muzikalité

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# 37
Le bulletin trimestriel
du Pôle Régional des Musiques Actuelles de la Réunion - RUNMUZIK
Le maloya au patrimoine immatériel de l’Humanité
Les Statuts juridiques de l’artiste
runmuzik.fr
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Musiciens : Intervenir en milieu scolaire
Studios : Makatia & DLS Prod
Dossier : Musiques électroniques
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EDITO
SOMMAIRE
2010... fois sur le métier remettre son ouvrage
La nouvelle maquette de «Muzikalité» lancée depuis les deux derniers numéros est une
toute première étape d’un changement d’identité visuelle de l’ensemble des supports
de communication du PRMA. Une mutation liée à un autre «lifting» engagé depuis
quelques temps , celui de ses missions, et à un engagement encore plus poussé en
faveur de la structuration du milieu musical et pour rester en phase avec l’évolution
très rapide de notre secteur.
Ce premier trimestre 2010 verra la mise en ligne du nouveau site www.runmuzik.fr,
beaucoup plus dense, pratique et interactif que le précédent. De même, le nouveau
«Muzikannuaire» régional au service de tous les usagers se met en place. Dans un
premier temps il affiche plusieurs centaines de contacts réactualisés de La Réunion et
déjà les premiers de Maurice, Rodrigues, Mayotte, Comores, Seychelles et Madagascar
en cours de collectage par notre réseau de correspondants regroupés au sein du CMOI
(Conseil des musiques de l’Océan Indien) dans les différentes îles.
Les premiers résultats des études et enquêtes menées dans le cadre de la mission
observation depuis de nombreux mois seront aussi restitués par une mise en ligne .
Parmi les améliorations de services que nous proposons cette année, nous
ouvrons dans nos locaux le centre de ressources et de documentation qui nous faisait
défaut, du moins dans la possibilité d’un accueil offrant un minimum de confort et de
fonctionnalité. Nous proposerons mensuellement, dans nos locaux ou de manière
décentralisée avec nos partenaires du milieu, des «Muzikozman» avec des
professionnels de passage ou des personnes ressource locales pour répondre à des
questions que peuvent se poser les acteurs des musiques actuelles dans la conduite
de leurs projets. A travers ce service amélioré et un programme de formation
adapté aux résultats des enquêtes de terrain menées ces derniers mois, nous nous
efforcerons répondre davantage notamment aux besoins des multiples structures privées,
associatives, micro-entreprises, auto-entreprises... qui se sont créées ces dernières
années pour oeuvrer dans l’accompagnement d’artistes musiciens.
Un phénomène de créations de structures dans le secteur musical va de paire avec
l’amélioration artistique et technique de la création locale qui peut aujourd’hui de
mieux en mieux essayer de rivaliser sur les marchés extérieurs malgré un contexte
international difficile.
Cette structuration de plus en plus forte autour des créateurs, avec les facilités de
communication que donnent les nouvelles technologies, apporte aujourd’hui des
avancées sensibles pour un certain nombre d’artistes. Nous avons pu notamment le
constater lors de nos dernières présences sur des événements professionnels où la
musique réunionnaise, et celles de l’Océan Indien, confortent leur image. Nous nous
efforçons avec nos partenaires d’aller plus loin pour aider à stabiliser et développer ces
dynamiques issues de multiples initiatives d’acteurs du terrain. Plus que jamais nous
pensons que c’est notamment par un travail de mises en réseau, d’efforts de cohérence
et de complémentarité entre toutes les structures et acteurs que ce développement
s’installera durablement. Puisse 2010 aller dans ce sens.
Belle année musicale à tous !
éDITO........................................................................................2
RUNMUZIK
L’actualité du Pôle Régional .........................................................3
ACTUALITE
Actu professionnelle / Actu création .............................................4
ZOOM
Les enfants stars .........................................................................5
PATRIMOINE
Le maloya au patrimoine mondial de l’Unesco ..............................6
PATRIMOINE
Le Groupe folklorique de la Réunion / Coffret Frémeaux ...............7
CHRONIQUES .......................................................................8/9
SUR LE SECTEUR
Dossier : Les Musiques Electroniques ..............................10/11/12
SUR LE SECTEUR
Détours en studios ....................................................................13
RESSOURCES
Les statuts juridiques des artistes ..............................................14
RESSOURCES
Les interventions des musiciens en milieu scolaire .....................15
ZONE OCÉAN INDIEN
A l’heure des bilans ! ..................................................................16
Muzikalité, le bulletin d’information du Pôle Régional
des Musiques Actuelles de la Réunion - Runmuzik
N°37 jan - fev - mars 2010
Éditeur : PRMA - 6 bis rue Pasteur - BP 1018
97481 Saint-Denis CEDEX
Tél : 02 62 90 94 60 / Fax : 02 62 90 94 61
E-mail : [email protected]
Site internet : www.runmuzik.fr
Directeur de la publication : Dominique Carrère
Rédaction : Olivier Pioch / PRMA
Coordination : Matthieu Meyer.
Alain Courbis
PAO : mYsterfab
Distribution gratuite - Tirage : 5000 ex.
ISSN : 1622-2598 - Dépôt Légal N° 08 00 52
Imprimeur : Forma4
BACKSTROKE - photo : Madness
Samoela au festival angAredona - photo : Felana
TECHNOPARADE -2009 - photo : D.R.
Crédits photos (par ordre de publication) :
Page 3 : PRMA - Page 4 : Pascale Béroujon / David Schaffer / Cerveaux-mayer / DR / DR - Page 5 : OrganiZo (X3) / DR / DR - Page 6 : DR / Maloyallstars/ Christian Baptisto / Christian Baptisto / Thierry Hoareau-coll.Takamba
/ DR - Page 7 : DR - Page 10 : DR / DR / Fanny Vidal / Zorteil / DR / PRMA / Josef - Page 11 : DR / DR / P.Quiquempoix / DR/ DR / DR / Seb / PRMA - Page 12 : @LeBug
Page 13 : PRMA / PRMA - Page 14 : PRMA - Page 16 : Felana / Fanie Precourt / Albert Finestres / DR
- erratum la photo de Nathalie Soler utilisée pour Muzikalité N°36 est signée Géliane Paris
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RUNMUZIK
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L’ACTUALITE DU PRMA
6 ZOOM :
6 Ce qui c’est passé
Le PRMA devient runmuzik : nouvelle identité et nouveau site Internet
Womex 2009 : malgré la crise, La Réunion monte en puissance
En regroupant nos activités sous l’appellation
« runmuzik », nous gardons notre label et nos
missions de «Pôle Régional des Musiques
Actuelles» à l’instar de structures telles
que Avant Mardi (Midi Pyrénées). Nous
communiquerons cependant sur nos actions avec cette nouvelle appellation qui est en
lien direct avec la graphie que nous employons déjà pour Muzikannuaire ou Muzikalité.
Première déclinaison « runmuzik » et porte-drapeau de cette nouvelle identité, notre logo conçu
par Studiolab que vous pourrez retrouver sur nos différents supports de communication
Deuxième déclinaison de cette identité, notre nouveau site internet : www.runmuzik.fr.
Pensé comme un relais et un point de rencontre de la musique réunionnaise sur le web, ce site
est l’aboutissement d’un travail et d’une collaboration entre l’agence de communication Cahri et
le pôle régional Runmuzik avec le soutien du service T.I.C. (Technologies de l’Information et de la
Communication) de la Région Réunion et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Ce
site propose une interface graphique claire, ergonomique et innovante ; des services interactifs
de publication ; un flux RSS sortant pour suivre au plus près l’actualité professionnelle des
musiques réunionnaises ; la base de données Muzikannuaire qui compte déjà plus de 400
contacts de musiciens et professionnels de la musique et qui va encore s’étoffer ; une boutique
en ligne dédiée à notre label Takamba consacré au patrimoine musical de l’Océan Indien.
Parce que ce site compte plus de 700 articles, plusieurs dizaines de services et qu’un clic vaut
mieux que plusieurs lignes d’explications, rendez-vous sur runmuzik.fr.
Les ateliers « muzikozman »
Dans le cadre du développement de son activité ressources et formation, le PRMA propose
maintenant chaque mois, dans ses locaux ou de manière décentralisée avec d’autres partenaires
du secteur des musiques actuelles, des rencontres-débats, intitulées «Muzikozman» avec des
professionnels de passage ou personnes ressources locales sur des thèmes pouvant intéresser
et améliorer les connaissances des musiciens locaux et des personnes travaillant dans leur
environnement.
L’an dernier déjà, à l’initiative du PRMA et de la Région, La Réunion avait été fortement
représentée au Womex (World Music Expo) de Séville, en Espagne. Face au succès de
l’opération, un dispositif sensiblement identique a été déployé cette année à Copenhague
(Danemark), où l’événement prenait ses quartiers pour trois années consécutives. Reste que,
sur fond de crise économique mondiale, ce Womex 2009 a été un peu moins fréquenté qu’à
l’accoutumée. Une désaffection qui n’a pas entamé les ambitions des professionnels locaux,
dont le stand commun marquait une belle montée en puissance de la Réunion avec des outils de
communication (son, video, web et papier) au graphisme soigné une identité commune
déclinable à l’envi pour d’autres événements professionnels programmés dans l’année et un
cocktail organisé en partenariat avec Ubi France et le Bureau Export de la musique française.
« La délégation était plus nombreuse, les outils performants, les ambitions de visibilité plus
fortes, explique Alain Courbis. L’impact en terme d’image est difficile à évaluer, mais il s’agit
d’un travail promotionnel de long terme sur lequel on peut difficilement faire l’impasse. »
Autre note positive de ce bilan, la mise en place d’un partenariat avec le le Bureau Export qui
prendra place au début de l’année 2010. En attendant la prochaine édition du salon, le PRMArunmuzik sera présent au Babel Med Music de Marseille, les 25, 26, 27 mars 2010, avec une
délégation de professionnels.
Formation Manager
En septembre dernier plus d’une vingtaine de managers ou responsables de structures locales
ont suivi une formation de 13 jours dispensées dans les locaux du PRMA, en partenariat avec
l’IRMA, sur le thème «Construire et développer un projet artistique dans le champ des musiques
actuelles» avec plusieurs intervenants.
Une vingtaine de personnes évoluant dans notre secteur sont venues en décembre écouter et débattre sur le thème du
métier d’éditeur musical avec Jean-Raphaël Maraninchi, directeur général des Editions Budde Music France.
Après les premières thématiques abordées sur « L’intervention des musiciens en milieu
scolaire », « Vie associative et musique » et « Le métier d’éditeur », voici les sujets
« Muzikozman » qui seront traités l’année prochaine : les intermittents, l’auto-entrepreneur,
les licences d’entrepreneurs, les SCOP, le mécénat, les aides sur l’export, les aides aux clips et
captations, l’accompagnement local des artistes, les assurances. Les intervenants, les lieux
(l’ECAB à Saint-Benoît, le Bato Fou dans le Sud, le Kabardock au Port, le PRMA à Saint-Denis) et
les dates restent à définir précisément. Plus d’infos [email protected]
Catalogue Takamba
Avec une quinzaine de références, le label Takamba devait se doter d’un outil promotionnel
attractif. C’est chose faite. Sur une quarantaine de pages, l’ensemble de la collection s’y trouve
présentée via des textes en anglais et en français et une iconographie puisée dans le fond
documentaire du label. On doit à Elsa Lauret le design et le montage du catalogue.
Pour télécharger la catalogue en ligne www.runmuzik.fr/doctakamba/takamba2.pdf
Sur notre photo: l’intervention de Myriam Chiaramonti, «manageuse» du chanteur Anis.
6 À NOTER DANS VOS AGENDAS
Rencontres sur les musiques actuelles
Les 19 et 20 janvier 2010, en ouverture des Biennales internationales du spectacle (B.I.S.)
qui se dérouleront à Nantes, les fédérations nationales et les réseaux territoriaux «musiques
actuelles» organiseront deux jours de rencontres nationales pour questionner les nouvelles
formes de coopérations et de dialogues entre la filière et les pouvoirs publics. Ces rencontres,
portées par Le Pôle de Coopération des Acteurs pour les Musiques Actuelles en Pays de la Loire,
sont pensées comme un temps de travail pouvant réunir l’ensemble des partenaires concernés.
Le PRMA y sera présent pour poser des pistes de réflexion sur la filière et s’informer des projets
de structuration en cours. Un compte-rendu sera mis à disposition du public en début d’année.
Plus d’infos [email protected] / www.lepole.asso.fr
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ACTUALITÉ
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Actu professionnelle
6 La nouvelle donne des Théâtres Départementaux.
Six mois après leur prise de direction des Théâtres Départementaux et en plein lancement de saison, Pascal Montrouge et son équipe affichent de grandes ambitions. Ces
dernières sont portées par une exigence artistique forte et une volonté ineffable de conquérir un public. Première étape, le festival SOL a offert un éclairage sur le
métissage artistique et la quête d’universel que souhaitent défendre Pascal Montrouge et son équipe : à la croisée du traditionnel et des formes émergentes locales. Les
formes de création musicale innovantes font d’ailleurs l’objet d’une belle mise en avant dans la programmation. « Diffuser Malkijah, RAS ou Jaboticaba c’est offrir à ces
groupes une visibilité artistique forte » précise Pascal Montrouge. Mais son appétence pour la création locale ne s’arrête pas là. « Nous souhaitons aussi favoriser les
démarches d’artistes reconnus visant à ouvrir de nouveaux répertoires. C’est dans cet esprit que nous programmons Firmin Viry avec le Laya Orchestra originaire d’Inde
et Danyel Waro avec la formation corse A filetta.» L’exigence artistique de cette nouvelle équipe s’exprime par ailleurs au travers d’une programmation d’artistes phares
de la création contemporaine. Ajouter à cela des spectacles d’humour, une programmation de danse et de spectacles originaux et vous obtenez un savant mélange
d’exigence et d’ouverture. « Nous partons peu à peu à la conquête des publics en nouant des liens avec les communes, les écoles et les quartiers. Ce travail entrepris
est fondamental mais c’est une course de fond....». Plus d’infos sur la programmation www.theatreunion.re
6 Le Bato Fou prend de l’altitude
Le Bato Fou apprenait le 2 décembre dernier que la ville de Saint-Pierre, en prévision de la mise en place d’une régie directe communale, ne renouvelait pas sa convention avec l’association
Jazzomaniaques concernant la mise à disposition et l’utilisation de la salle de concert Lucet Langenier pour l’année 2010. L’équipe s’est vue contrainte fin décembre de déménager son
matériel et de quitter ses locaux administratifs situés à La Ravine Blanche. Le Bato Fou semblerait cependant avoir trouvé des vents plus favorables et voguerait aujourd’hui vers de
nouveaux horizons. La Mairie du Tampon a en effet proposé l’installation de l’association et la poursuite de ses activités dans l’un des trois Grands Kiosques situés à la Plaine-des-Cafres.
L’aventure du Bato Fou ne semble donc pas terminée. Vous pouvez visiter la page facebook dédiée au soutien de l’association. Celle-ci a accueilli près de 2000 fans en moins d’une semaine.
Nous vous tiendrons informés des suites de l’affaire. Plus d’infos www.batofou.org
Actu artistique
Lindigo, retour du Brésil
Olivier Araste et ses compagnons de Lindigo sont
revenus conquis d’un séjour monté dans le cadre
de l’année de la France au Brésil, où ils ont donné
un concert devant 400 spectateurs déchainés au
festival Arte Negro de Belo Horizonte.
Les Réunionnais se sont frottés à une culture plus
« africaine » que prévu, découvrant de nombreux ponts entre
les deux pays : la capoeira et le moringue bien sûr, mais aussi un rythme ternaire très proche
du maloya qui se joue avec un kayanm péi confectionné avec une boîte… de chocolat !
Fruit d’un long travail mené par leur agent Nathalie Soler, avec le soutien du PRMA et de la
Région, cette escapade brésilienne devrait faire l’objet d’un clin d’œil sur le prochain album
de Lindigo. Plus d’infos : www.myspace.com/lindigo
Woba kélé présente Lang’Amayé
Woba Kélé revient d’une tournée en Afrique Australe, qui s’est
déroulée du 28 Septembre au 30 Novembre dans le cadre du
projet artistique « Lang’Amayé ». En mai 2009, Christophe
Durand rencontre l’artiste Stanley Mambo de Mwézi Arts,
originaire du Malawi. Ce coup de foudre musical aboutit quelques
mois plus tard, grâce à un projet de résidence, monté avec le
soutien des Alliances Françaises et de l’Association Française des
Volontaires du Progrès. Le groupe a été sollicité pour animer des ateliers dans les écoles
et s’est produit sur de nombreuses scènes du Malawi et de Zambie. Cette collaboration
devrait rapidement se concrétiser en studio avant plusieurs dates prévues en Europe et aux
Etats-Unis. Plus d’infos : myspace.com/wobakele
Toguna et les échanges Sud-Sud
Davy Sicard, showcase SACEM au MIDEM
Dans le cadre de son pôle « action culturelle » et à travers son secteur
des « musiques actuelles », la SACEM interviendra au prochain MIDEM
du 24 au 27 janvier, via son soutien à l’opération « Midemtalent » et
l’organisation d’une soirée « carte blanche ». À l’affiche de ce concert,
Louis Winsberg pour son projet Jaleo et Davy Sicard. Cette soirée aura
lieu le lundi 25 janvier 2010 au Carlton, Salon Zéphyr à 23h00. Le
Réunionnais avait bénéficié d’une programmation similaire lors du
Festival Musiques Métisses d’Angoulême. L’occasion pour lui de
défendre son dernier album « Kabar », paru chez Up Music / Warner et mis en exergue par
sa victoire comme « Meilleur Artiste » aux Trophées des Arts Afro Caribéens en septembre
dernier. Plus d’infos sur Davy Sicard et ses concerts : www.davysicard.com.
Le groupe Toguna a fait partie de la sélection
show-cases de l’Australasian World Music Expo
qui se tenait à Melbourne du 19 au 22 novembre
derniers. Cet événement conçu à l’image de
salons tels que le Babel Med ou le Womex
réunit l’industrie musicale de l’Océanie et
propose un marché organisé autour de rencontres
et de show-cases. Toguna, programmé le 21 novembre, a assuré le show en compagnie du
groupe Blue King Brown. Les ventes de CDs qui ont suivi le concert et l’enthousiasme du
public montrent que le groupe a réussi son pari. Suite à ce concert, Sila et Daoud ont
d’ailleurs été sollicités par les musiciens locaux pour jouer dans diverses salles de Melbourne.
Plus d’infos sur le groupe : www.myspace.com/toguna - www.sakiforecords.com
...et toujours dans le cadre de l’accompagnement proposé par le Bato Fou : la Tournée Backstroke ! Auréolés par le succès de leur tournée métropolitaine (premières parties d’Ultra-Vomit,
les Bars en Trans…), les réunionnais repartent en fin janvier sur les routes de France pour une dizaine de dates dont quatre en première partie de Napalm Death avec un premier album, «
Crossing The Boudaries » qui pose les bases d’un metal « made in La Réunion ». Plus d’infos : www.backstroke-music.com - www.myspace.com/metalbackstroke
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Les enfants stars, plutôt Jordy ou Paradis ?
Ici comme ailleurs, beaucoup de parents rêvent pour leur enfant d’une carrière à la Vanessa Paradis. Mais s’il y a
pléthore de candidats, la plupart déchantent. Dur, dur d’être un bébé ?
La cause est entendue : à La Réunion, l’enfant est (souvent) roi ! Et de l’enfant-roi à l’enfant-star, il n’y a qu’un pas que beaucoup aimeraient franchir allègrement.
Dans une île où la musique se conçoit en famille, les preuves de cet engouement sont légion. A vrai dire, même des piliers de la musique péi (Maxime Laope, Benoîte Boulard…) ont
débuté sur les podiums des radio-crochets ; à l’époque, l’un des rares moyens de se faire connaître.
Ces joutes populaires, qui remontent aux années 1930 en métropole (autour de 1950 à la Réunion), ont évolué avec les nouveaux modes de diffusion. Le radio-crochet est devenu télécrochet, version moderne du concours de chant popularisée notamment par Jacques Martin et son Ecole des fans.
L’avènement de la télé-réalité a terminé la mue, mettant plutôt l’accent sur des rivalités d’enfants gâtés que sur une saine émulation entre jeunes talents. Star Academy, Nouvelle Star,
Graine de star, Popstars… La formule, bien que maintes fois reprise, ne semble pas encore éculée !
A la Réunion, les programmateurs s’évertuent à adapter ces émissions au marché local. Parmi les plus récentes, citons la Star Réunion de Johnny Guichard et Tibou 2 Star, dernière-née
du PAF local, diffusée sur Télé Réunion.
Pour sa première saison, Tibou 2 Star a déjà remporté tous les suffrages. Présentée par Séverine Ferrer et Katiana Castelnau, deux ex-enfants stars, l’émission s’est fait une jolie place
en « prime time ». Issus de toute l’île, 400 enfants âgés de 6 à 12 ans ont participé aux sélections en août dernier. Une douzaine a été retenue par un jury composé de Thierry Gauliris,
Nicole Dambreville et Philippe Zora. Coachés par Ismaël Aboudou, ces derniers ont participé, en octobre, au grand final.
Cinq seulement ont été primés, mais tous ont participé au « prime time » de 90 minutes en direct. En outre, les douze finalistes figurent sur l’album « Tibou 2 star – saison 1 », sorti
début décembre. L’album revisite quelques classiques de la musique locale composés par Jacquelyne Farreyrol, Maxime Laope, Pierre Rosely… Notons par ailleurs que Laurie Hoareau,
finaliste de l’émission a été retenue pour le casting d’une émission diffusée sur TF1 et consacrée aux enfants « ayant un talent exceptionnel ». Elle profitera de ce déplacement en
métropole pour rejoindre Thierry Gauliris sur scène à l’occasion d’une soirée organisée par l’I.R.T. à la salle Corbeille à Lyon.
Face au succès de l’émission, une deuxième saison est déjà sur les rails. Reste que le vedettariat n’est pas toujours un signe de talent. Et le statut d’enfant-star ne garantit pas
forcément une carrière. En résumé : pour une Vanessa Paradis, combien de Jordy ? La question reste posée…
Plus d’infos et vidéos sur www.tibou2star.com.
6 Barth et Guillaume Grondin enfants stars
Guillaume Grondin : naturellement
Barth, l’autre point « show » du studio Volcan
A 13 ans, Guillaume Grondin n’est pas (tout à fait) un ado
comme les autres. En cause : sa passion pour le chant.
Une véritable obsession depuis qu’élève de CM1 en
métropole, il interpréta « l’Aigle Noir » de Barbara sous un
déluge d’applaudissements. Revenu à la Réunion,
le jeune homme persévère à faire de sa voix une voie,
ajoutant à son répertoire des chanteurs aussi improbables
que Daniel Guichard (« Mon vieux ») ou Natacha SaintPier (« Survivre »). Dès lors, les prestations s’enchaînent
dans sa bonne ville du Tampon : fête de la Musique,
Florilèges… Il est même invité, en 2007, au Star Réunion
de Johnny Guichard ; une invitation hors-concours pour
cause de trop jeune âge… Qu’à cela ne tienne ! Soutenu
par l’association Les Chokas, le marmaille s’offre un joli cadeau à la Noël 2008 avec « Nature »,
premier CD enregistré au studio Oasis où, sur 11 titres signés Christian Baptisto, le jeune homme
chante son amour pour « Monique », sa « Maman », « Mamzel Nicole » et… « Nelson Mandela » !
Plus d’infos : [email protected] - 02 62 49 50 14 - 06 92 69 86 18
Son sourire en « tranche papaye » a déjà conquis
toutes les mamans de l’île ! Le jeune Barth, alias
Rudy Moimbe, arpente la scène depuis l’âge de 6 ans
avec son père Philippe Ichane, guitariste et chanteur
du groupe Volcan. A presque 10 ans, le petit prodige a
déjà une solide expérience scénique et un joli aplomb
en public. Régulièrement en ébullition avec Volcan, il
s’affirme peu à peu comme le nouveau point « show »
de la famille en tant que leader du groupe Instru
Tropical, avec son frère Toulou aux percussions et son
papa à la guitare. Repéré lors d’une première partie au
Festival des Cordes de l’ODC, le jeune artiste se produit
depuis sur tous les podiums de La Réunion. Mais n’en oublie pas de perfectionner son jeu en
suivant des cours de solfège, chant et guitare au conservatoire de Saint-Benoît. « Fé roulé
maman », premier album sorti en 2007, a fait un carton sur les ondes. S’il explose encore les
charts, la relève est assurée au sein de la bouillonnante famille Ichane !
Plus d’infos : 06 92 70 74 64 - [email protected] - www.studiovolcan.com.
O.P.
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Le maloya au patrimoine culturel immateriel de l’Unesco
C’est une immense reconnaissance pour toutes celles et ceux qui ont œuvré à sa sauvegarde, transmission et
création : le maloya vient d’être inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité !
Quelques personnages «historiques», parmi d’autres, du maloya : Lo Rwa Kaf, Simon «dada» Lagarrigue, Granmoun Lélé, Firmin Viry, Gramoun Bébé, Gramoun Sello.
La Région avait proposé cette inscription à l’Unesco. Le dossier très complet présenté par la MCUR (Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise), avec l’aide
du PRMA et de nombreux artistes, a donc été validé. Le maloya devient ainsi la première culture d’outre-mer inscrite au patrimoine mondial.
Les réactions de quelques acteurs-phares de la vie culturelle à la Réunion.
6 Carpanin Marimoutou, chargé de mission à la MCUR
6 Bernard Payet, directeur des affaires culturelles à la Région
C’est d’abord une reconnaissance et une valorisation extraordinaires de la culture réunionnaise.
Pour la première fois, la France a présenté la candidature d’une expression culturelle créée dans
un département d’outre-mer, issue de l’esclavage et de l’engagisme. Nous sommes très heureux,
à la MCUR, d’avoir travaillé à cette reconnaissance.
Je trouve que c’est un joli pied de nez à l’histoire et un juste retour des choses. Le maloya
est universel par nature puisqu’il provient, dans sa pratique et dans ses instruments, des
différentes sources de peuplement de l’île. D’une certaine manière, son inscription au patrimoine de
l’Humanité renvoie à cette dimension universelle. La symbolique est plutôt sympathique ! En
outre, c’est un juste retour des choses pour un peuple qui a perdu sang et eau sur nos terres.
Une manière de rappeler que cette pratique culturelle est née du martyre de nos ancêtres.
Maintenant, il s’agit de faire de cette consécration un levier de promotion. En tant qu’élément
fédérateur de notre identité, le maloya trouve là un nouveau souffle qui va faciliter le travail
d’inventaire patrimonial tout en relançant son apprentissage, la diffusion des pratiques et des
savoirs.
L’inscription du maloya sur la liste représentative du patrimoine immatériel par l’UNESCO dit la
contribution du peuple réunionnais à la culture mondiale, au même titre que le tango, le jazz ou
le blues, par exemple. Nous pouvons, nous devons en être fiers, comme nous devons être fiers de
toute notre culture fondée sur la diversité, les rencontres et le mélange, et la valoriser.
Le maloya, qui s’est élaboré et enrichi dans la rencontre et le dialogue entre des apports
africains, malgaches, indiens, français, est un exemple éloquent des processus de créolisation qui
se sont développés (et qui continuent de se développer) à la Réunion. C’est en ce sens qu’il est
particulièrement représentatif de la culture réunionnaise, dans sa dynamique, sa créativité
constante, son dialogue assumé avec les cultures du monde.
La reconnaissance internationale du maloya est aussi un immense hommage rendu à toutes
celles et à tous ceux qui ont résisté au déni, au mépris, à la marginalisation, aux interdictions
de toute sorte, aux brimades pour affirmer, maintenir, valoriser et transmettre leur culture. A
travers cette forme et cette pratique, ils ont ainsi transmis des rites, des langues, des chants,
des rythmes, des textes, des savoir-faire, des manières d’être au monde - fondées sur le respect,
la solidarité, le partage - sans lesquels La Réunion ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Ils
ont démontré toute la force de la culture vivante réunionnaise, de cette culture immatérielle qui,
comme le dit Françoise Vergès, « habite les gens plus que les pierres ».
C’est aussi par respect pour eux, par fierté pour ce qu’ils ont transmis que toutes les
Réunionnaises et tous les Réunionnais doivent contribuer à valoriser et à développer ce patrimoine
de toute l’humanité qu’est aujourd’hui le maloya et dont nous sommes toutes et tous désormais
les héritiers et les garants.
6 Danyèl Waro, auteur, compositeur et interprète
C’est une reconnaissance pour tous ceux qui, depuis les années 1970, ont fait du maloya un
puissant moteur identitaire. Mais pour moi, ce n’est pas une consécration. Le maloya n’est pas
juste une musique, c’est une culture d’ensemble qui a aussi à voir avec l’histoire et avec la
pratique de la langue. On ne peut pas découper la culture créole en morceaux. Pour moi, il n’y
a rien à attendre de cette distinction. Au-delà des bonnes volontés des uns et des autres, les
institutions qui en ont fait la demande espèrent sans doute un retour en terme d’image. Mais il
faut bien rappeler que le maloya, c’est nous - les artistes - qui le faisons.
6 Stéphane Grondin, artiste, musicologue et producteur
Evidemment, c’est toujours bon à prendre. Mais il ne faudrait pas s’arrêter à cette
reconnaissance. Il faut pousser la valorisation de cette musique à La Réunion autant qu’à
l’extérieur ; sans oublier les autres pans de la culture créole. L’inscription au
patrimoine de l’Unesco peut faire du maloya une locomotive de la créolité, faire émerger une
certaine fierté. Mais je constate que cette musique et cette culture constituent un art
de vivre encore méconnu, voire même un peu honteux. Le maloya est issu des basses
couches de la société. Il se développe dans les quartiers défavorisés. Il n’y a qu’à voir le
niveau de vie des musiciens qui en jouent ! Ils ne passent pas vraiment en radio, très peu
à la télé. Le combat reste à mener pour que cette culture soit reconnue à sa juste valeur.
O.P.
Plus d’infos : www.unesco.org
06
PATRIMOINE
P
A
T
R
I
M
O
I
N
E
Deux monuments du folklore traditionnel enfin réédités
A l’initiative de Bernadette Ladauge, deux albums mythiques du Groupe folklorique de La Réunion viennent d’être
réédités pour la première fois en version double CD.
Seuls les moins de vingt ans (et encore !) peuvent ne pas connaître : le
Groupe folklorique de la Réunion est la plus ancienne association culturelle
de l’île.
Née en 1961, la troupe compte une douzaine de disques dont
beaucoup figurent au Panthéon des musiques réunionnaises. A l’initiative de
Bernadette Ladauge, deux albums qui étaient épuisés - « Rougail Séga »
et « La Bourbonnaise » - viennent d’être réédités par le studio Lakaz en
double CD.
« Le 33-Tours « Rougail Séga » est sorti en 1978 avec l’appui du comité
du Tourisme, se souvient Bernadette Ladauge. La première semaine, on en
a vendu 7 000 exemplaires de la main à la main, sans aucune stratégie
commerciale. Les disquaires venaient nous en acheter par grappes de dix,
soi-disant pour les distribuer à la famille. En fait, on les trouvait ensuite
en magasin au double du prix ! Quant à « La Bourbonnaise », il est sorti
dans les années 80 à compte d’auteur. »
Depuis leur sortie, ces deux albums totalisent plusieurs milliers
d’exemplaires écoulés. Maintes fois repris, copiés, réinterprétés à toutes les sauces et dans tous les styles, ils n’avaient
jamais été réédités par leurs auteurs. C’est désormais chose faite. De quoi réjouir une Bernadette Ladauge qui a
beaucoup œuvré pour y arriver.
« Quand j’ai voulu récupérer les bandes, je me suis rendu compte qu’on s’était fait plumer par l’éditeur, qui avait cédé
les droits sans notre accord. Finalement, on a réussi à refaire un master et le studio Lakaz a pu sortir ce double album. »
En faisant la part belle à la musique savante et populaire (séga, valse, quadrille, polka…), l’opus résume à lui seul
une bonne partie du répertoire folklorique traditionnel de l’île, comme l’explique, à sa manière, une Bernadette Ladauge
décidemment en grande forme.
« C’est de la vraie culture populaire, pas avec un grand « Q » et un petit « p » ! Etymologiquement, le « folklore » est
le « savoir du peuple », une mise en scène de l’authentique qui renoue avec notre passé et participe, au même titre que
le Zouk antillais ou le Tamouré tahitien, à la promotion touristique de notre île. »
Le double album en coffret digipack est dans les bacs depuis trois mois.
Anthologie des musiques d’outre-mer chez Frémeaux & Associés
Editeur de référence du patrimoine sonore mondial, Frémeaux et Associés continue son tour de France des musiques
vernaculaires avec un coffret de 10 CDs consacré aux musiques traditionnelles de France et d’outre-mer.
Intitulé « France, une anthologie des musiques traditionnelles », cet ouvrage monumental contient plus de
300 titres des cultures musicales composant notre pays. Réalisé par Guillaume Veillet (collecteur et ancien
rédacteur en chef de Trad Mag), ce travail est organisé par zones géographiques et destiné à témoigner de
l’apport populaire à l’histoire et à l’actualité de notre patrimoine culturel et artistique.
Un album accompagné d’un livret de 24 pages, est consacré à chaque région: Bretagne, France de l’ouest,
Auvergne et Limousin, Centre France, Sud-Ouest, Méditerranée, Alpes nord et est, Corse, France d’outre-mer et
français d’Amérique.
Le CD dédié aux musiques d’outre-mer regroupe des enregistrements réalisés entre 1962 et 2007 aux
Antilles (Guadeloupe, Guyane, Saint-Barth, Martinique), dans les Mascareignes (Réunion, Maurice, Rodrigues), en
Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, à Mayotte, Wallis & Futuna et Saint-Pierre et Miquelon. Le PRMA a
été partenaire de cette réalisation en fournissant des titres de notre label Takamba, dont un inédit de Mayotte : le
« Chant d’appel à la prière » d’Ahmed Abdou à paraître sur notre prochain ouvrage sur les musiques et danses
traditionnelles de cette île en 2010.
Coffret disponible chez les bons disquaires ou sur le site www.fremeaux.com.
O.P.
07
CHRONIQUES
C
H
O
Nathalie
Natiembe
Jako Maron
L’origine de cet album
remonte à 2007, année où la
Natiembé rencontre la paire
Bumcello (Vincent Segal et
Cyril Atef) ; une rencontre due
à la géniale inspiration des
programmateurs du festival
Sakifo. La prestation est un
succès, vite concrétisé par
un deuxième concert à la
Fiesta des Suds à Marseille
la même année et renouvelé
l’année suivante au Sakifo
2008. La suite ? Cinq journées
de studio pour transformer
l’essai en CD. Autour du
répertoire créé pour le Sakifo,
les sessions font une large
place à l’impro, chaque texte
imaginé par Nathalie pouvant
être chanté, raconté, toasté
ou éparpillé façon puzzle
par Yann Costa (Zong) qui
assure la prise de son et le
mixage. Le résultat est un
ovni sonore empruntant aussi
bien au rock qu’au maloya,
à la techno qu’au disco, au
groove ethno qu’à la transe
poétique, tout en restant
étonnement cohérent. Un
album intelligent et élégant,
à écouter d’urgence.
Plus d’infos : www.myspace.
com/nathalienatiembe.
Drôle de type que ce Jako
Maron, à la fois graphiste,
poète et bidouilleur de son,
« musicien qui ne fait pas
de musique, poète qui ne fait
pas de poésie, menteur qui
ne fait pas de mensonge » !
Son credo (« l’archéologie du
quotidien comme étude de la
banalité ordinaire ») pourrait
lui assurer une place au
« Musée des arts modestes »
de Di Rosa. Mais l’artiste est
inclassable. En recherche
permanente, il revendique
une filiation avec Kraftwerk,
Art Of Noise, Radiohead…
Comme une extension électro
du folklore réunionnais, ses
compos naviguent entre
binaire et ternaire, tradition
et expérimentation, maloya
et dub profond. La preuve
avec ce premier opus en solo
qui dézingue les clichés de
l’électro(pical) et s’autorise
toutes les transgressions.
Réalisé
avec
Raphaël
Vendramini (Automat), il est
sorti en octobre à la Réunion.
Sortie nationale en mars 2010
avec tournée en métropole.
Plus d’infos : www.30kill.com,
www.myspace.com/jakomaron
www.bi-pole.org.
« Karma »
Production : Sakifo Records –
Distribution : Wagram Music
Nous avons aussi reçu
08
R
« Saintextension »
Production / distribution :
Bi-Pole
N
Groove Lélé
« Trans-Mission »
Production / distribution :
Discorama Production.
Principal
ambassadeur
du maloya réunionnais,
Granmoun Lélé (alias Julien
Philéas) a largement contribué
à sortir cette musique du
« fénoir » (obscurité) où
des autorités frileuses la
maintenaient jusqu’au début
des années 1980. Pilier
d’une tradition musicale qui
a désormais rang de pivot
identitaire à La Réunion,
l’artiste est malheureusement
décédé en 2004. Mais la
famille a repris le flambeau
via notamment deux de ses
fils – Willy et Urbain Philéas
– qui se posent aujourd’hui
en principaux artisans du
renouveau de la troupe
« Famille Lélé ». Cet album en
est la plus récente illustration
et le meilleur témoignage.
Rendant hommage au groove
cadencé de Granmoun Lélé,
l’opus célèbre ce mélange de
tradition et de modernité qui
en faisait l’âme, un accord
subtil et osé entre sonorités
indiennes et malgaches. Un
album indispensable.
Plus d’infos :
www.myspace.com/famillelele
ou www.famille-lele.com.
Daddy Happy
meets Miohjah
I
Q
Zion Light
« Men’s paradise »
Autoprod. Autodist.
Depuis ses débuts en
2005 jusqu’au tout-dernier
Manapany Surf festival, en
passant par une résidence
au Bato Fou, des répétitions
au Kabardock et une jolie
session à la Clameur des
Bambous, la scène n’a plus
beaucoup de secrets pour
ce jeune groupe qui passe
aujourd’hui avec brio le cap du
premier CD. Réalisé par Mike
Caplan (studio Jim Fox), l’opus
navigue entre roots reggae et
spiritual dub avec quelques
clins d’œil appuyés au rock,
à la pop et à la soul. Presque
exclusivement en anglais, cet
album très chanté évoque les
devoirs citoyens, la justice
sociale et la préservation
de l’environnement. Les
bons sentiments ne font
pas toujours un talent, mais
cette formation emmenée par
le Franco-mauricien Kevin
Mootoosamy s’en tire plutôt
bien. Un coup d’essai qui ne
sera sans doute pas le dernier ;
une partie du groupe est
actuellement à Paris pour dix
mois de travail intensif !
Plus d’infos :
www.myspace.com/
zionlight974
ou www.akout.com/zionlight.
U
Giloo
« Gran Mèr Kal’ »
Autoprod. Autodist.
Il y a du Jaboticaba ici ! Un
peu de chanson réaliste aussi.
Et du folklore créole revisité
façon Triplettes de Belleville ;
impression rehaussée par les
performances live de l’artistepeintre Mahiou. Auteur,
compositeur, interprète, un
brin guitariste, Giloo débute
avec Skarpediem en 2006
avant d’évoluer vers des
compos plus métisses. Pour
ce premier album, il s’est
acoquiné avec la formation
de base du groupe Tribaloya :
Youric Delacuvellerie (guitare)
Ziia (chœur, guitare) Nicolas
Poulet (section rythmique)
et Kaptain Igloo(basse).
Beaucoup d’artistes partagent
le micro : Ludo N’hollé (batteur
de Tiken Jah Fakoly), Didier
Dijoux (Baster), les chœurs
de la chanteuse malgache
Nikki,
Caroline
Faber,
Mounawar, Ricco (Le Pain
des Fous)… La réalisation et
les arrangements sont signés
Jérémie Lapra et Gagli. Sur
scène, Yann Hernot et Sergent
terminent l’alchimie. Une
réussite !
Achat en ligne :
www.musikanoo.re.
Infos : www.myspace.com/
giloo974. Contact artiste :
06 92 51 49 98.
Metis Intelleckt
« Métempsychose »
E
S
Vincent
Chambat
« Flowing from field »
Autoprod. Autodist.
On l’avait quitté vainqueur de
la Clameur des Bambous en
2004 sous son nom de scène
Mateo Chame. Il vivait alors
à La Réunion ; une île qui
l’a « révélé à la musique ».
On le retrouve à Lille, où
il est désormais installé,
pour un premier album sous
son vrai nom et bien dans
la veine de ces premières
expérimentations. En bon
« artisan du son », Vincent
Chambat utilise sa voix
comme un instrument auquel
il ajoute des percussions
bricolées avec des morceaux
de bois, du plastique ou de
la ferraille ; mixez le tout
avec quelques bruits glanés
çà et là – orage, vent, papier
froissé – et vous obtenez un
univers sonore saisissant. Pas
étonnant que le jeune artiste
prête son talent au cinéma
et au spectacle vivant (Cie
Cirquons-Flex à La Réunion).
Ce premier opus est un digest
de ses obsessions ; à la
fois intime et enthousiaste,
naviguant habilement entre
drum & bass, classique et
jazz.
Ecoute et achat sur www.
mateochame.com. Contact
artiste : 06 61 41 81 62.
Lo Griyo
«Yé mama »
CHRONIQUES
C
H
R
O
Clarice
Fair Play
« Mi lé com’mi lé »
Production / distribution :
Klbass Production
« Evolution de l’artiste »
Atuprod. Autodist.
Pas tout à fait inconnu au
bataillon,
Jean-Mathieu
Taristas (alias Fair-Play) a
sorti un premier album l’an
dernier : « La Révolution du
séga ». Natif du Guillaume
Saint-Paul, l’artiste est
revenu au pays en 1996,
après 22 ans d’exil en
région parisienne. Père
autoproclamé du séga fusion
et du séga rap, il se pose en
héritier des ségatiers d’antan
qui distillaient leur humour
fin ou féroce au travers de
chansons. Comique à sa
façon, le jeune homme est
adepte du transformisme
façon Patrick Sébastien,
apparaissant tour à tour sous
les traits de « Ladilafé »,
mamie en robe à fleurs et
chapeautée, « Ti-Caniar »,
jeune mâle sûr de lui sous sa
casquette et son survêtement,
le « Police-Man », muni d’un
bandeau réglementaire au
bras, et « L’Alcoolique », avec
bouteille et clope au bec. Sur
ce deuxième album, l’artiste
apparait au sein d’un clip
« fait à la maison ».
Plus d’infos :
www.myspace.com/
aliasfairplay.
Ecoute et achat sur
www.cdreunion.com.
Elle est comme ça, Clarice !
Féminine jusqu’au bout
des ongles, même avec un
kayanm dans les mains. Une
femme de tête et de cœur,
qui sait ce qu’elle veut et qui
sait s’entourer pour y arriver.
La preuve avec cet album
très fringant où l’artiste a
su rallier à sa cause des
noms prestigieux : Guillaume
Legras, Jérôme Calciné, Harry
Périgone, François Legros,
Meddy Gerville… Difficile de
tous les citer ! La belle se paie
même le luxe de chanter en
duo avec Dominique Barret,
Thierry Jardinot (!), Alex Sorres
et… Alain Técher, son mari à
la ville et compositeur attitré.
Au final, un opus abouti et
parfaitement produit qui
mélange habilement séga
et variété, jazz et rythmes
latinos, avec quelques titres
bougé-cadencé et d’autres
qui swinguent, tels les très
réussis « Mi lé com’mi lé »,
qui donne son titre à l’album,
« Mon cœur i saigne » et « Wo
femm’ », une ode enlevée à la
condition féminine.
Contacts :
[email protected]
ou [email protected].
Ecoute et achat sur
www.cdreunion.com.
Morgane J
« Idiomes »
N
I
Shakal Band
Q
Mikanie
« Réunion »
Autoproduction
Distribution : JV Prod
« Mizik reggae l’île la Réunion »
Autoproduction
Distribution : Discorama
Shakal Band, c’est d’abord
un quatuor de disciples de
Jah basé à Sainte-Clotilde :
Didier Fock-King (chant),
Pascal Gaps (batterie),
David Mansard (basse) et
Aldo Ledoux (clavier). Issus
de formations diverses, ils
se sont réunis en 2005 pour
mettre leur savoir-faire et
leur amour de la musique au
service des artistes locaux :
Backing Band, Babiluzion, Kaf
Malbar, Malkijah… Fondateur
de Musical Roots, un groupe
aujourd’hui défait, Didier
Fock-King avait encore une
tapée de titres à faire partager.
Poussé par ses copains, le
voici à la tête de Shakal Band
pour un premier CD sous cette
nouvelle enseigne. La galette
réunit d’autres amis et fait la
part belle au roots rock reggae.
Evitant la sempiternelle
rengaine écocitoyenne, la
formation distille un simple
message d’amour et de paix, à
l’ancienne. Un CD plutôt bien
fait grâce aux soins de GuyNoël Alexis au studio Lakaz.
Plus d’infos : www.myspace.
com/shakalsband. Contact
groupe : 06 92 01 12 46
[email protected].
La mikanie est une plante
médicinale qui soigne les
morsures de serpent. C’est
aussi le nom d’un groupe dont
la presse locale a largement
stigmatisé les « galères » ces
derniers temps. Un groupe né
il y a quatre ans, entre SaintAndré et Sainte-Marie, et
qui a longtemps navigué au
gré du vent, entre départs et
arrivées de membres plus ou
moins éphémères… Le noyau
central, Jean-Marc Piccot et
René-Claude Law-Weng-Sam,
a tenu la barre malgré un
manque de moyens évident.
Après quelques concerts
encourageants
sur
les
podiums de l’île, la formation
a finalement sorti son premier
CD en juillet dernier. Comme
le nom de l’album l’indique,
les six ou sept musiciens
pratiquent un reggae à la
sauce « péi », sans être
forcément spécialistes du
genre puisqu’issus d’univers
différents. Au final, un album
plus proche de la variété et du
seggae que du roots reggae.
Infos et contact :
06 92 58 07 27
ou [email protected].
Shad
« Sunshad »
U
E
S
Isana (Double-I)
Sabiah
« Dann fé klèr »
Production : CD Run
Distribution : JV Prod
« Regard’ In Pé »
Autoprod. Autodist.
Sympathique « moitié »
d’Olivier Peuvrier (qu’on
retrouve ici à la guitare, à la
basse, à la prise de son et
au mixage), Sabiah s’inscrit
dans la longue tradition des
folksingers réunionnais qui
chantent l’amour du pays, ses
paysages et ses traditions.
Sur ce troisième album,
après « Métissage » (2007)
et « Kozman liberté » (2008),
l’artiste innove en invitant à
ses côtés un fameux joueur de
valiha : le malgache Georges
Razafintsotra (alias Razizy
pour les intimes). Au roulèr et
aux percussions, Sully Parata
clôt la formation. Entre le
Tampon et Mafate, Cilaos
et la Plaine des Cafres, la
ballade (musicale) prend des
airs de balade (touristique)
sur des rythmes séga-maloya
électriques. La réalisation et
les arrangements sont signés
d’Olivier Peuvrier pour CD Run,
autant dire qu’ils ont été fait
à la case ! Un clip du titre
« Ti pêcheur » accompagne la
sortie de l’album.
Management (Erick Assani) :
06 92 02 42 30. Plus d’infos :
www.sabiah.re ou
www.myspace.com/sabiah1.
Ce jeune artiste hésite encore
à se choisir un nom de scène.
Mais on pourrait bien parler
de lui rapidement comme
d’un nouveau phénomène. Il
en a en tout cas les attitudes
et la dégaine, veste en cuir
et casquette vissée sur
la tête. Pour son premier
album, il s’impose déjà en
porte étendard de la nouvelle
génération du reggae dancehall réunionnais. Pas vraiment
novice, le jeune homme est à
l’affiche de quelques clips
undergrounds signés X-clave
Prod. Dans sa ruelle pavée
intronisée nouveau ghetto
réunionnais, il fraye avec
Clem, Ali Baco, Blackman
et Turbo. Quelques noms du
collectif « 100 % Pavée » issu
de Saint-Denis, où la jeunesse
« monte en force ». La plupart
se contentent d’une apparition
sur la chaîne YouTube d’un
autre (voir le site www.
youtube.com/user/isana974).
Mais Isana semble nourrir de
sérieuses ambitions. Les sept
titres de cet album en sont le
coup de semonce.
Contact artiste :
06 93 00 52 19
ou [email protected].
Dj Sanjiva
« Mega Sound Vibration »
09
SUR LE SECTEUR
S U R - L E - S E C T E U R
Dossier : Les Musiques électroniques, « beat génération »
Les musiques électroniques à La Réunion sont composées d’une multiplicité d’univers musicaux. Cette pluralité explique la
difficulté que peuvent rencontrer le public, les médias ou les institutions à appréhender ce courant musical finalement très récent.
Cette diversité fait pourtant la richesse de ce mouvement et lui permet de s’imposer comme une tendance majeure du paysage
artistique local. Voici en quelques lignes, un survol de la planète « électro » locale.
6 Univers « Electro »
Les musiques électroniques ou « electro » renvoient dans
une acceptation générale aux musiques produites avec
des instruments électroniques (synthétiseur, ordinateur,
machines). Elles trouvent leurs origines dans les recherches
sur les sons synthétiques et la musique électro-acoustique. Si
elles sont largement utilisées dans les années 70 et 80 par le
jazz (Herbie Hancock, Joe Zawinul...), la new wave (Depeche
mode, New Order...) et le hip-hop (Afrikaa Bambaataa), le
groupe allemand Kraftwerk contribue, à partir du milieu
des années 70, à en faire un style musical à part entière.
Les années 80 marquent le véritable développement de
« l’électro » avec la scène techno de Detroit (Jeff Mills, Juan
Atkins, Kevin Saunderson), le vivier house-music à Chicago,
les scènes anglaises, new yorkaises et parisiennes. Le pic de
« l’électro » se situe en France au début des années 90 avec
l’émergence de DJs tels que Laurent Garnier et la poussée de
la « french touch » (Daft Punk, Air..). Les styles, les scènes et
les réseaux ont depuis explosé et les musiques électroniques
constituent une galaxie de courants musicaux : breakbeat,
techno, house, trance, jungle, hardcore, downtempo...*
La Réunion de Jack de Marseille et Laurent Garnier. Les bars et
les clubs ouvrent peu à peu leurs soirées aux DJs, à Saint-Gilles
notamment (Le Choca bleu, La Tomate, Le Guest club...).
6 Les grandes étapes
Les années 2000 à 2005 constituent la deuxième étape
du développement de ces musiques à La Réunion. Elles
présentent des caractéristiques dénotant d’une recomposition
du paysage musical. Les lieux dans lesquels sont diffusées
ces musiques ferment et laissent place à d’autres scènes : le
Bug ouvre à Saint-Pierre, des bars de Saint-Denis ou SaintGilles programment des DJs sets... Outre l’arrivée de nouveaux
DJs venus de métropole, Zong prend pendant ces années un
tournant « électro » décisif. La scène des soirées en plein air
se développe en parallèle : soirées de DJ Zen et DJ Goethe, des
Soudures, des Fremen Process...
Malgré la difficulté à retracer l’histoire des musiques
électroniques à La Réunion, on peut grossièrement dresser
trois grandes périodes. Notons d’ores et déjà que leur
développement a été facilité par deux facteurs : l’arrivée ou
le retour (après leurs études...) d’artistes, d’organisateurs ou
d’aficionados issus de métropole ; le développement d’Internet
et des nouveaux modes de communication.
La première étape court du milieu de 1995 à 2000. Elle est
marquée par l’influence de quelques DJs : DJ L’abuse, DJ Vré,
DJ Lokal, DJ Bart et Nicox aka Pushykiller qui écument les
scènes de l’île et montent les premières « teufs »*. Les soirées
Cosmic Vibrations favorisent par ailleurs l’émergence des
musiques électroniques en proposant les premiers concerts à
Pushykiller Aka Nicox
Nicox aka Puskykiller est un DJ / producteur / organisateur de soirées marqué par la techno de
Detroit, les sons de Jeff Mills, Kevin Saunderson et Kraftwerk. Adepte des soirées « Wake Up » de
Laurent Garnier à « L’Anfer », il commence à mixer dès l’âge de 13 ans. Il s’installe à La Réunion
en 1992, y organise parmi les premières « teufs » et participe à de nombreuses soirées en bars ou
clubs. Depuis 1999, il a beaucoup voyagé et a mixé dans nombre de clubs européens tels que la
Fabrik et le Triptyk à Londres ; le Trésor à Berlin ; la Bush et le Cherry Moon en Belgique ; le Gibus,
Le Folies Pigalles, Le Pulp, Le Dépôt, Le Batofar, Le 138, Le Paris Paris, Le Saxo... à Paris... Son
implication sur la scène réunionnaise, ses talents de DJ et de producteur, sa capacité à exporter ses
sets dans le monde entier en font un personnage essentiel de « l’electro » locale.
www.myspace.com/pushykiller
Jako Maron
Jako Maron tire son nom du jako malbar (personnage cultuel tamoul de La Réunion) et du noir
marron (esclave rebelle et fugitif). Il fait ses premières armes sur un Atari 1040 et se fait remarquer
comme producteur hip-hop / rappeur sur les albums de divers groupes et collectifs : « Ragga force
filament » en 1997, « Lo Son Kolony » en 2001, « Force Indigène » en 2004. Son premier album
solo « Saint extension » a été produit à La Réunion en 2009 par Bi-Pole. Il fait suite à une résidence
menée au Séchoir avec DJ Automat. Une tournée organisée par Bi-Pole en décembre a permis à Jako
Maron de défendre ses morceaux devant le public métropolitain. Ce disque marque son identité
d’artiste electro à part entière. Malgré une culture musicale iconoclaste allant de KRS One à James
Brown en passant par Nine Inch Nails, sa musique est marquée par les beats hip-hop abstract, le
son maloya, et les formes musicales synthétiques qui font parfois penser à celles employées dans le
dubstep. Ses projets à venir vont de la collaboration avec d’autres musiciens à la mise en place de
passerelles entre des formes artistiques diverses (cinéma, vidéo, arts plastiques...).
www.30kill.com - www.myspace.com/jakomaron
Seb the Player
Seb the Player débute comme DJ en 1998 sur la scène électro dub lyonnaise. Il y organise des
soirées, mixe et développe ses talents de manager pour des groupes tels que In Extremis ou Meï Teï
Shô. Il travaille pour Novamag de 1999 à 2005 et continue d’élargir sa culture musicale. Il monte
10
Les années 2005 à 2009 semblent quant à elles marquer
un boom de « l’électro » réunionnaise. Une structuration du
milieu s’opère autour d’organisateurs de soirées, parfois nés
en parallèle les soirées « Global Groove » avec des invités tels que Zenzile ou High Tone. Il réalise
deux compilations : « Créatures des Abysses » en 1997 (Peuple de l’Herbe, Zenzile...) sur son label,
Wild Palm et « Underground, Moderne » en 2001 (pour Nova Records, avec Funkadelic, Mutabaruka,
Suicide…). Il affine ses sets DJs et joue sur cette période aux Vieilles Charrues, aux Francofolies et
dans de nombreux clubs parisiens. Il part en tournée européenne avec le Peuple de l’Herbe, High Tone
et Meï Teï Shô pour le « Lyon Calling Tour » en 2006, rédigeant au jour le jour le blog de l’aventure,
et s’installe peu après à La Réunion. Il y rencontre le milieu musical local, mixe souvent au Bug, joue
lors du Sakifo Festival (2007) et au festival SOL (2009). Ses mixes reflètent son éclectisme musical
et se situent dans le registre de la sono mondiale et de la ghetto pop, à l’instar d’artistes tels que
Maga Bo ou Radioclit. www.sebtheplayer.com
Zorteil
Musicien, issu du blues et du jazz, Zorteil concrétise sa passion pour les musiques de synthèse
et les nouveaux paradigmes sonores lorsqu’il s’installe à la Réunion en 2000. Laissant de côté la
composition sur ordinateur, il lui préfère la production sur machines qu’il complète avec un Fender
Rhodes ou d’autres instruments. Trente morceaux plus tard et quelques concerts avec Degadezo
à son actif, il fonde Zorteil en 2004. S’en suivent plusieurs prestations live dans les soirées
alternatives et les bars de l’île. Son album éponyme sort en 2007, année pendant laquelle il parvient
en finale de la Clameur. Il se produit aujourd’hui encore et propose aux établissements scolaires des
ateliers sur la synthèse et la M.A.O. www.myspace.com/zorteil
Lan-K
Alex aka Lank-K est une DJ arrivée à La Réunion en 2001. Elle découvre l’électro dans les afters
parisiennes auprès de DJ K-Mu et Fabrice K. Baignée par la house music, elle s’intègre au milieu
« électro » local via une résidence au Bug et en fréquentant les « teufs » locales. Elle mixe très
rapidement dans divers clubs de l’île et de l’Océan Indien. Elle joue aussi au Domestic à Barcelone
aux côtés d’Andy Dabula. Ses mixes sont principalement composés de house, d’électro et de
progressive. Elle se dit proche musicalement de DJs tels que Django ou Orel H.
www.djlan-k.com
SUR LE SECTEUR
S U R - L E - S E C T E U R
à La Réunion et issus du mouvement « électro » européen :
dans des registres très différents, Sapoak, Freak Broza, La
Clandestine, Tech tech...
Les musiques électroniques font en outre l’objet de stratégies
de récupération par des acteurs extérieurs au mouvement :
clubs généralistes ouvrant leurs soirées à une programmation
« electro » ; scènes de musique conventionnées programmant
ou accompagnant des artistes « électro » ; soirées
promotionnelles montées par les organisateurs issus du
monde de l’événementiel : NRJ Party Mix, Keep In touch....
Ces années sont enfin marquées par l’émergence d’une
production locale à part entière qui tente parfois la fusion
entre les musiques locales et « l’électro » : Jako maron,
Zorteil, Lo, Pushykiller, Red Richards, Do Pagaal, Atomic
Scale....
6 Un mouvement, des courants
La complexité des réseaux et leur pluralité rend difficile
l’appréhension du milieu « électro » local dans sa diversité.
Cette dernière va au-delà de simples différences de styles.
Qu’y a-t-il de commun entre un club saint-gillois et une
free party en plein air ? Cette question pose une ligne de
démarcation entre une « électro » exposée et exportée et
une musique électronique plus « underground » affranchie
des contraintes commerciales. Ces démarches différenciées
ont leur pendant artistique puisque certaines musiques se
retrouvent cantonnées à certains lieux : la jungle, la drum n’
bass, le hardcore et le dub step essentiellement dans l’univers
des free parties et la house et les musiques plus accessibles
en clubs, à Saint-Gilles notamment. Restent certaines
passerelles allégrement empruntées par des artistes tels que
Pushykiller, Zorteil, Dj Vague, Zon ou par des clubs « electro »
comme le feu Bug et le S.A.V. à Saint-Pierre ou l’Embuscade
à Saint-Gilles.
6 Système Diffusion
A La Réunion, l’économie du secteur est essentiellement
dominée par la diffusion.
Malgré leur succès et leur importance artistique et sociale,
les soirées en plein air se constituent en dehors des réseaux
commerciaux : elles sont la plupart du temps gratuites, la
promotion se fait par le bouche-à-oreille, le matériel utilisé
appartient aux organisateurs, les DJs ne sont pas payés....
A contrario les soirées en clubs, dans les bars ou dans les
salles de concerts génèrent des recettes et des coûts de
production. Le cachet varie énormément selon le lieu et la
notoriété de l’artiste : de 100 euros à plus de 2000 euros
par prestation. Les soirées dans un club peuvent atteindre
plusieurs milliers de personnes et malgré un potentiel
commercial réel, peu de discothèques ouvrent largement leur
programmation à ce style musical.***
Certains bars programment cependant des DJs en « warm up »
ou en soirée : Ô Bar, L’Embuscade, Le Fashion....
Notons enfin que les viviers la culture « électro » se situent
par ordre d’importance dans l’Ouest, le Sud et le Nord.
6 Promotion alternative
Beaucoup d’artistes « electro » regrettent le traitement
réduit que leur réservent les médias. Les soirées sont en
effet peu relayées par la presse locale et les musiques
électroniques restent cantonnées à la sphère des médias
culturels et spécialisés. Cela explique en partie la recherche
de formes de promotion alternatives.
Si les modes de promotion se sont longtemps concentrés
sur le flyer, l’affichage et le bouche-à-oreille, Internet et les
nouveaux modes de communication ont cependant modifié
les façons de promouvoir les soirées. Les réseaux sociaux, les
forums (Teufin 974 notamment), et divers blogs ont ainsi peu
à peu pris le pas sur le support papier. La communication se
fait parfois plus large, parfois plus ciblée selon le type de
public visé mais elle demeure dans tous les cas plus efficace.
6 Une production naissante
On distingue en général les DJs qui dédient leur art à celui
des autres (Seb the Player, DJ Abusor...) et les producteurs qui
ne sont pas d’ailleurs pas forcément DJs (Jako Maron, Zorteil,
DJ Rob, Psychorigid...). En l'espèce, les ventes de musique
électronique réunionnaise ne sont pas significatives. On
Nikolas Bénard - Tech Tech
Structure dédiée à la promotion et l’export des musiques électroniques réunionnaises, Tech Tech
a été fondée par Nikolas Bénard. Ce dernier découvre l’électro en 1996 au cours des soirées
Cosmic Vibrations et des free parties organisées sur l’île. Il décide alors de consacrer son temps
à l’organisation de soirées et à la promotion d’artistes de musiques électroniques. C’est ainsi qu’il
fonde au milieu des années 2000, la société Fish in the Box avec laquelle il organisera plusieurs
soirées au club Le Safari à Saint-Gilles avec des DJs espagnols... Il s’envole entre temps à Paris, suit
la formation de management artistique de l’école ATLA et se frotte au milieu « electro » parisien. Il
collabore avec le label Sabotage Crew, organise des soirées et participe à l’organisation des plages
électroniques à Cannes. A son retour à La Réunion, il fonde Tech Tech et monte le char Réunionnais
à la dernière Techno Parade avec Neo Gald’R, DJ Vague, Pushykiller, C-Bullon, LO, DJ Scoubi, Django
et Red Richards. Nikolas Bénard est un partisan de l’exposition et de la promotion des musiques
électroniques auprès du grand public. www.techtech.fr - www.myspace.com/techtechprod
DJ Automat
Connu à ses débuts sous le nom de « Tha’Natur », DJ Automat découvre l’électro en 1992 avec
les soirées parisiennes de la tribu londonienne Spiral Tribe. Invité du festival Astropolis en 1997,
il devient Automat et prend clairement une orientation electro qu’il décline dans ses sets et dans
ses propres compositions. Il truste les platines de clubs ou festivals européens importants. Il sort
une dizaine de disques pour les labels Karat, Point-One, Sounds Around et Full Panda. Invité une
première fois à la Réunion en février 2007 pour assurer l’ouverture de saison du Séchoir, il revient
quelques mois plus tard jouer au Sakifo et dans les clubs de l’île. Installé depuis à La Réunion, il a
travaillé à la réalisation de l’album de Jako Maron et collabore aujourd’hui avec le slameur-poète
Raghoonauth dans le cadre du projet Do Pagaal. Très marqué par Kraftwerk, la techno de Detroit
(Juan Atkins et Drexciya notamment) et Aphex Twin, DJ Automat a su mêler des sets éclectiques à des
productions électro lui permettant de s’exporter en dehors du réseau des clubs et des free parties.
www.myspace.com/automatfr - www.myspace.com/dopagaal
Dj Biloo
Dj Biloo est membre fondateur du crew Freak Broza (association créée en 2006) avec DJ Naize et
Mass Shimeria. Originaire du pays basque, Biloo a officié comme graphiste de mode, skater et DJ
dans la région bordelaise. Très influencé par le hip-hop, le dub et le reggae il découvre en 1995 la
drum and bass et la jungle à Londres lors du festival de Notting Hill. Il s’installe à La Réunion en
2001. Il y exerce ses talents de DJ et de graphiste et organisera avec Red Richards, pour l’association
DiscoFuckerz dont il est trésorier, les soirées « Wicked » qui auront notamment pour tête d’affiche
Djam, Béru, Zon, Jamalski ou encore Miss Ficel. Il fonde peu après Freak-Broza entièrement dédié
au skate et à la Jungle ! Depuis 2006, il organise avec Freak Broza de nombreuses soirées, produit
ses propres morceaux, anime une émission de radio sur RZ fm, assure une résidence mensuelle,
et sonorise de nombreuses compétitions de skateboard. DJ Biloo et les Freak Broza ont pour projet
de produire les albums des membres du crew, souhaitent continuer l’organisation de soirées et
accroître leur implication dans le tissu social local via des projets d’action culturelle, sportive et
sociale.
Ce collectif constitue avec BKV ou Vilain Nabot une émanation de l’underground electro réunionnais.
www.myspace.com/djbiloo1
Red Richards
C’est à Paris que Red Richards fait connaissance avec le milieu des musiques électroniques dominé
à l’époque par Carl Cox et Laurent Garnier.
Il commence le mix en 1998 et touche le sol réunionnais quelques années plus tard en venant jouer
à L’Escobar et au Cyclone Café. Il revient peu après pour une dizaine de dates et s’installe sur l’île. Il
mixe en clubs et collabore avec certains musiciens de jazz réunionnais dont Luc Joly. Il organise les
soirées « Wicked » et monte un studio de création. Commence alors pour lui une série de voyages
qui le mènent du Japon à l’Australie puis à Philadelphie aux Etats-Unis où il s’installe. Il développe
en parallèle ses activités de producteur (pour des musiques de pub notamment), sort plusieurs EPs
et en 2009 un album « Messenger…of the divine wills » sur le label allemand Exabeat. Il travaille
aujourd’hui sur divers projets mêlant electro, hip-hop et rock : projet Eureca avec l’américain MC
Calvin, collaboration avec le japonais « 1*TWINS », remix pour Tiger Hi-Fi, Onetram, Parano &
Parker. Sa musique est marquée par un certain éclectisme et la recherche de formes artistiques
abouties.
www.redrichards.com - www.myspace.com/eurecasound
11
SUR LE SECTEUR
S U R - L E - S E C T E U R
notera cependant la mise à disposition gratuite de mixes
ou de morceaux qu'autorisent plusieurs artistes sur leurs
sites Internet. Par ailleurs, quelques musiciens « electro »
connus en dehors de l’île, ont sorti des maxis et des albums
sur des labels français ou européens.
Les musiques électroniques sont en outre souvent utilisées
pour illustrer des spots publicitaires. Certains producteurs
perçoivent donc des rémunérations au titre du droit
d’auteur. De fait, il existe une proximité entre le monde de
l’image et le milieu « électro ». Beaucoup d’artistes sont
graphistes et tirent parfois leurs revenus de cette activité.
Les sets électro sont aussi couplés avec des prestations
V.J. – Video Jockey - réalisées par des graphistes, vidéastes
et plasticiens.
6 Export et prise en compte institutionnelle
Le potentiel des artistes réunionnais à l’international
semble réel. Plusieurs exemples confortent ce point de vue.
Zong et Jako Maron, artistes du label Bi-Pole sont dans
une démarche offensive d’export avec un relais logistique
et promotionnel en métropole.
Le char réunionnais à la Techno Parade, monté par Tech
Tech avec le soutien de la ville de Saint-Denis, a rassemblé
près de 45000 personnes soit la deuxième plus grosse
fréquentation après le char de radio FG****.
Enfin des DJs comme Pushykiller, Automat, Goethe,
L’abuse, Lan-K, Red Richards ont su s’exporter en dehors
de l’île : certains jouent plusieurs dizaines de fois dans
l’année sur des scènes internationales. Un certain
nombre d’artistes du milieu souhaiteraient dès lors une
reconnaissance de leur travail à un niveau institutionnel.
Beaucoup d’entre eux, notamment dans le milieu
« underground », regrettent par ailleurs l’image
négative que véhiculent ces musiques. Cette
représentation biaisée du secteur fût à l’origine de
la vague de répression contre les « rave parties »
qui se tint en France à la fin des années 90.
Les musiques électroniques sont pourtant porteuses de
valeurs de liberté et de modernisme dont le secteur des
musiques actuelles réunionnais ne peut que bénéficier.
* Pour plus de précisions, vous pouvez consulter le guide www.
techno.org/electronic-music-guide/
** Le Mot « Teuf » fait allusion aux soirées «électro» en plein air parmi
lesquelles on distingue les « free parties » et les « raves parties »
- les premières renvoyant a des soirées underground gratuites alors
que les raves renverraient à des fêtes techno plus encadrées-. Notons
que ces deux termes sont parfois confondus.
*** La Villa a lancé récemment un rendez-vous « electro » mensuel.
****Source Tech Tech
Rodolphe Legras
Bercé par le rock, le séga, la new wave, Herbie Hancock et Kraftwerk, Rodolphe Legras est le
fondateur de Planète Zong. Ce groupe officie pendant les années 90 dans un registre rock mais
se démarque des autres groupes par l’ajout de pédales d’effets et de sons synthétiques. L’arrivée
au sein du groupe de Yann Costa renforce la part des compositions empreintes de musiques
électroniques. Deux ans après la naissance de Zong, il quitte le groupe. Il se consacre à cette
époque à son émission « elektropikale », se voit proposer des campagnes publicitaires et une
résidence au Kabardock dans le cadre du projet « Elektromadaires ». En 2006, il fonde avec
son cousin le groupe Stereo Monoï dans un registre down tempo. Puisant en parallèle dans les
années 80, il lance le projet Rod Royce qui oscille entre pop et musiques synthétiques. Il aboutit
en 2009 autour de 14 compositions de Rod Royce et Radio Smoking. Musicien talentueux et
précurseur, Rodolphe Legras n’est pas un producteur de musiques électroniques à proprement
parler. Il utilise les collages sonores au service des mélodies et des atmosphères « extraterrestres
» qu’il souhaite créer, fidèle à sa volonté de « laisser son corps aux robots ».
www.myspace.com/rodroyce - www.myspace.com/stereomonoi
Yann Costa / Zong / Zon
Yann Costa s’initie très tôt à la musique assistée par ordinateur et à la musique électronique
qu’il envisage alors comment un moyen de produire d’autres styles musicaux. Souhaitant
pousser son expérimentation musicale, il devient ingénieur du son et s’installe en 1993 à la
Réunion. S’il fréquente certaines free parties ou soirées (Cosmic Vibrations notamment), c’est
sa rencontre avec Rodolphe Legras de Planète Zong qui va pousser son intérêt musical pour les
musiques électroniques. De leur rencontre naît un trio composé de Rodolphe, Yann et Sandrine
Ebrard qui écume les scènes de l’île. Fever intègre le groupe et le premier album de Zong sort en
2001. Après le départ de Rodolphe, le groupe prépare son nouvel album « Paradis thématik »
qui sort en 2006. S’en suivent plusieurs tournées en métropole, Europe et Afrique. Leur dernier
album « Fractures » est paru sous le label Bi-Pole, structure qu’ils ont contribué à développer
à La Réunion et en métropole. Zong définit sa musique comme de « l’électro song » mélange
de pop et de musique électronique. Le groupe se produit occasionnellement sans chanteuse
sous le nom de Zon. Yann Costa a par ailleurs collaboré sur scène et/ou en studio avec
Mounawar, Nathalie Natiembé, Jako Maron, Lo Gryio. www.myspace.com/zongparadisthematik
www.bi-pole.org
Sapoak
Collectif regroupant DJ Ice, DJ Rob, Dj Abuzor, Dj Aztek, Dj Fish et un staff de bénévoles, Sapoak
organise des soirées « électro ». Reprenant le flambeau des Soudures ou des Fremen Process,
avec lesquels ils ont collaboré jusqu’en 2003 - Dj Raph des Fremen mixe parfois lors de leurs
soirées - Sapoak se fait le porte-parole d’un milieu underground electro très actif et indépendant,
rempli des valeurs de liberté qui ont animé le mouvement des free parties. Les membres de
Sapoak ont d’ailleurs fait partie intégrante de collectifs métropolitains tels que Karsoundsystem
ou Toltek Unit avant de revenir s’installer à La Réunion. Sapoak est aussi issu du mouvement
hip-hop local : graffiti, breakdance et rap (Ice collabore aujourd’hui avec le groupe M2). Les sets
du crew sont essentiellement composés de musiques hard-core, dub-step, techno, hardtekno,
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le Bug à travers ses flyers
jungle, drum’n bass et du son mental mais s’ouvrent aussi à d’autres formes musicales
(collaboration avec Zon notamment). En dehors de DJ Fish qui produit ses morceaux et les joue
en live, les artistes de ce crew se sont essentiellement tournés vers le mix. Leur démarche a
motivé de nombreux artistes et collectifs tels que Onirik.
www.sapoak.com - www.karsoundsystem.com
Lo, C-Bullon, La Clandestine
Lo est un DJ versé dans la minimal et la dub techno. Marqué par le techno de Detroit, c’est
en découvrant une video de Jeff Mills que Lo décide de se lancer dans le mix et la production
de musique électronique. Reprenant la démarche de DJ Sebastopol et Sal Paradise, il organise
avec son compère C-Bullon (et Könsole) les soirées « clandestine » qui se veulent intimistes et
affranchies des réalités commerciales. Ce collectif a en outre participé en 2009 avec Atomic
Scale Association et DJ Alpha à la soirée dionisyenne « Les Electropicales ».
www.myspace.com/reunionclandestine
Bibik Aka Psychorigid
Dominique Iva aka Psychorigid est un producteur réunionnais présent depuis plusieurs années
sur la scène réunionnaise. Influencé par Exploited, Dead Kennedys ou Black Flag, versé dans
le rap et le ragga, il se fait connaître via l’aventure Flash Gordon. Il découvre la musique
électronique en 2001 auprès de Yann Costa et cite Roni Size, Squarepusher ou encore Aphex Twin
comme influences majeures. Commence alors pour lui ses premières soirées en plein air et la
découverte de sa principale source d’inspiration : Venetian Snares. Marqué par l’éclectisme de ce
dernier qui mêle la jungle et la drum’n bass à tous les styles musicaux, Bibik s’est lancé depuis
peu avec l’aide de Jako Maron dans la production de ses propres titres.
www.myspace.com/psychorigid
Le Bug
Lieu « culte » situé à Saint-Pierre, ouvert en 2000 par « Greg et Titard », le Bug a été repris en
2005 par « Pierrot » qui l’a tenu ouvert jusqu’en février 2009. Le Bug se démarquait de autres
clubs de l’île par sa taille (140 personnes au grand maximum) et sa programmation résolument
pointue et dédiée aux musiques électroniques (en plus de soirées rock et reggae). Le Bug a ainsi
accueilli nombre de pointures de « l’électro » internationale : Zenzile, Jack de Marseille, Peuple
de l’Herbe, Jef-K , Ixy ainsi que la majorité des DJs et producteurs de musiques électroniques
de l’île - en résidence ou en programmation. Connu pour ses soirées festives, son ambiance
chaleureuse et son exigence artistique, le Bug constituait un repère pour les aficionados de
« l’électro » locale. L’endroit a été repris sous le nom de « Code Bar » avec pour principal DJ
résident Mixer Lwi. - www.myspace.com/lebugreunion
M.M.
Nous n’avons pu évoquer de façon exhaustive tous les DJs, producteurs ou organisateurs qui oeuvrent à
la construction de « l’électro » réunionnaise. Nous vous incitons à venir les découvrir sur www.runmuzik.
fr/observation/muzikannuaire. Que ceux qui ne sont pas encore référencés n’hésitent pas à se faire
connaître auprès de nos services.
SUR LE SECTEUR
S U R - L E - S E C T E U R
Détours en studio
Studio Makatia : le goût de l’authenticité
6 Il règne ici un parfum de luxe mauricien : du bois et de la pierre, des lumières tamisées et de jolis
bibelots sur un joli mobilier. Une atmosphère calme et sereine, propice à la créativité. Ici, c’est chez
Patrick Donat.
De son père Luc, Patrick Donat a hérité de la même douceur de traits et d’une même passion pour la musique bien faite. Le
studio qu’il a créé voici un peu plus d’un an, dans sa maison du village artisanal de l’Eperon, en est la parfaite illustration.
Car tout ici est fait avec soin. Un souci du détail qui témoigne d’une grande exigence artistique et d’un amour du son vrai.
« Le studio est très orienté jazz et musique classique, explique l’hôte des lieux. Je ne fais que de l’acoustique : des voix, de
vraies trompettes, de vrais saxes, un vrai piano… »
Le piano, justement, trône au milieu de la pièce ; un Gaveau de 70 ans qui bénéficie des bons soins du facteur Alain
Loizeau. L’acoustique est à l’avenant : tissu RT 60 aux murs, bass-trap judicieusement placés, façades réfléchissantes ou
absorbantes, double sas à chaque entrée…
« La configuration a été faite sur les conseils de Philippe Abadie et de l’agence parisienne Auvi One, reprend Patrick Donat.
L’acoustique a été particulièrement soignée. Quant au matériel, tout est fait pour éviter de « colorer » le son afin de donner la
priorité aux instruments et aux musiciens. »
Adéla Bérard ne dira pas le contraire. L’ex-violoniste du Philharmonique de Moscou a testé avec succès chacune des pièces de
ce studio de 70 m2 doté de trois cabines insonorisées.
Dans la foulée, Pierrot Baillif y a enregistré « Alerte Rouge » ; Danyèl Waro, la « Voix du tambour, 20 désanm » ; Mahay Dera,
« Trio » avec la participation de Didier Jeannette, Max Gobetti et Bernard et Jimmy Filo ; Patrick Donat, un hommage à Luc
Donat avec David Hoarau, Patrick Sida, Teddy Baptiste et Guillaume Legras.
Chez les habitués, citons également Elise Miniac, la soprano Cécile Bellec, Nirina Sulette et son « Lo Bat’ Jazz », MarieThérèse Bellec et son « Tamm ah Tamm »… Bref, que du bon !
Côté tarif, compter 400 euros/jour pour l’enregistrement, le mixage et le mastering.
5, imp. Safran, village artisanal de l’Eperon : 06 92 76 67 86 – [email protected] – www.makatia.fr
DLS Prod : ambiance séga et plus si affinités
6 A la Saline, David Louisin a troqué son bus scolaire contre un studio. Au programme : du séga, mais pas seulement.
Ancien chauffeur de bus, David Louisin a dû se résoudre à faire un choix de vie entre son métier de transporteur scolaire et la
musique, une passion dévorante qui occupait de plus en plus ses journées.
« Je fais de la musique depuis mes quinze ans. J’ai été musicien de radio crochet, puis j’ai tourné onze ans avec Multi Force
et joué pour Frédéric Joron, Safari, Manyan, Kormoran, Dial’s seggae, Orage et pas mal de ségatiers mauriciens. A un moment,
il a fallu choisir. »
Collaborateur régulier du studio Alambic, au Guillaume, David Louisin commence par y enregistrer son premier album, « In
Larm », sorti en décembre 2007 après des arrangements à la case.
« A partir de là, j’ai commencé à m’équiper et le studio est né. J’y ai enregistré mon deuxième album, « Kasskassé », sorti en
décembre 2008, avant de déposer les statuts officiels le 1er avril dernier. »
Spécialisé dans le séga, le studio fait aussi dans le ragga, le zouk, la variété… David Louisin y a enregistré – et produit –
Patrick Lartin (pour « Dalon la Cour »), Somanké (pour « Héritage »), Mister Nono (pour « Lafection ») et Kalyp’s Kréol (pour
un album original de zouk capverdien).
Cormoran et Jalsa des Iles sont encore attendus ces prochaines semaines. En outre, David prépare son troisième album
et deux compilations seront enregistrées courant 2010. Mais David Louisin rechigne à afficher ses prix, en bon apôtre de
l’entraide et du système « D ».
« Les tarifs sont négociables. On fait des petits prix pour les petits budgets. Et un peu de troc aussi. Mister Nono, qui est
maçon de profession, a bâti le studio en échange de son CD. Toutes nos jaquettes sont réalisées par le studio KOS contre
quelques accords que je fais sur leurs albums. Il y a aussi pas mal d’artistes qui viennent avec un simple texte et une mélodie
en tête. Avec mon compère Dominique Tilin à la batterie, je les accompagne au clavier, à la basse et à la guitare. Ensuite, on
s’arrange sur les royalties. On ne ferme jamais la porte. »
16, chemin Corbeil, la Saline : 06 92 611 811 – [email protected] – www.davidlouisin.com.
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RESSOURCES
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Les statuts juridiques de l’artiste, l’auto-entrepreneur
Il est beaucoup question ces derniers temps du « statut de l’artiste », comme si l’artiste n’avait pas de statut et qu’il
fallait lui en tailler un sur mesure. Cette confusion nécessitait une mise au point, en voiture !
obligatoire pour les artistes salariés, n’est pas applicable dans ce cas.
Tout contrat par lequel une personne s’assure, moyennant rémunération, le concours
d’un artiste du spectacle en vue de sa production, est présumé être un contrat de
travail dès lors que cet artiste n’exerce pas l’activité qui fait l’objet de ce contrat dans
des conditions impliquant son inscription au Registre du Commerce. (cf article 7121-3
ordonnance de 1945)
Les différentes structures entreprenariales
-
E.I. (entreprise individuelle)
-
E.U.R.L. (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée)
-
S.A.R.L. (société anonyme à responsabilité limitée)
-
MICROENTREPRISE
-
COOPERATIVE
-
AUTO-ENTREPRENEUR
6 L’artiste salarié
Si tout revenu professionnel trouve nécessairement sa source dans une activité
indépendante ou salariée, il est difficile, sinon impossible de donner au mot « artiste »
une signification univoque. Ce terme recouvre une infinité d’activités exercées dans des
conditions économiques et sociales si différentes qu’on voit mal comment appliquer à
une catégorie sociale si difficilement identifiable, un unique « statut ».
Il est possible par contre d’identifier une catégorie bien précise d’« artistes » :
chanteurs, danseurs, musiciens, en un mot les artistes de spectacle, qu’ils se
produisent « live » ou que leur prestation soit enregistrée. Leur statut est clair : ce
sont souvent des salariés. Ce statut résulte des principes généraux du droit social,
appliqués par une jurisprudence constante et confirmés par une réglementation : les
artistes du spectacle.
L’artiste entrepreneur
L’artiste peut cependant pratiquer son art, sans être salarié. Pour cela il doit avoir sa
propre structure, être inscrit au Registre du Commerce, avoir un numéro de SIRET et
son numéro de Licence d’entrepreneur du spectacle de catégorie 2. Dans ce cas l’artiste facture sa rémunération à la personne qui l’engage. Le minimum salarial qui est
L’auto-entrepreneur , définition
Ce dernier statut, disponible depuis le 1er janvier 2009 et mis en place par la Loi de
Modernisation de l’Economie du 4 août 2008 modifie le paysage juridique des créations
d’entreprise. Il simplifie les formalités de déclaration pour créer une activité commerciale indépendante. Il s’agit d’une structure juridique commerciale (une entreprise individuelle) d’une seule personne qui travaille comme indépendant et qui vend des biens
ou des services à des clients.
Un travailleur indépendant est donc à la fois entrepreneur, propriétaire (de ses moyens
de production) et son propre employé. Il est maître de ses décisions concernant son
travail mais doit toutefois s’adapter aux demandes de sa clientèle.
Qui peut bénéficier du régime d’auto-entrepreneur ?
Tout porteur de projet d’activité commerciale ou artisanale (excepté certains cas
comme les auteurs, les loueurs de biens de consommation durable) souhaitant créer
une activité complémentaire à un autre revenu ou comme son activité principale.
Quelle procédure de déclaration ?
Ce régime est obtenu par une simple déclaration au Centre de Formalités des Entreprises, sur un formulaire papier ou par Internet « en quelques clics ».
www.cfenet.cci.fr
Quelles sont les conditions pour devenir auto-entrepreneur ?
•Créer en tant que travailleur indépendant (les sociétés ne sont pas concernées)
•Démarrer une activité commerciale ou artisanale
•Réaliser un chiffre d’affaires (CA) inférieur à 80 000€ HT pour de la vente de marchandises
•Réaliser un chiffre d’affaires (CA) inférieur à 32 000€ HT pour des prestations de
service
6 Muzikressources : des réponses à vos questions
Peut-on être artiste ou technicien indemnisé et auto-entrepreneur ?
Oui, on peut cumuler les deux statuts. La complexité réside dans le fait de pouvoir transformer le chiffre d’affaires en nombre d’heures travaillées pour le calcul des droits ASSEDIC.
Dans le cas d’une création d’activité d’auto-entrepreneur, le nombre d’heures d’activité est déterminé en fonction de la rémunération obtenue. Lors de l’exercice d’une activité non salariée, on
ne peut pas fournir de justificatif chaque fin de mois mentionnant les revenus exacts que vous a procurés cette activité.
En conséquence, l’indemnisation sera calculée en fonction d’une rémunération théorique, calculée selon un barème forfaitaire similaire à celui fixé par l’URSSAF dans le cadre d’une création
d’entreprise.
Lorsque la personne obtiendra des services des impôts un justificatif précisant le montant exact des revenus tirés de cette activité, il faudra le transmettre à votre site Pôle Emploi qui se
chargera de la régularisation des paiements et de la mise à jour du dossier.
Il n’y a donc pas de perte de ses droits ASSEDIC acquis mais décalage dans le temps pour retoucher ces droits.
Le problème pour l’intermittent réside dans la complexité du calcul et surtout dans la gestion de son planning pour conserver le temps de faire son nombre d’heures d’intermittence.
En tant qu’intermittent et auto-entrepreneur, il est aussi conseillé d’opter pour le développement d’activités annexes à la scène (la vente de disques, le « merchandising », l’intervention pour
des prestations diverses).
Cependant une question reste en suspend : peut-on renouveler ses droits ASSEDIC en fin de période lorsque l’on est auto-entrepreneur ?
Peut-on être artiste interprète rémunéré sous le statut d’auto-entrepreneur ?
Oui, on peut être artiste interprète en auto-entrepreneur (juridiquement) mais il n’ y a pas vraiment d’intérêt, sauf pour ceux pour qui il s’agirait d’une activité accessoire (qui ont un emploi à
temps partiel et qui complète quelques dates sans chercher à être intermittent).
Sur le fond il faut bien comprendre que ce système remet en question la protection sociale et, bien entendu, celle des artistes interprètes.
Le jour où massivement les artistes travailleront en auto-entreprise, il n’y aura plus besoin de régime de protection, ce sera la fin de l’intermittence et de la protection sociale qui va avec.
L’auto-entrepreneur cotise peu pour sa protection sociale (et celle des autres dans notre système de mutualisation de la protection sociale).
6 Pour aller plus loin :
www.jardinmoderne.org/docs/pdf/synthese-rencontre-auto-entrepreneur.pdf
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RESSOURCES
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Intervenir en milieu scolaire
Cette fiche fait suite aux rencontres «Muzikozman» organisées au PRMA et au Bato Fou sur les interventions des
musiciens en milieu scolaire dans le cadre de dispositifs financés par le Rectorat via la D.A.A.C. (Délégation
Académique à l’Education Artistique et à l’Action Culturelle). La Direction Régionale des Affaires Culturelles (D.R.A.C.)
propose quant à elle d’autres mécanismes d’actions pour l’éducation artistique et culturelle.
6 Les classes à P.A.C. et les ateliers artistiques
Depuis 2000, la DAAC, via Luc Souvet (Référent musique) et Serge Richard (porteur de
projets de musiques actuelles), coordonne la mise en place et le financement de projets
artistiques au sein d’établissements scolaires, de la maternelle à la terminale. Parmi les
dispositifs existants, voici une présentation des classes à P.A.C. et des ateliers artistiques.
Les dispositifs :
- Classes à P.A.C. (Pratique Artistique et Culturelle)
La classe à P.A.C. concerne l’ensemble des élèves d’une même classe et se réalise pendant
le temps scolaire. Elle « vise l’articulation des savoirs et l’interdisciplinarité : l’intérêt
est donc de travailler à plusieurs enseignants sur une même thématique », explique le
Rectorat. Par exemple, un enseignant d’école primaire, avec l’apprentissage d’une
chanson, pourra se servir de l’étude des paroles pour l’acquisition de vocabulaire ou la
maîtrise de structures grammaticales (français), des cours sur une période de l’histoire
ou un pays du monde (histoire et géographie), utiliser la pratique vocale (musique) ou
encore un travail de mise en image avec des dessins, de la peinture, de la mosaïque (arts
plastiques).
La classe à P.A.C. nécessite un travail d’équipe entre plusieurs enseignants, même si
un seul d’entre eux sera porteur du projet. Les structures culturelles (musées, lieux de
diffusion et autre) peuvent être aussi sollicitées. Le projet aboutit à une « petite
production artistique des élèves », mais jamais à la réalisation d’un spectacle de fin
d’année.
Volume horaire : 30 heures dans l’année, dont 8 à 15 heures d’intervention d’un artiste.
Les montants : environ 600 euros par projet dans un collège (la moitié est financée par
l’Education Nationale, l’autre moitié par le Conseil Général). La somme versée sert à payer
l’intervenant artistique, le matériel et les déplacements des élèves.
- Ateliers Artistiques
Ils concernent à la fois les collèges et les lycées (d’enseignement général ou
professionnel). Les Ateliers artistiques sont axés sur la pratique artistique, c’est-à-dire
qu’ils doivent permettre aux élèves de se retrouver en situation de jeu (chant, pratique
d’un instrument de musique…) ou de création. Les ateliers artistiques sont mis en place
hors temps scolaire pour des élèves volontaires qui peuvent être de classes différentes.
Volume horaire : 72 heures
Les montants : environ 1000 à 1500 euros par projet
Quels objectifs ?
Pour défendre un projet artistique dans un établissement scolaire, la simple envie de
l’artiste de « jouer pour ou avec les enfants » ne suffit pas. Au projet doivent correspondre
des visées pédagogiques, mais aussi un objectif de sensibilisation des scolaires au monde
artistique dans toute sa diversité. D’une façon générale, on attendra du projet qu’il :
- favorise la rencontre entre les élèves et l’œuvre artistique ;
- permette la fréquentation de lieux culturels ;
- encourage la pratique artistique des élèves.
Enfin, la qualité de l’intervention artistique est primordiale dans ces projets.
Déclaration et rémunération
Pour les collèges et lycées, les sommes attribuées par l’Education Nationale pour les
classes à PAC et Ateliers artistiques sont versées à l’établissement en début d’année
scolaire. Une fois l’action terminée, l’intendance de l’établissement demande un
« certificat de service fait » à l’enseignant porteur du projet attestant que
l’artiste est réellement intervenu, une convention (établie au préalable entre l’artiste et
l’établissement) et une facture.
Pour les écoles primaires, les factures sont réglées par l’association support de la
politique académique (le C.A.E.P.).
L’artiste peut être rémunéré soit par le biais d’une association, soit de façon directe
en tant qu’intermittent du spectacle ou en tant qu’artiste indépendant s’il possède un
numéro de SIRET.
Les démarches
- C’est une équipe d’enseignants qui initie un projet ; l’artiste ne peut donc pas être porteur du projet, même s’il doit y être associé dès sa conception. Il peut par ailleurs proposer
aux enseignants un projet.
- Les musiciens souhaitant intervenir en milieu scolaire doivent en outre rencontrer le
coordinateur du Rectorat (Luc Souvet) et la conseillère de la DRAC (Guilène Tacoun).
Cette rencontre qui aboutit à un « agrément » permettra en fait de leur expliquer le
fonctionnement des dispositifs et de faire plus ample connaissance. La liste des
musiciens « conventionnés » (disponible sur le site de la DAAC) est « non exhaustive et
non restrictive », précise Luc Souvet.
- En avril de chaque année, le Rectorat lance un appel à projet aux établissements de
l’île pour l’année scolaire suivante. Les enseignants peuvent alors remplir une demande
de financement, que ce soit pour une classe à PAC ou un Atelier Artistique. Les dossiers
sont à déposer dans un délai d’un mois. Les artistes souhaitant intervenir ont donc tout
intérêt à proposer leurs services aux établissements scolaires pour concevoir ces projets
avec les enseignants.
Contacts :
DAAC Luc Souvet – tél : 02 62 48 12 04 - fax : 02 62 48 12 05
email : [email protected]
www.daac.ac-reunion.fr - le site de la DAAC
6 Résidences d’artistes et «Ecole du spectateur» : le volet «
intervention artistique » de la DRAC
La DRAC a mis en place des dispositifs d’intervention pour les musiciens qui visent à ouvrir les
espaces de créations au public notamment dans le milieu scolaire. Ces dispositifs mettent en
oeuvre trois démarches fondamentales de l’éducation artistique et culturelle : la rencontre avec
une oeuvre par la découverte d’un processus de création, la pratique artistique et la pratique
culturelle à travers la mise en relation avec les différents champs du savoir, et la construction
d’un jugement esthétique.
Premier dispositif : La résidence d’artiste « à dimension éducative et pédagogique »
La résidence s’organise autour d’une création sur un territoire pendant une durée de
plusieurs semaines. Elle vise à instaurer une dynamique nouvelle qui prenne en compte les
caractéristiques propres à chaque territoire en termes d’enjeux pédagogiques artistiques et
culturels.
Critères d’éligibilité
La résidence est le point de convergence de plusieurs projets :
- le projet de création d’un artiste ou d’une équipe artistique.
- le projet éducatif d’une structure culturelle : école de musique, salle de concerts…
- le volet artistique et culturel du projet d’école ou d’établissement.
- le projet de développement culturel d’une collectivité territoriale.
L’artiste ou l’équipe artistique doivent avoir reçu un agrément DRAC pour faire leur demande
de subvention. Cette dernière peut être attribuée par la DRAC et par les partenaires associés
à la résidence.
Deuxième dispositif : Le volet « Education artistique » des structures culturelles : l’Ecole du
spectateur
Dans le cadre de la programmation des structures culturelles, il s’agit de construire un parcours
« Ecole du spectateur» sur l’année pouvant concerner différents domaines (théâtre, musique,
arts du cirque, photographie danse ...). Cela peut prendre la forme de rencontres élèves / artistes ,
d’ateliers de pratique, de retour par les élèves à l’artiste sous des formes variées (par la voix, le
corps, l’écriture, petite forme ...), de rencontres -débat ...
Contacts :
DRAC Brigitte Harguindeguy - Conseillère pour l’éducation artistique et culturelle- tél : 02 62 21
94 47 - email : [email protected]
Guilène Tacoun - Conseillère musique et danse – email : [email protected]
www.reunion.pref.gouv.fr/drac/ le site de la DRAC
6 Pour aller plus loin :
La fiche pratique « Les rouages de l’éducation artistique et culturelle » du magazine La
Scène (N° 52 / Printemps 2009).
Liens : www.education.arts.culture.fr/ le portail interministériel d’information pour
l’éducation artistique et culturelle.
Prisca Cerneaux (Bato Fou) , Matthieu Meyer
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ZONE OCÉAN INDIEN
Z O N E
O C E A N
I N D I E N
A l’heure des bilans !
6 Prix Musiques de l’Océan Indien : Mami Bastah couronné
Le 25 septembre, à Tananarive, le prix « Musiques de l’Océan Indien » 2009 était décerné à l’artiste malgache Mami Bastah. Ex-fondateur du groupe Remy
en 1982, Mami Bastah fait cavalier seul depuis 2000. Ce talentueux folksinger, qui joue simultanément de la guitare et de l’harmonica, a aussi contribué
à faire renaître le « Tandonaka », un chant traditionnel villageois du Vakinankaratra (région située au centre du pays) tombé dans l’oubli. En 2007, il
a sorti son premier album solo intitulé « Mila vonjy ny gasilahy ». Après plus de vingt ans de travail et de scène, ce prix est sa première consécration
internationale. Il lui ouvre les portes de plusieurs gros festivals en 2010 : Sauti Za Busara de Zanzibar, Musiques Métisses d’Angoulême, Festival en
Othe, Timitar d’Agadir, Francofolies de la Rochelle, Les Suds à Arles, Sakifo à Saint-Pierre, Babel Med Music et Fiesta des Suds à Marseille, Angaredona
d’Antananarivo et Milatsika de Mayotte. Pour préparer cette longue tournée, le lauréat bénéficiera d’un coach scène et d’une résidence au Kabardock. Ses
deux challengers malheureux (le Mahorais Jimmy et le Réunionnais Fabrice Legros) bénéficieront d’une formation « coaching scène » et seront présents,
au même titre que le lauréat, sur la compilation 2010 de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Plus d’infos : www.prixmusiquesoceanindien.com
6 Rasinaz, le retour aux sources selon Salem Tradition
Christine Salem a entrepris l’an dernier un travail de recherche, d’écriture et de composition à partir des rythmes joués à Madagascar, aux Comores et
à la Réunion lors des cérémonies dédiées aux ancêtres. Ce retour aux racines – un projet sobrement intitulé « Rasinaz » – a débuté fin 2008 et s’est
concrétisé à la faveur de deux résidences : l’une à l’Alliance franco-comorienne de Moroni avec Soubi et Mmadi, qui jouent respectivement du Gambousi
(sorte de luth à 5 cordes) et du Dzenzé (instrument cousin de la valiha malgache) ; l’autre à Madagascar, à l’Alliance Française de Tuléar avec Zily, du
groupe Remanindry (des musiciens de brousse, gardiens des pouvoirs sacrés de la communauté Antandroy), et Tefa (une des grandes voix féminines du
sarandra chanté par le peuple Antanosy). Ces deux voyages initiatiques seront à la base de la création du prochain album de Salem Tradition. Le groupe a
d’ailleurs travaillé avec les comoriens Mmadi et Soubi lors d’une résidence au Bato Fou à Saint-Pierre en novembre dernier suivie d’un concert au festival
Sol au théâtre de Saint-Gilles. La formation s’est ensuite rendue à Marseille pour deux concerts au Tankono, puis à Paris pour la 20ème édition du festival
Africolor. L’occasion d’une séance en studio pour enregistrer deux morceaux qui figureront sur le nouvel album de Salem Tradition. Les autres titres seront
enregistrés à la Réunion. Comme les trois opus précédents, ce nouvel album sera produit par Cobalt et distribué par L’Autre Distribution. Sa sortie, prévue
au second semestre 2010, s’accompagnera d’une tournée dans quelques pays de la zone Océan Indien. Plus d’infos : www.myspace.com/salemtradition
6 Festival Angaredona : un bilan positif
Malgré les soubresauts politiques qui agitent Madagascar, la sixième édition du festival Angaredona s’est conclue sur une note positive, le 27 septembre
à Tananarive, après sept jours de concerts dans les six arrondissements de la capitale. Initié par le valihiste Rajery, ce festival fait chaque année une large
place aux rythmes traditionnels de tout le pays et de l’Océan Indien. Des traditions qui s’ouvraient cette fois à des sons plus contemporains, à l’image
du « bà-gasy » revisité façon chanson à texte, ou du « rija » et du « sôva » interprétés en version rap ! Côté artistes, une trentaine de groupes avaient
investi la capitale. Parmi les pointures locales, signalons Lôla, Tsiliva, Samoela, Tearano, Name Six, Bakidy Gegette, Telofangady, Tsimihole, Naïnako,
Tinondia, Rola Gamana ou encore AVM. A noter également, la prestation du Comorien Maalesh, invité en tant que vainqueur du prix Musique de l’océan
Indien 2007, et celles des trois finalistes de cette année : le Mahorais Jimmy, le Réunionnais Fabrice Legros et le Malgache Mami Bastah. Enfin, Christine
Salem était invitée pour son projet « Rasinaz ».
6 La Réunion et Mayotte à l’honneur sur France Musique
Suite à sa programmation au dernier Babel Med Music de Marseille, le Deba de Mayotte (chœur polyphonique féminin reprenant des danses et des chants
traditionnels soufis) a obtenu le prix Radio France des Musiques du Monde. Un prix doté de l’enregistrement d’un album aux frais de la « Maison ronde »
sur le label Ocora de Radio France. Pour l’occasion, Françoise Degeorges (productrice de l’émission « Couleurs du monde » sur France Musique) était
attendue dans l’île hippocampe, du 5 au 15 décembre, en compagnie du technicien Charles Le Gargasson et de Yann Costa (Zong) pour la prise de son.
Le PRMA est étroitement associé à l’opération puisque l’opus sera coproduit par le label Takamba.
Françoise Degeorges a profité de son séjour à Mayotte pour enregistrer deux émissions sur la musique mahoraise. Dans la foulée, elle a séjourné à
la Réunion, du 15 au 21 décembre, pour enregistrer deux nouvelles sessions de Couleurs du Monde. Au programme : un tour d’horizon des différents
courants musicaux de l’île, une séquence sur notre label Takamba et un coup de projecteur sur le maloya ; une musique en pleine actualité avec les fêtes
du 20 Décembre et l’inscription au patrimoine de l’Unesco.
Couleurs du Monde : le mercredi, de 20h à 22h (heure de Paris), sur France Musique. Les quatre émissions sur Mayotte et la Réunion sont diffusées depuis
le mercredi 16 décembre. Plus d’infos : www.radiofrance.fr/francemusique
6 Festival Kréol des Seychelles : malgré la pluie
Du 23 au 31 octobre avait lieu la vingt-quatrième édition du festival Kréol des Seychelles. Principal événement culturel de l’année dans l’archipel, ce
festival interculturel a été un peu gâché par la pluie. Il a tout de même permis de revoir Ton Pat, alias Patrick Prosper, l’un des derniers représentants de
la musique traditionnelle locale (voir Muzikalité 34 – mars 2009), qui se produisait au théâtre national de Mont Fleuri.
Un projet d’ouvrage consacré à ce musicien est en cours de réalisation pour le label Takamba. Le festival était en outre l’occasion de quelques rencontres
institutionnelles durant lesquelles la convention-cadre signée en 2004 entre les Seychelles et la Réunion a été relancée.
A la clef : une offre de formation affinée pour des échanges plus fructueux entre les artistes de ces îles. Les organisateurs promettent déjà un gros
événement l’an prochain, pour les 25 ans du festival.
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