fiche conf - Géosciences Montpellier
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Les Conférences Montpellier "Planète Terre" IUFM jeudi 3 avril 18h30 Les "Très Gros" SEISMES (Sumatra...) Quels enseignements pour le futur Serge LALLEMAND est géodynamicien spécialiste des zones de subduction océanique Directeur de Recherche au CNRS au laboratoire Géosciences Montpellier. L es scientifiques scrutent dans le moindre détail les zones de subduction à l’origine des séismes les plus destructeurs. Celui de Sumatra en décembre 2004, combiné à un gigantesque tsunami, a coûté la vie à 220 000 personnes. Il faut savoir que plus de 90% de l’énergie sismique est dissipée le long des frontières de plaques en subduction. Il y a deux raisons à cela : le frottement de deux plaques « froides » et l’extension de la surface de contact. Mettons de côté les séismes « profonds » ou « intermédiaires » d’un type bien particulier. Pour qu’il y ait séisme à l’interface entre les plaques, il doit y avoir frottement, et pour cela, la température des roches ne doit pas excéder 350 à 450°C, parce qu’au-delà elles deviennent ductiles. Par ailleurs, la magnitude d’un séisme dépend de l’extension de la rupture et de la quantité de glissement. Les zones de subduction offrent à la fois la continuité nécessaire à la propagation de la rupture – 1600 km depuis Sumatra jusqu’en Epicentre du choc principal et des répliques du Birmanie le 26 Décembre 2004 – et la bonne gamme de tempéraséisme du 26 décembre2004 au large de Sumatra Les répliques apparaissent en couleur en fonction ture grâce aux plaques qui, en s’enfonçant, refroidissent l’interface de leur date d'occurrence après le choc principal et augmentent ainsi la surface de frottement. La communauté depuis les jours qui ont suivi en rouge jusqu'à 3 internationale et les équipes françaises se sont mobilisées après ce mois plus tard en vert. La taille des cercles dépend séisme historique. Le mouvement co-sismique (pendant le de la magnitude de chaque évènement. Leur distribution souligne la zone de rupture dans les 8 séisme) et post-sismique (après le séisme) a pu être décrit préciséminutes qui ont suivi le choc principal. ment grâce aux stations GPS installées dans la région avant © European Mediterranean Seismological Centre l’événement. La structure de la marge a été cartographiée jusqu’à des profondeurs de 30, voire 40 km, alimentant ainsi des modèles de déformation confrontés ensuite aux temps d’arrivée et aux amplitudes du tsunami. L’intégration de toutes les observations permet de reproduire la séquence d’évènements à l’origine de la catastrophe et donc de mieux se préparer à la suivante. Les plus gros séismes ne sont pas distribués au hasard mais se concentrent sur certaines zones de subduction. © S. Lallemand d'après C. Conrad Détails - Contacts : http://www.gm.univ-montp2.fr verrouillé blocage, raccourcissement accumulation des contraintes élastiques soulèvement relaxé rupture sismique subsidence & extension Côte raccourcissement Confrontés aux 67 000 km de zones de subduction, les chercheurs concentrent leurs investigations sur les marges actives présentant les plus grands risques le Japon, le Chili,…. L’objet de leur attention est l’interface de frottement entre les plaques : la « zone sismogène ». subsidence Côte extension Déformation de la plaque supérieure pendant la période inter-sismique et pendant la rupture sismique: La marge se comporte de manière élastique en se déformant lorsque la faille est "bloquée". Pendant la phase de "déverrouillage" les contraintes sont brutalement relaxées. NB: la déformation est ici très éxagérée. © d'après Dragert et al. (J. Geophys. Res., AGU, 1994) L'interface de frottement entre les plaques est complexe. Il Bathymétrie de la fosse d'Amérique centrale au large du Costa-Rica et du Nicaragua montrant l'impact des reliefs océaniques en subduction présente des zones « d’aspérités » où le glissement est sur la marge. instable et générateur de séismes, d’autres zones stables © d'après Ranero et al. (G3, AGU, 2008) glissant sans séisme, d’autres enfin qui peuvent passer d’un mode à un autre. On pense que les séismes se déclenchent à partir des aspérités et se propagent le long des zones de glissement stable. C'est pourquoi il est important d’établir une carte précise de leur distribution, comme c’est le cas par exemple au Japon. Les progrès de l’imagerie géophysique indiquent que les reliefs océaniques (failles, édifices volcaniques, plateaux) jouent un rôle essentiel dans le couplage et la localisation des séismes de subduction. Ils peuvent tout à la fois servir d’aspérités qui concentrent des contraintes pouvant déclencher un séisme, et de barrière à la propagation de la rupture. Bloc-diagramme du prisme de Nankai indiquant les sites où il est prévu de forer la zone sismogène à l'aide du navire océanographique japonais Chikyu. On note l'existence d'une faille hors-séquence (Megasplay Fault) susceptible d'être rompue lors d'un prochain séisme. © IODP Des missions de forages océaniques profonds en travers de la marge sud du Japon ont démarré à l’Automne 2007 avec la participation des équipes françaises. L’objectif est d’atteindre, grâce aux capacités exceptionnelles du navire japonais Chikyu, la zone sismogène à une profondeur de 6 km sous le fond de l’océan. Les informations attendues seront précieuses pour la compréhension des mécanismes de rupture dans les zones de subduction. (extrait de "Terre, planète mystérieuse" coordonné par l'INSU-CNRS, éditions du Cherche Midi, à paraître en 2008)
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Singh et al, Nature 2008