Lecons de vie par Elisabeth Kubler Ross

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Lecons de vie par Elisabeth Kubler Ross
Elisabeth Kübler-Ross, David Kessler, Leçons de vie
Des nombreuses expériences qui jalonnent la vie, la découverte de soi en reste la principale.
La question, à partir de là, est : que fait-on pour se découvrir ? Du début à la fin, nous
rencontrons des difficultés. La différence entre les individus vient moins de ces difficultés
(chacun a son lot) que de la capacité qu’ils ont à les « écouter », à apprendre d’elles, ce qui
suppose un double processus :
•
Désapprendre les modèles que l’on nous a enseigné enfant,
•
Et apprendre à voir ce qui est, et pas ce qui devrait être.
La leçon de l’authenticité
Certains trouvent le sens de leur existence à travers l’étude, la recherche, l’art, d’autres le
trouvent à l’occasion d’épreuves douloureuses. Ceux-là, confrontés à la douleur, la mort, ont
dû réfléchir à ce qu’ils souhaitaient faire du reste de leur existence. Ils ont alors lâché prise,
et leur vision de l’existence, des choses, des gens et des événements en a été changée. La
question est : faut-il attendre pour « lâcher prise » ?
La vie nous propose des leçons. La difficulté consiste à les découvrir. Les découvrir, c’est en
quelque sorte atteindre la maturité : ce n’est pas chercher à être parfait, c’est mieux
comprendre le monde et être en paix avec soi-même (et donc avec les autres). Personne ne
vous dira quels enseignements vous concernent : c’est à vous de les découvrir. Seul le
temps que vous y passerez aura de l’importance. Posez-vous une question : en avez-vous
envie ?
Les patients en phase terminale ont cessé de croire que le bonheur est « à l’extérieur », ou
« demain », ou « ailleurs ». Faut-il absolument attendre des circonstances extrêmes pour
découvrir des vérités ordinaires ? Malheureusement, nous nous en « empêchons »
(inconsciemment le plus souvent), car nous sommes enfouis sous un fatras de rôles de
composition que nous jouons : bon fils, bonne mère, bon époux, bonne professionnelle… Il
est extraordinaire de constater à quel point nous vivons en fonction de ce que nous devrions
faire, plutôt qu’en fonction de ce que nous aimerions faire. Beaucoup ne s’en aperçoivent
qu’au terme de leur vie.
Nous ne devons pas trop critiquer ces rôles, car leur fonction est de nous protéger : nous
protéger contre nos peurs et nos angoisses profondes, la première d’entre elle étant la peur
de l’intimité, avec soi ou avec les autres.
Les relations humaines entraînent inévitablement des conflits et des déceptions. Si vous
vous sentez obligé de résoudre le moindre problème, vous le paierez très cher, car la tâche
est impossible. Vous pouvez en revanche prendre conscience des « rôles » que vous jouez,
et vous apercevoir
•
Que ce rôle est en fait pour vous une véritable corvée,
•
Que vous agissez ainsi par peur : peur de ne pas être comme on vous a appris qu’il
fallait être,
•
Que votre entourage vous aime aussi quand vous êtes vous-même, que vous
« lâchez prise », que vous n’êtes pas « parfait »,
•
Que les problèmes relationnels que vous rencontrez ne sont peut-être là, au fond,
que pour vous amener à découvrir qui vous êtes
•
Qu’en vous focalisant sur les failles des autres vous fuyez d’autant mieux les vôtres
Même quand on n’a pas commis d’actes répréhensibles, on a tous une part sombre. Nos
angoisses, nos peurs, nos colères sont l’expression de cette part sombre qui vous envoie
des messages sur ce que vous êtes. Faire le deuil de ces rôles n’est pas chose aisée, mais il
vous apprendra que vous êtes ce que vous êtes, et non pas ces rôles, votre métier, votre
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compte en banque. La vie, c’est ce que vous êtes, pas ce que vous faites. La suractivité
(travail, sport, …) est une fuite dans le « faire » qui évite de s’interroger sur ce que l’on est.
La leçon de l’amour
Comment faire pour s’aimer soi-même ? C’est sans doute le défi le plus difficile à relever.
Rares sont ceux qui l’ont appris dans leur enfance. On nous inculque très tôt que l’amour de
soi est mauvaise chose, preuve d’égotisme et d’égocentrisme. Très tôt, l’amour de soi est
affublé de toutes sortes de jugements qui le disqualifient à jamais dans l’esprit du jeune
enfant. Nous en arrivons à croire qu’il consiste à rencontrer l’être idéal. Et quand nous
croyons le rencontrer, nous lui faisons porter le poids de toutes nos attentes au lieu de le
laisser être ce qu’il est. Beaucoup de couples se déchirent sur ce « malentendu » de départ :
je t’aime pour ce que tu combles chez moi, et non pour ce que tu es ; si tu ne combles plus
mes attentes, je ne peux plus t’aimer. Bref, l’autre n’existe pas pour lui, mais pour moi.
La leçon de la relation à l’autre
Nous souhaitons que l’autre « répare » notre vie, qu’il nous apporte ce dont nous
manquons : courage, sérénité, joie, … S’il ne nous l’apporte pas – çàd, en fait, si nous
manquons de courage, si nous sommes anxieux, si nous sommes tristes –, nous lui en
faisons le reproche. Nous allons chercher chez l’autre ce qui ne s’y trouve pas : le
comblement de nos manques. Nous faisons porter à l’autre une responsabilité qui non
seulement n’est pas la sienne – il a déjà bien assez à faire avec lui-même –, mais qu’en plus
il ne pourra pas assumer, car la solution n’est pas chez lui. Trouver l’homme ou la femme
« de votre vie » ne résoudra pas vos problèmes, vos manques, vos attentes, vos fragilités.
Au lieu de chercher quelqu’un à aimer, mieux vaut s’efforcer de se rendre digne d’être aimé.
Il est tout à fait normal de vouloir avoir quelqu’un dans sa vie, mais il y a une différence entre
le désir de trouver l’amour et celui de trouver quelqu’un qui comble ses propres manques.
Prendre conscience de cet écart est nécessaire pour sortir des relations fusionnelles où ni
l’un ni l’autre n’existe pour ce qu’ils sont. Il est inutile d’attendre que les choses viennent de
l’extérieur, car vous êtes déjà « complet ».
On commet en fait toujours à peu près toujours le même type d’erreurs :
•
erreur bienveillante : je crédite l’autre d’être capable de m’apporter ce que je n’ai pas,
ce que je ne suis pas (çàd ce que je crois ne pas être ou avoir)
•
erreur malveillante : l’autre a un problème, ce n’est pas moi.
On pense parfois que pour être heureux, il faut changer l’autre pour qu’il convienne. Grosse
illusion. Le bonheur ne dépend pas d’une amélioration de notre relation, mais du regard que
nous portons sur celle-ci. Changer l’autre est impossible, et qui plus est, pourquoi vouloir le
changer alors que nous souhaitons, nous, ne pas changer et être accepté pour ce que nous
sommes ?
Beaucoup de gens préfèrent se débarrasser de leur partenaire – cf. le nombre de divorces –
plutôt que de s’interroger sur ce qu’ils sont. L’inverse est aussi vrai : parfois, nous refusons
de mettre un terme à une relation :
•
nous pensons que nous pouvons changer l’autre ;
•
nous refusons de changer nous-même ;
•
nous pensons que tout peut s’arranger avec le temps.
La relation à l’autre représente pourtant une occasion unique de découvrir nos problèmes et
notre réalité. Cela ne signifie pas qu’il faille poursuivre une relation coûte que coûte, mais
avant de la clore, s’est-on bien interrogé sur les causes : est-ce l’autre ? la relation ? ou soi-
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même ? Un regard trop exigeant sur l’autre nous détourne de notre véritable objet : nousmême. La seule personne que nous contrôlons, c’est nous-même ; la seule personne que
nous pouvons faire changer, c’est nous-même.
La leçon du deuil
Si l’existence est une école, le deuil constitue une grande partie du programme. Beaucoup
d’entre nous refusent le sentiment de perte, car nous ne comprenons pas qu’il fait
intrinsèquement partie de la vie. Vivre, c’est perdre. Un proverbe juif dit : « si tu vas à de
nombreux mariages, tu pleureras à de nombreux enterrements. » Plus vous aimerez, plus
vous connaîtrez de deuils.
La confrontation au sentiment de perte, sérieux ou futile, permanent ou temporaire, se
décline en 5 phases psychologiques :
1. le refus : « à l’école, la maîtresse dit qu’il n’arrive pas à suivre. Ce n’est pas possible.
C’est parce qu’on ne lui laisse pas assez de temps »
2. la colère : « c’est vraiment que des incapables, ces maîtresses ! Je vais changer mon
enfant d’école. »
3. le marchandage : « je pourrais peut-être gérer la situation si le petit était capable de
suivre en classe. »
4. la dépression : « c’est terrible ! comment on va faire s’il faut déménager ?! »
5. l’acceptation : « nous verrons bien. Commençons par voir si on ne peut pas l’aider. »
Ce processus peut s’appliquer aussi bien aux deuils « lourds » qu’aux petites « pertes » de
tous les jours. L’abandon d’une certaine façon de voir les choses (ex : mon couple va mal
parce que mon mari ne veut pas changer) est un processus de deuil. La perte d’un emploi
aussi (on accompagne les personnes licenciées à l’aide de ce processus) : bien souvent,
expliquer à une personne licenciée que c’est « normal » qu’elle ressente de la colère suffit à
faire tomber celle-ci et à lui permettre d’« avancer ». Tout le monde ne passe pas forcément
par ces 5 étapes à chaque incident de la vie, et les réactions ne suivent pas forcément le
même ordre. Certains stades peuvent être revécus plusieurs fois. Le processus de
« guérison » n’est pas toujours linéaire, il ressemble davantage aux montagnes russes : on
passe du mieux-être au désespoir le plus profond. On croit régresser, alors qu’en fait on a
franchi une étape importante.
La leçon du pouvoir.
Sur une propriété privée, nous n’hésitons pas à mettre un panneau indicateur afin de
prévenir les gens qu’ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas. Il devrait en être de
même pour nous. Il nous faut réaffirmer de temps à autre les limites de notre intégrité, en
disant « non », ou « tu me blesses »… bref, tu es chez moi et je ne suis pas bien. Si nous ne
le faisons pas, nous ne pouvons pas reprocher après aux autres de ne pas savoir qu’ils sont
sur un terrain qui ne leur appartient pas. C’est de notre responsabilité de retrouver notre
pouvoir.
Une histoire raconte qu’un homme plein de sagesse connaissait la richesse et le bonheur.
Alors qu’il traversait une période financièrement difficile, on lui posa la question : « qu’est-ce
que ça vous fait d’être pauvre ? » Il répondit : « je ne suis pas pauvre, je suis fauché. La
pauvreté est un état d’esprit, et moi je ne serai jamais pauvre. » La prise de conscience de
sa propre valeur est le début de la richesse. Quand on accompagne des mourants,
beaucoup disent : « je n’ai pas fait ce que je voulais faire », ou « je regrette de ne pas m’être
débarrassé de ma peur de manquer », « j’aurais aimé passer plus de temps avec mes
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amis ». On n’en entend aucun dire : « je regrette de ne pas avoir passé assez de temps au
bureau », « j’aurais été plus heureux si j’avais gagné plus d’argent. »
Pourquoi le futur semble-t-il offrir plus de possibilités de bonheur que le présent ? C’est
parce que nous nous leurrons au grand jeu du « toujours plus », de « l'herbe du voisin est
toujours plus verte », et de « demain sera mieux », bref la fuite dans l’ailleurs. Cette fuite
nous prive de notre pouvoir et nous condamne à une insatisfaction permanente. Si nous
obtenons ce que nous voulons, au bout de quelque temps, nous sommes encore plus
malheureux car, bien sûr, cela ne suffit pas à notre bonheur. Les mourants ne peuvent pas
jouer au jeu du « toujours plus », car ils n’ont pas d’avenir. Alors ils découvrent le pouvoir du
présent. Si vous ne savez pas apprécier ce que vous avez aujourd’hui (conjoint, maison,
enfants, travail, etc.), par quel miracle intérieur serez-vous capable de le faire demain ? Vous
ne le serez pas, car vous n’aurez jamais fait travailler votre « muscle de la gratitude », celui
qui fait dire merci à la vie et à ses richesses, celui qui fait voir le beau, la joie et l’amour. Et
vous continuerez à dire : « demain, quand mes enfants seront grands… quand mon mari /
ma femme aura changé… quand nous gagnerons plus d’argent… quand… quand…, alors je
pourrai être heureux. » Et ce « quand » ne vient jamais.
La leçon de la culpabilité.
Nous avons été élevés pour être des « prostitués ». J’entends par là que l’enfant,
symboliquement, doit se vendre pour obtenir l’affection des autres. On nous apprend à être
de bons petits qui se conforment aux désirs d’autrui. On s’efforce de nous enfermer dans la
dépendance, dépendance par rapport aux attentions que nous donne autrui. Le signe le plus
visible est la difficulté à dire « non ». Le désir de satisfaire autrui constitue un terrain fertile
pour la culpabilité. On se sent coupable d’affirmer son indépendance, son désir propre.
La leçon de la peur.
La peur est une émotion indispensable pour nous prévenir d’un danger. Mais elle apparaît
aussi alors qu’aucun danger ne nous menace réellement, seulement des dangers que nous
imaginons, et donc que nous créons. Nos craintes sont difficiles à cerner, car elles sont
disposées en couches successives. Il faut les éplucher l’une après l’autre pour atteindre la
peur fondamentale qui sous-tend toutes les autres. Généralement, il s’agit de la peur de la
mort, ou de peurs « annexes » à la mort. La colère en particulier est très souvent synonyme
de peur (cf. paragraphe sur la colère).
Personne ne souhaite partir sans avoir profité de la vie. Dans ces conditions, le message est
clair : nous devons nous débarrasser de nos peurs tant que nous en avons encore le temps.
Nous disposons d’un vocabulaire étendu pour décrire nos émotions. Pourtant, on peut
presque dire qu’elles se ramènent à 2 sentiments fondamentaux : l’amour et la peur. Tout ce
qui est positif est issu de l’amour (ou de quelque chose en approchant) : bonheur,
satisfaction, paix, joie. Tout ce qui est négatif est issu de la peur : colère, haine, angoisse,
culpabilité. Et comme ces 2 sentiments s’excluent, c’est l’un ou l’autre qui constitue la ligne
directrice de notre vie.
La leçon de la colère.
La colère, c’est bien souvent de la peur non traitée. Il est plus facile de dire à son conjoint
« je suis en colère que tu sois / fasses (ne sois pas / ne fasses pas) ceci ou cela » plutôt que
de lui dire : « quand tu fais / fais pas ceci, j’ai l’impression que tu n’es pas d’accord, donc j’ai
l’impression que tu ne m’aimes pas, et ça me fait peur ». Nous devons apprendre à regarder
en nous-même pour découvrir les peurs sous-jacentes.
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•
Je suis en colère parce que tu n’étais pas là -> quand tu n’es pas là, j’ai peur de me
retrouver seule, j’ai peur que tu m’abandonnes
•
Je suis en colère parce que tu es en retard -> j’ai peur car j’ai l’impression que ton
travail est plus important que moi
•
Je suis en colère que tu ne cherches pas du travail plus activement -> j’ai peur que
nous n’ayons plus assez d’argent
•
Ce que tu me dis me met en colère -> j’ai peur que tu ne m’aimes plus.
La leçon du lâcher prise
Nous voulons à tout prix maîtriser chaque situation, influer sur le cours des événements, que
les choses et les gens soient comme nous le souhaitons. C’est le fantasme de la toutepuissance. Lâcher prise, c’est se débarrasser de ce désir illusoire et mortel de tout contrôler,
de tout façonner à notre main : notre conjoint, nos enfants, nos amis… Ce combat est perdu
d’avance, nous éloigne de l’instant présent et détruit nos relations.
C’est encore la peur qui nous pousse à vouloir tout contrôler : peur de ne pas exister (et si
les autres n’avaient pas autant besoin de nous que ce que nous pensons ?), peur de
l’« anarchie ». Beaucoup d’entre nous croient que le contrôle est indispensable, qu’il serait
dangereux de laisser l’univers s’occuper de la bonne marche des choses. Mais le contrôle
que nous exerçons est-il bien meilleur ? Qu’est-ce qui nous permet d’en être aussi sûr ?
Comment lâcher prise ? Comme dans le jeu de la corde, il suffit de laisser aller. On se libère
de ses schémas de comportement. Ce qui est important à saisir, c’est que le lâcher prise
n’est pas un renoncement. Le renoncement est un refus de la vie, alors que le lâcher prise
est l’acceptation de la vie, des gens tels qu’ils sont (et non tels qu’on souhaiterait qu’ils
soient).
Le refus de lâcher prise équivaut à dire : je ne pourrai être heureux que si les circonstances
changent, si les autres changent. On croit toujours que le bonheur est pour demain. Mais s’il
est possible demain, pourquoi ne l’est-il pas aujourd’hui ? l’argent ? les autres ? et qu’est-ce
qui fait croire, inversement, que cela sera différent demain ?
Quelques circonstances doivent nous alerter sur la nécessité de lâcher prise :
•
Quand nous sommes inquiets et agités
•
Quand on s’aperçoit que l’on cherche à contrôler les gens, les changer
•
Quand on veut changer ce qui ne peut pas l’être
•
Quand la vie ne se déroule pas comme on le prévoyait
La leçon du pardon
En refusant de pardonner, on ravive ses vieilles blessures et on nourrit son ressentiment. On
devient son propre esclave. C’est soi-même que l’on punit quand on refuse de pardonner, en
se complaisant dans sa haine ou sa rancœur. L’expression du pardon rencontre beaucoup
d’obstacles. Le plus important d’entre eux est l’idée qu’en le faisant, on excuse l’offenseur.
Faux : le pardon consiste en réalité à se libérer de sa blessure dans son propre intérêt. Celui
qui a du mal à pardonner doit savoir qu’il sera la seule victime de son comportement.
Le désir de vengeance est un autre obstacle.
L’incapacité de pardonner est une prison dans laquelle on s’enferme soi-même. Mais cette
prison est tellement confortable, on en connaît tellement les recoins qu’en sortir fait peur. Ca
devient un saut dans l’inconnu. En pardonnant, nous récupérons le pouvoir de vivre et de
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grandir au-delà de l’offense. Nous sortons volontairement du rôle si confortable de victime.
Parfois il est tellement douloureux que cela en devient mission impossible.
La première étape du processus de pardon consiste à considérer à nouveau le fautif comme
un être humain : il peut faire des erreurs, se montrer faible, lâche, insensible, maladroit. En
d’autres termes, il est exactement comme nous : faillible, imparfait, …
Le pardon ne concerne pas l’offenseur. Ne vous inquiétez pas de lui. Chacun a ses
problèmes, et ceux des autres ne sont pas notre affaire.
La leçon du bonheur.
Certains considèrent le bonheur comme une réaction à un événement : une naissance, une
fête, une promotion… Mais c’est en réalité un état d’esprit qui n’a que peu à voir avec les
événements extérieurs. Il faut accepter que le bonheur est le but essentiel dans la vie. Cette
idée hérisse beaucoup de gens car elle signifie pour eux indifférence et égoïsme. Elle
signifie qu’ils se sentent coupables d’être heureux, quand d’autres ne le sont pas. Cela n’a
tout simplement pas de sens. Il faut se défaire de ce sentiment fusionnel : les autres ne sont
pas nous, nous ne sommes pas les autres ; être heureux n’enlève rien à personne, et ne pas
l’être n’apporte rien à personne.
Le bonheur ne dépend pas des événements de notre vie, mais de la manière dont nous les
regardons. Il peut être notre état naturel, mais à force de vouloir tout contrôler, tout modifier,
tout changer, les êtres, les choses et les événements, nous nous rendons tout simplement
malheureux. Nous sommes prisonniers du « quand » : quand j’aurais un (autre) travail,
quand mes enfants seront grands, quand nous aurons une autre maison, quand nous aurons
changé d’endroit ; quand mon mari / ma femme aura changé… Nous sommes généralement
très déçus lorsque nous nous apercevons que nos espoirs étaient illusoires. Alors, nous
engageons une autre série de « quand ». « Quand », c’est maintenant.
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