De nouveaux produits horticoles pour la culture des orchidées

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De nouveaux produits horticoles pour la culture des orchidées
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De nouveaux produits horticoles
pour la culture des orchidées
Une interview de Nicolas SPILTHOOREN*
(“Les Nouveaux jardins”) par Pascal DESCOURVIERES**
DESCOURVIÈRES P. & SPILTHOOREN N., 2010.- New horticultural materials for orchid culture.
L’Orchidophile 186: 215-220
Résumé.– Interview de Nicolas Spilthooren, fondateur de la société “Les Nouveaux Jardins”, qui
nous présente de nouveaux produits et techniques horticoles pour la culture des orchidées.
Mots clés.– Orchidées ; culture des orchidées.
Abstract.– An interview with Nicolas Spilthooren, the “Les Nouveaux Jardins” company founder,
who submits newly developed horticultural products and techniques for Orchid growing.
Key words.– Orchids; Orchid growing.
U
ne gamme innovante et variée de produits horticoles a été développée
par la floriculture professionnelle des grandes serres hollandaises,
notamment pour ce qui concerne l’hydroculture et la culture sous lumière
artificielle. Depuis quelques années déjà, les amateurs peuvent se procurer et utiliser ces
produits pour la culture des orchidées. Ces produits ne sont donc plus seulement réservés à
une clientèle exclusivement professionnelle... Pour vous informer sur ces nouvelles
pratiques culturales, nous avons décidé de poser quelques questions à Nicolas
SPILTHOOREN, fondateur cette année d'une enseigne de vente, “Les Nouveaux Jardins”.
Cette enseigne dispose de quelques boutiques en France (Boulogne, Bourges, Avignon,
Périgueux, Valence, Montpellier et prochainement à Paris) et surtout d’un site Internet de
vente en ligne facile d’utilisation et fort bien fourni.
Pascal DESCOURVIÈRES : pouvez-vous nous
préciser ce qui a motivé la création de cette
nouvelle enseigne, et surtout quel public elle
cible ?
Nicolas SPILTHOOREN : nous avons choisi
un positionnement qui consiste à nous
adresser directement aux particuliers, en
adaptant notre offre exclusivement aux
amateurs et collectionneurs de plantes, et
plus particulièrement aux orchidophiles.
En effet, dans les grosses jardineries en
périphérie des villes, notre clientèle ne
trouve pas les conseils, le suivi et les
produits pour satisfaire sa passion. Nos
magasins et notre boutique en ligne
(www.lesnouveauxjardins.com) proposent
une sélection de substrats, engrais,
éclairages horticoles, instruments de
mesure et de contrôle du climat issue des
dernières évolutions techniques et
recherches de l’industrie de la floriculture.
Il est loin le temps où les amateurs avaient
leur propre jardinier pour s’occuper de
leur collection, avec des substrats tels que
l’osmonde (aujourd’hui interdit) ou des
plaques de fougères arborescentes, qui
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de roche, de la diatomite, de la vermiculite, encore une fois autant de substrats et
de mélanges qu’il existe de cultivateurs.
Ces substrats sont bien sûr vendus au
détail, mais nous pouvons également
composer pour nos clients le milieu idéal
pour leurs plantes en réalisant un mélange
dans les proportions de leur choix, selon
leurs souhaits.
1 – Culture sous lumière artificielle de Masdevallia. On remarquera que le système de “brouillard
artificiel” est en route. Septembre 2005. Installation
chez P. DESCOURVIÈRES (Photo P. DESCOURVIÈRES).
détruisaient immanquablement les racines
des orchidées lors du rempotage car elles
se compactaient avec le temps. Parce qu’il
y a autant de mélanges de substrats que
d’orchidophiles - selon le temps à y
consacrer, l’environnement, etc. - il faut
un vaste choix de milieux pour la bonne
santé du système racinaire, c’est-à-dire des
milieux à la fois aérés et qui retiennent
l’eau, tout en facilitant le rempotage !
Pascal : justement, quels substrats proposezvous pour la culture des orchidées ?
Nicolas : L’écorce de pin des Landes (granulométrie moyenne et éventuellement
fine), chips de coco lavées, billes d’argile
et de polystyrène, charbon végétal pour
assainir le compost, marbre blanc pour un
apport en calcium, pouzzolane, zéolite,
etc. Nous proposons également de la
sphaigne pour les orchidées à racines fragiles et pour acidifier le milieu, de la laine
Pascal : que sont les chips de coco lavées ?
Quel est leur intérêt pour la culture des
orchidées ou plutôt de certaines orchidées ?
Nicolas : il s’agit d’un compost de nouvelle génération - écorce de coco séchée et
débarrassée de son tanin dans de l’eau de
mer - utilisé par les professionnels aux
États-Unis et en Europe pour beaucoup
de cultures (pas uniquement les orchidées). Nous commercialisons un produit
prêt à l’usage, totalement dessalé par plusieurs lavages et tamponné pour éviter les
carences en calcium et magnésium. Principaux avantages : mélangé à d’autres
milieux, en particulier à l’écorce de pin, il
est pratiquement imputrescible, il ne compacte pas (même sur plusieurs années) et il
ne tue pas les racines. Ce mélange est intéressant pour la culture des Paphiopedilum
et Phragmipedium par exemple.
Pascal : puisque nous en sommes au bienêtre des racines, la fertilisation joue un rôle
capital. En effet, les orchidées ont des racines
fragiles qui nécessitent des engrais spécifiques. Lesquels proposez-vous et pourquoi ?
En fait, comment définir un bon engrais
pour une orchidée ?
Nicolas : en effet, la fertilisation est un
autre élément capital pour l’épanouissement des plantes. Nous avons sélectionné une vaste gamme d’engrais, offrant
différentes solutions selon les besoins de
chacun. Ainsi, la gamme “Orchid Focus”,
disponible en deux versions : un engrais
pour la croissance et l’autre pour la floraison. Il s’agit d’un engrais liquide facile
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d’utilisation, équilibré et complet au
niveau des micronutriments. Les tests que
nous avons effectués ont donné d’excellents résultats, c’est-à-dire la croissance la
plus régulière sur divers lots d’orchidées.
Le spray “Orchid myst” est un parfait
complément à cette gamme pour les pulvérisations foliaires. Détail important :
“Orchid Focus” ne contient pas d’azote
provenant d’ammoniaque ou d’urée, des
composants qui peuvent s’avérer toxiques
pour les orchidées dans de mauvaises
conditions d’utilisation. Sa formule n’est
élaborée qu’à partir de minéraux purs et
d’acides organiques provenant des plantes.
Nous fournissons aussi les engrais “Plant
Prod”, notamment utilisés par les amateurs recherchant des formules précises
comme le 10-52-10 [ces trois chiffres
indiquent les proportions d’azote (N), de
phosphore (P) et de potassium (K), respectivement] à teneur élevée en phosphate
pour la stimulation racinaire, le 15-15-30,
très riche en potasse pour certaines
plantes très voraces et enfin le 20-20-20,
une formule équilibrée. Un autre point
essentiel est l’utilisation régulière du
conductimètre. Cet appareil mesure la
valeur de la conductivité qui dépend de la
concentration des ions présents dans la
solution. Ainsi, plus une eau est concentrée en sels, plus elle aura une conductivité élevée. Sachant que l’eau de ville, en
particulier dans les régions calcaires
comme l’Île-de-France, est souvent, par
nature, déjà très riche en sels minéraux,
avec des conductivités d’environ 0,500
millisiemens (mS), et que le maximum
supportable par les racines d’orchidées est
de 0,750 mS, le conductimètre permettra
de bien mesurer la quantité d’engrais que
l’on peut ajouter à cette eau d’arrosage. Il
est évident que l’on pourra apporter plus
d’engrais si on utilise une eau de pluie ou
osmosée (obtenue par osmose inverse) à la
conductivité très basse qu’avec l’eau du
robinet à la conductivité souvent élevée.
Pascal : la lumière est un autre facteur primordial pour la vie d’une plante chlorophyllienne. En chambre de culture, sans
aucune source naturelle de lumière, quel
type de lampes conseillez-vous pour la
culture des orchidées ?
Nicolas : nous proposons différentes solutions pour recréer un soleil à la maison en
quelque sorte. Bien sûr, les lampes à
vapeur de sodium éclaireront de grands
espaces (grandes serres, caves), voire plusieurs mètres carrés en complément d’une
lumière naturelle selon la puissance de
l’ampoule choisie. Très puissantes elles
offriront le meilleur rendement lumineux.
Elles permettent de transformer les courts
jours d’hiver en beaux jours d’été. Les
lampes à iodures métalliques (MH ou
“Metal Halide”) produisent une lumière
blanche qui favorise la pousse des plantes.
2 – Laelia rubescens. Ce superbe L. rubescens
croit et fleurit chaque année en culture exclusive
sous lumière artificielle depuis une dizaine
d'années. Septembre 2005. En culture chez
P. DESCOURVIÈRES (Photo P. DESCOURVIÈRES).
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3 – Culture sous lumière artificielle de Masdevallia. On remarquera que le système de “brouillard artificiel”
est en route. Septembre 2005. Installation chez P. DESCOURVIÈRES (Photo P. DESCOURVIÈRES).
Cette dernière est proche de la lumière du
jour. La forte proportion de bleu dans le
spectre de couleurs émises par les lampes
MH est bien adaptée pour la période
végétative (pousse des plantes). Les
lampes au sodium à haute pression (HPS)
émettent une lumière orange et leur
spectre de couleurs est mieux adapté pour
la floraison ou la fructification. Des
lampes HPS horticoles intègrent dans
leur spectre les radiations de l’extrême
rouge, particulièrement appréciées lors de
la floraison. On peut les utiliser seules ou
en complément d’une lampe blanche
(MH) pour réussir de superbes floraisons.
Les rampes de tubes fluorescents ou les
ampoules fluo compactes sont parfaitement adaptées à la culture en appartement. Légères, fines et peu gourmandes
en électricité (75 % de consommation en
moins qu’un éclairage à vapeur de sodium
classique), elles s’adapteront parfaitement
à une étagère par exemple. Elles sont disponibles en deux spectres : “840” (spectre
froid - 4 000 K - K, pour Kelvin) pour le
stade végétatif et “830” (spectre chaud 2 700 K) pour la floraison. Le plus simple
étant d’associer ensemble ces deux types
de lampes.
Pascal : mais un éclairage artificiel est-il
utile seulement en culture totalement en
chambre sans apport extérieur de lumière ?
Nicolas : il peut être le seul apport lumineux de l’espace de culture (c’est-à-dire
faire office de soleil), mais peut également apporter une source de lumière
complémentaire. Par exemple dans une
pièce avec une fenêtre, il est évident que
cela donnera un complément important
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surtout en hiver pour la plupart des
orchidées et même en été pour celles qui
ont besoin de beaucoup de lumière, surtout si la fenêtre est mal orientée, au
nord par exemple… On déterminera la
puissance nécessaire et le type de lampe
en fonction de ces critères : type d’espace
de culture à éclairer, besoin de la plante,
source principale ou secondaire de
lumière, budget…
Pascal : pouvez-vous nous présenter d’autres
produits très utiles pour la culture des orchidées, que ce soit en serre ou en appartement ?
Nicolas : nous avons énuméré les trois
éléments essentiels à la vie de la plante : le
substrat de culture, la fertilisation et la
lumière. Afin d’apporter toutes les solutions au cultivateur amateur, nous proposons également une vaste sélection de
pots de toutes formes et tailles et en particulier des pots transparents. En effet,
épiphytes par nature dans la plupart des
cas, les orchidées ont des racines qui
s’épanouiront mieux dans des pots transparents laissant passer la lumière. On
peut citer aussi des instruments de
contrôle du climat (humidificateur d’air,
ventilateur, thermostats, hygrostats…),
des solutions de traitement de l’eau
(osmoseurs) et d’irrigation, des modules
pour la gestion automatisée des divers
paramètres
(température
ambiante,
humidité de l’air, programmation des
durées d’éclairage, etc.) ainsi que des
accessoires pour tailler, et identifier les
plantes (étiquettes de différentes couleurs), des ouvrages pour approfondir ses
connaissances… Dans un souci de préserver l’environnement, nous avons opté
pour des solutions écologiques et biologiques destinées à traiter les parasites au
moyen de prédateurs naturels combattant
mouches du terreau, pucerons, araignées
rouges, thrips, chenilles, cochenilles, etc.
Par exemple, la coccinelle est un moyen
élégant de combattre le puceron.
Pascal : quelles nouvelles techniques encore
peu ou pas utilisées pour la culture des orchidées vous semblent les plus prometteuses ?
Nicolas : il y a principalement l’éclairage
à Leds (“Light-Emitting Diode” ou diodes
émettant de la lumière). Nous sommes
aujourd’hui dans une ère où la gestion de
notre énergie est capitale. “Floraleds”
nous offre enfin une technologie peu
énergivore reproduisant les spectres naturels du soleil. Ses principales caractéristiques sont : un spectre horticole adapté,
une absence de chaleur donc pas de brûlures des plantes, une innocuité pour
l’environnement (aucune trace de mercure ou d’autres substances chimiques
dangereuses) et une durée de vie de
50 000 à 100 000 heures ! Spécialistes de
l’hydroponie, nous nous intéressons également à la culture semi-hydroponique
qui consiste, contrairement à l’hydroponie classique où un filet d’eau est aspergé
en continu sur les racines, à laisser de
l’eau dans des pots dont les orifices de
trop-plein sont situés sur les parois à plus
ou moins 2,5 cm de hauteur. L’eau reste
ainsi disponible pour les racines installées dans un substrat inerte et aéré (billes
d’argile ou pouzzolane) qui sera humidifié par capillarité. Ce type de culture est
utilisé avec succès par certains amateurs
et professionnels pour la culture des
4 – Chips de coco prêts à l’emploi
(Photo P. DESCOURVIÈRES).
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orchidées sans période de repos, mais aussi
pour les Disa…
Pascal : vous avez de bonnes nouvelles à nous
annoncer… Nicolas : Nous publions
régulièrement une newsletter disponible sur
simple inscription sur notre site Internet.
Enfin, nous sommes heureux d’annoncer
l’ouverture prochaine d’un magasin à Paris.
*Nicolas SPILTHOOREN (“Les Nouveaux
Jardins”) [email protected] et
site Internet: www.lesnouveauxjardins.com
**Pascal DESCOURVIÈRES
Pascal.descourviè[email protected]
Remerciements à Alain BENOIT, initiateur avisé de cet article.
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