Revue belge de numismatique et de sigillographie
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Revue belge de numismatique et de sigillographie
. REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE LES AUSPICES DE LA SOCIETE ROÏâLE DE NUMISMATIÛDE. DIRECTEURS : MM. MAUS, V*» B. DE JONCHE ET CUMONT. 189S QUARANTE-HUITIÈME ANNÉE BRUXELLES, J. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROL Tiue de la Limite, 2 1892 1 252 UN JETON D^OR INÉDIT PIERRE D'ENGHIEN, SEIGNEUR DE KESTERGAT. y a deux ans, en i88g, un terrassier qui déblayait les anciennes fortifications de BoisIl le-Duc (Brab. sept.) trouva le très intéressant jeton que nous allons décrire. Ce jeton fut acheté consentit à le par un jeune bourgmestre de de notre Société ; donc dans c'est collection de jetons de cet cette pièce — qui la magnifique amateur distingué que hors ligne repose aujourd'hui. Voici sa description Droit. homme Van Dyk van Matenesse, Schiedam et membre honoraire céder à M. : Entre deux cercles perlés concen- triques, la légende : 253 lECTOIRS .:. POVR D KEST'GATE. •^.:. LE .-> SEIGHR' .:. ; Jeton pour Au le seigneur de Kestergat centre, les lettres majuscules (i). P et M unies par un lacs d'amour. — Entre deux cercles perlés concentriques, Rev. légende la : QVI .f. BIE' .:. lETTERA .;. LE COMPTE .:. TROVVERA. un balancier d'horloge avec Au centre .^. : deux contre-poids, accosté à droite de .f. ses la lettre majuscule S, entre deux fleurons composés de cinq points, et à gauche, de la lettre majuscule R, du aussi entre deux fleurons Remarquons d'abord même genre. l'analogie de ces deux légendes avec celles d'un jeton du seigneur de Beersel p. 340 (2), laaTOIRS ^ ^ Qvi * Bie:n >f Dans (1) La époque ; Van dessiné dans Mieris (3), tome I, : le fleur * POVR * Le * Bie:' ^ leccrreiRA * — * S6IGRGVR son aomprre: ^^ trow^rtî. champ, séparées par de lis est ce jeton pourrait la les insignes marque monétaire de Bruges donc avoir été frappé à la à Monnaie de de celte cette ville. (2) Beersel-sur-Senne, dans l'arrondissement de Bruxelles. (3) Voy. aussi, t. 1, pp. 210 provinces des Pays-Bas, par ANNKii 1892. et 228, le le D'' Jeton historique des dix-sept Dugniolle. i8 254 Toison d'Or, les lettres majuscules Henri de Witthem, seigneui de Beersel, et d'Isabelle van den Spout, sa femme.^ l'ordre de la et I^ initiales de I, En-dessous, Un le millésime le i5oi. : autre jeton de ce seigneur de Beersel port millésime de i5o5. (Voy. Dugniolle, t. I, p. 22I n° 8o3.) La mode de réunir par un lacs d'amour les ini- des prénoms des époux était très répandue tiales commencement du à la fin du xv^ siècle et au xvi^ siècle. Plusieurs jetons Beau le Nous de du règne de Philippe (1482-1506) montrent cet arrangement. citerons seulement un jeton pour le bureau madame l'archiduchesse d'Autriche, duchesse de Bourgogne, décrit par M. Dugniolle, et dcvssiné pi. III. n° 604; le revers p. 175, de ce jeton, qui beaucoup de ressemblance avec offre 1. 1, le droit du jeton de Kestergat, porte les lettres majuscules P et I jointes Castille par un lacs d'amour de Philippe initiales Beau le et ce sont les ; de Jeanne de (ij. C'est un jeton à compter destiné au bureau de l'Archiduchesse. De même, le chancelier de l'Ar- chiduc avait un jeton pour son usage particulier (1) Vqy. encore, Dugniolle, dans VAN MiERis, réunies par Philippe n" 601. le un Beau t. lacs : t. p. 294. n" I, I, 1, p. 174, n^ 600 d'amour, ce sont Qui ; le 11° 636, porte au revers les lettres les initiales voudt^a. Vqy. Dugniolle, t. I, de la ; gravé Q et V devise de pp. 167 et 174, 255 de même, il y avait des jetons pour les seigneurs des finances. {Voy. Dugniolle, n°^457 et 461, t. I, 455.) D'autres dignitaires et fonctionnaires possé- daient aussi des jetons à compter rappelant leurs titres. Lesgrands seigneurs, à l'imitation du prince, faisaient frapper des jetons, portant leurs initiales ou leurs armoiries, pour établir de leur maison (i). Dans les comptes cette catégorie de jetons servant aux affaires privées rentrent évidemment les jetons ci-dessus mentionnés des seigneurs de Beersel et de Kestergat. Les légendes de ces pièces disent clairement qu'il s'agit de jetons à compter. Les seigneurs et les riches bourgeois se servi- fréquemment de jetons en argent, surtout à partir du xvi^ siècle. Ils en firent frapper aussi en rent mais c'étaient plutôt des pièces de parade, de cadeau ou de récompense que des instruments de or, maire calcul. Ainsi, le offrirent à et les échevins de Tours Louis XII soixante gettoirs ou pièces de plaisir en or, à son entrée solennelle dans cette ville, en 1498. Charles le Téméraire avait cepen- dant des jetons d'or pour son usage particulier (1) Les seigneurs n'ayant plus monnaie, satisfaisaient le droit ou la licence de (2). frapper aussi leur vanité en faisant faire des jetons à donner leurs armoiries et devises, ce qui pouvait leur l'illusion d'une monnaie émanant d'eux. (2) « Là (en la se cloent nuls chambre des finances) vient le comptes sans luy et bout du bureau, jecte et calcule en eux, et iceluy exercice, duc bien souvent, sans son sceu. comme sinon que le Luy mesmes il et ne sied au les autres, et n'y a différence duc jecte en jecttoirs d'or et les , 256 Le nombre des jetons nos jours d'or conservés jusqu'à est très restreint, d'abord, parce qu'ils n'ont été fabriqués qu'en petite quantité et, ensuite, parce qu'ils ont été généralement transformés en bijoux, en vaisselle, ou en monnaies (i). La valeur du métal dont étaient faits ces jetons hâtait leur destruction. Il n'est donc pas étonnant que les jetons d'or du xv^ et du xvi^ siècles soient raris- Le jeton du seigneur de Kestergat tire par conséquent une très grande valeur non seulement simes. du fait qu'il est unique jusqu'à maintenant, mais aussi de la nature du métal dont il est fait. Ce jeton ne portant aucun millésime, nous essayerons de déterminer son âge par d'autres indications. Les deux jetons du seigneur de Beersel, mentionnés ci-dessus, ont été frappés en i5oi et i5o5, pendant la majorité de Philippe le Beau (1494-1506) les lettres des légendes ont le même caractère que ; les lettres des inscriptions prince des monnaies de ce (2). Durant la minorité de Charles-Quint (i5o6-i5i5) les légendes des monnaies sont encore d'un alphabet en grande partie gothique. autres en jecttoirs d'argent. » (Olivier de la Marche, Estât du duc de Bourgogne ; Glossaire de M. La Borde, p, 329.) (1) Vojr. une excellente étude sur les jetons par M . A. de Schodt, Revue belge de numismatique, iSjS, pp. 518-544. (2) ment Voy. Van der Chus, Monnaies de Brabant, le no 17. pi. XXII et notam- 257 Ce n'est qu'à sa majorité qu'on vit le grand empereur, se laissant entraîner par le mouvement de la Renaissance, émettre des monnaies avec des légendes composées d'un alphabet franchement romain. Or, le jeton du seigneur de Kestergat pré- monnaies de sente cette analogie avec les rité la majo- de Charles-Quint. Nous pouvons en conclure qu'il est po§térieur à i5i5. Cela étant bien nom le établi, il sera facile de trouver du personnage qui était de seigneur Kestergat après cette date. Cette détermination sera d'autant plus aisée, que deux les lettres majuscules réunies par un lacs d'amour sont cer- tainement les initiales des prénoms de mari et femme. Mais avant de tirer parti des renseignements que notre savant collègue à la Société d'archéologie de Bruxelles, M. Th. de Raadt, a bien voulu nous donner avec son obligeance habituelle et sa grande expérience en héraldique, disons quelques mots de la seigneurie de Kestergat. Cette seigneurie était et composée : i° d'une maison enclos situés en la seigneurie de Leerbecque ou Leerbeek, en Brabant (lettres du i5 février 1449). Cette partie est appelée Resterg at~Brabant dans le dénombrement de (1) 1752, et relevait Les seigneurs de Kestergat devaient de Brabant. Kestergat- Brabant était fief le fief lige. ample, sans obligations personnelles du Brabant service militaire au Kestergat-Hainaut ni militaires. (i) ; duc était 258 2° d'un certain de juridiction sous la circuit paroisse de Castre (dénombrement de 1752), sei- gneurie d'Enghien, relevant du Hainaut. Cette partie du territoire de Castre ample en 144g (i). Kestergat cette juridiction du Hainaut. une juridiction sur en fut érigée relevait Le fiel Cour féodale de Hainaut, cartulaire de la rédigé en 1473, 210 II, fol. t. cependant dit v'', : « Messire Jehan d'Enghien, seigneur de Kestre- « gâte, chevalier, tient de ladite seignourie d'En- « ghien ung « comprent en « basse dudit lieu, et poelt valloir par an. plus) fief appellet le Kestreghate, qui se moyenne haulte justice, le une Bosmans, puisque ne relevait pas du Hainaut. erreur, selon le dit lieu (Kestergat) Le M. J. cartulaire, qui n'avait pas à s'occuper de Kestergat-Brabant, ne pouvait donc juridiction (1) V. une partie du sur La féodalité au pays d' Enghien qui a eu Tobligeance ci d'Enghien, Ce le fief t. de Kestergat, les la viser que de territoire par M. Jules Bosmans les (p. 71), renseignements seigneurie de Kestergat. Voir Annales du Cercle archéologique I,pp. i42etss. registre se trouve aux Archives du royaume à Mons. seule mention qui s'y trouve de ce la , communiquer de nous -dessus indiqués, sur l'étendue de encore sur (2) (Sans » (2). C'est la et fiet, au xv^ Cour féodale d'Enghien, au nombre de 35, siècle. C'est la Les registres de que possède le dépôt de Mons, ne commencent qu'en i582, Voy. encore le cartulaire aux archives du royaume l'inventaire Kestergat. imprimé. Il y ; de la Cour féodale de Hainaut de Chambre des Comptes, est n^ question d'un relief de un ou la 1 i5o2, 1 12 de seigneurie de 239 Castre qui relevait de la seigneurie d'Enghien. A la du fin xv- au commencement et xvi^ siècle, la seigneurie de du Kestergat obéissait à Louis d'Enghien, qui était aussi vicomte de Grim- Wambrouck, berghe, seigneur de eut pour Il femme Marguerite de Santberghe, Beauvolers, etc. Wencelin, seigneur des mêmes etc. (i). (2) dame d'Oisy, (fille du chevalier lieux, et de Cathe- Vaernewyck (3) ). Louis d'Enghien mourut avant rine de (n. st.) puisque , ce jour-là obtint l'investiture ci-dessous). nom du Il du fief sa le 25 mars i5i5 Catherine fille de Haeren {voyez note laissa, entre autres enfants, un i fils de Pierre, Celui-ci fut chevalier et seigneur de Kestergat, de Wambrouck ou Wannenbrouck, etc. plit, Il rem- en i522,les fonctions d'échevin de Bruxelles, en i53i, et, — achever le désigné fut comme mandat de Bernard Bigard, mort le Pierre eut pour femme pour Estor, seigneur de février de la i^"" échevin, même année. Marguerite van de Velde, van den Velden, ou van Velden, appelée aussi des (1) Louis d'ÏLnghien reçut en 1480; c'est son père, il du moins d'un fut investi en 1451, après le le 2 la seigneurie de Kestergat probablement octobre de cette année que (par Haertn que ce dernier fief à Non (3) Voy pas Marie . comme 18, fol. elle est sacré, II, 389; ils 192 v».) appelée dans l'épitaphe de ces derniers Grand Théâtre mort de décès de sa mère Elisabeih de Hertoghe (Tshertogen). (Cour féodale de Brabant, reg, n» (2) la avait relevé les généalogies. époux dans Jacques le Roy, gisent dans l'église de Santberghe. 26o Champs, au témoignage de Laurent Le Blond qui, {Quartiers généalogiques des illustres d'Espagne, « et 337) portait édition in-8°, p. etc., nobles familles : de sinople au chef d'argent, semé de lys de gueules ». D'après ce même auteur, Pierre aurait écartelé d'Enghien plein avec qui sont armes de sa mère, Oisy, les d'argent, au croissant de gueules. : mourut le 12 septembre 1540. Le jeton d'or trouvé à Bois-le-Duc convient donc parfaitement à Pierre d'Enghien, seigneur Pierre de Kestergat; il porte, au droit, les initiales de Pierre et de Marguerite, sa femme. Ce jeton est postérieur, avons-nous démontré, à i5i5. Vers cette époque, Pierre venait de succéder à son père dans la seigneurie de Kestergat. Nous pouvons donc affirmer que ce jeton a été frappé entre i5i5 et 1540. forme à celui des monnaies époque. Il et Son con- style est des jetons de cette a peut-être été frappé en i522, année où Pierre devint échevin de Bruxelles peut-être encore, à l'occasion du mariage de Pierre avec Marguerite van de Velde, mais nous n'avons pu ; trouver la date de ce mariage. Ce sont là du reste de simples conjectures. Les d'Enghien de Kestergat sont, à n'en pas douter, issus des anciens seigneurs d'Enghien, dont ils étaient, affirme M. J. Bosmans , une branche bâtarde. Ceux de Kestergat combinaient les emblèmes . 26l des d'Enghien de différentes façons (i) écu d'argent à trois fleurs de sable (2). Tantôt, : avec un au pied coupé, de portaient ce dernier écu avec ils Enghien en franc-quartier et vice-versâ, tantôt, ils scellaient d'un écu écartelé, aux lis, 2^ et 3^ les fleurs de aux i^''et4^ d'Enghien, lis (3 et 4). C'est sous cette dernière forme que Louis porses armoiries {voy, le sceau apposé par lui, tait en 1495, à l'aveu qu'il Une damoiselle (1) de son flt sert de tenant Wambrouck, à Haeren). (5). comme successeur Pierre d'Enghien eut seigneur de Kestergat, fief, Jean-Hercule, chevalier, qui acheta la vicomte de etc., Grimberghe à Agnès de Vooght, veuve de son oncle Louis d'Enghien. Il bourgmestre de Bruxelles fut mourut comme et tel en juillet i554. Sa sœur Barbe épousa Jean Hinkaert, chevalier, seigneur d'Ohain, (2) Les armes étaient, dit M. d'argent à trois fleurs de : Bosmans, J. seel, à laquelle appartenait enfant bâtard, et même celles de la famille la etc. au pied coupé, de sable, lis, de Lier, dite d'Immer- qui eut de Walter d'Enghien un fille adultérin, auteur des d'Enghien de Kes- tergat Les brisures adoptées par ceux-ci sont expliquées dans d'héraldique, de M. (3) sable les Traité les armes pleines d'En- ce qui constituait une brisure moins Les d'Enghien Kestergat ont parfois porté ghien avec un cimier différent apparente que le J. Bosmvns, pp. 192 et 193. : les autres brisures Gironné d'argent et rapportées ci-dessus. de sable de dix pièces, chaque giron de chargé de trois croisettes recroisetées, au pied fiché, d'or, pieds dirigés vers le centre de l'écu. (4) Comp. Henné et Wauters, Histoire de Bruxelles, armoriées; J.-Th. de Raadt, Keerbergen (5) Aveux n» 2329. et ses seigneurs; et les Seigneuries du les planches Pays de Malines, Armoriai général, de Rietstap, 1881. dénombrements de la Cour féodale de Brabant, 202 Reste à expliquer l'instrument qui figure au revers du jeton de Pierre deux lettres droite, majuscules S l'autre à gauche de de Kestergat, R et et les placées l'une à la tige de cet instru- ment. Dire à quoi celui-ci avait servi n'était pas Nous nous facile. étions vainement adressé à plusieurs antiquaires, lorsque M. Henri Hymans, conser- vateur des Estampes de la Bibliothèque royale, nous engagea à consulter M. Eugène Wehrle, horloger, 2, place du Petit-Sablon, à Bruxelles, grand amateur et excellent connaisseur d'horlo- Ce fut un très bon conseil non seulement M. Wehrle nous reçut avec la plus grande amabilité mais aussitôt que nous lui gerie ancienne. : , eûmes montré le revers du jeton de Kestergat, il nous déclara, sans hésitation, que l'instrument figuré sur ce revers était un balancier d'horloge ancienne. Il nous fit voir une horloge munie d'un balancier analogue. Il eut l'obligeance de nous expliquer les représenté sur lère diverses le jeton : de l'instrument parties 1° le balancier à crémail- avec ses deux contre-poids qu'on rapprochait ou qu'on éloignait suivant que devait être accéléi'é ou ralenti ; le mouvement 2" la tige ou verge ayant à son extrémité supérieure un anneau par lequel passait la ficelle qui servait à suspendre cette tige avec son balancier; 3° sur cette tige, vers la droite et vers la gauche, et à une certaine distance l'une de l'autre, les deux palettes d'échap- 263 pement destinées à régulariser le mouvement de la roue d'échappement (i). M. Wehrle m'a assuré que les horloges ayant ce genre de balancier ont été employées au xiv% au xv^ et jusqu'au commencement du xvi® siècle, époque où nous Il sur le en usage elles cessèrent d'être fit remarquer que (2). balancier dessiné le jeton de Kestergat était très perfectionné, ce qui indique la dernière période de son emploi. Les S et R, placées à droite et à gauche du balancier, sont les initiales d'une lettres de la tige devise ayant rapport aux fonctions de ce balancier celui-ci est l'emblème, à côté se trouve la ; devise adéquate. légende du jeton, est (1) M. C. comme langue française, Cette devise, en : « Sans Repos », la par allusion Picqué a montré au Congrès international de numis- tenu à Bruxelles à l'occasion du So^ anniversaire de matique, la fondation de notre Société, une médaille du peintre François Floris, faite par Conrad emblèmes, offre Bloc, dont expliqué cet instrument tenir à le revers, au milieu de divers autres aux yeux un balancier semblable. et a M . Picqué n'a pas conjecturé qu'il pouvait peut-être appar- une clepsydre. Après avoir reçu un savant collègue signaler, dans tiré à part delà présente notice, notre dévoué et M. Ed. Van den Broeck Van Loon . édit. franc., t. eut I, l'obligeance de nous p. 5o, un jeton de Maxi- milien de Berghes, évéque et duc de Cambrai, jeton de i56i, dont le revers porte une horloge avec un balancier semblable à celui du jeton de Pierre d'Enghien. Berghes : Nec cito La légende est nec temere. Van la Loon devise de Maximilien de ajoute que, d'après Guic- ciardin, ce genre d'horloge a été inventé dans les Pays-Bas. (2) Voy. cependant le jeton de Max. de Berghes, qui est de i56i. 264 au mouvement perpétuel du balancier du personnage vité infatigable et à l'acti- de la famille et qui avaient adopté cette devise. Nous avions envoyé à notre savant M. E. Matthieu, du Cercle archéolo- secrétaire gique d'Enghien, un tiré collègue à part de la présente notice où figurait déjà l'explication du balancier ci-dessus indiquée, mais où la devise considérée était lettres S et R comme le sans repos « » sens probable des du revers du jeton. M. Matthieu eut la grande obligeance de nous adresser les lignes suivantes, qui tranchent défini- tivement la question : Dans un manuscrit du « xvii^ siècle, Descente de la maison d'Enghien », intitulé : qui est déposé au Cercle archéologique d'Enghien, existe une vignette exactement conforme au revers du jeton. Voici un passage de ce manuscrit qui vous expli- quera un point que vous avez regardé douteux comme : « Ce messire Jean (d'Enghien, dit de Kestergat) a esté un personage doué de plusieurs belles qualités, mesmement d'un grand scavoir qu'il « ont avancé à plusieurs honeurs « l'an 1430 « duc Philippe... (suivent deux pages sur sa vie)... « puis « et « en Syrie, Jérusalem, « chevalier de « « le il fut faict chambellan ms. continue : charges; et et conseiller du Outre plusieurs voyages ambassades es pays divers fut par deux fois Mont Synay où Saincte Caterine et il fut faict comme tel 265 « timbroit d'une roue et porloit « (c'est-à-dire le collier de cet ordre) et en consi- le colier d'agné donna pour un mouvement d'orloge, sans repos, « dérations de ses siens .travaux, « devise « qu'ont depuis continué ses successeurs » f° 74, v". Ce manuscrit a dû appartenir aux d'EnghienKestergat, car on a ajouté au titre la mention:: « Sans Il repos, Enghien, 1611 résulte de ce texte (grand père de Pierre), que ce le rait sur la verrière dont adopta l'emblème jeton et ». fut même il va Jean d'Enghien dont nom le figu- être question, qui et la devise reproduits sur le sur cette verrière. M. de Raadt eut l'amabilité de nous signaler dont plusieurs copies existent dans cette verrière un manuscrit (n° i565) du Fonds Goethals, à la Bibliothèque royale. En effet un recueil d'épitaphes des églises des Pays-Bas même coloriés d'une placée au-dessus du l'église des (i) et d'inscriptions renferme trois dessins verrière qui se trouvait chœur du scapulaire, dans Grands-Carmes, à Bruxelles, détruite lors bombardement de du et qui fut Bruxelles, en 1695. Cette verrière, établie en 1639, en l'hon- (t) Recueil d'épitaphes et d'inscriptions des églises et autres lieux des Pais-Bas pour la plus grande partie authentiquée, dessinée et coloriée entre lesquelles il se très trouve un grand nombre bien qui existèrent avant les troubles de ces Pais et qui périrent par le bombar- dement de Bruxelles en 1695 — recueilli F. C. G. comte de Cuypers de Rvmenam, etc., et ms. mis en ordre t. II. par 266 neur d'Englebert, de Jean et de Louis d'Enghien, seigneurs de Kestergat, portait au-dessus de ces personnages, un emblème analogue à celui qui figure sur le jeton ; seulement, cet emblème est plus ou moins fidèlement reproduit par sinateur et la lettre R de la des- le devise est transformée en un B, ce qui est évidemment une erreur le vitrail étant sans doute placé très haut, ; le pu facilement confondre un R enjolivé d'ornements avec un B. C'est tellement vrai que copiste a l'emblème dessiné sur leure : première copie la (la meil- conforme par J.-B. An- elle est certifiée sems, abbé de Saint-Donat, protonotaire apostolique, 1694) est figuré ainsi : tandis que sur troisième la copie, le ba- lancier de- jy vient croix. clair premier dessin est seul 3 B une Il est que le conforme à '>-^ la réalité. Le croissant, sur lequel repose la tige du balancier, est peut-être un emblème destiné à rappeler les voyages de Jean d'Enghien, en Orient, ou bien est-ce simplement le croissant de gueules des armoiries de Marguerite d'Oisy? (i) Le manuscrit intitulé « (i). Descente de la maison d'Enghien •> porte 267 Au-dessus des femmes, sont disposées lettres suivantes E Ce sont les initiales des prénoms des femmes des trois seigneurs d'En- M M les trois : ghien-Kestergat précités : Elisabeth de Hertoghe, Marie de Mol et Marguerite d'Oisy. Terminons en transcrivant était sous cette verrière l'inscription qui : D. G. M. ET MEMORISE ILLVSTRIVM EQVIT. ENGELBERTI, lÔS, ET LVDGVICI D'ENGHIEN D.D. DE KESTERGATE VICECOMITVM DE GRIMBERGHE ^ QVORVM PRIOR CVM ANTONIO BRAB. DVCE IN PVGNA D'AZINCOVRT OCCVBVIT A» 1415. ALTER CYPRII ORD. xMIL. AC PHIL. ET CAROLI BVRG. ET BRAB. DVCVM ŒCONOMVS. ET POSTREMVS PAIRl IN DIGNITATE SVCCESSOR OÊS FAMILIARI HOC VIRTVTE ET AMORE AVIO CLARVS P. P. A« lôSg. Voilà, pensons-nous, plus qu'il ne faut pour expliquer .un jeton. G. CUMONT. en regard d'une de ses pages des initiales S. et la tige Au R. un balancier d'horloge en : or, accosté l'une d'un côté, l'autre de l'autre côté, en noir, du balancier reposant sur un croissant de gueules. dessus du texte sont les armoiries de Pierre d'Enghien cpous-.; Marguerite van Velden Pierre: écartelé, au 1 et et de son : 4 d'Enghien plein; au 2 et 3 d'argent au croissant de gueules. Marguerite : de sinople au chef d'argent semé de croix de gueules. Ces dernières armoiries ne sont pas tout décrit Laurent Le Bhmd (i^o//- ci-dessus). à fait conformes à celles que