Télé... ou travail ? — 3 Vivre en Suisse avec un salaire de classe

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Télé... ou travail ? — 3 Vivre en Suisse avec un salaire de classe
echo
Le journal des entreprises de pratique commerciale
Vivre en Suisse avec
un salaire de classe moyenne
Télé... ou travail ? — 3
Vivre en Suisse avec un salaire de classe moyenne — 4
No 21
décembre 2013
www.helvartis.ch
Reconnaissance de l’expérience à
un haut niveau de compétences — 6
Rouler pour la formation — 7
Pour un meilleur usage du networking — 8
e d i t o
L a V A E en S u i sse ,
L es entrepr i ses o nt
u n r ô le à j o u er
–
Entamer un processus de validation des acquis de l’expérience est une
question d’individu. Elle relève de l’intention, d’objectifs, de circonstances et d’un environnement propres. Pourtant, si chaque parcours est
unique, à l’image de ceux que l’on appelle candidats à la VAE, plusieurs dénominateurs communs
permettent de relever un certain nombre de similitudes jalonnant les parcours professionnels
des uns et des autres. A commencer bien entendu par le besoin de faire reconnaître de manière
officielle l’expérience acquise. Mais au-delà, notons l’importance du rôle que joue l’employeur
dans le processus de VAE. En encourageant la
qualification et en favorisant le contexte d’apprentissage, notamment
par l’aménagement optimal du temps de travail ou encore par la mise
à disposition d’outils de formation, l’employeur pose manifestement
les bases favorables au succès de la démarche. Quelle que soit la taille
de leur entreprise, nombre d’employeurs l’ont compris et consolident
ainsi le capital humain de leur organisation. Encourager la VAE, c’est
aussi fidéliser les collaborateurs, pérenniser les savoir-faire, augmenter les capacités d’innovation et la compétitivité, et last but not least,
améliorer l’image de l’entreprise en termes de valeurs, de dynamique
et d’ambition.
En Suisse, chaque année, 200 à 300 personnes se forment par la VAE.
Hommes, femmes, ils représentent toutes les régions linguistiques du
pays, toutes les catégories d’âge et classes sociales, complétant le processus par l’obtention d’un CFC. Quelques métiers proposent également une qualification par la VAE avec obtention d’un brevet fédéral.
C’est le cas notamment du tout nouveau brevet de Spécialiste en gestion de PME qui sanctionne par validation des acquis les compétences
acquises dans le cadre du management d’entreprises, souvent familiales. Une carte intéressante à jouer pour ces managers – dont beaucoup sont des femmes – restés jusqu’ici sans reconnaissance officielle
de leurs compétences professionnelles.
Annick Weber Richard
p e r sp e c t i v e s
3
T é l é … o u tr a v a i l ?
–
En avance à bien des égards sur ses voisins européens lorsqu’il
s’agit d’instaurer de nouvelles dispositions visant à améliorer
la qualité de vie, la Suisse reste pourtant en retrait pour ce qui
est d’adopter le télétravail. Comment expliquer un retard significatif face à cette méthode de travail dont les bienfaits ne
sont plus à prouver ?
Selon les chiffres de l’OFAS (Office fédéral des
assurances sociales), pour 16 millions de télétravailleurs recensés à travers l’Europe en 2005,
la Suisse n’en comptait que 191 000 l’année suivante. Suivant une évaluation plus récente de
l’OFS (Office fédéral de la statistique), ce retard,
bien qu’un peu moins marqué actuellement, est néanmoins toujours présent. Comment s’explique cette réticence de la Suisse à adopter cette méthode de travail qui
a pourtant déjà fait montre de ses avantages ?
On impute souvent ce retard à l’hésitation dont font
preuve les employeurs, car laisser un employé travailler
à domicile sous-entend que l’on n’a pas de contrôle sur
son activité. Cependant, un employé peut être aussi dissipé au travail qu’à la maison et, d’autre part, son manque
d’assiduité dans un cas comme dans l’autre se remarquerait très vite par un consécutif manque de productivité.
Ces craintes sont donc des a priori qui figent la progression du télétravail en Suisse, la cantonnant aux cas exceptionnels, ceci malgré son potentiel.
De nombreuses études ont montré que le télétravail est
profitable à différents points de vue. Il influence aussi
bien la qualité de vie des personnes en bénéficiant que
l’environnement, en réduisant l’impact écologique lié aux
déplacements domicile – lieu de travail. Il rend caduques
divers désagréments du quotidien, comme de devoir affronter la circulation ou les transports publics aux heures
de pointe, organiser la garde des enfants et respecter un
horaire rigoureux en tenant compte de tout ce qui précède. Cette flexibilité permet donc de gagner en qualité
de vie puisqu’elle évite certains facteurs de stress et des
pertes de temps considérables, facilitant l’organisation
entre vie privée et vie professionnelle.
Les politiques, de leur côté, encouragent également l’adoption de cette méthode de travail ;
en 2010, la Suisse s’alignait sur les autres pays
ayant déjà instauré le Home Working Day, le 18
mai devenant dorénavant la journée nationale
dédiée au télétravail. C’est Moritz Leuenberger,
alors Conseiller fédéral et Chef du Département fédéral
de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la
communication, qui le premier loue les bienfaits du télétravail et encourage son développement au sein des
entreprises suisses en lui vouant cette journée.
Parmi les entreprises ayant opté pour la méthode du
télétravail, dont la SEC Suisse, les résultats semblent extrêmement satisfaisants, si tant est que chacun respecte
un certain nombre de règles préétablies et garantes de
ce succès, comme par exemple de déterminer les tâches
pouvant être effectuées à domicile et celles qui ne le
peuvent pas. Du côté des employés la satisfaction est
également de mise. La confiance et les divers avantages
dont ils profitent en travaillant à domicile les fidélisent
vis-à-vis de leur entreprise ; la démarche est donc profitable à chacun.
Dès lors, il est regrettable de constater que le télétravail,
malgré tout son potentiel, ne convainc pas encore suffisamment les employeurs helvétiques. Son évolution
démontre qu’il entre timidement dans les mœurs professionnelles, mais pas encore suffisamment pour en exploiter tous les bienfaits.
L e ï la W e b e r
g r a n d
a n g l e
v i vre en s u i sse
a vec u n s a l a i re
d e cl a sse m o y enne
–
Reconnaissants de la qualité de vie que nous offre notre pays,
sommes-nous pour autant tous à l’abri du besoin, ou cette
chance est-elle réservée à une certaine fraction de la société ? Est-il encore possible aujourd’hui de vivre correctement
en Suisse avec un salaire de classe moyenne ou n’est-ce plus
qu’une utopie ? A la rencontre de ces équilibristes du quotidien.
D
epuis quelques années, la situation de la classe
moyenne suisse inquiète. Face à l’augmentation
du coût de la vie, le revenu moyen est lui resté stable, comme le constate l’OFS (Office Fédéral de la
Statistique) dans son dernier rapport concernant la classe
moyenne : « Dans l’ensemble, la part de la population
appartenant aux groupes à revenus moyens est restée
stable au cours de la période 1998 à 2009. [...] Cette évolution peut être qualifiée de positive puisqu’elle s’accompagne d’une diminution de la part des faibles revenus. » Il
se pourrait pourtant que l’on constate un léger recul des
revenus moyens pour la période 2009 - 2013, hypothèse
en cours de vérification auprès de l’OFS. Mais au-delà de
la réalité des chiffres, le clivage que représente la stabilité
du revenu moyen face à l’augmentation du coût de la
vie tend à faire vivre une grande partie de la population
en équilibre, risquant à tout moment de basculer vers la
précarité.
Actuellement le revenu brut moyen considéré par l’OFS
lors de ses recherches se situe entre 3 693 et 7 913 francs
par mois pour la population totale – c’est-à-dire personnes et ménages confondus, les personnes appartenant à un ménage étant ici considérées individuellement – avec une médiane se situant à 5 276 francs par
mois, l’intérêt étant que cet écart permet de tenir compte
de divers facteurs tels que la géographie ou le domaine
de compétences.
Salaires plafonnés et effets de seuil
A travers les diverses études menées ces dernières années
au sujet de la situation financière de la classe moyenne
suisse, le constat reste le même : le fossé se creuse et la
précarité financière de la classe moyenne risque de provoquer un glissement vers la pauvreté. Si les chiffres ne
peuvent – encore – rendre compte de la réalité de cette
partie de la population dont les revenus dépassent tout
juste le minimum vital, les témoignages des principaux
intéressés sont pour le moins éloquents. Ainsi, à l’occasion du programme de recherches mené par l’Organisation internationale du travail dans son élaboration d’un
rapport mondial sur les salaires 2013, une employée de
banque genevoise confiait ses incertitudes quant au fait
de vivre avec un salaire de la classe moyenne : « Comme
je suis moins certaine de l’avenir, je fais beaucoup plus
attention à mes dépenses et je suis plus prudente. Je ne
pense pas que l’année prochaine à la même époque je
m’en sortirai mieux parce que l’avenir, surtout dans le
domaine bancaire en Suisse, est très incertain. » Même
constat auprès d’une personne opératrice dans le domaine de la confiserie, dont le témoignage a été recueilli à l’occasion de ce même rapport : « Vu la conjoncture
actuelle, je ne sais pas si j’aurai l’opportunité d’être augmentée l’année prochaine. Si ce n’est pas le cas, j’aurai
des revenus qui vont encore diminuer. [...] Mon niveau
de vie a diminué par rapport à l’année d’avant puisqu’à
l’heure actuelle nous payons plus d’impôts. Et mon train
de vie va encore diminuer parce que les impôts vont encore augmenter... »
Pas de place pour le superflu, donc, au sein de la classe
moyenne suisse ; l’avenir est incertain car le système n’est
pas adapté à cette réalité. Cette problématique est en partie imputable à la notion de seuil, car la classe moyenne
est souvent pénalisée par son revenu à peine trop élevé
pour bénéficier de l’aide sociale. Ces « effets de seuil » ont
pour conséquence une classe moyenne qui a de plus en
plus de mal à joindre les deux bouts et en proie à des
dépenses obligatoires qui ne cessent d’augmenter. Pour
cette raison, la classe moyenne fait du surplace depuis
une vingtaine d’années, comme le mentionne JeanPhilippe Ceppi, journaliste à Temps Présent, qui a consacré
deux documentaires à ce phénomène.
Dans l’émission diffusée en mars 2011, Une famille, un seul
salaire, la galère, un père de famille émet ce commentaire,
représentatif d’une réalité dont les chiffres ne peuvent
4
5
rendre compte : « On n’est pas pauvres, on n’est pas
riches ; je pense que l’on est dans la moyenne, mais on
devient pauvres avec le temps. » Et déjà en 2007, lors du
premier reportage de Temps Présent, La classe moyenne
n’a plus les moyens, Yves Flückiger, professeur d’économie à l’Université de Genève, remarquait : « Cette population-là vit dans une fragilité plus importante que par
le passé, avec le risque, plus important, de tomber tout à
coup dans une situation de dépendance sociale. »
Déséquilibre entre revenu et dépenses
Les trois postes de dépenses principaux impactant sur
le revenu disponible des ménages helvétiques sont
les impôts, les assurances et le loyer. Or, ce sont également et parallèlement des dépenses obligatoires dont
le taux a fortement augmenté ces dernières années et
qui touchent plus particulièrement la classe moyenne,
dont le pouvoir d’achat et le niveau de vie se dégradent à
mesure. Sur le long terme, ce phénomène risque d’avoir
d’importantes répercussions sur le PIB suisse, puisque
la classe moyenne représente environ 60% de la population helvétique. Dans son rapport Regard sur la classe
moyenne publié cette année, l’OFS rend compte de cette
disparité : « Le débat porte le plus souvent sur la situation
financière de cette catégorie sociale. En période de croissance économique, les groupes de population à revenus
moyens profiteraient trop peu de la croissance, en regard
de leur participation à la prospérité de la Suisse. En phase
de récession, c’est leur précarisation qui est redoutée. »
Par diverses mesures sociales, l’Etat tente de pallier ces
disparités en redistribuant les parts mobilisées par l’économie de marché afin de rééquilibrer les charges qui impactent fortement sur les revenus de la classe moyenne
suisse. Cependant, comme nous l’avons expliqué, les
effets de seuil empêchent une majorité des foyers de la
classe moyenne d’accéder à cette redistribution car leurs
revenus sont trop élevés pour bénéficier de ces mesures,
cercle vicieux qui a donc pour conséquence d’exposer la
classe moyenne à la précarité.
La Société suisse des employés de commerce s’est dotée
de recommandations salariales afin d’appréhender ces
différents phénomènes, prenant en compte les facteurs
externes qui font fluctuer la barrière de la norme salariale, comme l’augmentation du coût de la vie, ainsi que
l’explique Barbara Gisi, Secrétaire générale adjointe de
la SEC Suisse : « Pour les travailleurs, les rémunérations
et les salaires doivent correspondre à des classes de salaire équitables, être transparents et aisément compréhensibles. Les recommandations salariales indiquent
des fourchettes de salaires pour les différentes fonctions
dans les professions commerciales et celle de l’économie
d’entreprise, ainsi que pour les métiers du commerce de
détail. »
Cependant, cette mesure de norme salariale est loin
d’être un modèle établi de manière systématique et le
redressement économique de la classe moyenne suisse
repose probablement sur l’adoption de nouvelles mesures étatiques.
L e ï la W e b e r
« On n’est pas pauvres, on
n’est pas riches ; je pense
que l’on est dans la moyenne,
mais on devient pauvres
avec le temps. »
i n t e r v i e w
R ec o nn a i ss a nce
d e l’ e x p é r i ence
à u n h a u t n i ve a u
d e c o m p é tences
–
6
Diane
Reinhard
Elles sont nombreuses en Suisse à exercer une fonction managériale au
sein d’une PME familiale, sans toutefois détenir un titre reconnaissant officiellement leur fonction. Pour ces travailleuses de l’ombre, il est désormais possible d’accéder au brevet fédéral de Spécialiste en gestion de PME
par la validation des acquis (VAE). Diane Reinhard, co-initiatrice du projet,
évoque la genèse de ce nouveau titre fédéral entré en vigueur cette année
et accessible par VAE ou par voie modulaire.
AnnickUn projet initié à la base pour les femmes.
Weber Richard
Sur quel constat ?
Diane Reinhard Selon une étude menée au niveau national, il
apparaît que 64 000 femmes, soit 3.2% de la population active en
Suisse, travaillent dans les PME familiales, endossant des fonctions
de gestion, et qu’elles n’ont pas de titre qui reconnaisse ce travail.
95% d’entre elles ont au minimum un CFC, mais pas forcément un
CFC de commerce. Et ce sont très souvent ces femmes qui font tourner l’entreprise !
AWR
Comment ce nouveau brevet fédéral de Spécialiste en gestion de PME a-t-il vu le jour ?
DR
Le projet a commencé de germer en 2005 déjà, alors que
Line Pillet de Pillet & Partners et moi-même, via mon entreprise
PotentialYse, travaillions sur un projet européen intitulé l’Europe
des conjointes d’artisan, ECOA1, auquel a succédé ECOA2. Ces deux
projets ont débouché sur la création d’un certificat européen pour
lequel les pays participants ont défini un profil de qualification et un
niveau de compétences dans les branches de gestion. En 2008, nous
nous sommes approchées de Femmes PME par l’intermédiaire de
Christine Davatz, vice-directrice de l’usam, afin de savoir s’il y avait un
intérêt pour l’économie suisse d’implémenter ce certificat au niveau
national. Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’usam, a décidé de créer
un brevet fédéral plutôt qu’un certificat ; l’idée étant de reconnaître
le travail de ces femmes gestionnaires à son juste niveau. Grâce au
soutien du Bureau Fédéral de l’Egalité entre femmes et hommes,
ce projet a pu être mené à bien. Lorsque le projet a été présenté en
2010 à l’OFFT (actuel SEFRI : secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation), il nous a été demandé que soit respectée
la structure de formation en usage en Suisse. Nous avons alors travaillé à cette concordance avec Laurent Comte qui, pour le compte
de la CIFC-NE, développait en parallèle le projet pilote de CFC d’employé de commerce par VAE avec le nouveau profil du CFC qui en
découlait. Ainsi, nous avons comparé notre profil, les compétences
demandées pour le CFC, les compétences demandées au niveau
européen pour le certificat, et nous y avons intégré des compétences
de management, de finance et de stratégie qui allaient au-delà du
CFC. Entre 2010 et 2013, nous avons travaillé simultanément avec
l’usam à la préparation du brevet accessible par voie modulaire et
par VAE. Après de nombreux allers et retours juridiques, le projet a
abouti ; le brevet a été validé par la Confédération au 1er janvier de
cette année.
AWRA qui s’adresse ce brevet ?
DR
Il existe déjà de nombreux brevets dans la gestion d’entreprise, mais le brevet de Spécialiste en gestion de PME se distingue
notamment par le fait qu’il contient des éléments liés à l’entrepreneuriat, en particulier la gestion et le partage du risque financier. Au
r e g a r d s
niveau des prérequis, il faut pouvoir justifier du fait d’être entrepreneur(e), donc d’avoir une PME dans le champ couvert par l’usam, ou
d’être conjoint(e) ou encore futur(e) repreneur(e). Dans ce cas précis,
il est exigé d’avoir déjà entamé les démarches en vue de reprendre
ladite entreprise. Les candidats doivent par ailleurs être au bénéfice
d’un CFC et de deux ans de pratique professionnelle au minimum.
Pour la voie de la VAE, nous recommandons d’être au bénéfice d’un
minimum de huit ans de pratique à 100% dans le domaine concerné
et d’avoir dirigé au moins trois personnes. Le brevet de Spécialiste
en gestion de PME concerne tous les corps de métier au niveau de la
direction d’entreprise..
AWR
Concrètement, comment accède-t-on au brevet par la VAE ?
DR
Pour la voie de la validation, les candidat(e)s établissent
dans un premier temps un dossier dit d’équivalence. Ce dossier
sera validé par deux experts et fera l’objet d’un entretien. Dans un
deuxième temps, et c’est ce qui est innovant dans ce brevet, les
candidat(e)s sont appelé(e)s à constituer un autre dossier dit de
performance. Ce dossier est d’ailleurs exigé, que l’on vienne de la
voie modulaire ou de la VAE. Le dossier de performance consiste à
démontrer les compétences transversales acquises et sa capacité à
élaborer une stratégie, une mise en place de culture d’entreprise, une
planification de développement, ainsi qu’à analyser et à traiter un cas
complexe qui s’est présenté dans l’entreprise. Le dossier est ensuite
validé par des experts et fait l’objet d’une soutenance. L’évaluation se
fonde sur des critères orientés sur la pratique et la capacité à gérer
une entreprise. Le dossier écrit et l’examen oral comptent respectivement pour moitié et doivent être réussis.
AWR
Quelle est l’Ortra (organisation du monde du travail) responsable de ce brevet ?
DR
Il s’agit de l’association Formation Entrepreneur PME
Suisse – FEP Suisse, basée à Zurich. D’ailleurs, toute information liée
au brevet peut être obtenue auprès de la FEP Suisse.
AWR
Comment ce nouveau titre est-il accueilli par l’économie ?
DR
Je crois, à ce stade, que nous pouvons dire que l’accueil
est bon et qu’il suscite un intérêt certain. Cela se traduit notamment
par le nombre d’inscriptions. La voie modulaire en compte déjà 140
pour la deuxième volée. Du côté de la validation d’acquis, nous en
comptons 15. Entre les deux processus, nous tablions au départ sur
100 candidats par année. Ce qui est déjà atteint et laisse supposer
que nous en aurons plus.
AWR
Le brevet sera-t-il reconnu à l’étranger ?
DR
L’objectif est bien entendu d’avoir des formations ou des
reconnaissances internationales, et dans ce sens, nous participons
actuellement à un processus d’accompagnement au plan européen.
Ce projet consiste en un transfert du dispositif implémenté en Suisse,
au niveau européen, car jusqu’ici en Europe n’ont été mises en place
que des formations dans ce domaine. S’il est vrai que nous avons
construit ce projet sur la base des deux premiers projets que nous
avions élaborés au niveau européen, nous pouvons dire néanmoins
que nous sommes les pionniers en matière de validation d’acquis à
ce haut niveau de compétences.
AWRD’autres projets animeraient-ils encore votre horizon ?
DR
Oui, nous espérons pouvoir lancer un projet national avec
Femmes PME. Il s’agit là de la mise en place de structures d’accompagnement à la validation des acquis. Les premières démarches engagées laissent entrevoir de belles perspectives car nous avons déjà
plusieurs partenaires prêts à nous soutenir.
c r o i s é s
Rouler pour
la formation
–
Parti à la rencontre du public le
18 septembre, l’Inforientation Bus a
sillonné les routes de Suisse, quatre
jours durant, de Saint-Gall à Berne
et de Sion à Fribourg.
A
l’occasion du 10e Festival suisse de la formation, le bus londonien battant pavillon « Festival de la formation » a fait étape
dans une douzaine de villes du pays. Devant les gares, sur les
places de marchés, au cœur des villes, le bus s’est installé pour sensibiliser la population à la notion de formation tout au long de la
vie. A son bord, des conseillers en orientation, professionnels de la
formation, encadrants des entreprises de pratique commerciale et
représentants de la FSEA (Fédération suisse pour la formation continue) ont relayé informations et conseils personnalisés à un public
aussi divers qu’intéressé.
C’est sur l’impulsion commune de la FSEA et de Laurent Comte, directeur de Helvartis, qu’a pu être mise sur pied cette grande action
en faveur de la formation. Pour la FSEA, il s’agissait d’une part de
faire connaître le Festival de la formation qui se déroule chaque année dans plusieurs cantons suisses, et d’autre part de sensibiliser
le public au fait que la formation n’a pas de finitude. Pour Laurent
Comte, membre du comité d’organisation du Festival dans le canton de Neuchâtel, l’objectif visait à réunir forces et bonnes volontés
afin de permettre la création de comités régionaux et l’organisation du Festival dans les cantons romands encore absents de cette
grand’messe. Et le bilan se révèle dans l’ensemble positif, puisque les
représentants de plusieurs exécutifs et législatifs cantonaux ont fait
plus qu’apprécier la démarche, se disant prêts à entrer en matière
pour réunir les différents acteurs du monde de la formation autour
d’un objectif commun.
La formation, c’est l’affaire de tous, quel que soit son âge, son degré
d’éducation ; se former c’est désormais tout au long de la vie que ça
se passe. La formation revêt de multiples facettes : qu’elle soit scolaire et formelle, non formelle, voire informelle... On apprend dans
les loisirs, en pratiquant un sport, la musique ou encore une activité
artisanale. Pour certains, souvent férus de lecture, curieux et autodidactes, l’instruction se passe de maître. Mais pour d’autres, et ils sont
encore nombreux, l’accès à la formation est tout simplement fermé.
En offrant des formations gratuites à la population, le Festival a donc
aussi pour vocation d’aborder celles et ceux qui, immuablement éloignés de là où l’on se forme, se retrouvent précarisés.
Annick Weber Richard
n e w s
L’un des atouts à développer lorsque l’on travaille dans le domaine de la réinsertion professionnelle est l’assurance de s’entourer d’un réseau efficace. Introduction à cet outil à travers
l’expérience de Diane Reinhard, fine stratège du réseautage et
passionnée des projets d’innovation.
« Des valeurs communes et des relations interpersonnelles de qualité sont le meilleur moyen de se construire
un réseau efficace professionnellement » expliquait
Diane Reinhard le 24 octobre dernier, à l’occasion du séminaire d’automne réunissant le réseau des entreprises
de pratique commerciale (epco) suisses. Pour ce faire,
elle conseille de soigner ses relations, leur préférant la
qualité à la quantité, et donc de modérer l’expansion de
son réseau ; en d’autres termes, mieux vaut 2 contacts de
qualité que 400 relations qui n’apportent rien et figent le
réseau, ce dernier résultant précisément des interactions
entre individus.
A condition de les entretenir, ces relations, créées et développées depuis l’enfance, constituent une ressource indispensable à la constitution d’un réseau efficace. Les différentes sphères sociales qu’intègre un individu au cours
de sa vie, telles que la famille, les études, le travail, les
loisirs, le sport ou les associations, et à travers lesquelles
il rencontrera bon nombre de personnes, sont autant de
différents réseaux dont la multitude favorise la diversité
du tissu social qu’est le réseau propre de l’individu.
Le capital social d’une personne repose donc sur la variété des relations que cette dernière cultive, mais également sur sa capacité à créer des liens à travers des
échanges sociaux de qualité. Consécutivement, de telles
relations sont souvent basées sur une notion de réciprocité puisque, selon la spécialiste, un réseau efficace
repose sur des valeurs communes. En amont du développement de sa sphère sociale, il appartient donc à l’individu de se connaître lui-même pour être capable de
se fixer des objectifs qui lui sont propres afin ensuite de
s’entourer en conséquence.
Cette thématique s’inscrit dans une réflexion de développement des entreprises de pratique commerciale en
Suisse et vient s’ajouter à la démarche de Benchmarking.
Cette pratique, qui consiste à s’inspirer de ce qui est fait
ailleurs afin d’améliorer le fonctionnement de son entreprise, s’opère déjà dans les epco ; par la création de
l’ « epco relais », Helvartis s’assure un feedback sur l’utilisation de ses différents services, ce qui permettra par la
suite aux entreprises d’évaluer consécutivement leur niveau et, si besoin, de se perfectionner. Ce projet, en cours,
fera l’objet d’un prochain compte rendu.
Concernant le networking au sein des epco, qui touche
particulièrement le placement des stagiaires, Diane
Reinhard est positive, enthousiaste : « Avec un concept
génial, on ne peut pas être mal accueilli ! L’important est
de rester confiant quant aux résultats. »
L e ï la W e b e r
br è ve
Présidence de Europen / Pen International
En 2014, la Suisse, représentée par Laurent Comte, directeur de Helvartis,
prendra la tête du Management Comittee de l’organisation internationale Europen / Pen International. Sont affiliées au réseau Europen / Pen
International les centrales de quelque 42 pays travaillant avec le concept d’entreprises de pratique commerciale. Pour Laurent Comte, élu le 29 octobre à
New-York, d’importants travaux sont à réaliser à l’intérieur de trois principaux
axes de travail, à savoir : prioritairement la fidélisation de la clientèle actuelle,
puis le développement des moyens financiers à moyen terme et enfin le développement de moyens financiers à court terme. (comm-réd.)
Agenda
–
25 – 26 mars 2014
Séminaire de printemps
Macolin
14 – 15 mai 2014
SwissMeet
Brigue
8 – 9 octobre 2014
Séminaire d’automne
Morat
8
Impressum
Editeur Helvartis [email protected] www.helvartis.ch | Rédactrice en chef Annick Weber Richard Textes Leïla Weber, Annick Weber Richard Traduction Brigitte Piel, Reto Ruetsch Photographie Kevin Udry
Logistique Marie-Claire Gigon Mise en page Kevin Udry Impression Imprimerie Rapidoffset Parution semestrielle | Helvartis appartient à la fondation de la formation professionnelle de la SEC La Chaux-de-Fonds · Neuchâtel
P o u r u n m e i lle u r
usage du networking
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