS puisqu’il s’agit d’un actif possédé en propre à 100% par notre partenaire : le centre d’Assemblage Intégration et Test sera loué à la joint venture (JV) Ghalam (détenue par Astrium à 27,5%, et KGS avec la République du Kazakhstan à 72,5%) et opéré par cette dernière. La JV commune sera ainsi le fournisseur/acteur privilégié des programmes satellitaires du Kazakhstan (communication, radar, satellite scientifique,…) permettant le développement d’une industrie spatiale kazakhstanaise : volume, constance et pérennité de charge sont la clé d’un succès long terme. La JV est en particulier la mieux placée pour prendre en charge le futur programme de télécommunication du Kazakhstan, Kazsat-4. Nous y travaillons avec nos collègues de Ghalam. K-F.P.S. : Airbus Group est également présent dans le domaine des hélicoptères ? S.D. : Effectivement, le second projet industriel stratégique d’Airbus Group implique sa filiale Airbus Helicopters via une JV locale, Eurocopter Kazakhstan Engineering (ECKE), pour l’assemblage, la customisation, la maintenance et la formation de type d’un bimoteur léger polyvalent, référence de sa catégorie, l’EC145. La JV ECKE fut créée en 2011 et son * Une coopération impliquant également le groupe français Aubert & Duval au sein de la JV franco-kazakhstanaise UKAD. 49 © Airbus Defence and Space Fleuron de l’industrie européenne de défense, l’avion de transport militaire européen, l’A400M a été exposé pour la première fois au Kazakhstan, lors de l’édition 2014 du salon de l’armement KADEX en mai 2014. KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE usine implantée proche de l’aéroport d’Astana : la capacité d’assemblage est de 8 à 12 hélicoptères par an, et les installations sont dimensionnées pour pouvoir maintenir une flotte de 90 machines. L’usine de la JV ECKE a été inaugurée par le Président Noursoultan Nazarbaïev le 29 juin 2012. À noter que la JV ECKE a été certifiée en 2014 par l’aviation civile kazakhstanaise comme centre de maintenance et de formation : ces activités de services sont fondamentales pour assurer un transfert efficace de savoir-faire et contribuent très significativement au développement du contenu local. En plus du modèle EC 145, Airbus Helicopters est prêt à développer la gamme proposée par sa JV ECKE, notamment pour répondre aux besoins des forces (Ministère de la Défense, …) ou des opérateurs Oil & Gas. Le succès global de ce projet et sa pérennité dépendent étroitement d’une charge industrielle homogène et constante, permettant une programmation efficace de l’activité tout au long de l’année, donc de contrats multi-annuels signés avec anticipation et respectant les délais de production. En outre, l’aspect formation est crucial, pas uniquement au niveau de la JV mais également chez les utilisateurs. Ainsi, après trois ans d’activité et donc d’expérience, Airbus Helicopters et sa JV ont décidé de proposer d’aller 50 encore plus loin en supportant l’ensemble de l’écosystème hélicoptères : la première étape étant de répondre au manque de pilotes et techniciens par la création d’une académie ab initio, comme brièvement citée précédemment. C’est un projet réellement novateur et créateur de valeur, le Kazakhstan pourra ainsi disposer d’un centre de compétence rayonnant régionalement. K-F.P.S. : Outre les aspects évidents de performances et de sécurité, de quels autres atouts dispose Airbus Group ? S.D. : La compétitivité de nos produits ! Prenons le cas d’Airbus Military (désormais une des composantes d’Airbus Defence and Space) qui fournit au Ministère de la Défense des avions de transport tactiques C295. En comparaison des appareils utilisés jusqu’alors, disons que sur 20 à 30 ans, le coût d’achat et d’opération (y compris maintenance) de nos appareils est inférieur aux seuls coûts d’opération et de maintenance des plateformes dites « soviétiques » ! Et je ne parle pas de leur disponibilité ... Or, le Kazakhstan décide désormais en investisseur avisé, et désire faire le meilleur choix d’investissement à long terme. Nous avons alors la réponse adaptée. Nous avons fait participer, en mai 2014, un A400M lors du Salon militaire d’Astana, le KADEX. La réflexion précédente vaut pleinement pour cet appareil qui a reçu un excellent accueil, et qui n’a pas d’équivalent en termes de capacités tactiques et stratégiques. K-F.P.S. : Quelles opportunités la visite du Président François Hollande à Astana les 6 et 7 décembre 2014 a-t-elle ouverte pour Airbus Group ? S.D. : Nous sommes l’un des principaux partenaires stratégiques du Kazakhstan dans le secteur non extractif, représentant en outre des activités de hautes technologies. Nous avons deux JV locales dont nous souhaitons évidemment développer l’activité et assurer la pérennité à long terme. En outre, nous sommes proactifs et nous proposons de nouveaux projets. Le gouvernement du Kazakhstan a défini une politique étrangère dite multi-vectorielle dont la composante européenne est cruciale, et apprécie de pouvoir, grâce à Airbus Group, donner un contenu économique et industriel à différentes relations bilatérales avec les principaux acteurs européens, dont bien sûr la France, tout en bénéficiant d’offres diversifiées de plateformes et de solutions pour lesquelles Airbus Group est reconnu comme leader dans chacun de ses domaines d’activité. Des synergies économiques croissantes Comment ECKE s’intègre naturellement dans la vision stratégique du Président Nazarbaïev pour 2050 Par M. Tristan SERRETTA, Directeur général d’Eurocopter Kazakhstan Engineering (ECKE) ECKE, contributeur au développement d’une économie de la connaissance et de l’avenir En octobre 2010, la France et le Kazakhstan expriment leur soutien mutuel au développement de la filière hélicoptère au Kazakh-stan en établissant un partenariat de coopération industriel, technologique et commercial entre la compagnie Kazakhstan Engineering (KE) et l’entreprise Airbus Helicopters (AH). Eurocopter-Kazakhstan Engineering (ECKE), coentreprise locale en charge de l’assemblage, de la customisation, et de la maintenance des 45 hélicoptères EC145 commandés, est inaugurée en 2012. Elle assure également au sein de ses locaux la formation spécialisée des techniciens et pilotes intervenant sur ce bimoteur léger et multi-missions, ainsi que la distribution de cette plateforme dans toute la zone Asie centrale. Le transfert de technologies et de compétences qui en découle amène ECKE à devenir un des instruments de structuration de la nouvelle industrie aéronautique au Kazakhstan. Dès les premiers mois de son existence, les résultats sont positifs : une cinquantaine de nouveaux postes est créée, dont 90% occupés par des citoyens kazakhstanais, et plus d’une centaine d’entreprises locales a également été sollicitée pour fournir divers produits et services à la joint-venture. D’autre part, la majorité du personnel employé a reçu une formation en Europe ou au Kazakhstan équivalente à celle dispensée à leurs homologues français et allemands, le but étant de perfectionner leur connaissance du partenaire européen et de ses produits. Grâce à cette main-d’œuvre nombreuse et qualifiée, l’usine a successivement pu être certifiée par les autorités kazakhstanaises et par Airbus Helicopters pour ses activités de services. Elle est autonome depuis l’été 2014, pour l’assemblage et le support des flottes distribuées, ainsi que pour la formation des professionnels à l’EC145. Ces objectifs de court terme étant remplis, ECKE s’est aussi engagée sur la voie de l’export, marché indispensable pour assurer la pérennité et l’élargissement © Airbus Helicopters P our les connaisseurs de la zone et les experts du changement, la mise en place de la joint-venture Eurocopter Kazakhstan Engineering (ECKE) fait parfaitement écho aux deux stratégies de développement national annoncées par le Président de la République du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. La première, « Kazakhstan-2030 », datée de 1997, pose avec succès les bases d’un État moderne et stable, capable d’attirer de nombreux investissements étrangers. La seconde, « Kazakhstan-2050 », présentée en 2012, établit de nouvelles orientations politiques dans le but de préparer le Kazakhstan à faire face aux défis de ce siècle. Son objectif est alors d’atteindre, d’ici 2050, le niveau des 30 pays les plus développés du monde, en prenant pour base un État fort, une croissance intelligente et une ouverture à l’international. L’inauguration de la co-entreprise ECKE la même année, par le Président Nazarbaïev lui-même, matérialise cette vision d’avenir. L’usine d’assemblage d’hélicoptères EC145, Eurocopter-Kazakhstan Engineering (ECKE), inaugurée en 2012. 51 © Airbus Helicopters KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE de son activité au Kazakhstan. Un audit de l’usine a d’ailleurs eu lieu à la fin du mois de novembre 2014 par les autorités de l’aviation civile mongole ; de nombreux autres contacts sont actuellement en cours. La certification progressive de quelques-uns de ces pays permettra à la coentreprise de devenir un centre d’excellence régional pour la distribution et les services liés aux appareils EC145, faisant par là même du Kazakhstan un nouveau pôle d’attractivité et d’expertise dans le domaine de l’aéronautique en Asie centrale. ECKE : priorité à l’éducation et à la formation ! L’aéronautique moderne, c’est l’avant-garde technologique. Les progrès réalisés dans ce domaine ont fait émerger plusieurs grandes Nations de ce siècle. Mais pour développer et entretenir cet acquis, il a avant tout fallu mettre en place un système d’éducation et de formation moderne et efficace. Seuls des esprits bien formés au sein d’instituts matures peuvent maîtriser des technologies aussi complexes que les avions, les hélicoptères, et les systèmes embarqués. La sécurité des vols étant un paramètre décisif, l’à peu près et la médiocrité n’ont pas leur place. C’est conscient de l’intérêt de tels enjeux que le Président Nazarbaïev soutient dès 2010 le 52 Autonome depuis l’été 2014 pour l’assemblage et le support des flottes distribuées, ainsi que pour la formation des professionnels à l’EC145, l’usine EurocopterKazakhstan Engineering (ECKE) se tourne désormais vers l’export. partenariat stratégique que représente l’alliance d’Airbus Helicopters, premier constructeur d’hélicoptères civils au monde, avec la compagnie Kazakhstan Engineering, porte d’entrée incontournable des industries de défense étrangères au Kazakhstan. Afin d’honorer au mieux cette tâche d’éveil au monde aéronautique, ECKE, liant de ces deux groupes, fait le choix du pragmatisme et investit premièrement dans ses ressources humaines et matérielles. À cet effet, l’entreprise n’hésite pas à envoyer ses employés en Europe ou à les qualifier sur place par l’accueil d’experts certifiés d’Airbus Helicopters. Elle prend également en charge 12 stages Green Belt – diplôme reconnu à l’international – pour ses plus hauts potentiels, et dispense pratiquement chaque jour des cours d’anglais à son personnel non-anglophone. En plus de cela, la joint-venture se dote en local d’un simulateur de vol dernière génération, le seul de ce type en Asie centrale, ainsi que d’un simulateur de maintenance complet. Pour finir, elle subventionne deux missions de formation par an, à Almaty, en collaboration avec la Gendarmerie nationale française, afin de favoriser le partage d’expérience entre les équipes navigantes du Comité des situations d’urgences et l’une des meilleures unités d’intervention d’Europe. Mais l’intégralité de cette éducation et formation aéronautique ne peut être assumée par ECKE, la charge étant trop importante et les besoins trop nombreux. Pour preuve, en 2014, 30 pilotes sont déjà manquants pour opérer les EC145 disponibles au Kazakhstan, et d’ici à 2020, les besoins totaux s’élèveront à plus de 200 pilotes et plus de 200 techniciens, toutes plateformes confondues. En cause, la carence de structures nationales capables d’éduquer et de former, dès maintenant, les pilotes et les techniciens de demain. Sans cette ressource, l’efficacité des missions héliportées de services publics du Kazakhstan, de même que la crédibilité du projet ECKE sont directement menacées. Pour aider le pays à surmonter cette insuffisance, la coentreprise a donc fourni au gouvernement kazakh un projet complet de formation aéronautique sur plateformes modernes. Ce dernier prend la forme d’une véritable académie d’hélicoptères de haut niveau, basée à Aktobe, au sein du Ministère de la Défense, et résulterait de la collaboration entre le Kazakhstan, ECKE, la filiale allemande Airbus Kassel et le groupe français Défense Conseil International (DCI). Le but étant de rendre autonome le Kazakhstan dans le domaine de la formation ab-initio sous un délai de trois ans. ECKE, pour un Kazakhstan fort Sous l’impulsion de son président, le Kazakhstan planifie aujourd’hui la modernisation de son outil de défense. Mais une évolution des doctrines et des concepts d’opération doit aussi se faire en parallèle des actuelles acquisitions technologiques du pays. En effet, pour être fort, il ne suffit pas seulement d’avoir, il faut aussi savoir et convaincre. ECKE procure ce savoir. L’importation de ses équipements et méthodologies de pointe font de la coentreprise un « vecteur productif » de recherches et d’expérimentations innovantes, hautement bénéfique pour le Kazakhstan. En effet, grâce à la motivation d’équipes jeunes et bien formées, évoluant dans un secteur novateur et exigeant, la créativité et la quasi-perfection sont de rigueur. Cols bleus ou cols blancs, chacun doit donner le meilleur de sa personne et devenir une authentique « source d’originalité », en dehors de tout jugement, afin de faire progresser un collectif, et au-delà de cela, un pays. La mise en place d’un vrai bureau d’études, composé d’ingénieurs kazakhstanais, pour- rait être une nouvelle étape de ce perfectionnement. Le pays en deviendrait alors plus chevronné car capable d’intégrer des technologies provenant du monde entier. ECKE fournit également un savoir-opérer. L’entreprise représente de manière très concrète un « espace d’observation multinational », où évoluent un Kazakhstan décidé à se moderniser et des pays-partenaires disposés à partager le fruit de leur pratique passée et récente. L’engagement d’hélicoptères Airbus sur de nombreux théâtres d’opérations, le succès mondial des avions du même grand groupe ou encore l’expérience opérationnelle de la France en matière de missions aériennes à hauts risques sont des exemples d’expériences qui peuvent naturellement être abordés au sein de la joint-venture ECKE. Le partage de telles connaissances permettrait dans un premier temps au Kazakhstan d’accélérer la maturation de ses unités de défense et de sécurité ainsi que celles de ses concepts et doctrines d’emploi, mais aussi, dans un second temps, de s’assurer un environnement extérieur beaucoup plus favorable. Mais tout ceci ne vaut que si des coopérations rationnelles et efficaces sont tissées. En cela, ECKE met à disposition du peuple kazakh un véritable « pont » vers l’Europe, et plus largement vers l’international car, en plus de représenter une part du groupe Airbus, dont la diversité et l’ingéniosité des produits et des hommes sont des faits reconnus, Eurocopter-Kazakhstan Engineering est aussi une filiale d’Airbus Helicopters, entreprise fondée par l’alliance de trois pays européens clés que sont la France, l’Allemagne et l’Espagne. Par le dynamisme de leur diplomatie locale à soutenir le projet auprès du gouvernement kazakh, celuici a largement dépassé la simple collaboration industrielle. Il matérialise en réalité un forum d’interaction et de confiance entre l’Est et l’Ouest, grâce auquel la place du Kazakhstan prend une autre dimension sur la scène internationale, celle de partenaire égal. Soutenir le développement de la filière hélicoptère au Kazakhstan était probablement, à très court terme, une action audacieuse. Mais les succès obtenus par Eurocopter Kazakhstan Engineering depuis sa création nous font comprendre la logique cachée d’une telle stratégie. ECKE est un modèle positif de l’adaptation rationnelle de l’économie kazakhstanaise à la logique du marché mondial. Cette compagnie épouse une vision présidentielle qui répond avec lucidité aux nouveaux défis mondiaux. 53 Des synergies économiques croissantes © Airbus Helicopters L’un des EC145 commandés par le Ministère kazakhstanais des situations d’Urgence, en vol dans la région d’Almaty. sentiment d’appartenir à la terre kazakhe Un Par Mme Claudie HAIGNERÉ, Ancienne Ministre, Présidente du Palais de la Découverte et de la Cité des Sciences et de l’Industrie © ESA/CNES KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE L e Kazakhstan a été pendant longtemps une « Terra Incognitae » aux yeux des Français et même au reste du monde. Pour la cosmonaute que je suis, ce pays, qui a vu partir Youri Gagarine, représente surtout le point de départ du rêve le plus fou de l’Homme : rejoindre l’espace. Je n’ai pas eu l’occasion de vivre cet exploit en direct en raison de mon très jeune âge mais plus tard, lorsque je décidais de postuler à une candidature de cosmonaute, il est évident que cette toute petite partie du Kazakhstan éveilla alors en moi une curiosité mêlée à un sentiment de fascination. J’ai finalement eu l’incroyable chance de m’y rendre moi-même, pour la première fois, en 1992, en tant que cosmonaute doublure. C’était dans cette zone aride, 54 désertique, de ce pays immense : le célèbre cosmodrome de Baïkonour. J’y suis ensuite retournée à de multiples reprises. Je dois reconnaître que mes différents séjours dans cette zone extrêmement reculée, désertique, empreinte de mystère, ont sans nul doute été parmi les plus inoubliables de mon aventure spatiale. De la préparation au vol jusqu’au jour du départ, c’est près d’un mois qui s’écoula, un mois de préparation mentale et physique durant lequel nous nous glissions véritablement dans notre peau de cosmonaute. Je ne trahirais pas de secret si je disais qu’avant chaque lancement, de nombreux rituels devaient être respectés. Je n’ai bien évidemment pas dérogé à cette règle dictée par deux ambitions : ne jamais oublier de célébrer l’homme qui part pour cette aventure, pour cet ailleurs dont on est jamais sûr à 100% qu’il reviendra, et entretenir la mémoire de l’épopée spatiale. Parmi les rituels qui m’ont marqués, je citerais pour exemple ce moment, quelques jours avant le tir, lorsque nous nous sommes retrouvés tous dans l’allée du polygone de Baïkonour, tout près du fleuve Syr Daria, pour planter un arbre à L’ a s t r o n a u t e C l a u d i e H a i g n e r é entourée du Commandant de mission Viktor Afanassiev (en haut), et de l’Ingénieur de vol Konstantin Korzeev (en bas) dans le complexe de lancement n°1 à Baïkonour, au Kazakhstan, le 21 octobre 2001. Mme Claudie Haigneré avait été intégrée à l’équipage du Soyouz TM-33, dans le cadre de la mission « Andromède » ayant pour objectif la Station spatiale internationale (ISS). notre nom, tradition qui date du temps de Youri Gagarine. J’en ai été pour ma part à la fois honorée et émue : honorée de laisser une trace sur cette légendaire terre et bien évidemment émue de laisser ainsi mon empreinte aux côtés des plus célèbres cosmonautes. C’est devant cette allée d’arbres que se trouve l’hôtel dans lequel tous les membres de l’équipage séjournent depuis leur arrivée, hôtel que nous quittions en signant notre porte de chambre, avant d’être accompagnés de cette même musique, une chanson dont les paroles évoquent des cosmonautes « qui rêvent la nuit non pas du bruit du cosmodrome, mais de l’herbe verte au seuil de leur maison ». Autre moment inoubliable et pas des moindres : la visite de la petite maison où Youri Gagarine a séjourné avant de s’envoler pour l’espace, comme celle de Serguei Korolev, cet ingénieur soviétique, fondateur du programme spatial de l’URSS, toutes deux transformées en musées. Le visionnage, la veille du vol, de ce vieux film d’aventure « Le Soleil Blanc du Désert », regardé par Gagarine avant son départ, a constitué un autre temps fort de cette aventure avec l’ensemble de l’équipage. Ces passages obligés avant d’aller vers les étoiles ont participé à nous inscrire dans l’aventure spatiale, à rythmer son histoire et nous faire pleinement sentir cosmonaute. Ce décor et cette ambiance mythiques se sont prolongés le jour de notre atterrissage au retour, avec la traversée des sites d’atterrissage dans les steppes de Djezkazgan ou Arkalyk et l’arrivée © Thales Alenia Space L Des synergies économiques croissantes La France, partenaire de l’industrie spatiale kazakhstanaise Basée à Cannes, la société française Thales Alenia Space a remporté en 2011 un contrat pour la fourniture de la charge utile du satellite de télécommunications KazSat3. ancés avec succès le 30 avril et le 19 juin 2014, les satellites KazEOsat 1 et KazEOsat 2 ont doté le Kazakhstan des dernières technologies développées par le groupe Airbus Defence and Space en matière d’observation de la Terre. Tous deux ont été conçus respectivement par le groupe européen basé à Toulouse et sa filiale britannique Surrey Satellite Technology Ltd (SSTL). Ils constituent des composants essentiels du Programme spatial kazakhstanais qui prévoit également la mise en place d’un centre d’assemblage, d’intégration et de test de satellites (AIT). Très ambitieux, les objectifs du Kazakhstan en matière aérospatiale visent en effet à se doter des moyens de construire ses propres satellites. Pour ce faire, l’Agence spatiale kazakhstanaise, KazCosmos, a sélectionné Airbus Defence and Space comme partenaire privilégié, avec la signature, par l’intermédiaire de la société d’État JSC-Kazakhstan Gharysh Sapary, d’un contrat le 6 octobre 2014 prévoyant la fourniture de ces deux satellites et la construction du centre AIT. Ce contrat avait été scellé dans le cadre de l’accord dans le domaine de « l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques » conclu le même jour et qui est entré en vigueur en décembre 2012, avec sa ratification par le Président français. © ESA de nombreux enfants et villageois qui nous accueillirent, aux côtés du Président kazakhstanais Noursoultan Nazarbaïev, en nous offrant notamment des habits traditionnels du pays. Loin d’être anecdotiques, tous ces moments, avant et après le vol, nous ont fait comprendre que nous étions désormais liés à la terre kazakhe, que nous faisions partie de son histoire, de son patrimoine. C’est pourquoi je ne peux que me réjouir de l’accroissement des relations entre la France et le Kazakhstan, notamment dans le domaine spatial. L’accord signé entre nos deux pays en 2012 « dans le domaine de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques » est en ce sens un pas important. La France, puissance spatiale majeure, avait naturellement vocation à être un partenaire des Kazakhstanais dans ce domaine. Les activités qui découlent de cette coopération, notamment les applications dites aval, permettront au Kazakhstan de valoriser ses capacités spatiales déjà acquises ainsi que celles qu’il compte développer avec une assistance française, en tirant un meilleur parti, par exemple, des données issues des capacités d’observation de la Terre. Je suis certaine qu’à cet égard, les relations entre le CNES et KazCosmos portent déjà leurs fruits. J’ai pour ma part eu la chance de travailler étroitement avec Talgat Mussabayev pendant mes années d’entrainement à la Cité des étoiles, ce fut de très bons moments partagés avec cette envie commune, universelle, de dépasser les frontières du connu et de réussir en coopération. Mais les relations entre nos deux pays ne s’arrêtent pas au domaine spatial, de nombreux autres partenariats ont été également noués en matière culturelle et dans un domaine qui m’est cher : l‘éducation, notamment scientifique et technique. Ce n’est donc qu’un début. Je ne peux que souhaiter que nos deux pays poursuivent et intensifient ces relations fructueuses, guidées par cette même envie de faire progresser la société de la connaissance. Le satellite KazEosat 1 dans la «coiffe» du lanceur Ariane. Airbus Defence and Space n’est cependant pas le seul partenaire français du Kazakhstan en matière d’industrie spatiale. La société Thales Alenia Space, a également remporté en 2011 un appel d’offres pour la fourniture d’un satellite de télécommunications (Kazsat-3). 55 Granit Thales Electronics : un partenariat réussi de haute technologie Par M. Olivier SIDIQIAN, P KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE résent au Kazakhstan depuis les premiers jours de l’indépendance du pays, le groupeThales est devenu un acteur industriel local à travers différentes entités, dont Granit Thales Electronics, une co-entreprise à parité établie en juin 2012 avec la société privée SKTB Granit. Ce partenariat répond au plan stratégique adopté en 2011 par la République du Kazakhstan, qui prévoit l’acquisition de nouveaux radars de défense aérienne longue et moyenne portée. Leader des radars de défense aérienne et autres équipements de sécurité au Kazakhstan, SKTB Granit a été choisi par Thales pour la qualité et l’étendue de son expertise en matière de design, production, service et réparation d’équipements militaires pour le Ministère de la Défense de la République du Kazakhstan. GranitThales Electronics a été établie en juin 2012 entreThales Kazakhstan et SKTB Granit, sur la base d’un accord de licence permettant la localisation progressive de l’intégration, des tests, de la mise en service et de la maintenance du radar de défense aérienne longue portée « Ground Master 403 » (GM 403). Le GM 403 fait partie de la gamme des radars 3D numériques de défense aérienne deThalesRaytheonSystems. Depuis son lancement, cette dernière génération de radars a été vendue à plusieurs dizaines d’exemplaires à travers le monde. Ces systèmes sont spécifiquement conçus pour fournir une haute performance de détection, un suivi de grande précision, une disponibilité opérationnelle élevée avec une maintenance simplifiée, ainsi qu’une grande mobilité. Le premier GM 403 a été livré au Kazakhstan début 2014, et exposé durant la 3ème édition de l’Exposition 56 internationale d’armement et d’equitransferts industriels de haute-techpement Militaire « KADEX 2014 » à nologie au Kazakhstan. Ce modèle Astana. Ce radar est conçu pour une pourra être étendu et partagé plus double utilisation en site fixe sous un avant, en ligne avec la pratique du radôme, et en opération sur le terrain groupe Thales d’établir des centres où il peut être déployé en moins de d’innovation dans les marchés deux heures. Il répond à toutes les émergents, » a souligné M. Olivier spécifications techniques définies par Sidiqian, Directeur Corporate pour les Forces aériennes de la République Thales en Asie centrale. du Kazakhstan. « Thales fournit un exemple pratique À l’occasion du KADEX, le 22 mai et réussi de partenariat industriel au 2014, un protocole d’accord a été signé Kazakhstan. Il démontre toute la valeur par ThalesRaytheonSystems pour la et le potentiel du partenariat stratégique fourniture de vingt radars GM 403 de entre la France et le Kazakhstan dans défense aérienne longue portée aux le domaine des hautes technologies », Forces aériennes du Kazakhstan dans a conclu S.E.M. Francis Étienne, les années à venir. Ambassadeur de France au Kazakhstan. « Le GM 403 marque une étape Le premier GM 403 a été livré aux importante de la modernisation du Forces aériennes du Kazakhstan à la système de défense aérienne de la fin de l’année 2014. Les prochains République du Kazakhstan. Nous radars prévus dans la série seront attendons de pouvoir bénéficier de la intégrés sur le site de Granit Thales performance opérationnelle de ce radar », Electronics dans la région d’Almaty, au s’est félicité M. Okas Bazargaliyevich titre d’un transfert de technologie et de Saparov, Vice-Ministre de la Défense production qui contribue de manière de la République du Kazakhstan. significative à la sécurité nationale et « L’excellente collaboration technique à l’indépendance de la République du entre Granit et ThalesRaytheonSysKazakhstan. tems nous permet de répondre pleinement aux exigences de performance et de sécurité du Ministère de la Défense de la République du Kazakhstan, et accélère ledéveloppementdenos capacités techniques et industrielles », a pour sa part déclaré M. Talgat Nesipbayevich Adamov, Directeur général de SKTB Granit. « Le modèle équilibré de collaboration exploré entre SKTB Granit et le groupe Thales définit Le radar de défense aérienne longue portée Ground Master 403 (GM403) exposé lors du Salon kazakhstanais un standard pour les de l’armement KADEX, le 22 mai 2014. partenariats et les © Thales Directeur Pays Asie Centrale du Groupe Thales Des synergies économiques croissantes UKAD : des synergies complémentaires dans le secteur de la métallurgie Par M. Georges DUVAL, Président du groupe Aubert & Duval d’intention avec le groupe Airbus en présence du Président Noursoultan Nazerbaïev et de l’ancien Président français Nicolas Sarkozy qui permet à Aubert & Duval et à UKTMP de créer en commun UKAD. UKAD a pour objet de fabriquer et de vendre des produits en titane principalement pour le marché de l’aéronautique. La nouvelle société a construit, en Auvergne (France), une usine spécialisée dans le forgeage, le parachèvement et le contrôle du titane sur une surface de 48 000 m² dont 7 500 m² couverts. La construction a démarré en 2009 et la nouvelle unité a débuté sa production en septembre 2011, selon le planning prévu. Cet investissement de 47 millions d’euros a reçu le soutien d’Airbus et d’EADS avec la signature d’un contrat long terme qui garantit à UKAD un volume d’affaires d’1,2 milliard de dollars jusqu’en 2022. Avec les investissements d’UKTMP dans une unité ultra-moderne pour la production de lingots de titane au Kazakhstan, la création d’UKAD permet à l’ensemble UKTMP, UKAD et Aubert & Duval de constituer une filière intégrée du titane et de se positionner parmi les leaders mondiaux sur ce marché très exigeant en bénéficiant de l’expérience et de l’image d’Aubert & Duval. Aubert & Duval et UKTMP offrent ainsi au marché une solution alternative aux fournitures russes et américaines pour le titane de qualité aéronautique. C’est un positionnement stratégique et géopolitique de premier plan dont je me réjouis personnellement. À mes yeux, UKAD est la matérialisation de compétences internationales : celles du kazakhstanais UKTMP, celles du français Aubert & Duval, tous deux leaders dans leurs secteurs, affirmant tout à la fois la recherche de l’excellence mondiale et leur ancrage dans les territoires qui ont accueilli leurs investissements. L’implication des collectivités locales, des États et de l’Union européenne, les compétences reconnues des équipes qui y travaillent, ont été autant d’atouts convergents pour une implantation d’UKAD réussie. Succès d’un partenariat salué par M. Asset Issekeshev, alors Vice-Premier Ministre de la République du Kazakhstan, lors de son inauguration officielle de 2011. Notre filiale commune UKAD réussit actuellement sa montée en puissance après sa phase de qualification des pièces qui équipent les appareils d’Airbus et de Boeing. La croissance du marché aéronautique nécessitera très probablement d’ici 2018 une augmentation des capacités de production de l’atelier de refusion d’UKTMP. Une autre étape sera de travailler à la conception de nouveaux alliages de titane afin de positionner UKTMP– UKAD–Aubert & Duval comme un véritable leader mondial des alliages de titane. Nul doute qu’avec le soutien de toutes nos parties prenantes, la qualité de nos équipes et la fluidité du travail entre les équipes kazakhstanaises et françaises, nous saurons donner toute son ampleur à notre aventure. © Aubert&Duval J e suis particulièrement heureux de contribuer à cette tribune sur le thème des partenariats stratégiques entre le Kazakhstan et la France à l’aube de cette année 2015 qui correspond au 10ème anniversaire de nos premières relations commerciales avec le Kazakhstan dans le domaine du titane. En effet, c’est en 2005 qu’Aubert & Duval, filiale du groupe français Éramet, a adressé sa première commande de titane sous forme d’éponge à UKTMP (Ust-Kamenogorsk Titanum and Magnesium Plant JSC). Déjà à l’époque, on savait combien le titane répond aux besoins de marchés d’avenir, en particulier, celui de l’aéronautique. Le titane est un matériau particulièrement apprécié par les industries, car il est léger, résistant et inoxydable. Son usage dans le domaine de l’aéronautique est en très forte croissance. Il est également utilisé en architecture, comme par exemple le Musée Guggenheim à Bilbao et, de plus en plus, dans les domaines de l’automobile et du médical. Sa bonne compatibilité avec les matériaux composites en fait un métal de choix pour les nouveaux programmes aéronautiques comme l’Airbus A 350 et le Boeing B787. Dès janvier 2006, s’amorcent des discussions sur un possible partenariat entre UKTMP, l’un des premiers producteurs mondiaux de titane et notre société Aubert & Duval. La société UKTMP avait pour vocation première d’extraire du minerai, de le transformer en éponge de titane. L’association d’UKTMP et d’Aubert & Duval est celle des éponges de titane du Kazakhstan, dont la qualité est mondialement reconnue, et celle du savoir-faire de matriçage de pièces en titane d’Aubert & Duval établi depuis des décennies. Il ne manquait qu’une forge spécialisée, chainon manquant entre la mine et les pièces en titane livrées aux avionneurs. C’est en octobre 2009 qu’est signée la lettre L’usine de transformation de lingots de titane UKAD, à Saint-Georges-deMons, en Auvergne. 57 services durables pour accompagner le développement économique Des Par M. Nicolas ROBIN, Responsable de la zone CEI du groupe Seureca L KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE e support de Seureca est toujours adapté aux besoins spécifiques du client et au contexte local. Seureca intervient à toutes les étapes du cycle du projet, depuis l’avant-projet jusqu’à la mise en œuvre opérationnelle, et propose une gamme de prestations variée incluant la supervision de travaux, l’assistance technique aux opérations, la formation et le transfert de compétences. Par cette approche intégrée, nous aidons nos clients à atteindre leurs objectifs et à améliorer leur performance technique, financière et sociale. Seureca fait partie du groupe Veolia, leader mondial de la gestion optimisée des ressources, avec plus de 200 000 salariés à travers le monde et 160 ans d’expérience opérationnelle dans les secteurs de l’eau, des déchets et de l’énergie. Seureca dans la zone CEI et au Kazakhstan Seureca s’est engagé depuis les années 1990 dans la Communauté des États indépendants (CEI) auprès des municipalités afin de leur apporter son expertise internationale dans la gestion de l’eau et de l’assainissement. Notre présence en Asie centrale s’articule principalement autour de trois pays que sont le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. Le Kazakhstan offre sans conteste le plus fort potentiel de croissance de la région grâce à ses ressources et aux compétences locales. Notre activité a été initiée au Kazakhstan, il y a 15 ans pour 58 répondre aux besoins d’amélioration des services d’eau et d’assainissement, en réalisant des plans d’investissement, des expertises techniques, de l’assistance technique à l’exploitation et de la formation. Nous avons notamment contribué à la définition d’une stratégie nationale de réponse aux besoins en eau à horizon de 30 ans, dessinant les options politiques et techno- logiques permettant de concilier les usages et d’accompagner le développement du pays. Au cours des dernières années, Seureca a développé son activité en se positionnant fortement sur des domaines énergétiques, telles que l’amélioration du service de chauffage urbain central et la réduction des pertes sur le réseau électrique comme en témoigne le projet emblématique d’Almaty Éfficacité énergétique à Almaty, Kazakhstan Par M. Raphael BERDUGO, Directeur de projet au Kazakhstan Le Schéma Directeur énergie de la ville d’Almaty au Kazakhstan s’inscrit pleinement dans la lutte contre le changement climatique, et la recherche d’un développement économique durable. Objectif : diminuer les pertes énergétiques et trouver des sources d’énergie alternatives aux centrales charbon dans un contexte de forte consommation ! Seureca réalise depuis 2013 le Schéma Directeur « énergie » de la ville d’Almaty. Ce projet d’envergure vise à optimiser l’efficacité énergétique de la ville en réduisant les pertes et l’impact environnemental, tout en maîtrisant les coûts. Le réseau de chaleur de la ville d’Almaty approvisionne 1,5 million d’habitants grâce à près de 1 200 km du réseau. Celui-ci est alimenté par trois centrales à cogénération alimentées au charbon - 830 MW - et par des chaudières indépendantes, pour une puissance installée thermique totale de 1 500 MW. Une équipe pluridisciplinaire d’ingénieurs Seureca est mobilisée pour : - Identifier les mesures d’efficacité énergétique, les nouvelles sources d’énergies et équipements qui permettront d’améliorer l’efficacité énergétique des installations et de réduire les émissions de gaz à effet de serre ; - Élaborer des recommandations légales et contractuelles nécessaires à la bonne gouvernance des entreprises et éventuellement à la mise en place d’un partenariat public/privé ; - Préparer les plans d’investissement à court et long terme, basés sur une stratégie de production et de distribution énergétique intégrée ; - Étudier la faisabilité de la réhabilitation, de la modernisation de l’usine D Des synergies économiques croissantes Les premiers bus 350 Citelis GNV conçus par l’entreprises Iveco. évelopper la coopération décentralisée, notamment autour de la question de la « ville durable » était l’un des sujets phares de la visite du Président français François Hollande au Kazakhstan. Comptant sur le renfort des maires de Cannes et de Grenoble, M. David Lisnard et M. Éric Piolli, il a en effet promu le savoir-faire de la France en matière d’aménagement urbain. Un domaine auquel s’intéresse de plus en plus, les autorités kazakhstanaises. Ville nouvelle de plus de 830 000 habitants, Astana a vu sa population croître à vitesse exponentielle (plus de 250% d’habitants en 14 ans). Dans le cadre du Forum économique d’Astana, la municipalité de la capitale kazakhstanaise a signé le 24 mai 2014 avec S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur de France au Kazakhstan, le protocole sur la réalisation du projet « Astainable », un « simulateur ville durable », proposé par le groupement d’entreprises françaises Eiffage, Egis et GDF Suez. Ce projet vise à identifier les besoins de la ville d’Astana en matière de développement urbain durable, et de proposer des solutions techniques et technologiques adaptées. Il bénéficie d’un financement public de deux millions d’euros, octroyé par la France dans le cadre des outils de financement et d’aide-projet (FASEP). Le secteur des technologies vertes dans les espaces urbains est également porteur pour les entreprises françaises. Iveco Bus a ainsi remporté en février 2014 un contrat d’un montant d’environ 100 millions d’euros pour la livraison de 358 autobus « propres » du modèle Citelis GNV construits à l’usine d’Annonay (Ardèche). À l’approche de l’Exposition internationale 2017, la Mairie d’Astana entend en effet renouveler sa flotte de bus et renforcer sa politique en faveur de solutions de transport écologiques. © Ambassade de France actuelle ou la construction d’une nouvelle centrale ; - Inventer des solutions alternatives et réévaluer les impacts des investissements et des tarifs régulés de la distribution ; - Améliorer les modes d’exploitation et de régulation de l’approvisionnement en chaleur et en électricité - Optimiser le plan d’action de réduction des pertes et des consommations électriques. Ce projet est cofinancé par le gouvernement français (FASEP) et le bénéficiaire kazakhstanais. La ville durable : nouvel axe de la coopération économique franco-kazakhstanaise © Ambassade du Kazakhstan (voir encadré ci-après). Au-delà de l’activité Municipale, le second axe de croissance est porté par des prestations auprès de grands groupes industriels français et kazakhstanais. Cet ancrage historique, conforté par des partenariats stratégiques locaux, nous permet d’aborder l’avenir avec confiance. Notre ambition est de continuer à accompagner municipalités et industriels dans la gestion de l’eau et l’énergie, mais aussi de démontrer notre expertise dans le domaine de la gestion des déchets, problématique d’avenir pour des pays en forte croissance. Notre volonté est de répondre aux besoins actuels de nos partenaires municipaux et industriels, mais également d’inventer avec eux les services de demain qu’ils proposeront à leurs clients et administrés, fondés sur les objectifs d’optimisation de la performance durable. S.E.M. Francis Étienne, Ambassadeur de France au Kazakhstan et l’ancien Maire d’Astana, M. Imangali Tasmagambetov, signant un protocole d’accord sur le projet Astainable. 59 Kazakhstan et la Côte d’Azur, de la villégiature à la coopération économique Le Par M. Dominique PAGES, Consul Honoraire de la République du Kazakhstan à Nice, Cannes, Marseille, Toulon et Saint-Tropez L 60 pays) ont découvert la richesse de cette région qui va de la frontière italienne au Golfe de Saint-Tropez. C’est d’ailleurs à cette volonté de nombre d’entre eux d’y avoir un « pied-à-terre » que les terrains et propriétés entre Saint-Jean-Cap-Ferrat et la frontière italienne sont devenus parmi les biens immobiliers les plus chers du monde au mètre carré. Grâce à une image particulièrement favorable de la France au Kazakhstan dont les échanges économiques et de coopération industrielle se sont intensifiés depuis 2009, l’attractivité de notre pays et, notamment de la Côte d’Azur, ne cesse ces dernières années de se renforcer avec une croissance constante tant des demandes de visa sur la région que du nombre estimé de visiteurs originaires de ce pays (arrivés par divers moyens aériens ou terrestres) que l’on situe aux alentours de 40 000 en 2013. Aujourd’hui, après cette première vague qui remonte aux années 2007, la Côte d’Azur est devenue une terre d’accueil de plus en plus de Kazakhstanais intéressés également © DR KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE a Côte d’Azur représente, depuis les Anglais qui en ont fondé la réputation, un fort pôle d’attraction pour la villégiature de nombreux étrangers du monde entier, bien au-delà de la seule Europe. Le climat n’en est pas la seule raison, même si cela reste un lieu particulièrement choyé pour les populations chez lesquelles l’hiver est une saison qu’on essaie d’oublier. La Côte d’Azur offre en effet un cocktail d’atouts qui la rendent unique en Europe et en font la deuxième destination française après Paris : - un intérêt touristique bien évidemment ; - un mode de vie en extérieur même en période hivernale ; - une vie culturelle intense (elle a accueilli nombre d’artistes au point d’y développer « l’École de Nice » avec Yves Klein, César, Ben, Sosno, etc., connue mondialement des amateurs d’art contemporain) ; - un brassage d’hommes d’affaires de tous pays (résidents estivaux ou plus durables) qui y joignent l’agréable de leurs séjours à l’utile de leurs projets ; - des événements internationaux (festivals, salons professionnels de haut de gamme, colloques…) - plus récemment, depuis les années 1980, un positionnement de carrefour technologique avec les pôles de Sophia Antipolis et bientôt de l’Éco-Vallée combiné avec une offre de formation supérieure de tout premier plan. C’est dans ce contexte que de nombreux Kazakhstanais (initialement parmi les happy few enrichis des performances de l’industrie pétrolière et minière, puis du développement urbain des principales villes du par d’autres opportunités telles que la participation (quand ce n’est pas l’organisation elle-même) d’événements professionnels adossés à la notoriété des pôles de rayonnement international que sont Monaco (jet set et finance internationale), Cannes (festivals et salons thématiques de réputation mondiale) et Sophia Antipolis (nouvelles technologies). Sans compter les perspectives offertes par l’arrière-pays niçois avec ses stations de sport d’hiver qui pourraient avec le soutien d’investisseurs kazakhstanais, proposer des prestations comparables à celles de la Haute-Savoie pour une population de russophones souvent à la recherche de divertissements alternatifs à leurs séjours strictement côtiers. Mais le Kazakhstan, qui souffre encore d’une visibilité insuffisante Mme Aida Balayeva, Adjointe au Maire d’Ast ana, s’exprimant à l’occasion de la fête nationale du Kazakhstan organisée à Nice en décembre 2013, en présence de S.E.M. Nourlan Danenov, Ambassadeur du Kazakhstan en France, et de M. Dominique Pages, Consul Honoraire du Kazakhstan à Nice. Des synergies économiques croissantes © DR du Kazakhstan en France, une politique de rapprochement avec plusieurs des acteurs institutionnels de la Côte d’Azur s’est mise en place : - 2012 : Offre par Team Côte d’Azur d’ouverture d’un « Comptoir » du Kazakhstan dans les Alpes-Maritimes qui, à l’instar de ceux de la France en Inde, serait un point focal pour structurer et animer les relations de toutes natures avec le tissu régional ; - 2013 : Traité d’amitié entre Nice et Astana ; - 2014 : Signature d’une convention de coopération entre Sophia Antipolis et la Holding d’État Parasat pour favoriser les échanges technologiques et le développement de start-up attirées par le Kazakhstan ; - 2014 : Mémorandum de coopération entre Cannes et Almaty et Mémorandum de coopération entre une École de Management de Sophia Antipolis et un Institut d’Almaty. Tout ceci, combiné avec la croissance de visiteurs dans la région, devrait donner corps à l’ouverture d’une liaison aérienne directe entre le Kazakhstan (Almaty ou Astana) et Nice, dès que les premiers vols prévus au printemps 2015 entre Astana et Paris auront été mis en place. Avec la visite du Président de la République française en décembre 2014, clôturant deux années d’échanges culturels intenses entre les deux pays, s’ouvre à présent une nouvelle perspective à caractère plus économique et impliquant un nombre accru de petites et moyennes industries (PMI), dans laquelle la Côte d’Azur dispose d’une carte exceptionnelle pour jouer un rôle de premier plan. La capitale kazakhstanaise Astana et la ville de Nice ont signé le 5 juillet 2013 un accord de coopération. © DR auprès du monde économique français, représente aussi une opportunité de premier plan qu’une notoriété accrue devrait mettre en valeur. C’est en effet aujourd’hui un pays qui cumule de nombreux atouts trop peu connus: - Avec l’accueil à l’été 2017 de l’Exposition internationale Astana 2017 consacrée à l’« Énergie du Futur », le Kazakhstan souhaite affirmer sa modernité outre son statut de puissance régionale ; - Sa croissance est continue depuis son indépendance et malgré un contexte international morose reste à plus de 5% pour les trois prochaines années, véritable aimant pour les sociétés en recherche de marchés d’exportation ; - Membre de l’Union douanière avec la Russie et le Belarus, le Kazakhstan dispose de plus de 6 000 km de frontière avec la Russie et constitue une porte d’entrée de choix sur le marché sibérien souvent délaissé depuis Moscou. - Enfin, c’est un pays d’accueil de la technologie étrangère (qui est légalement protégée, financièrement et fiscalement soutenue) avec moins de contraintes que n’en pose la Russie et même si le marché est quantitativement modeste (17 millions de consommateurs), les marchés environnants, notamment russe, donnent du sens à une implantation locale. C’est pourquoi depuis plusieurs années, sous l’impulsion du Consulat Honoraire à Nice et avec le soutien actif de l’Ambassade de la République 61 © Ambassade du Kazakhstan KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE P ays lointain pour encore nombre de Français, le Kazakhstan a fait une entrée retentissante à l’automne 2014 sur la scène parisienne, avec la tenue de la première Saison culturelle consacrée à ses traditions, son histoire et ses t alents artistiques. On a pu ainsi découvrir la grâce des trente ballerines de l’Astana Ballet qui ont invité le 2 novembre, les spectateurs du Palais des Congrès à une immersion dans l’univers des steppes et des nomades, alliant danses folkloriques et ballet contemporain dans des décors aux couleurs chatoyantes. Mais aussi le virtuose des chœurs de l’Astana Opera et des solistes de renommée mondiale, dont Denis Matsuev au piano, Ildar Abdrazakov, basse et soliste du Metropolitain Opera de New York dans le rôle d’Attila de Verdi ou Zhupar Gabdullina qui a notament interprété Odabella. Enfin, parmi de multiples autres manifestations, l’installation d’un village folklorique kazakh avec ses yourtes si particulières sur la Place du Palais Royal, a couronné au plus près du public français ces saisons croisées par un événement surprenant, faisant se rencontrer les patrimoines culturels de deux pays amis. De son côté, la Saison française a également rencontré un grand succès un an auparavant, à l’automne 2013, grâce à des évènements de prestige : deux concerts de l’Orchestre national de Lille, des représentations du Ballet Prejlocaj, l’exposition sur Napoléon à laquelle s’est rendu, en personne, le Président kazakhstanais, ou encore le concert de Patricia Kaas. À Almaty, le 6 décembre 2014, le Président François Hollande a, en une phrase, créé un pont entre les deux cultures en saluant « l’écrivain, poète et philosophe Abaï dont certains disent que sa verve s’apparente à celle de Victor Hugo. » Tout un symbole, puisqu’Abaï Kounanbayev, dont le 110ème anniversaire de la disparition a été commémoré en 2014, est considéré comme le père de la littérature kazakhstanaise. Tout un symbole, puisque c’est l’Université Abaï, à Almaty, qui accueille aujourd’hui l’Institut Sorbonne-Kazakhstan, et plus encore car l’architecture de cette université est signée Le patrimoine culturel kazakhstanais doit être mieux connu en France, car il est considérable. - François Hollande 62 Dans le cadre de la Saison culturelle du Kazakhstan en France, S.E.M. Nourlan Danenov, Ambassadeur du Kazakhstan en France, a inauguré le 31 octobre 2014, le village folklorique kazakh devant le Conseil d’État, place du Palais Royal à Paris, en présence de Mme Aida Balayeva, Adjointe au Maire d’Astana et de M. Jean-François Legaret, Maire du 1er arrondissement de Paris. Les interactions culturelles, socle d’une relation durable interactions culturelles, socle d’une relation durable Les Indépendant depuis 1991, le Kazakhstan est devenu en l’espace de deux décennies une puissance économique émergente. Pays multiethnique au carrefour des grandes civilisations qui ont modelé durant des millénaires, les cultures de l’Asie centrale, il n’en reste pas moins profondément attaché à ses racines et traditions nomades. À l’image de l’architecture audacieuse d’Astana, sa capitale depuis 1998, il a su concilier cet héritage à une volonté de rester tourné vers l’avenir et à une ouverture qui a fait de la France non seulement un partenaire stratégique, mais également une source d’interactions culturelles comme l’ont illustrées les premières Saisons culturelles croisées kazakhstano-françaises qui se sont clôturées fin 2014. çaises ne peuvent marquer qu’un point de départ. Déjà, Kazakhstanais et Français caressent l’idée d’une adhésion du pays des steppes à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Sans attendre la concrétisation éventuelle de ce projet, les synergies culturelles entre les deux sociétés se forgent déjà, au plan linguistique, au regard de l’extension du réseau des Alliances françaises. Après Almaty, une deuxième Alliance a été inaugurée à Astana en décembre 2004, complétée par les centres de français à Chymkent, Kostanaï, Quaraghandy et Oskemen. En amont, la France apporte également son soutien à l’enseignement du français, tant dans le secondaire La silhouette du Mausolée d’Arystan Bab dans l’ancienne ville d’Otrar, également appelé Farab, où serait né le philosophe Al Farabi. © Ambassade du Kazakhstan Paul Gourdet, venu s’établir à Almaty lorsque l’ancienne capitale du Kazakhstan s’appelait encore, Vernyi. Cette référence ne pouvait pas non plus rester seule. Elle va de pair avec celle d’un autre grand penseur, Al Farabi, né à Wasij, près de Farab dans le Kazakhstan actuel. Près d’un millénaire avant Abaï, ce philosophe perse avait commenté Platon et Aristote, après lequel il est considéré par Ibn Rushd (Averroès) comme le « second maître ». C’est dire le précieux héritage reçu au fil des siècles par le Kazakhstan et qui a contribué à l’affirmation de son identité. Son histoire et sa culture restent en effet le fruit d’un patient métissage, tout d’abord dominé par les influences des grands empires nomades, ceux des Scythes et des Sarmates, puis des Huns. La notion de « Kazakh » ou « homme libre » apparaît ensuite entre le XIII ème et le XIV ème siècle au moment des grandes conquêtes de la Horde d’Or, l’Empire de Gengis Khan, dont l’empreinte dans cet infini de steppes se manifeste par la fondation de l’embryon du premier Ét at kazakh, le Khanat Kazakh, par Janybek Khan et Kerey Khan au milieu du XV ème siècle. Vinrent ensuite les apports des peuples qui ont sillonné la Route de la Soie, puis de la Russie. Ce patrimoine reste néanmoins trop méconnu en Occident. « Le patrimoine culturel kazakhstanais doit être mieux connu en France, car il est considérable » a affirmé le Président français. De ce point de vue, les saisons culturelles croisées kazakhstano-fran- 63 que dans le supérieur. Elle cherche ainsi à élargir le vivier d’étudiants bénéficiaires, permettant aux élèves d’écoles sélectionnées d’apprendre le français en primaire et d’étudier d’autant plus facilement l’anglais à partir de la 5 ème . Une section d’enseignement français fonctionne ainsi à Astana depuis 2011, tandis qu’une autre section française a été ouverte à Almaty pour la rentrée de septembre 2014. Un tel dispositif facilite l’installation de familles françaises au Kazakhstan, mais propose aussi aux enfants kazakhstanais un enseignement francophone dispensé selon les méthodes françaises. L’histoire, la littérature et la langue apparaissent comme les premiers vecteurs de ces liens culturels. Il ne faudrait pourtant pas les cantonner à ces domaines prestigieux, tant la jeunesse des deux pays est également friande d’horizons peut-être plus accessibles, tel que la gastronomie, le tourisme ou le sport. Qui s’intéresse au sport de haut niveau, a forcément été ébahi par le boxeur kazakhstanais © Ambassade du Kazakhstan KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE 64 La soprano Zhupar Gabdullina et le pianiste Denis Matsuev (à droite) lors de la représentation donnée par l’Astana Opera, à l’Opéra Bastille à Paris, le 2 novembre 2014. © Ambassade du Kazakhstan Les danseuses de la compagnie Astana Ballet au Palais des Congrès à Paris, le 20 septembre 2014. invaincu Gennady Golovkin, champion du monde WBA des poids moyens, par les talents de la joueuse de tennis Yaroslava Shvedova, ou la ténacité de « Vino », Alexandre Vinokourov qui, après avoir pris sa retraite, est devenu le Manager général d’Astana, l’équipe de cyclisme phare du Kazakhstan. Le cinéma occupe également une place prépondérante dans le rayonnement culturel du Kazakhstan. Souvent associé au cinéma russe, le cinéma kazakhstanais n’apparaît sur la scène internationale qu’après l’effondrement de l’Union soviétique. En France, les premiers films kazakhstanais sont projetés en 1990 lors du Festival des 3 continents à Nantes (Effleurement d’Amanjol Aituarov et Terminus de Serik Apr ymov). Depuis lors, des films kazakhstanais sont présents dans les Festivals du Cinéma d’Asie à Vesoul, des 3 continents à Nantes et à celui de Cannes. Le 7 ème art pourrait devenir un trait d’union entre les deux pays. Par le développement de son industrie cinématographique tant en terme de production que de distribution et d’exploitation, le Kazakhstan fait aujourd’hui partie des pays émergents les plus attractifs dans ce domaine. À l’occasion de son 10 ème anniversaire, le Festival du Film Eurasia a fait une place de choix au cinéma français en mettant en compétition, le film « Party Girl », réalisé par Claire Burger. Cannes, la ville du célèbre festival éponyme, devrait d’ailleurs initier avec Almaty des journées culturelles et des festivals conjoints pour le cinéma. Reste au public français, à aller voir de l’autre côté de la toile et visiter ce pays immense, cinq fois plus grand que la France, aux paysages contrastés, allant de la steppe centrale, au sommet de l’Alatau et au désert de Muyunkum. Nul doute qu’en réduisant à six heures de vol la distance entre Astana et Paris, avec l’inauguration programmée d’une liaison aérienne directe par Air Astana le 29 mars 2015, de nouvelles opportunités de rencontres vont s’ouvrir entre les sociétés kazakhstanaise et française. Les interactions culturelles, socle d’une relation durable UNESCO-Kazakhstan : un lien solide en plein essor Par Mme Irina BOKOVA, Directrice Générale de l’UNESCO M embre de l’UNESCO depuis 1992, le Kazakhstan constitue un acteur très engagé au sein de notre Organisation, épousant ses priorités centrales à commencer par la construction d’un monde plus juste pour toutes et tous. J’en veux ici pour preuve le Congrès des chefs de religions mondiales et traditionnelles, initiative de S.E.M. Noursoultan Nazarbaïev, Président de la République du Kazakhstan. Cet éminent rassemblement est un bel exemple des efforts menés par le Kazakhstan pour promouvoir la paix, la stabilité et la coopération à travers le dialogue interculturel et interreligieux. Organisé depuis 2003 à Astana tous les trois ans, ce Congrès a permis de réunir des participants issus de nombreuses cultures et religions, et d’émettre des recommandations afin d’encourager la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique. L’UNESCO ne peut qu’être en phase avec ce dessein de tisser des liens de solidarité morale, intellectuelle et spirituelle au-delà des particularismes et des références propres à chaque foi. Le soutien du Kazakhstan à l’endroit de l’UNESCO se manifeste emblématiquement dans le cadre de la Décennie internationale pour le rapprochement des cultures (2013-2022). En amont de la Décennie, le Kazakhstan a joué un rôle clé au cours de l’Année internationale du rapprochement des cultures (2010) en permettant une heureuse synergie de plus de 1 000 projets et initiatives à travers le monde, avec l’optique partagée de faire progresser les idéaux de dialogue, de compréhension mutuelle et de coexistence pacifique. En 2012 et dans le prolongement direct de cet engagement, le Kazakhstan a apporté son soutien financier à l’UNESCO pour l’organisation d’un débat de haut niveau consacré à « La paix durable pour un avenir durable », tenu au Siège des Nations unies à New York, dans le contexte des célébrations de la Journée internationale de la Paix, le 21 septembre. Cette initiative, coïncidant également avec l’ouverture de la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, a fourni un cadre idoine à l’adoption de la résolution 67/104 (décembre 2012) portant sur la proclamation de la période 2013-2022 comme Décennie internationale du rapprochement des cultures et désignant l’UNESCO comme agence chef de file pour le système onusien. Une telle décision prise par l’Assemblée générale offrait en outre un suivi particulièrement efficace à l’adoption par la Conférence générale de l’UNESCO de la résolution 36 C/40 (novembre 2011), présentée par le Kazakhstan et portant sur cette même Décennie. En août 2013 à Astana, un Forum international, organisé conjointement par l’UNESCO et le Kazakhstan, a inauguré la Décennie et a servi de point d’ancrage pour renforcer les efforts de la communauté internationale visant à promouvoir le dialogue interculturel. Lors de cette visite officielle au Kazakhstan, Serik Sapiyev, célèbre boxeur kazakh, a été désigné Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO pour le sport. Cette distinction venait reconnaître son engagement à promouvoir l’éducation et les programmes sportifs en faveur des jeunes au Kazakhstan, ses activités caritatives et son dévouement aux idéaux et objectifs de l’UNESCO. Parmi les signes forts de cet attachement constant du Kazakhstan à la promotion de valeurs universelles au cœur de notre mandat, il me plaît en particulier de mentionner la première réunion interrégionale des Commissions nationales pour l’UNESCO, coorganisée par l’UNESCO et la Commission nationale du Kazakhstan pour l’UNESCO, en juillet 2014. Plus de 110 Commissions nationales pour l’UNESCO venues de toutes les régions du monde se sont réunies à Astana pour discuter des modalités de renforcer leur soutien au travail de l’UNESCO et d’optimiser leur contribution à ses programmes. Partenaires essentiels au quotidien et fers de lance de la visibilité de notre Organisation à l’échelle nationale, sous-régionale et régionale, les Commissions nationales, présentes en nombre plus que signifiant à Astana, ont ainsi marqué leur fort appui à la promotion de principes et d’idéaux partagés et leur souhait de voir se consolider plus avant les liens étroits entre elles et l’UNESCO. Fervent promoteur du dialogue interculturel et interreligieux, le Kazakhstan participe activement au Programme des Chaires UNESCO en s’appuyant sur trois Chaires : la Chaire « Peace and Conflict Studies » à l’Université d’État des technologies et de l’ingénierie ; la Chaire «Tolérance ethnique et religieuse » à l’Université nationale eurasiatique, et la Chaire « Science et spiritualité à l’Institut d’études orientales », qui a notamment organisé un atelier international sur « Les transformations des sociétés d’Asie centrale : les aspects socioculturels », en août 2013 à Astana. En outre, le Kazakhstan représente le principal contributeur au Compte spécial de la Décennie internationale 65 © UNESCO KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE du rapprochement des cultures, créé à mon initiative pour soutenir les actions de l’UNESCO dans la mise en œuvre du Plan d’action pour la Décennie. Ce Plan d’action, élaboré à la demande du Kazakhstan, a été soumis et adopté par le Conseil exécutif de l’UNESCO à sa session de printemps 2014. Dans les domaines de la culture et du patrimoine, l’UNESCO entretient là aussi une relation fructueuse et étroite avec le Kazakhstan. Celui-ci joue en effet un rôle actif auprès de l’Organisation pour l’inscription, au Patrimoine mondial, de sites transfrontaliers impliquant les pays de la région (Républiques d’Asie centrale et Chine) et correspondant aux grands couloirs des Routes de la Soie. Le réseau de routes du corridor de Chang’an-Tian-shan qui traverse le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Chine, a ainsi été inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial en juin 2014. Cette initiative contribue à développer la concertation et le dialogue entre les pays concernés, appuyant ainsi les objectifs de la Décennie internationale pour le Rapprochement des cultures. Le Kazakhstan coopère par ailleurs étroitement avec l’UNESCO dans le cadre d’un projet commun avec l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) de développement d’une stratégie de tourisme pour les corridors des Routes de la soie. Avec le soutien du Ministère de l’Industrie et des Nouvelles technologies du Kazakhstan, un premier atelier s’est ainsi tenu à Almaty en octobre 2013. Une feuille de route pour le développement de la stratégie a été élaborée, reposant sur une stratégie globale et durable pour aborder les 66 principes fondamentaux de la croissance durable, du développement communautaire et de la gestion du patrimoine, de la conservation et de la présentation le long des couloirs des Routes de la soie couvrant la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Une mission au Kazakhstan pour évaluer les besoins et analyser la situation pour le corridor de Chang’an-Tian-shan vient de s’achever. La planification est en cours pour former les guides touristiques des routes de la soie en Chine, au Kazakhstan et au Kirghizistan afin de leur transmettre des connaissances spécialisées et le savoir-faire sur l’interprétation et la présentation du site. Un cours de formation pour les guides touristiques, accueilli par la République du Kazakhstan et organisé conjointement par l’UNESCO, l’OMT et la Fédération mondiale des associations de guides touristiques (WFTGA), est prévu pour le début de l’année 2015. Le Kazakhstan a soutenu la mise en place d’une Plate-forme en ligne de la Route de la soie. Cet outil collaboratif entend promouvoir la coopération et le dialogue par la mise à disposition, la diffusion et la promotion des connaissances générées par la mise en œuvre de l’ancien programme d’études « Routes de la soie » entre 1988 et 2002. Le Kazakhstan a organisé dans ce cadre, en octobre 2013, un Forum international sur « La grande Route de la soie », au cours duquel la Plate-forme en ligne de l’UNESCO a été officiellement lancée et présentée aux participants venus des différents pays de la Route de la soie. Une La Directrice Générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, remettant en août 2013, à Astana, le diplôme d’Ambassadeur de bonne volonté pour le Sport au Champion olympique de boxe 2012, M. Serik Sapiyev. résolution a ensuite été adoptée à la 37ème session de la Conférence générale de l’UNESCO en novembre 2013 en soutien à cette initiative et la liant à l’atteinte des objectifs de la Décennie internationale pour le rapprochement des cultures. Le Kazakhstan, l’un des plus fervents défenseurs de cette initiative, continue à la promouvoir très activement et je lui sais pleinement gré de son concours à cet égard. Par sa détermination à soutenir l’impact tangible de la Décennie internationale pour le rapprochement des cultures, par son soutien constant et avisé au mandat de l’UNESCO, par son implication des différents relais et partenaires de notre Organisation à l’échelle nationale – Commission nationale, Chaires, Clubs et Associations, Bureau de l’UNESCO à Almaty, et d’autres – la République du Kazakhstan illustre à merveille une coopération mutuellement bénéfique et harmonieuse. À la veille de l’adoption en 2015 des futurs Objectifs du développement durable, qui appellent à une mobilisation renouvelée et audacieuse de l’ensemble de nos États membres autour d’un agenda aussi inclusif que possible, et en gardant notamment à l’esprit la tenue de l’Expo 2017 au Kazakhstan, qui portera sur les thèmes cruciaux du changement climatique et des énergies renouvelables, je me réjouis de savoir que nous pouvons compter sur l’appui continu de cet État membre afin de relever ensemble les défis complexes auxquels le monde doit faire face. Les interactions culturelles, socle d’une relation durable Alliance française Almaty : pôle dynamique de la vie culturelle au Kazakhstan L’ Par Mme Zulfi JARKESHEVA, Présidente du bureau de l’Alliance française Almaty au Kazakhstan L aussi à l’étroite collaboration qui a existé pendant dix ans (centre de français de l’Ambassade de 1994 à 2004 avant de devenir Alliance française) lorsque l’Ambassade était encore située à Almaty, ainsi qu’au dynamisme de son équipe et de son Conseil d’administration. Les missions de l’Alliance française Almaty s’articulent autour de trois missions essentielles que sont : - l’enseignement de la langue française ainsi que des langues locales, - l’organisation de manifestations culturelles, - la diffusion de la pensée française et francophone. Notre jeune Alliance répond à tous les critères de la Charte qualité de la Fondation Alliance française et travaille à maintenir cette qualité de services et d’objectifs à Almaty. L’Alliance française Almaty propose une large gamme de cours de français, assurés par des professeurs qualifiés kazakhstanais et français. Notre équipe pédagogique est composée de 14 professeurs diplômés et spécialisés dans l’enseignement du Français langue étrangère (Fle). Ils participent aux innovations dans le domaine du FLE et bénéficient de stages de formation continue en France via les bourses de l’Ambassade. Plusieurs d’entre eux ont contribué à l’élaboration de méthodes d’apprentissage de français pour les écoles secondaires et les facultés de français du Kazakhstan. Actuellement, notre conseil pédagogique est en train de créer des supports complémentaires adaptés au public de l’Alliance française Almaty. L’offre de cours est variée et adaptée à tous les niveaux et publics : des cours de français général, de conversation, de littérature, de grammaire, de préparation au DELF et au DALF, des cours pour enfants et adolescents, ainsi que des cours individuels, des cours en entreprise et des cours sur objectifs spécifiques avec des formules personnalisées © Alliance Française Almaty ’Alliance Française Almaty est une association de droit local à but non lucratif dont la mission est la promotion de la langue et de la culture françaises au Kazakhstan. Inaugurée en décembre 2004, l’Alliance française d’Almaty a fêté en 2014 son dixième anniversaire. Devenir une Alliance française, c’est adhérer à la Charte qualité définie par la Fondation Alliance française, fondation qui représente plus de 800 Alliances dans 137 pays. Devenir une Alliance française, c’est s’impliquer dans le développement et la présence du français à l’étranger, c’est défendre la Francophonie ainsi que la diversité culturelle et linguistique, c’est partager et faire partager des valeurs humaines et culturelles. L’Alliance française Almaty s’inscrit dans le réseau de représentation de la France au Kazakhstan soutenu par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international via l’Ambassade de France et son Consulat général à Almaty. Le réseau des Alliances françaises et centres de français au Kazakhstan (Astana, Shymkent, Kostanaï, Quaraghandy et Oskemen) est soutenu par l’Ambassade de France qui s’appuie à son tour sur ce réseau pour développer de nombreux projets de coopération, notamment dans les domaines culturel et linguistique. L’Alliance française Almaty est la référente pour les cinq autres centres de français et Alliances françaises, Almaty restant pour l’instant la principale ville économique et culturelle du pays. Ce rôle de chef de file est dû Des participants de la 2ème édition de la Fête de la Gastronomie organisée du 26 au 27 octobre 2014 par l'Alliance française Almaty et le restaurant français French Connection, ainsi que de nouveaux partenaires dont 7ème Sens pour la coordination, la Mairie d'Almaty pour le marché public, ainsi que des établissements tenus par des Français ou travaillant avec des chefs français : Café de Paris, La Tartine et le Consulat général de France à Almaty. 67 © Alliance Française Almaty De jeunes francophones célébrant la Journée européenne des langues à Almaty le 26 septembre 2014. KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE pour tous niveaux pendant toute l’année. L’Alliance française Almaty est aussi centre d’examens pour les DELF/ DALF, TCF/TCFQ, TEF/TEFAQ ; ces certifications, reconnues internationalement, valident les compétences des apprenants en langue française, selon le cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). En complément de ses cours de français et préparation aux examens, l’Alliance française Almaty propose chaque samedi à tous les francophones de la ville de pratiquer et approfondir leur français en organisant des clubs de discussion sur différents thèmes socio-culturels, des ateliers chanson, des séances de ciné-club, des rencontres avec des personnalités et artistes, des jeux, etc. Les activités culturelles, au cœur du fonctionnement de l’Alliance française Almaty depuis sa création, permettent de populariser la culture française et de la rendre la plus visible possible auprès du public kazakhstanais. Chaque année l’Alliance française Almaty organise des événements culturels liés à la Francophonie, grand rendez-vous du réseau et des amoureux de la langue et de la culture française. D’autres fêtes sont organisées par l’Alliance française Almaty et ses partenaires pour mettre à l’honneur la France : Fête de la musique, Fête de la Francophonie, Fête de la Gastronomie, Festival de Jazz d’Almaty, Festival du cinéma contemporain, 68 Semaine de la culture française « Rencontre d’automne », Festival de Danse contemporaine, etc. Ces grands évènements culturels participent du rayonnement de la culture française à Almaty. En outre, l’Alliance française Almaty est l’un des trois membres fondateurs du Cluster européen des instituts culturels à Almaty (EUNIC Almaty) qui regroupe au total 8 instituts culturels européens : British Council, Goethe Institut, Alliance française Almaty, Centre italien, Consulat général de Hongrie, Centre espagnol, Centre turc et Consulat de Suisse. Dans ce cadre, notre Alliance prend part à l’organisation des évènements annuels du cluster : la Journée des langues européennes, la Semaine du cinéma européen, la Journée mondiale du Livre. La création du cluster date de mai 2011 et la présidence est assurée par les trois fondateurs à tour de rôle, l’Alliance française Almaty en ayant tenu la présidence en 2013-2014. L’Alliance française Almat y travaille également en coopération étroite avec l’Association kazakhstanaise des enseignants de français (AKEF) notamment pour l’organisation des séminaires trimestriels de formation continue pédagogique des professeurs de la ville d’Almaty et de la Semaine de la Langue française. Cette Semaine est attendue par tous les apprenants de français. Les différents concours leur donnent la possibilité de démontrer leurs connaissances acquises. U n b u r e a u C a m p u s Fr a n c e Kazakhstan vient compléter l’activité de l’Alliance française, bureau qui accueille et informe les programmes de bourses les étudiants intéressés par des études en France, sur les possibilités de stages linguistiques en France et sur le Programme « Alliance » mis en place avec CampusFrance pour la mobilité des étudiants kazakhstanais (accompagnement personnalisé et suivi des étudiants kazakhstanais en France). L’Alliance française Almaty participe également au renforcement du réseau des Alliances françaises au Kazakhstan en faisant bénéficier de son expérience et en étant acteur de projets communs (communication, concours de la Chanson francophone, exposition, tournée d’artistes, etc.). Au même titre que les projets de coopération universitaires (ouverture de l’Institut Sorbonne Kazakhstan) et scolaires (sections françaises à Astana et Almaty), le renforcement se traduit par les objectifs et missions de coopération culturels et linguistiques qui lui sont confiés. Le travail en réseau, la mutualisation des moyens et la qualité sont les priorités choisies pour faire face aux autres langues présentes sur tout le territoire du Kazakhstan ainsi que pour maintenir et renforcer la présence du français et de la Francophonie. Les interactions culturelles, socle d’une relation durable langue toujours vivante : le français au Kazakhstan ! Une Par M. Albert FISCHLER, «L e miracle du langage, c’est d’évoquer des émotions» a-t-on dit pour exprimer toute l’importance de la langue en général. Celle-ci est comme une mémoire de l’humanité, elle reflète une culture, une manière d’être. Aussi, se trouver au Kazakhstan pour des français qui s’expriment dans leur langue, c’est entendre de la part de leurs interlocuteurs le plus beau des compliments : « votre langue est si musicale », ou plus touchant encore, comme nous l’exprimait récemment un diplomate kazakhstanais : « le français c’est la langue d’amour ! ». Amour pour cette langue, amour pour ce pays qui la porte, amour pour les valeurs que ce dernier continue à transmettre. Ainsi faut-il imaginer ces instants de grandes émotions lorsque dans un train au Kazakhstan entre Almaty et Turkestan au début des années 2000, apprenant que des français se trouvent dans un compartiment, situation peu banale encore à cette époque, de nombreux autres voyageurs viennent timidement frapper à la vitre et dire combien ils aiment la langue française en citant pêle-mêle, afin d’en apporter la preuve, Alexandre Dumas, Jules Verne, Victor Hugo où en chantonnant des paroles apprises à l’école : « Meunier tu dors... » ou « Il était un petit navire... » ! Ou encore, cette preuve flagrante d’intérêt pour la culture française lorsque visitant à l’improviste une classe d’un établissement secondaire, nous avons pu entendre un cours sur la peinture impressionniste française, agrémenté par des documents explicites. Il est vrai que l’apprentissage de la langue française et l’étude approfondie de la culture et de l’histoire françaises ont toujours connu, avec des nuances aujourd’hui, un engouement certain. Deux périodes doivent être distinguées dans cette optique : tout d’abord avant les années 1990 et ensuite depuis que la jeune république est ouverte à toutes les influences mondiales. À l’image de l’influence culturelle, voire politique que la France a dispensées et dispense encore aujourd’hui, dans de nombreux pays dans le monde la langue française est et reste le vecteur de cette ancienne importance. Ainsi, la conception de la « francophonie » et de la « défense et de l’illustration » de cette dernière pour marquer le rôle privilégié de la France dans le monde, reste une des spécificités de ce pays qui défend âprement son héritage linguistique. En conséquence, on comprend mieux pourquoi la fierté est grande en France à l’annonce d’un nouveau Prix Nobel de littérature qui vient d’être attribué au littérateur Patrick Modiano. Remarquons, au passage que dans le passé de l’histoire du Turkestan russe au XIXème siècle, puis dans celui de la période soviétique, la langue française fut apprise dans les établissements secondaires en tant que première langue étrangère. À ce propos, il est intéressant de rappeler que les enfants de la noblesse russe, avant la Révolution de 1917, étaient entourés de gouvernantes souvent françaises qui enseignaient dans leur langue. Autre exemple, qu’il convient de noter ici, c’est que le premier architecte des bâtiments administratifs de la ville de Vernyi, l’ancêtre de l’ancienne capitale du Kazakhstan, Alma Ata (Almaty), fut un ingénieur français, Paul Gour- det, architecte et pédagogue, venu s’installer au Turkestan russe dans les années 1880. Il fut comme un ambassadeur respecté du savoir faire et de la culture de son pays d’origine. De 1917 à 1991, pendant plus de 70 ans, la France, sa langue, sa culture, son histoire et pour des raisons idéologiques, certains de ses philosophes ou hommes politiques, furent vénérés. Rien d’étonnant alors, à remarquer dans les bibliothèques de nos nouveaux amis au Kazakhstan, les œuvres de Diderot, Voltaire, Zola, mais aussi les romans historiques d’Alexandre Dumas (tous ont lu Les Trois Mousquetaires !) et les romans épiques de Jules Verne, sans compter de nombreuses études se rapportant à Napoléon. La France est encore bien présente dans les bibliothèques privées et publiques au Kazakhstan ! Lors de la proclamation de l’indépendance du Kazakhstan en 1991, plus de 50 000 élèves, dans un pays peuplé, à l’époque, de 15 millions d’habitants, apprenaient le français. Rien qu’à l’Institut pédagogique des Langues étrangères avec lequel nous étions en relation, étudiaient exclusivement le français et la culture française plus de 200 étudiants dont certains, selon leur rang de sortie, allaient devenir professeurs en université, dans un lycée, ou ce qui correspond à un collège. D’autres allaient devenir interprètes et permettre ainsi à la jeune république de participer, profitant de sa toute nouvelle ouverture sur le monde, aux divers mouvements universitaires, culturels, économiques et politiques de la planète. Une seconde période s’est alors ouverte, et au Kazakhstan, comme 69 KAZAKHSTAN-FRANCE PARTENARIAT STRATÉGIQUE ailleurs, l’influence de la langue française a reculé face à celle de la langue du mode anglo-saxon. Aujourd’hui, selon les chiffres du Ministère kazakhstanais de l’Éducation et des Sciences, environ 25 000 élèves suivent des cours en français (dont 7 200 dans les « écoles kazakhes », 16 000 dans les « écoles russes » et 1 100 dans les « écoles ouighours et ouzbèkes ». Remarquons au passage combien les aspects linguistiques dans ce pays multiethnique, sont le reflet de la réelle importance que l’on accorde à la cohésion nationale. Le français est enseigné dès la 1ère classe (c’est l’équivalent du cours préparatoire en France), dans des écoles spécialisées en français. Il existe trois écoles de cette nature : la célèbre école « n°25 » à Almaty, une à Astana (la nouvelle capitale depuis 1998) et une à Kostanaï au nord du Pays. Sinon, dans les écoles qui proposent l’étude du français, celui-ci est dispensé depuis la classe de 5ème (première année du cycle secondaire, soit l’équivalent de la classe de 6ème en France). Ainsi plus de 100 établissements proposent la langue française sans compter les universités et les divers établissements d’études supérieures. Il faut ajouter à cela, que des institutions soutenues depuis la France comme les « Alliances françaises », jouent un rôle remarquable de diffusion de la langue et de la culture françaises auprès d’un large public dans la plupart des grandes villes du pays. Depuis 2013, les influences réciproques linguistiques, culturelles voire artistiques entre la France et le Kazakhstan ont été renforcées par des manifestations diverses : ainsi l’année 2013 fut déclarée « Année Culturelle de la France au Kazakhstan » et l’année 2014 a été celle qui a présenté au public en France les grands aspects artistiques et culturels du « Kazakhstan en France ». Au Kazakhstan, plus de 25 000 spectateurs ont assisté en 2013 à des représentations diverses qui ont mis en valeur différentes manifestations artistiques et festives venues de France et en particulier en mars 2013 un dîner gastronomique qui a réuni plus de 70 convives suivi par une fête de la gastronomie française qui a ravi plus de 650 gourmets ! 5 500 participants ont désiré s’imprégner de culture française lors de la Semaine de la francophonie. En avril de la même année le Festival du film français a été apprécié par plus de 5 000 spectateurs. Puis le Ballet Gallota suivi par environ 1 600 spectateurs a démontré l’importance du renouvellement chorégraphique en France. Enfin, de septembre à novembre, si l’Orchestre national de Lille fut suivi avec ferveur par plus de 3 300 mélomanes, le ballet Prejlocaj et ses hardiesses chorégraphiques, a attiré plus de 2 000 spectateurs. La chanteuse Patricia Kaas qui est déjà venue au Kazakhstan et y est très appréciée, a attiré, pour sa part, plus de 3 000 spectateurs. Terminons par une exposition qui durant deux mois fut suivie par plus de 2 000 visiteurs enthousiastes, celle consacrée à Napoléon qui jouit dans ce pays comme dans tous les pays dits de l’Est d’un engouement qui ne se dément pas depuis longtemps. C’est au Palais des Congrès que fut ouverte solennellement cette année particulière dans les relations entre le pays d’Abaï et celui de Victor Hugo. Le 20 septembre 2014, le Ballet National d’Astana a présenté un spectacle chorégraphique où tradition et modernité se sont alliées pour révéler au public en France les ressources et les potentialités anciennes et présentes du Kazakhstan dans ce domaine. Peu après, le 26 octobre, au Théâtre des Champs-Élysées, le célèbre Opéra « Abaï » sur un livret du grand littérateur kazakh Moukhtar Aouezov, révèlera au public un opéra pratiquement inconnu en Occident et tant prisé dans le pays des steppes puisqu’il glorifie l’œuvre d’Abaï ce poète-philosophe considéré comme « l’âme du Kazakhstan ». S’en suivra le 2 novembre un concert donné à l’Opéra Bastille par les Chœurs et l’Orchestre de « l’Astana Opéra » avec deux prestigieux solistes, démontrant ainsi le large éventail de talents que possède le Kazakhstan. Enfin, c’est le Théâtre de la ville qui proposera à son tour une « Journée Kazakhstan », le 9 novembre, pendant laquelle le public aura pu découvrir une vaste palette de la culture kazakhe : concerts, ateliers divers, rencontres, exposition photographique, projections d’œuvres inédites, auront ainsi mis en relief les traditions préservées d’un monde où domine la steppe « sans écraser les monts » pour reprendre la célèbre formule du poète-diplomate O. Souleimenov. Enfin, c’est devant un auditoire enthousiaste que s’est produit au théâtre de Fontainebleau le 14 décembre 2014 , l’Orchestre national Folklorique d’Atyrau du nom de Dina Nourpéissova, célèbre dombriste (1861-1955). Lorsque le visiteur d’Almaty, remonte la vaste et célèbre avenue Fourmanova, à la rencontre de la Chaîne Alatau, enneigée en toute saison, et qui domine Almaty, la capitale culturelle du Kazakhstan, il peut être surpris d’apercevoir sur sa droite, comme dans un surprenant mirage, une tour Eiffel, qui au milieu de magasins, vantent les mérites de la France dans le domaine de la mode et des produits de luxe divers, dévoile au large public qui l’admire, la présence de la France, pays ami voire fraternel. Ce chaleureux message se répète dans toutes les grandes villes du pays grâce aux « Maisons de France » qui proposent diverses productions venues de France. Le « Français », voix d’un pays fier de sa langue et de sa culture, fier de la musique de ses mots, musique qui rayonne de par le monde grâce à la francophonie qui se déploie ici au Kazakhstan avec bonheur, car si le « français : ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets (Léoplod Sedar Senghor) », il trouve ici une réelle résonnance, une réelle écoute. Oui, la langue française reste et est bien vivante aujourd’hui au Kazakhstan ! * Le Pr. Albert Fischler est lauréat du Prix de « La Paix et de l’Entente Culturelle de la République du Kazakhstan », Médaille d’Or de l’Université nationale Al Farabi d’Almaty. Auteur de «Depuis 20 ans... le Kazakhstan», éditions VFC, (2011). 70 Les interactions culturelles, socle d’une relation durable Napoléon fascine à Astana Par M. Pierre BRANDA, membre de la Fondation Napoléon, Co-commissaire de l’Expostion « Napoléon, une vie, une légende » mers ou les continents. Réaliser une telle exposition en quelques mois était un pari fou. Le célèbre Palais de l’Indépendance de la capitale kazakhstanaise a ainsi été transformé pour accueillir cette exposition de niveau international. Co-commissaire de cette exposition et responsable patrimoine de la Fondation Napoléon, j’ai vécu au plus près cette formidable aventure. À mon arrivée à Astana, du sol au plafond les ouvriers s’activaient pour livrer un espace muséal de grande qualité. Réactives et disponibles, les équipes recrutées ont relevé le pari avec entrain. À nos rares heures perdues, je suis allé à la rencontre de la capitale de cet étonnant pays. D’emblée, vous êtes subjugué par l’audace architecturale des bâtiments qui vous entourent. Une modernité de bon aloi vous enveloppe et vous séduit. C’est sans doute le plus étonnant. Vous comprenez alors que ce pays se projette tout entier dans l’avenir. Sa route est tracée, cela saute aux yeux. Mais il sait aussi faire une large place à l’histoire comme en témoigne l’exposition sur Napoléon notamment, mais pas seulement. En hiver, la température descend bien en dessous de zéro, mais malgré ce froid sec, vous ne pouvez qu’apprécier le voyage bien protégé avec gants et bonnet de rigueur. Aventureux et même téméraire, j’ai même pu goûter à l’une des spécialités locales, le lait de chèvre. Rude mais enivrant, le précieux nectar apporte une touche d’exotisme supplémentaire à un voyage qui n’en manque pas. Le jour de l’inauguration, il ne manquait pas un élément de décor pour séduire le public. L’efficacité n’est pas un vain mot dans ce pays. Napoléon aurait apprécié tout comme la délégation française présente. L’intérêt ensuite pour l’exposition fut manifeste. Les regards admiratifs étaient nombreux et les questions également. Tout à coup, une étudiante m’interroge : « Et si Napoléon avait gagné en 1812, parlerions-nous français ? ». L’essentiel n’est pas là. Nos échanges d’aujourd’hui sont bien plus féconds que nos affrontements d’hier. Par le biais de l’histoire napoléonienne, un rapprochement culturel s’est dessiné. Durable, je le sais. L’histoire est universelle. L’exposition d’Astana l’a démontré. © DR N apoléon au Kazakhstan ? Même dans ses rêves les plus fous, l’Empereur des Français n’aurait jamais espéré être aussi célébré en Asie centrale. Napoléon Bonaparte (1769-1821) est un des personnages majeurs de l’histoire du monde, de son vivant comme après sa mort. Il a marqué son temps ainsi que les époques qui ont suivi, jusqu’au sein des dynasties européennes actuelles où la descendance de sa famille est largement représentée. Général de la Révolution, Premier consul de la République puis Empereur des Français, conquérant et homme d’État, fondateur de la France moderne et inspirateur d’une certaine idée européenne, homme du siècle des Lumières et gouvernant autoritaire, il est souvent insaisissable, parfois détesté, parfois adulé… mais il ne laisse jamais indifférent. Dans la capitale Astana, du 19 décembre 2013 au 9 mars 2014, près de deux cent objets ont été exposés pour rappeler sa vie et son règne dans le cadre de la Saison de la France au Kazakhstan. Elle regroupe quelques trois cents œuvres d’art, manuscrits et ameublements datant de l’époque napoléonienne rassemblés pour la première fois à Astana dans le but de rendre compte du bouillonnement artistique, scientifique et politique qui caractérisait le début du XIX ème siècle français. Des assiettes des Tuileries à son acte de baptême en passant par de nombreuses armes, le visiteur était invité à découvrir ce personnage fascinant et qui séduit par delà les Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, Huile sur toile, 260 × 221 cm, Musée du château de la Malmaison. 71 Directeur de la Publication : S.E.M. Nourlan Danenov, Ambassadeur du Kazakhstan en France, Délegué permanent auprès de l’UNESCO. Ambassade du Kazakhstan 59, rue Pierre Charron 75008 Paris - France Tél : +33 (0)1 45 61 52 00 Fax : +33 (0)1 45 61 52 01 www.amb-kazakhstan.fr Email : [email protected] Édition, conception et réalisation : Vlady France Conseil - VFC 54bis, rue Louis Rouquier 92300 Levallois-Perret - France Tél.: +33 (0)1 40 89 23 23 Fax : +33 (0)1 47 58 80 95 E-mail : [email protected] Éditeur délégué de la Publication : M. Didier Vidal Coordination de la rédaction : M. Charles Henry Création de la maquette et Mise en page PAO : M. Rudy Gambarini Copyright VFC - Kazakhstan-France Partenariat Stratégique©, tous droits de reproduction même partielle et par quelque procédé que ce soit réservés pour tous pays. Imprimé dans l’Union européenne - Dépôt légal 1er trimestre 2015 - ISSN en cours. Photos couverture : © Présidence de la République © Ambassade du Kazakhstan 72 © Ambassade du Kazakhstan A M B A S S A D E D U K A Z A K H S TA N 59, rue Pierre Charron - 75008 Paris Tèl. : 01 45 61 52 00 - Fax : 01 45 61 52 01 w w w. a m b - k a z a k h s t a n . f r
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