Le mémoire en version PDF

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CFA Descartes
Mémoire de MASTER AIGEME
Applications Informatiques à la Gestion, aux Etudes, au
Multimédia en E-Formation
Année universitaire 2005-2006
Le rock: 50 ans de contestations
Par Xavier Warluzel
Sous la direction de
Mme Frédérique Frey
Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Remerciements
Mes remerciements vont à l'ensemble des enseignants
et du personnel de la formation AIGEME du CFA
Descartes et de l'UMLV et plus particulièrement à M.
Jean-Claude Debeir, la directeur de la formation.
Je voudrais aussi remercier Mme Frédérique Frey pour
son apport dans ma connaissance de la méthodologie et
pour son soutien durant toute l'élaboration de ce
mémoire.
Je tiens aussi à remercier la société Ilex et surtout mon
tuteur M. Eric Bacher qui m'a permis d'avancer sur ce
travail au sein de l'entreprise.
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Table des matières
Introduction.................................................................................................................................................. 3
I. Les débuts du rock.................................................................................................................................... 5
A. L'héritage du blues ............................................................................................................................6
B. La chanson américaine traditionnelle.............................................................................................. 10
C. La folie des premières années..........................................................................................................13
II. La "British invasion"............................................................................................................................. 18
A. Les Beatles.......................................................................................................................................19
B. Les Rolling Stones...........................................................................................................................22
C. La génération mods..........................................................................................................................23
III. Le renouveau américain....................................................................................................................... 25
A. La beat génération........................................................................................................................... 26
1. Sur la route...................................................................................................................................26
2. Etre beat....................................................................................................................................... 29
B. Le folk rock et le psychédélisme..................................................................................................... 31
C. Les autres mouvements....................................................................................................................34
IV. Le choc.................................................................................................................................................37
A. Le punk aux Etats-Unis...............................................................................................................38
B. L'amplification en Grande Bretagne........................................................................................... 40
V. La "mort du rock"..................................................................................................................................43
A. Une diversification.......................................................................................................................... 44
B. La mort du rock? Explications.........................................................................................................46
C. Panorama........................................................................................................................................ 47
VI. Le présent.............................................................................................................................................51
A. L'éternel retour du rock................................................................................................................... 51
B. Une nouvelle forme de contestation?.............................................................................................. 55
1. Le carcan commercial..................................................................................................................55
2. De nouvelles voies.......................................................................................................................58
3. Un monde fragile......................................................................................................................... 60
Conclusion................................................................................................................................................. 61
Bibliographie..............................................................................................................................................63
Fiches de lecture.........................................................................................................................................70
Grille d'analyse...........................................................................................................................................74
Lexique.......................................................................................................................................................99
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Introduction
M'intéressant
depuis
plusieurs
années
à
la
musique
et
plus
particulièrement à la musique rock, lorsque l'on m'a donné l'opportunité de choisir
un sujet pour ce mémoire, c'est tout naturellement vers cette musique que je me
suis tourné. Mais, la musique rock en elle-même ne suffisait pas, c'est un sujet
trop vaste. C'est pour cette raison que j'ai choisi de cibler plus précisément la
contestation qui émane de la musique rock. Ma problématique sera donc la
suivante: Quelles formes a pris la contestation sociale ou politique dans le rock et
qu'en est-il aujourd'hui?
Afin de répondre à cette question, nous allons, et ceci de manière
chronologique, nous pencher sur des artistes et des chansons emblématiques de
leur époque en les replacant dans leur contexte. Nous avons choisi de séparer les
50 ans et des poussières de l'histoire du rock en cinq parties bien distinctes. Pour
chacune d'entre-elles, nous nous appuierons sur la grille d'analyse. Il faut préciser
tout de suite que nous ne cherchons pas à être le plus complet possible mais
uniquement à suivre les évolutions de cette musique à travers quelques-uns de
ces représentants.
La première partie sera consacrée à ses débuts, dans les années 50, son
détournement astucieux du blues par des jeunes musiciens et notamment le plus
mythique d'entre eux, Elvis Presley qui devient la première icône du mouvement
et premier ennemi de l'Amérique conservatrice.
Ensuite, nous nous interesserons à la renaissance du rock dans la période
1960-1975 par l'émergence de musiciens venus tout droit de Grande-Bretagne
comme les Beatles et les Rolling Stones.
Puis, nous verrons que ce nouveau souffle donne des ailes au rock
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américain avec la naissance du mouvement hippie, prônant le célèbre "Peace and
Love".
Suite à cela, nous nous pencherons sur le choc qui secoua le rock avec
l'arrivée fracassante du punk et ses idées anarchistes et violentes.
On poursuivra par l'étude des décennies 80 et 90 ou la prétendue mort
du rock. De U2 à Rage Against The Machine, en passant par Nirvana et Noir Désir.
Finalement, nous analyserons le rock actuel pour savoir s'il est toujours
porteur d'un message contestataire. Dans le contexte actuel, le rock a-t-il la force
nécessaire pour prendre le risque d'être subversif?
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I. Les débuts du rock
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A. L'héritage du blues
Le rock est une musique nourrie de diverses influences, qu'il en devient
parfois difficile de discerner lesquelles. Mais on s'accorde à dire que le rock est le
point de rencontre entre la musique noire américaine – le blues et son dérivé le
rythm'n'blues - et la musique blanche américaine – le folk et la country en
particulier1. Cette rencontre se passe au début des années 50, et nous verrons par
la suite quels sont les musiciens qui sont à l'origine de cette fusion.
Pour l'instant, nous allons nous appuyer sur l'ouvrage de LeRoi Jones 2
(maintenant appelé Amiri Baraka suite à sa conversion à l'Islam), «Le peuple du
blues» daté de 1963 pour comprendre l'histoire de cette musique et sa connotation
politique et sociale.
L'idée de M. Jones est de suivre l'évolution du Noir Américain, d'esclave à
citoyen des années 60 comme lui. Pour cela, il considère que le meilleur moyen est
d'étudier sa musique puisque c'est l'un des plus grands apports des noirs
américains à la culture blanche occidentale. Ce que l'on peut voir, tout au long du
livre, c'est le rejet que provoque cette musique chez une majorité d'Américains
blancs et aussi par la suite chez les créoles de la Nouvelle-Orléans et chez la classe
moyenne noire qui cherchaient à se demarquer de ceux qu'ils considéraient
comme des sauvages.
En effet, dès ses prémices le blues est excessivement loin des
préoccupations de la population blanche. Les maîtres blancs dénigraient et très
souvent interdisaient les chants des esclaves durant le travail. L'allusion aux Dieux
et rituels africains ainsi que l'utilisation d'instruments étaient aussi interdite
puisque comme l'explique Jones «ils [les blancs] comprirent vite que lorsque des
Africains évoquaient trop souvent leurs dieux cela pouvait vouloir dire qu'ils
avaient le projet de quitter le plus vite possible la plantation où ils se trouvaient!
1 Origines du rock - MSN Encarta
2 Son site officiel: amiribaraka.com et sa page sur Modern american poetry
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L'usage des tam-tams africains fut prohibé à son tour quand l'homme blanc eut
compris qu'ils pouvaient servir à inciter les Noirs à la révolte aussi bien qu'à
accompagner leurs danses.»3
Donc par la force des choses la musique dut utiliser la langue américaine
et les Etats-Unis devinrent plus présent dans les paroles puisque ils se sont rendu
compte assez vite qu'ils n'en partiraient pas. Par exemple, cette phrase chantée
durant le travail: «Oh Lawd, I'm tired, a dis mess»(«Oh Seigneu', j'en ai maah
d'cette mé'asse»)4.
De même, ils durent abandonner leurs rites «barbares» et se diriger, plus
ou moins volontairement, vers l'église chrétienne. Il est intéressant de s'arreter
sur le cas de l'église afro-américaine. Bien qu'essayant de copier son modèle
blanc, cette église s'avère très différente. En effet, les chants et musiques que l'on
peut y entendre divèrgent grandement des classiques chants religieux. Les Noirs y
apportent leurs «paroles, [leurs] rythmes et même [leurs] harmonies [...] avec
naturellement les transformations déterminées par la vie aux Etats-Unis»5.
En plus de cela, ils célèbrent Dieu en faisant des marches religieuses.
L'une des plus répandues est certainement le «cri de ronde» «dont les participants
forment un cercle en se donnant le bras et avancent à pas traînés d'abord
lentement puis avec des manifestations d'émotion croissante, tout en chantant des
hymnes ou des mélopées»6. Ainsi, l'on peut voir que la musique et la danse
-même s'ils disent que ce n'en est pas une puisque c'est un peché - permettent
aux chrétiens noirs de s'exprimer en toute liberté dans le cadre de la religion.
La description qui en est faite par la suite7 permet de comprendre à quel
point ces chants et danses étaient un vecteur d'émotion et de foi de la part des
participants puisque ils pouvaient continuer jusqu'au milieu de la nuit avec la
même ferveur. Mais que montre ce genre de manifestation musicale? Et bien, on
peut voir dans cette version religieuse du blues, sa faculté à réunir les Hommes
3
4
5
6
7
Le peuple du blues: Chapitre III (p42 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre VI (p100 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre V (p74 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre V (p75 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre V (p76-77 de l'édition Folio poche)
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autour de valeurs fortes (içi Dieu) tout en leur permettant d'exprimer une certaine
liberté: liberté qu'ils prennent avec le peché de la danse et l'émotion qui les
transcendent inacceptables pour la société blanche.
Mais suite à l'abolition de l'esclavage, l'Eglise ne fut plus le seul lieu où le
blues se fit entendre. On parla même de la «musique du diable» lorsque le blues
s'étendit là où les anciens esclaves pouvaient dorenavant se distraire. Et les noirs,
qui pouvaient maintenant se déplacer à leur guise, purent découvrir le pays et cela
eut une influence considérable sur leur musique. Celle-ci ne se limitait plus aux
chansons de travail ou religieux mais exprimait plutôt leur relation personnelle à
ce pays. Et c'est à partir de la que le jazz notamment put prendre son essor. Mais
peu importe le fait que l'ancien esclave ou descendant d'esclave cherchait à se
rapprocher de la culture de masse américaine ou non, il était toujours considéré
comme un «nègre» et sa musique restait donc marginale.
Pour preuve, ces fameux spectacles de baladins où des blancs se
peignaient le visage afin de montrer l'étrangeté et le comique de la vie des Noirs
américains. Mais ce qui est plus intéressant, c'est que ces baladins eux-mêmes
étaient imités par des baladins noirs. A ce sujet, LeRoi Jones parle du cakewalk
une danse parodiant la haute société blanche: «Si le cakewalk est une danse
parodiant certaines habitudes blanches, que devient-elle donc quand une troupe
blanche se met à la parodier en tant que danse noire? Je trouve l'idée de baladins
blancs au visage noirci, caricaturant une danse qui les caricature eux-mêmes,
d'une ironie savoureuse – or c'est là, je suppose, le principe même du spectacle de
baladins américains.»8 Outre ce retour de bâton, ces spectacles popularisèrent le
blues à ces débuts.
Le blues se rapprocha peu à peu de la culture blanche en y intégrant ses
influences dans l'utilisation d'instruments plus classiques par exemple. Cela ajouté
à l'arrivée de travailleurs noirs dans les grandes villes engendra la création de
disques raciaux, «c'est-à-dire [...] des disques destinés exclusivement au marché
8 Le peuple du blues: Chapitre VII (p133-134 de l'édition Folio poche)
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noir»9.
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M. Jones résume bien ce à quoi ça correspond: «L'apparition et le
développement rapide de ces disques furent peut-être la reconnaissance officielle
par l'Amérique du mouvement de retour du Noir vers une société définie.» 10 On
voit içi, à travers la musique, l'affirmation de l'existence de toute une frange de la
population que les Blancs avaient jusqu'à cette époque ignoré. L'arrivée des Noirs
dans les villes influa aussi leur musique, ces grandes cités proposant pour la
plupart, des conditions de vie plus dures que les campagnes du Sud.
Un autre évenement majeur qui rapprocha la culture noire et blanche
américaine fut la première guerre mondiale. Elle fit découvrir aux Noirs la diversité
du monde au-dela des frontières américaines et donc leur condition inédite et
déclencha de nombreuses émeutes: «Les Noirs s'étant aperçus que l'injustice dont
ils étaient victimes aux Etats-Unis était particulière à ce pays, purent pour la
première fois considérer objectivement cette injustice comme un mal et non pas
simplement comme leur sort éternel.»11 La société évolua donc pour pallier à ce
problème. La crise économique de 1929 et la seconde guerre mondiale eurent des
effets similaires. Des musiciens blancs tentèrent de faire du blues ou l'un de ses
dérivés mais cette musique represente tellement la situation du Noir américain
qu'ils ne purent faire une musique qui fut assez sincère: «La musique du Blanc
n'était pas le produit des mêmes conditions culturelles, c'était, dans son
expression la plus profonde, un art appris.»
12
On apprend aussi par LeRoi Jones que le rythm and blues provient des
hurleurs qui officiaient dans les orchestres du Sud-Ouest.13 Le public visé restait
donc le public noir. Les blancs et la classe moyenne noire n'appréciaient
absolument pas cette musique. Il faut aussi ajouter que le rythm and blues
marquait des différences avec le blues classique: outre les hurleurs qui braillaient
pour se faire entendre au-dessus des instruments, ces derniers étaient utilisés
pour exprimer des complaintes longues et intenses. Cela se rapprochait plus de la
9
10
11
12
13
Le peuple du blues: Chapitre VIII (p153 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre VIII (p153 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre VIII (p175 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre X (p228 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre XI (p248 de l'édition Folio poche)
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musique «sauvage» des débuts.14
Le blues a subi ainsi de nombreuses mutations et
diversifications qui reflétaient la vie de la population noire.
Pour sa branche qui déboucha sur le rock and roll, à savoir
le rythm and blues, LeRoi Jones en parle en ces mots: «Il
est vrai que le rock and roll est en général une
Illustration 1: John Lee
Hooker, l'une des nombreuses
facettes du blues
commercialisation notoire du rythm and blues, mais dans
bien des cas il repose sur des matériaux suffisamment
étrangers à la culture moyenne de la bourgeoisie pour
demeurer intéressant.»15
B. La chanson américaine traditionnelle
Le deuxième ingrédient qui constitue le rock est toute cette culture de la
chanson américaine plus classique, à savoir principalement la country16 et la folk17
music. Ces musiques sont clairement ancrées dans l'histoire des Etats-Unis. Elles
parlent de l'histoire des batisseurs et voyageurs qui ont construit ce pays.
Afin de mieux comprendre les origines du rock, nous allons
étudier un instant l'un des grands noms de la musique folk: Woody
Guthrie18. Cet homme a connu de nombreux drames qui ont
certainement
forgé
son
caractère
et
sa
musique:
la
mort
prématurée de sa mère de la maladie de Hungtington (et à
Illustration 2: "This
machine kills
fascists" Woody
Guthrie
14
15
16
17
18
19
laquelle il succombera lui aussi), le Dust Bowl19 (tempete de
poussière) qui ravagea l'économie agricole des années 30 dans
l'Oklahoma et l'Arkansas et obligea nombre de travailleurs à partir
Le peuple du blues: Chapitre XI (p252-254 de l'édition Folio poche)
Le peuple du blues: Chapitre XII (p317-318 de l'édition Folio poche)
Musique country - Wikipédia
Musique folk - Wikipédia
Official Woody Guthrie Website
Dust Bowl - Wikipédia
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vers l'Ouest. Woody Guthrie fut de ceux là et il ne cessa de s'inspirer de la vie
ouvrière et agricole. Il a connu l'exclusion comme tous les immigrants et cela le
marqua profondément. Il fut aussi très proche du parti communiste et ne s'en
cachait pas.
Son fort engagement politique se ressent dans quasiment toutes ses
chansons. La plus célèbre d'entre elles: This land is your land20 décrit une
fascination pour l'Amérique tout en mettant en avant le droit de chacun à disposer
de ses terres. De plus, suite à la seconde guerre mondiale et à ses atrocités, il fit
des fascistes et des nazis sa cible prioritaire. C'est pour cette raison qu'il inscrivait
sur chacune de ses guitares: This machine kills fascists (Cette machine tue les
fascistes). Il se faisait le défenseur des plus faibles et son fils spirituel (Bob Dylan)
et son fils biologique (Arlo Guthrie) ont poursuivi dans cette voie.
A noter que la musique country, dans une moindre mesure, a influencée
le rock. Cette musique originaire du Sud des Etats-Unis a eu aussi bien des
interprètes blancs que noirs. Mais son succès, mondial en tout cas, est bien moins
important que la musique qui nous intéresse.
Dans les années 50, on
voit apparaître cette nouvelle musique
puisant ses racines dans le blues, le
folk et la country: le rock.
différence
notable,
Mais la
c'est
que
maintenant ce sont les blancs qui
l'interpretent, même si de nombreux
artistes noirs ont suivi la tendance.
Illustration 3: Bill Haley et Elvis Presley en 1956
Le premier morceau de rock est à
attribuer à Bill Haley et ses Comets
avec le titre Rocket 88 en 1951. Une autre chanson primordiale Rock Around The
Clock sera popularisée par sa présence dans le film Graine de Violence sur lequel
20 Voir grille d'analyse p75
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nous reviendrons.
Le nom qui fit date fut celui d'Elvis Presley. En effet, ce jeune homme de
Tupelo (Mississippi), fan de gospel, a été recontacté après avoir fait un
enregistrement pour sa mère. Le 5 juillet 1954, le producteur Sam Phillips,
l'appelle pour le faire enregistrer un autre morceau. Il demande aux musiciens Bill
Black21 (contrebasse) et Scotty Moore22 (guitare) de l'accompagner. Après une
journée difficile, Elvis arrive enfin à sortir une chanson. Et quelle chanson, il s'agit
d'une reprise d'un morceau de blues d'Arthur Crudup23: That's All Right Mama24. La
différence entre les deux interprétations, et c'est ce qui marque la différence entre
le blues et le rock, c'est le tempo qui ne se fait plus en trois temps
(3,6,9..mesures) mais en deux temps (2,4,6...) mesures : Cela donne un rythme
plus marqué et plus rapide. C'est l'avènement du binaire.
C'est le premier succès du King. A partir d'un morceau assez classique,
Elvis insuffle de la nouveauté avec sa voix si particulière, sa fougue et sa jeunesse.
Cette reprise sexy est communément associée au début du rock. Même si ce n'est
pas exactement vrai, on parle içi de la musique mais aussi du look et de l'attitude
rock. Lorsque l'on compare Bill Haley qui avait pas loin de 30 ans, un peu enrobé
et un look dépassé, on comprend mieux pourquoi les jeunes se sont plus identifiés
à Elvis.
A partir de là, on assiste à une nouvelle ère dans la musique moderne.
Les artistes noirs sont encore nombreux à cette époque: Chuck Berry, Fats
Domino, Little Richard ou Bo Diddley avec sa fameuse guitare rectangulaire
connaissent tous de beaux succès. Mais il faut noter que l'arrivée de musiciens
blancs comme Elvis, Gene Vincent ou Buddy Holly apporte quelque chose de
nouveau au pays de l'oncle Sam. En effet, grâce à eux la musique a une nouvelle
portée et touche maintenant la majorité des Américains. Le blues était limité au
peuple noir, mais le rock en l'assimilant a permis de lui donner un écho
21
22
23
24
RAB Hall of Fame: Bill Black
Scotty Moore Official Website
Arthur Crudup - Wikipédia
Voir grille d'analyse p76
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considérable. Jusque là, le blues et ses variations ne touchaient qu'un public assez
restreint. C'est en s'addressant aux blancs et plus particulièrement aux jeunes que
le rock devient multiculturel. Et c'est à partir de là, que les messages qu'il porte
vont avoir une portée nationale puis mondiale.
C. La folie des premières années
L'engouement est énorme pour cette musique. Le disc-jockey Alan
Freed25 popularise le rock'n'roll -il est d'ailleurs l'inventeur du terme – à travers
son émission de radio MoonDog House Rock'N'Roll Show et ses rock'n'roll parties.
Même les jeunes européens peuvent découvrir de nouveaux artistes grâce à lui.
On assiste alors à deux reactions contradictoires. D'une part les jeunes accueillent
cette musique avec enthousiasme et d'autre part, on a une réaction hostile d'une
partie de la population des générations précedentes. Plusieurs raisons expliquent
cela. Tout d'abord, comme je l'ai déjà dit, le rock est une musique mixte, fruit de
deux cultures. Cela ne plait pas à une frange conservatrice de la population
blanche. Ils n'apprecient pas le fait que la musique noire viennent aux oreilles de
leurs enfants: Qu'elle pousse à la débauche les jeunes noirs soit, mais qu'elle fasse
de même pour les blancs, cela est intolérable pour eux. Pour bien comprendre
cela, il faut préciser que dans les années 50, les Noirs américains se battaient pour
leurs droits. En 54, Rosa Parks26 refuse de céder sa place à une personne blanche
et c'est à partir de là que des leaders comme Martin Luther King 27 et Malcom X28
cherchent à faire évoluer les mentalités dans une Amérique ou des organismes
extremistes comme le Ku Klux Klan29 sont encore très présents.
On en vient alors au second point, le mot débauche que j'ai utilisé n'était
pas fortuit. Il est caractéristique du principal reproche que l'on faisait au rock dès
25
26
27
28
29
The Official Alan Freed Website
Rosa Parks - Wikipédia
Martin Luther King - Wikipédia
Malcolm X - Wikipédia
Ku Klux Klan – Wikipedia (en)
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son commencement: le sexe est l'un de ces thèmes principaux. Cela est vrai pour
les paroles des chansons, parfois assez suggestives, mais surtout lors des
prestations sceniques des artistes. Le meilleur exemple est evidemment Elvis qui
savait mieux que personne enflammer une salle.30 Ses déhanchements lascifs, qui
lui valurent le surnom d'"Elvis The Pelvis", mariés à sa musique déclenchèrent des
scènes d'hystéries et des évanouissements parmi le public féminin. Il en est de
même pour Jerry Lee Lewis qui avec des titres comme Great Balls of Fire31 pouvait
se laisser aller à des prestations enfievrées. Son attitude sauvage combinée à son
jeu au piano dingue et virtuose engendra des réactions similaires. C'est ce genre
de comportement qui attirèrent les foudres de l'Amerique conservatrice.
Les médias aussi sont déconcertés par cette musique qu'ils qualifient de
folle. Un article de 195632 permet de voir le gouffre qui sépare les journalistes des
jeunes gens qu'ils décrivent. Quelques extraits:
●
««Cette musique rend fou», disent les parents américains. A Boston, le clergé catholique a
ordonné le boycott de «style indécent». »
●
« Elvis Presley : 21 ans, ancien conducteur de camion et chanteur sans charme, laid, épais,
vulgaire, beuglant ses chansons en les accompagnant de gestes si grossiers que les écrans
de la télévision ne peuvent pas l'accueillir, est la nouvelle coqueluche des midinettes
américaines. »
●
« Le «rock'n’roll» produit, de l'aveu même de ses détracteurs, un effet physique
incontestable dont le caractère sexuel est évident. «S'il faisait ça dans la rue, a déclaré un
policeman après avoir entendu et vu Elvis Presley, une des vedettes du genre, «je le
coffrerais immédiatement». »
●
« Selon eux [les psychiatres], la situation n'est pas dramatique et le succès du «rock'n'roll»
s'expliquerait surtout par le besoin des jeunes de participer à un enthousiasme collectif dont
la vie américaine ne leur offre pas l'occasion. »
●
« Mais les parents américains - et les critiques musicaux - continuent cependant d'y voir
surtout «une musique de voyous». »
En France en 1961, lors du premier festival mondial de rock and roll avec
30 Hound Dog en 1956 sur Youtube
31 Voir grille d'analyse p77
32 L'Express du 29 Juin 1956 Rock & Roll La musique qui rend fou
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Johnny Hallyday et Frankie Jordan33, on peut s'apercevoir que les médias ne sont
pas beaucoup plus compréhensifs. Ils s'étonnent de cet engouement soudain pour
cette musique venue d'outre-Atlantique et mettent en avant la frénésie que
provoque la musique. La dernière phrase cherche à rassurer les téléspectateurs
avec une pointe d'humour: « Rassurons nous, dans quelques années ces
frénétiques seront notaires, épiciers et percepteurs ... et excellents pères de
famille ».
En
plus
de
cela,
le
rock
fût
rapidement associé à une violence et à une
rebellion adolescente. Les meilleurs exemples
sont des films tels que La Fureur de Vivre34
(Rebel Without a Cause), Graines de Violence35
(Blackboard
jungle)
ou
l'Equipée
sauvage36
(The Wild One) qui ont voulu retranscrire
l'imaginaire rock. Que peut on voir dans ces
films?
Illustration 4: Natalie Wood et James Dean
dans La Fureur de Vivre
Tout
d'abord
des
acteurs
très
charismatiques, respectivement James Dean,
Sydney Poitier et Marlon Brando. Ces acteurs
deviennent des icônes rock et donnent une image revoltée de la jeunesse
américaine.
On va d'abord s'interesser au cas de La Fureur de Vivre. Dans ce film, le
personnage de James Dean est confronté puis integré à un groupe de jeunes
rebelles. Ceux-ci défient l'autorité parentale (Dean tente d'etrangler son père) ou
policière (la première scène dans le commissariat entre autres) et s'adonnent à
des jeux dangereux comme la course de voiture face à la falaise.
Même si le rock n'est pas utilisé dans le film, celui-ci retranscrit bien
l'idéologie qui dominait dans la jeunesse américaine. A savoir une sensation
33
34
35
36
A Paris, le festival mondial du rock and roll - Ina - Archives pour tous
Voir bibliographie p66 et La Fureur de vivre - Wikipédia
Graine de violence - Wikipédia
The Wild One – Wikipedia (en)
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d'étouffement dans une société rigide et qui porte encore les stigmates de la
seconde guerre mondiale. On remarque aussi, dans ces films, la volonté de
s'identifier à un groupe. Pour James Dean, ce groupe c'est celui des rebelles en
blousons de cuir et coiffure gominée avec leurs voitures décapotables largement
inspiré d'Elvis évidemment.
Mais ce qui donne une valeur toute particulière à ce film, c'est la vie et
surtout la mort de James Dean en 1955 qui devient un mythe malgré une très
courte carrière. Sa vie ressemblait de plus en plus à celle de ses personnages:
tourmentée et pleine de souffrance.37 Et sa mort, au volant d'un bolide le fit
definitivement entrer dans la légende. Il devint une icône por tout une génération.
Pour Brando, le groupe de motards en cuir noir est aussi associé au rock.
En s'integrant à un groupe, il cherchent à se démarquer en créant ses propres
codes et modes. C'est un moyen supplémentaire de se détacher de la société de
l'époque. On remarque que ces deux films se terminent par la mort d'un innocent:
l'ami de Jim dans La Fureur de Vivre et le vieux serveur dans l'Equipée sauvage,
comme si les tensions ne pouvaient s'arreter que sur un drame.
Pour Graines de violence, c'est légerement différent puisque le héros
n'est pas un jeune homme mais un enseignant. Il sera aidé dans sa difficile arrivée
au lycée par un élève noir incarné par Sidney Poitier: «A natural born-leader». On
voit plutôt içi la mixité ethnique de l'Amérique des années 50. Le film montre que
cette mixité est une richesse. Ce film est associé au rock pour cela mais aussi pour
son générique qui est le Rock Around The Clock de Bill Haley.
Ces films permettent de se faire une idée de la representation qu'on avait
de la jeunesse américaine des années 50.
Pour résumer, les sujets qui fâchent la société américaine sont le
caractère ouvertement sexuel de la musique rock, la mixité culturelle de ses
racines ainsi que l'aspect violent qu'elle dégage. Les attaques portées envers le
rock sont diverses. Tout d'abord, les autorités religieuses – très présentes aux
Etats-Unis – s'insurgent face à cette musique qu'elles ne comprennent pas. Elvis et
37 Biographie James DEAN
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les autres sont présentés comme des representants du Diable. A ce propos, Jerry
Lee Lewis, qui est très croyant a affirmé jouer pour Satan. Ca, en plus du fait qu'il
était un alcoolique notoire ont fait de lui une cible privilégiée de l'Amérique bien
pensante. Concernant Elvis, l'hystérie qu'il déclenche prend des proportions
incroyables: on assiste à des émeutes où les jeunes filles se jettent sur lui pour lui
arracher ses vêtements.
Dans certains endroits, notamment dans le Sud, des disques de rock
seront brulés afin de purifier l'âme de ceux qui les avaient écoutés. Les parents et
les autorités gouvernementales ne comprennent pas non plus cet engouement. La
plupart condamnent sans réserve cette musique aguicheuse. Ils voient leurs
enfants échapper à leur pouvoir dans une musique qui selon eux regroupe tous les
vices. Les grands labels s'attaquent à Alan Freed, stoppant net sa carrière en 1960
après de sombres histoires de pots de vin alors qu'il avait, dans ses émissions,
prôné la mixité culturelle.38 Elvis partant à l'armée pour effectuer son service
militaire, la "bonne" société américaine se trouve satisfaite de la tournure des
événements. Mais cela n'était qu'un prélude...
38 L'Odysséee du Rock p15
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II. La "British invasion"
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C'est au début des années 60, que le rock connait un sursaut. En effet,
de jeunes britanniques qui ont découvert cette musique la décennie précedente en
ont bien retenu les règles et se lancent dans le grand bain. On assiste donc à une
profusion de nouveaux groupes provenant de Grande Bretagne. Ces groupes,
conscients de ce qu'ils doivent aux précurseurs, reprennent souvent des titres de
Chuck Berry, Buddy Holly et autres... Parmi ceux-ci, on va s'interesser aux deux
plus grands, c'est à dire les Beatles39 et les Rolling Stones40.
A. Les Beatles
Comme
chacun
le
sait,
l'ascension
des
Beatles est vertigineuse. En même pas quelques
mois, il passent de l'anonymat au rang de stars
mondialement
comparable
connues.
à
celui
Le
phénomène
d'Elvis,
la
est
Beatlemania
déclenchant des scènes d'hystéries chez les jeunes
filles. On ne va pas voir en détails la carrière des
Beatles qui n'est pas, dans sa majeure partie, liée à
Illustration 5: Pochette de Sergent
Pepper's Lonely Heart Club Band
notre problematique. On va juste revenir sur deux
point importants afin d'avancer sur le sujet.
Le premier point sera la création de l'album Sergent Pepper's Lonely
Heart Club Band en 1967. Derrière ce nom à rallonge, se cache l'album le plus
experimental des Fab Four. Après eux, nombre de groupes les imitèrent et
voulurent sortir leur concept-album. Cet album est aussi consideré comme leur
meilleur et marque une date importante pour le rock en général: l'entrée dans le
monde adulte41. Içi, les Beatles font preuve d'une ambition énorme. Ils multiplient
39 THE BEATLES Official site
40 RollingStones.com
41 L'Odyssée du Rock p73
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les idées, par exemple, ils relient les morceaux entre eux même s'ils n'ont aucun
lien pour donner un sentiment d'unité au tout. Ils experimentent des sons pour le
plaisir, comme ce sifflement inaudible pour l'oreille humaine mais perceptible par
les chiens. Cet album est certainement celui qui a marqué le plus de monde par
ses innombrables inventions sonores. D'ailleurs, Brian Wilson et ses Beach Boys
(Sergent Pepper est une reponse à Pet Sounds des Beach Boys) ont abandonné
l'idée de faire quelque chose d'encore plus fort: leur album Smile a été arreté en
cours de route et finalement Brian Wilson l'a achevé seul en 2004. Mais en quel
sens cet album peut paraître contestataire?
Et bien parce qu'il s'agit de l'un des premiers albums de pop
psychédelique. Et cela implique qu'il est grandement influencé par l'utilisation de
substances illicites. La chanson Lucy in the Sky in Diamonds a fait débat car ses
initiales (LSD) sont difficilement imputables au hasard et le titre de la chanson
Fixing a Hole pourrait se traduire par "Se faire un fix (d'héroine)". Cette apologie,
volontaire ou non, de la drogue a en tout cas fait date. John Lennon était
certainement le plus engagé des quatres. Il souhaitait, pour cet album, ajouter à la
déjà surpeuplée et colorée pochette deux figures provocatrices: Hitler et Gandhi.
La censure ne l'a pas accepté, ils n'y figurent donc pas. Pour ces raisons, Sergent
Pepper peut être considéré comme un album contestataire en plus d'être
révolutionnaire musicalement. D'autant plus qu'à partir de là, les chansons des
Beatles commencent à se politiser.
L'une des chansons emblématiques de cette politisation, et toujours sous
l'impulsion de Lennon, donnera la chanson Revolution que l'on retrouvera sur le
double album blanc, celui qui suivra Sergent Pepper. Cette chanson est venue à
l'esprit de John Lennon après les émeutes de mai 68 en Françe. Le message un
peu décevant de cette chanson, c'est que la révolution devait se faire « dans les
mentalités, pas dans les actes »42. Il exprime aussi son hésitation à travers cette
phrase ambïgue: You can count me out/in.(Ne comptez pas/Comptez sur moi).
L'hésitation était la même que celle des étudiants qui voulaient changer la société
42 Source: Revolution les Beatles de Jacques Volcouve et Pierre Merle (Editions Fayard)
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mais ne savaient pas trop par quoi la remplacer.
Dans sa carrière solo qui commence en 1970, John Lennon put mettre
ses idées politiques et sociales plus en avant. En effet, il n'était plus bridé par les
autres membres du groupe, notamment Mac Cartney. Les différents albums qu'il a
pu sortir ainsi que ses différentes interventions télévisées ou dans des happening
(comme le célèbre bed-in avec Yoko Ono43) reflètent une pensée
à contre-
courant. Il n'était pas croyant et clamait haut et fort que Dieu n'est qu'une
création de l'Homme pour apaiser ses souffrances.
A propos de la religion, Lennon faillit mettre en danger la carrière des
Beatles lorsqu'il déclara qu'ils étaient plus célèbres que Jesus Christ.44 Cette
phrase déclencha de vives polémiques, surtout aux Etats-Unis. Les autorités
religieuses comdamnèrent ces propos tout comme certaines radios qui refusèrent
de diffuser leurs titres. Même le chef du Ku Klux Klan réagit en brûlant leurs
disques. Une tournée devait d'ailleurs les emmener aux Etats-Unis peu de temps
après et ils partirent avec une certaine appréhension. Il y eut une légère baisse de
fréquentation de leurs concerts, surtout dans le Sud, et pour apaiser les esprits
Lennon dut faire des excuses. Cet épisode démontre bien que la religion est un
sujet très sensible dans ce pays.
Lennon était l'un des meilleurs representant du mouvement "Peace and
Love" et s'ouvrait a de nombreuses cultures. La chanson la plus emblématique de
sa carrière est sans doute Imagine
45
composée en 1975. Elle est un condensé de
ses engagements. Elle condamne les actions militaires et prône la paix entre les
peuples. En soi ce n'est pas révolutionnaire, mais replacé dans son contexte, c'est
à dire à la fin de la guerre du Viêtnam, ca s'inscrit comme une opposition forte aux
gouvernements successifs qui ont conduit cette guerre. Lennon explique que cette
chanson bien que très engagée a pu passer la censure et être un succès mondial
parce que c'est une chanson «enrobée de miel»46. Il dit avoir trouvé la brêche pour
43
44
45
46
John Lennon - Yoko Ono Bed-In
John Lennon: Biography and Much More From Answers.com
Voir grille d'analyse p88
Ina: Actualité : Le Dossier du mois – John Lennon
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pouvoir faire passer ses messages et réveiller les jeunes qui ont abandonnés le
«Flower power». Mais Imagine ne fut jamais surpassée.
B. Les Rolling Stones
Parallelement à l'épopée des Fab Four, un autre immense groupe faisait
danser la jeunesse du monde entier. Il s'agit, bien sûr, des Rolling Stones.
S'imposant assez rapidement comme les rivaux des Beatles tout en étant
volontairement opposés dans l'attitude, le look et la musique par le producteur
Andrew Loog Oldham47. En effet, son plan marketing millimetré permet de faire
jouer les Stones dans un autre domaine. Les Stones sont le côté noir et sexy du
rock anglais. Ils ont su s'imposer grâce à une musique plus sauvage et à des
concerts endiablés où, à l'instar du Elvis des débuts, ils créaient un engouement
énorme et une fascination aveugle sur le public féminin. Leur arrogance est sans
faille: « ... ils ne daignent même pas mettre leurs noms sur la pochette de leur
premier album. »48
Leur deuxième single, I wanna be your man49
(écrit par Lennon/ Mac Cartney), par ses textes
suggestifs, déchaîne les passions. En plus de
cela, leurs coupes de cheveux provocantes et
leurs diverses frasques forgent leur légende de
"bad boys". Même si c'est, à la base, un
argument commercial, leur réputation sulfureuse
Illustration 6: Mick Jagger, l'effronté
crée un choc dans la plupart des pays qu'ils
traversent. Ils se font les portes-parole d'une jeunesse aux aspirations plus noires
que les Beatles. Mais ils ne furent pas les seuls à féderer une partie de la jeunesse
derrière eux.
47 Andrew Loog Oldham Official Site
48 L'Odyssée du Rock p55
49 Voir grille d'analyse p78
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C. La génération mods
Durant
ces
Grande-Bretagne,
on
années
peut
d'effervescence
aussi
distinguer
en
un
mouvement important bien que court: le mouvement
mods, abréviation de moderniste. Ce terme désigne un
groupe important de jeunes gens issus du prolétariat
qui cherchent à se démarquer des "rockers" de la
décennie precedente. Ils opposent aux motos chromées
et au cuir noir que l'on trouve dans L'Equipée sauvage,
des scooters et des costumes sur mesure avec la
célèbre parka. On voit déjà là une opposition à la
génération précedente, ne serait-ce que par l'attitude.
Illustration 7: Un couple de mods
Pour la musique, les mods s'intéressaient à
des musiciens de jazz ou de rythm and blues américains avant le rock. Mais
voyant que ceux-ci commencaient à avoir du succès, ils s'en détournèrent.50 Ils
s'approprièrent donc une partie de la scène rock des années 60. La plupart des
rockers de la première heure sont scandalisés par les groupes émanant du
mouvement mods.
Si l'on devait n'en citer qu'un ce serait The Who51 et si parmi leurs
chansons on devait désigner la plus symbolique, ce serait My Generation
52
. C'est
celle qui fit le plus grand bruit à l'époque. Elle montre bien la volonté de la
génération mods de s'écarter des générations précèdentes, en particulier celle des
rockers. Dans cette chanson, on ressent toute l'urgence de vivre de ces jeunes
gens. Cela est clairement palpable dans la phrase "I hope I die before I get old"
(J'espère mourir avant d'être vieux).
Le rock a à peine 10 ans qu'il doit déjà se renouveler. Cela engendre une
50 The Mods and Rockers - Part 2: The Mods
51 The Who – Wikipedia (en)
52 Voir grille d'analyse p80
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premier conflit de génération et continue à faire de lui la musique de la rebellion
adolescente. Mais à la fin des années 60, le mouvement perd de son ampleur et la
plupart des mods rejoignent le mouvement hippie (The Who participe au festival
de Woodstock) que nous allons aborder dans la prochaine partie.
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III. Le renouveau américain
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A. La beat génération
1. Sur la route
Afin de mieux comprendre ce qu'est ce mouvement, nous allons nous
pencher sur le roman de Kerouac: Sur la Route53. Il s'agit, en fait d'une
autobiographie, Kerouac prenant içi le nom de Sal Paradise54. Il retrace une grande
partie de ses voyages à travers l'Amérique et à la fin vers le Mexique. Le
personnage principal se nomme Dean Moriarty et correspond, en fait, à son ami
Neal Cassady55. Il est l'élément déclencheur des envies de voyages de Sal/Jack et
il en partage une grande partie. Ce personnage est vraiment le point central du
récit, car même absent le narrateur ne peut s'empecher de l'évoquer: Il recoit des
lettres de lui ou bien raconte sa situation avec ses femmes successives.
Le plus étonnant en ce qui concerne Dean est sa fascination pour la
moindre petite chose de la vie: tout les moments avec lui paraissent exceptionnels
sous la plume de Kerouac. On a l'impression que chaque personnage rencontré est
encore plus incroyable que le précédent. Il est facile de comprendre pourquoi Neal
Cassady est ensuite devenu l'un des acteurs de la beat generation. Il l'incarnait à
lui tout seul. Les innombrables fois où, dans le roman, Sal remarque Dean suer à
grandes eaux à cause de l'excitation ou bien se pourlecher les babines en se
frottant le ventre, comme s'il dévorait chaque instant. Ces attitudes excessives
donnent à Neal un statut d'icône pour la plupart des gens qui le connaissent.
Quant aux autres, ils le prennent juste pour un fou.
Les voyages évoqués lors de ce récit balaient les Etats-Unis d'est en
ouest puis inversement. Ils se font généralement en voitures, à la débrouille: en
stop ou avec une voiture à livrer ou bien avec la voiture de Dean. L'argent reste
53 Voir bibliographie p65
54 Personnages et noms réels dans Sur La Route sur empty mirror books
55 Wikipédia: Neal Cassady
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Illustration 8: Les quatres voyages évoqué s dans Sur La Route
une contrainte durant tout le roman. Chaque jour, Sal s'interroge sur comment
continuer son périple avec l'argent qu'il lui reste. Il se voit contraint d'emprunter
souvent à sa tante. On peut remarquer que derrière ces voyages, il n'y a pas de
but réel si ce n'est de faire la route pour le plaisir. D'ailleurs, lorsque Dean est
interrogé à ce sujet par Carlo Marx (qui n'est autre qu'Allen Ginsberg), il ne prend
même pas la peine de répondre56. Sal, Dean et leurs compagnons de voyage sont
irrépressiblement attirés par les grands espaces et ces voyages les nourrissent
d'expériences inoubliables en marge de la société, mais c'est aussi pour cela
qu'elles sont si intenses.
Le style même de Kerouac est un rejet des normes de l'époque. Son style
très libre, permet d'évoquer ses aventures d'une manière totalement neuve. Son
ton est grandiloquent, fluide et parfois monotone lorsqu'il évoque des scènes déjà
racontées – il y en forcément des moments identiques lorsque l'on parcours autant
de chemin. Mais cette monotonie, comme le dit très justement Michel Mohrt 57,
permet de retranscrire celle qui existe dans ce genre de voyages: l'enchaînement
56 Page 170 de l'édition Folio Poche (Deuxième partie, Chapitre III)
57 Auteur de la préface sur l'édition Folio Poche
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des villes, des stations-services, des plaines à perte de vue... On observe donc une
volonté de partir sur de nouvelles bases dans l'écriture même. Dean dit au début
du roman, en observant Sal écrire: “ Vingt dieux, mon pote, il y a tant de choses à
faire, tant de choses à écrire. Comment même commencer à tout coucher sur le
papier, sans ces contraintes raffinées et toutes ces entraves, quoi, les tabous
littéraires et les frayeurs grammaticales”58. Ce sur quoi Sal, ne peut qu'être
d'accord. En clair, Kerouac écrit comme il vit: sans barrières et en se fichant de
l'avis des bien-pensants. Il écrit, selon Wikipédia
, dans de longues sessions de
59
“prose spontanée”, inspirée du mouvement jazz bebop.
On ressent aussi, l'importance de la musique à de nombreuses reprises,
lorsque le narrateur a la chance d'assister à des concerts enfiévrés de jazz. Le plus
marquant d'entre eux se situe à la fin du roman60, lorsque Sal et Dean au cours de
l'une de leur virée à Frisco (San Fransisco) entendent un saxophoniste atteindre le
it – cet état de grâce que cherchent à atteindre les musiciens de jazz. La salle est
complètement surchauffée et tous les spectateurs encouragent le musicien à le
tenir le plus longtemps possible. On peut y voir içi aussi une métaphore sur le
style de vie que cherche à mener Sal et Dean, c'est à dire une vie vouée à
atteindre ces moments d'extase absolue.
Mais, au-delà de ça, ce qui ressort de ce livre, c'est, avant tout, un
magnifique éloge de l'amitié. Qu'ils connaissent les gens ou non Sal et Dean les
acceptent sans se soucier de leurs défauts. La relation qui les unis est
particulièrement étrange, Dean pouvant du jour au lendemain laisser tomber Sal
comme il le fait par exemple à Mexico lorsque Sal est malade61. Mais Sal lui
pardonne car il connait les aléas de sa vie. Cela ne change en rien l'admiration et
la sincère amitié qu'il lui porte.
Grâce à ce roman, on peut commencer à comprendre ce qu'est l'esprit
beat. C'est une vie toujours à bout de souffle, à la recherche d'une nouvelle
58
59
60
61
Page 20 de l'édition Folio Poche (Première partie, Chapitre I)
Wikipédia: Jack Kerouac
Page 280 de l'édition Folio Poche (Troisième partie, Chapitre IV)
Page 427 de l'édition Folio Poche (Quatrième partie, Chapitre VI)
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expérience, en savourant chaque instant, chaque rencontre, en marge de la
société, en gardant l'esprit le plus ouvert possible, en étant le plus libre possible.
2. Etre beat
Outre Kerouac, la beat génération s'articule autour de William Burroughs
qui a écrit Le Festin Nu en 1959 et Allen Ginsberg, auteur du poème Howl en
1955. Ces trois hommes se rencontrent en 1943-1944 et vivent en marge de la
société, fréquentent des drogués, des gangsters, et découvrent le jazz de Harlem.
Ils n'ont pas d'attache et vivent au jour le jour. Leur vie s'apparente à celles des
clochards.
D'ailleurs, pour mieux comprendre cela, revenons sur les origines de
l'expression «beat». Kerouac, qui a inventé ce terme, cite plusieurs influences62:
D'abord, c'est un terme qu'il a emprunté aux vieux SDF noirs. Cela veut dire
pauvre, foutu mais joyeux. Puis, il parle aussi de la béatitude religieuse ainsi que
des rythmes du jazz. Mais ce mot, selon lui, n'a pas d'importance.
Les poètes et écrivains beats ne se décrivent pas comme des «beatniks».
Kerouac ou Lawrence Ferlinghetti63 trouvent ce terme, inventé par des journalistes,
péjoratif.
Les beatniks se retrouvent pourtant dans l'oeuvre de Jack Kerouac et de
ses amis. Ils sont, pour la plupart, issus des classes moyennes et aisées. Et,
comme l'explique le professeur de philosophie Paul Ricoeur64, les beatniks sont
lucides sur la société et son absence de finalité. Selon lui, il sont entrés dans le
système de par leur statut social, l'ont analysé et en ont déduit - aidés par les
ouvrages de la beat generation – la vacuité de la société matérialiste qui s'offrait à
eux. Ils choisissent donc la marginalité et se retrouvent dans une société parallèle
soumise à d'autres codes, une autre culture... Ces jeunes gens préfigurent l'ère
62 Interview Jack Kerouac par Fernand Seguin sur Radio-Canada
63 Les precurseurs des hippies sur Radio-Canada
64 Les beatniks, génération désabusée sur Radio-Canada
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des hippies.
En effet, même si Kerouac ne se reconnaît pas en cette génération.
D'autres écrivains beat vont dans le sens contraire. Et, parmi eux, le plus
important est certainement Allen Ginsberg. Rappelons que c'est lui qui popularisa
le mouvement beat aux yeux du grand public lorsqu'il déclama Howl65 à San
Fransisco en 1955, suivi d'un procès pour obscenité très médiatisé et finalement
gagné par Ginsberg et Ferlinghetti puisque le juge admit que ce poème était une
oeuvre majeure66.
Ginsberg avoue clairement que les écrivains beat ont ouvert la
voie à la génértion hippie. Lorsque il est interrogé sur ce point en
199167, voici la réponse qu'il donne:
«Oui,
ils [les hippies] ont probablement développé nos thèmes conceptuels,
particulièrement dans le domaine du changement d’attitude envers notre monde
phénoménal, envers soi-même et envers Dieu. Les autres thèmes en question seraient la
Illustration 9:
Allen Ginsberg
libération sexuelle, la libération de la nature des nuisances et du désir de conquête de
l’homme, la libération de sa propre nature humaine plutôt que sa nature externe, un sens
de la fraîcheur dans une vaste planète de l’univers plutôt qu’une vie confinée à Paris ou New York, la prise de
conscience de la possibilité de destruction de notre planète, l’affection entre les citoyens – plutôt que la
compétition – comme base de la démocratie, l’abandon du chauvinisme monolithique que nous avons dans
notre tradition judéo-islamo-chrétienne et qui est l’un des maux de la planète, la prise de conscience que la
dépendance à la pétrochimie est un cauchemar qui empoisonne la planète. Voilà les thèmes de base, plus le
fait que l’intelligence va de pair avec le sentiment, une idéologie ne doit pas exclure ça, ni la préservation du
corps, le rêve et l’imagination. Malheureusement, beaucoup d’idéologies excluent le rêve : le catholiscisme, le
puritanisme, le marxisme, le capitalisme. Et beaucoup d’idéologies essayent de supprimer le sentiment : le
catholicisme, le puritanisme, le marxisme, le capitalisme (rires)…»
Ses idées qu'il continue à assener durant les années hippies posent
problème. C'est à lui que l'on doit la célèbre expression «Flower Power». En plus
de cela, il n'hésite pas, bien évidemment, à revendiquer haut et fort son
homosexualité alors que l'homophobie est encore très forte partout dans le
monde. Ginsberg devient assez rapidement une gêne pour les autorités. Le FBI
65 Voir fiche de lecture p71
66 Howl sur Wikipédia (en)
67 Interview de Allen Ginsberg par Renaud Monfourny pour les Inrockuptibles
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commence à s'interesser à lui68.
Son influence sur le monde de la musique est énorme. Il connait
énormément d'artistes des années 60 puis 7069. On peut citer Bob Dylan, The
Beatles, The Rolling Stones, Patti Smith, Grateful Dead, Marianne Faithfull, The
Clash ou Beck plus récemment...
Plus généralement, le mouvement beat a insufflé un vent de révolte dans
la société occidentale, pas uniquement en ce qui concerne la musique, comme
l'affirme Elizabeth Guigou70. Nous sommes là face à une contestation du système
plus globale, comme par exemple dans le cas de Mai 1968 en France.
B. Le folk rock et le psychédélisme
L'arrivée des anglais sur la scène rock internationale donne des ailes à
nombres d'artistes américains. Ils se lancent alors dans une saine concurrence. On
l'a vu par exemple entre les Beatles et les Beach Boys de Californie. Deux types de
rock engagé vont ressortir durant les années 60. Il s'agit du folk-rock et du rock
psychédélique.
Le folk s'est trouvé une figure mythique en
la personne de Bob Dylan71. Inspiré par la poésie
et par son idole de toujours Woodie Guthrie, Dylan
décrit la société qui l'entoure de manière acerbe et
sans détour. Sa chanson qui caracterise le mieux
cette facon de penser s'avère être The Times They
Illustration 10: Joan Baez et Bob Dylan
Are
A-Changing72.
Cette
chanson,
clairement
révolutionnaire est l'exemple parfait de la protest
song caractéristique des années 60. Ses textes montrent une sincère croyance en
68
69
70
71
72
Allen Ginsberg's FBI file
Rolling Stone: Holy soul's Rock & Roll: Allen Ginsberg
La beat generation et son influence sur la société américaine par Elizabeth Guigou
Bob Dylan :: Official Website
Voir grille d'analyse p79
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l'avènement d'un monde nouveau porté par une génération pleine d'espoir. Dans
son
sillage,
de
nombreux
folk-singers
chantent
un
message
similaire,
à
commencer par Joan Baez73(sur la photo). Elle aussi fut de tous les combats
comme le droits des Noirs américains: elle fut présente aux côtés de Martin Luther
King lors de son célèbre discours à Washington74(« I have a dream»). Le folk-rock
est dans ces années-la très proche de l'autre grande tendance de la musique
américaine: le rock psychédelique. D'ailleurs Dylan va s'orienter dans une voie
rock, au grand dam de ses fans de la première heure lors du festival de Newport
en 196575 et ainsi marquer cette musique de sa griffe.
Le psychédélisme76, lié à l'apparition de drogues nouvelles comme le LSD
qui permettent de franchir les « portes de la perception »77, commence au milieu
des années 60. Très rapidement, il s'inscrit, comme le folk-rock, dans la contreculture héritée de la beat generation. Les slogans prônent la non-violence (la
guerre du Viêtnam choque les esprits), un mode de vie plus simple, l'acceptation
de l'autre, l'égalité entre les sexes... Le "Flower Power" gagne de plus en plus de
monde. On peut sans conteste dire, que c'est à ce moment là que le rock subversif
fit le plus d'adeptes. Beaucoup se reconnaissaient dans les pensées "Peace and
Love" et les hippies sont de plus en plus nombreux. Des manifestations se
déroulent un peu partout:
« 250 000 personnes se rassemblent en avril à New York et 50 000 (en majorité des
jeunes sous l’influence de la drogue) en septembre devant le Pentagone que certains essaient de
faire léviter (en vain), pour en chasser les démons favorables à la guerre. Dès cette année [1967],
marquée par “l’été de l’amour” et la sortie du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, le
rock représente les deux tiers des ventes de disques aux États-Unis. »78
Comme pour les autres mouvements, on remarque des signes pour les
distinguer: vêtements colorés artisanaux, esprit nomade, amateurs de substances
telles que le LSD ou la marijuana, ouverts aux autres cultures notamment
73
74
75
76
77
78
The Joan Baez Web Pages
Musique et guerre du Vietnam – Joan Baez
Le Monde.fr : Dylan s'électrifie
Dossier Rock psychédélique sur Fluctuat
Les Portes de la perception - Wikipédia
Musique et guerre du Vietnam - L’apogée du rock et de la contestation anti-Vietnam
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asiatiques.
On retiendra, parmi tant d'autres, comme musiciens phares de ces
années, Jimi Hendrix, The Doors, Jefferson Airplane et Grateful Dead qui jouent un
rock s'affranchissant des barrières culturelles, atteignant des sonorités plus libres
et décomplexées que jamais. The Doors dans sa longue chanson hallucinée, When
the Music's Over
79
, se fait le prophète d'un nouveau monde. Quand à Jimi
Hendrix80, il a choqué nombre d'autorités politiques lorsqu'au festival de
Woodstock, il a interpreté une version toute personnelle de l'hymne américain:
The Star-Spangled Banner
81
.
Le festival de Woodstock82 est le plus célèbre
des
rassemblements
pacifistes
américaine des années 60.
de
la
jeunesse
Ces festivals, donnés en
plein air et durant plusieurs jours,
réunissait de
nombreux artistes de la scène rock devant un public
conquis d'avance. En plus de la musique qui a déjà ce
don de rapprocher les gens, les idéaux partagés
donnent un sentiment puissant de communion. Même si
la musique était le principal motif pour les jeunes, on
ne peut pas nier que la plupart adhéraient aux principes
Illustration 11: Affiche du festival
de Woodstock
du mouvement. Comme précedemment, les autorités
morales et publiques, l'Eglise et les divers groupes
conservateurs américains condamnent ceux qu'ils considèrent comme des voyoux
puisque cela est l'opposé total de leur vision de la société.
Comme chacun le sait, le mouvement hippie se fait l'écho d'une révolte
dans la jeunesse occidentale. Il est impossible d'ignorer le fait que la volonté de
changer le monde était dans l'esprit de certains jeunes durant les émeutes
étudiantes aux Etats-Unis ou lors des évènements de mai 68 en France. Ces
79
80
81
82
Voir grille d'analyse p81
jimihendrix.com - the official jimi hendrix website
Voir grille d'analyse p84 et la vidéo du solo sur Youtube
Woodstock: 3 jours de paix et de musique... un site francais sur Woodstock
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mouvements ont généralement été reprimés par les gouvernements de manière
violente. Même en démocratie, s'attaquer au pouvoir entraîne de lourdes
conséquences. L'idéologie hippie s'est donc confrontée à un mur infranchissable et
n'a pu atteindre qu'une faible, mais déjà énorme (la condition de la femme
principalement), partie de ses objectifs. Le coup d'arrêt du mouvement hippie est
associé à la date de la mort de Meredith Hunter, spectateur des Rolling Stones lors
du festival d'Altamont: le 6 décembre 1969.83 L'épopée hippie se termine mais
nombre de ses idées restent encore aujourd'hui.
C. Les autres mouvements
Le mouvement hippie ne plait pas à tout le
monde. L'un des réfractaires les plus célèbres est Frank
Zappa84. Ce compositeur-chanteur-guitariste talentueux
est le leader des Mothers Of Invention. Ses compostions
se nourrissent de nombreuses influences et ses albums
sont toujours très avant-gardistes et satiriques. L'album
Freak out! de 1966 a inspiré avec Pet Sounds des Beach
Boys le Sergent Pepper des Beatles. Et c'est justement
cet album qui est parodié par We're only in it for the
Illustration 12: Le trublion Frank
Zappa
money: Nous sommes dessus uniquement pour l'argent
faisant
référence
à
l'argent
demandé
par
les
personnalités pour apparaître sur la jaquette. La pochette est détournée avec
l'accord des Beatles85: les fleurs sont remplacées des légumes et nombre de
personnages ont les yeux barrés pour preserver leur anonymat. On notera la
présence de Jimi Hendrix et la tenue particulièrement féminine de Zappa. La
chanson Flower Punk86 est celle qui s'attaque le plus frontalement au mouvement
hippie. Zappa sentait que ce mouvement n'irait pas au bout de ses idées.
83
84
85
86
Les Années Hippies du rock psychédélique sur Fluctuat
Zappa.com
Frank Zappa - Wikipédia
Voir grille d'analyse p83
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Malheureusement, il avait raison.
Cette période de 1960 à 1975, decidement très riche, ne se limite pas
uniquement à ce que l'on vient d'évoquer. Ne serait-ce qu'a New York, un groupe
est le fer de lance de ce qui deviendra plus tard le rock indépendant. Le groupe
Velvet Underground emmené par Lou Reed et très proche de l'artiste Andy Warhol
attaque
des
sujets
assez
malsains
comme
le
drogue
(Heroin87)
ou
le
sadomasochisme. Le rock indépendant est cette frange du rock où les résultats
financiers ne sont pas un objectif principal. Pour cette raison, la liberté
d'expression est plus grande, mais nous aurrons l'occasion d'en reparler dans le
dernier chapitre. Pour ce qui est du Velvet et de leur album à la banane, la légende
dit que les quelques milliers d'acheteurs de ce disque ont chacun formé un groupe.
Ce disque fait en collaboration avec la chanteur allemande Nico. Legs Mac Neil
dans Please Kill Me88 place le Velvet Underground comme le premier groupe punk.
Ce serait une grave erreur de négliger leur influence.
La diversification de la musique est vraiment grande durant la décennie
et l'on voit naître le glam-rock ou le heavy métal. Toutes deux se distinguent par
une musique plus énervée et puissante. Pour le glam-rock, les groupes se mettent
en scène en utilisant du maquillage noir et blanc et des vêtements qui jouent sur
l'androgynie. Leur attitude provocatrice est renforcée par la théatralisation de leurs
shows. Par exemple, le groupe Alice Cooper n'hésite pas à décapiter des poulets
sur scène. Dans les textes, ils se montrent incisifs. En témoigne la chanson
School's Out89 condamnant les établissements scolaires britanniques qui recoit un
très bon accueil par les jeunes. Queen ou le groupe T-Rex appartiennent aussi à
cette catégorie du glam-rock. Quant au heavy metal, dont les meilleurs acteurs
sont Cream, Led Zeppelin ou Deep Purple, il connait ses débuts fracassants
préfigurant la tournure commerciale de la musique rock. En effet, même si ces
groupes sont talentueux, le fait que leur concerts se fassent dans des stades
immenses montre tout de même l'importance financière que prend la musique.
87 Voir grille d'analyse p82
88 Voir fiche de lecture p73
89 Voir grille d'analyse p87
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IV. Le choc
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A. Le punk aux Etats-Unis
Le punk commence donc aux Etats-Unis avec des groupes comme les
Stooges, le MC5, le Velvet Underground, les New York Dolls, Patti Smith... Le mot
«punk» fut inventé par Legs Mac Neil comme il l'écrit dans son ouvrage Please Kill
Me. Il fut créé pour baptiser un magazine qui parlerait entre autres de la musique
incarnée par «le Velvet, les Stooges, les New York Dolls, et maintenant les
Dictators.»90 Sa signification est multiple: «ivrogne, odieux, malin mais pas
prétentieux, absurde, marrant, ironique, et tout ce qu'il y avait d'attirant dans le
côté obscur.» Ce terme va ensuite s'étendre pour décrire l'ensemble des groupes
qui ressemblent de près ou de loin à ceux cités.
Le groupe le plus radical dans son discours est sans conteste le MC5
(Motor City Five) et c'est pourquoi nous allons étudier de plus près ce groupe
originaire de Detroit. Son histoire est partiellement racontée à travers les
interviews retranscrites dans Please Kill Me.
Deux points essentiels se degagent dans cet ouvrage à propos de ce
groupe. Tout d'abord, son lien avec le White Panther Party91 qui était au départ le
fan club du MC5 et s'appelait «Le club Social et Athlétique du MC5» 92. Ce parti
politique créé principalement par l'activiste politique John Sinclair se veut un
support pour le Black Panther Party qui défend le droit des Noirs américains. Il
cherche à promouvoir la révolution culturelle. Pour cela, il a établi un programme
autour de dix points:
●
Full endorsement and support of Black Panther Party's 10-Point Program
●
Total assault on the culture by any means necessary, including rock n' roll, dope and fucking
in the streets.
Free exchange of energy and materials - we demand the end of money!
Free food, clothes, housing, dope, music, bodies, medical care - everything free for
everybody!
●
●
90 Please Kill Me: Chapitre XXII, p294
91 White panther party sur wikipedia
92 Please Kill Me: Chapitre III, p76-77
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●
●
●
●
●
●
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Free access to information media - free the technology from the greed creeps!
Free time and space for all humans - dissolve all unnatural boundaries.
Free all schools and all structures from corporate rule - turn the buildings over to the people
at once!
Free all prisoners everywhere - they are our brothers.
Free all soldiers at once - no more conscripted armies.
Free the people from their "leaders" - leaders suck - all power to all the people freedom
means free everyone!
Ce programme résume les principales idées de la contre-culture des
années 60: la fin du capitalisme (point 3), la solidarité entre les hommes (point 4),
la fin de l'enrolement militaire obligatoire (point 9) et la fin du système politique
existant (point 10) notamment.
John Sinclair souhaitait profiter de la renommée grandissante du MC5
pour promouvoir ses idées politiques. Mais le public fut très peu récéptif à ces
idées. Il y avait un certain décalage avec les hippies comme le montre l'épisode du
concert au Fillmore East où le groupe est violemment pris à parti par un groupe
hippie radical surnommé les Motherfuckers. Le fait que le groupe arrive en
limousine puis qu'il déclare qu'il n'est là que pour faire de la musique met le feu
aux poudres et déclenche une violente émeute. Heureusement, le groupe arrive a
s'en sortir: « Wayne Kramer: On est sortis en courant, la limousine nous attendait,
et il y avait tous ces Motherfuckers avec leurs nanas, qui poussaient des cris
stridents. On a distribué un paquet de disques gratuits et ils ont commencé à les
éclater sur la limousine en gueulant: «VENDUS! VOUS NOUS AVEZ TRAHIS! »»93.
Le message qu'ils avaient lancé quelques semaines plus tôt avec Kick out the
jams94 les avait dépassé.
Un autre événement marquant dans l'histoire de ce groupe -qui lanca sa
carrière en fait - est sa participation au Festival de la Vie à Chicago en 1968. Ce
Festival se tenait en parallèle de la Convention nationale Démocrate. Ils
cherchaient simplement à être reconnus et la vision du monde du Festival de la Vie
s'approchait de la leur. Malheureusement, ce festival fut durement réprimé par la
police et ils durent s'enfuir après quelques chansons: «Dennis Thompson: [...] Il
93 Please Kill Me: Chapitre V, p97
94 Voir grille d'analyse p85
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devait y avoir quatre ou cinq mille jeunes
assis dans Lincoln Park. On a joué cinq ou
six chansons, par là, puis les flics ont
chargé dans le parc avec leurs matraques
d'un mètre de long. Le parc entier était
cerné par les flics. Littéralement cerné –
des hélicoptères, tout ça...ils avaient mis le
paquet.»95
Illustration 13: Le MC5 en pleine performance
Cet
évenement
permet
de
comprendre à quel point les autorités
étaient fermées à toute sorte de contestation. D'ailleurs, par crainte, la majorité
des autres groupes qui devaient venir, ne se sont pas déplacés.
La plupart des groupes punk américains ne tenaient pas de tel discours
politique. C'était plutôt dans leur façon d'être que l'on percevait leur révolte face à
la société. Sur scène, Iggy Pop se montrait extremement choquant, se taillaidant
ou crachant sur le public. Avec un titre comme I wanna be your dog96, les Stooges
pouvaient laisser libre court à leur folie scénique. Le but, en plus de s'amuser,
était de provoquer une réaction, bonne ou mauvaise. C'est ce que les fans
réclamaient, des frasques dingues de la part d'Iggy Pop, et bien souvent ils
n'étaient pas déçus.
De plus, un groupe comme les Ramones s'exhibait avec des habits nazis,
non pas parce qu'ils adhèraient aux idées extremistes mais parce qu'ils voulaient
faire réagir et trouvaient ça «cool». L'imagerie nazie est depuis associée à la mode
punk.
Bien qu'assimilée au punk, la musique de Patti Smith97 se rapprochait
plus de la poésie. L'un de ses nombreux héros était Rimbaud. Elle se trouvait donc
un peu à part de la scène punk par ses convictions sur l'art et la culture, qui pour
elle, peuvent changer le monde.98 Malheureusement, sa violente chute de scène
95
96
97
98
Please Kill Me: Chapitre III, p74
Voir grille d'analyse p84
pattismith.net
Please Kill Me: Chapitre XXXI, p417
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lors d'un concert mis un gros coup de frein à sa carrière. 99 Mais avant ça, elle eut
le temps de marquer le rock, notamment avec son magnifique album Horses.
B. L'amplification en Grande Bretagne
Cette émulation, comme le rock and roll des débuts, secoua la GrandeBretagne et l'on vit de nouveaux groupes éclore. La différence avec les groupes
américains c'est que le message politique était beaucoup plus prononcé. Les
groupes anglais s'aventuraient dans cette musique, mais, influencés par le
contexte économique de la Grande-Bretagne, allaient plus loin dans les paroles. La
plupart des punks américains se sentaient ainsi dépossédés, comme le résume
Legs Mc Neil: «C'est marrant, mais à présent le mot « punk » était utilisé pour
décrire quelque chose que le monde entier considérait comme anglais.[...] Quatre
ans plus tôt, on avait tapissé le Bowery d'autocollants qui disaient : « ATTENTION!
PUNK ARRIVE! ». Maintenant qu'il était là, je ne voulais plus rien avoir à faire
avec. Du jour au lendemain, le punk était devenu aussi stupide que tout le reste.»
La réaction de Mary Hannon, journaliste qui a travaillé aussi dans le
magazine Punk,
est tout aussi éloquente: « On pouvait vraiment sentir que le
monde était en train de changer de manière décisive cet automne 1976 à Londres.
J'avais l'impression que ce que nous avions lancé comme une blague à New York
avait été pris au pied de la lettre en Angleterre par un public plus jeune et plus
violent. [...] Je crois que le punk anglais était bien plus versatile et nerveux, et
plus dangereux.»100
En effet, le punk anglais est très médiatisé et la musique en devient
presque secondaire. Les Sex Pistols101 deviennent très connus avec un seul et
unique album: Nevermind The Bollocks. Leur titres sont satiriques envers l'autorité
99 Please Kill Me: Chapitre XXXI, p419
100Please Kill Me – Chapitre XXVI - p350-351
101Sex Pistols - God Save the Sex Pistols
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par exemple avec God Save The Queen102 qui tout en tournant en dérision l'hymne
national anglais, insulte copieusement la reine d'Angleterre. Pour la petite histoire,
cette chanson est sortie quasiment en même temps que le jubilé de la reine. Le
retentissement en fut plus fort.
Mais au-delà de la musique, la notoriété du punk éclate avec la
surmédiatisation d'un certain nombre de musiciens anglais. Le premier d'entre eux
n'est autre que Johnny Rotten103, le chanteur des Sex Pistols. C'était l'une des
figures marquantes du punk parce qu'il avait en lui une hargne, une rage, un rejet
total du système et qu'il provoquait des scandales partout où il passait. Il ne
pouvait supporter le reste du groupe et ne se privait pas de le montrer. C'est grâce
à (ou à cause de) ce genre d'individu que le punk pris une telle ampleur et qu'il est
identifié comme anglais au point même que les journalistes qui découvrent le
phénomène tombent dans le panneau.104 Ce journaliste canadien croit que les
britanniques sont les fers de lance du mouvement alors qu'ils ont récupéré et, il
est vrai, amplifié un mouvement américain.
Pour le groupe The Clash105, le message politique est aussi très fort dans
leurs chansons. Leur album London Calling ainsi que la chanson White Riot106 en
sont de très bons exemples. Cette chanson incitait ouvertement les jeunes blancs
à s'engager en politique pour renverser le pouvoir établi comme ont put le faire les
jeunes noirs. Ils prenaient plus au serieux les paroles qu'ils prononcaient que la
plupart des autres groupes punks. En effet, ils s'engagèrent dans divers combats
politiques : Rock Against Racism, le mouvement Sandiniste en Amérique
Latine...107 Leur musique se nourrissait de diverses influences comme le reggae,
montrant leur ouverture d'esprit et leur soif de découvertes.
Le punk va un peu plus loin que les mouvements précedents en ce qui
concerne la mode vestimentaire. La mode punk est de loin, celle qui dégage le plus
102 Voir grille d'analyse p89
103 John Lydon.Com
104 Le punk-rock, un phénomène - Punk attitude - Les Archives de Radio-Canada
105 THE CLASH
106 Voir grille d'analyse p88
107 The Clash - Wikipédia
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d'aggressivité:
vêtements
Crêtes
déchirés,
colorées,
épingles
à
nourrice, références au nazisme... Par
la suite, au début des années 80, la
mode
punk
sera
commercialement108,
récupérée
lorsque
la
musique elle-même sera à l'agonie.
Le punk cherchait à faire partir la
Illustration 14: Un couple de punks contemporains
musique
sur
de
nouvelles
bases:
n'importe qui pouvait se l'approprier. Pour son discours politique, on se retrouve
un peu dans la même optique: se débarasser du passé. Mais on voit que les
groupes de punk, surtout les britanniques, ont un fort potentiel autodestructeur et
que leur carrière s'achève rapidement. Le punk a vécu quelques années
seulement, mais quelques années très intenses.
108 Mode new wave et punk à Regina - Punk attitude - Les Archives de Radio-Canada
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V. La "mort du rock"
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A. Une diversification
L'une
des
conséquences
du
punk
est
l'ouverture
des
studios
d'enregistrement à n'importe quel artiste. L'élaboration d'un album est maintenant
beaucoup plus simple. Cela va permettre une diversification dans les musiques qui
continuera jusqu'à maintenant. Déjà Pink Floyd, en 1979, avait depuis longtemps
abandonné la folie de leurs premières années sous l'égide de Syd Barrett. Leur
musique devenant de plus en plus travaillée et soignée grâce aux outils
éléctroniques. Leur dixième album Dark Side of The Moon109 en est le meilleur
exemple. Pour cette raison, ils étaient dans la ligne de mire des punks qui leur
reprochaient de faire une musique trop lisse et froide. Pourtant, Pink Floyd était
une autre facette de la musique contestataire. Comme Another Brick In The Wall110
le prouve. Cette chanson, à l'origine, dénonce le système scolaire anglais, mais
elle a été récuperée pour d'autres causes comme lors de la chute du mur de Berlin
et s'est récemment trouvée au coeur du conflit israélo-palestinien111. Certaines
chansons dépassent le message premier et peuvent être interpretées differement
selon le contexte, c'est ce qui fait leur universalité.
En ce qui concerne la scène française, on a un grand provocateur en la
personne de Serge Gainsbourg112. Certains de ses gestes sont toujours dans les
mémoires: le billet de 500 francs brulé pour denoncer le système fiscal français.
Son personnage de Gainsbarre prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure
de sa carrière et ses joutes oratoires aussi. Mais ce qu'il reste de Gainsbourg,
avant tout, c'est sa musique.
A l'instar de Sting et de son groupe Police en
Angleterre, Gainsbourg s'est essayé avec succès au reggae blanc. Sa version de la
Marseillaise113 devant un parterre de militaires a provoqué de vives réactions. Mais
109Fiche Wikipédia: Dark Side of The Moon
110Voir grille d'analyse p90
111Voir bibliographie p67
112Serge Gainsbourg - Site Officiel
113Voir grille d'analyse p91
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cela n'a fait que renforcer sa volonté de
rester subversif.
Au delà de ça, on a une scène rock
qui se forme. Elle vit de ses concerts
enflammés au quatres coins de la France.
Les Beruriers Noirs114 sont le groupe le plus
emblématique
Illustration 15: Serge Gainsbourg
des
années
80.
Leurs
concerts parfois sauvages ou dans des
squats font des adeptes. Leur position est
claire face au racisme et à toutes les sortes de dicrimination. Ils participent à de
nombreux concerts de soutien, que ce soit pour aider les chômeurs ou bien le
SCALP115 (Section Carrément Anti Le Pen). Leurs textes corrosifs reflètent leur
engagement, soutenus par une musique diabolique et festive. Malheureusement,
leur volonté d'indépendance est mise à mal par la pression commerciale qui
s'amplifie et le groupe se sabordera en 1989 à l'Olympia sur trois jours.
B. La mort du rock? Explications
En ce qui concerne la pseudo mort du rock, plusieurs phénomènes
peuvent expliquer que l'on ait utilisé cette appelation dans les années 80 et même
jusqu'à aujourd'hui.
Premièrement, la diversification de la musique fait que le rock occupe
une place de moins en moins importante sur la scène mondiale. Entre autres, on
voit apparaitre le rap et les musiques éléctroniques. On peut citer comme
exemple, l'année 1983 qui est celle du triomphe de Michael Jackson avec Thriller.
La naissance du rap qui s'est avéré dès le début comme une musique
contestataire et/ou violente, exprimant le mal-être de la communauté noire donne
un coup de vieux au rock (30 ans déjà). Cela est d'autant plus vrai que nombre de
114Bérurier Noir, le site officiel....l'heure de la révolte a enfin sonné !
115SCALP
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groupes de rock font des concerts dans d'immenses stades. Le rock ressemble de
plus en plus à une industrie et de moins en moins à la musique furieuse qui le
caractérisait jusque là. Cela est encore renforcé par la prolifération de chaînes
musicales comme MTV116 en 1981 qui diffusent à longueur de journées des clips.
Souvent réalisés à la va-vite, ces clips vident de leur sens les chansons un tant
soit peu engagées.
Quant aux musiques éléctroniques, elles deviennent de plus en plus
populaires après la mort du disco. Le rock se matine d'éléctronique – on l'a vu
avec
Pink
Floyd
–
et
la
new-wave
(The
Cure,
Joy
Division...)
devient
prépondérante. Même si les messages transmis par ces nouveaux groupes sont
souvent pertinents, force est de constater que l'esprit de la musique rock est un
peu noyé sous les nappes du synthétiseur.
On comprend mieux pourquoi on a parlé de mort du rock à partir de là,
surtout après la déferlante punk. Fallait-il se focaliser uniquement sur ces
éléments? Nous allons faire un tour d'horizon de ces deux décennies.
C. Panorama
Mais paradoxalement à ce que l'on vient de décrire, il reste des éléments
qui ont fait l'essence du rock durant cette période creuse des années 80. En effet,
comme le fait remarquer Anne Benetello117, cette décennie est celle des grands
concerts caritatifs. On retrouve de nombreux artistes ayant un réel engagement
politique au sein de concerts pour des causes universelles. Que ce soit contre la
famine en Afrique, pour aider la recherche sur le sida ou bien contre
l'emprisonnement de Nelson Mandela, on retrouve de nombreux artistes de la
scène rock. On va s'interesser à deux d'entre eux.
Le premier est Bruce Springsteen118: celui-ci a toujours défendu la cause
116Music Television - Wikipédia
117Voir fiche de lecture p71
118Bruce Springsteen official site
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des plus faibles dans ses chansons. Son morceau Born in the USA119 relate
l'histoire d'un militaire de la guerre du Viêtnam se trouvant totalement délaissé à
son retour. Ce n'est pas l'hymne gentiment patriotique que certains ont voulu voir,
le président Nixon le premier. Il a préféré se focaliser uniquement sur le refrain qui
reprend le titre et ne pas voir la réalité dénoncée par le Boss.120
L'autre artiste qui s'investit dans des concerts pour des causes
humanitaires n'est autre que Bono et son groupe U2. C'est à partir de l'album War
que U2 s'affirme comme un groupe politisé. Le single Sunday Bloody Sunday
121
montre leur atterement face aux évènements en Irlande du Nord. Depuis lors, ils
n'auront de cesse de défendre des causes, en soutenant Amnesty International et
en partant dans des tournées humanitaires avec d'autres artistes.
Mme Benetello émet une réserve sur l'engagement réel des artistes car
elle note que les causes défendues ne peuvent pas créer de polémiques: le Live
Aid122 de Bob Gedolf cherche à combattre la famine, personne ne peut s'insurger
contre ça. De plus, lors des concerts, les artistes se montraient apolitiques dans
leurs propos, ils ne critiquaient personne, ils ne faisaient que soutenir l'association.
Mais on peut répondre à Anne Benetello que c'était une condition indispensable au
bon fonctionnement de ces campagnes. Si un artiste faisait des vagues, cela
remettait en cause toute l'organisation du concert et donc les bénéfices pour
l'association. Et la plupart de ces artistes, comme ceux que l'on vient de citer,
n'avaient pas à prouver leur sincérité, le reste de leur carrière démontrant leur
engagement. Malgré les critiques que l'on peut formuler, le rock a gardé son esprit
dans les années 80.
L'évenement qui a déclenché l'écriture de Rock et Politique, la création du
Parent Music Resource Center123 en 1985, est aussi intéressant. Le PMRC est une
organisation visant à "conseiller" les parents sur la musique à acheter à leurs
enfants. Il a été créé par des femmes de politiciens américains, notamment Tipper
119Voir grille d'analyse p93
120Musique et guerre du Vietnam – L'après Vietnam
121Voir grille d'analyse p92
122BBC | 13 | 1985: Live Aid makes millions for Africa
123Parents Music Resource Center: From Answers.com (en)
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Gore la femme d'Al Gore futur vice-président de Clinton. Le PMRC a réussi une
partie de ses objectifs, à savoir l'étiquettage des disques à caractère violent,
sexuel, satanique... Le fameux Parental Advisory. Le plus grand opposant au PMRC
était Frank Zappa que l'on connait déjà. Il lui reprochait de non pas conseiller les
parents mais d'effectuer une censure sur les disques étiquettés. En effet, il arrivait
souvent que des disques ne soient pas mis en rayon uniquement parce qu'ils
avaient cette étiquette. Ou bien les animateurs de radio refusaient de les diffuser
pour ne pas se mettre une partie de leur public à dos. Cette mesure restrictive
tant décriée montre bien qu'une partie de la musique rock – et plus encore le rap –
est encore choquante pour les âmes prudes.
Durant les années 90, le rock retrouve sa force de
contestation avec le retour du punk sous une forme
quelque peu différente: le grunge124. Ce mouvement
commence avec le groupe Pixies mais atteint sa côte de
popularité la plus forte avec le groupe Nirvana125 et
toutes les autres formations de Seattle. Comme durant
l'époque du punk, de nombreux labels indépendants
explosent et l'engouement des jeunes est très fort. La
musique retrouve de sa brutalité et les paroles des
chansons depeignent les désillusions de la Génération
Illustration 16: Le groupe
Nirvana
X126. Nevermind de Nirvana est l'album phare du grunge,
Smells Like Teen Spirit
127
son hymne mondialement
connu. Au-dela du succès commercial, cette chanson montre tout le désespoir et la
rage qui habitent Kurt Cobain. Mais la célébrité qu'elle lui a apporté lui était
insupportable et c'est sans doute cela qui le tua.
Dans le cas de Rage Against The Machine128, le phrasé rap se met au
124Le grunge: l'histoire
125Nirvana (groupe) - Wikipédia
126Generation X dans le lexique
127Voir grille d'analyse p94
128Rage Against The Machine - The Official Site
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service de la musique rock. Killing In The Name
129
popularisa ce que l'on a appelé
le rapcore. La rencontre de ces deux genres contestataires tout les deux, donne un
mélange détonnant. Le groupe étant, en plus de cela, clairement politisé. Ils
luttent notamment contre les discriminations. Mais il serait reducteur de reduire le
groupe à cette unique chanson, quasiment tout leur répertoire était politique. Pour
preuve, après le 11 septembre 2001, toutes leurs chansons ont été censurées sur
les radios américaines130.
Pour ce qui est de la France, le groupe bordelais Noir Désir131 est très
populaire durant les années 90. En plus de cela, ils sont incisifs envers le
capitalisme débridé et s'inquietent de la mondialisation dans leurs chansons. Pour
preuve, L'Homme Pressé
132
qui est le portrait cynique de ces nouveaux maîtres du
monde. Ils n'ont, par ailleurs, pas hésité à prendre à parti l'un d'eux le patron de
Vivendi-Universal lors des Victoires de la musique 2002133. Avec humour, Bertrand
Cantat parle au «Camarade» Messier en le prenant comme symbole du capitalisme
galopant. Il défend les labels indépendants façe au «raz de marée Universal»,
même si son groupe s'est retrouvé par la force des choses dans le giron de
Messier. Le groupe reste dans les esprits comme l'un des plus engagés en France.
Les décennies 80 et surtout 90 ont donc démontré que le rock pouvait
encore faire réflechir sur la société. Qu'en est il aujourd'hui?
129Voir grille d'analyse p95
130Rage Against the Machine - Wikipédia
131Le site officiel de NOIR DESIR
132Voir grille d'analyse p96
133Noir Désir Lettre au camarade Messier
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VI. Le présent
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A. L'éternel retour du rock
Depuis 2000, on voit fleurir le terme "retour du rock" dans la presse
spécialisée ou non. Il est vrai que l'on assiste depuis quelques années, à une
vague de nouveaux groupes qui ont su retirer avec plus ou moins de bonheur les
leçons du passé. Parmi les plus célèbres, on peut citer les groupes en The: The
White Stripes134 et leur rock minimaliste fortement influencé par le blues, The
Strokes135 qui font revivre les fantômes du Velvet et de Television, les anglais du
maintenant défunt groupe The Libertines136, le couple sulfureux composant The
Kills137... ou non: les énergiques Franz Ferdinand138, Black Rebel Motorcycle Club139
(en
hommage
à
l'Equipée
sauvage),
Bloc
Party140et
leur
rock
matiné
d'éléctronique... Reprenant avec respect les recettes du passé et en apportant leur
touche personnelle, ils insufflent une nouvelle force au rock à guitare.
Le magazine Rock & Folk141, une référence de la presse rock française,
s'interrogea sur ce phénomène fin 2002142. Ses experts maisons – Philippe
Manoeuvre, Patrick Eudeline, Jean-Vic Chapus... - débattent sur le sujet. Que
ressort-il de cette discussion?
Tout d'abord, que ces nouveaux groupes, à quelques exceptions près
comme The White Stripes ont une faible culture rock. Par exemple, le chanteur des
Strokes lorsque on lui parle d'Hendrix répond: «On ne l'a pas connu, que voulezvous qu'on vous raconte?». On observe donc une similtude avec le mouvement
punk qui faisait table rase du passé.
Ils remarquent aussi que ce mouvement n'a pas de nom, il y eu le punk,
134Site officiel The White Stripes
135Site officiel The Strokes
136Site officiel The Libertines
137Site officiel The kills
138Site officiel Franz Ferdinand
139Site officiel BRMC
140Site officiel Bloc Party
141rocknfolk.com, le site Internet du magazine Rock&Folk
142Voir bibliographie p68
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le grunge il y a quelques années mais là, pas d'étiquette. On ne peut pas non plus
appeler ça new rock, même si au niveau du look et de l'attitude comme au niveau
de la musique certains groupes ressemblent à ceux des années 60-70.
Patrick Eudeline remarque que la musique classique a arreté d'évoluer en
1930, pourquoi ne serait-il pas de même avec le rock? La date se situant pour lui
en 1973. Mais ce qu'ils déplorent à plusieurs reprises lors de ce débat, c'est
l'absence de message social/politique dans les chansons. Cet article date de 2002,
nous verrons par la suite comment la situation à évolué.
Mais, il faut aussi noter un autre phénomène aujourd'hui. C'est l'arrivée
de nouveaux artistes folk. Comme précisé dans l'article de Télérama143, ceux-ci
chantent une Amérique loin de celle de leur gouvernement.
Prenons comme exemple Sufjan Stevens144, un jeune musicien qui avec
Michigan et surtout Come on feel the Illinoise dépeint une Amérique étrange,
baroque, peuplée de figures héroiques. Il a pour ambition de faire un album sur
chacun des Etats américains. Il précise, dans l'interview145, ne pas vouloir être
récupéré par un parti politique car il considère que ses chansons sont des oeuvres
poétiques, pas des discours. Mais, il faut ajouter que si ses chansons intéressent le
gouvernement, c'est qu'elles ne sont pas totalement anodines...
Un autre nouveau de la scène folk, Devendra Banhart146 - qui est suivi
par une myriade d'autres artistes – se montre lui aussi à l'écart de l'Amérique de
Bush. Il remet au goût du jour la mode et les idées hippies. Il ne se prétend pas
contestataire, mais c'est plutôt ce qu'il évoque – le pacifisme, la solidarité... - qui
est primordial.
Les
artistes
que
nous
venons
de
citer
ne
sont
pas
clairement
contestataires, alors qui l'est actuellement?
En ce qui concerne la scène folk, un artiste qui lui se montre plus
143Voir bibliographie p68
144Say yes to Sufjan! Site Francais dédié à Sufjan Stevens
145La Blogothèque - Sufjan, roi de New York
146Devendra Banhart
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provocant dans ses propos est Conor Oberst qui dirige le groupe Bright Eyes147 (où
les musiciens changent sans cesse). Il ne mache pas ses mots envers le président
Bush comme le prouvent ses apparitions à la télévision. Par exemple, lors du
Tonight Show148, il chante When the President talks to God, une vision satirique de
la foi qui guide Georges W Bush. Sachant que les Etats-Unis a une majorité de
croyants, cette prestation a fait grincer énormément de dents.
Force est de constater que les groupes ouvertement
engagés restent extrêmement confidentiels. Par exemple,
le défunt groupe canadien Godspeed You Black Emperor!149
n'a pas connu un succès mérité avec son album Yanqui
U.X.O qui distillait un rock progressif esquissant le chaos
de la guerre. La pochette de l'album (voir ci-contre) se
Illustration 17: Avant de la
jaquette de Yanqui U.X.O
chargeant de faire les liens entre les maisons de disques et
les sociétés d'armement. Malheureusement, comme la
musique s'avère assez peu accessible au grand public,
l'écho rencontré s'avère très faible bien que le succès
critique soit là.
Pour la France, on peut citer Les Wampas150 qui avec
Illustration 18: Arrière de le
jaquette de Yanqui U.X.O
leur titre Chirac en prison ont voulu tester la censure
française151. Ils ont réussi à la chatouiller puisque cette
chanson a été censurée sur la quasi-totalité des radios françaises. Et tout cela
avec une seule phrase vraiment polémique (le titre). On voit bien à quel point la
censure est prompte à répondre en France quant on touche aux institutions.
Aux Etats-Unis, la cible privilégiée est aussi le président Georges Bush.
Lors de sa candidature en 2004, on a put voir un certain nombre de groupe punk
147SADDLE CREEK Bright Eyes
148Une video se trouve dans la rubrique downloads de son site officiel.
149Site officiel GYBE!
150Les Wampas ont inventé le Rock'n'Roll
151L'Humanité - Libres Échanges Chirac en Prison: Wampas et la censure
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et autres se réunir pour faire deux albums intitulés Rock against Bush volume 1 et
2152. Outre les chansons, ces albums reunissaient des documentaires, interviews
pour informer le public sur ce que leur cache le gouvernement. Le but est, bien
sûr, de les inciter à voter ... contre Bush de préférence.
Comme chacun le sait, Bush fût réélu. Des slogans comme «Le monde
entier pense que les Américains sont tous des enculés. Ce serait sympa de prouver
le contraire» n'ont pas porté leurs fruits. On remarquera cependant que la cible de
ces albums reste faible puisqu'il s'agit des jeunes fans de punk, hardcore, ska et
que le punk ne suscite plus le même engouement que dans les années 70.
A cela s'ajoutait le collectif Vote For Change153 qui allait dans le même
sens. Dans ce cas, les groupes diffusaient leur messages en faisant une série de
concerts qui réunissaient de belles affiches. Parmi les musiciens célèbres, on
retrouve Bruce Springsteen, R.E.M., Pearl Jam, Ben Harper... Contrairement à
Rock against Bush, la diversité et la célébrité des artistes auraient du avoir un
impact plus important, mais ce ne fut pas le cas. Dans l'Etat de l'Ohio, malgré six
concerts, Bush arriva en tête des suffrages. La force politique de ce genre de
manifestation reste, comme on le voit, assez limité.
En dehors de tout contexte éléctoraliste, il y a des groupes comme U2
qui cherchent à vaincre la misère154 ou bien Coldplay qui défend le commerce
équitable155. Leur combat se déroule sur l'échiquier mondial et il est encore trop tôt
pour savoir si leurs efforts ont un réel effet. La seule conséquence visible est la
bonne image que récupèrent ainsi les artistes: Bono a été pressenti un moment
pour le prix Nobel de la Paix156. C'est notamment pour cette raison que ces
musiciens essuient énormement de critiques.
A présent, tentons de voir plus loin...
152Les punks étasuniens s'invitent dans la campagne présidentielle
153Vote for Change – Wikipedia (en)
154Make Poverty History
155www.maketradefair.com – Pétition «Le grand Vacarme»
156U2 Achtung | Bono favori pour le Prix Nobel de la Paix 2005
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B. Une nouvelle forme de contestation?
1. Le carcan commercial
Aujourd'hui, l'un des principaux problèmes à la liberté d'expression des
musiciens est le bridage artistique qu'exercent les maisons de disques qui refusent
de prendre des risques avec des artistes «hors norme».
L'un des meilleurs exemple de ce problème, est sans
conteste, illustré par Ondi Timoner dans son documentaire
DIG!157. Ce documentaire retrace durant 7 ans le destin croisé
de deux groupes: The Dandy Warhols et The Brian Jonestown
Massacre. Alors que les premiers atteignent une renommée
internationale en faisant des concessions aux maisons de
Illustration 19: Anton
Newcombe, leader
«rock'n'roll» de The
Brian Jonestown
Massacre
disques (musique plus lisse, tournage de clips ridicules...), les
autres,
suivant
l'impulsion
de
leur
charismatique
et
incontrolable leader Anton Newcombe, se montrent réticents à
passer le cap de la signature avec une major. Le caractère très
«borderline» de Newcombe – par exemple, il n'hésite pas à exclure du groupe
pendant les concerts les musiciens qui ne suivent pas ses directives – est
contrebalancé par un réel talent artistique: beaucoup d'albums depuis ses débuts
(3 en 1996!) et pour la plupart très bons. Leur musique puise beaucoup dans celle
des années 60 et 70 (leur nom est un hommage à Brian Jones, ancien guitariste
des Stones) et il est assez clair que le retour du rock leur doit quelque chose:
Newcombe l'affirme même dans le documentaire.
Le constat est tout de même assez négatif: sans ce documentaire The
Brian Jonestown Massacre serait resté dans l'ombre. On voit bien à quel point la
monde de la musique s'avère frileux aujourd'hui, même si Newcombe complique
157Voir bibliographie p65, Site officiel DIG!, Résumé sur Fluctuat
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pas mal les choses avec ses excès paranoïaques. Le succès tardif du Brian
Jonestown Massacre est, en tout cas, un beau pied-de-nez aux maisons de
disques. Leur indépendance leur permet de continuer à faire la musique qu'ils
souhaitent et la popularité nouvellement acquise les fait voyager dans le monde
entier. Ils se permettent même de proposer gratuitement une grande partie de
leur discographie via leur site Web158. Ce documentaire est donc un formidable
moyen de voir les coulisses et les limites de l'industrie musicale d'aujourd'hui.
A cela s'ajoute ce que l'on
a
appelé
la
crise
du
disque
depuis quelques années159 qui
peut
s'expliquer
raisons
mais
par
dont
plusieurs
la
plus
importante est la banalisation
d'Internet
et
d'innovation
des
l'absence
maisons
de
disque sur ce nouveau marché
pour pallier les téléchargements
illégaux.
Illustration 20: Evolution des supports musicaux sur le marché
français de 1971 à 2003 (source: L'Express)
Leur
«réaction»
en
France comme ailleurs a été de
ne prendre aucun risque et de
miser sur des valeurs sûres (Avatars de la télé-réalité, poids lourds de la
chanson...) en laissant de côté les artistes plus originaux et donc ceux qui
potentiellement se permettent d'être plus incisifs. Evidemment, cette solution a
plutôt eu l'effet contraire. On s'est donc retrouvé, jusqu'à il y a peu, dans une
impasse purement commerciale.
Mais, Internet a retrouvé une image plus respectable depuis le lancement
d'Itunes Music Store160 en 2001 et de ses concurrents, qui permettent d'acheter de
158Brian Jonestown Massacre
159Le disque craque – L'Express 21/06/2004
160Site Apple iTunes
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la musique morceau par morceau. Le succès indéniable de ce système161, couplé
avec l'iPod, montre bien que la musique n'est pas boudée par les consommateurs.
La sortie de la «crise» qui marque la fin prochaine du support physique162 est donc
proche et les majors comme les labels indépendants peuvent à nouveau prendre
des risques.
Nouvelle évolution qui va dans le même sens: l'annonce par Universal, la
plus grosse maison de disques, de la possibilité de télécharger l'intégralité de son
catalogue, soit 25% du marché mondial, et ceci de manière totalement gratuite,
en contrepartie de la diffusion de publicité163. Un autre système interessant est la
diffusion de la musique par le système Weeds164: dans ce cas là c'est un système
peer to peer où l'artiste est rémunéré et plus étonnant l'utilisateur aussi si il fait
découvrir des morceaux à ses amis selon un système pyramidal.
On voit donc bien que la pression commerciale, bien que toujours très
forte, risque de s'affaiblir un peu dans les années qui viennent et que la scène
internationale va pouvoir accueillir plus d'artistes. Le fondateur de Weed France,
Ignazio Lo Faro arrive à la même conclusion165.
2. De nouvelles voies
La musique et donc le rock se trouve a un tournant décisif de son histoire
moderne. La propagation d'Internet a eu divers effets. Comme nous l'avons vu, le
téléchargement mène à la disparition du support physique. Mais d'autres
tendances s'affirment.
La première d'entre elle est la prolifération d'une culture parallèle à celle
imposée par les maisons de disques. Depuis quelques années, le nombre de
webzines, audioblogs et autres sites a proprement explosé. On se retrouve face à
161iTunes et iPod : un succès qui ne se dément pas - PC Inpact 18/01/2006
162La mort du CD par le journal québecois Le Devoir 01/08/2003
163Universal Music lance la guerre du téléchargement gratuit Le Figaro 29/08/2006
164Musique en ligne: les Web services.
165Quand musique independante s'éveillera d'Ignazio Lo Faro 8/02/2005
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une multiplication de l'information et des avis sur la musique. L'exemple le plus
frappant est certainement le cas du site américain Pitchfork166. En effet, en peu de
temps, ce site est passé de l'anonymat le plus complet à un statut de grand
manitou sur la musique indépendante. A ce propos, l'article de Dave Itzkov pour
Wired167 s'avère particulièrement intéressant. En effet, on voit à quel point ce site
possède maintenant une influence énorme (malheureusement au point de pouvoir
enterrer un album).
Mais le plus important, il permet de faire
découvrir des artistes inconnus. L'exemple le
plus
frappant
est
certainement
le
succès
extremement rapide du groupe canadien Arcade
Fire. Leur musique très particulière, à la fois
prenant des voies experimentales et dégageant
Illustration 21: Le groupe Arcade Fire
une ferveur rare a attiré l'oreille des mélomanes
de Pitchfork. La critique de leur album Funeral
fut extremement élogieuse (9.7 sur 10168) et permit aux leaders d'influence
(évoqués dans l'article) consultant le site de lancer la carrière du groupe en
mettant au courant tel ou tel site ou média. Le succès amplifia au point qu'ils
étaient déjà connus en France avant leur premier concert au Nouveau Casino. Pour
ce groupe qui par l'originalité et le côté sombre de leur musique n'interessait pas
les maisons de disques, c'est une belle revanche. Ils font maintenant partie des
grands groupes de rock actuel.
Evidemment, pour ce groupe le succès est largement mérité mais le
danger qu'évoque Richard Reed Parry, membre d'Arcade Fire, dans l'article de
Wired c'est l'absence de recul qu'ont certains lecteurs du site, en ne prenant en
compte que l'avis de Pichfork. En effet, certaines personnes lui vouent un tel culte
qu'elles ne s'interessent à aucun autre avis.
Heureusement, de plus en plus de sites prennent de l'importance et
166Pitchfork Média
167Wired 14.09: The Pitchfork Effect par Dave Itzkov (en)
168Arcade Fire: Funeral: Pitchfork Record Review
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contrebalancent ces effets. La multiplication des sites de référence évite le
monopole. On peut citer un site français comme la Blogothèque169 qui lui ne fait
pas de critique mais met à disposition des internautes des morceaux qu'il apprécie,
voire même depuis peu organise des concerts à emporter170.
Un site extrêmement populaire que l'on se doit d'évoquer, c'est le site
MySpace171 qui permet à tout un chacun de faire écouter ses compositions. On y
trouve tout et n'importe quoi mais des artistes tels les jeunes Arctic Monkeys172 ou
Lily Allen173 ont réussi à démontrer leur talent à travers ce site174. Les voies
alternatives se font donc de plus en plus nombreuses.
3. Un monde fragile
Ce n'est un secret pour personne, le monde de ce début de siècle est
extrêmement difficile.
Depuis le 11 Septembre 2001, les Etats-Unis et plus généralement
l'Occident savent que la sécurité absolue n'existe pas. Ajouté à cela, une partie
grandissante de la population mondiale apprend à travers des documentaires
comme Fahrenheit 911175 de Micheal Moore ou bien Le Monde selon Bush176 de
William Karel, les coulisses peu glorieuses de la présidence américaine. Cela
éclaire l'homme le plus puissant de la Terre sous un nouveau jour et attise les
tensions envers le gouvernement américain que ce soit dans le pays même ou bien
à un niveau international.
Le président, quant à lui continue à mener ses guerres: après
l'Afghanistan et l'Irak, l'Iran est en point de mire177. Cela contribue à ces tensions,
169La Blogothèque: Mp3blogs, la révolution avec des cadeaux
170La Blogothèque: concerts à emporter
171MySpace France
172Arctic Monkeys
173Lily Allen
174Lily Allen, une brune qui ne compte pas pour des prunes L'internaute 11/07/2006
175Fahrenheit 9/11 - Micheal Moore
176Le monde selon Bush - William Karel
177Bush met l’Iran et El-Qaïda au même niveau de menace Le jeune indépendant 7/09/2006
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tout comme sa vision binaire du monde avec son célèbre «Axe du Mal».
D'une
part les communautés musulmanes se sentent insultées et d'autre part un certain
nombre d'Américains ont honte de leur Président.
Le 11 septembre 2001 a changé la face du monde et donc aussi celui de
la musique. On l'a vu plus haut, de nombreux artistes se sont soulevés en 2002
pour inciter à voter contre Bush. Ils sont bien trop nombreux pour être tous cités.
On retiendra le retour de Neil Young178 avec son album Living with War.
D'ailleurs, et ce n'est certainement pas anodin, on observe le retour
d'artistes ou la reformation de groupes. Les Who se sont reformés il y peu, les
Stooges ont suivis le même chemin en 2002 (Leur prochain album sera produit par
Jack White des White Stripes!), tout comme les New York Dolls... On peut
interpreter cela comme le signe d'une certaine émulation dans le monde du rock.
On peut aussi supposer que des musiques radicalement différentes
venant de pays du Sud vont apparaître puisque les possibilités de diffusion sont
maintenant plus nombreuses. Les inégalités que ces pays subissent vont
forcement arriver à nos oreilles aussi par la musique. On en sent les prémices: lors
du Live 8179, un des nombreux reproches qui ont été faits à Bob Gedolf, le créateur
de l'évenement, c'est la très faible présence de musiciens africains alors que ce
sont les premiers concernés180.
Après un demi-siècle d'existence, on sent que le rock peut encore se
montrer corrosif. L'arrivée massive de nouveaux artistes qui donne un coup de
fouet à la scène rock ajouté à la fin du support physique permettant la
multiplication des moyens de diffusion, tout cela dans un contexte mondial difficile
émaillé de guerres, laisse supposer que le rock engagé existant peut prendre de
l'ampleur.
178LIVING WITH WAR TODAY
179Live 8, il y a un an || Radio-Canada.ca
180Le Monde.fr : Les forces vives des voix d'"Africa Calling"
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Conclusion
Après avoir étudié les différentes formes du rock et les phénomènes
contestataires qui leur sont associées, il nous faut conclure. On peut déjà affirmer
que les revendications sociales et politiques font partie intégrante de cette
musique. En outre, le rock reflète l'état d'esprit d'une grande partie de la jeunesse
occidendale depuis les années 50. On a vu qu'il était intimement lié à l'évolution
du monde. Par exemple, Elvis se faisant l'icône de la jeunesse étouffée de l'aprèsguerre ou le punk explosant au moment de la crise économique mondiale de 1975.
Depuis les années 90, la diversification de la musique se fait conjointement à la
mondialisation: le rock ne peut que réagir à ce nouvel ordre mondial où les
injustices sont reines.
Depuis plus de 50 ans, le rock a connu des périodes fastes et des
périodes creuses, mais il a toujours réussi à se renouveler dans la joie ou dans la
rage. Les idéaux qu'il véhicule, notamment hippie ou punk, sont toujours
d'actualité. Aujourd'hui le rock est encore très présent dans la culture mondiale.
On peut émettre une réserve quand à sa faculté à éveiller les consciences
aujourd'hui, mais avoir de l'espoir qu'il le fasse demain...
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Bibliographie
Pour la bibliographie, j'ai tâché de choisir des ouvrages complémentaires afin de
ne négliger aucune facette du phénomène. C'est pour ca que l'on peut retrouver
autant des ouvrages bibliographiques, des articles de la presse que des films ou
documentaires. Chacun abordant le problème sous un angle différent.
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Sur la route
Titre
Type d'oeuvre
Livre (Editions Folio Poche)
Auteur
Jack Kerouac
Année
1957
Résumé
Le livre-clé de la beat generation. Les aventures de Sal Paradise (Jack
Kerouac) et Dean Moriatry (Neal Cassady) de part et d'autre des Etats-Unis.
Une épopée folle sur l'amitié, les rencontres, la debrouille, la joie de vivre et la
liberté.
Le peuple du blues
Titre
Type d'oeuvre
Livre (Editions Folio Poche)
Auteur
LeRoi Jones
Année
1963
Résumé
Cet ouvrage met en avant le combat des anciens esclaves venus d'Afrique
pour devenir des Afros-Américains et ceci vu sous l'angle de leurs musiques
(blues, jazz et toutes leurs variations).
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Titre
La Fureur de Vivre (Rebel without
a Cause)
Type d'oeuvre
Film
Auteur
Nicholas Ray
Année
1956
Résumé
Film emblématique d'une époque, la Fureur de Vivre montre une bande de
jeunes qui pour fuir leur ennui et leur vie toute tracée s'adonner à des jeux
dangereux. Grâce à ce film, James Dean devient instantanement une icône
rock.
Titre
Dig!
Type d'oeuvre
Film Documentaire
Auteur
Ondi Timoner
Année
2005
Résumé
Ce documentaire est une plongée en apnée de 7 ans dans l'univers de deux
groupes de rock qui se detestent autant qu'ils s'admirent: les Dandy Warhols
et le Brian Jonestown Massacre. Quand les premiers se plient aux contraintes
du marché pour atteindre le succès, les seconds se sabordent pour ne pas
perdre leur indépendance bien que bourrés de talent. L'un des documentaires
les plus marquants sur le rock.
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Titre
L'odyssée du Rock
Type d'oeuvre
Livre (Editions Hors Collection)
Auteur
Florent Mazzoleni
Année
2005
Résumé
Ce livre a pour ambition de revenir sur 50 ans de rock en n'omettant
personne. On passe donc en revue les plus grandes figures du rock ( Elvis, les
Beatles...) ainsi que des artistes moins connus mais tout aussi importants.
Titre
L'Art du Rock
Type d'oeuvre
Livre graphique(Editions du Panama)
Auteurs
Paul Grushkin & Dennis King
Année
2005
Résumé
Cet ouvrage présente des affiches de l'époque du punk à maintenant. On y
retrouve toute l'inventivité de créateurs qui cherchent à coller au mieux à la
musique qu'ils représentent.
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Titre
Lipstick Traces: Une histoire
secrète du vingtième siècle
Type d'oeuvre
Livre
Auteur
Greil Marcus (Editions Gallimard)
Année
2000
Résumé
Ce livre a pour ambition de faire comprendre la culture populaire d'aujourd'hui
en plongeant dans ses racines. Pour cela, l'auteur nous entraine dans les
idéaux qui caractérisent le mouvement punk, c'est-à-dire le refus du
capitalisme, l'idée que chaque chose a un prix.
Titre
Open Letter to Pink Floyd's Roger
Waters (Lien)
Type d'oeuvre
Lettre ouverte
Auteur
Des artistes palestiniens
Année
2006
Résumé
Ceci est un exemple récent de réutilisation d'une chanson pour une cause qui
n'était pas celle de départ. Déja reprise, notamment au moment de la chute
du mur de Berlin, elle est içi réutilisée par la comunautée palestinienne pour
denoncer le mur qui entoure la Cisjordanie. Waters devait interpreter cette
chanson à Tel Aviv, mais il a annulé suite à cette lettre, preferant un village
judéo-arabe, pour symboliser la coexistence possible des deux peuples.
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On the Road Again
Titre
Type d'oeuvre
Article et interview(La Blogotheque)
Auteur
Laurent Rigoulet
Année
2006
Résumé
Cet article parle de ces nouveaux artistes folk contestataires américains. Ils
sillonent le pays qui a bien changé depuis l'époque de Kerouac, Guthrie ou
Dylan. On y retrouve une interview de l'un d'eux: Sufjan Stevens, qui s'est
lancé comme défi de faire un album par Etat.
Titre
Rock and Roll club
dans Rock & folk numéro 424
(décembre 2002) p82
Type d'oeuvre
Débat
Auteur
Philippe Manoeuvre, Patrick Eudeline,
Jenn-Vic Chapus, Vincent Hannon,
Vincent Tannières.
Année
2002
Résumé
Un débat entre les experts de Rock and Folk sur le retour du rock and roll.
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Fiches de lecture
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Titre: Howl et autres poèmes
Auteur: Allen Ginsberg
Editeur: Editions Bourgois
Année de parution: 1956 (Première édition)
Présentation de l'auteur:
Allen Ginsberg est l'un des trois membres fondateurs de la "beat generation" (génération
foutue), les deux autres étant William Burroughs avec Le Festin Nu (1959) et Jack Kerouac avec
Sur la Route (1957). La "beat generation" est ce mouvement littéraire, qui transforma la société
américaine. Ginsberg l'a reconnu, le festival de Woodstock et les idéaux pacifistes et libres qu'il
prône est l'un des émules de ce mouvement.
C'est lorsque, en 1955, Ginsberg déclama à San Fransisco la première partie de ce poème que
le mouvement beat prit son essor. Le procès qui s'ensuivit fit grand bruit, lui donnant des ailes.
Ginsberg, contrairement à Kerouac, ne dénigra pas son rôle de "prophète".
Présentation de l'ouvrage:
Le poème se compose de trois parties bien distinctes, écrites à différents moments. Les
thèmes abordés changent dans chaque partie.
La méthode d'écriture est très particulière, Ginsberg cherchant à laisser avancer son esprit
sans lui imposer de limite.
La première partie peut être vue comme une vision de fin du monde inéluctable ou presque, les
drogues et alcools pouvant apporter un style de vie alternatif.
La seconde partie est plus une dénonciation de la société actuelle basée sur le materialisme
et le conformisme. De plus, il dénonce la politique guerriere des Etats Unis à l'epoque en pleine
guerre froide. Il y nomme le Mal Moloch.
La dernière partie, quant à elle, est un éloge à l'amitié, elle est d'ailleurs dédié à son ami
poète Carl Solomon.
Dans ce poème, Ginsberg se fait donc le défenseur des opprimés et dénonce cette société
malade guidée par des politiques aveugles, tout en proposant une société beaucoup plus libre.
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CFA Groupe 2
Titre: Rock et politique
Auteur: Anne Benetollo
Editeur: Editions L'Harmattan, Collection Logiques Sociales
Année de parution: 1999
Présentation de l'auteur:
Anne Benetollo est docteur en Histoire spécialisée dans la musique rock. Auteur de diverses
publications, elle a collaboré avec le Laboratoire de Recherche sur les Arts du Spectacle du CNRS.
Présentation de l'ouvrage:
Le point de départ de ce livre est la création, par des femmes de politiciens américains, du
Parents' Music Resource Center, une organisation qui s'insurge face à certains rockeurs et qui
impose des restrictions comme le Parental Advisory. Le Parental Advisory est cet avertissement que
l'on peut trouver sur certaines pochettes de CD et qui met en garde les parents contre des paroles
trop aggresssives ou autres. C'est une forme de censure et cela a été ressenti comme tel par de
nombreux artistes. Cela n'a pas empeché son application.
A partir de ce fait, Anne Benetollo s'interroge sur le pourquoi de la censure et de l'utilisation
des principes religieux par ces "Washington Wives", comme elles sont surnommées. Elles
permettent aussi de déreponsabiliser les politiques. Il est plus simple pour elles d'affirmer que
l'écoute de certains groupes comme Marilyn Manson incite aux actes les plus violents.
Outre cela, Anne Benetello s'interesse aussi à des artistes qui s'engagent ouvertement face à
certaines politiques (Frank Zappa, Bruce Springsteen entre autres) . Elle aborde aussi le sujet de la
récupération politique de la musique par les politiciens afin de rajeunir leur éléctorat.
Très bien documenté, cet ouvrage permet de se faire une bonne idée sur les différentes
relations qui existent entre la politique et le rock. Malheureusement, on se rend compte que les
idées sont bien plus tolérantes et lucides dans les chansons des artistes que dans les programmes
des politiciens.
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MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Titre: Please Kill Me
Auteur: Legs Mc Neil, Gillian Mc Cain
Editeur: Editions Allia
Année de parution: 1996 pour la version anglaise, 2006 pour
la version française
Présentation des auteurs:
Ce livre a été écrit par Legs Mc Neil, qui est co-fondateur du magazine Punk et Gillian Mac
Cain.
Présentation de l'ouvrage:
Cet ouvrage regroupe des centaines d'heures d'entretiens avec les plus grands noms de la
scène punk anglo-saxonne. Le punk qui a connu ses heures de gloire à la fin des années 70, est le
mouvement contestataire par excellence. Ce livre permet de comprendre de l'interieur ce qui a fait
son succès. On y apprend aussi le véritable esprit punk et son cheminement entre les Etats-Unis et
l'Europe.
A travers ces 600 pages, on y croise Iggy Pop, Patti Smith, le MC5, les Sex Pistols, le Velvet
Underground ainsi que beaucoup d'autres qui n'ont même que participé de loin à cette histoire
(groupies, managers...). L'enchainement assez anarchique des interviews aboutit parfois à des
contradictions, mais cela rend le ton encore plus juste.
Les anecotes drôles, pathétiques ou complétement folles se suivent retracant cette formidable
épopée parfaitement en accord avec l'hymne sex, drugs & rock'n'roll.
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CFA Groupe 2
Grille d'analyse
Le corpus a été élaboré en essayant de respecter certaines règles. J'ai
voulu donner un bon apercu global de l'histoire du rock, en essayant de n'occulter
aucun mouvement important en ce qui concerne le sujet. Il est possible que
certaines choses ait été oubliées, mais il est de toute façon inconcevable d'avoir
une vision complète du phénomène. J'ai volontairement occulté la musique hardrock car d'une part c'est une musique assez difficile à cerner et d'autre part qu'elle
touche un public plus restreint à partir des année 80.
Deuxièmement, j'ai cherché à choisir des chansons emblématiques de la
contestation sociale et politique, tant par leur texte que par leur musique, ceci en
les replacant dans leur contexte. Par exemple, une chanson d'Elvis ne choquait
plus à partir des années 60, mais lors de sa sortie dans les années 50, elle était
considérée comme intolérable.
On peut s'étonner de retrouver içi uniquement des artistes connus, mais
j'ai pris cette décision car je considère que la contestation ne peut trouver un écho
important seulement si elle est soutenue par un public suffisamment nombreux.
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CFA Groupe 2
Chanson
This Land is Your Land
Auteur
Woody Guthrie
Ecrit par
Woody Guthrie
Année
Contexte
1940
En pleine seconde guerre mondiale.
Etude textuelle
Durant toute la chanson, Woody Guthrie décrit l'Amérique qu'il aime et qu'il
connait puisque c'est un grand voyageur. Il parle des différents paysages qu'il
rencontre: « From the redwood forest, to the gulf stream waters » ( De la
foret de sequoia, aux eaux du gulf stream ), « To the sparkling sands of her
diamond deserts » ( Jusqu'aux sables etincelants de ses déserts de diamant ).
On sent un réel emrveillement face à ce pays. Mais le vers qui est répété à
chaque fin de couplet, c'est « This land is made for you and me ». (Ce pays
est fait pour toi et moi). Selon lui, l'Amérique est à chaque personne qui
souhaite y vivre. Il va à l'encontre des pensées de l'époque et la sacro-saint
concept de propriété privée: « As I was walkin' - I saw a sign there/
And that sign said - no tress passin' /But on the other side .... it didn't say
nothin! /Now that side was made for you and me!» (Quand je marchais, j'ai
vu un panneau/ et ce panneau disait Propriété privée / Mais de l'autre côté ...il
ne disait rien / Maintenant ce côté est fait pour toi et moi »)
Etude musicale
Au niveau musical, la voix nasillarde de Guthrie est prédominante, la guitare
accompagnant discrètement derrière.
Iconographie
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Chanson
That's All Right Mama
Auteur
Elvis (8 Janvier 1935– 16 Aout 1977 ) est un chanteur et acteur américain
mondialement connu. On l'appelle aussi The King. Pour son premier succès, il
est accompagné de Scotty Moore à la guitare et de Bill Black à la contrebasse.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Elvis
Ecrit par
Année
Arthur Crudup
1954
Contexte
Etats-Unis: Sortie de la deuxième guerre mondiale et debut de la guerre
froide.
Les Etats-Unis ont gagné en puissance militaire, économique et culturelle.
L'anticommunisme bat son plein jusqu'en 1955. Le puritanisme est de rigueur
dans la société américaine. Elvis se produit surtout dans le Sud au début où
les esprits sont encore plus conservateurs.
Etude textuelle
Ce texte est caractéristique de l'époque en cela que le narrateur rassure sa
mère dans les deux premiers couplets. Dans le deuxième, il donne plus de
détails. La fille qu'il fréquente ne plait pas a ses parents:"'Son, that gal your
foolin' with, / She ain't no good for you'" (Fils, la fille que tu fréquentes / Elle
n'est pas faite pour toi). Le dernier couplet est une annonce à cette fameuse
fille de son départ: " I'm leaving town, baby " (Je quitte la ville,bébé).
Etude musicale
C'est une morceau de blues (donc une musique noire américaine) chanté par
un blanc. Elvis y apporte sa culture, sa touche personnelle et sa fougue. Sa
voix profonde et juste est superbement mise en valeur par le jeu sautillant et
débridé de Moore et Black.
Iconographie
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Chanson
Great Balls of Fire
Auteur
Jerry Lee Lewis (29 septembre 1935 - ) est un chanteur et pianiste américain
de rock'n'roll et de rockabilly. Surnommé The Killer pour son énergie
incroyable qu'il déploie lors de ses interprétations.
Ecrit par
Année
Contexte
Otis Blackwell
1957
Comme Elvis
Etude textuelle
Ce morceau exprime les sentiments d'un jeune homme fou amoureux. Le
premier couplet montre bien cela: "Too much love drives a man insane" (Trop
d'amour rend un homme dingue). Chaque couplet se termine par la phrase "
Goodness gracious great balls of fire " qui est la métaphore du feu intérieur,
mais qui dérive d'une expression sudiste blasphématoire. Dans le refrain, on
peut remarquer des allusions plus appuyées comme " I want to love you like a
lover should " (Je veux t'aimer commme tu le mérites) .
Etude musicale
On remarque que la virtuosité de Lewis au piano n'est pas une légende dès les
premières notes. Le premier refrain où il joue et chante de sa voix
enthousiaste, commence très rapidement. Le rythme frénétique et les cris
aigus agrémentant le texte ne retomberont pas avant la dernière note. Il est
rejoint pas le reste du groupe (guitare et batterie) au début du deuxième
couplet. Jerry Lee Lewis se lance dans de longues parties en solo. A la fin, il
défie même la guitare chacun faisant son solo puis il se répondent ensuite du
tac au tac, avant la phrase finale.
Iconographie
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Chanson
I wanna be your man
Auteur
The Rolling Stones:
– Mick Jagger (voix)
– Keith Richards (guitare, voix)
– Brian Jones (guitare, voix, harmonica)
– Charlie Watts (batterie)
– Bill Wyman (basse)
Groupe de rock britannique créé dans les années 60 s'inspirant du blues.
Eternels rivaux des Beatles.
Ecrit par
Année
Paul McCartney et John Lennon
1963
Contexte
Grande-Bretagne: Difficulté à rentrer dans l'Europe à cause de la France. Les
années 60 ont marqué des avancées sociales mais cela ne suffit pas et créée
un climat de peur et de rejet. Le pays est vulnérable économiquement.
Etude textuelle
C'est une autre chanson sur une histoire d'amour. On a içi des repetitions sur
un ton provoquant de la phrase "I wanna be your man" alterné avec "I wanna
be your lover, baby". Mick Jager s'adresse directement à son public (féminin)
surtout grâce à ces phrases: "Tell me that you love me, baby /Tell me you
understand ".
Etude musicale
Les Stones n'utilise pas le trémolo comme sur la version des Beatles qui sera
diffusée plus tard. Leur interprétation sonne plus bluesy, notamment grâce
aux riffs de guitare de Brian Jones. La voix de Mick Jagger est appuyée par
moment par les autres membres du groupe. Globalement, cette chanson
sonne assez « sale », et c'est évidemment l'effet recherché.
Iconographie
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Chanson
Times They Are A-Changin
Auteur
Bob Dylan ( 29 mai 1941 - ) est un chanteur compositeur américain influencé
par Woody Guthrie. Il a traversé de nombreuses périodes, se réinventant à
chaque fois.
Ecrit par
Année
Bob Dylan
1964
Contexte
Etats-Unis: Un an après l'assassinat du président Kennedy qui créa un choc à
l'échelle du pays. Des mouvements de contestations commencent à émerger
un peu partout. Cette année-la, le pasteur Martin Luther King, défenseurs des
droits des Noirs reçoit le prix Nobel de la paix. Les mentalités évoluent...
Etude textuelle
Uniquement des couplets qui s'addressent chacun à des personnes différentes.
Chaque couplet se termine par "For the times they are a-changin'"
Premier couplet s'addressant à tout le monde: il fait une métaphore avec la
montée des eaux, incitant les gens à nager pour s'en sortir. Cela crée un
sentiment d'urgence.
Le second couplet vise les critiques, il les accuse de ne pas avoir assez de
recul sur ceux qu'ils critiquent parce que les perdants d'aujourd'hui seront les
gagnants de demain (" For the loser now / Will be later to win")
Le troisième est destiné aux hommes politiques, il les prévient qu'une
révolution est en marche et qu'ils ne pourront pas longtemps rester à l'abri.
Le quatrième est une annonce faite aux parents. Il leur dit de ne pas renier
leur enfants, que ceux-ci avancent sur une nouvelle voie et qu'ils doivent les
soutenir.
Le dernier couplet est une conclusion: selon lui, cette révolution est proche
et renversera l'ordre établi.
Etude musicale
Dylan est seul avec sa guitare et son harmonica. Sa voix nasillarde donne ici
quelque chose se rapprochant d'une messe, renforçant la puissance de ses
textes.
Iconographie
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Chanson
My Generation
Auteur
The Who
– Roger Daltrey (voix)
– Pete Townshend (guitare)
– John Entwistle (basse)
– Keith Moon (batterie)
Groupe britannique de rock'n'roll né en 1964. Ils ont symbolisés le
mouvement mods qui s'opposait aux rockers classiques.
Ecrit par
Année
Contexte
Pete Townshend
1965
Comme les Rolling Stones.
Etude textuelle
Chaque phrase de chaque couplet est ponctuée par des choeurs ("talkin' bout
my generation"). La phrase la plus emblématique est " I hope I die before I
get old " (J'espère mourir avant d'être vieux). Tout au long du texte, Roger
Daltrey décrit sa génération (celle des "mods"), en montrant le rejet qu'elle
inspire à la génération précédente.
Etude musicale
On a ici un rythme rapide, nerveux et agressif comme dans la plupart des
morceaux punks. On a une syncope à chaque fin de phrase avec le
bégaiement de Daltrey inspiré par John Lee Hooker et son Stuttering Blues.
De plus, John Entwistle nous gratifie d'un des premiers solos de basse du
rock.
Iconographie
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Chanson
When The Music's Over
Auteur
The Doors:
– Jim Morrison (voix)
– Ray Manzarek (claviers)
– Robby Krieger (guitare)
– Jon Densmore (batterie)
Groupe américain de rock'n'roll fondé en 1965 laissant une grande place à la
poésie et aux parties instrumentales.
Ecrit par
Année
Jim Morrison
1967
Contexte
Etats-Unis: La guerre du Vietnam commence à choquer l'opinion à partir de
1965 lorsque le président Johnson envoie massivement des troupes.
Etude textuelle
Le texte de cette chanson adopte un ton assez apocalyptique: "When the
music's over / Turn out the Light"(Quand la musique s'arrête / Eteignez les
lumières) . Elle est parcourue de visions étranges: " I want to hear /The
scream of the butterfly ". (Je veux entendre le cri du papillon). Mais on a
aussi des phrases ancrées dans la réalité: "What have they done to the earth?
" (Qu'ont-ils fait à la terre?"). Le groupe exulte sur la phrase "We wan't the
world and we want it...Now.. Now? NOW!" (Nous voulons le monde et nous le
voulons...maintenant...maintenant? MAINTENANT!). Ceci est un cri de revolte
face au puritanisme américain.
Etude musicale
L'ambiance de cette chanson est très spatiale. Cela est sans doute dût à sa
longueur (presque 11 minutes). S'ajoute à cela la voix quasi chamanique de
Jim Morrison. L'orgue de Ray Manzarek participe aussi beaucoup à cette
ambiance particulière, tout comme les changements de rythme de tous les
instruments.
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Chanson
Heroin
Auteur
The Velvet Underground :
– Lou Reed (voix, guitare, piano, harmonica)
– John Cale (basse, violon, claviers, voix)
– Sterling Morrison (guitare, basse, choeurs)
– Maureen Tucker (percussions)
Groupe de rock américain originaire de New-York formé en 1965, précurseur
du rock indépendant.
Ecrit par
Année
Lou Reed
1967
Contexte
Comme The Doors. On peut juste ajouter que New York était et est encore un
endroit à part comparé au reste des Etats-Unis: les mentalités y sont plus
tolérantes.
Etude textuelle
Ce morceau retranscrit les émotions que peut avoir un heroinomane. Cela
commence par la phrase: " When I put a spike into my vein / And I'll tell ya,
things aren't quite the same [..] And I feel just like Jesus' son" (Quand je me
plante une aiguille dans la veine / les choses ne sont plus les mêmes [...] Et
je me sens comme le fils de Jesus". Dans le même ordre d'idée, le refrain
contient cette phrase: "And I guess I just don't know " (Et je devine ce que
ne savais pas). On voit bien içi qu'un drogué à la sensation d'être superieur.
Lou Reed raconte certains délires comme ce bateau qui quitte cette ville
emplie de démons et où l'homme n'est pas libre. Il montre aussi l'attachement
du junkie à sa drogue par ces mots: "Heroin, it's my wife and it's my life"
(L'héroine, c'est ma femme et c'est ma vie). Cette chanson est donc une ode
à la drogue dure.
Etude musicale
Le Velvet à un style bien à lui et il en fait preuve dans cet album en posant les
bases du rock indépendant. Ce long morceau (7m11) est un trip marqué par
les accélérations des battements du coeur (la batterie) et du flux sanguin (le
violon). Ils s'accélèrent dangereusement dans les dernières minutes
atteignant finalement le zénith du voyage halluciné. La voix exténuée de Lou
Reed suit des variations identiques, sublimant la musique.
Iconographie
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CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Ecrit par
Année
Contexte
Punk Flower
Frank Zappa and the Mothers of Invention
– Frank Zappa: voix, guitare, claviers
– Dick Barber: voix
– Jimmy Carl Black: percussions, trompette, batterie, voix
– Roy Estrada: basse, voix
– ...
Frank Zappa
1968
En pleine effervescence hippie
Etude textuelle
Ce texte commence par une série de questions plus ou moins farfelues posées
à un «punk» (un hippie en fait) et les réponses de ce «punk». La première
«Hey Punk, where you goin' with that flower in your hand? »(Hé Punk, ou vas
tu avec cette fleur dans les cheveux) indique clairement la cible. La chanson
des Mamas and Papas et tous les hippies sont tournés en dérision. La réponse
« I'm goin' up to Frisco to join a psychedelic band. » (Je monte à Frisco pour
rejoindre un groupe psychédélique) est attendue. Les questions se suivent
toujours sur le même sujet: « Hey Punk, where you goin' with that hair on
your head? » (Hé Punk, ou vas tu avec ces cheveux sur la tête) est déjà plus
étrange, tout comme la réponse: « I'm goin' to the dance to get some action,
then I'm goin' home to bed. » (Je vais aller danser pour avoir un peu d'action,
puis je vais rentrer me coucher). La dernière reponse est la plus bizarre: «I'm
goin' to the shrink so he can help me be a nervous wreck » (Je vais voir le psy
pour qu'il m'aide à être à bout). Suite à cela, on une suite de courtes phrases
sans queue ni tête puis un discours sur le monde de la musique. On suppose
que ce discours est tenu par un jeune rocker qui découvre l'engouement
suscité par cette musique et qui tient un discours un peu limité : «Hello
Darling!» Une facon de montrer l'absence de fond du mouvement hippie.
Etude musicale
Cette chanson est, comme le reste de l'album, experimental au niveau des
sonorités. Les voix sont distordues et s'entremelent. Les parties parlées sont
entrecoupées de parasites. C'est une musique tout sauf sérieuse.
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CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Ecrit par
Année
Contexte
L'hymne américain (The Star-Spangled Banner )
Jimi Hendrix ( 27 Novembre 1942 – 18 Septembre 1970) est un chanteur
compositeur guitariste américain. Considéré comme le meilleur guitariste de
l'histoire du rock, il ne cessait d'expérimenter pour trouver des sons toujours
plus intéressants. Ses influences étaient le blues, le jazz, le funk, entre
autres.
Francis Scott Key
1969
Etats-Unis: Le mouvement hippie et la contre-culture atteint son point
culminant au festival de Woodstock la même année que l'élection du président
Nixon. Une partie des américains ne voient là que des jeunes gens drogués
faisant la fête mais occultent leur vision d'une société utopique. Malgré cela,
on peut dire que cet événement a marqué un changement dans la culture
américaine, voire mondiale.
Etude textuelle
Cette version de l'hymne américain est totalement instrumentale.
Etude musicale
Jimi Hendrix, lors de sa célèbre prestation au festival de Woodstock, a entamé
l'hymne américain à la guitare avec la génie qu'on lui connaît. A partir d'une
partition connue de tous, il se lance dans une improvisation de plusieurs
minutes. Sa guitare produit des sons violents proches des explosions de
bombes ou des tirs d'artillerie. On peut y entendre le chaos et la folie de la
guerre.
Iconographie
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CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Ecrit par
Année
I wanna be your dog
The Stooges:
– James Osterberg alias Iggy Pop (voix)
– Ron Asheton (guitare)
– Scott Asheton (batterie)
– Dave Alexander (basse)
Groupe de rock américain précurseur du mouvement punk.
The Stooges
1969
Contexte
Etats-Unis: Nous sommes à l'aube d'une crise économique majeure faisant
vaciller les Etats-Unis et entraînant dans son sillage le monde entier. Le
mouvement hippie touche à sa fin.
Etude textuelle
Cette chanson a une forte connotation sexuelle. Outre le titre repris maintes
fois, la phrase " And now Im ready to feel your hand / And lose my heart on
the burning sands " (Et maintenant je suis pret à sentir ta main et à perdre
mon coeur sur les sables brûlants) est très claire sur ce point.
Etude musicale
La voix précise mais pourtant agressive d'Iggy pop est accompagnée de la
guitare totalement saturée de Ron Asheton qui torture dans tous les sens ses
trois accords. Le batteur Scott Asheton quant à lui martèle un tempo
implacable suivi de près par la basse d'Alexander. Ce son torturé et malsain
marquera toute une génération, plus particulièrement les punks des années
suivantes.
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CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Kick out the jams (Motherfuckers)
MC5
– Rob Tyner: voix
– Fred Smith: guitare
– Wayne Kramer: guitare
– Dennis Thompson: batterie
– Micheal Davis: Basse
Ecrit par
MC5
Année
1969
Contexte
Idem Stooges
Etude textuelle
Il existe une version censurée de cette chanson: elle n'a plus le motherfuckers
à la fin du titre jugé trop outrancier par Elektra. Les paroles montrent une
fureur pour faire bouger le public (qui a été interpreté par la suite comme une
volonté de faire bouger les institutions). Les paroles ne sont pas ici l'élément
primordial.
Etude musicale
Tout l'album est enregistré en live, on a donc un son dur soutenu par les
acclamations du public. Les riffs de guitares sont puissants et dégagent une
réelle folie. Le solo de guitare est aussi impressionnant. La batterie martèle un
tempo infernal et la voix à bout de souffle de Rob Tyner est presque happée
par le son. On a là un petit apercu des capacités live du groupe et c'est déjà
énorme.
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CFA Groupe 2
Chanson
School's Out
Auteur
Alice Cooper:
– Vincent Damon Furnier alias Alice Cooper (voix)
– Glen Buxton (guitare)
– Michael Bruce (guitare rythmique)
– Dennis Dunaway (basse)
– Neal Smith (batterie)
Groupe de hard rock britannique appartenant à la mouvance glam-rock et l'un
des pionniers du hard-rock théâtral.
Ecrit par
Année
Contexte
Alice Cooper
1972
Grande-Bretagne
Etude textuelle
Ce texte a été écrit en pensant aux derniers trois minutes d'école avant les
vacances d'été. Mais au dela de ça, Cooper parle de la fin définitive de l'école:
"School's out for Summer / School's out for ever / School's be blown to
pieces" (L'école est fermée pour l'été / L'école est fermée pour toujours /
L'école va finir en miettes). Cela renie clairement le système scolaire
britannique.
Etude musicale
C'est typiquement le style de hard rock grand spectacle qui va déferler durant
la décennie. La voix théâtrale de Cooper laisse souvent la place aux guitares
énervées de Buxton et Bruce. Cooper est accompagné sur la fin par un chorale
d'enfants avant la délivrance, la sonnerie de fin des cours.
Iconographie
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CFA Groupe 2
Chanson
Imagine
Auteur
John Lennon ( 9 Octobre 1940 – 8 Décembre 1980) était un compositeur
chanteur musicien de pop mondialement connu ayant fait partie des Beatles
avant de faire une carrière solo orienté par des valeurs telles que la tolérence,
la paix et l'amour.
Ecrit par
Année
John Lennon
1975
Contexte
Grande-Bretagne: Le désastre de la guerre du Vietnam a une résonance
mondiale.
Etude textuelle
Cette chanson est une utopie. Elle s'oppose aux idées de la religion :
"Imagine there's no heaven [...] Imagine all the people / Living for today..."
(Imagines qu'il n'y ait pas de paradis [...] Imagine tous ces gens / Vivant au
jour le jour), et surtout de la guerre: " Imagine there's no countries / It isn't
hard to do / Nothing to kill or die for " (Imagines qu'il n'y ait pas de pays / Ce
n'est pas dur à faire / Personne à tuer ou à défendre). Il s'oppose aussi au
système capitaliste et prône la fraternité entre les Hommes de tous les
horizons. Dans son refrain, il affirme ne pas être le seul à penser ainsi.
Etude musicale
C'est une mélodie très douce, apaisante comme certaines chansons des
Beatles. La voix de Lennon s'accorde parfaitement en étant calme de bout en
bout. L'instrument principal est un piano. Le violon rehaussant discrètement
l'atmosphère tranquille qui se dégage du morceau.
Iconographie
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CFA Groupe 2
Chanson
White Riot
Auteur
The Clash:
– Joe Strummer (voix, guitare)
– Mick Jones (voix, guitare)
– Paul Simonon (basse)
– Topper Headon (batterie)
Groupe majeur de punk rock britannique incorporant des influences diverses
(reggae, rockabilly, dance...) dans ses compositions tournant entre 1976 et
1986.
Ecrit par
Année
Joe Strummer et Mick Jones
1977
Contexte
Grande-Bretagne: La crise mondiale de 74 a durement touché la GrandeBretagne créant des déséquilibres entre les diverses couches de la société et
laissant de nombreux britanniques sans emploi. Des mouvements
contestataires commencent à se faire entendre.
Etude textuelle
Cette chanson s'adresse aux jeunes blancs (White riot: émeute blanche). Les
Clash les incitent à se revolter comme ont pu le faire les noirs américains: "
Black people gotta lot a problems / But they don't mind throwing a brick
" (Les noirs ont eu beaucoup de problemes / Mais ils n'hésitaient pas à lancer
des briques). L'autorité de quelques élites riches est visée: " All the power's
in the hands / Of people rich enough to buy it " (Tout le pouvoir appartient /
Aux gens assez riches pour l'acheter). La chanson finit par les mots les plus
percutants: "Are you taking over / or are you taking orders? / Are you going
backwards / Or are you going forwards? " (Tu prends la releve? / ou tu prends
des ordres? / Tu reviens en arrière? / ou tu vas de l'avant?).
Etude musicale
Cette chanson comme la plupart des morceaux punks est un concentré
d'énergie. Les guitares jouent sur un rythme endiablé: elles se répondent sur
deux accords donnant un style très agressif à la chanson. Le refrain est repris
en choeur et en cris par le groupe et globalement la voix de Joe Strummer se
fait sarcastique.
rIconographie
samedi 9 septembre 2006
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
God Save the Queen
Auteur
Sex Pistols:
– Johnny Rotten (voix)
– Steve Jones (guitare)
– Paul Cook (batterie)
– Sid Vicious (Basse)
Groupe de punk rock britannique très influent qui a eu une courte existence
(1975 – 1978)
Ecrit par
Année
Contexte
Sex Pistols
1977
Comme The Clash
Etude textuelle
Les Sex Pistols ont, avec cette chanson parodiant l'hymne national, lancé une
charge contre la reine Elizabeth et plus généralement contre la monarchie.
Dès la première phrase, l'image de la reine est associée au fascisme. La suite
du couplet est dans un ton similaire: "They made you a moron / Potential Hbomb (Ils ont fait de toi un connard / Une Bombe H potentielle). Dans le
couplet suivant, Elizabeth n'est même pas un être humain (" She ain't no
human being "). C'est dans ce couplet, que l'on voit apparaître l'expression
"No Future", reprises plusieures fois par la suite (surtout à la fin): "In
england's dreaming / For You / For Me...". On peut aussi noter l'ironie dans la
phrase "We love our Queen". Quelques phrases tournent en dérision la religion
puis paradoxalement les Sex Pistols se présentent comme l'avenir ("We're the
future, your future").
Etude musicale
Comme pour les Clash, cette chanson est typique du style punk. La durée du
morceau est plus importante, mais la nervosité dégagée est comparable.
Après une introduction rapide où les célèbres accords sont posées, Johnny
Rotten entame son chant avec une voix à la fois desinvolte et rageuse,
insistant sur la plupart des fins de phrases. Cela est réhaussé par les riffs de
Steve Jones. La batterie et la basse martelant un tempo sec et débridé.
Iconographie
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Ecrit par
Année
Another Brick in The Wall (Part II)
Pink Floyd:
– Roger Waters (voix, basse)
– Syd Barrett (voix, guitare)
– Nick Mason (batterie, percussions)
– Richard Wright (claviers, chant)
Groupe de rock britannique expérimental créé en 1965 .
Roger Waters
1979
Contexte
Grande-Bretagne: Année de l'élection de Margaret Tatcher, leader du parti
conservateur, au poste de Premier Ministre. Elle applique une politique
ultalibérale et populiste jusqu'en 1990.
Etude textuelle
Cette chanson tout comme celle d'Alice Cooper est un pamphlet contre le
système scolaire britannique, notamment les internats. Le seul couplet décrit
l'attitude intolérable des professeurs. Le refrain a une place importante, il est
répété deux fois ensuite. Il tient en ces quelques phrases: "We dont need no
education./ We dont need no thought control. / No dark sarcasm in the
classroom. / Teacher, leave those kids alone. / All in all its just another brick
in the wall.(x2)" (Nous n'avons pas besoin d'éducation / Nous n'avons pas
besoin d'un contrôle des pensées / Pas de sarcasmes noirs dans les salles de
classe. / Professeur, laissez ces gosses tranquilles (x2) / Au final, c'est juste
une brique de plus dans le mur). Le contrôle des pensées s'inspire de George
Orwell et de son roman 1984. On voit bien un rejet total du système, comparé
à un mur froid et massif.
Etude musicale
Ce morceau commence et se termine par des bruitages ( hélicoptères , cris
dans un mégaphone puis les ordres d'un père). Il possède des arrangements
sophistiqués, en comparaison de morceaux de punk par exemple.
L'éléctronique est beaucoup plus présente à travers l'utilisation du
synthétiseur et donne une atmosphère hors du temps. On remarque aussi que
les choeurs lors de la répétition du refrain ont été artificiellement multipliés
par la technique de l'overdubbing. La basse est omniprésente, même durant la
longue partie de guitare finale. La batterie est plus discrète mais monte en
puissance lorsqu'il le faut.
Iconographie
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MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
La Marseillaise
Auteur
Serge Gainsbourg (2 Avril1928 – 2 Mars 1991) est un auteur compositeur
interprète et chanteur français, prolifique et touche-à-tout. Il a influencé de
nombreux artistes et ses provocations restent gravées dans les mémoires.
Ecrit par
Année
Rouget De Lisle
1979
Contexte
France: La crise a aussi touché la France en 1975: on appelle cette periode la
fin des Trentes Glorieuses. Valery Giscard D'Estaing est au pouvoir depuis 5
ans et sa popularité baisse vis à vis des idées de gauche.
Etude textuelle
C'est une petite partie de la version écrite par Rouget de Lisle. C'est donc un
chant patriotique et militaire. Mais, c'est dans l'interprétation que tout diffère.
Etude musicale
Pour ce morceau et l'album dont il est extrait, Gainsbourg s'entoure de
musiciens renommés dans le monde du reggae: les choristes de Bob Marley –
les I Three – , Sly Dunbar (batteur) et Robbie Shakespeare (basse). On a
donc un morceau purement reggae à partir d'un texte ancré dans la culture
française. La rythmique tout en rondeur et circonvolutions accompagne
superbement la voix grave et légèrement desinvolte de Gainsbourg.
Iconographie
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MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
Auteur
Ecrit par
Année
Sunday Bloody Sunday
U2:
– Paul David Hewson alias Bono (voix)
– David Howell Evans alias The Edge (guitare)
– Adam Clayton (basse)
– Larry Mullen Junior (batterie)
Groupe de rock irlandais engagé formé en 1977.
U2
1983
Contexte
Irlande: L'Irlande connait depuis ce « Bloody Sunday », des actes violents
perpetrés par l'I.R.A qui veut l'indépendance par rapport à l'Angleterre.
Etude textuelle
Ce morceau est a pour sujet les meurtres de 14 manifestants par des
parachutistes le dimanche 30 Janvier 1972. Le point de vue adopté est celui
d'un civil découvrant la nouvelle. Le premier couplet montre son atterement
lorsque il ouvre le journal: "I can't believe the news today" (Je ne peux pas
croire les nouvelles ce matin). Les deux couplets suivants décrivent le chaos
et l'absurdité du conflit: " Bodies strewn across the dead end street " (Les
corps éparpillés au milieu de l'impasse) ou bien " There's many lost, but tell
me who has won " (Il y a beaucoup de pertes mais dit moi qui a gagné). On a
plusieurs allusions au christianisme notamment dans cette phrase: " We eat
and drink while tomorrow they die " (Nous mangeons et buvons pendant que
demain ils mourront). Bono cite ensuite directement Jesus pour clamer sa
victoire.
Etude musicale
Dès le debut, les percussions de la batterie s'approchent de celles des
tambours utilisés dans l'armée lors des parades. Vient ensuite le violon
éléctrique (de Steve Wickham) qui vient lancer sa lente complainte parfois
entrecoupée de hoquetements. La guitare de The Edge lui répondant
sèchement à chaque fois. Quant à Bono, il arrive grâce à sa qualité vocale à
retranscrire tout le désespoir et la haine renfrognée du spectateur impuissant.
Iconographie
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MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
Born in the USA
Auteur
Bruce Springsteen (23 Octobre 1949 - ) est un chanteur et auteurcompositeur américain. On le surnomme le « Boss ».
Ecrit par
Année
Bruce Springsteen
1983
Contexte
Etats-Unis: Le républicain Ronald Reagan est au pouvoir, malgré une relative
prospérité, le pays reste fragile.
Etude textuelle
Cette chanson malgré ou plutôt grâce à son patriotisme défend avec
véhémence les vétérans du Vietnam. Les premières phrases décrivent
l'existence de certains d'entre eux qui souffrent dès leur naissance avant que
cela empire. Le couplet suivant s'interesse aux départs forcés de jeunes vers
la guerre du Vietnam: " Sent me off to Vietnam / To go and kill the yellow
man" (M'envoyer au Vietnam / Pour partir et tuer l'homme jaune). Les deux
couplets suivants retranscrivent l'incompréhension au retour et les drames
humains qui s'y sont produits: le compagnon de guerre du narrateur n'est
jamais revenu et sa fille est maintenant orpheline. Ensuite, on voit que le
veteran n'a plus sa place dans la société: "Nowhere to run, ain't got nowhere
to go" (Nulle part où courir, pas d'endroit où aller).
Etude musicale
Cette chanson est dominée par la voix rauque du Boss, qui met toute sa rage
dans chaque syllabe. Le synthétiseur, s'occupe quant à lui d'imposer un
mélodie triste, suivi de près par la batterie qui égraine les secondes d'une vie
gachée.
Iconographie
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
Smells Like Teen Spirit
Auteur
Nirvana:
– Kurt Cobain (voix, guitare)
– Krist Novoselic (basse)
– Dave Grohl (batterie)
Groupe de rock grunge créé en 1985 et stoppé en 1994 après le suicide de
Kurt Cobain. C'est le groupe des années 90.
Ecrit par
Année
Kurt Cobain
1991
Contexte
Etats-Unis: Beaucoup d'Américains se plaignent des failles dans le système
social, notamment en ce qui concerne la scolarité et la santé. Au niveau
mondial, la guerre froide s'est terminée en 1989 avec la tombée du Mur de
Berlin. Suite à cela, on voit apparaître des échanges économiques plus
liberaux mettant un coup d'accelérateur à la « mondialisation ».
Etude textuelle
Ce texte, malgré le succès qu'il a eu, reste toujours assez ambigü, d'une part
par la diction particulière de Kurt Cobain, mais aussi parce que les paroles
qu'il prononce peuvent avoir plusieurs sens. Cobain avouant lui-même que la
chanson a la signification que l'on veut lui donner, il n'a pas cherché à être
clair. On a tout de même des phrase marquantes comme "Load up on guns /
Bring your friends / Its fun to lose" (Charge tes flingues / Amène tes amis /
C'est marrant de perdre). Le ton est assez paradoxal comme içi : " Im worse
at what I do best / And for this gift I feel blessed" (Je suis le pire dans tout ce
que je fais le mieux / Et pour ce don je me sens béni). Le dernier couplet est
étrange et finit par " Oh well, whatever, nevermind " (He bien, de toute façon,
laisses tomber) montrant une certaine incompréhension. Le couplet s'avère
aussi complexe, commencant par une répétition de "Hello" puis enchainant sur
des phrases sans lien direct où l'on peut voir la répétition de " Here we are
now / Entertain us" (Nous sommes içi maintenant / Amusez-nous) et une
suite de mots en o (mulatto, albino, mosquito, libido).
Etude musicale
Comme pour le texte, la musique est paradoxale car malgré son aspect rude,
elle a tout d'une mélodie pop. Le riff principal de la guitare s'inspire
principalement du son des Pixies et dans une moindre mesure d'un groupe de
hard-rock, le Blue Öyster Cult. A cela, s'ajoute la voix déchirée et déchirante
de Kurt Cobain, la basse de Novoselic marquant un tempo triste sur les
couplets. La montée en puissance lors de refrains permet aussi à la batterie
de Grohl d'accelerer comme la guitare qui prend des accents stridents et
utilisant des effets de distorsion et qui se permet même de reprendre le
refrain seule.
Iconographie
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
Killing in The Name
Auteur
Rage Against The Machine:
– Zack de la Rocha (voix)
– Tom Morello (guitare)
– Brad Wilk (batterie)
– Tim Commerford (basse)
Groupe de rock influencé par le rap né dans les années 1990 et politiquement
très actif.
Ecrit par
Année
Rage Against The Machine
1993
Contexte
Etats-Unis: Les différentes mesures prises par les gouvernements successifs
depuis 1960 pour supprimer le racisme et la pauvreté sont un échec. La
preuve la plus flagrante reste les émeutes de Los Angeles en mai 1992.
Etude textuelle
Dénonce certains membres du gouvernement américain, associés dès les
premières phrases au Ku Klux Klan: " Some of those that work forces, are the
same that burn crosses ". C'est encore plus explicite dans la phrase " Those
who died are justified, for wearing the badge, they're the chosen whites" qui
est un slogan du KKK. La phrase majeure change au fur et à mesure et est
répétées plusieurs fois. De "And now you do what they told ya ", elle devient,
à la fin de la chanson: "Fuck you, I won't do what you tell me" scandé par
Zach de la Rocha de plus en plus rapidement.
Etude musicale
Musique s'influencant du rap pour donner un genre détonnant: le rapcore.
On a içi à faire à des riffs puissants et immédiatement reconnaissables. Pas
mal de repetitions avec un crescendo du rythme et de la voix du chanteur.
Cela permet de donner tout son ampleur aux paroles de de la Rocha.
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Chanson
L'Homme Pressé
Auteur
Noir Désir:
– Bertrand Cantat (chant, guitare)
– Serge Teyssot-Gay (guitare)
– Denis Barthe (batterie)
– Jean-Paul Roy (basse)
Groupe francais engagé de rock originaire de Bordeaux où il vit le jour dans
les années 80.
Ecrit par
Année
Noir Désir
1996
Contexte
France: Jacques Chirac est élu depuis un an prenant la suite de François
Mitterand qui a fait deux septennats. Dans les années 90, on peut voir
apparaitre des mouvements citoyens s'offusquant des directions économiques
mondiales qui renforcent les inégalités. Ces mouvements sont principalement
l'antmondialisation qui nie totalement la mondialisation et l'altermondialisation
qui veut une mondialisation différente plus humaine et écologique.
Etude textuelle
La chanson est une auto-description ironique d'un homme pressé (un homme
d'affaires et/ou politique et/ou médiatique). Mets en avant tous ses travers et
dénonce à travers lui l'inhumanité du système capitaliste. Par exemple, "Mes
conneries proférées \ Sont le destin du monde" dénonce le fait que le monde
est dirigé par une élite incompétente. "j'ai les hommes à mes pieds \ Huit
milliards potentiels \De crétins asservis " renforce encore cette idée. Noir
Désir prend pour cible, entre autres, le monde de la télévision, qui selon eux,
ne sert qu'à des intérêts économiques sans s'interesser à la qualité des
programmes diffusés. On ressent bien la gravité avec laquelle Noir Désir
depeint la mondialisation.
Etude musicale
La voix tendue et éraillée de Bertrand Cantat donne un aspect de requisitoire
à cette chanson. La rythmique est assez simple avec un accord de guitare qui
se repete à l'infini jusqu'au ¾ de la chanson où on note une accéleration pour
les dernieres phrases. Les Poppys apportent une note surréaliste à l'ensemble,
peut-être pour montrer l'exploitation de l'enfant à des fins économiques.
Iconographie
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Warluzel Xavier
MASTER AIGEME
CFA Groupe 2
Lexique
Generation X: Selon la classification de William Strauss et Neil Howe, il s'agit des
occidentaux nés entre 1961 et 1981. C'est une génération nomade, aventureuse
parfois aggressive et cynique et engagée dans la contre-culture contrairement à
leur parents: les boomers.
Hippie: Membre d'un mouvement de contre-culture très influent des années 60-70
avec un mode de vie marginal et prônant la paix, la tolérance, l'amour entre les
peuples.
Ku Klux Klan: Organisation suprématiste blanche des Etats-Unis. Elle est
d'extrême droite
et est censée défendre les interêts des WASP (White Anglo
Saxons Protestants).
Mods: Abbréviation de moderniste. Dans la culture rock, désigne les jeunes
prolétaires anglais qui veulent se démarquer des "rockers" classiques.
Mondialisation: Désigne le développement de liens d'interdépendance entre
hommes, activités humaines et systèmes politiques à l'échelle de la planète. Ce
phénomène touche la plupart des domaines avec des effets et une temporalité
propre à chacun.
Nihilisme: Notion crée par Nietzsche. De critique sociale, elle est devenue une
doctrine politique visant une liberté totale de l'individu et prônant le terrorisme.
Punk: Mouvement culturel contestataire née aux Etats-Unis et en Angleterre en
1976. La musique rock lui est très lié, comme la mode ou l'art en général.
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