Nîmes 1/50 000 – Aménager pour exploiter les terroirs méditerranéens

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Nîmes 1/50 000 – Aménager pour exploiter les terroirs méditerranéens
Nîmes 1/50 000 – Aménager pour exploiter les terroirs méditerranéens
X. Rochel / Université Nancy 2 / 2010 / Ne pas diffuser
Documents à l’appui :
1. extrait de RICHEZ-BATESTI J. La commercialisation des fruits et légumes dans le Gard. Annales
de la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, 1969, 242 p.
2. Image aérienne de Garons.
3. Historique du groupe BRL.
Proposition de commentaire (structure simplifiée dans l’esprit d’efficacité qui est celui d’un oral de
15 minutes)
[Introduction]
1. Entre déficit et excès, les contrastes des ressources en eau
Définir les termes et
concepts importants si
cela n’a pas été fait
dès l’introduction (ce
qui serait sans doute
préférable à condition
de ne pas trop
l’alourdir)
Faire le lien entre les
documents et ses
connaissances
personnelles pour faire
preuve d’une culture
géographique
approfondie
a. Les effets du climat méditerranéen
Le terme « méditerranéen » amène naturellement à l’esprit des
paysages quelque peu desséchés sous un soleil implacable. L’image n’est
pas dénuée de fondement mais elle mérite quelques nuances : la
ressource en eau dans les régions méditerranéennes françaises, et pour
ce qui nous concerne autour de Nîmes, peut aussi bien être excessive que
déficitaire. Rappelons que le climat méditerranéen se définit par une
période sèche estivale encadrée par deux pics pluviométriques, au
printemps et surtout à l’automne ; le régime est capricieux, mais les
totaux pluviométriques ramenés à l’année entière sont honorables, de
l’ordre de 700 à 800 mm sur les côtes françaises de la méditerranée, soit
plus qu’à Colmar par exemple.
Il peut donc pleuvoir beaucoup ; en témoignent les dramatiques
inondations qui frappèrent Nîmes en 1988. La carte montre la
configuration particulière de l’agglomération nîmoise, au Nord de
laquelle un plateau vallonné d’altitude modeste (213 m au maximum)
forme comme un amphithéâtre amenant les eaux à se concentrer dans le
secteur du vieux Nîmes, l’Ecusson. Le plateau en question forme comme
un piémont sous le massif cévenol, célèbre pour ses orages d’automne et
les inondations de 1988 furent le contrecoup d’un « orage cévenol »
particulièrement brutal.
Notons en outre que le Gard ou Gardon, et surtout le Rhône (le plus
puissant des fleuves française) apportent à la région des ressources en
eau non négligeables. Sur son tronçon ici représenté, le Rhône s’étale sur
pas moins de 500 m de largeur.
b. Des espaces engorgés
A l’aval, sur la bordure méridionale de la carte, se distingue un espace
particulier, de faible altitude, sans reliefs notables, séparé des bas
plateaux du centre de la carte par un modeste talus. Un grand nombre de
tracés bleus y témoigne d’une hydrographie d’un type particulier. Les
tracés rectilignes sont le signe d’un aménagement anthropique et si le
contexte méditerranéen fait immédiatement penser à des canaux
d’irrigation, il est plus probable d’y voir la manifestation d’opérations de
drainage qui aidèrent à bonifier un ancien marais. En effet, on se trouve
là en bordure de la Petite Camargue, un espace engorgé en rive droite du
Petit Rhône. La topographie, ainsi que le toponyme « la grande Palus »
confirment cette idée.
Même remarque que cidessus. Faire
apparaître les motsclés des milieux
méditerranéens (ou du
thème essentiel sur la
carte) : ager/
saltus/sylva, trilogie
méditerranéenne,
garrigue, maquis, etc.
Toujours appuyer ses
idées par des exemples
localisés
Transition
c. Un manque d’eau pourtant évident
En termes de déficit, on sait que la sécheresse estivale marque
fortement la végétation méditerranéenne, où la forêt est souvent réduite
à l’état de garrigue (sur un substrat calcaire) ou des maquis (sur roches
cristallines) ; ici, les plateaux au Nord de Nîmes portent le nom de
« Garrigues » (Camp des Garrigues) et si ce nom ne nous indique pas à
coup sûr la présence de roches calcaires, il confirme l’occupation du sol
qui est dominée par les broussailles sur toute la partie Nord-Est de la
carte. Cet espace n’est certes pas désertique, mais il est peu valorisé par
l’agriculture (ce qui a permis l’établissement du camp militaire) et cette
occupation semble même en déprise, ce dont témoignent un certain
nombre de ruines (611 / 4864). On peut sans doute voir là un ancien
espace pastoral.
Surtout, les déficits pluviométriques estivaux s’observent
indirectement par les importants aménagement qui ont été mis en
œuvre pour en limiter les effets sur la production agricole, et qui ont ainsi
permis la mise en place d’une agriculture intensive.
2. Une agriculture méditerranéenne
Toujours avoir soin de
spatialiser ses
observations
a . Une mer de vignes
Une grande partie du bas-plateau des Costières, qui occupe l’essentiel
de la carte, et de la plaine rhodanienne est surtout occupée par la mer de
vignes languedocienne. Cette production n’est certes plus aussi
dominatrice qu’elle a pu l’être dans le passé, mais malgré sa médiocre
réputation, elle a pu s’élever au rang d’A.O.C et intégrer ainsi le club des
plus prestigieux vignobles de l’Hexagone.
Cette étendue viticole, ou viti-vinicole (on note en plusieurs points
des coopératives vinicoles, comme à Manduel, au centre de la carte) n’est
vraiment absente que du saltus des Garrigues, et des espaces les plus bas
en altitude, ou les plus gorgés d’eau (vallée du Vistre, Petite Camargue).
Outre la vigne, l’arboriculture est également présente. Pour le reste,
les espaces laissés en blanc sur la carte doivent correspondre à des
champs de céréales, si l’on suit la logique de la traditionnelle « trilogie
méditerranéenne », ou à des cultures légumières ou fruitières.
b. Une allure de huerta
Une grande partie de l’espace représenté, plateaux des Garrigues mis
Utiliser les documents
d’appui en lien avec la
carte, jamais
indépendamment
Montrer sa culture sur
« aménager… » ; en
conclusion il sera
possible d’ouvrir cette
idée par l’évocation de
la mission Racine, des
ZIP…
Transition
à part, présente par ailleurs une allure de huerta. On note ainsi
l’existence de brise-vents nombreux, orientés ouest-est, probablement
destinés à contrer les effets du mistral. Ces brise-vents sont
particulièrement bien visibles sur le document 2 qui montre un paysage
d’allure très géométrique, très organisée. Cette protection se justifie dans
le cas de culture fragiles, notamment maraîchères, qui sont une des
caractéristiques principales des huertas. Ici, l’arboriculture est
importante, par exemple sur les bords du Rhône ; les productions
fruitières et légumières sont par ailleurs mentionnées par le document 1.
Notons également l’existence d’une conserverie en bordure de Nîmes
(608 / 4851).
Surtout, et c’est là ce qui achève de justifier pleinement l’appellation
« huerta », l’irrigation semble être un enjeu considérable dans la région.
Des canaux nombreux sont présents ; si, comme on l’a vu, tous ne sont
peut-être pas liés à l’irrigation, la plupart sont bien destinés à alimenter
en eau les productions maraîchères des régions basses (« Canal
d’irrigation de Remoulins à Tarascon », le long de Gard). Certains de ces
aménagements sont anciens (« Roubine royale », 627 / 4850) mais
d’autres portent la marque du productivisme d’après-guerre. Le
document 3 évoque le rôle d’une compagnie publique d’aménagement
en 1955 sous le nom de Compagnie Nationale d’Aménagement de la
Région du Bas-Rhône et du Languedoc », et qui subsiste actuellement
sous le nom de BRL (Bas-Rhône-Languedoc). Cette compagnie qui
rappelle l’emblématique CNR fut dès lors, et reste aujourd’hui un acteur
majeur de la maîtrise de l’eau dans la région ; elle contribue sans doute à
expliquer les aménagement observables sur la carte, comme ce canal
« des Costières » ponctué de stations de pompage.
L’irrigation et le drainage, qui constituent ici des aménagements très
visibles, ont donc aidé à la conquête et à la valorisation de terroirs
diversifiés, marqué pour certains par le manque d’eau, pour d’autres par
un engorgement excessif. Des aménagements particuliers et une
politique publique active ont également été nécessaires pour aider à la
commercialisation et à la valorisation des produits de l’agriculture
gardoise.
3. Une valorisation facile ?
a. Equipements et aménagements à l’aval de la production agricole
Le bon fonctionnement de l’ agriculture est dépendant non
seulement d’équipements directement en lien avec la production ellemême, mais également d’équipements annexes dont le rôle est en amont
de la production (le centre technique agricole à l’ouest de Bellegarde,
618/4846), ou en aval avec la valorisation et l’expédition des produits. Le
document 1 mentionne par exemple le rôle fondamental des
groupements de producteurs et des stations de conditionnement ou
conserveries (dont on a déjà mentionné un exemple sur la carte,
immédiatement au sud-ouest de Nîmes).
Toujours avoir soin de
réfléchir à plus petite
échelle que la carte,
situer sa réflexion
dans un cadre régional,
national, voire
continental (démarche
multiscalaire)
Il eût été maladroit de
ne pas mentionner Nîmes
et sa morphologie
urbaine très
dissymétrique, malgré
le libellé du sujet.
Ici on a cherché à en
parler sans faire de
hors sujet…
Illustrer par le
croquis
En outre, les équipements en lien avec le transport présentent ici une
importance particulière. La localisation dans l’espace français des grands
secteurs d’agriculture spécialisée n’est pas seulement fonction du climat,
ou de la qualité des sols. L’agriculture à vocation commerciale étant par
essence dépendante de ses débouchés, elle ne peut être réellement
dynamique et rentable que si l’expédition et la commercialisation des
productions est assurée dans de bonnes conditions ; les réseaux de
transports prennent donc une importance primordiale, de même que les
autres aménagements susceptibles de favoriser une bonne valorisation
des productions locales et régionales. Ainsi les huertas françaises ne
peuvent-elles être situées qu’en climat favorable, sur des substrats
alluviaux présentant de grandes qualités agronomiques, mais aussi sur de
grands axes concentrant des infrastructures efficaces : le Comtat
venaissin, la huerta française par excellence, se situe par exemple au sud
du couloir rhodanien.
Cette situation privilégiée se retrouve ici. L’autoroute A9 et dans une
moindre mesure la voie ferrée qui suit approximativement le même tracé
ont probablement une importance considérable et contribuent à
expliquer la nature de l’agriculture nîmoise et gardoise, par une
connexion commode sur les grands réseaux de transport vers les
principaux marchés, vers la région parisienne par exemple.
b. Nîmes, relais vital pour l’agriculture gardoise ?
On a vu que la huerta visible sur une grande partie de la carte forme
le prolongement occidental de la huerta comtadine, comme l’évoque le
document 1. Mais ses produits ne transitent probablement pas par
Cavaillon ou Avignon. Nîmes agit ici comme le centre moteur de la
valorisation des produits agricoles gardois. L’échangeur autoroutier, les
équipements ferroviaires justifient la localisation du marché de SaintCésaire (607 / 3169), qui fut le premier Marché d’Intérêt National de
France, avec celui d’Avignon, un an avant le plus connu d’entre eux, celui
de Rungis (document 1). Certes, le marché nîmois a été déclassé en 1992,
et ne bénéficie plus du statut de M.I.N. (qui n’est d’ailleurs pas
mentionné par la carte I.G.N.) ; mais il reste vraisemblablement vital pour
le bon écoulement des productions gardoises. Sa situation au débouché
du couloir rhodanien reste particulièrement favorable.
Ainsi la puissance de la viticulture et du maraîchage gardois aident-ils
à dynamiser Nîmes et à soutenir un essor démographique, passé ou
actuel, bien visible par un mitage périphérique dont la localisation
préférentielle dans les garrigues septentrionales s’explique sans doute
moins par l’agrément des hauteurs que par les différences dans le prix du
foncier constructible : nul doute que le prix des parcelles disponibles
dans un saltus à l’abandon n’a rien à voir avec celui des riches espaces
agricoles des plaines et bas plateaux au sud et à l’est de l’agglomération.
[Conclusion]
X. Rochel / Université Nancy 2 / 2010 / Ne pas diffuser