Rencontre avec des Libanais de Rio de Janeiro
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Rencontre avec des Libanais de Rio de Janeiro
Les Libanais dans le monde lundi 9 décembre 2013 Rencontre avec des Libanais de Rio de Janeiro Naji FARAH L’ambiance est indescriptible. Où sommes-nous, dans une usine, dans un centre culturel, dans une école de musique et de danse, dans une menuiserie ou dans une fabrique de produits artisanaux ? Le tout réuni. Nous voilà dans un immense bâtiment de trois étages abritant les locaux et les bureaux d’une des plus prestigieuses écoles de samba de Rio de Janeiro, « Beija-Flor », ou colibri. Située au Barracão, dans la « cidade do samba », emplacement réservé aux écoles de danse qui se préparent tout au long de l’année pour le carnaval, l’école Beija-Flor se distingue des autres par le fait que ses dirigeants sont d’origine libanaise. Depuis 1974, la famille Abraão David, avec les frères Farid et Anisio, multiplie les actions sociales et les efforts nécessaires à la réussite de cette formidable entreprise, la plaçant parmi les trois meilleures écoles. Tout est étudié avec minutie, avec des administrateurs, des chercheurs, des artisans et des artistes. Entre autres collaborateurs figurent l’avocat Carlos Medeiros Huaik, dont le grand-père est le cousin du patriarche maronite Hoayek, ainsi que le chanteur-compositeur de samba de renommée internationale, Neguinho de Beija-Flor. Le thème de cette année pour l’école Beija-Flor sera l’astre illuminé de la communication brésilienne. Les préparatifs vont bon train. Un char phénicien, symbolisant la transmission du savoir au moyen de l’alphabet, ouvrira le bal, avec une attention spéciale réservée au grand spécialiste de la communication brésilienne, José Bonifácio de Oliveira Sobrinho. À signaler que les places dans les hôtels sont déjà limitées pour qui souhaiterait participer au carnaval 2014, qui se déroulera du 27 février au 5 mars. Protocole d’accord entre Beija-Flor et RJLiban Réunion au siège de Beija-Flor dans la cité de la samba à Rio de Janeiro avec, de gauche à droite, l’avocat Carlos Medeiros Huaik, le chanteur-compositeur Neguinho de Beija-Flor, Anisio Abraão David, Isabelle Soare et Naji Farah. Le Liban sera-t-il bientôt présent au Sambódromo, lors du carnaval 2015 ou 2016 ? Le choix revient aux décideurs touristiques et financiers du pays. Présenter le Liban lors d’un des spectacles culturels les plus importants et les plus médiatisés du monde est une occasion unique pour promouvoir le pays du Cèdre. Un premier pas décisif vient d’être réalisé dans cette direction par l’association RJLiban, qui a soumis un projet aux dirigeants de l’école Beija-Flor. Ceux-ci ont accepté avec enthousiasme, sollicitant le soutien de la Fédération des entités libano-brésiliennes de l’État de Rio de Janeiro. Du chemin reste à faire, mais le projet devrait se concrétiser rapidement. Avec l’espoir que la situation régionale devienne bientôt propice à cet événement qui mettrait le Liban de nouveau sur l’échiquier touristique mondial. Jandira Feghali, députée fédérale, présente à la réception au consulat du Liban Pour la fête de l’Indépendance du Liban, le consul général Ziad Itani a reçu deux distinctions honorifiques de la ville et de l’État de Rio de Janeiro. Lors de la réception qu’il a organisée le 21 novembre en sa résidence dans le quartier de Botafogo, plusieurs personnalités étaient présentes auprès du consul, de sa famille et de son conseiller Marc Moussallem, comme Nelson Mufarrej, président de la Fédération des entités libano-brésiliennes de l’État de Rio de Janeiro, et Alexandre José Farah, avocat et ancien député, ainsi que Jandira Feghali, députée fédérale. Jandira est la nièce de la célèbre chanteuse libanaise Sabah, mais elle est née au Brésil et n’a jamais visité le Liban. Elle nous raconte son cheminement politique au Brésil et sa relation avec la culture libanaise, avec l’ouverture d’un nouveau restaurant-traiteur spécialisé dans la cuisine libanaise, « Líbano Rio Express », à Copacabana. Jandira est parlementaire depuis plus de vingt ans, et on lui doit l’adoption de nombreux projets de loi. Depuis son retour à la Chambre des députés en 2010, elle est responsable de plusieurs programmes dans les domaines de la culture et de la jeunesse, et entreprend des réformes générales concernant plusieurs lois, touchant aussi à la santé publique et aux droits humains. Pour ce qui est de son nouveau restaurant, elle insiste sur les ingrédients de choix qui composent les plats libanais, ainsi que sur l’art de recevoir et de servir les clients auquel elle attache une grande importance. « Nous testons avec les chefs plusieurs fois les mêmes plats afin d’obtenir le bon assaisonnement et la réelle saveur de la cuisine du Liban, qui sont uniques, souligne-telle. Je dois ce goût raffiné à ma famille, dont les membres étaient connaisseurs dans la préparation et la présentation des plats, réunissant couleurs, arômes et saveurs. » 5 Lors de la réception donnée au consulat du Liban à Rio de Janeiro à l’occasion de la fête de l’Indépendance, avec de droite à gauche : le conseiller Marc Moussallem, le consul général Ziad Itani, Claudia Machado et son époux. Préparation des statues phéniciennes qui orneront le premier char de l’école Beija-Flor lors du défilé. L’« Astro iluminado » de la communication brésilienne sera le thème présenté par « BeijaFlor » au prochain carnaval 2014. Piauí, au Brésil, un lieu de passage pour les Phéniciens... et de résidence pour les Libanais Diaspora Beaucoup d’émigrés libanais et syriens se sont illustrés par le commerce, la politique et la communication à Piauí, au Brésil. Roberto KHATLAB Au début du XXe siècle, Chucri Sady, commerçant et homme engagé dans la politique à Zahlé, part seul pour le Brésil, à la recherche de nouveaux horizons. Il était marié à Nadimé Sady et père de cinq enfants : Nagib, Miguel, Rajumi, Portrait de Chucri Sady, immigré libanais de Zahlé. Amélia et Isabel. Suivant la route de l’émigration, il arrive à São Paulo où il travaille dans le commerce du tissu, puis il migre vers le nord-est du Brésil, à Fortaleza. C’est à ce moment qu’il ramène sa famille du Liban. Son épouse Nadimé décède quinze jours après son arrivée au Brésil, n’ayant pas supporté le long voyage. Chucri, par la suite, migrera de nouveau avec ses enfants vers la ville de Teresina, capitale de l’État de Piauí. Cet État brésilien possède d’importants sites archéologiques, entre autres le parc national de Serra da Capivara, et de riches vestiges de civilisations préhistoriques. Certains historiens mentionnent cette région comme étant un lieu de passage des Phéniciens dans le continent de l’Amérique. Les Libanais sont présents dans cet État dès la fin du XIXe siècle, à Teresina, mais aussi dans la ville de Floriano, bien marquée par la présence libanaise et syrienne, dans son architecture, sa vie sociale et son folklore. Parmi les fils de Chucri, citons Miguel, marié avec Geny Massud et père de trois enfants. Il a exercé le commerce du tissu de luxe importé de France. Il importait également de la porcelaine de Tchécoslovaquie. Miguel entra en politique et fut élu conseiller de la municipalité (vereador) de Teresina de 1932 à 1935. Il fonda plus tard le premier Rotary Club de Teresina dont il fut le premier président en 1959-1960. Plus tard, il ouvrira le magasin « CrediSady », en 1960, qui était l’un des premiers à proposer la vente à crédit dans la région. Miguel chercha à développer le commerce en participant à la fondation du syndicat des magasins – « Sindilojas » – de Teresina (président de 1954 à 1966), de la Fédération du commerce de Teresina (président en 1964-1966) et de l’association commerciale de Piauí (président en 1962-1963). Jesus Élias Tajra, brillant politicien et homme d’affaires Deux filles de Chucri, Amélia et Isabel, se marièrent avec des émigrés syriens de Maaloula, village chrétien du nord-est de Damas en Syrie, dans lequel une grande partie de la population parle encore l’araméen, la langue de Jésus. Amélia épousa Élias João Tajra, qui arriva au Brésil vers 1906. Ils travaillèrent aussi dans le commerce du tissu et eurent comme enfants Jesus et José. Jesus Élias, né en 1932, se maria avec la Brésilienne Maria Amélia Falcão. ll fit des études universitaires en droit, gestion et journalisme, puis travailla comme avocat et ensuite comme fonctionnaire au ministère des Finances. Il entra ensuite dans la vie politique et fut élu député d’État (1967-1971), puis maire de Teresina, capitale de l’État de Piauí, en 1982, (ville de 900 000 habitants sur les 3 millions de l’État en entier). Il devint ensuite secrétaire du Travail et de l’Action sociale, président du tribunal de justice sportive du Piauí, député fédéral (1987-1995), et enfin président des Télécommunications du Piauí (Telepisa). Avec son sens des affaires, Jesus, en parallèle, fonda en 1977 le Group Jelta et ouvrit une agence de plusieurs marques de voitures à Teresina. Il était également propriétaire de magasins d’électroménager et de produits de luxe. Dans le domaine de la communication, il fonda en 1986 la « TV Pioneira » qui devint en 1998 « TV Cidade Verde » (TV Ville Vert), Un défilé du couturier Tony Ward avec les Miss Univers à Moscou Les stylistes libanais sont très prisés actuellement. L’un d’eux, Tony Ward, a présenté sa collection de couture « Frozen Memories » à la Mercedes-Benz Fashion Week de Russie, l’événement mode le plus important en Europe de l’Est, le 26 octobre dernier. Ont assisté à ce défilé très attendu des célébrités ainsi que les rédacteurs en chef des plus grands magazines internationaux. Avec cette collection, le créateur a entraîné le public dans un voyage dans le temps. Un voyage qui va de la fantaisie à la nostalgie d’un passé de luxe, jusqu’au rêve et aux opportunités du futur. Les mannequins du défilé des créations de Tony Ward ont contribué à créer l’événement : venant de France, du Liban, de Russie, du Japon, du Venezuela, de Grande Bretagne... elles n’étaient autres que les reines de beauté prenant part au concours Miss Univers 2013. Miss Univers 2012, Olivia Culpo, qui a choisi de porter des robes Tony Ward aux oscars et pour l’élection de Miss USA, a clôturé le défilé. Parmi les invités triés sur le volet, on pouvait distinguer la présidente de l’organisation Miss Univers Paula Shugart, les président et vice-président du groupe Crocus Aras et Emin Agalarov, la star de la télé et ancienne rédactrice en chef du magazine L’Officiel Russie, Evelina Khromtchenko, les couturiers russes de renommée internationale Valentin Yudashkin et Slava Zaitsev, le médaillé d’or olympique Alexei Nemov et beaucoup d’autres. Le défilé a été suivi d’une « after-party » au Rose Bar, un restaurant branché avec une vue exceptionnelle sur le centre historique de Moscou. Les Miss Univers et la jet-set internationale y ont dégusté les mets préparés par le chef de renommée internationale Cyril Berger, avant de se retrouver sur la piste de danse pour une soirée inoubliable. Ce défilé unique en son genre a ravi l’audience autant par la créativité et le raffinement de la collection que par la beauté époustouflante des mannequins. Le couturier Tony Ward présentant un défilé spécial à Moscou. La famille de Amélia Chucri Sady et Élias João Tajra. www.cidadeverde.com – liée au système brésilien de télévision pour la retransmission des programmes. Le Group Jelta pour la communication possède de plus une radio, une revue et un site web, et ses activités se sont élargies vers d’autres États brésiliens, toujours sous le commandement de Jesus Élias Tajra, avec la participation de la troisième génération. De son côté, le frère de Jesus, José Élias Tajra, se maria aussi avec une Brésilienne, Liete Tinoco. Il fonda le Group JET, axé de même sur le domaine de la com- munication. Propriétaire de la « TV Antena 10 » – www. antena10.com.br – fondée en 1988, d’une radio et de magasins commerciaux, dont une agence d’importation, José est président du Sebrae (Service d’appui à des petites entreprises) – 2011-2014 –, au Piauí. La Jelta et la JET sont le témoignage qu’une entreprise familiale bien dirigée peut avoir du succès tant sur le plan économique que dans celui des relations humaines. L’autre fille de Chucri Sady, Isabel, épousa Thomas Tajra, arrivé au Brésil en 1911, cousin d’Élias Tajra. Un de leurs fils, Jesus Thomas Tajra, né en 1935, se maria avec la Brésilienne Teresinha de Jesus et travailla dans plusieurs domaines : le commerce général, la fabrication et mise en bouteille d’eau et de boissons gazeuses, le transport, la restauration (cuisine libanaise), la construction... Il décéda en 1970, à l’âge de 35 ans. L’une de ses filles, Marta Tajra, qui a suivi des études d’histoire et de journalisme, est aujourd’hui propriétaire de la maison d’édition Zahlé à Teresina. Elle publie la Revista Mercado do Imóvel (Revue du marché immobilier). Recherche informations sur les familles Malouf et Jeha L’association RJLiban a reçu une lettre d’Australie signée Jane Kinsman*, écrivain et chercheur, le 8 novembre dernier. Mme Kinsman cherche des informations sur une famille du Liban. Nous reproduisons ci-dessous le texte de sa lettre : « J’ai lu avec intérêt quelques-uns de vos articles publiés sur le site rjliban.com et relevé l’initiative de votre organisation visant à relier les Libanais de l’émigration. Je me demande s’il est possible que vous m’aidiez à retrouver les membres de ma famille libanaise. J’ai travaillé l’année dernière sur l’histoire d’une branche des familles Malouf et Jeha qui avaient émigré de Zahlé vers l’Australie en 1890 environ. Je sais que plusieurs membres de la famille sont aussi partis vers le Brésil juste au tournant du XIXe siècle, et me demande si vous auriez accès à des informations généalogiques spécifiques concernant ces personnes, ou si vous pourriez m’orienter vers des sources au Brésil qui pourraient m’aider dans mes recherches sur l’émigration et les histoires de famille de ces personnes. Voici les informations dont je dispose : – Chicory (Chicri) Azer Malouf, fils de Moussa Azer et Maarchi Malouf de Zahlé, émigré à São Paulo vers 1900 avec sa femme Adma Malouf. Il a eu cinq enfants : George Moses Malouf marié à Marie Elise (Ziza) Srus, Linda Malouf (mariée à Nicolau Jeha – leur fils Roberto Nicolau Jeha marié à Sonia Kassab à São Paulo où ils vivent toujours – voir ci-dessous), Guillermo Malouf marié à Yumna Jeha – trois enfants Marie Luce, Nadia et Paulo Malouf –, Phillippe Azer Malouf marié à Georgette Maluf – trois enfants Claudette, Theresa et Alberto Malouf –, et Lorice Malouf mariée à Michel Maluf – quatre enfants Maud, Nelson, Omar et Sonia –. – La sœur de Chicory, Mariam Azer Malouf, mariée à Feres Cattini Malouf. Ils ont Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com eu six enfants : Adelia, Esquia, Kalil, Leila, Nagib et Wadih. – L’autre sœur de Chicory est Eskia (Martha) Azer Malouf, mariée avec cinq enfants : Chebl, Esquia, Nagib, Suad et un dernier dont le nom est inconnu. – Najib Jeha, fils de Khalil Jeha et Yumna (nom de famille inconnu) de Zahlé. Né vers 1884, émigré vers 1908 à São Paulo, marié à Victoria (nom de famille inconnu), père de cinq filles : Bertha, Nellie, Rozita, Sonya et Yumna. – Ses frères Rachid et Nicolau Calil Jeha. Nicolau, comme mentionné ci-dessus, marié à Linda Malouf. Émigré à São Paulo vers 1905. Il fonda la fabrique de papier St-Robert en 1947 produisant des emballages de papier ondulé à São Paulo. Son fils Roberto Nicolau Jeha a été président de la Fédération des industries (FIESP) de São Paulo durant 22 ans. Je vous serais reconnaissante pour toute information. » *E-mail : [email protected]
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