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CFA Descartes Mémoire de MASTER AIGEME Applications Informatiques à la Gestion, aux Etudes, au Multimédia en E-Formation Année universitaire 2005-2006 Le rock: 50 ans de contestations Par Xavier Warluzel Sous la direction de Mme Frédérique Frey Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Remerciements Mes remerciements vont à l'ensemble des enseignants et du personnel de la formation AIGEME du CFA Descartes et de l'UMLV et plus particulièrement à M. Jean-Claude Debeir, la directeur de la formation. Je voudrais aussi remercier Mme Frédérique Frey pour son apport dans ma connaissance de la méthodologie et pour son soutien durant toute l'élaboration de ce mémoire. Je tiens aussi à remercier la société Ilex et surtout mon tuteur M. Eric Bacher qui m'a permis d'avancer sur ce travail au sein de l'entreprise. samedi 9 septembre 2006 Page 2 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Table des matières Introduction.................................................................................................................................................. 3 I. Les débuts du rock.................................................................................................................................... 5 A. L'héritage du blues ............................................................................................................................6 B. La chanson américaine traditionnelle.............................................................................................. 10 C. La folie des premières années..........................................................................................................13 II. La "British invasion"............................................................................................................................. 18 A. Les Beatles.......................................................................................................................................19 B. Les Rolling Stones...........................................................................................................................22 C. La génération mods..........................................................................................................................23 III. Le renouveau américain....................................................................................................................... 25 A. La beat génération........................................................................................................................... 26 1. Sur la route...................................................................................................................................26 2. Etre beat....................................................................................................................................... 29 B. Le folk rock et le psychédélisme..................................................................................................... 31 C. Les autres mouvements....................................................................................................................34 IV. Le choc.................................................................................................................................................37 A. Le punk aux Etats-Unis...............................................................................................................38 B. L'amplification en Grande Bretagne........................................................................................... 40 V. La "mort du rock"..................................................................................................................................43 A. Une diversification.......................................................................................................................... 44 B. La mort du rock? Explications.........................................................................................................46 C. Panorama........................................................................................................................................ 47 VI. Le présent.............................................................................................................................................51 A. L'éternel retour du rock................................................................................................................... 51 B. Une nouvelle forme de contestation?.............................................................................................. 55 1. Le carcan commercial..................................................................................................................55 2. De nouvelles voies.......................................................................................................................58 3. Un monde fragile......................................................................................................................... 60 Conclusion................................................................................................................................................. 61 Bibliographie..............................................................................................................................................63 Fiches de lecture.........................................................................................................................................70 Grille d'analyse...........................................................................................................................................74 Lexique.......................................................................................................................................................99 samedi 9 septembre 2006 Page 3 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Introduction M'intéressant depuis plusieurs années à la musique et plus particulièrement à la musique rock, lorsque l'on m'a donné l'opportunité de choisir un sujet pour ce mémoire, c'est tout naturellement vers cette musique que je me suis tourné. Mais, la musique rock en elle-même ne suffisait pas, c'est un sujet trop vaste. C'est pour cette raison que j'ai choisi de cibler plus précisément la contestation qui émane de la musique rock. Ma problématique sera donc la suivante: Quelles formes a pris la contestation sociale ou politique dans le rock et qu'en est-il aujourd'hui? Afin de répondre à cette question, nous allons, et ceci de manière chronologique, nous pencher sur des artistes et des chansons emblématiques de leur époque en les replacant dans leur contexte. Nous avons choisi de séparer les 50 ans et des poussières de l'histoire du rock en cinq parties bien distinctes. Pour chacune d'entre-elles, nous nous appuierons sur la grille d'analyse. Il faut préciser tout de suite que nous ne cherchons pas à être le plus complet possible mais uniquement à suivre les évolutions de cette musique à travers quelques-uns de ces représentants. La première partie sera consacrée à ses débuts, dans les années 50, son détournement astucieux du blues par des jeunes musiciens et notamment le plus mythique d'entre eux, Elvis Presley qui devient la première icône du mouvement et premier ennemi de l'Amérique conservatrice. Ensuite, nous nous interesserons à la renaissance du rock dans la période 1960-1975 par l'émergence de musiciens venus tout droit de Grande-Bretagne comme les Beatles et les Rolling Stones. Puis, nous verrons que ce nouveau souffle donne des ailes au rock samedi 9 septembre 2006 Page 4 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 américain avec la naissance du mouvement hippie, prônant le célèbre "Peace and Love". Suite à cela, nous nous pencherons sur le choc qui secoua le rock avec l'arrivée fracassante du punk et ses idées anarchistes et violentes. On poursuivra par l'étude des décennies 80 et 90 ou la prétendue mort du rock. De U2 à Rage Against The Machine, en passant par Nirvana et Noir Désir. Finalement, nous analyserons le rock actuel pour savoir s'il est toujours porteur d'un message contestataire. Dans le contexte actuel, le rock a-t-il la force nécessaire pour prendre le risque d'être subversif? samedi 9 septembre 2006 Page 5 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 I. Les débuts du rock samedi 9 septembre 2006 Page 6 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 A. L'héritage du blues Le rock est une musique nourrie de diverses influences, qu'il en devient parfois difficile de discerner lesquelles. Mais on s'accorde à dire que le rock est le point de rencontre entre la musique noire américaine – le blues et son dérivé le rythm'n'blues - et la musique blanche américaine – le folk et la country en particulier1. Cette rencontre se passe au début des années 50, et nous verrons par la suite quels sont les musiciens qui sont à l'origine de cette fusion. Pour l'instant, nous allons nous appuyer sur l'ouvrage de LeRoi Jones 2 (maintenant appelé Amiri Baraka suite à sa conversion à l'Islam), «Le peuple du blues» daté de 1963 pour comprendre l'histoire de cette musique et sa connotation politique et sociale. L'idée de M. Jones est de suivre l'évolution du Noir Américain, d'esclave à citoyen des années 60 comme lui. Pour cela, il considère que le meilleur moyen est d'étudier sa musique puisque c'est l'un des plus grands apports des noirs américains à la culture blanche occidentale. Ce que l'on peut voir, tout au long du livre, c'est le rejet que provoque cette musique chez une majorité d'Américains blancs et aussi par la suite chez les créoles de la Nouvelle-Orléans et chez la classe moyenne noire qui cherchaient à se demarquer de ceux qu'ils considéraient comme des sauvages. En effet, dès ses prémices le blues est excessivement loin des préoccupations de la population blanche. Les maîtres blancs dénigraient et très souvent interdisaient les chants des esclaves durant le travail. L'allusion aux Dieux et rituels africains ainsi que l'utilisation d'instruments étaient aussi interdite puisque comme l'explique Jones «ils [les blancs] comprirent vite que lorsque des Africains évoquaient trop souvent leurs dieux cela pouvait vouloir dire qu'ils avaient le projet de quitter le plus vite possible la plantation où ils se trouvaient! 1 Origines du rock - MSN Encarta 2 Son site officiel: amiribaraka.com et sa page sur Modern american poetry samedi 9 septembre 2006 Page 7 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 L'usage des tam-tams africains fut prohibé à son tour quand l'homme blanc eut compris qu'ils pouvaient servir à inciter les Noirs à la révolte aussi bien qu'à accompagner leurs danses.»3 Donc par la force des choses la musique dut utiliser la langue américaine et les Etats-Unis devinrent plus présent dans les paroles puisque ils se sont rendu compte assez vite qu'ils n'en partiraient pas. Par exemple, cette phrase chantée durant le travail: «Oh Lawd, I'm tired, a dis mess»(«Oh Seigneu', j'en ai maah d'cette mé'asse»)4. De même, ils durent abandonner leurs rites «barbares» et se diriger, plus ou moins volontairement, vers l'église chrétienne. Il est intéressant de s'arreter sur le cas de l'église afro-américaine. Bien qu'essayant de copier son modèle blanc, cette église s'avère très différente. En effet, les chants et musiques que l'on peut y entendre divèrgent grandement des classiques chants religieux. Les Noirs y apportent leurs «paroles, [leurs] rythmes et même [leurs] harmonies [...] avec naturellement les transformations déterminées par la vie aux Etats-Unis»5. En plus de cela, ils célèbrent Dieu en faisant des marches religieuses. L'une des plus répandues est certainement le «cri de ronde» «dont les participants forment un cercle en se donnant le bras et avancent à pas traînés d'abord lentement puis avec des manifestations d'émotion croissante, tout en chantant des hymnes ou des mélopées»6. Ainsi, l'on peut voir que la musique et la danse -même s'ils disent que ce n'en est pas une puisque c'est un peché - permettent aux chrétiens noirs de s'exprimer en toute liberté dans le cadre de la religion. La description qui en est faite par la suite7 permet de comprendre à quel point ces chants et danses étaient un vecteur d'émotion et de foi de la part des participants puisque ils pouvaient continuer jusqu'au milieu de la nuit avec la même ferveur. Mais que montre ce genre de manifestation musicale? Et bien, on peut voir dans cette version religieuse du blues, sa faculté à réunir les Hommes 3 4 5 6 7 Le peuple du blues: Chapitre III (p42 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre VI (p100 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre V (p74 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre V (p75 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre V (p76-77 de l'édition Folio poche) samedi 9 septembre 2006 Page 8 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 autour de valeurs fortes (içi Dieu) tout en leur permettant d'exprimer une certaine liberté: liberté qu'ils prennent avec le peché de la danse et l'émotion qui les transcendent inacceptables pour la société blanche. Mais suite à l'abolition de l'esclavage, l'Eglise ne fut plus le seul lieu où le blues se fit entendre. On parla même de la «musique du diable» lorsque le blues s'étendit là où les anciens esclaves pouvaient dorenavant se distraire. Et les noirs, qui pouvaient maintenant se déplacer à leur guise, purent découvrir le pays et cela eut une influence considérable sur leur musique. Celle-ci ne se limitait plus aux chansons de travail ou religieux mais exprimait plutôt leur relation personnelle à ce pays. Et c'est à partir de la que le jazz notamment put prendre son essor. Mais peu importe le fait que l'ancien esclave ou descendant d'esclave cherchait à se rapprocher de la culture de masse américaine ou non, il était toujours considéré comme un «nègre» et sa musique restait donc marginale. Pour preuve, ces fameux spectacles de baladins où des blancs se peignaient le visage afin de montrer l'étrangeté et le comique de la vie des Noirs américains. Mais ce qui est plus intéressant, c'est que ces baladins eux-mêmes étaient imités par des baladins noirs. A ce sujet, LeRoi Jones parle du cakewalk une danse parodiant la haute société blanche: «Si le cakewalk est une danse parodiant certaines habitudes blanches, que devient-elle donc quand une troupe blanche se met à la parodier en tant que danse noire? Je trouve l'idée de baladins blancs au visage noirci, caricaturant une danse qui les caricature eux-mêmes, d'une ironie savoureuse – or c'est là, je suppose, le principe même du spectacle de baladins américains.»8 Outre ce retour de bâton, ces spectacles popularisèrent le blues à ces débuts. Le blues se rapprocha peu à peu de la culture blanche en y intégrant ses influences dans l'utilisation d'instruments plus classiques par exemple. Cela ajouté à l'arrivée de travailleurs noirs dans les grandes villes engendra la création de disques raciaux, «c'est-à-dire [...] des disques destinés exclusivement au marché 8 Le peuple du blues: Chapitre VII (p133-134 de l'édition Folio poche) samedi 9 septembre 2006 Page 9 sur 97 Warluzel Xavier noir»9. MASTER AIGEME CFA Groupe 2 M. Jones résume bien ce à quoi ça correspond: «L'apparition et le développement rapide de ces disques furent peut-être la reconnaissance officielle par l'Amérique du mouvement de retour du Noir vers une société définie.» 10 On voit içi, à travers la musique, l'affirmation de l'existence de toute une frange de la population que les Blancs avaient jusqu'à cette époque ignoré. L'arrivée des Noirs dans les villes influa aussi leur musique, ces grandes cités proposant pour la plupart, des conditions de vie plus dures que les campagnes du Sud. Un autre évenement majeur qui rapprocha la culture noire et blanche américaine fut la première guerre mondiale. Elle fit découvrir aux Noirs la diversité du monde au-dela des frontières américaines et donc leur condition inédite et déclencha de nombreuses émeutes: «Les Noirs s'étant aperçus que l'injustice dont ils étaient victimes aux Etats-Unis était particulière à ce pays, purent pour la première fois considérer objectivement cette injustice comme un mal et non pas simplement comme leur sort éternel.»11 La société évolua donc pour pallier à ce problème. La crise économique de 1929 et la seconde guerre mondiale eurent des effets similaires. Des musiciens blancs tentèrent de faire du blues ou l'un de ses dérivés mais cette musique represente tellement la situation du Noir américain qu'ils ne purent faire une musique qui fut assez sincère: «La musique du Blanc n'était pas le produit des mêmes conditions culturelles, c'était, dans son expression la plus profonde, un art appris.» 12 On apprend aussi par LeRoi Jones que le rythm and blues provient des hurleurs qui officiaient dans les orchestres du Sud-Ouest.13 Le public visé restait donc le public noir. Les blancs et la classe moyenne noire n'appréciaient absolument pas cette musique. Il faut aussi ajouter que le rythm and blues marquait des différences avec le blues classique: outre les hurleurs qui braillaient pour se faire entendre au-dessus des instruments, ces derniers étaient utilisés pour exprimer des complaintes longues et intenses. Cela se rapprochait plus de la 9 10 11 12 13 Le peuple du blues: Chapitre VIII (p153 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre VIII (p153 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre VIII (p175 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre X (p228 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre XI (p248 de l'édition Folio poche) samedi 9 septembre 2006 Page 10 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 musique «sauvage» des débuts.14 Le blues a subi ainsi de nombreuses mutations et diversifications qui reflétaient la vie de la population noire. Pour sa branche qui déboucha sur le rock and roll, à savoir le rythm and blues, LeRoi Jones en parle en ces mots: «Il est vrai que le rock and roll est en général une Illustration 1: John Lee Hooker, l'une des nombreuses facettes du blues commercialisation notoire du rythm and blues, mais dans bien des cas il repose sur des matériaux suffisamment étrangers à la culture moyenne de la bourgeoisie pour demeurer intéressant.»15 B. La chanson américaine traditionnelle Le deuxième ingrédient qui constitue le rock est toute cette culture de la chanson américaine plus classique, à savoir principalement la country16 et la folk17 music. Ces musiques sont clairement ancrées dans l'histoire des Etats-Unis. Elles parlent de l'histoire des batisseurs et voyageurs qui ont construit ce pays. Afin de mieux comprendre les origines du rock, nous allons étudier un instant l'un des grands noms de la musique folk: Woody Guthrie18. Cet homme a connu de nombreux drames qui ont certainement forgé son caractère et sa musique: la mort prématurée de sa mère de la maladie de Hungtington (et à Illustration 2: "This machine kills fascists" Woody Guthrie 14 15 16 17 18 19 laquelle il succombera lui aussi), le Dust Bowl19 (tempete de poussière) qui ravagea l'économie agricole des années 30 dans l'Oklahoma et l'Arkansas et obligea nombre de travailleurs à partir Le peuple du blues: Chapitre XI (p252-254 de l'édition Folio poche) Le peuple du blues: Chapitre XII (p317-318 de l'édition Folio poche) Musique country - Wikipédia Musique folk - Wikipédia Official Woody Guthrie Website Dust Bowl - Wikipédia samedi 9 septembre 2006 Page 11 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 vers l'Ouest. Woody Guthrie fut de ceux là et il ne cessa de s'inspirer de la vie ouvrière et agricole. Il a connu l'exclusion comme tous les immigrants et cela le marqua profondément. Il fut aussi très proche du parti communiste et ne s'en cachait pas. Son fort engagement politique se ressent dans quasiment toutes ses chansons. La plus célèbre d'entre elles: This land is your land20 décrit une fascination pour l'Amérique tout en mettant en avant le droit de chacun à disposer de ses terres. De plus, suite à la seconde guerre mondiale et à ses atrocités, il fit des fascistes et des nazis sa cible prioritaire. C'est pour cette raison qu'il inscrivait sur chacune de ses guitares: This machine kills fascists (Cette machine tue les fascistes). Il se faisait le défenseur des plus faibles et son fils spirituel (Bob Dylan) et son fils biologique (Arlo Guthrie) ont poursuivi dans cette voie. A noter que la musique country, dans une moindre mesure, a influencée le rock. Cette musique originaire du Sud des Etats-Unis a eu aussi bien des interprètes blancs que noirs. Mais son succès, mondial en tout cas, est bien moins important que la musique qui nous intéresse. Dans les années 50, on voit apparaître cette nouvelle musique puisant ses racines dans le blues, le folk et la country: le rock. différence notable, Mais la c'est que maintenant ce sont les blancs qui l'interpretent, même si de nombreux artistes noirs ont suivi la tendance. Illustration 3: Bill Haley et Elvis Presley en 1956 Le premier morceau de rock est à attribuer à Bill Haley et ses Comets avec le titre Rocket 88 en 1951. Une autre chanson primordiale Rock Around The Clock sera popularisée par sa présence dans le film Graine de Violence sur lequel 20 Voir grille d'analyse p75 samedi 9 septembre 2006 Page 12 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 nous reviendrons. Le nom qui fit date fut celui d'Elvis Presley. En effet, ce jeune homme de Tupelo (Mississippi), fan de gospel, a été recontacté après avoir fait un enregistrement pour sa mère. Le 5 juillet 1954, le producteur Sam Phillips, l'appelle pour le faire enregistrer un autre morceau. Il demande aux musiciens Bill Black21 (contrebasse) et Scotty Moore22 (guitare) de l'accompagner. Après une journée difficile, Elvis arrive enfin à sortir une chanson. Et quelle chanson, il s'agit d'une reprise d'un morceau de blues d'Arthur Crudup23: That's All Right Mama24. La différence entre les deux interprétations, et c'est ce qui marque la différence entre le blues et le rock, c'est le tempo qui ne se fait plus en trois temps (3,6,9..mesures) mais en deux temps (2,4,6...) mesures : Cela donne un rythme plus marqué et plus rapide. C'est l'avènement du binaire. C'est le premier succès du King. A partir d'un morceau assez classique, Elvis insuffle de la nouveauté avec sa voix si particulière, sa fougue et sa jeunesse. Cette reprise sexy est communément associée au début du rock. Même si ce n'est pas exactement vrai, on parle içi de la musique mais aussi du look et de l'attitude rock. Lorsque l'on compare Bill Haley qui avait pas loin de 30 ans, un peu enrobé et un look dépassé, on comprend mieux pourquoi les jeunes se sont plus identifiés à Elvis. A partir de là, on assiste à une nouvelle ère dans la musique moderne. Les artistes noirs sont encore nombreux à cette époque: Chuck Berry, Fats Domino, Little Richard ou Bo Diddley avec sa fameuse guitare rectangulaire connaissent tous de beaux succès. Mais il faut noter que l'arrivée de musiciens blancs comme Elvis, Gene Vincent ou Buddy Holly apporte quelque chose de nouveau au pays de l'oncle Sam. En effet, grâce à eux la musique a une nouvelle portée et touche maintenant la majorité des Américains. Le blues était limité au peuple noir, mais le rock en l'assimilant a permis de lui donner un écho 21 22 23 24 RAB Hall of Fame: Bill Black Scotty Moore Official Website Arthur Crudup - Wikipédia Voir grille d'analyse p76 samedi 9 septembre 2006 Page 13 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 considérable. Jusque là, le blues et ses variations ne touchaient qu'un public assez restreint. C'est en s'addressant aux blancs et plus particulièrement aux jeunes que le rock devient multiculturel. Et c'est à partir de là, que les messages qu'il porte vont avoir une portée nationale puis mondiale. C. La folie des premières années L'engouement est énorme pour cette musique. Le disc-jockey Alan Freed25 popularise le rock'n'roll -il est d'ailleurs l'inventeur du terme – à travers son émission de radio MoonDog House Rock'N'Roll Show et ses rock'n'roll parties. Même les jeunes européens peuvent découvrir de nouveaux artistes grâce à lui. On assiste alors à deux reactions contradictoires. D'une part les jeunes accueillent cette musique avec enthousiasme et d'autre part, on a une réaction hostile d'une partie de la population des générations précedentes. Plusieurs raisons expliquent cela. Tout d'abord, comme je l'ai déjà dit, le rock est une musique mixte, fruit de deux cultures. Cela ne plait pas à une frange conservatrice de la population blanche. Ils n'apprecient pas le fait que la musique noire viennent aux oreilles de leurs enfants: Qu'elle pousse à la débauche les jeunes noirs soit, mais qu'elle fasse de même pour les blancs, cela est intolérable pour eux. Pour bien comprendre cela, il faut préciser que dans les années 50, les Noirs américains se battaient pour leurs droits. En 54, Rosa Parks26 refuse de céder sa place à une personne blanche et c'est à partir de là que des leaders comme Martin Luther King 27 et Malcom X28 cherchent à faire évoluer les mentalités dans une Amérique ou des organismes extremistes comme le Ku Klux Klan29 sont encore très présents. On en vient alors au second point, le mot débauche que j'ai utilisé n'était pas fortuit. Il est caractéristique du principal reproche que l'on faisait au rock dès 25 26 27 28 29 The Official Alan Freed Website Rosa Parks - Wikipédia Martin Luther King - Wikipédia Malcolm X - Wikipédia Ku Klux Klan – Wikipedia (en) samedi 9 septembre 2006 Page 14 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 son commencement: le sexe est l'un de ces thèmes principaux. Cela est vrai pour les paroles des chansons, parfois assez suggestives, mais surtout lors des prestations sceniques des artistes. Le meilleur exemple est evidemment Elvis qui savait mieux que personne enflammer une salle.30 Ses déhanchements lascifs, qui lui valurent le surnom d'"Elvis The Pelvis", mariés à sa musique déclenchèrent des scènes d'hystéries et des évanouissements parmi le public féminin. Il en est de même pour Jerry Lee Lewis qui avec des titres comme Great Balls of Fire31 pouvait se laisser aller à des prestations enfievrées. Son attitude sauvage combinée à son jeu au piano dingue et virtuose engendra des réactions similaires. C'est ce genre de comportement qui attirèrent les foudres de l'Amerique conservatrice. Les médias aussi sont déconcertés par cette musique qu'ils qualifient de folle. Un article de 195632 permet de voir le gouffre qui sépare les journalistes des jeunes gens qu'ils décrivent. Quelques extraits: ● ««Cette musique rend fou», disent les parents américains. A Boston, le clergé catholique a ordonné le boycott de «style indécent». » ● « Elvis Presley : 21 ans, ancien conducteur de camion et chanteur sans charme, laid, épais, vulgaire, beuglant ses chansons en les accompagnant de gestes si grossiers que les écrans de la télévision ne peuvent pas l'accueillir, est la nouvelle coqueluche des midinettes américaines. » ● « Le «rock'n’roll» produit, de l'aveu même de ses détracteurs, un effet physique incontestable dont le caractère sexuel est évident. «S'il faisait ça dans la rue, a déclaré un policeman après avoir entendu et vu Elvis Presley, une des vedettes du genre, «je le coffrerais immédiatement». » ● « Selon eux [les psychiatres], la situation n'est pas dramatique et le succès du «rock'n'roll» s'expliquerait surtout par le besoin des jeunes de participer à un enthousiasme collectif dont la vie américaine ne leur offre pas l'occasion. » ● « Mais les parents américains - et les critiques musicaux - continuent cependant d'y voir surtout «une musique de voyous». » En France en 1961, lors du premier festival mondial de rock and roll avec 30 Hound Dog en 1956 sur Youtube 31 Voir grille d'analyse p77 32 L'Express du 29 Juin 1956 Rock & Roll La musique qui rend fou samedi 9 septembre 2006 Page 15 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Johnny Hallyday et Frankie Jordan33, on peut s'apercevoir que les médias ne sont pas beaucoup plus compréhensifs. Ils s'étonnent de cet engouement soudain pour cette musique venue d'outre-Atlantique et mettent en avant la frénésie que provoque la musique. La dernière phrase cherche à rassurer les téléspectateurs avec une pointe d'humour: « Rassurons nous, dans quelques années ces frénétiques seront notaires, épiciers et percepteurs ... et excellents pères de famille ». En plus de cela, le rock fût rapidement associé à une violence et à une rebellion adolescente. Les meilleurs exemples sont des films tels que La Fureur de Vivre34 (Rebel Without a Cause), Graines de Violence35 (Blackboard jungle) ou l'Equipée sauvage36 (The Wild One) qui ont voulu retranscrire l'imaginaire rock. Que peut on voir dans ces films? Illustration 4: Natalie Wood et James Dean dans La Fureur de Vivre Tout d'abord des acteurs très charismatiques, respectivement James Dean, Sydney Poitier et Marlon Brando. Ces acteurs deviennent des icônes rock et donnent une image revoltée de la jeunesse américaine. On va d'abord s'interesser au cas de La Fureur de Vivre. Dans ce film, le personnage de James Dean est confronté puis integré à un groupe de jeunes rebelles. Ceux-ci défient l'autorité parentale (Dean tente d'etrangler son père) ou policière (la première scène dans le commissariat entre autres) et s'adonnent à des jeux dangereux comme la course de voiture face à la falaise. Même si le rock n'est pas utilisé dans le film, celui-ci retranscrit bien l'idéologie qui dominait dans la jeunesse américaine. A savoir une sensation 33 34 35 36 A Paris, le festival mondial du rock and roll - Ina - Archives pour tous Voir bibliographie p66 et La Fureur de vivre - Wikipédia Graine de violence - Wikipédia The Wild One – Wikipedia (en) samedi 9 septembre 2006 Page 16 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 d'étouffement dans une société rigide et qui porte encore les stigmates de la seconde guerre mondiale. On remarque aussi, dans ces films, la volonté de s'identifier à un groupe. Pour James Dean, ce groupe c'est celui des rebelles en blousons de cuir et coiffure gominée avec leurs voitures décapotables largement inspiré d'Elvis évidemment. Mais ce qui donne une valeur toute particulière à ce film, c'est la vie et surtout la mort de James Dean en 1955 qui devient un mythe malgré une très courte carrière. Sa vie ressemblait de plus en plus à celle de ses personnages: tourmentée et pleine de souffrance.37 Et sa mort, au volant d'un bolide le fit definitivement entrer dans la légende. Il devint une icône por tout une génération. Pour Brando, le groupe de motards en cuir noir est aussi associé au rock. En s'integrant à un groupe, il cherchent à se démarquer en créant ses propres codes et modes. C'est un moyen supplémentaire de se détacher de la société de l'époque. On remarque que ces deux films se terminent par la mort d'un innocent: l'ami de Jim dans La Fureur de Vivre et le vieux serveur dans l'Equipée sauvage, comme si les tensions ne pouvaient s'arreter que sur un drame. Pour Graines de violence, c'est légerement différent puisque le héros n'est pas un jeune homme mais un enseignant. Il sera aidé dans sa difficile arrivée au lycée par un élève noir incarné par Sidney Poitier: «A natural born-leader». On voit plutôt içi la mixité ethnique de l'Amérique des années 50. Le film montre que cette mixité est une richesse. Ce film est associé au rock pour cela mais aussi pour son générique qui est le Rock Around The Clock de Bill Haley. Ces films permettent de se faire une idée de la representation qu'on avait de la jeunesse américaine des années 50. Pour résumer, les sujets qui fâchent la société américaine sont le caractère ouvertement sexuel de la musique rock, la mixité culturelle de ses racines ainsi que l'aspect violent qu'elle dégage. Les attaques portées envers le rock sont diverses. Tout d'abord, les autorités religieuses – très présentes aux Etats-Unis – s'insurgent face à cette musique qu'elles ne comprennent pas. Elvis et 37 Biographie James DEAN samedi 9 septembre 2006 Page 17 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 les autres sont présentés comme des representants du Diable. A ce propos, Jerry Lee Lewis, qui est très croyant a affirmé jouer pour Satan. Ca, en plus du fait qu'il était un alcoolique notoire ont fait de lui une cible privilégiée de l'Amérique bien pensante. Concernant Elvis, l'hystérie qu'il déclenche prend des proportions incroyables: on assiste à des émeutes où les jeunes filles se jettent sur lui pour lui arracher ses vêtements. Dans certains endroits, notamment dans le Sud, des disques de rock seront brulés afin de purifier l'âme de ceux qui les avaient écoutés. Les parents et les autorités gouvernementales ne comprennent pas non plus cet engouement. La plupart condamnent sans réserve cette musique aguicheuse. Ils voient leurs enfants échapper à leur pouvoir dans une musique qui selon eux regroupe tous les vices. Les grands labels s'attaquent à Alan Freed, stoppant net sa carrière en 1960 après de sombres histoires de pots de vin alors qu'il avait, dans ses émissions, prôné la mixité culturelle.38 Elvis partant à l'armée pour effectuer son service militaire, la "bonne" société américaine se trouve satisfaite de la tournure des événements. Mais cela n'était qu'un prélude... 38 L'Odysséee du Rock p15 samedi 9 septembre 2006 Page 18 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 II. La "British invasion" samedi 9 septembre 2006 Page 19 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 C'est au début des années 60, que le rock connait un sursaut. En effet, de jeunes britanniques qui ont découvert cette musique la décennie précedente en ont bien retenu les règles et se lancent dans le grand bain. On assiste donc à une profusion de nouveaux groupes provenant de Grande Bretagne. Ces groupes, conscients de ce qu'ils doivent aux précurseurs, reprennent souvent des titres de Chuck Berry, Buddy Holly et autres... Parmi ceux-ci, on va s'interesser aux deux plus grands, c'est à dire les Beatles39 et les Rolling Stones40. A. Les Beatles Comme chacun le sait, l'ascension des Beatles est vertigineuse. En même pas quelques mois, il passent de l'anonymat au rang de stars mondialement comparable connues. à celui Le phénomène d'Elvis, la est Beatlemania déclenchant des scènes d'hystéries chez les jeunes filles. On ne va pas voir en détails la carrière des Beatles qui n'est pas, dans sa majeure partie, liée à Illustration 5: Pochette de Sergent Pepper's Lonely Heart Club Band notre problematique. On va juste revenir sur deux point importants afin d'avancer sur le sujet. Le premier point sera la création de l'album Sergent Pepper's Lonely Heart Club Band en 1967. Derrière ce nom à rallonge, se cache l'album le plus experimental des Fab Four. Après eux, nombre de groupes les imitèrent et voulurent sortir leur concept-album. Cet album est aussi consideré comme leur meilleur et marque une date importante pour le rock en général: l'entrée dans le monde adulte41. Içi, les Beatles font preuve d'une ambition énorme. Ils multiplient 39 THE BEATLES Official site 40 RollingStones.com 41 L'Odyssée du Rock p73 samedi 9 septembre 2006 Page 20 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 les idées, par exemple, ils relient les morceaux entre eux même s'ils n'ont aucun lien pour donner un sentiment d'unité au tout. Ils experimentent des sons pour le plaisir, comme ce sifflement inaudible pour l'oreille humaine mais perceptible par les chiens. Cet album est certainement celui qui a marqué le plus de monde par ses innombrables inventions sonores. D'ailleurs, Brian Wilson et ses Beach Boys (Sergent Pepper est une reponse à Pet Sounds des Beach Boys) ont abandonné l'idée de faire quelque chose d'encore plus fort: leur album Smile a été arreté en cours de route et finalement Brian Wilson l'a achevé seul en 2004. Mais en quel sens cet album peut paraître contestataire? Et bien parce qu'il s'agit de l'un des premiers albums de pop psychédelique. Et cela implique qu'il est grandement influencé par l'utilisation de substances illicites. La chanson Lucy in the Sky in Diamonds a fait débat car ses initiales (LSD) sont difficilement imputables au hasard et le titre de la chanson Fixing a Hole pourrait se traduire par "Se faire un fix (d'héroine)". Cette apologie, volontaire ou non, de la drogue a en tout cas fait date. John Lennon était certainement le plus engagé des quatres. Il souhaitait, pour cet album, ajouter à la déjà surpeuplée et colorée pochette deux figures provocatrices: Hitler et Gandhi. La censure ne l'a pas accepté, ils n'y figurent donc pas. Pour ces raisons, Sergent Pepper peut être considéré comme un album contestataire en plus d'être révolutionnaire musicalement. D'autant plus qu'à partir de là, les chansons des Beatles commencent à se politiser. L'une des chansons emblématiques de cette politisation, et toujours sous l'impulsion de Lennon, donnera la chanson Revolution que l'on retrouvera sur le double album blanc, celui qui suivra Sergent Pepper. Cette chanson est venue à l'esprit de John Lennon après les émeutes de mai 68 en Françe. Le message un peu décevant de cette chanson, c'est que la révolution devait se faire « dans les mentalités, pas dans les actes »42. Il exprime aussi son hésitation à travers cette phrase ambïgue: You can count me out/in.(Ne comptez pas/Comptez sur moi). L'hésitation était la même que celle des étudiants qui voulaient changer la société 42 Source: Revolution les Beatles de Jacques Volcouve et Pierre Merle (Editions Fayard) samedi 9 septembre 2006 Page 21 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 mais ne savaient pas trop par quoi la remplacer. Dans sa carrière solo qui commence en 1970, John Lennon put mettre ses idées politiques et sociales plus en avant. En effet, il n'était plus bridé par les autres membres du groupe, notamment Mac Cartney. Les différents albums qu'il a pu sortir ainsi que ses différentes interventions télévisées ou dans des happening (comme le célèbre bed-in avec Yoko Ono43) reflètent une pensée à contre- courant. Il n'était pas croyant et clamait haut et fort que Dieu n'est qu'une création de l'Homme pour apaiser ses souffrances. A propos de la religion, Lennon faillit mettre en danger la carrière des Beatles lorsqu'il déclara qu'ils étaient plus célèbres que Jesus Christ.44 Cette phrase déclencha de vives polémiques, surtout aux Etats-Unis. Les autorités religieuses comdamnèrent ces propos tout comme certaines radios qui refusèrent de diffuser leurs titres. Même le chef du Ku Klux Klan réagit en brûlant leurs disques. Une tournée devait d'ailleurs les emmener aux Etats-Unis peu de temps après et ils partirent avec une certaine appréhension. Il y eut une légère baisse de fréquentation de leurs concerts, surtout dans le Sud, et pour apaiser les esprits Lennon dut faire des excuses. Cet épisode démontre bien que la religion est un sujet très sensible dans ce pays. Lennon était l'un des meilleurs representant du mouvement "Peace and Love" et s'ouvrait a de nombreuses cultures. La chanson la plus emblématique de sa carrière est sans doute Imagine 45 composée en 1975. Elle est un condensé de ses engagements. Elle condamne les actions militaires et prône la paix entre les peuples. En soi ce n'est pas révolutionnaire, mais replacé dans son contexte, c'est à dire à la fin de la guerre du Viêtnam, ca s'inscrit comme une opposition forte aux gouvernements successifs qui ont conduit cette guerre. Lennon explique que cette chanson bien que très engagée a pu passer la censure et être un succès mondial parce que c'est une chanson «enrobée de miel»46. Il dit avoir trouvé la brêche pour 43 44 45 46 John Lennon - Yoko Ono Bed-In John Lennon: Biography and Much More From Answers.com Voir grille d'analyse p88 Ina: Actualité : Le Dossier du mois – John Lennon samedi 9 septembre 2006 Page 22 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 pouvoir faire passer ses messages et réveiller les jeunes qui ont abandonnés le «Flower power». Mais Imagine ne fut jamais surpassée. B. Les Rolling Stones Parallelement à l'épopée des Fab Four, un autre immense groupe faisait danser la jeunesse du monde entier. Il s'agit, bien sûr, des Rolling Stones. S'imposant assez rapidement comme les rivaux des Beatles tout en étant volontairement opposés dans l'attitude, le look et la musique par le producteur Andrew Loog Oldham47. En effet, son plan marketing millimetré permet de faire jouer les Stones dans un autre domaine. Les Stones sont le côté noir et sexy du rock anglais. Ils ont su s'imposer grâce à une musique plus sauvage et à des concerts endiablés où, à l'instar du Elvis des débuts, ils créaient un engouement énorme et une fascination aveugle sur le public féminin. Leur arrogance est sans faille: « ... ils ne daignent même pas mettre leurs noms sur la pochette de leur premier album. »48 Leur deuxième single, I wanna be your man49 (écrit par Lennon/ Mac Cartney), par ses textes suggestifs, déchaîne les passions. En plus de cela, leurs coupes de cheveux provocantes et leurs diverses frasques forgent leur légende de "bad boys". Même si c'est, à la base, un argument commercial, leur réputation sulfureuse Illustration 6: Mick Jagger, l'effronté crée un choc dans la plupart des pays qu'ils traversent. Ils se font les portes-parole d'une jeunesse aux aspirations plus noires que les Beatles. Mais ils ne furent pas les seuls à féderer une partie de la jeunesse derrière eux. 47 Andrew Loog Oldham Official Site 48 L'Odyssée du Rock p55 49 Voir grille d'analyse p78 samedi 9 septembre 2006 Page 23 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 C. La génération mods Durant ces Grande-Bretagne, on années peut d'effervescence aussi distinguer en un mouvement important bien que court: le mouvement mods, abréviation de moderniste. Ce terme désigne un groupe important de jeunes gens issus du prolétariat qui cherchent à se démarquer des "rockers" de la décennie precedente. Ils opposent aux motos chromées et au cuir noir que l'on trouve dans L'Equipée sauvage, des scooters et des costumes sur mesure avec la célèbre parka. On voit déjà là une opposition à la génération précedente, ne serait-ce que par l'attitude. Illustration 7: Un couple de mods Pour la musique, les mods s'intéressaient à des musiciens de jazz ou de rythm and blues américains avant le rock. Mais voyant que ceux-ci commencaient à avoir du succès, ils s'en détournèrent.50 Ils s'approprièrent donc une partie de la scène rock des années 60. La plupart des rockers de la première heure sont scandalisés par les groupes émanant du mouvement mods. Si l'on devait n'en citer qu'un ce serait The Who51 et si parmi leurs chansons on devait désigner la plus symbolique, ce serait My Generation 52 . C'est celle qui fit le plus grand bruit à l'époque. Elle montre bien la volonté de la génération mods de s'écarter des générations précèdentes, en particulier celle des rockers. Dans cette chanson, on ressent toute l'urgence de vivre de ces jeunes gens. Cela est clairement palpable dans la phrase "I hope I die before I get old" (J'espère mourir avant d'être vieux). Le rock a à peine 10 ans qu'il doit déjà se renouveler. Cela engendre une 50 The Mods and Rockers - Part 2: The Mods 51 The Who – Wikipedia (en) 52 Voir grille d'analyse p80 samedi 9 septembre 2006 Page 24 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 premier conflit de génération et continue à faire de lui la musique de la rebellion adolescente. Mais à la fin des années 60, le mouvement perd de son ampleur et la plupart des mods rejoignent le mouvement hippie (The Who participe au festival de Woodstock) que nous allons aborder dans la prochaine partie. samedi 9 septembre 2006 Page 25 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 III. Le renouveau américain samedi 9 septembre 2006 Page 26 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 A. La beat génération 1. Sur la route Afin de mieux comprendre ce qu'est ce mouvement, nous allons nous pencher sur le roman de Kerouac: Sur la Route53. Il s'agit, en fait d'une autobiographie, Kerouac prenant içi le nom de Sal Paradise54. Il retrace une grande partie de ses voyages à travers l'Amérique et à la fin vers le Mexique. Le personnage principal se nomme Dean Moriarty et correspond, en fait, à son ami Neal Cassady55. Il est l'élément déclencheur des envies de voyages de Sal/Jack et il en partage une grande partie. Ce personnage est vraiment le point central du récit, car même absent le narrateur ne peut s'empecher de l'évoquer: Il recoit des lettres de lui ou bien raconte sa situation avec ses femmes successives. Le plus étonnant en ce qui concerne Dean est sa fascination pour la moindre petite chose de la vie: tout les moments avec lui paraissent exceptionnels sous la plume de Kerouac. On a l'impression que chaque personnage rencontré est encore plus incroyable que le précédent. Il est facile de comprendre pourquoi Neal Cassady est ensuite devenu l'un des acteurs de la beat generation. Il l'incarnait à lui tout seul. Les innombrables fois où, dans le roman, Sal remarque Dean suer à grandes eaux à cause de l'excitation ou bien se pourlecher les babines en se frottant le ventre, comme s'il dévorait chaque instant. Ces attitudes excessives donnent à Neal un statut d'icône pour la plupart des gens qui le connaissent. Quant aux autres, ils le prennent juste pour un fou. Les voyages évoqués lors de ce récit balaient les Etats-Unis d'est en ouest puis inversement. Ils se font généralement en voitures, à la débrouille: en stop ou avec une voiture à livrer ou bien avec la voiture de Dean. L'argent reste 53 Voir bibliographie p65 54 Personnages et noms réels dans Sur La Route sur empty mirror books 55 Wikipédia: Neal Cassady samedi 9 septembre 2006 Page 27 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Illustration 8: Les quatres voyages évoqué s dans Sur La Route une contrainte durant tout le roman. Chaque jour, Sal s'interroge sur comment continuer son périple avec l'argent qu'il lui reste. Il se voit contraint d'emprunter souvent à sa tante. On peut remarquer que derrière ces voyages, il n'y a pas de but réel si ce n'est de faire la route pour le plaisir. D'ailleurs, lorsque Dean est interrogé à ce sujet par Carlo Marx (qui n'est autre qu'Allen Ginsberg), il ne prend même pas la peine de répondre56. Sal, Dean et leurs compagnons de voyage sont irrépressiblement attirés par les grands espaces et ces voyages les nourrissent d'expériences inoubliables en marge de la société, mais c'est aussi pour cela qu'elles sont si intenses. Le style même de Kerouac est un rejet des normes de l'époque. Son style très libre, permet d'évoquer ses aventures d'une manière totalement neuve. Son ton est grandiloquent, fluide et parfois monotone lorsqu'il évoque des scènes déjà racontées – il y en forcément des moments identiques lorsque l'on parcours autant de chemin. Mais cette monotonie, comme le dit très justement Michel Mohrt 57, permet de retranscrire celle qui existe dans ce genre de voyages: l'enchaînement 56 Page 170 de l'édition Folio Poche (Deuxième partie, Chapitre III) 57 Auteur de la préface sur l'édition Folio Poche samedi 9 septembre 2006 Page 28 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 des villes, des stations-services, des plaines à perte de vue... On observe donc une volonté de partir sur de nouvelles bases dans l'écriture même. Dean dit au début du roman, en observant Sal écrire: “ Vingt dieux, mon pote, il y a tant de choses à faire, tant de choses à écrire. Comment même commencer à tout coucher sur le papier, sans ces contraintes raffinées et toutes ces entraves, quoi, les tabous littéraires et les frayeurs grammaticales”58. Ce sur quoi Sal, ne peut qu'être d'accord. En clair, Kerouac écrit comme il vit: sans barrières et en se fichant de l'avis des bien-pensants. Il écrit, selon Wikipédia , dans de longues sessions de 59 “prose spontanée”, inspirée du mouvement jazz bebop. On ressent aussi, l'importance de la musique à de nombreuses reprises, lorsque le narrateur a la chance d'assister à des concerts enfiévrés de jazz. Le plus marquant d'entre eux se situe à la fin du roman60, lorsque Sal et Dean au cours de l'une de leur virée à Frisco (San Fransisco) entendent un saxophoniste atteindre le it – cet état de grâce que cherchent à atteindre les musiciens de jazz. La salle est complètement surchauffée et tous les spectateurs encouragent le musicien à le tenir le plus longtemps possible. On peut y voir içi aussi une métaphore sur le style de vie que cherche à mener Sal et Dean, c'est à dire une vie vouée à atteindre ces moments d'extase absolue. Mais, au-delà de ça, ce qui ressort de ce livre, c'est, avant tout, un magnifique éloge de l'amitié. Qu'ils connaissent les gens ou non Sal et Dean les acceptent sans se soucier de leurs défauts. La relation qui les unis est particulièrement étrange, Dean pouvant du jour au lendemain laisser tomber Sal comme il le fait par exemple à Mexico lorsque Sal est malade61. Mais Sal lui pardonne car il connait les aléas de sa vie. Cela ne change en rien l'admiration et la sincère amitié qu'il lui porte. Grâce à ce roman, on peut commencer à comprendre ce qu'est l'esprit beat. C'est une vie toujours à bout de souffle, à la recherche d'une nouvelle 58 59 60 61 Page 20 de l'édition Folio Poche (Première partie, Chapitre I) Wikipédia: Jack Kerouac Page 280 de l'édition Folio Poche (Troisième partie, Chapitre IV) Page 427 de l'édition Folio Poche (Quatrième partie, Chapitre VI) samedi 9 septembre 2006 Page 29 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 expérience, en savourant chaque instant, chaque rencontre, en marge de la société, en gardant l'esprit le plus ouvert possible, en étant le plus libre possible. 2. Etre beat Outre Kerouac, la beat génération s'articule autour de William Burroughs qui a écrit Le Festin Nu en 1959 et Allen Ginsberg, auteur du poème Howl en 1955. Ces trois hommes se rencontrent en 1943-1944 et vivent en marge de la société, fréquentent des drogués, des gangsters, et découvrent le jazz de Harlem. Ils n'ont pas d'attache et vivent au jour le jour. Leur vie s'apparente à celles des clochards. D'ailleurs, pour mieux comprendre cela, revenons sur les origines de l'expression «beat». Kerouac, qui a inventé ce terme, cite plusieurs influences62: D'abord, c'est un terme qu'il a emprunté aux vieux SDF noirs. Cela veut dire pauvre, foutu mais joyeux. Puis, il parle aussi de la béatitude religieuse ainsi que des rythmes du jazz. Mais ce mot, selon lui, n'a pas d'importance. Les poètes et écrivains beats ne se décrivent pas comme des «beatniks». Kerouac ou Lawrence Ferlinghetti63 trouvent ce terme, inventé par des journalistes, péjoratif. Les beatniks se retrouvent pourtant dans l'oeuvre de Jack Kerouac et de ses amis. Ils sont, pour la plupart, issus des classes moyennes et aisées. Et, comme l'explique le professeur de philosophie Paul Ricoeur64, les beatniks sont lucides sur la société et son absence de finalité. Selon lui, il sont entrés dans le système de par leur statut social, l'ont analysé et en ont déduit - aidés par les ouvrages de la beat generation – la vacuité de la société matérialiste qui s'offrait à eux. Ils choisissent donc la marginalité et se retrouvent dans une société parallèle soumise à d'autres codes, une autre culture... Ces jeunes gens préfigurent l'ère 62 Interview Jack Kerouac par Fernand Seguin sur Radio-Canada 63 Les precurseurs des hippies sur Radio-Canada 64 Les beatniks, génération désabusée sur Radio-Canada samedi 9 septembre 2006 Page 30 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 des hippies. En effet, même si Kerouac ne se reconnaît pas en cette génération. D'autres écrivains beat vont dans le sens contraire. Et, parmi eux, le plus important est certainement Allen Ginsberg. Rappelons que c'est lui qui popularisa le mouvement beat aux yeux du grand public lorsqu'il déclama Howl65 à San Fransisco en 1955, suivi d'un procès pour obscenité très médiatisé et finalement gagné par Ginsberg et Ferlinghetti puisque le juge admit que ce poème était une oeuvre majeure66. Ginsberg avoue clairement que les écrivains beat ont ouvert la voie à la génértion hippie. Lorsque il est interrogé sur ce point en 199167, voici la réponse qu'il donne: «Oui, ils [les hippies] ont probablement développé nos thèmes conceptuels, particulièrement dans le domaine du changement d’attitude envers notre monde phénoménal, envers soi-même et envers Dieu. Les autres thèmes en question seraient la Illustration 9: Allen Ginsberg libération sexuelle, la libération de la nature des nuisances et du désir de conquête de l’homme, la libération de sa propre nature humaine plutôt que sa nature externe, un sens de la fraîcheur dans une vaste planète de l’univers plutôt qu’une vie confinée à Paris ou New York, la prise de conscience de la possibilité de destruction de notre planète, l’affection entre les citoyens – plutôt que la compétition – comme base de la démocratie, l’abandon du chauvinisme monolithique que nous avons dans notre tradition judéo-islamo-chrétienne et qui est l’un des maux de la planète, la prise de conscience que la dépendance à la pétrochimie est un cauchemar qui empoisonne la planète. Voilà les thèmes de base, plus le fait que l’intelligence va de pair avec le sentiment, une idéologie ne doit pas exclure ça, ni la préservation du corps, le rêve et l’imagination. Malheureusement, beaucoup d’idéologies excluent le rêve : le catholiscisme, le puritanisme, le marxisme, le capitalisme. Et beaucoup d’idéologies essayent de supprimer le sentiment : le catholicisme, le puritanisme, le marxisme, le capitalisme (rires)…» Ses idées qu'il continue à assener durant les années hippies posent problème. C'est à lui que l'on doit la célèbre expression «Flower Power». En plus de cela, il n'hésite pas, bien évidemment, à revendiquer haut et fort son homosexualité alors que l'homophobie est encore très forte partout dans le monde. Ginsberg devient assez rapidement une gêne pour les autorités. Le FBI 65 Voir fiche de lecture p71 66 Howl sur Wikipédia (en) 67 Interview de Allen Ginsberg par Renaud Monfourny pour les Inrockuptibles samedi 9 septembre 2006 Page 31 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 commence à s'interesser à lui68. Son influence sur le monde de la musique est énorme. Il connait énormément d'artistes des années 60 puis 7069. On peut citer Bob Dylan, The Beatles, The Rolling Stones, Patti Smith, Grateful Dead, Marianne Faithfull, The Clash ou Beck plus récemment... Plus généralement, le mouvement beat a insufflé un vent de révolte dans la société occidentale, pas uniquement en ce qui concerne la musique, comme l'affirme Elizabeth Guigou70. Nous sommes là face à une contestation du système plus globale, comme par exemple dans le cas de Mai 1968 en France. B. Le folk rock et le psychédélisme L'arrivée des anglais sur la scène rock internationale donne des ailes à nombres d'artistes américains. Ils se lancent alors dans une saine concurrence. On l'a vu par exemple entre les Beatles et les Beach Boys de Californie. Deux types de rock engagé vont ressortir durant les années 60. Il s'agit du folk-rock et du rock psychédélique. Le folk s'est trouvé une figure mythique en la personne de Bob Dylan71. Inspiré par la poésie et par son idole de toujours Woodie Guthrie, Dylan décrit la société qui l'entoure de manière acerbe et sans détour. Sa chanson qui caracterise le mieux cette facon de penser s'avère être The Times They Illustration 10: Joan Baez et Bob Dylan Are A-Changing72. Cette chanson, clairement révolutionnaire est l'exemple parfait de la protest song caractéristique des années 60. Ses textes montrent une sincère croyance en 68 69 70 71 72 Allen Ginsberg's FBI file Rolling Stone: Holy soul's Rock & Roll: Allen Ginsberg La beat generation et son influence sur la société américaine par Elizabeth Guigou Bob Dylan :: Official Website Voir grille d'analyse p79 samedi 9 septembre 2006 Page 32 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 l'avènement d'un monde nouveau porté par une génération pleine d'espoir. Dans son sillage, de nombreux folk-singers chantent un message similaire, à commencer par Joan Baez73(sur la photo). Elle aussi fut de tous les combats comme le droits des Noirs américains: elle fut présente aux côtés de Martin Luther King lors de son célèbre discours à Washington74(« I have a dream»). Le folk-rock est dans ces années-la très proche de l'autre grande tendance de la musique américaine: le rock psychédelique. D'ailleurs Dylan va s'orienter dans une voie rock, au grand dam de ses fans de la première heure lors du festival de Newport en 196575 et ainsi marquer cette musique de sa griffe. Le psychédélisme76, lié à l'apparition de drogues nouvelles comme le LSD qui permettent de franchir les « portes de la perception »77, commence au milieu des années 60. Très rapidement, il s'inscrit, comme le folk-rock, dans la contreculture héritée de la beat generation. Les slogans prônent la non-violence (la guerre du Viêtnam choque les esprits), un mode de vie plus simple, l'acceptation de l'autre, l'égalité entre les sexes... Le "Flower Power" gagne de plus en plus de monde. On peut sans conteste dire, que c'est à ce moment là que le rock subversif fit le plus d'adeptes. Beaucoup se reconnaissaient dans les pensées "Peace and Love" et les hippies sont de plus en plus nombreux. Des manifestations se déroulent un peu partout: « 250 000 personnes se rassemblent en avril à New York et 50 000 (en majorité des jeunes sous l’influence de la drogue) en septembre devant le Pentagone que certains essaient de faire léviter (en vain), pour en chasser les démons favorables à la guerre. Dès cette année [1967], marquée par “l’été de l’amour” et la sortie du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, le rock représente les deux tiers des ventes de disques aux États-Unis. »78 Comme pour les autres mouvements, on remarque des signes pour les distinguer: vêtements colorés artisanaux, esprit nomade, amateurs de substances telles que le LSD ou la marijuana, ouverts aux autres cultures notamment 73 74 75 76 77 78 The Joan Baez Web Pages Musique et guerre du Vietnam – Joan Baez Le Monde.fr : Dylan s'électrifie Dossier Rock psychédélique sur Fluctuat Les Portes de la perception - Wikipédia Musique et guerre du Vietnam - L’apogée du rock et de la contestation anti-Vietnam samedi 9 septembre 2006 Page 33 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 asiatiques. On retiendra, parmi tant d'autres, comme musiciens phares de ces années, Jimi Hendrix, The Doors, Jefferson Airplane et Grateful Dead qui jouent un rock s'affranchissant des barrières culturelles, atteignant des sonorités plus libres et décomplexées que jamais. The Doors dans sa longue chanson hallucinée, When the Music's Over 79 , se fait le prophète d'un nouveau monde. Quand à Jimi Hendrix80, il a choqué nombre d'autorités politiques lorsqu'au festival de Woodstock, il a interpreté une version toute personnelle de l'hymne américain: The Star-Spangled Banner 81 . Le festival de Woodstock82 est le plus célèbre des rassemblements pacifistes américaine des années 60. de la jeunesse Ces festivals, donnés en plein air et durant plusieurs jours, réunissait de nombreux artistes de la scène rock devant un public conquis d'avance. En plus de la musique qui a déjà ce don de rapprocher les gens, les idéaux partagés donnent un sentiment puissant de communion. Même si la musique était le principal motif pour les jeunes, on ne peut pas nier que la plupart adhéraient aux principes Illustration 11: Affiche du festival de Woodstock du mouvement. Comme précedemment, les autorités morales et publiques, l'Eglise et les divers groupes conservateurs américains condamnent ceux qu'ils considèrent comme des voyoux puisque cela est l'opposé total de leur vision de la société. Comme chacun le sait, le mouvement hippie se fait l'écho d'une révolte dans la jeunesse occidentale. Il est impossible d'ignorer le fait que la volonté de changer le monde était dans l'esprit de certains jeunes durant les émeutes étudiantes aux Etats-Unis ou lors des évènements de mai 68 en France. Ces 79 80 81 82 Voir grille d'analyse p81 jimihendrix.com - the official jimi hendrix website Voir grille d'analyse p84 et la vidéo du solo sur Youtube Woodstock: 3 jours de paix et de musique... un site francais sur Woodstock samedi 9 septembre 2006 Page 34 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 mouvements ont généralement été reprimés par les gouvernements de manière violente. Même en démocratie, s'attaquer au pouvoir entraîne de lourdes conséquences. L'idéologie hippie s'est donc confrontée à un mur infranchissable et n'a pu atteindre qu'une faible, mais déjà énorme (la condition de la femme principalement), partie de ses objectifs. Le coup d'arrêt du mouvement hippie est associé à la date de la mort de Meredith Hunter, spectateur des Rolling Stones lors du festival d'Altamont: le 6 décembre 1969.83 L'épopée hippie se termine mais nombre de ses idées restent encore aujourd'hui. C. Les autres mouvements Le mouvement hippie ne plait pas à tout le monde. L'un des réfractaires les plus célèbres est Frank Zappa84. Ce compositeur-chanteur-guitariste talentueux est le leader des Mothers Of Invention. Ses compostions se nourrissent de nombreuses influences et ses albums sont toujours très avant-gardistes et satiriques. L'album Freak out! de 1966 a inspiré avec Pet Sounds des Beach Boys le Sergent Pepper des Beatles. Et c'est justement cet album qui est parodié par We're only in it for the Illustration 12: Le trublion Frank Zappa money: Nous sommes dessus uniquement pour l'argent faisant référence à l'argent demandé par les personnalités pour apparaître sur la jaquette. La pochette est détournée avec l'accord des Beatles85: les fleurs sont remplacées des légumes et nombre de personnages ont les yeux barrés pour preserver leur anonymat. On notera la présence de Jimi Hendrix et la tenue particulièrement féminine de Zappa. La chanson Flower Punk86 est celle qui s'attaque le plus frontalement au mouvement hippie. Zappa sentait que ce mouvement n'irait pas au bout de ses idées. 83 84 85 86 Les Années Hippies du rock psychédélique sur Fluctuat Zappa.com Frank Zappa - Wikipédia Voir grille d'analyse p83 samedi 9 septembre 2006 Page 35 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Malheureusement, il avait raison. Cette période de 1960 à 1975, decidement très riche, ne se limite pas uniquement à ce que l'on vient d'évoquer. Ne serait-ce qu'a New York, un groupe est le fer de lance de ce qui deviendra plus tard le rock indépendant. Le groupe Velvet Underground emmené par Lou Reed et très proche de l'artiste Andy Warhol attaque des sujets assez malsains comme le drogue (Heroin87) ou le sadomasochisme. Le rock indépendant est cette frange du rock où les résultats financiers ne sont pas un objectif principal. Pour cette raison, la liberté d'expression est plus grande, mais nous aurrons l'occasion d'en reparler dans le dernier chapitre. Pour ce qui est du Velvet et de leur album à la banane, la légende dit que les quelques milliers d'acheteurs de ce disque ont chacun formé un groupe. Ce disque fait en collaboration avec la chanteur allemande Nico. Legs Mac Neil dans Please Kill Me88 place le Velvet Underground comme le premier groupe punk. Ce serait une grave erreur de négliger leur influence. La diversification de la musique est vraiment grande durant la décennie et l'on voit naître le glam-rock ou le heavy métal. Toutes deux se distinguent par une musique plus énervée et puissante. Pour le glam-rock, les groupes se mettent en scène en utilisant du maquillage noir et blanc et des vêtements qui jouent sur l'androgynie. Leur attitude provocatrice est renforcée par la théatralisation de leurs shows. Par exemple, le groupe Alice Cooper n'hésite pas à décapiter des poulets sur scène. Dans les textes, ils se montrent incisifs. En témoigne la chanson School's Out89 condamnant les établissements scolaires britanniques qui recoit un très bon accueil par les jeunes. Queen ou le groupe T-Rex appartiennent aussi à cette catégorie du glam-rock. Quant au heavy metal, dont les meilleurs acteurs sont Cream, Led Zeppelin ou Deep Purple, il connait ses débuts fracassants préfigurant la tournure commerciale de la musique rock. En effet, même si ces groupes sont talentueux, le fait que leur concerts se fassent dans des stades immenses montre tout de même l'importance financière que prend la musique. 87 Voir grille d'analyse p82 88 Voir fiche de lecture p73 89 Voir grille d'analyse p87 samedi 9 septembre 2006 Page 36 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 IV. Le choc samedi 9 septembre 2006 Page 37 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 A. Le punk aux Etats-Unis Le punk commence donc aux Etats-Unis avec des groupes comme les Stooges, le MC5, le Velvet Underground, les New York Dolls, Patti Smith... Le mot «punk» fut inventé par Legs Mac Neil comme il l'écrit dans son ouvrage Please Kill Me. Il fut créé pour baptiser un magazine qui parlerait entre autres de la musique incarnée par «le Velvet, les Stooges, les New York Dolls, et maintenant les Dictators.»90 Sa signification est multiple: «ivrogne, odieux, malin mais pas prétentieux, absurde, marrant, ironique, et tout ce qu'il y avait d'attirant dans le côté obscur.» Ce terme va ensuite s'étendre pour décrire l'ensemble des groupes qui ressemblent de près ou de loin à ceux cités. Le groupe le plus radical dans son discours est sans conteste le MC5 (Motor City Five) et c'est pourquoi nous allons étudier de plus près ce groupe originaire de Detroit. Son histoire est partiellement racontée à travers les interviews retranscrites dans Please Kill Me. Deux points essentiels se degagent dans cet ouvrage à propos de ce groupe. Tout d'abord, son lien avec le White Panther Party91 qui était au départ le fan club du MC5 et s'appelait «Le club Social et Athlétique du MC5» 92. Ce parti politique créé principalement par l'activiste politique John Sinclair se veut un support pour le Black Panther Party qui défend le droit des Noirs américains. Il cherche à promouvoir la révolution culturelle. Pour cela, il a établi un programme autour de dix points: ● Full endorsement and support of Black Panther Party's 10-Point Program ● Total assault on the culture by any means necessary, including rock n' roll, dope and fucking in the streets. Free exchange of energy and materials - we demand the end of money! Free food, clothes, housing, dope, music, bodies, medical care - everything free for everybody! ● ● 90 Please Kill Me: Chapitre XXII, p294 91 White panther party sur wikipedia 92 Please Kill Me: Chapitre III, p76-77 samedi 9 septembre 2006 Page 38 sur 97 Warluzel Xavier ● ● ● ● ● ● MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Free access to information media - free the technology from the greed creeps! Free time and space for all humans - dissolve all unnatural boundaries. Free all schools and all structures from corporate rule - turn the buildings over to the people at once! Free all prisoners everywhere - they are our brothers. Free all soldiers at once - no more conscripted armies. Free the people from their "leaders" - leaders suck - all power to all the people freedom means free everyone! Ce programme résume les principales idées de la contre-culture des années 60: la fin du capitalisme (point 3), la solidarité entre les hommes (point 4), la fin de l'enrolement militaire obligatoire (point 9) et la fin du système politique existant (point 10) notamment. John Sinclair souhaitait profiter de la renommée grandissante du MC5 pour promouvoir ses idées politiques. Mais le public fut très peu récéptif à ces idées. Il y avait un certain décalage avec les hippies comme le montre l'épisode du concert au Fillmore East où le groupe est violemment pris à parti par un groupe hippie radical surnommé les Motherfuckers. Le fait que le groupe arrive en limousine puis qu'il déclare qu'il n'est là que pour faire de la musique met le feu aux poudres et déclenche une violente émeute. Heureusement, le groupe arrive a s'en sortir: « Wayne Kramer: On est sortis en courant, la limousine nous attendait, et il y avait tous ces Motherfuckers avec leurs nanas, qui poussaient des cris stridents. On a distribué un paquet de disques gratuits et ils ont commencé à les éclater sur la limousine en gueulant: «VENDUS! VOUS NOUS AVEZ TRAHIS! »»93. Le message qu'ils avaient lancé quelques semaines plus tôt avec Kick out the jams94 les avait dépassé. Un autre événement marquant dans l'histoire de ce groupe -qui lanca sa carrière en fait - est sa participation au Festival de la Vie à Chicago en 1968. Ce Festival se tenait en parallèle de la Convention nationale Démocrate. Ils cherchaient simplement à être reconnus et la vision du monde du Festival de la Vie s'approchait de la leur. Malheureusement, ce festival fut durement réprimé par la police et ils durent s'enfuir après quelques chansons: «Dennis Thompson: [...] Il 93 Please Kill Me: Chapitre V, p97 94 Voir grille d'analyse p85 samedi 9 septembre 2006 Page 39 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 devait y avoir quatre ou cinq mille jeunes assis dans Lincoln Park. On a joué cinq ou six chansons, par là, puis les flics ont chargé dans le parc avec leurs matraques d'un mètre de long. Le parc entier était cerné par les flics. Littéralement cerné – des hélicoptères, tout ça...ils avaient mis le paquet.»95 Illustration 13: Le MC5 en pleine performance Cet évenement permet de comprendre à quel point les autorités étaient fermées à toute sorte de contestation. D'ailleurs, par crainte, la majorité des autres groupes qui devaient venir, ne se sont pas déplacés. La plupart des groupes punk américains ne tenaient pas de tel discours politique. C'était plutôt dans leur façon d'être que l'on percevait leur révolte face à la société. Sur scène, Iggy Pop se montrait extremement choquant, se taillaidant ou crachant sur le public. Avec un titre comme I wanna be your dog96, les Stooges pouvaient laisser libre court à leur folie scénique. Le but, en plus de s'amuser, était de provoquer une réaction, bonne ou mauvaise. C'est ce que les fans réclamaient, des frasques dingues de la part d'Iggy Pop, et bien souvent ils n'étaient pas déçus. De plus, un groupe comme les Ramones s'exhibait avec des habits nazis, non pas parce qu'ils adhèraient aux idées extremistes mais parce qu'ils voulaient faire réagir et trouvaient ça «cool». L'imagerie nazie est depuis associée à la mode punk. Bien qu'assimilée au punk, la musique de Patti Smith97 se rapprochait plus de la poésie. L'un de ses nombreux héros était Rimbaud. Elle se trouvait donc un peu à part de la scène punk par ses convictions sur l'art et la culture, qui pour elle, peuvent changer le monde.98 Malheureusement, sa violente chute de scène 95 96 97 98 Please Kill Me: Chapitre III, p74 Voir grille d'analyse p84 pattismith.net Please Kill Me: Chapitre XXXI, p417 samedi 9 septembre 2006 Page 40 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 lors d'un concert mis un gros coup de frein à sa carrière. 99 Mais avant ça, elle eut le temps de marquer le rock, notamment avec son magnifique album Horses. B. L'amplification en Grande Bretagne Cette émulation, comme le rock and roll des débuts, secoua la GrandeBretagne et l'on vit de nouveaux groupes éclore. La différence avec les groupes américains c'est que le message politique était beaucoup plus prononcé. Les groupes anglais s'aventuraient dans cette musique, mais, influencés par le contexte économique de la Grande-Bretagne, allaient plus loin dans les paroles. La plupart des punks américains se sentaient ainsi dépossédés, comme le résume Legs Mc Neil: «C'est marrant, mais à présent le mot « punk » était utilisé pour décrire quelque chose que le monde entier considérait comme anglais.[...] Quatre ans plus tôt, on avait tapissé le Bowery d'autocollants qui disaient : « ATTENTION! PUNK ARRIVE! ». Maintenant qu'il était là, je ne voulais plus rien avoir à faire avec. Du jour au lendemain, le punk était devenu aussi stupide que tout le reste.» La réaction de Mary Hannon, journaliste qui a travaillé aussi dans le magazine Punk, est tout aussi éloquente: « On pouvait vraiment sentir que le monde était en train de changer de manière décisive cet automne 1976 à Londres. J'avais l'impression que ce que nous avions lancé comme une blague à New York avait été pris au pied de la lettre en Angleterre par un public plus jeune et plus violent. [...] Je crois que le punk anglais était bien plus versatile et nerveux, et plus dangereux.»100 En effet, le punk anglais est très médiatisé et la musique en devient presque secondaire. Les Sex Pistols101 deviennent très connus avec un seul et unique album: Nevermind The Bollocks. Leur titres sont satiriques envers l'autorité 99 Please Kill Me: Chapitre XXXI, p419 100Please Kill Me – Chapitre XXVI - p350-351 101Sex Pistols - God Save the Sex Pistols samedi 9 septembre 2006 Page 41 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 par exemple avec God Save The Queen102 qui tout en tournant en dérision l'hymne national anglais, insulte copieusement la reine d'Angleterre. Pour la petite histoire, cette chanson est sortie quasiment en même temps que le jubilé de la reine. Le retentissement en fut plus fort. Mais au-delà de la musique, la notoriété du punk éclate avec la surmédiatisation d'un certain nombre de musiciens anglais. Le premier d'entre eux n'est autre que Johnny Rotten103, le chanteur des Sex Pistols. C'était l'une des figures marquantes du punk parce qu'il avait en lui une hargne, une rage, un rejet total du système et qu'il provoquait des scandales partout où il passait. Il ne pouvait supporter le reste du groupe et ne se privait pas de le montrer. C'est grâce à (ou à cause de) ce genre d'individu que le punk pris une telle ampleur et qu'il est identifié comme anglais au point même que les journalistes qui découvrent le phénomène tombent dans le panneau.104 Ce journaliste canadien croit que les britanniques sont les fers de lance du mouvement alors qu'ils ont récupéré et, il est vrai, amplifié un mouvement américain. Pour le groupe The Clash105, le message politique est aussi très fort dans leurs chansons. Leur album London Calling ainsi que la chanson White Riot106 en sont de très bons exemples. Cette chanson incitait ouvertement les jeunes blancs à s'engager en politique pour renverser le pouvoir établi comme ont put le faire les jeunes noirs. Ils prenaient plus au serieux les paroles qu'ils prononcaient que la plupart des autres groupes punks. En effet, ils s'engagèrent dans divers combats politiques : Rock Against Racism, le mouvement Sandiniste en Amérique Latine...107 Leur musique se nourrissait de diverses influences comme le reggae, montrant leur ouverture d'esprit et leur soif de découvertes. Le punk va un peu plus loin que les mouvements précedents en ce qui concerne la mode vestimentaire. La mode punk est de loin, celle qui dégage le plus 102 Voir grille d'analyse p89 103 John Lydon.Com 104 Le punk-rock, un phénomène - Punk attitude - Les Archives de Radio-Canada 105 THE CLASH 106 Voir grille d'analyse p88 107 The Clash - Wikipédia samedi 9 septembre 2006 Page 42 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 d'aggressivité: vêtements Crêtes déchirés, colorées, épingles à nourrice, références au nazisme... Par la suite, au début des années 80, la mode punk sera commercialement108, récupérée lorsque la musique elle-même sera à l'agonie. Le punk cherchait à faire partir la Illustration 14: Un couple de punks contemporains musique sur de nouvelles bases: n'importe qui pouvait se l'approprier. Pour son discours politique, on se retrouve un peu dans la même optique: se débarasser du passé. Mais on voit que les groupes de punk, surtout les britanniques, ont un fort potentiel autodestructeur et que leur carrière s'achève rapidement. Le punk a vécu quelques années seulement, mais quelques années très intenses. 108 Mode new wave et punk à Regina - Punk attitude - Les Archives de Radio-Canada samedi 9 septembre 2006 Page 43 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 V. La "mort du rock" samedi 9 septembre 2006 Page 44 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 A. Une diversification L'une des conséquences du punk est l'ouverture des studios d'enregistrement à n'importe quel artiste. L'élaboration d'un album est maintenant beaucoup plus simple. Cela va permettre une diversification dans les musiques qui continuera jusqu'à maintenant. Déjà Pink Floyd, en 1979, avait depuis longtemps abandonné la folie de leurs premières années sous l'égide de Syd Barrett. Leur musique devenant de plus en plus travaillée et soignée grâce aux outils éléctroniques. Leur dixième album Dark Side of The Moon109 en est le meilleur exemple. Pour cette raison, ils étaient dans la ligne de mire des punks qui leur reprochaient de faire une musique trop lisse et froide. Pourtant, Pink Floyd était une autre facette de la musique contestataire. Comme Another Brick In The Wall110 le prouve. Cette chanson, à l'origine, dénonce le système scolaire anglais, mais elle a été récuperée pour d'autres causes comme lors de la chute du mur de Berlin et s'est récemment trouvée au coeur du conflit israélo-palestinien111. Certaines chansons dépassent le message premier et peuvent être interpretées differement selon le contexte, c'est ce qui fait leur universalité. En ce qui concerne la scène française, on a un grand provocateur en la personne de Serge Gainsbourg112. Certains de ses gestes sont toujours dans les mémoires: le billet de 500 francs brulé pour denoncer le système fiscal français. Son personnage de Gainsbarre prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure de sa carrière et ses joutes oratoires aussi. Mais ce qu'il reste de Gainsbourg, avant tout, c'est sa musique. A l'instar de Sting et de son groupe Police en Angleterre, Gainsbourg s'est essayé avec succès au reggae blanc. Sa version de la Marseillaise113 devant un parterre de militaires a provoqué de vives réactions. Mais 109Fiche Wikipédia: Dark Side of The Moon 110Voir grille d'analyse p90 111Voir bibliographie p67 112Serge Gainsbourg - Site Officiel 113Voir grille d'analyse p91 samedi 9 septembre 2006 Page 45 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 cela n'a fait que renforcer sa volonté de rester subversif. Au delà de ça, on a une scène rock qui se forme. Elle vit de ses concerts enflammés au quatres coins de la France. Les Beruriers Noirs114 sont le groupe le plus emblématique Illustration 15: Serge Gainsbourg des années 80. Leurs concerts parfois sauvages ou dans des squats font des adeptes. Leur position est claire face au racisme et à toutes les sortes de dicrimination. Ils participent à de nombreux concerts de soutien, que ce soit pour aider les chômeurs ou bien le SCALP115 (Section Carrément Anti Le Pen). Leurs textes corrosifs reflètent leur engagement, soutenus par une musique diabolique et festive. Malheureusement, leur volonté d'indépendance est mise à mal par la pression commerciale qui s'amplifie et le groupe se sabordera en 1989 à l'Olympia sur trois jours. B. La mort du rock? Explications En ce qui concerne la pseudo mort du rock, plusieurs phénomènes peuvent expliquer que l'on ait utilisé cette appelation dans les années 80 et même jusqu'à aujourd'hui. Premièrement, la diversification de la musique fait que le rock occupe une place de moins en moins importante sur la scène mondiale. Entre autres, on voit apparaitre le rap et les musiques éléctroniques. On peut citer comme exemple, l'année 1983 qui est celle du triomphe de Michael Jackson avec Thriller. La naissance du rap qui s'est avéré dès le début comme une musique contestataire et/ou violente, exprimant le mal-être de la communauté noire donne un coup de vieux au rock (30 ans déjà). Cela est d'autant plus vrai que nombre de 114Bérurier Noir, le site officiel....l'heure de la révolte a enfin sonné ! 115SCALP samedi 9 septembre 2006 Page 46 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 groupes de rock font des concerts dans d'immenses stades. Le rock ressemble de plus en plus à une industrie et de moins en moins à la musique furieuse qui le caractérisait jusque là. Cela est encore renforcé par la prolifération de chaînes musicales comme MTV116 en 1981 qui diffusent à longueur de journées des clips. Souvent réalisés à la va-vite, ces clips vident de leur sens les chansons un tant soit peu engagées. Quant aux musiques éléctroniques, elles deviennent de plus en plus populaires après la mort du disco. Le rock se matine d'éléctronique – on l'a vu avec Pink Floyd – et la new-wave (The Cure, Joy Division...) devient prépondérante. Même si les messages transmis par ces nouveaux groupes sont souvent pertinents, force est de constater que l'esprit de la musique rock est un peu noyé sous les nappes du synthétiseur. On comprend mieux pourquoi on a parlé de mort du rock à partir de là, surtout après la déferlante punk. Fallait-il se focaliser uniquement sur ces éléments? Nous allons faire un tour d'horizon de ces deux décennies. C. Panorama Mais paradoxalement à ce que l'on vient de décrire, il reste des éléments qui ont fait l'essence du rock durant cette période creuse des années 80. En effet, comme le fait remarquer Anne Benetello117, cette décennie est celle des grands concerts caritatifs. On retrouve de nombreux artistes ayant un réel engagement politique au sein de concerts pour des causes universelles. Que ce soit contre la famine en Afrique, pour aider la recherche sur le sida ou bien contre l'emprisonnement de Nelson Mandela, on retrouve de nombreux artistes de la scène rock. On va s'interesser à deux d'entre eux. Le premier est Bruce Springsteen118: celui-ci a toujours défendu la cause 116Music Television - Wikipédia 117Voir fiche de lecture p71 118Bruce Springsteen official site samedi 9 septembre 2006 Page 47 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 des plus faibles dans ses chansons. Son morceau Born in the USA119 relate l'histoire d'un militaire de la guerre du Viêtnam se trouvant totalement délaissé à son retour. Ce n'est pas l'hymne gentiment patriotique que certains ont voulu voir, le président Nixon le premier. Il a préféré se focaliser uniquement sur le refrain qui reprend le titre et ne pas voir la réalité dénoncée par le Boss.120 L'autre artiste qui s'investit dans des concerts pour des causes humanitaires n'est autre que Bono et son groupe U2. C'est à partir de l'album War que U2 s'affirme comme un groupe politisé. Le single Sunday Bloody Sunday 121 montre leur atterement face aux évènements en Irlande du Nord. Depuis lors, ils n'auront de cesse de défendre des causes, en soutenant Amnesty International et en partant dans des tournées humanitaires avec d'autres artistes. Mme Benetello émet une réserve sur l'engagement réel des artistes car elle note que les causes défendues ne peuvent pas créer de polémiques: le Live Aid122 de Bob Gedolf cherche à combattre la famine, personne ne peut s'insurger contre ça. De plus, lors des concerts, les artistes se montraient apolitiques dans leurs propos, ils ne critiquaient personne, ils ne faisaient que soutenir l'association. Mais on peut répondre à Anne Benetello que c'était une condition indispensable au bon fonctionnement de ces campagnes. Si un artiste faisait des vagues, cela remettait en cause toute l'organisation du concert et donc les bénéfices pour l'association. Et la plupart de ces artistes, comme ceux que l'on vient de citer, n'avaient pas à prouver leur sincérité, le reste de leur carrière démontrant leur engagement. Malgré les critiques que l'on peut formuler, le rock a gardé son esprit dans les années 80. L'évenement qui a déclenché l'écriture de Rock et Politique, la création du Parent Music Resource Center123 en 1985, est aussi intéressant. Le PMRC est une organisation visant à "conseiller" les parents sur la musique à acheter à leurs enfants. Il a été créé par des femmes de politiciens américains, notamment Tipper 119Voir grille d'analyse p93 120Musique et guerre du Vietnam – L'après Vietnam 121Voir grille d'analyse p92 122BBC | 13 | 1985: Live Aid makes millions for Africa 123Parents Music Resource Center: From Answers.com (en) samedi 9 septembre 2006 Page 48 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Gore la femme d'Al Gore futur vice-président de Clinton. Le PMRC a réussi une partie de ses objectifs, à savoir l'étiquettage des disques à caractère violent, sexuel, satanique... Le fameux Parental Advisory. Le plus grand opposant au PMRC était Frank Zappa que l'on connait déjà. Il lui reprochait de non pas conseiller les parents mais d'effectuer une censure sur les disques étiquettés. En effet, il arrivait souvent que des disques ne soient pas mis en rayon uniquement parce qu'ils avaient cette étiquette. Ou bien les animateurs de radio refusaient de les diffuser pour ne pas se mettre une partie de leur public à dos. Cette mesure restrictive tant décriée montre bien qu'une partie de la musique rock – et plus encore le rap – est encore choquante pour les âmes prudes. Durant les années 90, le rock retrouve sa force de contestation avec le retour du punk sous une forme quelque peu différente: le grunge124. Ce mouvement commence avec le groupe Pixies mais atteint sa côte de popularité la plus forte avec le groupe Nirvana125 et toutes les autres formations de Seattle. Comme durant l'époque du punk, de nombreux labels indépendants explosent et l'engouement des jeunes est très fort. La musique retrouve de sa brutalité et les paroles des chansons depeignent les désillusions de la Génération Illustration 16: Le groupe Nirvana X126. Nevermind de Nirvana est l'album phare du grunge, Smells Like Teen Spirit 127 son hymne mondialement connu. Au-dela du succès commercial, cette chanson montre tout le désespoir et la rage qui habitent Kurt Cobain. Mais la célébrité qu'elle lui a apporté lui était insupportable et c'est sans doute cela qui le tua. Dans le cas de Rage Against The Machine128, le phrasé rap se met au 124Le grunge: l'histoire 125Nirvana (groupe) - Wikipédia 126Generation X dans le lexique 127Voir grille d'analyse p94 128Rage Against The Machine - The Official Site samedi 9 septembre 2006 Page 49 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 service de la musique rock. Killing In The Name 129 popularisa ce que l'on a appelé le rapcore. La rencontre de ces deux genres contestataires tout les deux, donne un mélange détonnant. Le groupe étant, en plus de cela, clairement politisé. Ils luttent notamment contre les discriminations. Mais il serait reducteur de reduire le groupe à cette unique chanson, quasiment tout leur répertoire était politique. Pour preuve, après le 11 septembre 2001, toutes leurs chansons ont été censurées sur les radios américaines130. Pour ce qui est de la France, le groupe bordelais Noir Désir131 est très populaire durant les années 90. En plus de cela, ils sont incisifs envers le capitalisme débridé et s'inquietent de la mondialisation dans leurs chansons. Pour preuve, L'Homme Pressé 132 qui est le portrait cynique de ces nouveaux maîtres du monde. Ils n'ont, par ailleurs, pas hésité à prendre à parti l'un d'eux le patron de Vivendi-Universal lors des Victoires de la musique 2002133. Avec humour, Bertrand Cantat parle au «Camarade» Messier en le prenant comme symbole du capitalisme galopant. Il défend les labels indépendants façe au «raz de marée Universal», même si son groupe s'est retrouvé par la force des choses dans le giron de Messier. Le groupe reste dans les esprits comme l'un des plus engagés en France. Les décennies 80 et surtout 90 ont donc démontré que le rock pouvait encore faire réflechir sur la société. Qu'en est il aujourd'hui? 129Voir grille d'analyse p95 130Rage Against the Machine - Wikipédia 131Le site officiel de NOIR DESIR 132Voir grille d'analyse p96 133Noir Désir Lettre au camarade Messier samedi 9 septembre 2006 Page 50 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 VI. Le présent samedi 9 septembre 2006 Page 51 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 A. L'éternel retour du rock Depuis 2000, on voit fleurir le terme "retour du rock" dans la presse spécialisée ou non. Il est vrai que l'on assiste depuis quelques années, à une vague de nouveaux groupes qui ont su retirer avec plus ou moins de bonheur les leçons du passé. Parmi les plus célèbres, on peut citer les groupes en The: The White Stripes134 et leur rock minimaliste fortement influencé par le blues, The Strokes135 qui font revivre les fantômes du Velvet et de Television, les anglais du maintenant défunt groupe The Libertines136, le couple sulfureux composant The Kills137... ou non: les énergiques Franz Ferdinand138, Black Rebel Motorcycle Club139 (en hommage à l'Equipée sauvage), Bloc Party140et leur rock matiné d'éléctronique... Reprenant avec respect les recettes du passé et en apportant leur touche personnelle, ils insufflent une nouvelle force au rock à guitare. Le magazine Rock & Folk141, une référence de la presse rock française, s'interrogea sur ce phénomène fin 2002142. Ses experts maisons – Philippe Manoeuvre, Patrick Eudeline, Jean-Vic Chapus... - débattent sur le sujet. Que ressort-il de cette discussion? Tout d'abord, que ces nouveaux groupes, à quelques exceptions près comme The White Stripes ont une faible culture rock. Par exemple, le chanteur des Strokes lorsque on lui parle d'Hendrix répond: «On ne l'a pas connu, que voulezvous qu'on vous raconte?». On observe donc une similtude avec le mouvement punk qui faisait table rase du passé. Ils remarquent aussi que ce mouvement n'a pas de nom, il y eu le punk, 134Site officiel The White Stripes 135Site officiel The Strokes 136Site officiel The Libertines 137Site officiel The kills 138Site officiel Franz Ferdinand 139Site officiel BRMC 140Site officiel Bloc Party 141rocknfolk.com, le site Internet du magazine Rock&Folk 142Voir bibliographie p68 samedi 9 septembre 2006 Page 52 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 le grunge il y a quelques années mais là, pas d'étiquette. On ne peut pas non plus appeler ça new rock, même si au niveau du look et de l'attitude comme au niveau de la musique certains groupes ressemblent à ceux des années 60-70. Patrick Eudeline remarque que la musique classique a arreté d'évoluer en 1930, pourquoi ne serait-il pas de même avec le rock? La date se situant pour lui en 1973. Mais ce qu'ils déplorent à plusieurs reprises lors de ce débat, c'est l'absence de message social/politique dans les chansons. Cet article date de 2002, nous verrons par la suite comment la situation à évolué. Mais, il faut aussi noter un autre phénomène aujourd'hui. C'est l'arrivée de nouveaux artistes folk. Comme précisé dans l'article de Télérama143, ceux-ci chantent une Amérique loin de celle de leur gouvernement. Prenons comme exemple Sufjan Stevens144, un jeune musicien qui avec Michigan et surtout Come on feel the Illinoise dépeint une Amérique étrange, baroque, peuplée de figures héroiques. Il a pour ambition de faire un album sur chacun des Etats américains. Il précise, dans l'interview145, ne pas vouloir être récupéré par un parti politique car il considère que ses chansons sont des oeuvres poétiques, pas des discours. Mais, il faut ajouter que si ses chansons intéressent le gouvernement, c'est qu'elles ne sont pas totalement anodines... Un autre nouveau de la scène folk, Devendra Banhart146 - qui est suivi par une myriade d'autres artistes – se montre lui aussi à l'écart de l'Amérique de Bush. Il remet au goût du jour la mode et les idées hippies. Il ne se prétend pas contestataire, mais c'est plutôt ce qu'il évoque – le pacifisme, la solidarité... - qui est primordial. Les artistes que nous venons de citer ne sont pas clairement contestataires, alors qui l'est actuellement? En ce qui concerne la scène folk, un artiste qui lui se montre plus 143Voir bibliographie p68 144Say yes to Sufjan! Site Francais dédié à Sufjan Stevens 145La Blogothèque - Sufjan, roi de New York 146Devendra Banhart samedi 9 septembre 2006 Page 53 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 provocant dans ses propos est Conor Oberst qui dirige le groupe Bright Eyes147 (où les musiciens changent sans cesse). Il ne mache pas ses mots envers le président Bush comme le prouvent ses apparitions à la télévision. Par exemple, lors du Tonight Show148, il chante When the President talks to God, une vision satirique de la foi qui guide Georges W Bush. Sachant que les Etats-Unis a une majorité de croyants, cette prestation a fait grincer énormément de dents. Force est de constater que les groupes ouvertement engagés restent extrêmement confidentiels. Par exemple, le défunt groupe canadien Godspeed You Black Emperor!149 n'a pas connu un succès mérité avec son album Yanqui U.X.O qui distillait un rock progressif esquissant le chaos de la guerre. La pochette de l'album (voir ci-contre) se Illustration 17: Avant de la jaquette de Yanqui U.X.O chargeant de faire les liens entre les maisons de disques et les sociétés d'armement. Malheureusement, comme la musique s'avère assez peu accessible au grand public, l'écho rencontré s'avère très faible bien que le succès critique soit là. Pour la France, on peut citer Les Wampas150 qui avec Illustration 18: Arrière de le jaquette de Yanqui U.X.O leur titre Chirac en prison ont voulu tester la censure française151. Ils ont réussi à la chatouiller puisque cette chanson a été censurée sur la quasi-totalité des radios françaises. Et tout cela avec une seule phrase vraiment polémique (le titre). On voit bien à quel point la censure est prompte à répondre en France quant on touche aux institutions. Aux Etats-Unis, la cible privilégiée est aussi le président Georges Bush. Lors de sa candidature en 2004, on a put voir un certain nombre de groupe punk 147SADDLE CREEK Bright Eyes 148Une video se trouve dans la rubrique downloads de son site officiel. 149Site officiel GYBE! 150Les Wampas ont inventé le Rock'n'Roll 151L'Humanité - Libres Échanges Chirac en Prison: Wampas et la censure samedi 9 septembre 2006 Page 54 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 et autres se réunir pour faire deux albums intitulés Rock against Bush volume 1 et 2152. Outre les chansons, ces albums reunissaient des documentaires, interviews pour informer le public sur ce que leur cache le gouvernement. Le but est, bien sûr, de les inciter à voter ... contre Bush de préférence. Comme chacun le sait, Bush fût réélu. Des slogans comme «Le monde entier pense que les Américains sont tous des enculés. Ce serait sympa de prouver le contraire» n'ont pas porté leurs fruits. On remarquera cependant que la cible de ces albums reste faible puisqu'il s'agit des jeunes fans de punk, hardcore, ska et que le punk ne suscite plus le même engouement que dans les années 70. A cela s'ajoutait le collectif Vote For Change153 qui allait dans le même sens. Dans ce cas, les groupes diffusaient leur messages en faisant une série de concerts qui réunissaient de belles affiches. Parmi les musiciens célèbres, on retrouve Bruce Springsteen, R.E.M., Pearl Jam, Ben Harper... Contrairement à Rock against Bush, la diversité et la célébrité des artistes auraient du avoir un impact plus important, mais ce ne fut pas le cas. Dans l'Etat de l'Ohio, malgré six concerts, Bush arriva en tête des suffrages. La force politique de ce genre de manifestation reste, comme on le voit, assez limité. En dehors de tout contexte éléctoraliste, il y a des groupes comme U2 qui cherchent à vaincre la misère154 ou bien Coldplay qui défend le commerce équitable155. Leur combat se déroule sur l'échiquier mondial et il est encore trop tôt pour savoir si leurs efforts ont un réel effet. La seule conséquence visible est la bonne image que récupèrent ainsi les artistes: Bono a été pressenti un moment pour le prix Nobel de la Paix156. C'est notamment pour cette raison que ces musiciens essuient énormement de critiques. A présent, tentons de voir plus loin... 152Les punks étasuniens s'invitent dans la campagne présidentielle 153Vote for Change – Wikipedia (en) 154Make Poverty History 155www.maketradefair.com – Pétition «Le grand Vacarme» 156U2 Achtung | Bono favori pour le Prix Nobel de la Paix 2005 samedi 9 septembre 2006 Page 55 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 B. Une nouvelle forme de contestation? 1. Le carcan commercial Aujourd'hui, l'un des principaux problèmes à la liberté d'expression des musiciens est le bridage artistique qu'exercent les maisons de disques qui refusent de prendre des risques avec des artistes «hors norme». L'un des meilleurs exemple de ce problème, est sans conteste, illustré par Ondi Timoner dans son documentaire DIG!157. Ce documentaire retrace durant 7 ans le destin croisé de deux groupes: The Dandy Warhols et The Brian Jonestown Massacre. Alors que les premiers atteignent une renommée internationale en faisant des concessions aux maisons de Illustration 19: Anton Newcombe, leader «rock'n'roll» de The Brian Jonestown Massacre disques (musique plus lisse, tournage de clips ridicules...), les autres, suivant l'impulsion de leur charismatique et incontrolable leader Anton Newcombe, se montrent réticents à passer le cap de la signature avec une major. Le caractère très «borderline» de Newcombe – par exemple, il n'hésite pas à exclure du groupe pendant les concerts les musiciens qui ne suivent pas ses directives – est contrebalancé par un réel talent artistique: beaucoup d'albums depuis ses débuts (3 en 1996!) et pour la plupart très bons. Leur musique puise beaucoup dans celle des années 60 et 70 (leur nom est un hommage à Brian Jones, ancien guitariste des Stones) et il est assez clair que le retour du rock leur doit quelque chose: Newcombe l'affirme même dans le documentaire. Le constat est tout de même assez négatif: sans ce documentaire The Brian Jonestown Massacre serait resté dans l'ombre. On voit bien à quel point la monde de la musique s'avère frileux aujourd'hui, même si Newcombe complique 157Voir bibliographie p65, Site officiel DIG!, Résumé sur Fluctuat samedi 9 septembre 2006 Page 56 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 pas mal les choses avec ses excès paranoïaques. Le succès tardif du Brian Jonestown Massacre est, en tout cas, un beau pied-de-nez aux maisons de disques. Leur indépendance leur permet de continuer à faire la musique qu'ils souhaitent et la popularité nouvellement acquise les fait voyager dans le monde entier. Ils se permettent même de proposer gratuitement une grande partie de leur discographie via leur site Web158. Ce documentaire est donc un formidable moyen de voir les coulisses et les limites de l'industrie musicale d'aujourd'hui. A cela s'ajoute ce que l'on a appelé la crise du disque depuis quelques années159 qui peut s'expliquer raisons mais par dont plusieurs la plus importante est la banalisation d'Internet et d'innovation des l'absence maisons de disque sur ce nouveau marché pour pallier les téléchargements illégaux. Illustration 20: Evolution des supports musicaux sur le marché français de 1971 à 2003 (source: L'Express) Leur «réaction» en France comme ailleurs a été de ne prendre aucun risque et de miser sur des valeurs sûres (Avatars de la télé-réalité, poids lourds de la chanson...) en laissant de côté les artistes plus originaux et donc ceux qui potentiellement se permettent d'être plus incisifs. Evidemment, cette solution a plutôt eu l'effet contraire. On s'est donc retrouvé, jusqu'à il y a peu, dans une impasse purement commerciale. Mais, Internet a retrouvé une image plus respectable depuis le lancement d'Itunes Music Store160 en 2001 et de ses concurrents, qui permettent d'acheter de 158Brian Jonestown Massacre 159Le disque craque – L'Express 21/06/2004 160Site Apple iTunes samedi 9 septembre 2006 Page 57 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 la musique morceau par morceau. Le succès indéniable de ce système161, couplé avec l'iPod, montre bien que la musique n'est pas boudée par les consommateurs. La sortie de la «crise» qui marque la fin prochaine du support physique162 est donc proche et les majors comme les labels indépendants peuvent à nouveau prendre des risques. Nouvelle évolution qui va dans le même sens: l'annonce par Universal, la plus grosse maison de disques, de la possibilité de télécharger l'intégralité de son catalogue, soit 25% du marché mondial, et ceci de manière totalement gratuite, en contrepartie de la diffusion de publicité163. Un autre système interessant est la diffusion de la musique par le système Weeds164: dans ce cas là c'est un système peer to peer où l'artiste est rémunéré et plus étonnant l'utilisateur aussi si il fait découvrir des morceaux à ses amis selon un système pyramidal. On voit donc bien que la pression commerciale, bien que toujours très forte, risque de s'affaiblir un peu dans les années qui viennent et que la scène internationale va pouvoir accueillir plus d'artistes. Le fondateur de Weed France, Ignazio Lo Faro arrive à la même conclusion165. 2. De nouvelles voies La musique et donc le rock se trouve a un tournant décisif de son histoire moderne. La propagation d'Internet a eu divers effets. Comme nous l'avons vu, le téléchargement mène à la disparition du support physique. Mais d'autres tendances s'affirment. La première d'entre elle est la prolifération d'une culture parallèle à celle imposée par les maisons de disques. Depuis quelques années, le nombre de webzines, audioblogs et autres sites a proprement explosé. On se retrouve face à 161iTunes et iPod : un succès qui ne se dément pas - PC Inpact 18/01/2006 162La mort du CD par le journal québecois Le Devoir 01/08/2003 163Universal Music lance la guerre du téléchargement gratuit Le Figaro 29/08/2006 164Musique en ligne: les Web services. 165Quand musique independante s'éveillera d'Ignazio Lo Faro 8/02/2005 samedi 9 septembre 2006 Page 58 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 une multiplication de l'information et des avis sur la musique. L'exemple le plus frappant est certainement le cas du site américain Pitchfork166. En effet, en peu de temps, ce site est passé de l'anonymat le plus complet à un statut de grand manitou sur la musique indépendante. A ce propos, l'article de Dave Itzkov pour Wired167 s'avère particulièrement intéressant. En effet, on voit à quel point ce site possède maintenant une influence énorme (malheureusement au point de pouvoir enterrer un album). Mais le plus important, il permet de faire découvrir des artistes inconnus. L'exemple le plus frappant est certainement le succès extremement rapide du groupe canadien Arcade Fire. Leur musique très particulière, à la fois prenant des voies experimentales et dégageant Illustration 21: Le groupe Arcade Fire une ferveur rare a attiré l'oreille des mélomanes de Pitchfork. La critique de leur album Funeral fut extremement élogieuse (9.7 sur 10168) et permit aux leaders d'influence (évoqués dans l'article) consultant le site de lancer la carrière du groupe en mettant au courant tel ou tel site ou média. Le succès amplifia au point qu'ils étaient déjà connus en France avant leur premier concert au Nouveau Casino. Pour ce groupe qui par l'originalité et le côté sombre de leur musique n'interessait pas les maisons de disques, c'est une belle revanche. Ils font maintenant partie des grands groupes de rock actuel. Evidemment, pour ce groupe le succès est largement mérité mais le danger qu'évoque Richard Reed Parry, membre d'Arcade Fire, dans l'article de Wired c'est l'absence de recul qu'ont certains lecteurs du site, en ne prenant en compte que l'avis de Pichfork. En effet, certaines personnes lui vouent un tel culte qu'elles ne s'interessent à aucun autre avis. Heureusement, de plus en plus de sites prennent de l'importance et 166Pitchfork Média 167Wired 14.09: The Pitchfork Effect par Dave Itzkov (en) 168Arcade Fire: Funeral: Pitchfork Record Review samedi 9 septembre 2006 Page 59 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 contrebalancent ces effets. La multiplication des sites de référence évite le monopole. On peut citer un site français comme la Blogothèque169 qui lui ne fait pas de critique mais met à disposition des internautes des morceaux qu'il apprécie, voire même depuis peu organise des concerts à emporter170. Un site extrêmement populaire que l'on se doit d'évoquer, c'est le site MySpace171 qui permet à tout un chacun de faire écouter ses compositions. On y trouve tout et n'importe quoi mais des artistes tels les jeunes Arctic Monkeys172 ou Lily Allen173 ont réussi à démontrer leur talent à travers ce site174. Les voies alternatives se font donc de plus en plus nombreuses. 3. Un monde fragile Ce n'est un secret pour personne, le monde de ce début de siècle est extrêmement difficile. Depuis le 11 Septembre 2001, les Etats-Unis et plus généralement l'Occident savent que la sécurité absolue n'existe pas. Ajouté à cela, une partie grandissante de la population mondiale apprend à travers des documentaires comme Fahrenheit 911175 de Micheal Moore ou bien Le Monde selon Bush176 de William Karel, les coulisses peu glorieuses de la présidence américaine. Cela éclaire l'homme le plus puissant de la Terre sous un nouveau jour et attise les tensions envers le gouvernement américain que ce soit dans le pays même ou bien à un niveau international. Le président, quant à lui continue à mener ses guerres: après l'Afghanistan et l'Irak, l'Iran est en point de mire177. Cela contribue à ces tensions, 169La Blogothèque: Mp3blogs, la révolution avec des cadeaux 170La Blogothèque: concerts à emporter 171MySpace France 172Arctic Monkeys 173Lily Allen 174Lily Allen, une brune qui ne compte pas pour des prunes L'internaute 11/07/2006 175Fahrenheit 9/11 - Micheal Moore 176Le monde selon Bush - William Karel 177Bush met l’Iran et El-Qaïda au même niveau de menace Le jeune indépendant 7/09/2006 samedi 9 septembre 2006 Page 60 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 tout comme sa vision binaire du monde avec son célèbre «Axe du Mal». D'une part les communautés musulmanes se sentent insultées et d'autre part un certain nombre d'Américains ont honte de leur Président. Le 11 septembre 2001 a changé la face du monde et donc aussi celui de la musique. On l'a vu plus haut, de nombreux artistes se sont soulevés en 2002 pour inciter à voter contre Bush. Ils sont bien trop nombreux pour être tous cités. On retiendra le retour de Neil Young178 avec son album Living with War. D'ailleurs, et ce n'est certainement pas anodin, on observe le retour d'artistes ou la reformation de groupes. Les Who se sont reformés il y peu, les Stooges ont suivis le même chemin en 2002 (Leur prochain album sera produit par Jack White des White Stripes!), tout comme les New York Dolls... On peut interpreter cela comme le signe d'une certaine émulation dans le monde du rock. On peut aussi supposer que des musiques radicalement différentes venant de pays du Sud vont apparaître puisque les possibilités de diffusion sont maintenant plus nombreuses. Les inégalités que ces pays subissent vont forcement arriver à nos oreilles aussi par la musique. On en sent les prémices: lors du Live 8179, un des nombreux reproches qui ont été faits à Bob Gedolf, le créateur de l'évenement, c'est la très faible présence de musiciens africains alors que ce sont les premiers concernés180. Après un demi-siècle d'existence, on sent que le rock peut encore se montrer corrosif. L'arrivée massive de nouveaux artistes qui donne un coup de fouet à la scène rock ajouté à la fin du support physique permettant la multiplication des moyens de diffusion, tout cela dans un contexte mondial difficile émaillé de guerres, laisse supposer que le rock engagé existant peut prendre de l'ampleur. 178LIVING WITH WAR TODAY 179Live 8, il y a un an || Radio-Canada.ca 180Le Monde.fr : Les forces vives des voix d'"Africa Calling" samedi 9 septembre 2006 Page 61 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Conclusion Après avoir étudié les différentes formes du rock et les phénomènes contestataires qui leur sont associées, il nous faut conclure. On peut déjà affirmer que les revendications sociales et politiques font partie intégrante de cette musique. En outre, le rock reflète l'état d'esprit d'une grande partie de la jeunesse occidendale depuis les années 50. On a vu qu'il était intimement lié à l'évolution du monde. Par exemple, Elvis se faisant l'icône de la jeunesse étouffée de l'aprèsguerre ou le punk explosant au moment de la crise économique mondiale de 1975. Depuis les années 90, la diversification de la musique se fait conjointement à la mondialisation: le rock ne peut que réagir à ce nouvel ordre mondial où les injustices sont reines. Depuis plus de 50 ans, le rock a connu des périodes fastes et des périodes creuses, mais il a toujours réussi à se renouveler dans la joie ou dans la rage. Les idéaux qu'il véhicule, notamment hippie ou punk, sont toujours d'actualité. Aujourd'hui le rock est encore très présent dans la culture mondiale. On peut émettre une réserve quand à sa faculté à éveiller les consciences aujourd'hui, mais avoir de l'espoir qu'il le fasse demain... samedi 9 septembre 2006 Page 62 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Bibliographie Pour la bibliographie, j'ai tâché de choisir des ouvrages complémentaires afin de ne négliger aucune facette du phénomène. C'est pour ca que l'on peut retrouver autant des ouvrages bibliographiques, des articles de la presse que des films ou documentaires. Chacun abordant le problème sous un angle différent. samedi 9 septembre 2006 Page 63 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Sur la route Titre Type d'oeuvre Livre (Editions Folio Poche) Auteur Jack Kerouac Année 1957 Résumé Le livre-clé de la beat generation. Les aventures de Sal Paradise (Jack Kerouac) et Dean Moriatry (Neal Cassady) de part et d'autre des Etats-Unis. Une épopée folle sur l'amitié, les rencontres, la debrouille, la joie de vivre et la liberté. Le peuple du blues Titre Type d'oeuvre Livre (Editions Folio Poche) Auteur LeRoi Jones Année 1963 Résumé Cet ouvrage met en avant le combat des anciens esclaves venus d'Afrique pour devenir des Afros-Américains et ceci vu sous l'angle de leurs musiques (blues, jazz et toutes leurs variations). samedi 9 septembre 2006 Page 64 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre La Fureur de Vivre (Rebel without a Cause) Type d'oeuvre Film Auteur Nicholas Ray Année 1956 Résumé Film emblématique d'une époque, la Fureur de Vivre montre une bande de jeunes qui pour fuir leur ennui et leur vie toute tracée s'adonner à des jeux dangereux. Grâce à ce film, James Dean devient instantanement une icône rock. Titre Dig! Type d'oeuvre Film Documentaire Auteur Ondi Timoner Année 2005 Résumé Ce documentaire est une plongée en apnée de 7 ans dans l'univers de deux groupes de rock qui se detestent autant qu'ils s'admirent: les Dandy Warhols et le Brian Jonestown Massacre. Quand les premiers se plient aux contraintes du marché pour atteindre le succès, les seconds se sabordent pour ne pas perdre leur indépendance bien que bourrés de talent. L'un des documentaires les plus marquants sur le rock. samedi 9 septembre 2006 Page 65 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre L'odyssée du Rock Type d'oeuvre Livre (Editions Hors Collection) Auteur Florent Mazzoleni Année 2005 Résumé Ce livre a pour ambition de revenir sur 50 ans de rock en n'omettant personne. On passe donc en revue les plus grandes figures du rock ( Elvis, les Beatles...) ainsi que des artistes moins connus mais tout aussi importants. Titre L'Art du Rock Type d'oeuvre Livre graphique(Editions du Panama) Auteurs Paul Grushkin & Dennis King Année 2005 Résumé Cet ouvrage présente des affiches de l'époque du punk à maintenant. On y retrouve toute l'inventivité de créateurs qui cherchent à coller au mieux à la musique qu'ils représentent. samedi 9 septembre 2006 Page 66 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre Lipstick Traces: Une histoire secrète du vingtième siècle Type d'oeuvre Livre Auteur Greil Marcus (Editions Gallimard) Année 2000 Résumé Ce livre a pour ambition de faire comprendre la culture populaire d'aujourd'hui en plongeant dans ses racines. Pour cela, l'auteur nous entraine dans les idéaux qui caractérisent le mouvement punk, c'est-à-dire le refus du capitalisme, l'idée que chaque chose a un prix. Titre Open Letter to Pink Floyd's Roger Waters (Lien) Type d'oeuvre Lettre ouverte Auteur Des artistes palestiniens Année 2006 Résumé Ceci est un exemple récent de réutilisation d'une chanson pour une cause qui n'était pas celle de départ. Déja reprise, notamment au moment de la chute du mur de Berlin, elle est içi réutilisée par la comunautée palestinienne pour denoncer le mur qui entoure la Cisjordanie. Waters devait interpreter cette chanson à Tel Aviv, mais il a annulé suite à cette lettre, preferant un village judéo-arabe, pour symboliser la coexistence possible des deux peuples. samedi 9 septembre 2006 Page 67 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 On the Road Again Titre Type d'oeuvre Article et interview(La Blogotheque) Auteur Laurent Rigoulet Année 2006 Résumé Cet article parle de ces nouveaux artistes folk contestataires américains. Ils sillonent le pays qui a bien changé depuis l'époque de Kerouac, Guthrie ou Dylan. On y retrouve une interview de l'un d'eux: Sufjan Stevens, qui s'est lancé comme défi de faire un album par Etat. Titre Rock and Roll club dans Rock & folk numéro 424 (décembre 2002) p82 Type d'oeuvre Débat Auteur Philippe Manoeuvre, Patrick Eudeline, Jenn-Vic Chapus, Vincent Hannon, Vincent Tannières. Année 2002 Résumé Un débat entre les experts de Rock and Folk sur le retour du rock and roll. samedi 9 septembre 2006 Page 68 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Fiches de lecture samedi 9 septembre 2006 Page 69 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre: Howl et autres poèmes Auteur: Allen Ginsberg Editeur: Editions Bourgois Année de parution: 1956 (Première édition) Présentation de l'auteur: Allen Ginsberg est l'un des trois membres fondateurs de la "beat generation" (génération foutue), les deux autres étant William Burroughs avec Le Festin Nu (1959) et Jack Kerouac avec Sur la Route (1957). La "beat generation" est ce mouvement littéraire, qui transforma la société américaine. Ginsberg l'a reconnu, le festival de Woodstock et les idéaux pacifistes et libres qu'il prône est l'un des émules de ce mouvement. C'est lorsque, en 1955, Ginsberg déclama à San Fransisco la première partie de ce poème que le mouvement beat prit son essor. Le procès qui s'ensuivit fit grand bruit, lui donnant des ailes. Ginsberg, contrairement à Kerouac, ne dénigra pas son rôle de "prophète". Présentation de l'ouvrage: Le poème se compose de trois parties bien distinctes, écrites à différents moments. Les thèmes abordés changent dans chaque partie. La méthode d'écriture est très particulière, Ginsberg cherchant à laisser avancer son esprit sans lui imposer de limite. La première partie peut être vue comme une vision de fin du monde inéluctable ou presque, les drogues et alcools pouvant apporter un style de vie alternatif. La seconde partie est plus une dénonciation de la société actuelle basée sur le materialisme et le conformisme. De plus, il dénonce la politique guerriere des Etats Unis à l'epoque en pleine guerre froide. Il y nomme le Mal Moloch. La dernière partie, quant à elle, est un éloge à l'amitié, elle est d'ailleurs dédié à son ami poète Carl Solomon. Dans ce poème, Ginsberg se fait donc le défenseur des opprimés et dénonce cette société malade guidée par des politiques aveugles, tout en proposant une société beaucoup plus libre. samedi 9 septembre 2006 Page 70 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre: Rock et politique Auteur: Anne Benetollo Editeur: Editions L'Harmattan, Collection Logiques Sociales Année de parution: 1999 Présentation de l'auteur: Anne Benetollo est docteur en Histoire spécialisée dans la musique rock. Auteur de diverses publications, elle a collaboré avec le Laboratoire de Recherche sur les Arts du Spectacle du CNRS. Présentation de l'ouvrage: Le point de départ de ce livre est la création, par des femmes de politiciens américains, du Parents' Music Resource Center, une organisation qui s'insurge face à certains rockeurs et qui impose des restrictions comme le Parental Advisory. Le Parental Advisory est cet avertissement que l'on peut trouver sur certaines pochettes de CD et qui met en garde les parents contre des paroles trop aggresssives ou autres. C'est une forme de censure et cela a été ressenti comme tel par de nombreux artistes. Cela n'a pas empeché son application. A partir de ce fait, Anne Benetollo s'interroge sur le pourquoi de la censure et de l'utilisation des principes religieux par ces "Washington Wives", comme elles sont surnommées. Elles permettent aussi de déreponsabiliser les politiques. Il est plus simple pour elles d'affirmer que l'écoute de certains groupes comme Marilyn Manson incite aux actes les plus violents. Outre cela, Anne Benetello s'interesse aussi à des artistes qui s'engagent ouvertement face à certaines politiques (Frank Zappa, Bruce Springsteen entre autres) . Elle aborde aussi le sujet de la récupération politique de la musique par les politiciens afin de rajeunir leur éléctorat. Très bien documenté, cet ouvrage permet de se faire une bonne idée sur les différentes relations qui existent entre la politique et le rock. Malheureusement, on se rend compte que les idées sont bien plus tolérantes et lucides dans les chansons des artistes que dans les programmes des politiciens. samedi 9 septembre 2006 Page 71 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Titre: Please Kill Me Auteur: Legs Mc Neil, Gillian Mc Cain Editeur: Editions Allia Année de parution: 1996 pour la version anglaise, 2006 pour la version française Présentation des auteurs: Ce livre a été écrit par Legs Mc Neil, qui est co-fondateur du magazine Punk et Gillian Mac Cain. Présentation de l'ouvrage: Cet ouvrage regroupe des centaines d'heures d'entretiens avec les plus grands noms de la scène punk anglo-saxonne. Le punk qui a connu ses heures de gloire à la fin des années 70, est le mouvement contestataire par excellence. Ce livre permet de comprendre de l'interieur ce qui a fait son succès. On y apprend aussi le véritable esprit punk et son cheminement entre les Etats-Unis et l'Europe. A travers ces 600 pages, on y croise Iggy Pop, Patti Smith, le MC5, les Sex Pistols, le Velvet Underground ainsi que beaucoup d'autres qui n'ont même que participé de loin à cette histoire (groupies, managers...). L'enchainement assez anarchique des interviews aboutit parfois à des contradictions, mais cela rend le ton encore plus juste. Les anecotes drôles, pathétiques ou complétement folles se suivent retracant cette formidable épopée parfaitement en accord avec l'hymne sex, drugs & rock'n'roll. samedi 9 septembre 2006 Page 72 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Grille d'analyse Le corpus a été élaboré en essayant de respecter certaines règles. J'ai voulu donner un bon apercu global de l'histoire du rock, en essayant de n'occulter aucun mouvement important en ce qui concerne le sujet. Il est possible que certaines choses ait été oubliées, mais il est de toute façon inconcevable d'avoir une vision complète du phénomène. J'ai volontairement occulté la musique hardrock car d'une part c'est une musique assez difficile à cerner et d'autre part qu'elle touche un public plus restreint à partir des année 80. Deuxièmement, j'ai cherché à choisir des chansons emblématiques de la contestation sociale et politique, tant par leur texte que par leur musique, ceci en les replacant dans leur contexte. Par exemple, une chanson d'Elvis ne choquait plus à partir des années 60, mais lors de sa sortie dans les années 50, elle était considérée comme intolérable. On peut s'étonner de retrouver içi uniquement des artistes connus, mais j'ai pris cette décision car je considère que la contestation ne peut trouver un écho important seulement si elle est soutenue par un public suffisamment nombreux. samedi 9 septembre 2006 Page 73 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson This Land is Your Land Auteur Woody Guthrie Ecrit par Woody Guthrie Année Contexte 1940 En pleine seconde guerre mondiale. Etude textuelle Durant toute la chanson, Woody Guthrie décrit l'Amérique qu'il aime et qu'il connait puisque c'est un grand voyageur. Il parle des différents paysages qu'il rencontre: « From the redwood forest, to the gulf stream waters » ( De la foret de sequoia, aux eaux du gulf stream ), « To the sparkling sands of her diamond deserts » ( Jusqu'aux sables etincelants de ses déserts de diamant ). On sent un réel emrveillement face à ce pays. Mais le vers qui est répété à chaque fin de couplet, c'est « This land is made for you and me ». (Ce pays est fait pour toi et moi). Selon lui, l'Amérique est à chaque personne qui souhaite y vivre. Il va à l'encontre des pensées de l'époque et la sacro-saint concept de propriété privée: « As I was walkin' - I saw a sign there/ And that sign said - no tress passin' /But on the other side .... it didn't say nothin! /Now that side was made for you and me!» (Quand je marchais, j'ai vu un panneau/ et ce panneau disait Propriété privée / Mais de l'autre côté ...il ne disait rien / Maintenant ce côté est fait pour toi et moi ») Etude musicale Au niveau musical, la voix nasillarde de Guthrie est prédominante, la guitare accompagnant discrètement derrière. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 74 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson That's All Right Mama Auteur Elvis (8 Janvier 1935– 16 Aout 1977 ) est un chanteur et acteur américain mondialement connu. On l'appelle aussi The King. Pour son premier succès, il est accompagné de Scotty Moore à la guitare et de Bill Black à la contrebasse. http://fr.wikipedia.org/wiki/Elvis Ecrit par Année Arthur Crudup 1954 Contexte Etats-Unis: Sortie de la deuxième guerre mondiale et debut de la guerre froide. Les Etats-Unis ont gagné en puissance militaire, économique et culturelle. L'anticommunisme bat son plein jusqu'en 1955. Le puritanisme est de rigueur dans la société américaine. Elvis se produit surtout dans le Sud au début où les esprits sont encore plus conservateurs. Etude textuelle Ce texte est caractéristique de l'époque en cela que le narrateur rassure sa mère dans les deux premiers couplets. Dans le deuxième, il donne plus de détails. La fille qu'il fréquente ne plait pas a ses parents:"'Son, that gal your foolin' with, / She ain't no good for you'" (Fils, la fille que tu fréquentes / Elle n'est pas faite pour toi). Le dernier couplet est une annonce à cette fameuse fille de son départ: " I'm leaving town, baby " (Je quitte la ville,bébé). Etude musicale C'est une morceau de blues (donc une musique noire américaine) chanté par un blanc. Elvis y apporte sa culture, sa touche personnelle et sa fougue. Sa voix profonde et juste est superbement mise en valeur par le jeu sautillant et débridé de Moore et Black. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 75 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Great Balls of Fire Auteur Jerry Lee Lewis (29 septembre 1935 - ) est un chanteur et pianiste américain de rock'n'roll et de rockabilly. Surnommé The Killer pour son énergie incroyable qu'il déploie lors de ses interprétations. Ecrit par Année Contexte Otis Blackwell 1957 Comme Elvis Etude textuelle Ce morceau exprime les sentiments d'un jeune homme fou amoureux. Le premier couplet montre bien cela: "Too much love drives a man insane" (Trop d'amour rend un homme dingue). Chaque couplet se termine par la phrase " Goodness gracious great balls of fire " qui est la métaphore du feu intérieur, mais qui dérive d'une expression sudiste blasphématoire. Dans le refrain, on peut remarquer des allusions plus appuyées comme " I want to love you like a lover should " (Je veux t'aimer commme tu le mérites) . Etude musicale On remarque que la virtuosité de Lewis au piano n'est pas une légende dès les premières notes. Le premier refrain où il joue et chante de sa voix enthousiaste, commence très rapidement. Le rythme frénétique et les cris aigus agrémentant le texte ne retomberont pas avant la dernière note. Il est rejoint pas le reste du groupe (guitare et batterie) au début du deuxième couplet. Jerry Lee Lewis se lance dans de longues parties en solo. A la fin, il défie même la guitare chacun faisant son solo puis il se répondent ensuite du tac au tac, avant la phrase finale. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 76 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson I wanna be your man Auteur The Rolling Stones: – Mick Jagger (voix) – Keith Richards (guitare, voix) – Brian Jones (guitare, voix, harmonica) – Charlie Watts (batterie) – Bill Wyman (basse) Groupe de rock britannique créé dans les années 60 s'inspirant du blues. Eternels rivaux des Beatles. Ecrit par Année Paul McCartney et John Lennon 1963 Contexte Grande-Bretagne: Difficulté à rentrer dans l'Europe à cause de la France. Les années 60 ont marqué des avancées sociales mais cela ne suffit pas et créée un climat de peur et de rejet. Le pays est vulnérable économiquement. Etude textuelle C'est une autre chanson sur une histoire d'amour. On a içi des repetitions sur un ton provoquant de la phrase "I wanna be your man" alterné avec "I wanna be your lover, baby". Mick Jager s'adresse directement à son public (féminin) surtout grâce à ces phrases: "Tell me that you love me, baby /Tell me you understand ". Etude musicale Les Stones n'utilise pas le trémolo comme sur la version des Beatles qui sera diffusée plus tard. Leur interprétation sonne plus bluesy, notamment grâce aux riffs de guitare de Brian Jones. La voix de Mick Jagger est appuyée par moment par les autres membres du groupe. Globalement, cette chanson sonne assez « sale », et c'est évidemment l'effet recherché. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 77 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Times They Are A-Changin Auteur Bob Dylan ( 29 mai 1941 - ) est un chanteur compositeur américain influencé par Woody Guthrie. Il a traversé de nombreuses périodes, se réinventant à chaque fois. Ecrit par Année Bob Dylan 1964 Contexte Etats-Unis: Un an après l'assassinat du président Kennedy qui créa un choc à l'échelle du pays. Des mouvements de contestations commencent à émerger un peu partout. Cette année-la, le pasteur Martin Luther King, défenseurs des droits des Noirs reçoit le prix Nobel de la paix. Les mentalités évoluent... Etude textuelle Uniquement des couplets qui s'addressent chacun à des personnes différentes. Chaque couplet se termine par "For the times they are a-changin'" Premier couplet s'addressant à tout le monde: il fait une métaphore avec la montée des eaux, incitant les gens à nager pour s'en sortir. Cela crée un sentiment d'urgence. Le second couplet vise les critiques, il les accuse de ne pas avoir assez de recul sur ceux qu'ils critiquent parce que les perdants d'aujourd'hui seront les gagnants de demain (" For the loser now / Will be later to win") Le troisième est destiné aux hommes politiques, il les prévient qu'une révolution est en marche et qu'ils ne pourront pas longtemps rester à l'abri. Le quatrième est une annonce faite aux parents. Il leur dit de ne pas renier leur enfants, que ceux-ci avancent sur une nouvelle voie et qu'ils doivent les soutenir. Le dernier couplet est une conclusion: selon lui, cette révolution est proche et renversera l'ordre établi. Etude musicale Dylan est seul avec sa guitare et son harmonica. Sa voix nasillarde donne ici quelque chose se rapprochant d'une messe, renforçant la puissance de ses textes. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 78 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson My Generation Auteur The Who – Roger Daltrey (voix) – Pete Townshend (guitare) – John Entwistle (basse) – Keith Moon (batterie) Groupe britannique de rock'n'roll né en 1964. Ils ont symbolisés le mouvement mods qui s'opposait aux rockers classiques. Ecrit par Année Contexte Pete Townshend 1965 Comme les Rolling Stones. Etude textuelle Chaque phrase de chaque couplet est ponctuée par des choeurs ("talkin' bout my generation"). La phrase la plus emblématique est " I hope I die before I get old " (J'espère mourir avant d'être vieux). Tout au long du texte, Roger Daltrey décrit sa génération (celle des "mods"), en montrant le rejet qu'elle inspire à la génération précédente. Etude musicale On a ici un rythme rapide, nerveux et agressif comme dans la plupart des morceaux punks. On a une syncope à chaque fin de phrase avec le bégaiement de Daltrey inspiré par John Lee Hooker et son Stuttering Blues. De plus, John Entwistle nous gratifie d'un des premiers solos de basse du rock. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 79 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson When The Music's Over Auteur The Doors: – Jim Morrison (voix) – Ray Manzarek (claviers) – Robby Krieger (guitare) – Jon Densmore (batterie) Groupe américain de rock'n'roll fondé en 1965 laissant une grande place à la poésie et aux parties instrumentales. Ecrit par Année Jim Morrison 1967 Contexte Etats-Unis: La guerre du Vietnam commence à choquer l'opinion à partir de 1965 lorsque le président Johnson envoie massivement des troupes. Etude textuelle Le texte de cette chanson adopte un ton assez apocalyptique: "When the music's over / Turn out the Light"(Quand la musique s'arrête / Eteignez les lumières) . Elle est parcourue de visions étranges: " I want to hear /The scream of the butterfly ". (Je veux entendre le cri du papillon). Mais on a aussi des phrases ancrées dans la réalité: "What have they done to the earth? " (Qu'ont-ils fait à la terre?"). Le groupe exulte sur la phrase "We wan't the world and we want it...Now.. Now? NOW!" (Nous voulons le monde et nous le voulons...maintenant...maintenant? MAINTENANT!). Ceci est un cri de revolte face au puritanisme américain. Etude musicale L'ambiance de cette chanson est très spatiale. Cela est sans doute dût à sa longueur (presque 11 minutes). S'ajoute à cela la voix quasi chamanique de Jim Morrison. L'orgue de Ray Manzarek participe aussi beaucoup à cette ambiance particulière, tout comme les changements de rythme de tous les instruments. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 80 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Heroin Auteur The Velvet Underground : – Lou Reed (voix, guitare, piano, harmonica) – John Cale (basse, violon, claviers, voix) – Sterling Morrison (guitare, basse, choeurs) – Maureen Tucker (percussions) Groupe de rock américain originaire de New-York formé en 1965, précurseur du rock indépendant. Ecrit par Année Lou Reed 1967 Contexte Comme The Doors. On peut juste ajouter que New York était et est encore un endroit à part comparé au reste des Etats-Unis: les mentalités y sont plus tolérantes. Etude textuelle Ce morceau retranscrit les émotions que peut avoir un heroinomane. Cela commence par la phrase: " When I put a spike into my vein / And I'll tell ya, things aren't quite the same [..] And I feel just like Jesus' son" (Quand je me plante une aiguille dans la veine / les choses ne sont plus les mêmes [...] Et je me sens comme le fils de Jesus". Dans le même ordre d'idée, le refrain contient cette phrase: "And I guess I just don't know " (Et je devine ce que ne savais pas). On voit bien içi qu'un drogué à la sensation d'être superieur. Lou Reed raconte certains délires comme ce bateau qui quitte cette ville emplie de démons et où l'homme n'est pas libre. Il montre aussi l'attachement du junkie à sa drogue par ces mots: "Heroin, it's my wife and it's my life" (L'héroine, c'est ma femme et c'est ma vie). Cette chanson est donc une ode à la drogue dure. Etude musicale Le Velvet à un style bien à lui et il en fait preuve dans cet album en posant les bases du rock indépendant. Ce long morceau (7m11) est un trip marqué par les accélérations des battements du coeur (la batterie) et du flux sanguin (le violon). Ils s'accélèrent dangereusement dans les dernières minutes atteignant finalement le zénith du voyage halluciné. La voix exténuée de Lou Reed suit des variations identiques, sublimant la musique. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 81 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Ecrit par Année Contexte Punk Flower Frank Zappa and the Mothers of Invention – Frank Zappa: voix, guitare, claviers – Dick Barber: voix – Jimmy Carl Black: percussions, trompette, batterie, voix – Roy Estrada: basse, voix – ... Frank Zappa 1968 En pleine effervescence hippie Etude textuelle Ce texte commence par une série de questions plus ou moins farfelues posées à un «punk» (un hippie en fait) et les réponses de ce «punk». La première «Hey Punk, where you goin' with that flower in your hand? »(Hé Punk, ou vas tu avec cette fleur dans les cheveux) indique clairement la cible. La chanson des Mamas and Papas et tous les hippies sont tournés en dérision. La réponse « I'm goin' up to Frisco to join a psychedelic band. » (Je monte à Frisco pour rejoindre un groupe psychédélique) est attendue. Les questions se suivent toujours sur le même sujet: « Hey Punk, where you goin' with that hair on your head? » (Hé Punk, ou vas tu avec ces cheveux sur la tête) est déjà plus étrange, tout comme la réponse: « I'm goin' to the dance to get some action, then I'm goin' home to bed. » (Je vais aller danser pour avoir un peu d'action, puis je vais rentrer me coucher). La dernière reponse est la plus bizarre: «I'm goin' to the shrink so he can help me be a nervous wreck » (Je vais voir le psy pour qu'il m'aide à être à bout). Suite à cela, on une suite de courtes phrases sans queue ni tête puis un discours sur le monde de la musique. On suppose que ce discours est tenu par un jeune rocker qui découvre l'engouement suscité par cette musique et qui tient un discours un peu limité : «Hello Darling!» Une facon de montrer l'absence de fond du mouvement hippie. Etude musicale Cette chanson est, comme le reste de l'album, experimental au niveau des sonorités. Les voix sont distordues et s'entremelent. Les parties parlées sont entrecoupées de parasites. C'est une musique tout sauf sérieuse. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 82 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Ecrit par Année Contexte L'hymne américain (The Star-Spangled Banner ) Jimi Hendrix ( 27 Novembre 1942 – 18 Septembre 1970) est un chanteur compositeur guitariste américain. Considéré comme le meilleur guitariste de l'histoire du rock, il ne cessait d'expérimenter pour trouver des sons toujours plus intéressants. Ses influences étaient le blues, le jazz, le funk, entre autres. Francis Scott Key 1969 Etats-Unis: Le mouvement hippie et la contre-culture atteint son point culminant au festival de Woodstock la même année que l'élection du président Nixon. Une partie des américains ne voient là que des jeunes gens drogués faisant la fête mais occultent leur vision d'une société utopique. Malgré cela, on peut dire que cet événement a marqué un changement dans la culture américaine, voire mondiale. Etude textuelle Cette version de l'hymne américain est totalement instrumentale. Etude musicale Jimi Hendrix, lors de sa célèbre prestation au festival de Woodstock, a entamé l'hymne américain à la guitare avec la génie qu'on lui connaît. A partir d'une partition connue de tous, il se lance dans une improvisation de plusieurs minutes. Sa guitare produit des sons violents proches des explosions de bombes ou des tirs d'artillerie. On peut y entendre le chaos et la folie de la guerre. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 83 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Ecrit par Année I wanna be your dog The Stooges: – James Osterberg alias Iggy Pop (voix) – Ron Asheton (guitare) – Scott Asheton (batterie) – Dave Alexander (basse) Groupe de rock américain précurseur du mouvement punk. The Stooges 1969 Contexte Etats-Unis: Nous sommes à l'aube d'une crise économique majeure faisant vaciller les Etats-Unis et entraînant dans son sillage le monde entier. Le mouvement hippie touche à sa fin. Etude textuelle Cette chanson a une forte connotation sexuelle. Outre le titre repris maintes fois, la phrase " And now Im ready to feel your hand / And lose my heart on the burning sands " (Et maintenant je suis pret à sentir ta main et à perdre mon coeur sur les sables brûlants) est très claire sur ce point. Etude musicale La voix précise mais pourtant agressive d'Iggy pop est accompagnée de la guitare totalement saturée de Ron Asheton qui torture dans tous les sens ses trois accords. Le batteur Scott Asheton quant à lui martèle un tempo implacable suivi de près par la basse d'Alexander. Ce son torturé et malsain marquera toute une génération, plus particulièrement les punks des années suivantes. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 84 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Kick out the jams (Motherfuckers) MC5 – Rob Tyner: voix – Fred Smith: guitare – Wayne Kramer: guitare – Dennis Thompson: batterie – Micheal Davis: Basse Ecrit par MC5 Année 1969 Contexte Idem Stooges Etude textuelle Il existe une version censurée de cette chanson: elle n'a plus le motherfuckers à la fin du titre jugé trop outrancier par Elektra. Les paroles montrent une fureur pour faire bouger le public (qui a été interpreté par la suite comme une volonté de faire bouger les institutions). Les paroles ne sont pas ici l'élément primordial. Etude musicale Tout l'album est enregistré en live, on a donc un son dur soutenu par les acclamations du public. Les riffs de guitares sont puissants et dégagent une réelle folie. Le solo de guitare est aussi impressionnant. La batterie martèle un tempo infernal et la voix à bout de souffle de Rob Tyner est presque happée par le son. On a là un petit apercu des capacités live du groupe et c'est déjà énorme. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 85 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson School's Out Auteur Alice Cooper: – Vincent Damon Furnier alias Alice Cooper (voix) – Glen Buxton (guitare) – Michael Bruce (guitare rythmique) – Dennis Dunaway (basse) – Neal Smith (batterie) Groupe de hard rock britannique appartenant à la mouvance glam-rock et l'un des pionniers du hard-rock théâtral. Ecrit par Année Contexte Alice Cooper 1972 Grande-Bretagne Etude textuelle Ce texte a été écrit en pensant aux derniers trois minutes d'école avant les vacances d'été. Mais au dela de ça, Cooper parle de la fin définitive de l'école: "School's out for Summer / School's out for ever / School's be blown to pieces" (L'école est fermée pour l'été / L'école est fermée pour toujours / L'école va finir en miettes). Cela renie clairement le système scolaire britannique. Etude musicale C'est typiquement le style de hard rock grand spectacle qui va déferler durant la décennie. La voix théâtrale de Cooper laisse souvent la place aux guitares énervées de Buxton et Bruce. Cooper est accompagné sur la fin par un chorale d'enfants avant la délivrance, la sonnerie de fin des cours. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 86 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Imagine Auteur John Lennon ( 9 Octobre 1940 – 8 Décembre 1980) était un compositeur chanteur musicien de pop mondialement connu ayant fait partie des Beatles avant de faire une carrière solo orienté par des valeurs telles que la tolérence, la paix et l'amour. Ecrit par Année John Lennon 1975 Contexte Grande-Bretagne: Le désastre de la guerre du Vietnam a une résonance mondiale. Etude textuelle Cette chanson est une utopie. Elle s'oppose aux idées de la religion : "Imagine there's no heaven [...] Imagine all the people / Living for today..." (Imagines qu'il n'y ait pas de paradis [...] Imagine tous ces gens / Vivant au jour le jour), et surtout de la guerre: " Imagine there's no countries / It isn't hard to do / Nothing to kill or die for " (Imagines qu'il n'y ait pas de pays / Ce n'est pas dur à faire / Personne à tuer ou à défendre). Il s'oppose aussi au système capitaliste et prône la fraternité entre les Hommes de tous les horizons. Dans son refrain, il affirme ne pas être le seul à penser ainsi. Etude musicale C'est une mélodie très douce, apaisante comme certaines chansons des Beatles. La voix de Lennon s'accorde parfaitement en étant calme de bout en bout. L'instrument principal est un piano. Le violon rehaussant discrètement l'atmosphère tranquille qui se dégage du morceau. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 87 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson White Riot Auteur The Clash: – Joe Strummer (voix, guitare) – Mick Jones (voix, guitare) – Paul Simonon (basse) – Topper Headon (batterie) Groupe majeur de punk rock britannique incorporant des influences diverses (reggae, rockabilly, dance...) dans ses compositions tournant entre 1976 et 1986. Ecrit par Année Joe Strummer et Mick Jones 1977 Contexte Grande-Bretagne: La crise mondiale de 74 a durement touché la GrandeBretagne créant des déséquilibres entre les diverses couches de la société et laissant de nombreux britanniques sans emploi. Des mouvements contestataires commencent à se faire entendre. Etude textuelle Cette chanson s'adresse aux jeunes blancs (White riot: émeute blanche). Les Clash les incitent à se revolter comme ont pu le faire les noirs américains: " Black people gotta lot a problems / But they don't mind throwing a brick " (Les noirs ont eu beaucoup de problemes / Mais ils n'hésitaient pas à lancer des briques). L'autorité de quelques élites riches est visée: " All the power's in the hands / Of people rich enough to buy it " (Tout le pouvoir appartient / Aux gens assez riches pour l'acheter). La chanson finit par les mots les plus percutants: "Are you taking over / or are you taking orders? / Are you going backwards / Or are you going forwards? " (Tu prends la releve? / ou tu prends des ordres? / Tu reviens en arrière? / ou tu vas de l'avant?). Etude musicale Cette chanson comme la plupart des morceaux punks est un concentré d'énergie. Les guitares jouent sur un rythme endiablé: elles se répondent sur deux accords donnant un style très agressif à la chanson. Le refrain est repris en choeur et en cris par le groupe et globalement la voix de Joe Strummer se fait sarcastique. rIconographie samedi 9 septembre 2006 Page 88 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson God Save the Queen Auteur Sex Pistols: – Johnny Rotten (voix) – Steve Jones (guitare) – Paul Cook (batterie) – Sid Vicious (Basse) Groupe de punk rock britannique très influent qui a eu une courte existence (1975 – 1978) Ecrit par Année Contexte Sex Pistols 1977 Comme The Clash Etude textuelle Les Sex Pistols ont, avec cette chanson parodiant l'hymne national, lancé une charge contre la reine Elizabeth et plus généralement contre la monarchie. Dès la première phrase, l'image de la reine est associée au fascisme. La suite du couplet est dans un ton similaire: "They made you a moron / Potential Hbomb (Ils ont fait de toi un connard / Une Bombe H potentielle). Dans le couplet suivant, Elizabeth n'est même pas un être humain (" She ain't no human being "). C'est dans ce couplet, que l'on voit apparaître l'expression "No Future", reprises plusieures fois par la suite (surtout à la fin): "In england's dreaming / For You / For Me...". On peut aussi noter l'ironie dans la phrase "We love our Queen". Quelques phrases tournent en dérision la religion puis paradoxalement les Sex Pistols se présentent comme l'avenir ("We're the future, your future"). Etude musicale Comme pour les Clash, cette chanson est typique du style punk. La durée du morceau est plus importante, mais la nervosité dégagée est comparable. Après une introduction rapide où les célèbres accords sont posées, Johnny Rotten entame son chant avec une voix à la fois desinvolte et rageuse, insistant sur la plupart des fins de phrases. Cela est réhaussé par les riffs de Steve Jones. La batterie et la basse martelant un tempo sec et débridé. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 89 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Ecrit par Année Another Brick in The Wall (Part II) Pink Floyd: – Roger Waters (voix, basse) – Syd Barrett (voix, guitare) – Nick Mason (batterie, percussions) – Richard Wright (claviers, chant) Groupe de rock britannique expérimental créé en 1965 . Roger Waters 1979 Contexte Grande-Bretagne: Année de l'élection de Margaret Tatcher, leader du parti conservateur, au poste de Premier Ministre. Elle applique une politique ultalibérale et populiste jusqu'en 1990. Etude textuelle Cette chanson tout comme celle d'Alice Cooper est un pamphlet contre le système scolaire britannique, notamment les internats. Le seul couplet décrit l'attitude intolérable des professeurs. Le refrain a une place importante, il est répété deux fois ensuite. Il tient en ces quelques phrases: "We dont need no education./ We dont need no thought control. / No dark sarcasm in the classroom. / Teacher, leave those kids alone. / All in all its just another brick in the wall.(x2)" (Nous n'avons pas besoin d'éducation / Nous n'avons pas besoin d'un contrôle des pensées / Pas de sarcasmes noirs dans les salles de classe. / Professeur, laissez ces gosses tranquilles (x2) / Au final, c'est juste une brique de plus dans le mur). Le contrôle des pensées s'inspire de George Orwell et de son roman 1984. On voit bien un rejet total du système, comparé à un mur froid et massif. Etude musicale Ce morceau commence et se termine par des bruitages ( hélicoptères , cris dans un mégaphone puis les ordres d'un père). Il possède des arrangements sophistiqués, en comparaison de morceaux de punk par exemple. L'éléctronique est beaucoup plus présente à travers l'utilisation du synthétiseur et donne une atmosphère hors du temps. On remarque aussi que les choeurs lors de la répétition du refrain ont été artificiellement multipliés par la technique de l'overdubbing. La basse est omniprésente, même durant la longue partie de guitare finale. La batterie est plus discrète mais monte en puissance lorsqu'il le faut. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 90 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson La Marseillaise Auteur Serge Gainsbourg (2 Avril1928 – 2 Mars 1991) est un auteur compositeur interprète et chanteur français, prolifique et touche-à-tout. Il a influencé de nombreux artistes et ses provocations restent gravées dans les mémoires. Ecrit par Année Rouget De Lisle 1979 Contexte France: La crise a aussi touché la France en 1975: on appelle cette periode la fin des Trentes Glorieuses. Valery Giscard D'Estaing est au pouvoir depuis 5 ans et sa popularité baisse vis à vis des idées de gauche. Etude textuelle C'est une petite partie de la version écrite par Rouget de Lisle. C'est donc un chant patriotique et militaire. Mais, c'est dans l'interprétation que tout diffère. Etude musicale Pour ce morceau et l'album dont il est extrait, Gainsbourg s'entoure de musiciens renommés dans le monde du reggae: les choristes de Bob Marley – les I Three – , Sly Dunbar (batteur) et Robbie Shakespeare (basse). On a donc un morceau purement reggae à partir d'un texte ancré dans la culture française. La rythmique tout en rondeur et circonvolutions accompagne superbement la voix grave et légèrement desinvolte de Gainsbourg. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 91 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Auteur Ecrit par Année Sunday Bloody Sunday U2: – Paul David Hewson alias Bono (voix) – David Howell Evans alias The Edge (guitare) – Adam Clayton (basse) – Larry Mullen Junior (batterie) Groupe de rock irlandais engagé formé en 1977. U2 1983 Contexte Irlande: L'Irlande connait depuis ce « Bloody Sunday », des actes violents perpetrés par l'I.R.A qui veut l'indépendance par rapport à l'Angleterre. Etude textuelle Ce morceau est a pour sujet les meurtres de 14 manifestants par des parachutistes le dimanche 30 Janvier 1972. Le point de vue adopté est celui d'un civil découvrant la nouvelle. Le premier couplet montre son atterement lorsque il ouvre le journal: "I can't believe the news today" (Je ne peux pas croire les nouvelles ce matin). Les deux couplets suivants décrivent le chaos et l'absurdité du conflit: " Bodies strewn across the dead end street " (Les corps éparpillés au milieu de l'impasse) ou bien " There's many lost, but tell me who has won " (Il y a beaucoup de pertes mais dit moi qui a gagné). On a plusieurs allusions au christianisme notamment dans cette phrase: " We eat and drink while tomorrow they die " (Nous mangeons et buvons pendant que demain ils mourront). Bono cite ensuite directement Jesus pour clamer sa victoire. Etude musicale Dès le debut, les percussions de la batterie s'approchent de celles des tambours utilisés dans l'armée lors des parades. Vient ensuite le violon éléctrique (de Steve Wickham) qui vient lancer sa lente complainte parfois entrecoupée de hoquetements. La guitare de The Edge lui répondant sèchement à chaque fois. Quant à Bono, il arrive grâce à sa qualité vocale à retranscrire tout le désespoir et la haine renfrognée du spectateur impuissant. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 92 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Born in the USA Auteur Bruce Springsteen (23 Octobre 1949 - ) est un chanteur et auteurcompositeur américain. On le surnomme le « Boss ». Ecrit par Année Bruce Springsteen 1983 Contexte Etats-Unis: Le républicain Ronald Reagan est au pouvoir, malgré une relative prospérité, le pays reste fragile. Etude textuelle Cette chanson malgré ou plutôt grâce à son patriotisme défend avec véhémence les vétérans du Vietnam. Les premières phrases décrivent l'existence de certains d'entre eux qui souffrent dès leur naissance avant que cela empire. Le couplet suivant s'interesse aux départs forcés de jeunes vers la guerre du Vietnam: " Sent me off to Vietnam / To go and kill the yellow man" (M'envoyer au Vietnam / Pour partir et tuer l'homme jaune). Les deux couplets suivants retranscrivent l'incompréhension au retour et les drames humains qui s'y sont produits: le compagnon de guerre du narrateur n'est jamais revenu et sa fille est maintenant orpheline. Ensuite, on voit que le veteran n'a plus sa place dans la société: "Nowhere to run, ain't got nowhere to go" (Nulle part où courir, pas d'endroit où aller). Etude musicale Cette chanson est dominée par la voix rauque du Boss, qui met toute sa rage dans chaque syllabe. Le synthétiseur, s'occupe quant à lui d'imposer un mélodie triste, suivi de près par la batterie qui égraine les secondes d'une vie gachée. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 93 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Smells Like Teen Spirit Auteur Nirvana: – Kurt Cobain (voix, guitare) – Krist Novoselic (basse) – Dave Grohl (batterie) Groupe de rock grunge créé en 1985 et stoppé en 1994 après le suicide de Kurt Cobain. C'est le groupe des années 90. Ecrit par Année Kurt Cobain 1991 Contexte Etats-Unis: Beaucoup d'Américains se plaignent des failles dans le système social, notamment en ce qui concerne la scolarité et la santé. Au niveau mondial, la guerre froide s'est terminée en 1989 avec la tombée du Mur de Berlin. Suite à cela, on voit apparaître des échanges économiques plus liberaux mettant un coup d'accelérateur à la « mondialisation ». Etude textuelle Ce texte, malgré le succès qu'il a eu, reste toujours assez ambigü, d'une part par la diction particulière de Kurt Cobain, mais aussi parce que les paroles qu'il prononce peuvent avoir plusieurs sens. Cobain avouant lui-même que la chanson a la signification que l'on veut lui donner, il n'a pas cherché à être clair. On a tout de même des phrase marquantes comme "Load up on guns / Bring your friends / Its fun to lose" (Charge tes flingues / Amène tes amis / C'est marrant de perdre). Le ton est assez paradoxal comme içi : " Im worse at what I do best / And for this gift I feel blessed" (Je suis le pire dans tout ce que je fais le mieux / Et pour ce don je me sens béni). Le dernier couplet est étrange et finit par " Oh well, whatever, nevermind " (He bien, de toute façon, laisses tomber) montrant une certaine incompréhension. Le couplet s'avère aussi complexe, commencant par une répétition de "Hello" puis enchainant sur des phrases sans lien direct où l'on peut voir la répétition de " Here we are now / Entertain us" (Nous sommes içi maintenant / Amusez-nous) et une suite de mots en o (mulatto, albino, mosquito, libido). Etude musicale Comme pour le texte, la musique est paradoxale car malgré son aspect rude, elle a tout d'une mélodie pop. Le riff principal de la guitare s'inspire principalement du son des Pixies et dans une moindre mesure d'un groupe de hard-rock, le Blue Öyster Cult. A cela, s'ajoute la voix déchirée et déchirante de Kurt Cobain, la basse de Novoselic marquant un tempo triste sur les couplets. La montée en puissance lors de refrains permet aussi à la batterie de Grohl d'accelerer comme la guitare qui prend des accents stridents et utilisant des effets de distorsion et qui se permet même de reprendre le refrain seule. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 94 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson Killing in The Name Auteur Rage Against The Machine: – Zack de la Rocha (voix) – Tom Morello (guitare) – Brad Wilk (batterie) – Tim Commerford (basse) Groupe de rock influencé par le rap né dans les années 1990 et politiquement très actif. Ecrit par Année Rage Against The Machine 1993 Contexte Etats-Unis: Les différentes mesures prises par les gouvernements successifs depuis 1960 pour supprimer le racisme et la pauvreté sont un échec. La preuve la plus flagrante reste les émeutes de Los Angeles en mai 1992. Etude textuelle Dénonce certains membres du gouvernement américain, associés dès les premières phrases au Ku Klux Klan: " Some of those that work forces, are the same that burn crosses ". C'est encore plus explicite dans la phrase " Those who died are justified, for wearing the badge, they're the chosen whites" qui est un slogan du KKK. La phrase majeure change au fur et à mesure et est répétées plusieurs fois. De "And now you do what they told ya ", elle devient, à la fin de la chanson: "Fuck you, I won't do what you tell me" scandé par Zach de la Rocha de plus en plus rapidement. Etude musicale Musique s'influencant du rap pour donner un genre détonnant: le rapcore. On a içi à faire à des riffs puissants et immédiatement reconnaissables. Pas mal de repetitions avec un crescendo du rythme et de la voix du chanteur. Cela permet de donner tout son ampleur aux paroles de de la Rocha. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 95 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Chanson L'Homme Pressé Auteur Noir Désir: – Bertrand Cantat (chant, guitare) – Serge Teyssot-Gay (guitare) – Denis Barthe (batterie) – Jean-Paul Roy (basse) Groupe francais engagé de rock originaire de Bordeaux où il vit le jour dans les années 80. Ecrit par Année Noir Désir 1996 Contexte France: Jacques Chirac est élu depuis un an prenant la suite de François Mitterand qui a fait deux septennats. Dans les années 90, on peut voir apparaitre des mouvements citoyens s'offusquant des directions économiques mondiales qui renforcent les inégalités. Ces mouvements sont principalement l'antmondialisation qui nie totalement la mondialisation et l'altermondialisation qui veut une mondialisation différente plus humaine et écologique. Etude textuelle La chanson est une auto-description ironique d'un homme pressé (un homme d'affaires et/ou politique et/ou médiatique). Mets en avant tous ses travers et dénonce à travers lui l'inhumanité du système capitaliste. Par exemple, "Mes conneries proférées \ Sont le destin du monde" dénonce le fait que le monde est dirigé par une élite incompétente. "j'ai les hommes à mes pieds \ Huit milliards potentiels \De crétins asservis " renforce encore cette idée. Noir Désir prend pour cible, entre autres, le monde de la télévision, qui selon eux, ne sert qu'à des intérêts économiques sans s'interesser à la qualité des programmes diffusés. On ressent bien la gravité avec laquelle Noir Désir depeint la mondialisation. Etude musicale La voix tendue et éraillée de Bertrand Cantat donne un aspect de requisitoire à cette chanson. La rythmique est assez simple avec un accord de guitare qui se repete à l'infini jusqu'au ¾ de la chanson où on note une accéleration pour les dernieres phrases. Les Poppys apportent une note surréaliste à l'ensemble, peut-être pour montrer l'exploitation de l'enfant à des fins économiques. Iconographie samedi 9 septembre 2006 Page 96 sur 97 Warluzel Xavier MASTER AIGEME CFA Groupe 2 Lexique Generation X: Selon la classification de William Strauss et Neil Howe, il s'agit des occidentaux nés entre 1961 et 1981. C'est une génération nomade, aventureuse parfois aggressive et cynique et engagée dans la contre-culture contrairement à leur parents: les boomers. Hippie: Membre d'un mouvement de contre-culture très influent des années 60-70 avec un mode de vie marginal et prônant la paix, la tolérance, l'amour entre les peuples. Ku Klux Klan: Organisation suprématiste blanche des Etats-Unis. Elle est d'extrême droite et est censée défendre les interêts des WASP (White Anglo Saxons Protestants). Mods: Abbréviation de moderniste. Dans la culture rock, désigne les jeunes prolétaires anglais qui veulent se démarquer des "rockers" classiques. Mondialisation: Désigne le développement de liens d'interdépendance entre hommes, activités humaines et systèmes politiques à l'échelle de la planète. Ce phénomène touche la plupart des domaines avec des effets et une temporalité propre à chacun. Nihilisme: Notion crée par Nietzsche. De critique sociale, elle est devenue une doctrine politique visant une liberté totale de l'individu et prônant le terrorisme. Punk: Mouvement culturel contestataire née aux Etats-Unis et en Angleterre en 1976. La musique rock lui est très lié, comme la mode ou l'art en général. samedi 9 septembre 2006 Page 97 sur 97