Point juridique sur la restauration scolaire
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Point juridique sur la restauration scolaire
Compte rendu de la réunion téléphonique du 25 octobre 2012 Point juridique sur la restauration scolaire Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. 1 LISTE DES PARTICIPANTS Structures inscrites Commune Commune Commune Communauté de communes Commune De Semeac De Renaison De Saint Brice Courcelles Haute Maurienne Vanoise De Bellegarde Poussieu Dép 65 42 51 73 38 Commune Communauté de communes Commune Communauté de communes De Saint Carreuc Rhône Lez Provence De Dammartin sur Tigeaux Beauce Et Forêt 22 84 77 41 Cette réunion a été organisée par Mairie-conseils avec le concours d'Isabelle Farges. Elle est animée par Benjamin Rougeron, et destinée aux communes de moins de 3 500 habitants et aux intercommunalités. Le service de restauration scolaire constitue un service public administratif facultatif, la majorité des communes propriétaires d’écoles maternelles et élémentaires l’ont cependant mis en place. - Comment établir les tarifs, sur quelle base ? - Peut-on privilégier l’accès aux enfants dont les parents travaillent ? - Quelle attitude adopter vis-à-vis d’élèves souffrant d’allergies alimentaires ? - Doit-on tenir compte des différentes confessions religieuses des élèves pour la confection des repas ? - etc. Vous trouverez en annexe un diaporama envoyé aux participants pour aider à suivre l’exposé Introduction Benjamin ROUGERON, juriste au service de renseignements téléphoniques de Mairie-conseils Dans les écoles publiques maternelles et élémentaires, les communes n’ont pas l’obligation d’organiser un service de restauration scolaire. On retrouve ces éléments à la fois dans le code général des collectivités territoriales et dans le code de l’éducation. Il s’agit d’un accueil périscolaire. Le Conseil d’État considère que la création d’une cantine scolaire présente pour la commune un caractère facultatif et qu’elle n’est pas au nombre des obligations lui incombant pour le fonctionnement du service public de l’enseignement (CE 5 octobre 1984, commissaire de la République de l’Ariège et commune de Lavelanet). Le service de restauration scolaire est donc un service public administratif local facultatif. Lorsqu’une commune décide de créer ce service, c’est au conseil municipal qu’il revient de fixer les mesures générales d’organisation des services publics communaux, et qui est seul compétent pour édicter le règlement intérieur de la cantine (CE 14 avril 1995 n° 100539 ). Ce n’est pas le maire qui est compétent, mais bien le conseil municipal par délibération. En application du code de l’éducation, la commune de domicile d’un écolier est dispensée de participer aux frais de scolarisation dans une autre commune si elle assure directement ou indirectement la restauration et la garde des enfants, sauf quelques exceptions (article L 212-8), notamment lorsque la scolarisation est rendue indispensable par les obligations professionnelles des parents, par exemple, ou pour des raisons médicales. Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 2 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Autre précision : une commune qui met à disposition, par exemple, un local où les élèves peuvent apporter un repas préparé par leur famille, n’assure pas la restauration des enfants. Le ministère de l’éducation estime que la mise en place d’un restaurant scolaire implique que le service soit organisé par la commune de manière directe ou indirecte, afin d’assurer auprès des élèves la distribution de repas qui répondent aux exigences de sécurité et d’équilibre alimentaire. La mise à disposition seule d’un local, même équipé pour réchauffer la nourriture apportée par les élèves, avec un four à micro-ondes par exemple, ne peut pas être considérée comme un service de restauration scolaire (RM n° 11737 JO Sénat du 17 mars 2011). Les critères d’accès au service de restauration Le règlement intérieur a vocation à énoncer les critères d’accès au service de restauration scolaire, mais le refus d’accès doit être fondé sur un motif légal, non discriminatoire, ni attentatoire aux libertés individuelles. Peut-on refuser l’accès aux élèves qui ne résident pas dans la commune ? Le Conseil d’État admet cela, notamment en fonction du nombre de places disponibles. « Le principe d’égalité des usagers du service public ne fait pas obstacle à ce que, s’agissant d’un service public non obligatoire créé par une commune, dont l’objet n’exclut pas que son accès puisse être réservé à certaines catégories d’usagers, un conseil municipal limite l’accès à ce service en le réservant à des élèves ayant un lien particulier avec la commune et se trouvant de ce fait dans une situation différente de l’ensemble des autres usagers potentiels du service » ( CE 13 mai 1994, commune de Dreux). En fonction du nombre de places disponibles, la commune peut en réserver l’accès à des enfants qui ont un lien avec elle. Il ne s’agit pas seulement d’un lien de résidence. Lorsque des parents travaillent dans la commune, on doit considérer que les enfants dans ce cas ont un lien suffisant avec la commune. Il convient d’être attentif à l’éviction arbitraire. Peut-on refuser l’accès aux élèves dont les parents ne travaillent pas ? Plusieurs villes ont pris des décisions en ce sens, Bordeaux, Nice, Meaux, Thonon-les-Bains, par exemple. La jurisprudence administrative est constante en la matière. Chaque fois, elle annule ces dispositions du règlement intérieur. Je cite un jugement du tribunal administratif de Lyon de janvier 2010, intéressant au niveau de son considérant : « Le seul critère de l’activité professionnelle des deux parents ne peut légalement fonder la limitation de l’accès des élèves à la cantine, compte tenu de l’impossibilité dans laquelle peuvent se trouver les parents de prendre en charge leurs enfants pour des motifs autres que celui tiré de l’exercice d’une activité professionnelle ». De fait, un tel règlement porte atteinte au principe d’égalité des usagers devant le service public. Le Conseil d'État, statuant sur un jugement de référé, a suspendu l'application d'un règlement municipal qui interdisait l'accès des élèves dont les parents ne travaillent pas (CE 23 octobre 2009, n° 329076). Voir RM n° 1555 JO Sénat du 18 octobre 2012. Une proposition de loi a été déposée le 25 mai 2012 au Sénat, qui vise à garantir l’accès de tous les enfants à la restauration scolaire. Il s’agirait d’insérer une nouvelle disposition dans le code de l’éducation, qui obligerait les communes à rendre effectif, sous peine de sanctions financières, l’inscription et l’accès au service à tous les enfants scolarisés dont les parents en font la demande, quelle que soit la situation professionnelle de ces derniers. Beaucoup de petites communes, en proie à des difficultés financières se voient obligées de limiter le nombre de places au lieu d’agrandir les structures. Et la prise en compte des demandes selon un ordre chronologique peut être prévue dans le règlement intérieur (RM n°63097 JOAN du 23 mars 2010) . Martine NILLY, Mairie de Dammartin-sur-Tigeaux Si, dès le départ, dans le règlement, le nombre maximum de bénéficiaires est fixé, peut-on à partir de là appliquer la limitation d’accès à la cantine aux enfants dont seulement un des deux parents travaille? Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 3 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Benjamin ROUGERON Pas davantage. Le juge est sévère ; il invalide toute disposition en ce sens, non seulement d’interdiction, mais même de limitation, ou qui ferait de cette circonstance un critère d’accès. Véritablement aujourd’hui, même si cette loi n’a pas encore été adoptée, en l’état de la jurisprudence, faire référence à la situation professionnelle des parents dans le règlement intérieur est illégal. Cela ne peut en aucun cas être considéré comme un critère d’accès, s’il est considéré à lui seul, car non en adéquation avec l’objet du service. Nous attendons une décision du Conseil d’Etat sur le fond. Martine NILLY La cantine peut donc être surchargée pour ces motifs. Les règles de sécurité ne sont dans ce cas plus assurées. Benjamin ROUGERON Vous avez vocation, j’insiste sur ce point, à limiter le nombre de places disponibles et à n’accepter l’inscription que selon un ordre chronologique et à refuser des inscriptions tardives. Vous êtes autorisés à le faire ou alors, comme nous l’avons dit dans un premier temps, à limiter l’accès à la cantine aux seuls enfants ayant un lien particulier avec la commune. Les impératifs de sécurité peuvent commander de prendre ce type de décisions. Emmanuelle HALLE, Mairie de Saint-Brice Courcelles En matière de capacité d’accueil, pour refuser une inscription, quel critère fait-il foi ? Est-ce la capacité d’encadrement ou la capacité d’accueil des locaux qui permet de justifier un refus auprès des parents ? Benjamin ROUGERON Le conseil municipal détermine les règles en la matière. La fixation du nombre de places est liée à la taille des locaux puisque les conditions de sécurité doivent être réunies, mais le nombre d’encadrants doit être envisagé aussi. C’est en fonction de ces éléments que le conseil municipal détermine le nombre de places à la cantine. Et de ce nombre découleront peut-être des décisions de refus d’accès. Éric TILLIER, Communauté de communes Haute-Maurienne-Vanoise En Maurienne, nous sommes sur un territoire touristique de montagne. Une association partenaire de micro-crèches a mis en place, dans le cadre du règlement intérieur, un certain nombre de jours de présence. Cette association nous a interrogés pour savoir s’il était possible de mettre en place, nous aussi, dans le cadre de la restauration périscolaire encadrée dans l’accueil de loisirs, un nombre minimum de jours de présence sur l’année. Cela est-il possible ? Benjamin ROUGERON Je n’y vois aucune opposition de principe. Cela dit, comment envisagez-vous des moyens de sanctions ? Éric TILLIER Je m’interroge surtout sur la restauration dans le cadre d’accueil de loisirs. La liberté d’accès y est normalement imposée. Benjamin ROUGERON Je ne vois pas ce qui pourrait s’y opposer. Il faut que ce soit prévu dans le règlement intérieur, en tenant compte de la modulation des places. Mais si vous indiquez des contraintes par rapport à la période de l’année, on peut, dans un souci de remplissage, demander aux parents de respecter un certain nombre de principes. Cela ne me semble pas poser de problèmes. Éric TILLIER La liberté d’inscription dans le cadre de l’accueil de loisirs impose de ne pas refuser de personnes extérieures dans la limite des places disponibles. Cette obligation va-t-elle à l’encontre du principe de liberté d’accès ? Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 4 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Benjamin ROUGERON La liberté d’accès doit toujours être légitimée par le manque de places, vous le dîtes vous-même. Dans le cadre d’un CLSH en effet, vous avez vocation à accueillir des personnes extérieures. Mais moduler le nombre de places tout au long de l’année n’exclut pas a priori du dispositif ces personnes extérieures. Cela permet simplement de donner la priorité à des enfants qui ont besoin régulièrement de ce service. Éric TILLIER Pour nous, cela concerne plutôt le maintien des effectifs. Il s’agirait d’imposer aux familles qui utilisent ce service un nombre minimum de jours de présence. Il faudrait inscrire cette obligation dans le règlement intérieur, mais je ne vois pas comment nous pourrions fonctionner dans ce cadre. Benjamin ROUGERON Une telle obligation devrait être assortie d’une sanction, en cas de manquement. C’est plus gênant de faire référence aux effectifs. Autant une telle mesure peut être justifiée pour tenir compte des besoins des enfants, autant une motivation fondée sur le manque d’effectifs est beaucoup plus délicate, car c’est la définition même des besoins du service public qui serait atteinte. Éric TILLIER C’est ce qui m’interroge. Je précise que c’est lié au fait que l’effectif est chez nous très bas à certaines périodes et cela mobilise un personnel à l’année, en tout cas dans ces périodes, le printemps et l’automne, bien supérieur aux besoins. Benjamin ROUGERON Je comprends, mais je suis réservé. On ne peut pas raisonner comme un restaurant privé. C’est délicat, car il s’agit de l’autorité territoriale, puisque c’est le président de la communauté de communes qui est compétent pour déterminer l’effectif de l’ensemble de la structure et qui doit essayer d’anticiper les besoins. Vous pouvez demander à ces parents de faire un effort, en les prévenant, mais ça ne peut pas être assorti de sanctions, dès lors que cette mesure concerne un problème d’effectif. Si c’était lié à l’incapacité pour d’autres enfants de bénéficier du service, ce serait beaucoup moins gênant. La surveillance des élèves Puisque le temps de restauration scolaire est un temps périscolaire, les agents communaux ou intercommunaux ont la responsabilité des enfants (circulaire n° 97-178 du 18 septembre 1997) . Les communes ne peuvent confier à des personnes privées que la fourniture ou la préparation des repas, via un marché public ou une délégation de service public, à l’exclusion des missions relevant du service de l’enseignement public, et notamment la surveillance des élèves (CE avis du 7 octobre 1986). La commune ne peut donc pas déléguer à une personne privée la mission de surveillance des élèves. Il n’existe pas de cadre d’emploi de fonctionnaires territoriaux spécifique à la restauration ou à l’accueil périscolaire plus généralement. Cela vaut aussi pour les garderies. Le maire peut recourir sur la base du volontariat à des fonctionnaires enseignants de l’État ou à des fonctionnaires territoriaux, qui assureront la surveillance à titre d’activité accessoire. Il peut également, et c’est le cas le plus courant, recruter des agents non titulaires pour accomplir ces missions de surveillance (RM n° 12351 JO Sénat du 22 février 1996). Il n’existe pas de taux réglementaire d’encadrement des élèves pour les cantines qui ne sont pas créées autour d’un projet éducatif déclaré en préfecture. Mais il est recommandé de s’inspirer autant que possible des dispositions applicables aux centres de loisirs sans hébergement. Le taux réglementaire est dans ce cas le suivant: un animateur pour dix enfants de moins de 6 ans ; et un animateur pour quatorze enfants de plus de 6 ans (article R 227-16 du code l’action sociale et des familles ; RM n° 0007S du 24 octobre 2007). Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 5 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Bon nombre de petites communes n’ont pas la possibilité d’atteindre ce taux. Le maire doit essayer de faire au mieux en réduisant les risques de mise en jeu de la responsabilité. Le juge peut mettre en cause la responsabilité d’une commune si le taux est manifestement très insuffisant. Par exemple, une commune a été sanctionnée il y a quelques années parce qu’elle disposait d’un animateur pour cinquante enfants. Le juge a considéré que c’était insuffisant (CAA Lyon 25 mai 1989, commune de Jonquières). Concernant la qualification, il n’y a pas là non plus, d’obligation de formation. Mais un personnel formé (BAFA , BAFD) ou avec au minimum une qualification de secourisme parait être un choix opportun, tout du moins pour certains agents. En outre, aucune personne ayant été condamnée pour des faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ne peut être recrutée comme personnel d’une structure accueillant des mineurs (articles L 133-6 et L 321-1 du code de l’action sociale et des familles). Éric TILLIER Lorsque l’on est déclaré en accueil de loisirs sans hébergement sur ces temps, la qualification des agents est-elle obligatoire ? Benjamin ROUGERON Dès lors que l’on est en accueil de loisirs sans hébergement, on a une obligation de taux d’encadrement et de qualification, selon que l’on exerce une fonction de direction ou non. En revanche, pour une cantine qui n’est pas en accueil de loisirs sans hébergement, des recommandations fortes sont préconisées, mais pas des obligations. La responsabilité de la commune court pendant la durée du repas, mais aussi pendant le temps qui le précède et qui le suit, en dehors du service de l’enseignement. Les élèves ensuite relèvent à nouveau de la responsabilité de l’Éducation nationale, donc de l’État, ce qui signifie que la responsabilité du directeur d’école, en raison de sa fonction, ne peut pas être engagée durant le temps périscolaire. Là aussi, la jurisprudence est constante (Cass. 12 décembre 1994). Pour toutes ces raisons, il est vraiment conseillé d’élaborer un règlement intérieur qui sera un véritable acte administratif contraignant et qui doit être porté aussi à la connaissance des parents et des enfants. Dans ce règlement intérieur, on peut prévoir d’exclure un élève agressif. C’est juridiquement possible si le fait reproché nuit au bon fonctionnement du service. Exemple d’un considérant tiré de la jurisprudence : « Le comportement agressif et brutal du fils de M. et Mme X. à l’égard des adultes et des autres enfants ne permettait plus son maintien et justifiait la mesure d’exclusion ». C’est envisageable sous le contrôle du juge. Il est préférable de prévoir des sanctions graduées et proportionnées, dans un but pédagogique et dissuasif, pour permettre aux parents de présenter des observations le cas échéant, avant de prononcer une sanction provisoire ou définitive. Il est très recommandé que ce soit écrit dans le règlement intérieur. La tarification Pour ce qui est de la tarification, il convient de se référer aux articles R 531-52 et R 531-53 du code de l’éducation. Ils établissent que les prix de la restauration scolaire fournie aux élèves des écoles maternelles et des écoles élémentaires sont fixés par la collectivité territoriale qui en a la charge. Ils ne peuvent être supérieurs au coût par usager résultant des charges supportées au titre du service de restauration, après déduction des subventions de toute nature bénéficiant à ce service, y compris lorsqu’une modulation est appliquée. Les prix étaient réglementés, jusqu’en 2006. Désormais, vous avez une grande latitude en ce qui concerne l’élaboration des grilles tarifaires dans la limite indiquée. Comment construire une tarification ? Comment définir le nombre de tarifications différentes ? Vous pouvez, par exemple, adopter un tarif plus élevé pour les élèves domiciliés hors de la commune. Un Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 6 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. arrêt du 5 octobre 1984 du Conseil d’État admet que ces élèves sont dans une situation objectivement différente par rapport à des élèves domiciliés dans la commune. Cette tarification peut tenir compte aussi du quotient familial. Celui-ci peut servir de base tarifaire. Des réponses ministérielles vont dans ce sens. Les tarifs des services publics administratifs à caractère facultatif peuvent être fixés en fonction du niveau des revenus des usagers et du nombre de personnes vivant au foyer (RM n° 01129 JO Sénat du 28 août 1997 ; RM n° 14168 JO Sénat du 17 février 2005 ; CAA Paris 3 avril 2012 n° 11PA00914) . Autre critère de distinction : les élèves qui se rendent régulièrement à la cantine et ceux qui s’y rendent de manière plus ponctuelle. Il est possible d’élaborer une tarification dégressive au profit des élèves qui se rendent régulièrement à la cantine. Il est possible de combiner l’ensemble de ces critères pour élaborer une grille tarifaire assez fine et détaillée. Martine NILLY Est-il possible d’établir un tarif supérieur aux enfants qui vont rarement à la cantine ? Benjamin ROUGERON Absolument. On peut prévoir un tarif supérieur à celui qui est imposé aux élèves réguliers, toujours dans la limite du coût par usager résultant des charges supportées par la commune. La commune ne doit pas réaliser une opération sciemment lucrative. Le tarif le plus élevé de la grille pour les enfants se rendant ponctuellement à la cantine est possible. Martine NILLY Notre cantine est très fréquentée Est-il possible, pour inciter les parents à mettre moins souvent leur enfant à la cantine, de demander que le tarif soit moins élevé pour les enfants fréquentant la cantine ponctuellement ? Benjamin ROUGERON Pourquoi pas ? Si vous indiquez les raisons pour lesquelles vous faites ce choix, car il faut toujours avoir une motivation légitime, ce qui semble être le cas, c’est envisageable, puisque rattachée aux nécessités du service. Éric TILLIER Mon prédécesseur a établi un tarif de base par rapport à un coût de revient des charges supportées par la municipalité et ramenées aux usagers, avec un système de + 15 % et - 15 % par rapport au quotient familial inférieur ou supérieur. Le tarif de base, si je comprends bien, doit être le tarif maximal proposé aux usagers. On ne peut donc pas imposer + 15 %, ce qui reviendrait à dépasser le coût de la charge par usager de la collectivité, au quotient familial le plus élevé. Benjamin ROUGERON Vous parlez d’une moyenne. Il est possible de dépasser très légèrement ce seuil si l’ensemble de l’enveloppe est lissé. Il est envisageable d’établir + 15 %, dès lors que cela est fondé sur un critère financier pour les parents susceptibles de supporter cette charge supplémentaire. Dans ce cas, le juge ne pourra pas reprocher à la commune de faire une opération peu scrupuleuse sur le plan financier, à condition que ce pourcentage soit limité, et que l’ensemble de la tarification respecte le cadre réglementaire. Est-il possible d’exclure un enfant de la cantine en raison du fait que les parents ne s’acquittent pas du prix des tickets ? Cette sanction peut être prévue dans le règlement intérieur, mais à condition que la mise en œuvre du dispositif soit parfaitement connue des parents. Des mesures provisoires de suspension peuvent être prévues avant de recourir à l’exclusion. La règle de sanctions progressives qui semble être la meilleure. La commune peut-elle mettre en place un tarif préférentiel au profit des enfants des agents communaux ? Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 7 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Le juge ne l’admet pas, car ils ne sont pas dans une situation le justifiant. En prévoyant cet avantage tarifaire, l’autorité gestionnaire du service méconnait le principe de l’égalité des usagers devant le service public (TA Marseille 15 février 1991). Martine NILLY Est-il possible d’établir un tarif supérieur pour ceux qui ne règleraient pas dans le temps imparti ? Benjamin ROUGERON Pourquoi pas ? Je n’ai pas vu de telles hypothèses dans la jurisprudence, mais ce n’est pas plus coercitif qu’une mesure d’exclusion. Vous pouvez le prévoir dans le règlement intérieur. Vous pouvez décider qu’à partir de tant de tickets non acquittés, une majoration du prix unitaire sera appliquée. Emmanuelle HALLE, Mairie de Sainte-Brice-Courcelles Quand on dispose de places disponibles dans le restaurant scolaire et que l’on accueille des adultes, il y-a-t-il une règle spécifique de tarification ? Benjamin ROUGERON Aucune réglementation ne fixe cette tarification. Celle-ci ne doit pas être exorbitante. Parlez-vous des agents communaux ? Emmanuelle HALLE Il peut s’agir d’agents communaux ou d’enseignants, qui voudraient bénéficier du restaurant scolaire, s’il n’existe pas de restaurant administratif à proximité, par exemple. Benjamin ROUGERON Les adultes qui ne sont pas agents communaux étant libres de venir, il n’existe pas de réglementation en la matière. Vous pouvez appliquer un tarif plus élevé. Lorsque l'employeur fournit la nourriture aux agents communaux, quel que soit le montant de la rémunération du salarié, cet avantage est évalué forfaitairement (1 repas = 4,45 euros et 2 repas = 8,90 euros). Ce montant forfaitaire constitue une évaluation minimale quel que soit le montant réel de l’avantage en nature fourni et quel que soit le montant de la rémunération de l'agent. (voir lettre-circulaire acoss n° 2003-07 du 7 janvi er 2003). N’hésitez pas à prendre contact avec l’URSSAF et votre centre de gestion pour avoir des précisions sur ce point. Martine NILLY Un parent a demandé que, son enfant mangeant très peu, le prix du repas soit minoré. La commune a exigé que le prix du repas soit néanmoins réglé en totalité. Il s’agit de parents qui apportent le repas de leur enfant. Le travail de surveillance est le même. Sommes-nous dans notre droit ? Benjamin ROUGERON Il n’est pas illégitime de faire payer le prix du repas à cet enfant, même s’il mange peu, parce que cela relève du libre choix des parents de lui faire bénéficier du service. Donc, il n’y a aucune objection à exiger le prix appliqué aux autres élèves. Mais il serait également possible d’accéder à cette requête en ne répercutant que le coût de la surveillance. Les deux options sont fondées. Éric TILLIER Nous avons le même problème sur un accueil multi-sites. Nous donnons la possibilité, notamment pendant les vacances scolaires ou dans de petites communes dont l’effectif ne nous impose pas de faire une restauration collective, de bénéficier d’un repas commandé ou d’en apporter un. Dans ce cadre, nous avons dissocié le temps de garde du coût du repas, et nous facturons seulement le temps de garde. Nous proposons deux tarifications. Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 8 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Benjamin ROUGERON C’est opportun et légal. Il y a-t-il d’autres exemples ? Une participante Nous demandons un tarif pour la surveillance. Un participant Nous agissons dans le cadre d’un accueil individualisé. Si un enfant est soumis à un régime alimentaire et apporte lui-même son repas, dans le cadre d’allergies multiples à plusieurs composants, il est possible de facturer seulement le temps de garde. Benjamin ROUGERON Bien sûr, même si on peut estimer a contrario que le temps de garde ou de surveillance de cet élève est plus contraignant pour les agents. Ce n’est pas simple d’opérer un tel critère de distinction, mais à partir du moment où cet enfant apporte son repas, la collectivité peut ne pas lui facturer le prix de revient des repas qu’elle propose. Dernier point intéressant : un revirement de jurisprudence de 2007 considère désormais qu’au sens de l’article L 333-1 du code de la consommation, les créances de cantine ne constituent plus des dettes alimentaires du débiteur surendetté. Cela inclut toutes les dettes à l’égard d’une collectivité publique pour les créances portant sur des frais de restauration scolaire (Cass. 3 juillet 2008 ; RM n° 5214 JO Sénat du 25 septembre 2008). Question posée au service de renseignement : un restaurant traditionnel a ouvert ses portes près de l’école primaire et propose des repas pour les enfants à 3,50 euros. Il concurrence la cantine scolaire voisine. Beaucoup d’élèves s’y rendent. Quelles sont les obligations de ce restaurant par rapport aux élèves ? Il n’en a pas à proprement parler en dehors de celles qui lui incombent par nature, en termes d’hygiène et de sécurité alimentaire. Ces élèves, qui font ce choix, le font sous l’autorité de leurs parents, qui se soustraient à la surveillance et à la responsabilité de la commune. Il est recommandé de faire signer aux parents des élèves demi-pensionnaires concernés, une décharge attestant que leur enfant ne se rende pas de temps à autre à la cantine scolaire. La qualité nutritionnelle des repas et hygiène Avant une réglementation récente datant de 2011, il n’existait aucun cadre réglementaire, même si les cantines font l’objet d’un contrôle régulier par les services vétérinaires du ministère de la Pêche et de l’Agriculture depuis longtemps. La circulaire interministérielle n° 2001-118 du 25 jui n 2001 NOR : MENE0101186C est très importante. Un arrêté du 29 septembre 1997 fixe les conditions d’hygiène applicables dans les établissements de restauration collective à caractère social. A propos des normes nutritionnelles, on note un renforcement de la législation, alors qu’auparavant, il ne s’agissait que de recommandations. Désormais, l’article L.230-5 du code rural, créé par la loi du 27 juillet 2010, dispose que les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration scolaire et universitaire, ainsi que des services de restauration des établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans, sont tenus de respecter des règles, déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas qu’ils proposent et de privilégier les produits de saison. Les règles relatives à la qualité nutritionnelle des repas sont publiées sous la forme d’une charte affichée dans les services concernés. Pour atteindre cet objectif d’équilibre nutritionnel, il est prévu de proposer quatre ou cinq plats à chaque repas, dont nécessairement un plat principal comprenant une garniture et un produit laitier, de respecter des exigences minimales de variété des plats servis, de mise à disposition de portions de taille adaptée, ainsi que des règles pour la distribution de l’eau, du pain, du sel et des sauces (article D 230-25 du code rural). Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 9 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Éric TILLIER J’ai constaté, de la part de la direction départementale et de la protection maternelle infantile sur le portage de repas, que l’arrêté du 30 septembre 2011 sur la qualité nutritionnelle des repas indique exactement les mêmes choses. Benjamin ROUGERON Cet arrêté explicite en effet ces décrets. Il a d’ailleurs été publié le même jour ; sachez également qu’un er décret va aller encore plus loin dans les exigences, mais il entrera en vigueur le 1 juillet 2013. Il sera codifié aux articles D 230-24-1 à D 230-30 du code rural. On atteindra ainsi en plusieurs phases le cadre définitif en la matière. Ces nouvelles contraintes, qui vont dans le bon sens, pourraient néanmoins conduire un certain nombre de communes à augmenter le prix des tickets de cantine à la charge des familles, voire même à renoncer aux petites cantines scolaires. Sans doute la santé et la diététique des élèves est-elle à ce prix ? Autre question posée récemment à notre service : la cantine scolaire se fait livrer des repas par un fournisseur et les fait réchauffer, ce qui n’est pas rare dans les petites structures. Doit-elle effectuer une déclaration auprès du préfet ? L’arrêté du 29 septembre 1997 répond : « Lorsque la consommation des repas se fait dans un autre établissement que celui qui les fabrique, il convient d’appliquer les trois premiers titres de cet arrêté, qui créent une obligation supplémentaire, celle de l’agrément vétérinaire et sanitaire de la cuisine centrale qui élabore les produits ». Cet agrément est délivré par le préfet sur proposition du directeur des services vétérinaires et se traduit par l’apposition d’une marque de salubrité sur le conditionnement des produits, en liaison froide, ou sur les documents d’accompagnement, en liaison chaude. C’est une obligation supplémentaire à ne pas oublier. Éric TILLIER Pour l’office de restauration dans lequel on fait chauffer les plats, une déclaration en tant qu’office de restauration doit-elle être faite, ainsi que pour le prestataire qui produit le repas ? Benjamin ROUGERON Absolument. Les enfants atteints de troubles de santé La circulaire du ministère de l’Éducation nationale nº 2003-135 du 8 septembre 2003, dont l’objet est l’accueil en collectivité des enfants et des adolescents atteints de troubles de santé évoluant sur une longue période, est un texte de référence très complet. Pour synthétiser, ces dispositions ont pour but d’harmoniser les conditions d’accueil en collectivité des enfants atteints de maladies chroniques, d’allergies ou d’intolérances alimentaires. Ceux-ci doivent être en mesure de bénéficier du service de restauration scolaire dans le cadre d’un document personnalisé ; c’est le projet d’accueil individualisé (PAI). Il s’agit de fournir des repas adaptés au régime particulier de l’enfant, en application des recommandations du médecin scolaire prescripteur, ou de permettre à l’élève de consommer à la cantine le repas fourni par les parents, selon des modalités définies par le PAI et en respectant les règles d’hygiène et de sécurité alimentaire. Le PAI devra autant que possible décrire précisément les affections dont souffre l’enfant, ainsi que les précautions à prendre en conséquence. Il doit être élaboré à partir des besoins thérapeutiques précisés dans l’ordonnance signée du médecin traitant, en concertation avec le médecin scolaire, le médecin ou l’infirmier territorial. Il existe un modèle de PAI, en annexe 2 de cette circulaire, en plusieurs points : les coordonnées des adultes qui suivent l’enfant ; les besoins spécifiques de l’enfant (par exemple, lieu de repos ou nécessité Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 10 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. d’un régime alimentaire) ; les prises en charge complémentaires ; le traitement médical ; le régime ; le protocole en cas d’urgence ; et les référents à contacter. Cette circulaire précise également les modalités d’apport des paniers repas, en particulier le respect de la chaîne du froid. Exemple d’un enfant atteint d’une allergie à l’œuf pour lequel aucun PAI n’avait été élaboré puisque les parents n’avaient pas été en mesure de fournir un certificat médical d’un allergologue. Le maire peut-il refuser l’accueil pour ce motif ? Le juge a répondu oui, faute de PAI et de dispositif suffisant durant le temps périscolaire (TA Versailles 10 avril 1998 Madame Aussant). Ce jugement a été critiqué par la HALDE. Peut-être bénéficierons-nous d’une réglementation plus précise en la matière à l’avenir ? Une autre question fréquente : des agents de surveillance des cantines peuvent-ils administrer des traitements médicaux à certains enfants ? La réponse est non, sauf cas avérés d’urgence. Les agents de surveillance n’ont pas vocation à administrer ceux-ci. Cela relève des personnels infirmiers, si la collectivité en dispose ou éventuellement d’un médecin. Ces modalités sont rappelées au paragraphe 3.2 de cette circulaire. Un participant Je souhaite mettre ce service en place sur les quatre offices de restauration présents sur le territoire. Nous avons créé un poste d’assistant sanitaire. Nous avons un listing indiquant les différentes allergies possibles. Pour l’administration des médicaments, en cas d’urgence, on parle de présence de traitements sur place sous clé pour pouvoir réagir dans le cadre d’un PAI, cosigné avec les parents, le médecin traitant et la collectivité. Dans ce cadre, les agents ne sont-ils pas autorisés à donner un traitement d’urgence en cas de réaction allergique ? Benjamin ROUGERON C’est bien rappelé dans la circulaire. Le protocole de soins est signé par le médecin prescripteur. Certains sont considérés comme des actes médicaux ; d’autres non. Il s’agit d’un acte de la vie courante lorsque la prise de médicament est demandée par le médecin prescripteur à l’initiative du malade ou de sa famille, et lorsque le mode de prise, compte tenu de la nature du médicament, ne présente pas de difficulté particulière ni ne nécessite un apprentissage. Si on est dans cette hypothèse, un agent de surveillance, s’il se rend compte que l’enfant ne peut pas se l’administrer lui-même, a vocation à intervenir. L’agent peut aussi intervenir dans l’hypothèse que vous présentez, dans la mesure où il s’agit d’un traitement sous clé, parfaitement déterminé dans le PAI, et que le mode de prise ne présente pas de difficulté particulière ni ne nécessite un apprentissage. En revanche, dès lors qu’il s’agit d’un acte médical, comme une piqure ou la prise d’un médicament suivant des modalités particulières, il est préférable pour des raisons de sécurité qu’un agent de surveillance n’intervienne pas et que le personnel soignant soit contacté au plus vite. Lorsque l’on est confronté à une situation d’urgence, il convient de faire un choix. Il est bon que l’ensemble des parties prenantes, notamment les parents, indiquent précisément le protocole de soins adaptés et éventuellement les réactions physiologiques ou physiques que l’on peut mettre en évidence sur l’enfant afin de s’organiser en conséquence. Le personnel infirmier de la collectivité ou de la structure a vocation à encadrer cela et à intervenir en cas de problème. Martine NILLY Un enfant asthmatique pourrait-il ne pas être accepté à la cantine ? Benjamin ROUGERON Il peut ne pas l’être s’il est avéré que les moyens matériels ou en personnel ne sont pas suffisants. Martine NILLY Si l’enfant est victime d’une crise d’asthme, par exemple, qui nécessite un traitement comme la ventoline, peut-on refuser cet enfant à la cantine ? Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 11 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. Benjamin ROUGERON Certaines communes disposent de médecins territoriaux ou de personnel infirmier. D’autres, plus petites, n’en disposent pas. Dans ce cas, s’il s’agit d’un suivi sévère que l’enfant doit suivre, il est préférable de ne pas l’accepter, les risques étant trop importants. Mais si l’élève a l’habitude de s’administrer lui-même la ventoline, le médecin peut indiquer dans le PAI qu’il s’agit d’un acte courant, et l’élève ne pourrait pas se voir refuser l’accès pour ce seul motif. Éric TILLIER Concernant les enfants qui présentent des allergies multiples, s’il s’agit de régimes alimentaires concernant plusieurs constituants du repas, peut-on indiquer dans le règlement intérieur que nous ne nous engageons pas à livrer un repas à cet enfant ? Nous avons rencontré cette difficulté dans la rédaction du cahier des charges. Nous y avons indiqué la possibilité de commander des composants de remplacement. Par exemple, une banane à la place d’un kiwi, etc. Mais dans le cadre d’une allergie que nous ne pouvons pas prendre en charge, pouvons-nous refuser de proposer un repas commandé à la famille de cet enfant ? Benjamin ROUGERON C’est une mesure de bon sens et une bonne démarche, qui doit s’accompagner d’une information des parents. Mais cela doit rester exceptionnel, l’enfant allergique devant se voir proposer des menus adaptés le plus couramment possible. Éric TILLIER Dans le cadre d’une allergie simple, nous devons mettre en place des mesures de sécurité et le prestataire doit s’engager à ce qu’il n’y ait pas de traces. Est-ce à nous que cela incombe ou est-ce à la charge du prestataire ? Benjamin ROUGERON Vous devez veiller à cela. Vous avez un devoir d’information dans le cadre du choix des composants, afin de respecter les préconisations du PAI C’est assez facile de communiquer dès lors que l’on dispose de la composition des repas, selon les informations recueillies auprès du prestataire. Ce dernier doit en contrepartie respecter le cahier des charges que vous lui imposez. Les parents doivent demander à leur enfant de ne pas consommer tel ou tel plat. Pour des allergies plus complexes, la limite que vous posiez tout à l’heure est parfaitement justifiée. Éric TILLIER C’est le cas d’enfants sous traitement. Benjamin ROUGERON Dans la circulaire, il est indiqué : « Il est souhaitable pour ces enfants, confrontés à la maladie, que la structure d’accueil apporte son concours aux parents pour l’exécution des ordonnances médicales prescrivant un régime alimentaire, des soins ou un traitement médicamenteux oral, inhalé ou par auto injection. C’est dans un climat d’échanges et de confiance que les personnels peuvent eux-mêmes donner, lorsque les familles le demandent et sur prescription de leur médecin, les médicaments à ces jeunes en cours de traitement ». Le problème est que quand on dit « le personnel », il n’est pas précisé si ce sont des personnels ayant une formation médicale. La plupart du temps, oui. Là encore, c’est un peu flou. Les agents de surveillance n’ayant pas de formation médicale, s’il s’agit d’un traitement répondant à un protocole simple, ont vocation à intervenir. Il faut bien distinguer un acte de la vie courante, donner de l’aspirine par exemple, d’un acte médical. La vraie distinction est là. Éric TILLIER Je m’interroge sur les PAI. Nous avons établi un listing. Nous n’avons pas de cas d’allergies alimentaires à ce jour. Par contre, une vingtaine d’enfants présentent des allergies médicamenteuses ou des allergies Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 12 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. simples au soleil, par exemple. Dois-je mettre en place un PAI pour l’ensemble de ces enfants accueillis dans le cadre de la restauration périscolaire et de l’accueil des loisirs d’une manière plus générale ? Puisje mettre en place cette procédure avec chaque famille ? Benjamin ROUGERON Vous n’en avez pas l’obligation, mais cela est préférable que chaque enfant concerné soit « protégé » par un PAI. Si c’est trop lourd, vous pouvez opérer des choix. C’est une question délicate. Éric TILLIER Dans la mesure où nous l’accueillons, s’il présente une forme d’allergie, sommes-nous tenus de faire un PAI ? Benjamin ROUGERON C’est une très forte recommandation. Plus le cas est difficile, plus le PAI doit être précis dans ses préconisations. D’une certaine façon, dans ce cas, vous ne devez finalement accepter l’accueil que si vous êtes en mesure de répondre à des difficultés particulières par rapport à tel ou tel élève. On ne vous reprochera jamais de refuser l’accès à un élève qui présente un problème médical sérieux, dans la mesure où vous n’êtes pas dans la certitude de pouvoir y répondre. C’est de cette façon qu’il convient de raisonner. Prise en compte des requêtes des parents et des prescriptions religieuses Les principes sont assez simples en matière de prise en compte des prescriptions religieuses pour la confection des repas. Il n’existe aujourd’hui aucune disposition législative qui fait obligation au service de restauration de prendre en compte les exigences alimentaires d’ordre religieux pour la confection des repas. Vous n’êtes pas tenus de proposer des repas de substitution (CE 25 octobre 2002, n°251161) . Le juge considère que les élèves concernés peuvent déjeuner à l’extérieur. A contrario, le principe de laïcité n’interdit pas de proposer des repas de remplacement. Il n’y a ni obligation ni interdiction. L’interdit de la consommation de porc prescrit pour les confessions musulmane ou israélite peut éventuellement être respecté par exemple par l’apport d’un substitut en protéines. De la même manière, une alternative à la viande peut être proposée le vendredi pour tenir compte de la prescription des cultes chrétiens. La même solution d’ailleurs peut être étendue à chaque repas pour les élèves végétariens, sans obligation. Si des parents exigent d’un service un plat principal qui ne soit jamais composé de viande ni de poisson, il est possible de s’opposer à cette exigence. Par contre, il est possible de proposer des plats de substitution. Il convient de noter qu’il est illégal de préparer des menus selon les rites prescrits par une confession, par exemple des aliments préparés selon le rite halal ou casher. Ce n’est pas envisageable car cela aboutirait à conférer des droits collectifs à certains élèves en portant atteinte au principe d’égalité d’un service public. Tel est le cadre juridique à l’heure actuelle en la matière. Isabelle GALLISA, Communauté de communes Rhône Lez Provence Nous avons quelques difficultés, notamment quand nous proposons des plats uniques, type lasagnes. Certains parents nous demandent de ne pas servir en assiette la viande pour leurs enfants. Je voudrais savoir quelle est la conduite à adopter. Ces parents demandent que l’enfant ne soit pas servi, s’il y a contact entre la viande et le féculent, par exemple, car celui-ci ne doit pas toucher au contenu de son assiette. Ces cas ne sont pas généraux, mais ils reviennent de plus en plus souvent. Benjamin ROUGERON Pour les lasagnes, il y a forcément un mélange ; cela revient à ne pas servir de plat de résistance à l’enfant. Ce n’est pas simple. Il convient d’essayer de raisonner en bonne intelligence. Si les parents ne Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 13 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus. réclament pas de plat de substitution, et ils n’ont pas à le faire, puisque vous n’avez aucune obligation, il faut avertir le personnel et demander aux agents de ne pas servir l’enfant. Celui-ci ne bénéficie pas dans ce cas d’un repas complet, mais c’est la responsabilité des parents. C’est d’autant plus facile de prévoir ce genre de choses lorsque le menu est connu à l’avance. Les parents peuvent fournir un complément de repas quand le plat principal ne pourra pas être servi à l’enfant. Certaines questions posées par les participants renvoient à des situations très particulières, qui nécessitent une réflexion plus approfondie qui dépasse le cadre de ces réunions. Afin d’obtenir la meilleure réponse possible : Contactez le service de renseignements téléphoniques de Mairie-conseils : Par téléphone au 02 38 79 97 97. Par mail sur le site Internet www.mairieconseils.net à la rubrique Service de renseignements téléphoniques : « vos questions par mail ». Vous pouvez également consulter la rubrique « Vos questions, nos réponses ». Dans le cadre des missions d’intérêt général de la Caisse des Dépôts, ce service est accessible gratuitement à toutes les intercommunalités, quelle que soit leur taille et leur type, ainsi qu’aux communes de moins de 3 500 habitants. N’hésitez pas à l’utiliser Compte rendu de la réunion téléphonique juridique du 25 octobre 2012 – Point juridique sur la restauration scolaire – 14 Mairie-conseils Caisse des dépôts – Téléchargeable en ligne sur www.mairieconseils.net Rubrique Ressources, Comptes rendus.