L`Impartial - 16 janvier 2014 - La Chaux-de

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L`Impartial - 16 janvier 2014 - La Chaux-de
L'IMPARTIAL JEUDI 16 JANVIER 2014
6 RÉGION
l’atelier de la place Le Castel qui met la dernière touche au décor peint du hall et de l’escalier.
La cerise des faux bois et marbres
ROBERT NUSSBAUM
Un petit coup de peigne sur le
bois. «Et une fessée!» ajoute en
souriant Sandro Cubeddu,
échangeant le peigne contre un
pinceau aux longs poils qui fait
office de petit fouet.
Sandro est en train de finir
avec un glacis à l’huile de lin un
panneau de faux bois dans le hall
du Musée d’histoire. Avec un
pinceau tout mince, sa femme
Laurence Paolini est en train de
tracer d’un geste tremblé des
nervures rouges comme dans la
brèche, un marbre italien, sur le
côté d’une colonne en plâtre.
Depuis novembre, le couple de
décorateurs chaux-de-fonniers
dessine en quelque sorte la cerise sur le gâteau d’une longue
rénovation intérieure qui touche à sa fin. Réouverture après la
muséographie cet automne.
«nousCelafait
un immense
plaisir, c’est un
des plus beaux
bâtiments
de la ville.»
LAURENCE PAOLINI
PEINTRE ET DÉCORATRICE
Le Musée d’histoire est fermé
depuis début 2011. Les lourds
travaux touchent tous les domaines: chauffage, électricité, aménagement des caves en salles
d’exposition, pose d’un ascenseur, réfection générale (crédit
de 3,5 millions). Face au grosœuvre le mandat confié après
un appel d’offres au couple de
peintres de l’atelier Le Castel paraît un détail. «Mais cela nous fait
un immense plaisir, c’est un des
plus beaux bâtiments de la ville»,
note Laurence Paolini.
La tâche: retrouver le lustre
des faux bois et faux marbres du
A l’enseigne de l’atelier Le Castel, rue des Tourelles, Sandro Cubeddu et Laurence Paolini sont mandatés
pour que le hall d’entrée du Musée d’histoire retrouve le lustre de ses faux marbres et bois. DAVID MARCHON
hall et du soubassement de l’escalier qui grimpe au premier étage.
Ceux-ci datent des origines de la
maison de maître construite par
le négociant Edouard Sandoz,
sans doute en 1849. D’après l’architecte en charge de la rénovation, Pierre Minder, ils doivent
avoir été passés au rouleau autour de 1920, lorsque la maison a
été transformée en musée.
«A cette époque, et même bien
après, on n’aimait plus ces faux
marbres, comme dans les cages
d’escaliers en ville», relève Laurence Paolini. «Et bien sûr ça
coûte plus cher de restaurer»,
ajoute Sandro Cubeddu. Tous
deux ont déjà redonné vie à une
bonne trentaine de ces cages d’escaliers Art Nouveau, sans compter les faux marbres de la salle
Faller du Conservatoire et de
l’Ancien Manège. «A La Chauxde-Fonds, on est maintenant très
sensible à cette revalorisation.»
Au Musée d’histoire, il a
d’abord fallu retrouver des plaques témoins de l’ancienne
peinture. Puis retrouver les teintes d’origine. Pour les marbres,
le couple de restaurateurs a mis
à jour quatre genres, dont un
beau vert de mer qui court sur
les soubassements, entouré de
ce que Sandro apparente à un
gris de Belgique et Laurence
plutôt à du «Napoléon» du Pasde-Calais. «Entre les deux, cela
va faire un vert flamand séparatiste», plaisante Sandro. Pour les
(faux) bois, deux essences:
chêne et pin, pitchpin plutôt,
une espèce lourde et résineuse
d’Amérique.
Le couple de peintres décorateurs n’a pas eu de surprise au
cours de son travail qui sera terminé la semaine prochaine.
Après avoir recréé ce qui avait
disparu au Musée d’histoire, ils
s’en iront refaire une cage d’escalier à Neuchâtel puis une autre à
La Chaux-de-Fonds. Avant un
gros projet espéré sur une nouvelle génération de paquebots
de croisière de la compagnie
MSC, pour laquelle Le Castel
travaille depuis des années. Du
lourd comparé à la belle dentelle
du Musée d’histoire.
ART CONTEMPORAIN
Prix de la biennale
décernés demain
La 71e Biennale d’art contemporain touche à sa fin au Musée
des beaux-arts de La Chaux-deFonds. Si le public peut encore
contempler les œuvres présentées dans ce cadre jusqu’au dimanche 9 février, le jury rendra
son verdict demain vendredi.
Au final, quatre prix seront
proclamés, à savoir celui de la biennale décerné par le jury, celui
de la Fondation Huguenin-Dumittan décerné par le comité de
la Société des amis du Musée
des beaux-arts, celui du public et
le Prix des jeunes critiques octroyé par un jury de cinq enfants.
La cérémonie est publique et
se déroulera à partir de 18h30 au
musée. RÉD
MÉMENTO
ARCHIVES CHRISTIAN GALLEY
LA CHAUX-DE-FONDS Le gros œuvre de la rénovation du Musée d’histoire touche à sa fin. C’est
LA CHAUX-DE-FONDS
Derniers jours pour
l’expo Roskopf. Au Musée
international d’horlogerie,
l’exposition «La drôle de montre
de Monsieur Roskopf» ferme
ses portes dimanche. Mise sur
pied l’an dernier pour célébrer
le bicentenaire de la naissance
de l’horloger, elle retrace la
naissance en 1867 et l’histoire
de «La Prolétaire», que l’on
nomme souvent aujourd’hui la
montre Roskopf, une pièce bien
particulière. Tous les jours de
10h à 17 heures.
LE LOCLE
Chœur et orgue. Placé sous
la direction de Philippe Savoy et
avec Maurizio Croci, orgue, le
chœur Saint-Michel donnera un
concert dimanche à 17h au
Temple du Locle. Notamment
au menu de «Noël en pays
fribourgeois» des œuvres de
François-Xavier Brodard, Oscar
Moret ou encore Pierre Kälin.
Entrée libre, collecte
recommandée.
DÉCÈS Retiré en Arles, le Chaux-de-Fonnier avait reçu l’an dernier le prix 2013 de l’Institut neuchâtelois.
Le chasseur de son Francis Jeannin n’est plus
Nous avons appris hier le décès
de Francis Jeannin. Le Chauxde-Fonnier est décédé, selon
une information relayée par diverses personnes, le 31 décembre en Arles où il résidait depuis
2002. L’an dernier, il avait reçu
le prix 2013 de l’Institut neuchâtelois pour son ouvrage «Histoire du phonographe. Du phonographe au numérique».
Né en 1938, Francis Jeannin
avait la passion du son. Un vrai
chasseur. Il l’a pratiquée de 1957
à 1999. Il se qualifiait lui-même
«d’ingénieur du son SLT» (sur le
terrain. «On finit par penser que
son Nagra est un prolongement de
son bras», disait de lui en 2002
Edgar Tripet, l’ancien directeur
du Gymnase cantonal de La
Chaux-de-Fonds. Ce jour-là,
Francis Jeannin avait remis à la
Bibliothèque de la Ville 240
«machines parlantes», des pièces électriques et acoustiques,
ainsi que 1200 bobines d’enregistrements réalisés dans la région. Le fonds, qu’il a lui-même
inventorié, porte son nom.
Sur Radio Hôpital
pendant 23 ans
Le Chaux-de-Fonnier a aussi
fait don à l’institution des scripts
des 220 émissions diffusées par
Radio Hôpital entre 1968
et 1991. C’est une des casquettes
qui l’a rendu célèbre. Il a été fondateur de cette première radio
locale dans le canton. Il a également présidé aux destinées de la
société des Chasseurs de son de
1966 à 1974.
Francis Jeannin à La Chaux-de-Fonds en mars 2013. ARCHIVES CHRISTIAN GALLEY
Francis Jeannin a été le premier technicien audiovisuel du
gymnase à partir de 1971 et crée
le studio du Bois-Noir. «Il y réalise
sur mandat de l’Etat les portraits
filmés de la série Archives pour de-
main entre 1977 et 2002, série
dans laquelle un portrait lui est
consacré en 1999», indique la Bibliothèque de la Ville. Il est également l’auteur d’un documentaire «Mémoires d’une plaque
vibrante», paru en 1994.
La mémoire de Francis Jeannin
est préservée. Dans un DVD,
paru en 2001, le Chaux-de-Fonnier raconte les difficultés qu’il a
rencontrées à l’époque pour enregistrer dans un appartement
ou à l’Ancien Stand des performances musicales de tous genres. Quant à l’ouvrage pour lequel il a été récompensé par
l’Institut neuchâtelois, il fourmille d’anecdotes, notamment
contées par François Cros, petitfils de Charles Cros, Stefan Kudelski, fondateur de Nagra, Willi
Studer, directeur de Studer Revox et des Chaux-de-Fonniers
qui se sont illustrés dans le domaine, comme Henri Matthey,
constructeur du Marsi, un enregistreur d’une qualité compara-
ble au Nagra ou encore JeanClaude Adatte, constructeur des
haut-parleurs Peridyne.
Francis Jeannin se caractérisait
par sa modestie. Et ne manquait
jamais de remercier sa femme et
ses amis – le cameraman JeanPierre Girardin, Edgar Tripet et
Roland Urech notamment –
pour leur collaboration dans son
travail.
«Francis Jeannin a bien mérité
de la patrie», lançait Thierry Béguin l’an dernier à l’occasion de
l’attribution du Prix de l’Institut
neuchâtelois. A cette occasion,
le Chaux-de-Fonnier avait expliqué sa quête: «Vous montrez à
une famille la photo d’un disparu,
elle très affligée. Si vous y ajoutez le
son, les gens se mettent à pleurer.» DAD