L`Anorexie en 5 mots… Vue par deux jeunes femmes en rémission

Transcription

L`Anorexie en 5 mots… Vue par deux jeunes femmes en rémission
L’Anorexie en 5 mots… Vue par
deux
jeunes
femmes
en
rémission
J’ai rencontré Léa Mauclère « virtuellement ». Impliquée dans
la lutte contre les Troubles Alimentaires avec mon association
SabrinaTCA92, je suis très présente sur les réseaux sociaux et
j’ai bien sûr été ravie d’apprendre la parution de « Que je me
suis arrêtée de manger » de Léa ! Tous les témoignages que
j’ai lus m’ont à chaque fois apportés un éclairage différent
et aidée à mieux comprendre ma maladie. Mieux comprendre pour
mieux combattre…
Nous avons vite sympathisé et encore plus vite constaté la
multitude de points communs que nous avons.
L’idée d’écrire à 2 mains est née tout naturellement et je
suis heureuse que Léa ait acceptée ma proposition.
Nous espérons toutes deux, qu’à travers cet article et ce jeu
de questions-réponses, d’autres malades se reconnaîtront et
trouveront des clés leur permettant de mieux affronter leurs
souffrances.
Entre anecdotes, clins d’œil, et mots douloureux… Nous avons
en tous les cas pris beaucoup de plaisir à échanger de la
sorte, sur ces thèmes qui nous tiennent tellement à cœur.
Nous proposons un échange sur les TCA en 5 mots clés :
l’hyperactivité, le Combat, la Beauté, l’Amour et la
transcendance. Parce qu’il a bien fallu faire des choix afin
de ne pas trop écrire au risque de lasser et de perdre nos
lecteurs…
Bien sûr, le sujet nous passionne tellement que nous
n’écartons pas d’écrire à nouveau. Qui sait, un nouveau projet
de livre naîtra peut-être de ce premier article ?
Bonne lecture et nos plus belles pensées à tout(e)s les
Combattant(e)s !
Sabrina…
et sa complice Léa.
L’hyperactivité vue par Léa…
Hyper-active ? Moi ?! Non !… je me trouve hyper-calme depuis
que je ne suis plus anorexique… !
Et pourtant, force est de constater que l’hyperactivité –
physique et mentale – constitue l’un des nombreux symptômes de
la maladie, symptôme difficile à faire disparaître, même des
années après la guérison.
D’où vient ce besoin d’être sans cesse occupé pour les
personnes atteintes de TCA ?
Dans les phases anorexiques ou boulimiques, l’hyperactivité
physique peut assez aisément s’expliquer par la volonté
d’exercer un contrôle toujours plus important sur son corps.
Pendant que le malade parcourt des kilomètres en courant ou en
marchant, il cherche à dompter son corps en brûlant un maximum
de calories. L’activité physique devient rapidement une drogue
(endorphine et dopamine délivrées en masse par les neurones
lors d’une activité physique intense entraînent une certaine
dépendance – dépendance d’autant plus grande pour les
anorexiques qui trouvent là le plaisir qu’elles se refusent
avec la nourriture)
ou peut également se transformer en
trouble obsessionnel visant à calmer les angoisses.
Cette hyperactivité physique est souvent couplée à un
surinvestissement psychique : en gros, les personnes souffrant
de TCA ne trouvent que très rarement le bouton « pause » de
leur cerveau. Résultat : des cogitations sans fin – souvent
centrées sur la nourriture -, des problèmes d’insomnie et de
nombreuses angoisses.
L’hyperactivité ou la théorie du vide…
Perso, j’ai un fort penchant pour cette théorie qui m’est
peut-être personnelle quoique j’en doute fortement !
Ok, tout au début, le sport a été un moyen de brûler des
calories, ok, je fais toujours plusieurs centaines d’abdos
journaliers mais davantage pour calmer mes angoisses qu’autre
chose. Mais l’hyperactivité chez les personnes atteintes de
TCA n’est pas que physique, elle est aussi et surtout mentale.
Donc ce n’est pas simplement une question de contrôle
d’apports énergétiques…
Pourquoi – en plus de mon métier très prenant
et de toutes les petites choses du quotidien –
est-ce que je lis deux livres par semaine,
tiens mon blog de lecture, écris un roman,
apprends le japonais et me mets à écrire un
article sur l’hyperactivité ?? Tout simplement
pour combler le vide. Mais pour le combler de
façon saine après des années de crises boulimiques
intensives ! Et le gouffre à l’intérieur des personnes
souffrant de TCA est à ce point profond qu’il faut le
colmater, par n’importe quel moyen ! Pas étonnant donc que les
patients en voie de guérison accumulent des tonnes de projets.
Après avoir passé des années à tenter d’oublier le vide en
remplissant son estomac avant de le vider et de le remplir à
nouveau, etc…, il paraît tout à fait logique de substituer à
un comportement néfaste des activités positives. Je ne sais
pas si cette théorie a déjà fait l’objet d’expériences
scientifiques, mais je suis prête à parier que plus la
personne se sent vide, plus elle se montre hyper-active dans
tous les domaines !
Bien entendu, cette hyperactivité intellectuelle peut
également s’accompagner d’une hyperactivité physique. Cette
dernière est sans doute plus pernicieuse, surtout en période
de guérison. Comme je l’ai dit plus haut, le sport à outrance
est l’un des symptômes du comportement anorexique. Lorsque
l’on reprend du poids, il n’est pas rare, après une
obligatoire période de sevrage d’activité sportive pour
laisser au corps le temps de récupérer, d’avoir envie de se
remettre au sport, ne serait-ce que pour faire comme tout le
monde, c’est-à-dire se défouler, rencontrer du monde (si l’on
envisage d’intégrer un club) et surtout sculpter ce corps si
difficile à se réapproprier après la perte et la reprise de
poids. Et c’est justement là que le patient en voie de
guérison va devoir être très vigilent. Le sport, oui, mais pas
de nouveau dans le but de contrôler son corps. Le sport comme
lien entre le corps et l’esprit, pas comme moyen d’emprise de
l’un sur l’autre, pas comme moyen d’abrutissement pour
s’oublier. Remarquez, on peut très bien calquer cet aspect du
sport sur la lecture – la souffrance physique en moins pour
cette dernière toutefois !
Hyperactivité et peur du lâcher-prise
Le fait d’être en mouvement constant (j’entends par mouvement
aussi bien l’activité cérébrale que physique) témoigne aussi
d’une impossibilité du malade atteint de TCA à lâcher-prise,
sans doute par peur de perdre le contrôle sur son
environnement – dont la maîtrise est aussi illusoire
qu’impossible – et sur lui-même. Cette incapacité à lâcherprise se retrouve dans les problèmes d’insomnie que
rencontrent bien souvent les patients et les personnes en voie
de guérison. Bien que le corps soit totalement affaibli par le
manque de nourriture chez les malades, ceux-ci ne parviennent
que très rarement à trouver le sommeil rapidement. Leur
esprit, en éveil permanent, refuse de se mettre en pause, sans
doute par peur de ne plus pouvoir exercer de contrôle sur le
corps. Pour ma part, j’ai parfois connu des insomnies par peur
de ne pas me réveiller le lendemain. Je ne faisais absolument
pas confiance à mon corps et craignais de ne jamais me
réveiller si je m’abandonnais au sommeil !
Les insomnies sont également fréquentes chez les personnes en
voie de guérison. Cette fois, la peur de s’abandonner est
toujours présente mais d’une façon plus positive si je puis
dire. Les projets, les idées réduites à néant pendant la
maladie reviennent en masse en période de guérison si bien que
l’excitation propre à cette soudaine fertilité intellectuelle
peut causer de graves troubles du sommeil.
En résumé, je crois que la notion d’hyperactivité est
indissociable des troubles du comportement alimentaire. Mais
cette hyperactivité – qui prend souvent sa source dans des
angoisses de vide ou de lâcher-prise -, souvent très néfaste
dans les périodes de maladie, peut être mise à profit de
manière positive par les patients en voie de guérison. Encore
s’agit-il de la dompter, de la sublimer au sens freudien et
d’apprendre, peu à peu, à écouter son corps et son esprit afin
de trouver le rythme de croisière qui convient.
Réaction de Sabrina :
D’anciennes malades jouent toujours à cache-cache avec des
aspects de leur maladie. Retrouver la joie de vivre est
possible. Renouer avec ses désirs, nourrir des projets…oui
bien sûr. De là à se voiler la face et s’illusionner toujours
un peu, la tentation est grande. Il est plus facile d’afficher
une « boulimie de vie » nouvelle que d’oser dire ses
faiblesses et parler de ses manques ou de ses peurs.
Je suis de celles-là et j’en ai parfaitement conscience : je
vis bien mieux depuis que je mets mon hyperactivité à profit.
Léa le dit bien et je suis d’accord avec elle : mon
hyperactivité est très « pratique » pour ne pas avoir à
affronter ce vide immense qui me définit. J’adhère à cette
théorie du vide.
Je mets un point d’honneur à reconnaître que cette
hyperactivité revêt un caractère pathologique et qu’elle n’est
selon moi qu’une continuité de mon anorexie. Mon maître mot
est devenu « authenticité ». Aussi je n’ai pas peur de le
dire : je ne suis pas guérie. Me déclarer guérie parce que les
TCA ne dirigent plus ma vie serait mentir. Et le plus grave :
ce serait ME mentir. Ce que je ne veux plus…
L’anorexie me permettait « d’afficher » ma colère. Ce rejet du
monde que l’on me servait sur un plateau, auquel je ne voulais
pas « goûter », si ce n’est pas pour le dégueuler tant il ne
parvenait pas à répondre à mes aspirations. J’ai compris que
cette lutte est vaine et que l’anorexie ne peut que me limiter
dans ce que j’estime avoir à faire ici-bas. L’anorexie n’est
pas un désir de mourir. C’est un désir « d’autre chose ».
De « plus » ? Et qu’est-ce que l’hyperactivité si ce n’est
vouloir toujours plus ? Toujours plus de choses à faire,
toujours plus vite, toujours plus intensément… On peut bien me
rétorquer que je n’ai pas de diplôme de psychologie et que par
conséquent mon investissement dans la lutte contre les
troubles alimentaires est une mascarade. Et bien croyez-le ou
non je ne pense pas qu’il faille de diplôme de psychologie
pour voir le lien que je viens de faire.
« Anorexie / Hyperactivité, même Combat », si j’ose dire…
Avec ou sans diplôme je pense être objective sur ma maladie.
Sur mes progrès, mes victoires et ce que j’ai encore à
travailler. L’important est d’être sur son chemin…
Je n’arrive pas à taire cette colère que je laissais exploser
dans des crises interminables de boulimie. Aujourd’hui je
transforme cette colère en énergie positive. Elle me sert de
carburant pour avancer… Et le moteur tourne croyez-moi !
Parfois le terme « hyperactive » ne me semble même pas assez
fort et je me demande d’où me vient cette énergie, comment je
tiens avec ce rythme effréné qui fait d’ailleurs peur à ceux
qui ne me connaissent pas personnellement.
J’ai accepté de dire oui à la vie. Et j’aime la vie. Mais
cette colère j’y tiens au fond. J’aime avancer avec fureur
dans la vie. J’ai pourtant beaucoup d’admiration pour les
personnes qui optent pour la douceur. Ces personnes ne
ressentent pas le besoin de « Combattre ».
Ah le Combat… parlons-en !
Je m’intéresse au développement personnel. A la psychologie.
Et à de nombreuses disciplines qui permettent de faire un
travail sur soi et de calmer son mental. Je suis la première à
vanter les bienfaits de la méditation pleine conscience. La
première à encourager les malades à prendre soin d’elles,
s’accorder du temps pour elle, du repos, se distraire… Ces
règles que j’applique bien mal quand il s’agit de moi. Parce
que je n’arrive pas à me détacher de la notion de Combat. Pour
moi, les victoires se gagnent dans la douleur. J’ai le goût de
l’effort, que ce soit physique ou intellectuel. La facilité
m’ennuie. Le calme aussi. J’ai très peur de la monotonie. J’ai
un tempérament de feu, l’adrénaline est mon addiction.
Quand vous êtes coupée de vos émotions de
longues années, lorsque vous apprenez à les
vivre à nouveau c’est tellement grisant… Je ne
peux m’empêcher d’appuyer à fond sur la pédale
pour voir jusqu’où mes émotions peuvent monter
en intensité. La peur de ne plus les ressentir
à nouveau ?
J’aime le terme de Combat. Il résume toute ma vie. Combat
contre la maladie, Combat pour me reconstruire, Combat pour me
faire comprendre ou tout du moins entendre maintenant que
j’ose prendre la parole. Combat pour avoir un sentiment
d’existence. Mais il est à prendre au second degré ce terme.
Car plutôt que de faire la guerre à ceux qui m’ont fait du mal
ou de fighter cette médecine qui n’a pas su me soigner, je
livre un Combat d’Amour : j’aimerais faire monter tout le
monde sur le Ring et qu’on le livre ensemble le Combat contre
ces maladies. Dans le respect et dans l’amour des uns et des
autres.
Certains l’ont bien compris et ma « bargitude » fait sourire
car ils perçoivent clairement la noblesse de la cause que je
défends. Pour d’autres ce n’est pas gagné. Il serait dommage
de n’accepter que des personnes officiellement « guéries »
dans les rangs des Combattants… D’ailleurs, qu’appelle-t-on
« être guérie » ? Une étiquette de plus…et les erreurs
d’étiquetage sont tellement nombreuses que je m’en passe
merci.
J’aime la vie. Cela devrait suffire comme réponse au fameux
« es-tu guérie ? » !
Léa, je suis sûre que le terme Combat t’évoque quelque
chose… ?
Réponse de Léa :
Oh que oui ! Ce mot m’inspire !
Depuis le début de la maladie – je n’aime pas ce terme… mais
bon, faute de mieux… – j’ai connu plusieurs phases. Une
première phase d’euphorie et de déni total mais qui n’a pas
été très longue heureusement. Et ensuite, une longue phase –
dont je ne suis toujours pas sortie aujourd’hui et dont je ne
puis dire si j’arriverai à sortir un jour – de combat
perpétuel.
Combat contre la maladie, contre la mort mais surtout combat
pour la vie. Parce que tout autant que toi Sabrina, j’aime
profondément la vie. Mais combat tout de même parce que je
dois encore perpétuellement livrer bataille pour ne pas
laisser le côté obscur de la maladie reprendre le dessus. Duel
interne contre moi-même, éprouvant face à face psychique à la
Dr Jekyll et Mr Hyde que se livrent mon Moi vivant et ce qui
reste de mon Moi mort. Heureusement, la vie remporte chaque
jour une nouvelle bataille. Mais la lutte est rude et
fatigante. J’avoue parfois être épuisée de me battre et songe
à abdiquer. Mais je ne le ferai pas. Tant que je n’aurai pas
complètement éradiqué cette partie sombre de moi-même, je
n’abandonnerai pas.
Je ne sais pas si je parviendrai à la terrasser un jour. Et
d’une certaine façon, ce n’est plus vraiment le problème.
Cette force que j’ai su trouver en moi, je ne veux plus m’en
servir seulement pour moi. Je veux maintenant aider les autres
à se battre, les aider à repartir du côté de la vie, leur
prouver que oui ! La vie vaut la peine d’être vécue et
qu’elles y ont tout autant droit que les autres ! Les aider à
trouver, en elles, leur propre force vitale.
Sabrina, ne trouves-tu pas que ça fait très « Amazones des
temps modernes » ? (l’ablation d’un sein en moins s’entend !)
Sabrina :
« Amazone » ou bien encore « femme guerrière » ? hmm j’aime
quand tu parles ainsi Léa ! Plus sérieusement, tu as une
nouvelle fois mis le doigt sur différentes problématiques dont
je parle dans mon témoignage. La dualité des anorexiques y est
largement développée et – admire ce clin d’œil du hasard – je
parle effectivement du Dr Jekyll et Mr Hyde. Les plus curieux
iront voir ce que toi et moi entendons par là…
Je me reconnais en tant « qu’Amazone vindicative ». Longtemps
« Célibattante », j’aime le fait d’obtenir les choses par moimême (ce qui me pose d’ailleurs problème vis-à-vis de mes
parents qui m’aident financièrement). J’aime mon indépendance
et essaie d’être la plus autonome possible. Après bon nombre
de mauvaises expériences avec les hommes, j’ai « sorti les
piquants » mais de toute façon ce n’était pas vraiment la
peine : mon côté fonceuse et libérée en a fait fuir plus
d’un !
Je m’interroge toutefois de savoir si ce n’est pas la société
elle-même qui donne naissance à ces « Amazones des temps
modernes » comme tu dis. La femme d’aujourd’hui ne doit-elle
pas être « parfaite » ? Se montrer brillante au travail,
élever parfaitement ses enfants, se « blinder »
émotionnellement et bien sûr… Etre mince ?!
Les femmes qui refusent ce diktat n’ont pas franchement le
choix et la douceur toute féminine cède alors le pas sur une
attitude guerrière qui permet de se faire une place dans la
société. La faiblesse, la docilité… C’est sympa mais pour
exister pleinement il convient de s’affirmer. En tout cas
c’est ma crainte si je ne bataille pas : rester transparente
et étouffer. Parce que trop à l’étroit dans une étiquette de
« femme normale » prête à entrer dans le moule.
« Appeler les femmes « le sexe faible » est une diffamation ;
c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la nonviolence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux
femmes ». (Ghandi)
Mais faire la guerre (contre moi, contre les autres) pour
faire la guerre, cela n’a pas grand intérêt. Si je poursuis le
Combat (le terme reste le même bien que je sois passée du
Combat contre la maladie au Combat pour la vie moi aussi),
c’est parce que je rêve de Beauté, d’Amour… et que mes idéaux
sont très forts.
Je crois que sur la Beauté et sur l’Amour aussi, nous avons
des choses à dire…
Léa :
Ah ! La Beauté et l’Amour… !
« Voir la vie en beau » comme le souhaitait tant le narrateur
du « Mauvais Vitrier » de Baudelaire… Je l’ai tellement vue en
« moche » cette vie qui a pourtant de si belles choses, de si
belles rencontres (la nôtre, quoique virtuelle pour l’instant
en est la dernière preuve !) à nous offrir.
Mais qu’est-ce que la Beauté ? Qu’est-ce que cet idéal de
perfection physique et mental que recherche l’esprit
anorexique ? Jusqu’aux années 1970, une belle femme était une
femme bien en chair, avec des formes généreuses. Il n’y a qu’à
voir les Odalisques de Delacroix, Renoir ou Botero, toutes
sont très enrobées. Et les esthètes n’ont jamais renié la
beauté de ces œuvres. Aucun homme au monde du temps de
Marilyne Monroe n’a jamais critiqué ses formes plantureuses.
Pourquoi diable nos sociétés occidentales en sont donc venus à
prôner la minceur voire la maigreur comme normes de beauté et
de réussite ? Je dis bien occidentales car dans les pays du
Maghreb, par exemple, une femme mince n’est absolument pas
considérée comme une belle femme. La beauté n’est qu’un
concept subjectif, soumis aux changements de mode. Je ne suis
pas devenue anorexique pour ressembler à des soi-disant icônes
de magazines. Malheureusement, de nombreuses jeunes filles
tombent dans l’engrenage des troubles alimentaires en raison
d’un idéal pris sur papier glacé… idéal impossible à atteindre
puisque inexistant grâce aux pouvoirs du « Dieu Photoshop » !
Alors, plutôt que de vouloir à tout prix –et surtout au prix
de sa santé – rechercher la « beauté » physique, pourquoi ne
pas s’intéresser davantage à la beauté spirituelle. Une belle
personne ne serait-elle pas une personne qui parvient à
s’écouter elle-même, à s’enrichir de diverses expériences pour
ensuite faire profiter les autres de ses richesses ? N’est-ce
pas faire preuve de beauté et d’amour que de vouloir
s’améliorer afin de faire don de ses connaissances aux
autres ? Wahou ! Je me rends compte que je tiens là une
magnifique transition ! (oui, je sais, je me lance des fleurs
au passage parce que je m’aime !!)
Concernant la question amoureuse, je ne te rejoins pas
forcément Sabrina. Je me considère comme une grande amoureuse.
Mes périodes de célibat ont souvent été très courtes. Peutêtre une nouvelle fois davantage par peur du vide que par
amour véritable. Néanmoins, j’ai toujours eu besoin de
partager mon quotidien avec quelqu’un pour recevoir de l’amour
mais également en donner. Je pourrais assez aisément affirmer
que j’ai été quelqu’un de docile, qui n’aime pas les conflits.
Longtemps, j’ai été une fille invisible, celle dont on ne se
souvient jamais du nom, l’élève réservée dont les profs
remarquent à peine l’absence… A ce point invisible que j’ai
cherché à disparaître tout à fait… Et, étrangement, cette
volonté d’effacement de mon corps m’a rendue subitement très
visible. Et aussi bizarrement que ça puisse paraître, plus je
disparaissais, plus j’avais l’impression qu’on m’aimait…
Difficile de guérir, de reprendre du poids dans ces
conditions… Mais je m’égare ! J’en reviens à l’Amour. Je crois
que c’est tout simplement ce qui m’a sauvé. Ce qui m’a retenu
à la vie. Ce qui m’a fait comprendre la beauté de cette vie
(et hop ! je recase la beauté ! trop forte !). Depuis plus de
cinq ans et demi, je suis amoureuse. Vraiment amoureuse. Mon
compagnon m’a fait comprendre qu’on pouvait se battre à deux
contre la maladie et que l’union faisait la force. Et c’est
vrai. Ça a été long, la guerre n’est pas encore totalement
gagnée, mais nous avons remporté de si nombreuses batailles
que je veux croire en la victoire totale. Alors je ne suis
peut-être pas le même genre de guerrière que toi Sabrina… si
je devais tenter de me définir, je serais une sorte de
combattante de l’ombre ou d’agent secret… la blonde angélique
dont on ne se méfie pas mais qui possède une volonté d’acier.
Avec toi, belle brune piquante, nous allons former un duo choc
et charme pour lutter contre les TCA et parvenir à transcender
nos troubles pour en tirer du positif !
Sabrina :
Aïe moi qui voulais recaser mon article « Stop au procès » qui
fait la peau à l’accusation (trop facile) faite à la société
et aux médias de « fabriquer » des anorexiques. Je crains de
n’avoir rien à ajouter Léa… Hormis souligner le fait que tout
comme toi je n’ai jamais cherché à maigrir pour ressembler à
qui que ce soit. Recherche de performance en ce qui me
concerne…
Quant à l’Amour, la Célibattante a baissé les armes et puisque
tu parles de beauté spirituelle c’est cette beauté qui nous a
séduits au premier regard si j’ose dire
Je n’ai jamais fermé
la porte à l’Amour et pour moi la Vie trouve toute sa saveur
lorsqu’on a trouvé son compagnon de route. J’ai longtemps
préférée être seule qu’accompagnée de quelqu’un qui ne me
connaît pas et ne cherche pas à me connaître, nuance… Quand on
a l’impression que l’autre nous connaît mieux que nous-mêmes…
On revoit sa vision du couple ou les a priori qu’on pouvait
avoir sur les hommes J
Plutôt que de faire des redites sur tes écris magnifiques
concernant la Beauté et l’Amour, je voudrais conclure sur un
autre terme qui fait échos en moi : la Transcendance.
« Transcendance (du latin transcendens ; de transcendere,
franchir, surpasser) indique l’idée de dépassement ou
de franchissement. C’est le caractère de ce qui est
transcendant, c’est-à-dire qui est au-delà du perceptible et
des possibilités de l’entendement ».
S’il y a bien un terme qui résumerait mon
anorexie, ma « mort » et ma « résurrection »
c’est sans doute celui-ci. J’ai évoqué ce
désir « d’autre chose » en parlant de
l’hyperactivité. Clairement pour moi cet
« autre chose » se trouve au-delà du visible
ou de ce que l’entendement nous permet de
concevoir aisément. C’est dans la
spiritualité (et le sport ne l’oublions
pas !) que j’ai trouvé mon salut. J’ai compris les raisons de
mon incarnation et ce que j’ai à faire pour me permettre
d’évoluer. Peut-être régler certaines dettes aussi… Si je
doute toujours quant au fait de pouvoir guérir un jour c’est
principalement parce que je me sens à l’étroit dans la matière
et que mon désir de retour à la Source est fort. Je vis
parfois des choses intenses et je me sens connectée bien que
je ne cherche pas à développer ce don. Je parle souvent de mes
« Anges », parce qu’il faut bien donner un nom à ceux qui
m’ont aidée lors de mon année en hôpital psychiatrique où j’ai
failli mourir. A ceux qui continuent de veiller sur moi et que
je remercie tous les jours.
Entourée comme je le suis, de mes anges terrestres (bon on
peut simplement les appeler mes médecins, mes amis, ma famille
si tu préfères), et de mes Anges ou Guides, je devrai
accomplir ma mission sans heurt à présent. Ne serait-ce que
pour les remercier de m’avoir ouvert les yeux sur la Beauté de
la vie (tu vois, moi aussi je peux la recaser celle-là…).
Tu sais quoi Léa ? Je pense que le mot de la fin je le
laisserai au Pr Michel Lejoyeux, le parrain de mon
association. Le Professeur conclue son dernier ouvrage,
« Réveillez vos désirs » avec 3 mots pour terminer le voyage à
la rencontre de l’envie : la foi, la volonté, et l’espérance.
Je pense qu’il est inutile de développer…
A moins que je me trompe, nous sommes deux personnes qui ont
ces 3 valeurs et la recette marche, aujourd’hui les envies et
les projets sont là.
Nous sommes EN-VIE
Sabrina Palumbo
Léa Mauclère
« On n’est jamais coupable d’être malade.
Mais maintenant que j’en ai conscience,
je peux enfin avancer et sortir vivante des limbes de la
faim. »
Commandes :
Quand je me suis arrêtée de manger
L’âme en éveil,
le corps en sursis
Source : blog psychologies.com.