Fondation Mérieux et l`épidémie d`Ebola

Fondation Mérieux et l’épidémie d’Ebola
Au 8 septembre 2014
CONTEXTE
L’épidémie d’Ebola a été officiellement confirmée le 21 mars 2014 par le CNR Fièvres
Hémorragiques Virales, dirigé par Sylvain Baize de l’Institut Pasteur, basé à Lyon au laboratoire P4
Jean Mérieux – Inserm. Les souches provenaient d’un hôpital en Guinée forestière géré par
Médecins Sans Frontières, Suisse.
Cette épidémie a mis en lumière la nécessité de renforcer les systèmes de santé des pays
ouest africains et notamment les capacités de diagnostic biologique. Le rôle du laboratoire est
clé (et souvent méconnu) dans une telle épidémie : il est essentiel de réduire le temps
d’identification des agents pathogènes et de foyers potentiels de l’épidémie afin de prendre les
mesures de prévention nécessaires pour contenir l’épidémie et protéger les populations.
Les facteurs suivants ont contribué à la gravité de l’épidémie :

le manque d’infrastructures adaptées et de personnel de santé formé à la biosécurité et à la
manipulation de pathogènes dangereux ;

un délai trop long avant que le virus Ebola puisse être identifié dans un laboratoire adapté
(P4 Jean Mérieux), ce qui a favorisé sa propagation ;

une information trop tardive pour mettre en place des mesures de prévention (notamment la
mise en quarantaine des patients et l’isolement post-mortem des corps) et protéger le
personnel de santé, qui a été lourdement touché (on estime que le personnel de santé
représente 20 à 30% des décès) ;

un réseau de laboratoires régional pas encore véritablement fonctionnel :
‐ manque d’une direction des laboratoires dans certains pays ;
‐ besoin de communication entre les laboratoires de la région ;
‐ besoin d’investissements pour permettre le diagnostic de qualité des maladies
tropicales ;
‐ absence de procédure pour le transport d’échantillons ;

un manque d’équipement de protection individuelle pour lequel il y a actuellement une
pénurie mondiale.
Le Dr Aboubacar Sidiki Diakité (Président national du comité de crise sanitaire de Guinée et
Président du Comité National de RESAOLAB en Guinée) avait déjà pris en compte ces
difficultés lors de la réunion de RESAOLAB dès le mois de mai.
Fondation Mérieux et l’épidémie d’Ebola – 8 septembre 2014
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Le diagnostic est le domaine qui a bénéficié le moins des aides multilatérales et de l’investissement
des gouvernements.
En 2009, la Fondation Mérieux a initié le programme RESAOLAB (Réseau d’Afrique de l’Ouest des
Laboratoires d’Analyses Biologiques) avec les ministres de santé du Burkina Faso, du Mali et du
Sénégal et le soutien de l’Agence Française de Développement. Il s’agit du premier programme qui
vise à renforcer le système de laboratoires en Afrique de l’Ouest à un niveau régional. Depuis fin
2013, la Guinée a rejoint RESAOLAB ainsi que le Bénin, le Niger et le Togo.
La Fondation Mérieux participe à la lutte contre l’épidémie d’Ebola en renforçant les systèmes
de santé ouest africains avec son programme RESAOLAB. Cette initiative est emblématique de
l’approche de la Fondation Mérieux de développer une action en réseau pour lutter contre les
maladies infectieuses.
RESAOLAB est mobilisé depuis le début de la crise Ebola et ses membres font un point régulier sur
son évolution pour coordonner leurs actions et adopter des mesures de prévention concertées.
DETAIL DES ACTIONS
Actions réalisées
La Fondation Mérieux a mené des actions pour renforcer les capacités de diagnostic des fièvres
hémorragiques dans l’Afrique de l’Ouest selon trois axes.
1) L’analyse d’échantillons suspects au laboratoire P4 Jean Mérieux-Inserm
La Fondation Mérieux a initié une procédure pour acheminer les échantillons biologiques
rapidement et en toute sécurité depuis les pays concernés à son laboratoire P4 Jean MérieuxInserm de Lyon. C’est dans ce laboratoire que le virus Ebola responsable de cette épidémie a été
confirmé et caractérisé pour la première fois, fin mars 2014.

La procédure a été établie en lien avec RESAOLAB, l’Institut Pasteur et l’Inserm, qui gère le
P4 Jean Mérieux.

Par l’intermédiaire de RESAOLAB, la Fondation Mérieux a proposé des kits de
prélèvement sécurisé, accompagnés de consignes d’utilisation, à la direction des
laboratoires de 9 pays ouest africains : les 7 pays membres de RESAOLAB (Bénin, le
Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) ainsi que le Cameroun et la
Guinée Bissau.
‐ L’acheminement des échantillons est prépayé par la Fondation Mérieux.
‐ Une logistique de transport sécurisé d’échantillons, coordonnée par Bioport, permet à
ces pays de bénéficier d’un diagnostic dans le plus bref délais et ainsi rassurer le
public en cas de suspicion d’infection.
‐ Plusieurs pays du réseau ont déjà pu bénéficier de cette logistique, dont le Burkina
Faso. A ce jour, les échantillons se sont révélés négatifs.
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2) Des missions d’experts en Afrique de l’Ouest
Le Professeur Dominique Peyramond, administrateur de la Fondation Mérieux et spécialiste des
maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital de la Croix Rousse (Lyon), a fait une intervention sur
Ebola aux Journées de biologie clinique, du 21 au 23 juillet à Ouagadougou au Burkina Faso.
Suite à une mission d’évaluation en mai, le Dr Joseph Fair, virologue américain, réalise depuis août
une mission pour la Fondation Mérieux sur le renforcement des capacités de diagnostic d'Ebola
en Sierra Leone. Le Dr Fair est à l’hôpital de Kenema depuis le début de l’épidémie et conseille le
ministre de la Santé de Sierra Leone. Sa mission devrait être prise en charge à partir d’octobre par
une subvention de GEIS (U.S. Army Global Emerging Infections Surveillance and Response
System) obtenu par Fondation Mérieux USA.
A la demande du ministère de la Santé de la Guinée, des experts spécialisés dans le travail en
laboratoire de biosécurité de niveau P4 sont envoyés en Guinée pour former des biologistes
locaux.

Le Dr Jean-Louis Machuron, coordinateur du programme RESAOLAB, est parti fin août en
Guinée pour une mission de formation et de conseil auprès du ministre de la Santé guinéen
et de sa cellule de crise. Il est accompagné du Dr Christophe Peyrefitte, virologue au service
de santé des armées françaises (SSA), qui est mis à disposition de la Fondation Mérieux
pour appuyer RESAOLAB dans l’épidémie d’Ebola dans le cadre d’un accord signé en juillet.
‐ Les formations et l’audit d’infrastructures et de pratiques des laboratoires concernés
par l’épidémie commenceront courant septembre.

Un biologiste de la Fondation Mérieux est mis à disposition du ministère de la Santé guinéen.
3) Des formations en biosécurité et fièvres hémorragiques
Au début de l’épidémie, la Fondation Mérieux et ses partenaires dans RESAOLAB ont développé
des formations en biosécurité adaptées à la crise.

Depuis début juillet, des cours sont en train d’être déployés au sein de RESAOLAB.
Ils portent sur :
‐ les fièvres hémorragiques, dont Ebola ;
‐ la gestion logistique d’échantillons ;
‐ les techniques spécifiques de manipulation d’échantillons ;
‐ la destruction ou conservation d’échantillons ;
‐ les moyens de prévention et de protection du personnel de laboratoire.

Environ 200 professionnels de laboratoire en Afrique de l’Ouest ont déjà été formés au
Burkina Faso, Mali et Sénégal. Des formations de formateurs ont été dispensées au Togo et
au Niger et sont en cours en Guinée.
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Actions en cours

Rédaction d’un nouveau module de formation RESAOLAB spécifique sur les fièvres
hémorragiques.

Développement d’un accord de partenariat avec l’Institut Pasteur pour répondre à
l’épidémie d’Ebola et d’autres fièvres hémorragiques (signature prévue le 12 septembre).

Développement d’un Memorandum of Understanding avec le CDC chinois, l’Inserm et
l’Institut Pasteur pour une coopération dans le domaine de la prévention et le contrôle de
maladies infectieuses hautement pathogéniques, telles qu’Ebola.

Participation à un projet de mise en place d’un laboratoire mobile P3 au Mali accompagné
d’un plan de formation en partenariat avec le ministère de la santé malien, le Centre
d’Infectiologie Charles Mérieux de Bamako, la GIZ (Agence allemande de coopération
internationale), et le Bundeswehr Institute of Microbiology. Rédaction du projet en cours.

Participation à la création d’un laboratoire mobile P3+ en Afrique de l’Ouest dans le cadre
du projet EUWAM Lab (Establishment of a Mobile Laboratory for in situ interventions on VHF
outbreak sites in combination with CBRN Capacity Building in Western Africa) avec France
Expertise Internationale, l’Inserm et l’Institut Pasteur.

Recherche de fournisseurs d’équipement de protection individuelle pour RESAOLAB et de
subventions pour son achat.

Elargissement des initiatives de formation aux pays CEDEAO (Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest : 15 états ouest-africains).

Etude de faisabilité sur le développement d’un test rapide Point of Care pour le détection
précoce d’Ebola auprès du patient.
Perspectives

Formation de biologistes africains à l’analyse de pathogènes de classe 4 en créant un
lien entre RESAOLAB et le réseau de laboratoires P4 européens (ERHINA), présidé par
l’Inserm.

Soumission de demandes de subvention (grants) auprès de bailleurs américains pour le
renforcement des capacités en Afrique de l’Ouest et soutien des actions du programme
RESAOLAB par Fondation Mérieux USA, rédigées notamment par le Dr Joseph Fair.

Collaborations avec d’autres partenaires, notamment :
‐ développement d’un MOU avec le Wellcome Trust sur proposition du Prof David
Heymann, administrateur de la Fondation Mérieux et président du Conseil
d’administration de la Fondation Mérieux USA ;
‐ proposition conjointe avec l’Institut Pasteur auprès de l’Agence Française de
Développement pour le renforcement à moyen terme des capacités des laboratoires
ouest africains pour le diagnostic d’Ebola.
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CHRONOLOGIE DES ACTIONS
MAI

Organisation d’une réunion avec les référents pour les pathogènes de classe 4 : Médecins
Sans Frontières, Institut Pasteur, Inserm, Fondation Mérieux et des membres de
RESAOLAB avec la cellule de crise du ministère de la Santé guinéen, qui confirme
l’importance de pouvoir établir un acheminement sécurisé pour des échantillons suspects
pour une analyse fiable.

Atelier Ebola organisé à Bamako lors du comité de pilotage des 7 pays RESAOLAB pour
définir les besoins.

Mission en Sierra Leone pour évaluer les capacités de biologie clinique et de surveillance
d’Ebola par une délégation composée du Dr François-Xavier Babin, Directeur du
Développement international de la Fondation Mérieux, Dr Louise Gresham, CEO de
Fondation Mérieux USA, et des partenaires du U.S. Department of Defense.
JUIN
 Mise en place du dispositif pour acheminer les échantillons suspects rapidement et en toute
sécurité depuis les pays concernés au laboratoire P4 Jean Mérieux de Lyon.
JUILLET
 Lancement des formations biosécurité au sein de RESAOLAB.

Signature d’un accord avec le Service de Santé des Armées (SSA) pour la mise à
disposition d’experts de pathogènes de classe 4 à RESAOLAB par l’intermédiaire de la
Fondation Mérieux.

Prof Dominique Peyramond fait une intervention sur l’Ebola aux Journées de biologie à
Burkina Faso.

Participation à une téléconférence avec l’Institut Pasteur, l’Institut Mérieux et bioMérieux
pour identifier des opportunités de collaboration dans le domaine des tests de diagnostic
d’Ebola (pistes en biologie moléculaire et sérologie).
AOUT
 Soumission du projet EUWAN Lab pour le renforcement des capacités de diagnostic de
fièvres hémorragiques par un laboratoire mobile P3+ avec l’Inserm et l’Institut Pasteur.

Dr Louise Gresham représente la Fondation Mérieux au US National Academy, Science,
Technology and Innovation for Economic Growth and Development Africa workshop dans le
cadre du premier U.S.-Africa Leaders Summit du 4 au 6 août.

Dr Jean-Louis Machuron, coordinateur du programme RESAOLAB, participe à la réunion de
l’Organisation Ouest Africaine de Santé du 11 au 13 août pour la synchronisation des
actions transfrontalières.

Dr Joseph Fair, virologue américain, commence une mission pour la Fondation Mérieux pour
renforcer les capacités de diagnostic d’Ebola en Sierra Leone.
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SEPTEMBRE
 Début de la mission de formation et de conseil en Guinée du Dr Christophe Peyrefitte auprès
du ministère de la Santé.

Accord de collaboration avec l’Institut Pasteur pour répondre au virus Ebola et aux fièvres
hémorragiques en Afrique (signature prévue le 12 septembre).

Memorandum of Understanding avec le CDC chinois, l’Institut Pasteur et l’Inserm pour une
coopération dans le domaine de la prévention et le contrôle de maladies infectieuses
hautement pathogéniques, telles qu’Ebola (signature prévue le 18 septembre).

Rédaction du projet de mise en place d’un laboratoire mobile P3 au Mali avec la GIZ.

Recherche de fournisseurs d’équipement de protection individuelle pour RESAOLAB et de
subventions pour son achat.

Lancement de l’étude de faisabilité d’un test rapide Point of Care pour la détection précoce
et le dépistage de cas suspects d’Ebola sur le terrain, auprès du patient.

Réunion le 30 septembre au bureau de la Fondation Mérieux USA avec DTRA (U.S.
Defense Threat Reduction Agency), GEIS et la Fondation Mérieux pour discuter de la suite
de la mission en Sierra Leone du mois de mai.
OCTOBRE
 Atelier sur Ebola au Crans Montana Forum : Fondation Mérieux a été sollicité pour les
intervenants et experts invités.
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A propos de RESAOLAB
Le Réseau d’Afrique de l’Ouest des Laboratoires d’Analyses Biologiques (RESAOLAB) a été initié
par la Fondation Mérieux en 2009 en collaboration avec les ministres de la santé du Burkina Faso,
du Mali et du Sénégal. Quatre nouveaux pays ont rejoint le réseau en 2013 : le Bénin, la Guinée
Conakry, le Niger et le Togo. Le programme est mis en œuvre grâce au soutien de l’Agence
Française de Développement, la Banque Islamique de Développement, la Coopération
Internationale Monégasque, la Fondation Mérieux et la Fondation Stavros Niarchos. L’OMS,
l’OOAS** et l’UEMOA** accompagnent également cette initiative.
Un système de laboratoires de biologie fournissant des services de qualité est une condition
indispensable pour améliorer l’état de santé des populations. Toutefois le diagnostic est le domaine
qui a bénéficié le moins des aides multilatérales et de l’investissement des gouvernements.
RESAOLAB est le premier programme régional qui apporte une réponse à cette problématique de
santé publique. Conçu avec les acteurs de santé ouest africains il prend en compte l’ensemble des
facteurs qui affectent la gouvernance et la performance des laboratoires.
Son action vise 6 objectifs prioritaires :
- améliorer les services de laboratoire par la mise en place d’un système qualité standardisé ;
- renforcer la formation initiale et continue des personnels de laboratoire ;
- mettre en place un système de gestion des informations dans les principaux laboratoires du
réseau ;
- renforcer les systèmes nationaux d’achats, de maintenance et de gestion de laboratoire, via
une approche régionale ;
- contribuer à l’augmentation du financement des systèmes de laboratoire ;
- renforcer la gouvernance régionale et nationale des systèmes de laboratoire.
La première phase de RESAOLAB a permis le déploiement d’importants programmes de formation
continue, l’équipement de laboratoires de formation et d’assurance qualité, des outils au service de
la surveillance épidémiologique et la constitution d’un réseau inter-pays très dynamique.
Aujourd’hui, dans les trois premiers pays, plus de 300 laboratoires publics et privés font partie du
réseau.
** OOAS : Organisation Ouest-Africaine de la Santé ; UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
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