Les Dérivés de la photographie

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Les Dérivés de la photographie
 Exposition du musée des Beaux-Arts d'Agen
en collaboration avec le Frac Aquitaine
Eglise des Jacobins
rue Richard-Cœur-De-Lion
47000 Agen
27 juin - 31 octobre 2015
14h - 18h tous les jours, sauf le mardi
Des premières photographies en couleur de l'agenais Ducos du Hauron sorties des réserves du Musée d'Agen aux collections du Frac Aquitaine, l'exposition LES BELLES IMAGES. Les Dérivés de la photographie, qui réunit plus d’une centaine d’œuvres se propose de réfléchir à la place de la photographie dans l'histoire, à ses usages et à ses représentations, mais aussi de s'interroger sur l'influence des procédés photographiques dans les pratiques artistiques contemporaines (photo, vidéos, gravures, installations, sculptures, peintures). La photographie et ses évolutions récentes dans le champ de l’art contemporain.
La photographie offre aux artistes un vaste horizon de pratiques dont les usages n’ont pas nécessairement le résultat photographique pour finalité. Des photographies, bien sûr, sont présentées, mais aussi des photomontages, des ensembles photo-­‐texte, des installations, des peintures, des gravures, des sérigraphies, autant d’œuvres dont les processus de création et les enjeux esthétiques sont liés à une culture visuelle photographique ou à certains éléments et principes caractéristiques du médium comme l’empreinte et la captation… Qu’est-­‐ce alors qu’un « dérivé de la photographie », comme le souligne le sous-­‐titre de l’exposition ? Ce sont d’abord toutes les techniques et les supports de la photographie qui existent « à la dérive » de la forme usuelle qu’est le tirage photographique : photogrammes, daguerréotypes, diapositives, etc. et aujourd’hui le fichier numérique visualisable sur un écran. La photographie ne se limite pas aux formats et aux supports qui en constituent les standards tout comme la peinture ne se limite pas au tableau ou la sculpture à la statuaire…. RENSEIGNEMENTS :
Musée des Beaux-Arts d'Agen - place du Dr Esquirol - 47000 AGEN.
Tél : 05 53 69 47 23 ! mel : [email protected] ! www.agen.fr/musee
Contact musée : Marie-Dominique Nivière, conservatrice du musée // 05 53 69 48 50 // [email protected]
Frac Aquitaine : Hangar G2, Bassin à flot n°1 — Quai Armand Lalande — 33300 Bordeaux
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PIONNIERS // EXPERIMENTATIONS
Photo : musée d'Agen
Louis Arthur Ducos du Hauron (1837 – 1920) - Vue d'Agen depuis le coteau de l'Ermitage, 1877
Héliochromie - Collection Musée des Beaux-Arts d'Agen.
Alors que Niépce invente la première photographie monochrome en 1827, la
grande révolution de l’histoire de la photographie est celle de la couleur dont le
procédé est mis au point en 1869 par le physicien agenais Louis Ducos du
Hauron.
Ducos applique le principe de la décomposition de la lumière en trois couleurs
fondamentales, le rouge, le vert et le bleu. Il prend, à travers trois filtres - rouge,
puis bleu, puis jaune - trois photographies successives d'un même sujet dont il
obtient trois positifs, un rouge, un bleu et un jaune. C’est en superposant
exactement ces trois positifs qu’il obtient la restitution des couleurs.
Photo : Frac Aquitaine
Willy Otto Zielke (1902 – 1989) - Glasplattenstapel I (Entassement de plaques de verre I), 1929
Photographie noir et blanc - Collection Frac Aquitaine
Dans les années 1930, Willy Otto Zielke inscrit son travail dans l’esprit de la Nouvelle Objectivité,
courant né en Allemagne, volontairement ouvert à une vision puriste du réel. Il photographie alors
des matériaux, des natures mortes et des nus. Ici, notamment, des plaques et des objets de verre lui
permettent de jouer sur la transparence et l’opacité, créant ainsi différents plans dans ses
compositions.
Le verre est pour le photographe le matériau de la lumière, celui qui la diffracte et vient ainsi créer
des différences dans les tonalités, les surfaces et les profondeurs. Peu de gens ont compris
comment se servir de la lumière, car grâce à la lumière, on peut faire apparaître quelque chose
d’important dans des objets sans importance, tout comme une mauvaise lumière peut rendre sans
importance des choses importantes. Les recherches photographiques de Willy Otto Zielke partent de
l’observation d’objets réels photographiés de telle manière que le rendu se révèle proche de
l’abstraction.
Paolo Gioli, né en 1942 - Hommage à Julia Margaret Cameron, 1981
Collage de Polaroïd sur papier dessin - Collection Frac Aquitaine
Photo : Dominique Fontenat
Cette œuvre de Paolo Gioli appartient à des ensembles
dédiés à des pionniers de la photographie.
L'Hommage à Julia Margaret Cameron associe trois
images de la portraitiste britannique, première femme à
s’être fait un nom dans le champ de la photographie.
Paolo Gioli s’approprie les œuvres de ses illustres
prédécesseurs, conjuguant l’usage de procédés tels que
le sténopé et le Polaroïd, il les réinterprète à sa manière.
Retravaillant la matière de ses images par transfert,
collage et métissant les techniques (dessin,
photographie, sérigraphie), il brouille les limites entre les pratiques. Il rompt ainsi avec la reproductibilité en série du médium
photographique, faisant le choix de l’œuvre unique contre l’image multiple.
PIONNIERS // EXPERIMENTATIONS
L’histoire de la photographie est celle d’un désir insensé : saisir et fixer « l’écriture de la lumière » (du grec photo : lumière et graphein : écrire, peindre). Dès l’Antiquité, observations et recherches aboutissent à l’invention de la camera obscura, (chambre noire) utilisée et perfectionnée au long des siècles. L’apparition de la photographie au XIXe siècle est le fruit d’audacieux pionniers (Niépce, Daguerre, Talbot, Maddox, etc.) qui expérimentèrent des émulsions à base de sels d’argent, bitume de Judée, essence de lavande, collodion et d’autres substances encore, appliquées sur étain, cuivre, verre ou celluloïd, afin de créer des surfaces photosensibles susceptibles de garder trace de cette empreinte lumineuse fugace. On peut notamment admirer dans cette exposition des photographies de Louis Arthur Ducos du Hauron, brillant Agenais, qui fut l'un des inventeurs de la photographie en couleurs en 1869, et voir également des daguerréotypes des années 1850. L’histoire – jeune encore – de la photographie est indissociable de ces recherches, tâtonnements et expériences en optique et chimie. Parmi les photographies les plus anciennes de l’exposition, on peut voir un ensemble d’images, de la fin des années 1920, de Willy Otto Zielke montrant des jeux de transparences, reflets et diffractions de la lumière qui traverse des objets de verre ; ou encore les paysages et les natures mortes baignés de blancheur de Josef Sudek. Aux côtés de ces pionniers, figurent de nombreux artistes contemporains qui poursuivent ce travail d’exploration des procédés photographiques soit en rendant hommage aux photographes du XIXe siècle, comme le fait par exemple Paolo Gioli, soit en prenant des libertés avec ce médium d’une grande richesse et en s’attachant davantage à la matière et au processus photographique qu’à l’image elle-­‐même. Ainsi, Rainier Lericolais utilise le noir de fumée déposé sur une plaque de verre pour garder la trace et l'empreinte de la « chorégraphie » d’une toupie. Ou Dove Allouche qui mène une recherche patiente et complexe autour de la photographie comme moyen de témoigner du passage du temps et de la disparition des images. Photo : Jean-Christophe Garcia
Rainier Lericolais, né en 1970 - Toupie, 2012
Noir de fumée, verre, peinture - Collection Frac Aquitaine
Ces volutes abstraites sont les empreintes laissées par le mouvement d’une
toupie au revers d’une plaque de verre enduite de noir de fumée. De la
peinture est ensuite appliquée pour conserver les tracés ainsi obtenus. Ces
fixés sous verre sont un clin d’œil aux premières captations de son par
Étienne Jules Marey (invention en 1859 avec Auguste Chauveau du
sphygmographe qui enregistre le pouls grâce à un sismographe sur papier
noirci à la fumée), et plus encore par Édouard Léon Scott de Martinville en
1857. Ce dernier est l’inventeur du « phonautographe », une machine qui
capte le son sans pouvoir le restituer, gravant les sons sur un papier enduit
de noir de fumée. Il laissera le premier enregistrement connu de l’histoire (un
extrait de dix secondes d’Au Clair de la Lune, daté de 1860).
Cette composition renvoie également à la chronophotographie, système
inventé par Étienne Jules Marey au XIXe siècle, qui permet d’enregistrer
visuellement le mouvement, comme aussi plus tard au XXe siècle, les
expériences graphiques des Surréalistes. IMAGE DE SOI // IMAGE DU MONDE
Walker Evans (1903-1965) - Company Store, Hecla, West Virginia, 1936
Photographie noir et blanc - Collection Frac Aquitaine
Photo : Jean-Christophe Garcia
Cette photographie provient d’une série de 1936, année de la grande
dépression américaine. Cette vision frontale d’une architecture américaine,
semble intemporelle. Échappant à une vocation manquée d’écrivain, Walker
Evans, une des plus grandes figures de la photographie américaine,
commence à photographier à la fin des années 1920. Sa démarche de « style
documentaire » privilégie une vision du réel caractérisée par la distanciation et
la frontalité. Son regard est celui d’un anthropologue, hostile au symbolisme,
au lyrisme ou à la psychologie, pour préférer une objectivité proche de celle
définie par Flaubert, son modèle.
Photo : Frac Aquitaine
Jean Dieuzaide (1921– 2003) - La petite fille au lapin, Nazaré, 1954
Photographie noir et blanc - Collection Frac Aquitaine
C’est dans le contexte d’un reportage que Dieuzaide a sillonné l’Espagne en juillet
1951 et le Portugal durant l’été 1954. À cette époque, les deux pays, soumis aux
régimes fascistes de Franco pour l’Espagne et de Salazar pour le Portugal, étaient
isolés. Coupés d’une Europe déjà industrialisée, ils vivaient quasiment en autarcie,
économiquement sous-développés et n’ayant pas encore modernisé leurs réseaux
routiers et ferrés. De ses deux voyages, Dieuzaide, à propos duquel Gilles Mora parle
volontiers de son amour de la terre et des gens, a retenu une succession de scènes
rurales, de fêtes religieuses ou profanes, de petits artisanats urbains, de gestes de
pêcheurs… célébrant ainsi les réalités quotidiennes « des petites gens ».
De par les sujets qu’il aborde et le regard qu’il porte sur la réalité, Jean Dieuzaide est à
rapprocher de la photographie dite humaniste consacrée à l’homme, aux traces qu’il laisse et à sa dignité.
Choisissant, dans la plupart des cas le meilleur moment de la journée pour révéler son sujet, il affirme à quel point la
photographie est une écriture de la lumière.
Photo : Frédéric Delpech
Clegg & Guttmann (Michael Clegg, né en 1957 ; Martin Guttmann,
né en 1957) - Portrait of two sisters, 1987
Photographie Cibachrome laminée sous altuglass
Collection Frac Aquitaine
Les deux jeunes filles photographiées ici, figées, les mains sur les
genoux, le regard dans le vague, tiennent ostensiblement la pose.
L’éclairage souligne leur visage, leurs mains et certains détails. Les
éléments du décor pourraient appartenir à un appartement cossu.
Cependant l’espace dans lequel se situent les figures intrigue par son
manque de profondeur et son incohérence. Tous les éléments qui
constituent cette scène concourent à produire un effet d’artificialité. Les
protagonistes des « tableaux photographiques » de Clegg & Guttmann,
sont des décideurs financiers, P.-D.G. de multinationales, collectionneurs ou familles de la haute bourgeoisie.
Commanditaires réels, parfois remplacés par des acteurs appelés à endosser leur rôle, ils posent en studio devant
des décors photographiques, et suivant les indications des deux artistes. Ils s’affichent dans des compositions
théâtralisées puisant dans les codes esthétiques des portraits d’apparat ou de corporations de la peinture
hollandaise du XVIIe siècle. Ces portraits, individuels, de couples ou de groupes, évacuant toute dimension
naturaliste mettent en exergue de manière critique l’excellence, la dignité et la respectabilité supposées des modèles
et leur appartenance à un groupe social.
IMAGE DE SOI // IMAGE DU MONDE Les plus grands noms de la photographie du XXe siècle comme Walker Evans, Robert Frank, August Sander, Robert Doisneau, Jean Dieuzaide ou Raymond Depardon réalisent des photographies à la portée documentaire et sociologique, qui servent de révélateur du monde qui nous entoure et ainsi de nous-­‐mêmes. La photographie serait alors le plus sûr moyen de doubler le réel, d’attester de ce qui a eu lieu, de ce qui a été, et de ceux qui furent. Mais, la photographie dépasse le simple prélèvement d’images dans le réel pour révéler ce qui est caché, les failles et malaises, les êtres laissés en marge, les tragédies personnelles. Ainsi, les clichés de Diane Arbus ou de LaToya Ruby Frazier nous donnent en partage des images à la fois sociologiques et intimes. D’autres artistes présents ici, comme Karen Knorr, Laurent Kropf et Clegg & Guttmann, évoquent les représentations du pouvoir et en dénoncent les stéréotypes. D’autres artistes encore iront plus loin et utiliseront le médium photographique pour révéler l’artificialité des représentations, en usant, dans leurs images, de transformations, déguisements et travestissements. C’est le cas par exemple de Cindy Sherman ou d’Annette Messager qui tissent des fables et fictions imagées et remettent en question dans leurs œuvres les diktats de la beauté. Pierre Molinier – qu’André Breton qualifiait de « maître du vertige » – a, quant à lui, élaboré un travail photographique complexe mêlant autobiographie, érotisme et fétichisme dans lequel la figure de l’androgyne est dominante. Travestissement et fusion des deux sexes sont également présents dans l’œuvre de Serge Comte qui utilise la technique du morphing pour créer un autoportrait hybride et hermaphrodite. Les codes sociaux remis en cause, les intimités révélées, les confusions et jeux d’apparence questionnent alors la véracité de la photographie. Photo : Frédéric Delpech
Serge Comte, né en 1966 - Lilith, 1996
Impression jet d’encre sur Post-it® - Collection Frac Aquitaine
Lilith est un autoportrait réalisé en image numérique et imprimé sur Post-it®.
L’artiste a mixé son propre visage avec celui d’une femme en utilisant la
technique du morphing (effets spéciaux de transformation d'une image). Le
support donne à cette œuvre un aspect fragile et éphémère. Ce visage aux
yeux clos est troublant à plusieurs égards : par ses contours imprécis dus à la
forte pixellisation de l’image, par les couleurs lavées, par son caractère
androgyne, et son expression évoquant plaisir ou concentration sur soi, et
enfin par l’étonnant support des 900 Post-it® imprimés et assemblés. Ces
caractéristiques témoignent d'un jeu destiné à brouiller les pistes de la
ressemblance – entre féminin et masculin –, tout en marquant la volonté de
l'artiste de laisser libre cours à son monde intérieur. Serge Comte aime se
raconter des histoires, s'inventer des personnages pour à la fois se mettre en scène et disparaître.
EMPREINTE // ENREGISTREMENT // REPRODUCTIBILITE
Photo : Jean-Christophe Garcia
Roman Signer, né en 1938 –
Wasser und Eis, 1976
Diptyque - Photographie noir et blanc
Collection Frac Aquitaine
Wasser und Eis (eau et glace) est un
diptyque photographique noir et blanc
qui représente une poche plastique
remplie d’eau accrochée à deux
arbres, à deux moments différents de
la journée et à deux états différents (à l’état liquide puis à l’état solide de glace). Il fixe donc deux étapes d’un
phénomène naturel. Le cadrage, qui coupe les arbres et se concentre sur cette forme proche de celle du hamac,
montre bien la préoccupation théorique de l’artiste ainsi que son humour tant la courbe en vient à marquer un sourire
au milieu du paysage. Roman Signer s’évertue ainsi à reproduire ces moments magiques, devenus quasiment rituels
dans son travail, ceux où la furtive transformation de la forme et de la matière est rendue possible, du moins
imaginable.
Pierre Savatier, né en 1954 - Tissu Arlequin IV, 1992
Photogramme noir et blanc - Collection Frac Aquitaine
Photo : Frédéric Delpech
La série des Tissu Arlequin est réalisée par contact. Un morceau d’étoffe est directement posé
sur le papier photographique et l’ensemble est insolé. Le procédé du photogramme utilisé
largement par Pierre Savatier participe de la genèse et de l’histoire de la photographie : William
Fox Talbot l’expérimenta en 1839 dans ses Photographic Drawings en plaçant feuilles
d’arbres, plumes ou morceau de dentelle sur un papier photosensible exposé au soleil. Au XXe
siècle, sous l'impulsion d'artistes tels que László Moholy-Nagy ou Man Ray, le photogramme
deviendra une des composantes d’un nouveau langage artistique propre à la photographie.
Photo : Jean-Christophe Garcia
Antoine Dorotte, né en 1976 à Sens - A la playa, 2010
Eau forte et aquatinte sur zinc - Collection Frac Aquitaine
A la playa se compose de trois imitations de draps de plage, au
dessin subtil, semblant garder une empreinte encore fraîche. Ces
trois feuilles de zinc gris anthracite sont déformées et gravées
selon les techniques de l’aquatinte et de l’eau-forte.
Reprenant les caractéristiques de la serviette de plage, l’artiste
traduit un objet issu de la culture populaire en une forme
originale. L’empreinte des corps et le relief du sable viennent
déformer la matière. L’anthropométrie donne alors au dessin une
allure de bas-relief sculptural, qui, brut en apparence, dévoile peu à peu son caractère délicat. Chercher à retenir le
temps est une caractéristique majeure du travail d’Antoine Dorotte dont la technique principale reste la gravure : les
notions de temps et de rythme imprègnent tout. Je travaille très manuellement ; les gestes ont leur vitesse. 1
1. dans Spirit n°69, mars 2011, p. 20
EMPREINTE // ENREGISTREMENT // REPRODUCTIBILITE
Plusieurs artistes présents ici explorent les notions d’empreinte, de trace, d’enregistrement et d’impression inhérentes au procédé photographique. Pour certains, la photographie est davantage un support de mémoire, un relais de communication, un medium. Gina Pane, Denis Oppenheim et Roman Signer l’utilisent comme moyen de documenter les phases successives de leurs actions et expérimentations éphémères. La photographie sert ainsi à témoigner, parfois associée à des textes ; elle permet de fixer, enregistrer et garder trace d’une démarche, d’un concept ou d’un processus et lui donne une visibilité tangible et susceptible d’être exposée. D’autres artistes expérimentent de nouvelles manières de créer des images sans recours aux procédés techniques communément utilisés et sans appareil de prise de vue. Pierre Savatier réalise, en modulant l’éclairage, une impression de nuances de gris et subtiles variations par simple contact d’un textile sur une surface photosensible ; selon la distance du tissu avec le papier photographique et la capacité de la lumière à le traverser, la trame obtenue en négatif varie d’intensité et de netteté. Ulla von Brandenburg utilise le même procédé primitif d’empreinte lumineuse et nous donne à voir des doublures de rideaux à la couleur brûlée par le soleil gardant trace du contour des fenêtres qu’ils obstruaient. Cette même proximité de contact entre ce qui est représenté et son image se retrouve dans l’œuvre d’Antoine Dorotte présentée au sol. Gravures sur zinc de serviettes de plage, elles révèlent l’image imprimée sur le tissu mais aussi les creux et reliefs laissés par le corps qui semble s’y être allongé. Ces œuvres évoquent les premières photographies de Niépce et Daguerre, sombres, fixées sur métal, en négatif. C’est une démarche similaire de reproduction comme « par copie » qui est à l’œuvre dans le travail de Loïc Raguénès. Il reprend des images préexistantes, collectées dans les médias, pour en produire des répliques manuelles qui imitent la reproduction photomécanique ou l’impression sérigraphique. Étrange renversement des choses, les images peintes ou dessinées par l’artiste deviennent alors des facsimilés d’images à l’origine techniquement reproduites… Variété et originalité des moyens, fragilité des traces déposées et révélées, réflexion sur la reproductibilité, dérive du sens, déplacent nos certitudes sur ce qu’est la photographie et questionnent la réalité des images. Photo : Jean-Christophe Garcia
Loïc Raguénès, né en 1968 - Véronique Delmas, 2013
Gouache et sérigraphie sur carton monté sur châssis, cadre en laiton Production Frac Aquitaine, avec le soutien de Fradin Promotion
Faisant allusion au contexte portuaire de la ville de Bordeaux, Loïc
Raguénès reprend l’image d’un navire aujourd’hui démantelé, le Véronique
Delmas. L'artiste articule sa pratique autour d’une opération récurrente,
celle du « filtre » : il reproduit, au crayon de couleur ou à la peinture,
n’importe quelle image « trouvée » (carte postale, image de presse, des
images donc qui appartiennent au « domaine public » et dont il n’est pas
lui-même l’auteur), grâce à un système de points monochromes. Ses images présentent invariablement la même
trame photomécanique. Le motif est autant constitué de points blancs que de points colorés. L’artiste pointe ainsi
l’expérience du « surgissement » des images et de leur effacement, telle la réactivation du souvenir sur des images
« communes ».
ACTIVITES PROPOSEES AUTOUR DE L'EXPOSITION Activités payantes ou gratuites // sur inscription.
Renseignement et réservation au 05 53 69 47 23
VISITES
Visites guidées, les 2 e et 4 e dimanches à 16h
Dimanche 28 juin, 12 et 26 juillet, 9 et 23 août, 13 et 27 septembre, 11 et 25 octobre Visite guidée pour les publics en situation de handicap
Visite en langue des signes française (LSF) pour déficients auditifs Samedi 19 septembre à 14h. O uvert à tous
BALADE
Agen, 100 clichés !
Balade dans la ville, animée par le Cedp47 Paysage & Médiation Découvrir ou redécouvrir Agen à travers ses représentations : photos, gravures, peintures... Lundi 20 juillet et lundi 3 août à 17h (durée 1h) ATELIERS
Sténop’art
Atelier de sténopé (l'ancêtre de l'appareil photo) pour les familles. A partir de 8 ans Dimanche 5 juillet de 10h à 12h30 et de 13h30 à 16h Je monotype
Parcours-­‐atelier pour les 3-­‐6 ans Mercredi 8 juillet de 14h30 à 17h Portraits uniques !
Parcours-­‐atelier pour les 7-­‐13 ans Jeudi 9 juillet de 14h à 17h Griffonnez, biffez, grattez… les belles images !
Atelier tout public Samedi 19 et dimanche 20 septembre de 14h30 à 17h Manipulations chromatiques
Atelier adultes et ados de + de 15 ans Dimanche 18 octobre de 14h à 17h Oh ! Les (re)belles images !
Atelier pour les 8-­‐15 ans Lundi 19 octobre de 14h à 17h Autour de moi !
Atelier pour les 3-­‐6 ans Mercredi 21 octobre de 10h à 12h Sage comme une image ?
Atelier pour les 5-­‐7 ans Mercredi 21 octobre de 14h à 17h Manipulations chromatiques
Atelier pour les 7-­‐15 ans Jeudi 22 octobre de 14h à 17h Autoportraits oni[numé]riques
Atelier pour 8-­‐15 ans Vendredi 23 octobre en 2 séances : 10h à 12h et 14h à 17h Mon p’tit cours d’artiste ! En cadre… les belles images !
Atelier pour les 7-­‐15 ans Mercredi 28 octobre de 14h30 à 16h30 PROJECTIONS DE DOCUMENTAIRES [au musée]
Documentaires du CNC / Images de la culture / 10h -­‐ 12h30 et 13h30 -­‐ 18h Les inventeurs ou la rencontre des photographes et des fantômes
Réalisation : Claude-­‐Jean Philippe, 1977, 28’ Dimanche 7 juin Nan Goldin
Réalisation : Jean-­‐Pierre Krief, 1999, 13’ Dimanche 5 juillet Martin Parr
Réalisation : Jean-­‐Pierre Krief, Françoise Marie, 2002, 14’ Dimanche 2 août Cindy, the doll is mine
Réalisation : Bertrand Bonello, 2005, 15’ Dimanche 6 septembre Plaisirs, déplaisirs, le bestiaire amoureux d'Annette Messager
Réalisation : Heinz Peter Schwerfel, 2001, 52’ Dimanche 4 octobre CONFERENCES [au musée]
« Comment j'ai conçu la collection photographique du Frac Aquitaine en 1985 »
Par Gilles Mora, historien et critique de la photographie Samedi 12 septembre à 14h30 « La conquête de l’art » : conférence-débat de sensibilisation à l'art contemporain
Par Ingrid Bertol, professeur de philosophie et metteur en scène Pour un public de non initiés Dimanche 20 septembre à 16h. En partenariat avec le Frac Aquitaine ET EN COMPLEMENT AUTOUR DE LA PHOTOGRAPHIE :
« L ES PRATIQUES PAUVRES EN PHOTOGRAPHIE . D U STENOPE AU SMARTPHONE », une série d’expositions et
d’animations proposées par l’association « Exposante Fixe » à la chapelle du Martrou à Agen, du 26
septembre au 18 octobre 2015.
INFORMATIONS PRATIQUES
Lieu
Eglise des Jacobins, rue Richard Cœur de Lion (proche du Musée des Beaux-Arts)
Dates
27 juin ! 31 octobre 2015
Horaires
Ouvert tous les jours de 14h à 18h sauf le mardi
Contact
Marie-Dominique Nivière, conservatrice du Musée des Beaux-Arts d’Agen
[email protected]
05 53 69 48 50
Adresse
Eglise des Jacobins
Musée des Beaux-Arts d’Agen
Rue Richard Cœur de Lion • 47000 Agen
Téléphone
05 53 87 88 40 (tél musée : 05 53 69 47 23)
Fax
05 53 69 47 77
Courriel
[email protected]
Facebook
https://www.facebook.com/musee.agen
Site internet
www.agen.fr/musee
Localisation
sur l’axe Bordeaux-Toulouse, à 110 km de Toulouse, et 140 km de Bordeaux
Accès :
en voiture Autoroute A62 depuis Toulouse ou Bordeaux et N21.
en train TGV direct Paris-Agen (4 heures)
en avion vols quotidiens Paris-Agen (aéroport à 5 mn du centre
Droits d’entrée
exposition seule
plein tarif : 5,30 €
tarif réduit : 4,30 €
gratuit : moins de 18 ans, étudiants de 26 ans, demandeurs d’emploi, ICOM
Droits d’entrée
billet couplé Musée+Jacobins plein tarif : 8 €
exposition+musée billet couplé tarif réduit : 7 €
gratuit : moins de 18 ans, étudiants de 26 ans, demandeurs d’emploi, ICOM
Bâtiment accessible aux personnes à mobilité réduite
Copyright des photos : © Clegg & Guttmann, © S. Comte, © A. Dorotte, © Estate of W. Evans The Metropolitan Museum of Art,
New York, © P. Gioli, © les Archives Jean Dieuzaide, © R. Lericolais, © L. Raguénès, © P. Savatier, © R. Signer, Droits
réservés pour Ducos du Hauron, Droits réservés pour W. Zielke