tension, flicker, transitoires, harmoniques…
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tension, flicker, transitoires, harmoniques…
S olutions SURVEILLANCE DE LA QUALITÉ ÉLECTRIQUE TENSION, FLICKER, TRANSITOIRES, HARMONIQUES… RESTONS AU COURANT ■ Connaître les sources de perturbations de la tension et du courant, leurs conséquences sur les appareils connectés au réseau, contrôler les paramètres électriques… Grâce aux analyseurs de la qualité du courant électrique, les utilisateurs peuvent mieux maîtriser les coûts liés à la consommation et protéger leurs équipements de production. O nduleur, imprimante laser, moteur de puissance, variateur de vitesse… Ces appareils se retrouvent toujours plus nombreux connectés aux réseaux de distribution électrique. Mais plus il y en a, plus les risques de perturbations (surtensions, coupures, harmoniques…) sont importants avec des conséquences plus graves pour tous les équipements. Lorsqu’elles proviennent du réseau électrique lui-même, ces perturbations sont alors de la responsabilité d’EDF. Mais elles peuvent également être induites par les utilisateurs et leurs équipements de production. Ainsi, des moteurs de forte puissance peuvent créer des variations importantes de tension. Les influences de telles variations sont parfois dramatiques pour le moteur lui-même, mais aussi pour tous les équipements connectés au même niveau sur le réseau. Ces conséquences augmentent considérablement lorsque de nombreux utilisateurs sont connectés sur la même branche. Dans ce cas-là, l’industriel est le seul responsable. En France, pour obtenir une bonne qualité du réseau électrique (sans toutefois parvenir à éliminer toutes les perturbations), EDF propose aux utilisateurs industriels des contrats de type “Emeraude” (tarif Vert). EDF s’engage sur les creux et les coupures (en fonction * Les variations lentes ne sont mesurées que lorsque la tension élec- trique reste dans la plage nominale. MESURES 730 - DECEMBRE 2000 de la zone géographique), mais aussi les harmoniques, le flicker, le déséquilibre, etc. (qui font l’objet d’un contrat personnalisé avec le client). L’industriel, quant à lui, s’engage à ne pas dégrader la qualité du réseau électrique sous peine de lourdes pénalités financières. Pour négocier au plus juste les contrats, pour se Les industriels doivent se méfier des perturbations qui risquent de déteriorer les équipements industriels et d’engendrer des coûts importants. Pour éviter cela surveiller la qualité du courant électrique est indispensable. défendre en cas de litige, pour protéger ses équipements de production, la vérification de la qualité de la fourniture électrique est donc, pour l’industriel, un enjeu économique. Bien connaître le type de perturbations créées (variations de tension, harmoniques, etc.) permet d’optimiser les corrections (filtrage, condensateurs de compensation…) et ainsi d’assurer la fiabilité du système complet de production. Voici donc un rappel de différentes perturbations à surveiller de près. Variations de tension lentes et transitoires. L’amplitude de la tension est un facteur crucial pour la qualité de l’électricité. Elle constitue généralement le premier engagement contractuel du distributeur d’énergie. Associée aux aléas de gestion des réseaux de transport et de distribution (ajustements des centrales, dispatching et systèmes de protections automatiques), l’amplitude de la tension subit des variations anormales et peut même s’effondrer jusqu’à un niveau proche de zéro. On distingue plusieurs types de phénomènes à l’origine de ces variations de tension. Quand celles-ci surviennent chez le producteur, ce sont des phénomènes aléatoires comme la foudre ou les courts-circuits accidentels (défauts d’isolation, blessure de câble, projection de branches sur les lignes aériennes...) qui sont responsables. Côté consommateur, les causes proviennent essentiellement de l’installation elle-même. Le branchement de fortes charges peut provoquer des variations de tension si la puissance de court-circuit à un point de livraison est sous dimensionnée. Des moteurs de fortes puissances, des transformateurs et des assemblages de condensateurs sont les charges qui créent le plus souvent des variations de tension. Pour caractériser ces événements, on utilise couramment deux paramètres (amplitude et durée de la variation de la tension). Plusieurs types de défauts* sont alors définis : la surtension, le creux de tension, la coupure... La plage de variation nominale de la tension du réseau (plage dans laquelle toute variation de la tension n’est pas considérée comme “anormale”) est fixée par le distributeur d’énergie en général à ±10% de la tension composée. Les surtensions sont mesurées en amplitude et en durée lorsque le seuil supérieur de la plage nominale est dépassé et les creux de tension lorsque la tension est inférieure au seuil bas de la plage nominale. Le plus souvent, ces variations durent moins de 0,2 seconde en Moyenne Tension (MT) et en Haute Tension (HT). Le nombre de creux de tension sur une année peut aller de quelques dizaines à un millier. Les coupures brèves dans les conditions normales peuvent varier de quelques dizaines à plusieurs centaines par an 77 S olutions Les analyseurs suivent les normes ■ Que ce soit pour effectuer des relevés ponctuels ou réaliser des campagnes de mesures sur plusieurs jours, les analyseurs de qualité du réseau électrique permettent l’étude complète des paramètres électriques de la qualité, un diagnostic et une évaluation des problèmes observés sur le réseau. Ces outils doivent également combiner performances (acquisition de données, traitement du signal…), facilité d’emploi (programmation des configurations, affichage, interface de communication…) et respect des normes. Pour aider distributeurs et utilisateurs dans la démarche de surveillance et d’amélioration de la qualité des réseaux électriques, plusieurs normes ont été publiées ou sont en cours d’élaboration. La norme NF EN 50160 a été définie afin de caractériser la qualité de la et n’excèdent pas en durée 1 seconde. Les surtensions transitoires, d’une durée inférieure à 10 ms, peuvent être provoquées par des phénomènes d’origine atmosphérique (foudre), mais, plus fréquemment, par les équipements électriques eux-mêmes (commuta- 78 tension fournie. Celle-ci présente les différents types de perturbations de la tension observés au point de livraison du client. Elle prend en compte la forme d’onde, le niveau de la tension, la fréquence et le déséquilibre du système triphasé. La norme liste ainsi les paramètres à surveiller et la durée de la surveillance. La norme en préparation CEI/EN 61000-4-30 définit les méthodes de mesure de chaque paramètre, les conditions et modalités de mesure. Les normes CEI 61000-2-2 pour les réseaux Basse Tension (BT) et CEI 61000-2-12 pour les réseaux Moyenne Tension (MT) définissent les niveaux acceptables dits “de compatibilité” pour chaque paramètre en terme de statistiques. Ce sont des références utilisées pour définir les contrats entre utilisateurs et EDF. tions de charges plus ou moins inductives produisant des surtensions transitoires à haute fréquence). Ainsi, la commutation de deux thyristors induit, entre les deux phases, un court-circuit de très courte durée. Le temps de montée peut varier de moins de quelques microsecondes à plusieurs millisecondes. Ces surtensions en Basse Tension (BT) sont généralement inférieures à 800 V, mais elles peuvent dépasser 1000 V suite à la fusion d’un fusible. Pour mesurer la durée et l’amplitude des variations de tension (lentes et rapides), l’utilisateur doit disposer d’un analyseur de qualité du réseau, dit triphasé, afin de contrôler les trois phases simultanément. Surtout lorsqu’une variation apparaît sur les trois phases avec des durées et des amplitudes différentes. Les analyseurs doivent également posséder des spécifications en terme de fréquence d’échantillonnage et de bande passante compatibles avec l’ordre de grandeur des surtensions transitoires. Fluctuations rapides de la tension ou flicker. La mise en marche de charges variables comme des fours à arc, des imprimantes laser, des micro-ondes ou des systèmes d’air conditionné provoque des variations rapides de tension électrique. Ce phénomène est appelé papillotement et il est quantifié par la valeur du flicker. Celui-ci est en réalité un calcul statistique issu de la mesure des variations rapides de tension et défini par la norme EN 61000-4-15. En plus de conséquences éventuelles sur les équipements industriels, ces variations peuvent entraîner des effets négatifs sur l’homme (mal de tête, irritabilité et parfois même épilepsie). Ces troubles ressentis par le système visuel humain et aux conséquences variées sont dus aux variations d’intensité lumineuse de l’éclairage. La méthode de mesure doit pouvoir quantifier la gêne ressentie et prendre en compte les mécanismes de la vision. Pour cela, le flicker doit être évalué sur une période de temps suffisamment longue. De plus, en raison de sa nature aléatoire (car le papillotement est provoqué uniquement par certaines charges), le niveau instantané de flicker peut varier considérablement et de façon imprévisible pendant cette période. Un intervalle de 10 minutes a été jugé comme étant un bon compromis pour évaluer ce qui est appelé le flicker courte durée ou Pst. Il est assez long pour éviter d’accorder trop d’importance à des variations isolées de tensions. Il est également assez long pour permettre à une personne non avertie de remarquer la perturbation et sa persistance. La période de 10 minutes sur laquelle a été basée l’évaluation de la sévérité du flicker de courte durée est valable pour l’estimation des perturbations causées par des sources individuelles telles que les laminoirs, pompes à chaleur ou appareils électrodomestiques. Dans le cas où l’effet combiné de plusieurs charges perturbatrices fonctionnant de manière aléatoire (par exemple des postes de soudure ou des moteurs) doit être pris en compte ou quand il s’agit de sources de flicker à MESURES 730 - DECEMBRE 2000 S olutions VISUALISATION DE DIFFÉRENTES PERTURBATIONS VARIATIONS DE LA TENSION Variations lentes Variations rapides Les variations de tension sont des perturbations bien connues et aux conséquences parfois graves sur les équipements industriels. On distingue les variations lentes et les variations rapides. Les premières sont caractérisées par une chute d’amplitude variant entre 10 % et 100 % (c’est-à-dire une valeur nulle) de la tension nominale. La durée de ces variations lentes est supérieure à 10 ms. Les variations rapides ou transitoires présentent une durée bien plus faible (de l’ordre de la centaine de microsecondes jusqu’à quelques millisecondes). Ces “pics” de tension peuvent atteindre près de 1 000 V d’amplitude. Variations rapides de la tension (Flicker) Alors que la tension se présente normalement sous la forme d’une sinusoïde pure, on peut parfois observer des variations très rapides. Celles-ci provoquent un effet de scintillement ou papillotement de la lumière appelé flicker. Il se caractérise par deux paramètres selon la durée de mesure : le flicker courte durée Pst (intervalle de temps de 10 minutes) et le flicker longue durée Plt (intervalle de temps de 2 heures). HARMONIQUES Les perturbations de la tension (ou du courant) par des harmoniques sont dues à la superposition sur l’onde fondamentale à 50 Hz d’ondes également sinusoïdales mais de fréquences multiples (100 Hz, 150 Hz,…, 500 Hz…). La représentation en fréquence (schéma de droite) montre rapidement le niveau de puissance pour chaque harmonique ou rang (rang 3, 5, 11, 13, 15…). É É cycle de fonctionnement long ou variable (four électrique à arc), il est nécessaire d’évaluer la perturbation ainsi créée sur une plus longue durée. La durée de mesure est alors définie à 2 heures, durée considérée comme appropriée au cycle de fonctionnement de la charge ou durée pendant laquelle un observateur peut être sensible au flicker longue durée ou Plt. Cet aspect normatif se retrouve dans les analyseurs de qualité de réseau sous la forme d’une fonctionnalité flicker. Elle permet de réaliser directement les calculs selon la norme. MESURES 730 - DECEMBRE 2000 Harmoniques et inter-harmoniques. Mis à part les variations en amplitude, la tension subit des modifications au niveau de la fréquence. En effet, le courant consommé par des charges connectées au réseau de distribution électrique présente assez souvent une forme qui n’est plus une sinusoïde pure. Cette distorsion en courant implique une distorsion de la tension dépendant également de l’impédance de source. Les perturbations appelées harmoniques sont causées par l’introduction sur le réseau de charges non linéaires comme les équipements intégrant de l’élec- tronique de puissance (variateurs, onduleurs, convertisseurs statiques, gradateurs de lumière, postes de soudure). Plus généralement tous les matériaux incorporant des redresseurs et des électroniques de découpage déforment les courants et créent des fluctuations de tension sur le réseau de distribution basse tension. C’est la concentration de nombreuses “sources de pollution” en harmoniques qui génère des niveaux de perturbations sur le réseau susceptibles d’entraîner des incidents. Les conséquences peuvent être instantanées sur certains appareils électroniques: troubles fonctionnels (synchronisation, commutation), disjonctions intempestives, erreurs de mesure sur des compteurs d’énergie… Les échauffements supplémentaires induits peuvent, à moyen terme, diminuer la durée de vie des machines tournantes, des condensateurs, des transformateurs de puissance et des conducteurs de neutre. D’un point de vue plus théorique, on appelle harmonique une superposition sur l’onde fondamentale à 50 Hz d’ondes également sinusoïdales mais de fréquences multiples de celle du fondamental. Lorsque le signal possède des composantes superposées à l’onde fondamentale (50 Hz) qui ne sont pas multiples de la fondamentale (par exemple 175 Hz), ce sont des inter-harmoniques. Le niveau de ces inter-harmoniques est également en augmentation en raison du développement des convertisseurs de puissance et des variateurs de vitesse et autres équipements similaires de contrôle-commande. Toutes ces harmoniques peuvent être additionnées : la résultante en est le THD (Total Harmonics Distortion). Le domaine des fréquences qui correspond à l’étude des harmoniques est généralement compris entre 100 et 2000 Hz, soit entre l’harmonique de rang 2 jusqu’à celle de rang 40. Les niveaux maximums, rang par rang, sont définis dans les normes CEI 61000-2-2 pour la BT et CEI 61000-2-12 pour la MT. Afin de mesurer les harmoniques courant ou tension, on utilise la transformée de Fourier permettant de décomposer un signal périodique en une somme de signaux sinusoïdaux multiples de la fréquence fondamentale. Les instruments de mesure actuels doivent être capables d’effectuer cette analyse d’harmonique rang par rang et également au niveau global (THD) afin d’effectuer avec finesse un diagnostic de l’installation. Marie-Aude Massin Chef de produits Puissance Energie Perturbation Pôle Test & Mesure - Chauvin Arnoux Chauvin Arnoux 190, rue championnet - 75876 Paris Cedex 18 Tél. : 01 44 85 44 85 - Fax : 01 46 27 73 89 79
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