Les Glénans et l`environnement
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Les Glénans et l`environnement
N° 94 Décembre 2015 > Les Glénans et l’environnement Conseil Ad Hoc Au portant Rencontre avec un animal marin > p.7 > p.11 Faune, flore et voile pour des collégiens Éditorial A l’heure où la France accueille la COP21, ce numéro du Courrier des Glénans met le cap sur l’environnement. Si aux Glénans, nous évoquons souvent notre attachement aux sites naturels, nous parlons moins de ce que nous faisons pour leur préservation. Ce numéro est l’occasion de s’attarder sur ces initiatives, sur ces actions et sur nos projets concernant l’environnement. Historiquement nous avons toujours su que l’enjeu d’habiter des sites naturels isolés et protégés était d’être capable de les préserver, de les habiter de manière responsable pour que leur magie soit préservée. Au cours des années, c’est une vraie expertise qui est née. Notre environnement, c’est aussi la mer avec la richesse qui la caractérise, une richesse fragile à laquelle nous devions nous intéresser. L’Ecole de mer porte désormais de nombreux projets pour que, dans nos navigations, nous prenions le temps d’apprendre à mieux connaître cet environnement. A l’origine de nombre de ces initiatives, nous avons des bénévoles, des salariés et des volontaires en service civique impliqués, que je salue et remercie, qui ont porté leurs convictions pour que collectivement nous assumions cet te dimension environnementale du projet Glénans. Sylvestre LOUIS Président des Glénans 2 Pleins Phares Pleins phares sur l’environnement L’environnement, vaste sujet ! Un mot à la mode, mais pas seulement. Si la notion de développement durable a fleuri partout depuis de nombreuses années, le frémissement annoncé est devenu une vague, puis un déferlement, en témoigne la COP21-Paris. Rappelons que le respect de l’environnement fait partie des objectifs de l’association. Il est donc devenu un enjeu majeur et un moteur d’actions variées. Aux Glénans, même si la mer est presque toujours bleue, on voit l’avenir en vert. Et pour cela, dès à présent, en mer comme à terre, bénévoles et salariés passent à l’action, afin que la mer et le littoral demeurent une source de richesses et de joie, et offrent des lieux préservés aux générations futures. L’environnement au cœur de notre projet Dès sa création il y a près de 70 ans, l’association a sensibilisé ses adhérents à la découverte et la préservation de l’environnement. Le fameux triptyque ”école de voile, école de mer, école de vie” résume bien l’importance accordée à cet aspect. On ne consomme pas la mer, elle vous tolère, vous accepte, et on la respecte. Il en va de même pour le littoral. Le stagiaire n’y vient pas en terrain conquis, en utilisateur. Des sites d’exception, des îles désertes hors saison, cela se mérite. Et cela justifie des efforts permanents, renouvelés, innovants, pour que perdure la beauté des lieux, mais aussi la vie qui se niche dans les fonds marins et au coin d’un rocher, d’une plante, d’une algue. Ceux qui ont déjà foulé le sable d’une dune savent combien elle est fragile, ainsi que le soulignent les nombreux panneaux du littoral français. Mais l’impact de l’homme va bien audelà. La vie sur un site isolé, voire insulaire, ou en mer, est soumise à d’importantes contraintes liées à la gestion de l’eau, des déchets, de l’énergie. Comment faire vivre 300 stagiaires sur une île déserte, avec des ressources limitées, sans polluer, sans amonceler des détritus ? Très tôt, cette gestion des impacts a été, pour l’association, source de préoccupation et de réflexion, dans un esprit de recherche permanente. Ne pas laisser de déchets derrière soi est un challenge insuffisant, il importe aussi de préserver l’existant : le plus grand soin s’impose pour maintenir les sentiers douaniers, l’estran, bref tout le littoral. En laissant la faune et la flore se développer naturellement, sans massacrer les organismes (combien de personnes savent qu’une pierre retournée sur l’estran et non replacée perturbe ses hôtes qui mettent quatre ans à s’en remettre ?), sans déranger les oiseaux, on maintient l’équilibre de la nature. Et même s’il existe dans le monde de bien plus grosses sources de pollution devant lesquelles nous nous sentons impuissants, cela reste l’affaire de chacun : dans les comportements à adopter, et dans le savoir et l’éducation à transmettre. Aux Glénans, on réfléchit et on innove dans tous les domaines, qu’il s’agisse de l’accastillage, des manœuvres ou de la sécurité. La gestion durable des sites fait partie des préoccupations permanentes et même grandissantes de l’association, qui s’est toujours clairement positionnée en pionnière et en meneuse sur ce sujet. Le souhait des administrateurs, en particulier, est de faire plus et mieux que l’article 2 des statuts, dont voici un extrait : « participer aux actions de protection de la nature et de l’environnement, et de l’amélioration du cadre de vie ». L’enjeu est de développer une compétence et une conscience collectives, afin d’adopter des conduites responsables et de se montrer proactif. Le développement durable, ce n’est pas du verbiage, ni quelques actions isolées pour se donner bonne conscience à peu de frais. C’est devenu un mode de vie, un état d’esprit. Aussi l’association a-t-elle fait le choix de recruter « vert » : Matthieu, technicien en développement durable, et Céline, chargée de mission environnement, travaillent activement à la mise en place d’actions diverses. De nombreux panneaux informatifs vont fleurir sur les sites des Glénans afin de sensibiliser les stagiaires, les encadrants, mais aussi le visiteur SOMMAIRE p 2 > Pleins Phares : Pleins phares sur l’environnement p 7 > Conseil Ad Hoc Rencontre avec un animal marin p 9 > Formation : Un stage P pour (mieux) aborder l’environnement marin p 10 Le Guide Environnement, un nouvel outil pédagogique p 11 > Au portant : Faune, flore et voile pour des collégiens p 12 > Interview : Au service de l’« école de mer » p 13 p 14 p 15 Un projet fédérateur > Vie associative L es comités de secteur et l’environnement 3 inconnu qui foule le sable des îles. Ces panneaux seront adaptés à chaque endroit et donc diffèreront d’un lieu à l’autre. Sur une île, par exemple, on expliquera pourquoi l’utilisateur doit pomper l’eau de sa douche. Ainsi, cette information donnera-t-elle du sens à nos actions. Matthieu souligne : « aux Glénans nous avons été des précurseurs mais ce n’est plus suffisant, il nous faut agir pour maintenir l’association dans le mouvement actuel. Les initiatives prises aux Glénans ne sont plus seulement locales, il s’agit désormais d’une démarche nationale. Un budget est véritablement alloué à la protection de l’environnement et un comité de pilotage est en charge de la démarche environnementale et sociétale ». 4 Les démarches concrètes se sont multipliées sur les bases et sur les sites isolés. Les sites seront équipés de chauffe-eau solaires. Des systèmes d’assainissement phytosanitaires seront mis en place dans les îles, afin de ne plus rejeter directement à la mer les eaux usées. De quoi s’agit-il ? Ces systèmes permettent le traitement des déchets par les plantes. Les eaux sont d’abord canalisées vers de grands bacs, dans lesquels des plantes de plusieurs types se nourrissent des déchets. Ainsi, massettes, papyrus, lys et menthe aquatique se mettent en action, et leur voracité – avec un zeste de magie – permet de voir s’écouler, à la sortie du bac… une eau claire ! L’eau obtenue n’est pas potable mais pourrait être réutilisée pour la vaisselle, par exemple. En l’occurrence sur les sites l’eau des puits suffit pour la vaisselle, tant il est vrai qu’aux Glénans, nous sommes pleins de ressources ! Cette belle initiative est progressivement installée sur les bases, le but étant de couvrir l’ensemble des sites en 2019. Naturellement, la protection de l’environnement représente un coût non négligeable : de cinq à sept mille euros (hors main d’œuvre) pour un système d’assainissement phytosanitaire sur un seul site. Et puisque l’on parle de budget… L’enveloppe Environnement prévoit aussi d’achever en 2018 la mise en place progressive – initiée depuis quelques années – des LED sur l’ensemble du parc d’éclairage de nos sites, ainsi que, en 2016, l’utilisation généralisée des produits d’entretien écolabels. Les ampoules à LED ont un coût deux à trois fois plus élevé que les ampoules classiques mais durent plus longtemps et consomment deux à trois fois moins d’électricité. De plus le regroupement des achats permet d’en limiter le coût, par un effet de volume. Mais au 21ème siècle, le développement durable n’a pas de prix ! Histoires d’eaux Quant au traitement de l’eau de pluie en eau potable, quelques stations homologuées sont déjà mises en place progressivement, afin de couvrir l’ensemble des îles en 2017. Un premier filtre (à charbon) rend le pH neutre. L’eau passe ensuite dans trois grands autres filtres avant d’achever son parcours dans des bassins équipés de lampes à UV qui ”grillent” les bactéries. Avantage non négligeable : ce dispositif est peu volumineux et peut donc être installé tout près des cuisines. L’eau potable pour tous… mais aussi parfois, hélas, pour rincer le matériel. A l’Ile d’Arz, les bateaux, les voiles, les brassières et les combinaisons sont encore rincés avec de l’eau potable. Un projet de forage est donc à l’étude, il permettrait d’utiliser l’eau non potable pour les toilettes et les bacs de rinçage, d’ici à fin 2017. Et dans les lieux de vie ? En 2018 l’ensemble des bases et le siège parisien feront appel à un fournisseur d’électricité renouvelable. Cela représentera un surcoût de 20 à 30%, sans économie en contrepartie, mais c’est le choix de l’association – qui espère néanmoins que les prix diminueront dans l’avenir… Quant aux bâtiments, ils n’échappent pas au tsunami du développement durable : les rénovations à venir (telle l’isolation) sont prévues avec des matériaux durables. Ainsi, l’un des dortoirs de Penfret (sur le site de Village) sera rénové courant 2016. Le but en sera l’amélioration du confort – et donc de l’accueil – sans nuire à l’environnement. De plus, toujours sur les sites isolés, les célèbres mais rustiques Cunégondes se font désormais concurrencer par l’installation progressive de toilettes sèches, disposées à proximité des lieux d’hébergement. Le système prévoit une séparation entre les matières liquides et les matières solides, ces dernières étant asséchées à l’aide d’un ventilateur alimenté par un panneau solaire (pour limiter les odeurs) puis rapportées sur le continent. A terme, une toilette sèche pour dix personnes – soit de six à dix par site – sera installée. Pour finir, sachez que des produits d’hygiène biodégradables sont en vente sur l’ensemble des sites des Glénans depuis 2015 ! L’énergie dans les mollets ! Les Glénans prévoient la mise en place de vélos permettant de recharger les téléphones portables. Peut-être en avez-vous déjà vu : certaines gares, comme celle de La Rochelle, ont installé ce dispositif. Cerise sur le vélo, un écran indique au cycliste la quantité d’énergie produite, pour lui-même et pour la collectivité. Ce bel exemple de sensibilisation à l’environnement naîtra en 2016 sur l’île de Penfret et sera développé entre 2016 et 2017. Et étant donné qu’aux Glénans, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées, et que ces vélos coûtent cher, l’association les fait fabriquer par des lycées techniques, notamment un établissement de Lorient avec lequel nous avons déjà établi un partenariat. Vous savez, les fameuses ”Cadillac”, c’est-à-dire les remorques amphibies de Fort-Cigogne, Drenec et Penfret… Nous les devons à ce lycée, qui s’attellera ensuite à l’élaboration des vélos. Ainsi l’association ne déboursera que pour l’achat des matières premières. Riche idée, non ? L’environnement jusqu’au bout du stylo Enfin, le plus classique mais pas des moindres : le papier recyclé est au goût du jour, et donc progressivement mis en place, dans les bureaux, pour les catalogues, les flyers… de même que le recyclage des gobelets, des papiers usagés… et puis, écriture oblige : en lieu et place de l’encre chimique, il est prévu d’utiliser l’encre végétale, composée de pigments naturels dissous dans l’eau, pour un surcoût d’environ 6 %. L’Ecole de mer Ce volet du slogan des Glénans n’est pas nouveau mais a pris du galon. Depuis longtemps déjà, la presse de l’association, notamment le Cours des Glénans, traitait de sujets tels que la faune et la flore, l’érosion marine ou les bateaux de pêche professionnelle. Elle réaffirme la priorité accordée à l’environnement, montrant une forte volonté de s’investir et d’investir. Ainsi Céline, chargée de mission environnement, a pour rôle de faire vivre ce projet et de pérenniser les initiatives de tous, bénévoles et salariés. En effet, il manque à ce jour une véritable appropriation collective des compétences. Fédérer les savoirs et les communiquer de manière pérenne, à l’écrit comme à l’oral, tel est l’enjeu fermement soutenu par le Conseil des moniteurs et de l’encadrement bénévole. Le CDM souffle en effet sur les braises de ce projet qui, tout légitime qu’il soit, n’en était pas moins resté à un stade embryonnaire. Les premiers balbutiements demeuraient anecdotiques, 5 on est davantage citoyen de la mer et moins consommateur ; la mer est un formidable espace de liberté, certes, mais on n’y est pas seul, et l’on doit respecter certaines règles pour la préserver et ne pas pénaliser ceux qui y travaillent. » Différents acteurs impliqués dans le projet sans véritable organisation. Il s’agissait donc d’amorcer un changement culturel. Il y a un peu plus d’un an, le Conseil d’Administration des Glénans a donc voté le développement de ce projet. Céline, bénévole à l’époque, devient alors salariée. Depuis, elle travaille activement au développement du projet. Aux Glénans, l’environnement a été réintroduit dans le cursus de formation, allant même audelà des préconisations de la Fédération Française de Voile. Des guides sur l’environnement marin sont en cours d’élaboration et seront disponibles sur chaque bateau et sur les sites à terre. Le but est d’aider tout adhérent à partager ses connaissances de l’environnement marin et d’encourager les moniteurs à se former sur le sujet. Un premier ouvrage porte sur la zone de navigation de Concarneau, il sera étoffé mais aussi complété par d’autres guides concernant chaque base, à commencer par Vannes/Île d’Arz. Des stages à thème De plus, des stages de perfectionnement sont aussi proposés aux moniteurs désirant progresser sur ces thèmes, l’Environnement P. C’est ainsi que les stages « école de mer » (voir encart) ont vu le jour. Pour la première fois, les individuels (et non plus seulement les groupes scolaires) viennent véritablement ”vivre” la mer. Ils observent, découvrent, comprennent, aidés en cela par les topos théoriques du Guide Environnement. Au plan pédagogique, le stage revêt un aspect ludique, basé sur l’expérience in vivo. En effet il importe au préalable d’éveiller l’intérêt des stagiaires – on les suppose cependant réceptifs puisqu’ils ont fait la démarche de s’inscrire. Ils vont par exemple découvrir l’histoire du site sur lequel ils sont, les oiseaux, l’estran et ses secrets, les herbiers… Céline précise : « des week-ends sont aussi prévus 6 au moment des grandes marées, pour mieux découvrir le monde marin ; ils sont destinés aux adultes, sans critère de niveau. Les stagiaires se déplaceront d’île en île, sans forcément faire de la voile, pour découvrir les bases de l’océanographie, la faune et la flore insulaires, le patrimoine, la réglementation… ». Ce sera notamment l’occasion de faire de la pêche à pied, et même de cuisiner avec sa propre récolte ! « Apprendre la mer » pour mieux apprendre la voile Cet apprentissage permet de devenir un meilleur marin. Cela vous étonne ? Si par exemple vous connaissez l’étagement de l’estran (saviez-vous que les moules s’implantent en son milieu ?), vous déduirez, en apercevant les moules au ras de l’eau, que l’on est à peu près à mi-marée. Certes, cela ne dispense pas toujours du fameux calcul des marées (la règle des douzièmes…) mais permet de vous conforter dans votre estime. Un autre exemple : la limite supérieure de l’estran est délimitée par des lichens jaunes au-dessus et des lichens noirs en dessous. La présence de ces bandes jaunes et noires sur les ilots vous indique que ces ilots ont une partie toujours émergée, ce qui peut vous aider à identifier les cailloux dans le paysage de l’Archipel de Bréhat par exemple. En rivière, il est possible de savoir où il y a le plus de profondeur et où il y a du courant en observant les rives. Quant aux pêcheurs… connaître leurs manœuvres permet donc de les anticiper, aide à ne pas les gêner dans leur travail, et à ne pas se mettre soi-même en danger. Les exemples sont nombreux. Connaître la réglementation de la pêche participe au maintien des espèces. Savez-vous, par exemple, qu’il existe une taille minimale autorisée pour chaque type de poisson pêché ? Céline ajoute : « grâce à cet enseignement, Les comités de secteurs, quant à eux, s’impliquent activement dans la préservation des sites et le projet ”école de mer”. Enfin, un programme de sciences participatives est proposé aux adhérents : cela consiste, par exemple, à transmettre des informations lorsqu’on croise un dauphin au large. Ainsi chacun peut contribuer, à son niveau, à améliorer la connaissance des comportements des animaux marins, des modifications liées aux changements climatiques etc. Devenir acteur de l’environnement nécessite bien sûr de pouvoir faire la différence, par exemple, entre un grand dauphin et un dauphin commun. Autre exemple : l’observation des œufs de raies, que l’on trouve sur la laisse de mer, donne des indications sur leurs lieux de reproduction et sur les zones à préserver pour faciliter leur développement. Toutes ces avancées sur la gestion durable des sites et l’école de mer sont réalisées en lien avec des partenaires comme le conservatoire du littoral, Natura 2000, Oceanopolis ou l’Agence des aires marines protégées et des associations comme la Ligue de Protection des Oiseaux, L’observatoire des mammifères marins, Cybelle Planète. La prise de conscience de l’urgence de l’enjeu environnemental ne doit pas s’effectuer à grand renfort de dogmes et de cours de morale. Mieux que toute règle imposée, la connaissance permet d’être autonome sans être destructeur, et suscite le respect de l’environnement marin. Parvenir à sensibiliser les navigateurs et les promeneurs, et modifier durablement leur comportement, telles sont les missions que s’est donnée notre association, en espérant que les plaisanciers de demain continueront à porter et transmettre le projet Environnement. EN 2016, DÉCOUVREZ LES STAGES «ÉCOLE DE MER» f «Découverte du littoral», croisière niveau 2 embarqué au départ de Concarneau et Vannes, f « Exploration maritime», croisière niveau 2 sur site à l’archipel de Glénan, f les week-ends «Grandes marées» à l’Archipel, f le stage Environnement P pour les moniteurs (voir p. 9). Conseil Ad Hoc > Rencontre avec un animal marin Stage croisière en Méditerranée, notre équipage tire un long bord, la matinée est calme. Soudain, un équipier s’écrie : « Là-bas, j’ai vu quelque chose bouger dans l’eau ! » Aussitôt tous les regards convergent vers l’endroit pointé : est-ce un de ces requins pèlerins mangeurs de plancton ? Une tortue luth qui part pour une traversée de l’Atlantique ? Ou encore un dauphin, qui vient partager un moment de navigation avec le navire ? Dans l’euphorie du moment, tout le monde en oublie... son poste à bord ! Céline, notre monitrice, reprend la barre, demande à chacun de garder une main sur le bateau lors des déplacements et redistribue les postes. Comment faire de cette rencontre fortuite avec un animal marin une vraie découverte ? S’approcher sans gêner les animaux Nous apercevons maintenant plusieurs ailerons : les animaux semblent poursuivre leur course sans crainte. L’un des stagiaires suggère que nous sommes en présence d’un groupe de cétacés. Nous sommes tous d’accord pour aller vérifier cela de plus près ! Céline précise : « Ces animaux sont sauvages et peuvent être effrayés par notre bateau. Certaines espèces, comme les grands dauphins ou les dauphins communs, s’approchent d’ellesmêmes et nagent autour du navire pendant un moment, tandis que d’autres, plus craintives, tels les globicéphales, fuient si elles se sentent en danger. » Pour les observer, nous allons devoir rester discrets... Chacun est à son poste, Céline coordonne les manœuvres. Notre approche vise alors à adopter progressivement une trajectoire parallèle à celle des animaux, sans leur couper la route ni changer brutalement de cap ou de vitesse, tout en respectant une distance raisonnable (plus de 100 mètres) et en naviguant à la vitesse des individus les plus lents du groupe (5 nœuds maximum). « Et si les animaux s’approchent d’eux-mêmes ? », suggère une équipière. « Il faudra s’abstenir de tout contact direct. », répond Céline. « Ni baignade ni tentative visant à les toucher ! À l’inverse, le départ des animaux signifie qu’on les dérange ou que leur curiosité est satisfaite. Nous limiterons notre temps d’observation et ne les poursuivrons pas ! » Observer, identifier, photographier Calés à 2,5 nœuds sur une trajectoire parallèle à celle des animaux, le moment est venu pour nous de les observer et de tenter de les identifier, en s’appuyant sur les outils présents à bord. L’un d’entre nous va chercher les jumelles, je m’occupe du Guide environnement qui contient la fiche d’identification des mammifères marins. « Observez la forme de l’aileron, la taille des animaux, la couleur de leur dos, la présence d’un bec ainsi que leur comportement, et comparez-les avec les animaux décrits sur la fiches », explique Céline. Nous écarquillons aussitôt les yeux. L’aileron est tantôt visible, tantôt sous l’eau, et ne se balance pas latéralement : nous avons donc bien affaire à un cétacé et non à un requin ou à un poissonlune. Leur taille est inférieure à la moitié de la taille du bateau et lorsque leur tête est visible, nous apercevons un bec. Il semble que nous soyons en présence de dauphins ! Trois spécimens s’approchent peu à peu et commencent à nager sous le bateau et de part et d’autre de l’étrave : c’est magique ! Leur corps est assez trapu. Ils sont gris, leurs flancs plus clairs. Après un échange animé entre 7 partisans du dauphin commun contre défenseurs du grand dauphin, nous optons pour cette dernière espèce, car la variation de couleur entre le dos et les flancs n’est pas nette. Après ce moment d’observation, au cours duquel nous nous relayons sur les différents postes afin que tout le monde puisse profiter du spectacle et prendre des photos, nous regardons leur groupe s’éloigner et quittons à notre tour progressivement la zone, en reprenant petit à petit notre cap et notre vitesse. Idées reçues : vrai ou faux ? Les animaux à peine éloignés, des questions viennent : « Il paraît qu’on peut entendre les dauphins et les baleines chanter depuis le bateau ». Ou encore : « Peut-on attirer les dauphins en tapant sur l’étrave ? » Céline, qui n’en est pas à sa première rencontre, prend le temps de nous répondre. « Certains cétacés émettent des sons dans le domaine audible qui leur permettent de communiquer entre eux, plus ou moins fortement. Des espèces telles que les globicéphales, les grands dauphins et les baleines à bosse sifflent à un volume supérieur à celui d’une sirène de pompier ! Il est par conséquent tout à fait possible de les entendre depuis l’habitacle d’un bateau, qui joue le rôle de caisse de résonance. Quant à la possibilité de faire venir les dauphins en tapant sur le bateau, c’est une rumeur sans fondement : les dauphins nous repèrent bien avant nous grâce à leur « sonar » très efficace, les ultra-sons se déplaçant cinq fois plus vite dans l’eau que dans l’air. C’est donc totalement inutile. » Transmettre ses observations « Ce soir, il serait intéressant de prendre le temps de signaler notre rencontre à un organisme qui s’occupe de surveiller les cétacés », ajoute Céline. Certains d’entre nous interrogent : pour quoi faire ? « Nos informations présentent un grand intérêt pour les scientifiques et la connaissance de ces espèces ! », répond Céline. Les signalements permettent en effet de savoir quelle espèce est présente dans une zone maritime donnée. Cela peut confirmer la présence des espèces communes, mais aussi alerter sur l’arrivée ou le retour d’espèces qui avaient déserté ces zones. 8 Plusieurs signalements de dauphins communs ont par exemple été rapportés depuis deux ans au large des côtes françaises méditerranéennes. Ce dauphin, rarement observé dans cette zone, semble donc s’y trouver plus régulièrement. Le dauphin commun était d’ailleurs autrefois une des espèces les plus communes en mer méditerranée ! Les tendances de la répartition des espèces, détectées grâce aux observations des plaisanciers, doivent encore être validées par d’autres signalements ou par des études scientifiques. Mais pour cela, il faut que les observations soient assez nombreuses et régulières. De retour au ponton, plus tard dans la soirée, nous nous connectons depuis le téléphone mobile de Céline sur le site de Cybelle Méditerranée (cf. ci-dessous). Nous y entrons le jour, l’heure et le lieu d’observation (coordonnées GPS), le nom de l’espèce et le nombre d’individus aperçus, ainsi que nos coordonnées pour pouvoir être contactés, le tout à l’aide des notes rédigées dans le livre de bord après la rencontre. Nous sommes heureux de nous rendre utiles en jouant les « sentinelles » des mers ! Une rencontre réussie, ça se prépare ! Pour mieux profiter d’une rencontre lors d’un prochain stage, Céline nous conseille, avant de partir, de télécharger sur nos téléphones portables les applications ou les fiches d’observation des organismes de surveillance des animaux marins et de prendre le temps de nous plonger dans le Guide environnement si le stage est au départ (ou à l’arrivée) de Concarneau, afin de nous renseigner sur les espèces locales. Voire, pour l’Atlantique et la Manche, de regarder quelques vidéos de ces animaux sur le site d’Obs Mam afin d’apprendre à les reconnaître. Elle nous invite également à profiter des moments plus calmes, lors des périodes de navigation, pour nous décentrer du bateau – sans occulter la sécurité, bien entendu - pour être attentifs à notre environnement : aucune chance de voir un animal si nous ne regardons pas la mer ! Enfin, en vue d’une éventuelle prochaine rencontre, nous nous répartissons les rôles à bord pour que tout le monde puisse à nouveau profiter de la magie du moment. Celle-ci restera certainement gravée dans nos mémoires pour longtemps ! OÙ REPORTER ? f C YBELLE MÉDITERRANÉE : http://www.cybellemediterranee.org > animaux marins en Méditerranée (formulaire d’inscription au programme et kit d’observation téléchargeables en ligne - utiliser les identifiants à disposition dans les bateaux de croisière de Marseillan et Bonifacio). f CENTRE DES TORTUES DE L’AQUARIUM DE LA ROCHELLE : http://www.aquarium-larochelle. com/conservation/le-centre-des-tortues-cestm > tortues marines du littoral atlantique (fiche d’observation téléchargeable en ligne). f OBS MAM : http://obs-mam.org > mammifères marins du littoral français en Atlantique et en Manche (application Smartphone et formulaire de signalement disponibles en ligne). f A .P.E.C.S. : http://www.asso-apecs.org > requins et raies en Atlantique et en Manche (fiche d’observation téléchargeable en ligne). Formation > Un stage P pour (mieux) aborder l’environnement marin Les Glénans proposent aux moniteurs et bénévoles un stage d’une semaine à l’archipel de Glénan ou à l’Île d’Arz dès 2016, pour se mettre à niveau sur les compétences «Environnement» du cursus de formation. Yann Guiavarc’h y a participé au printemps dernier et en présente ici les grandes lignes. Quelles étaient tes attentes par rapport à ce stage ? D’un naturel contemplatif, je me suis toujours intéressé à l’environnement, en particulier marin. En tant que moniteur, je déplore que l’attention des stagiaires soit souvent exclusivement focalisée sur le bateau et la technique de navigation au début de leur apprentissage, même si ce sont bien évidemment les objectifs principaux des stages dans une logique de progression sécurisée. Quand d’autres moniteurs bénévoles m’ont parlé de ce stage P, j’ai pensé que ce serait l’occasion de compléter mes connaissances pour pouvoir mieux partager mon intérêt, quel que soit le niveau de formation. Quel est le contenu de ce stage ? Avec différents encadrants, salariés et moniteurs expérimentés de l’association, nous avons étudié la faune et la flore présentes au niveau local, mais aussi effectué un peu de géologie et étudié le patrimoine maritime de l’archipel de Glénan et du port de Concarneau, les métiers de la mer, la réglementation... L’archipel de Glénan, où nous avons passé l’essentiel de la semaine, constitue un cadre exceptionnel regorgeant de particularités : herbiers de zostères, sables blancs issus du maërl, amers remarquables... À Concarneau, nous sommes allés à la rencontre des pêcheurs de la criée et avons visité le musée de la pêche. Comment se déroulent les journées ? Bien qu’assez denses, les enseignements sont bien organisés et jamais rébarbatifs car ils se déroulent principalement sur zone, en fonction des opportunités offertes par le milieu, et très peu en salle. La démarche est toujours pédagogique : sur chaque site, nous nous demandions « que pourrait-on raconter aux stagiaires dans une telle situation, de quelle manière et jusqu’où leur donner des informations ? » L’objectif du stage est de faciliter la transmission des connaissances, avec l’aide complémentaire du Guide environnement disponible à bord, et de donner l’envie d’en savoir plus. Un exemple ? Nous avons pêché du plancton à l’aide d’un bas en nylon et l’avons observé grâce à un microscope portatif. C’était très amusant et surprenant ! As-tu eu la possibilité de mettre ce stage à profit ? Oui, lors d’un stage semi-embarqué l’été dernier. J’ai profité de ma première semaine d’encadrement sur Glénans 5,7 à Fort Cigogne pour raconter l’histoire du site, expliquer ce qu’est le maërl, parler des cormorans... Ensuite, entre Groix et l’archipel de Glénan, nous avons croisé quantités de fous de bassan qui plongeaient autour de notre habitable, ce qui m’a fourni l’occasion d’évoquer la technique de pêche surprenante de cet oiseau pas si fou. Quel bilan fais-tu de ce stage ? J’en ai été pleinement satisfait et ai beaucoup appris. Ce stage m’a donné envie d’aborder l’environnement au cours de mes encadrements et il fournit de la matière pour mieux en parler, notamment par le biais d’anecdotes et d’expériences. Que vous soyez scientifique ou pas, il ne faut pas hésiter à s’inscrire : les topos sont clairs et très pédagogiques. 9 Formation > Le Guide Environnement, un nouvel outil pédagogique Le Guide Environnement, édité par Les Glénans pour la base de Concarneau - archipel de Glénan, est le fruit d’une collaboration et d’un partage de connaissances entre équipes bénévoles et salariées de l’association. Destiné à fournir aux stagiaires et aux moniteurs des clés pour mieux aborder le milieu marin, il est disponible en ligne, sur site et à bord des bateaux de croisière depuis juin 2015. Sa déclinaison pour chaque base est en cours, pour que la « culture école de mer » fasse partie intégrante des stages aux Glénans, quel que soit le niveau d’apprentissage. Contexte L’an dernier, lorsque Les Glénans ont mis à jour les fiches d’évaluation des stagiaires, soit les documents qui définissent le cursus de formation par activité, leur cohérence avec la carte de progression proposée par la FFVoile a été renforcée, notamment pour ce qui touche au sens marin et à l’environnement. « Cette attention à l’environnement trouve un écho dans les statuts de l’association, qui comptent parmi leurs buts de “faciliter à tous la connaissance du monde marin” ainsi que “la connaissance des divers milieux naturels” », précise Céline Hauzy, ex-monitrice aux Glénans et Chargée de mission environnement pour l’association. Les statuts de l’association indiquent en outre que, « d’une manière générale, l’association se propose de participer aux actions de protection de la nature et de l’environnement, et de l’amélioration du cadre de vie ». Un constat : deux remèdes « Ce travail effectué sur les fiches d’évaluation nous a donné l’occasion de développer les objectifs pédagogiques liés à la découverte de l’environnement », poursuit Céline. La faune et la flore, l’océanographie et la géologie, le patrimoine maritime et la réglementation sont les quatre axes choisis pour structurer la progression. « Du constat que tous les moniteurs ne disposaient pas du même bagage sur ces aspects est née la volonté de faire en sorte que l’acquisition de connaissances dans ces quatre domaines fasse désormais partie intégrante de la formation dispensée aux Glénans », explique-t-elle. « Pour cela, nous avons mis en place deux « outils » afin d’aider moniteurs et stagiaires à mieux connaître 10 l’environnement marin pour adapter leur comportement sur l’eau : un stage « Environnement P » (cf. p.9) et un support disponible sur le site Internet des Glénans, à bord des bateaux de croisière et sur les sites de l’école de voile, pour permettre à chacun de se former avant, pendant et après son stage : le Guide Environnement ». Un travail collectif « Nous étions plusieurs bénévoles à avoir des connaissances sur l’environnement et l’envie de les transmettre, afin de faire émerger une culture commune aux Glénans », explique Gildas Veret, moniteur bénévole. « Le Conseil des Moniteurs et sa commission environnement ont longtemps porté cette démarche visant à intégrer le projet d’« école de mer » dans la formation de tous les stagiaires, avant qu’une équipe salariée prenne le relais. C’est, à mon sens, une belle histoire d’interaction bénévoles / salariés dans la vie de l’association. Quand la possibilité de concrétiser notre projet s’est présentée, j’ai répondu présent ! » Des bénévoles, des salariés et un apprenti du BPJEPS ont composé l’équipe qui a rédigé le premier des guides environnement pour la base de Concarneau-archipel de Glénan, chacun apportant sa pierre à l’édifice selon ses connaissances personnelles. « L’association nous a fait confiance pour mettre nos compétences à profit ! », résume Gildas. Contenu et mode d’emploi Le guide Environnement couvre les quatre axes présents dans les fiches d’évaluation. « Il a été conçu pour répondre à trois questions : que dire sur l’environnement marin ? Où en parler ? Comment l’aborder ? », complète Céline. « Dans le guide figurent des cartes comportant des indications de lieux où observer des éléments intéressants, des informations sur ces éléments (photos, textes, anecdotes...), ainsi que des idées de séances pour aborder ce contenu informatif avec les stagiaires ». « Nous avons tenté de fournir des clés de compréhension du milieu marin », renchérit Gildas, « en partant du principe qu’il faut connaître avant de protéger. Cela fait partie du rôle d’utilité publique de l’association, me semble-t-il ! » L’avenir du guide « Nous souhaitons que dès l’année prochaine, la prise en main de ce guide soit systématique pendant la formation des moniteurs », affirme Céline. En outre, il est destiné à être non seulement actualisé et enrichi au cours du temps, mais aussi décliné pour toutes les bases des Glénans, avec l’aide des bénévoles qui souhaiteraient apporter leurs compétences. La version « Vannes-île d’Arz » du guide sera disponible dès l’été prochain, les autres sont attendues l’année suivante, l’objectif étant de proposer un guide par base à l’horizon 2018. « Les bonnes volontés, notamment celles des comités de secteur, sont les bienvenues pour étoffer la rédaction des guides ou l’illustrer de photos », ajoute Céline. « Nul besoin d’être chercheur au CNRS pour participer, la passion suffit ! » À bon entendeur... f LE GUIDE ENVIRONNEMENT est disponible pour tous sur le site www.moniteurs.glenans.asso.fr, ainsi que de nombreuses informations ! Au portant et voile > Faune, flore pour des collégiens En septembre dernier, la base de l’Île d’Arz a accueilli un groupe de collégiens belges issus de la St John’s International School de Waterloo pour un stage composé de cours de voile et d’animations sur le thème de l’environnement. Doug Lowney et Maggie Rose, professeurs organisateurs, reviennent sur cette expérience « extrêmement positive », tant pour les élèves que pour leurs accompagnateurs. L’école internationale de St John est un établissement d’enseignement privé couvrant tous les niveaux, de la maternelle au lycée. Depuis plusieurs années, ses collégiens de 6ème participaient à un séjour de ski pendant l’hiver. Cette année, le personnel d’encadrement du collège a souhaité tester une nouvelle formule. « L’école de voile des Glénans jouit d’une solide réputation en Belgique. Nous avons été attirés par ses valeurs de solidarité, de responsabilité et de vie en communauté, issues de sa création à la fin de la guerre. Elles correspondent à la camaraderie, à l’intégrité et au respect promus par notre établissement, y-compris vis-à-vis de l’environnement », raconte Doug Lowney, principal du collège. « Notre objectif était de souder nos élèves et d’instaurer un esprit d’équipe entre eux, complète Maggie Rose, professeure accompagnatrice. Or la voile contribue largement à rapprocher les gens ! De plus, sur les cinquante élèves de 6e cette année, certains venaient tout juste d’intégrer l’école et de multiples nationalités cohabitent. Face à cette diversité, notre défi était de faire connaissance le plus vite possible pour former rapidement un groupe uni. Nous avons donc organisé ce stage dès la deuxième semaine après la rentrée ». Les Glénans ont proposé une formule sur mesure à ce groupe scolaire : pendant une semaine, sur la base nautique de l’Île d’Arz, des séances de formation à la voile ont alterné avec la découverte de la faune et de la flore locales, le tout en anglais. Les jeunes se sont initiés au catamaran, au dériveur et à la croisière. « Les Glénans ont su s’adapter au niveau de chaque enfant pour les mettre tous à l’aise sur l’eau et les faire progresser chacun à leur rythme, s’enthousiasme Maggie. Le personnel qui nous a encadrés était à la fois compétent, patient et très à l’écoute de nos attentes et de nos besoins. Il a su faire en sorte que chacun dans le groupe prenne confiance en soi et en l’autre et gagne en compétences. C’était une expérience formidable, y compris pour les débutants ». « Notre groupe a été impressionné par la beauté du site et sa situation privilégiée au cœur du golfe du Morbihan, poursuit Maggie. Les séances consacrées à l’environnement étaient variées et intéressantes. Les animateurs étaient à l’écoute des réactions des enfants et par leurs enseignements, fondés sur l’observation active sur place, ils ont su très vite les captiver. Nous avons exploré le bord de mer et l’estran rocheux, tout en veillant à ne pas abîmer les milieux rencontrés. Les enfants ont particulièrement aimé leur découverte de l’île d’Ilur, où ils se sont rendus à la voile pour pique-niquer puis pêcher des crabes, poissons et escargots, équipés de masques », résume Maggie. « Nous nous sommes beaucoup amu- sés, mais notre séjour n’était pas une semaine à la plage : nous avons également beaucoup appris ! », ajoute Doug. « Parfois, renchérit-t-il, la découverte continuait pendant les temps de vie collective sur la base, où nous cuisinions, mangions et participions tous ensemble à l’entretien des locaux, ce qui était nouveau pour certains. Les professeurs ont montré l’exemple et ont été suivis ». « Ce séjour a été une réussite. Il a permis aux élèves et professeurs de mieux se connaître et de souder le groupe. Le ton de l’année a été donné ! », conclut Maggie. « À travers ce stage, nous avons abordé de multiples points d’apprentissage, en matière de sciences, de sport, d’histoire - nous avons visité le MontSaint-Michel en rentrant en Belgique – ou encore de vie collective, précise Doug. Nous avons déjà prévu de revenir l’année prochaine ! » f Les Glénans ont décidé de généraliser ce stage ”Faune et Flore”, qui fera désormais partie des formules proposées aux groupes scolaires. 11 Interview > Au service de l’« école de mer » aux catways du port de plaisance ou à l’Archipel. A cette occasion, j’ai rencontré les moniteurs et les stagiaires des Glénans. J’ai suivi auparavant un master science biologie marine à l’IUEM de Brest. Mes études m’ont donc conduit très naturellement à postuler à l’offre de service civique proposée par les Glénans. Je n’avais auparavant aucune expérience de voile même si j’ai pratiqué différents sports de mer, comme le kayak et la chasse sous-marine. Que va vous apporter cette expérience ? Cédric Barbeyron, 25 ans, à l’Île d’Arz et Antoine Goarant, 24 ans, à Concarneau sont volontaires service civique. Tous deux vont consacrer leur mission au projet « école de mer ». Quelles sont vos missions lors de ce service civique ? Cédric Barbeyron : Nous avons les mêmes missions, sur des bases différentes : l’Île d’Arz et Vannes pour moi, Concarneau et l’archipel de Glénan pour Antoine. Sous la direction de Céline, chargée de mission environnement, et en collaboration tous les deux, nous participons entre autres au Guide Environnement (réécriture et écriture de nouvelles fiches) afin qu’une nouvelle version soit disponible, y compris à Vannes et l’Île d’Arz, au printemps 2016. Antoine Goarant : Ce guide s’adresse à toute personne qui désire en savoir plus sur l’environnement marin (faune et flore, patrimoine, métiers de la mer, réglementation), et permettra notamment aux moniteurs de voile de l’association d’approfondir leurs connaissances en la matière, pour pouvoir transmettre à leur tour ces notions aux stagiaires. Nous animerons des ateliers de formation pour les moniteurs de voile et les MDM afin de les former à l’utilisation du guide. Nous préparons également des ateliers pédagogiques pour les stages « Faune et Flore » destinés aux groupes scolaires (voir p.11). Ceci 12 nous amène à prendre en charge la préparation des outils spécifiques pour ces séances. Pourquoi avoir choisi d’effectuer votre service civique aux Glénans ? C.B. : Je suis titulaire d’un Master en écologie spécialisée sur les écosystèmes tropicaux, effectué en Guadeloupe. Durant cette formation, je me suis orienté sur le parcours marin. Ce sujet est donc au cœur de mes préoccupations. Et puis, j’ai commencé la voile très jeune, sur des optimistes et continué à la pratiquer tous les étés en faisant des stages en dériveur et catamaran. J’ai découvert l’association en répondant à l’offre de service civique. J’ai tout de suite été attiré par la perspective d’utiliser et de développer mes compétences en milieu associatif, qui plus est pour une mission de sensibilisation à l’environnement. J’aime transmettre mes connaissances. Mon premier objectif était l’enseignement. A.G. : J’ai choisi d’effectuer ce service civique aux Glénans car je suis originaire de Concarneau. J’ai connu l’association lors d’un travail saisonnier qui m’a amené à faire des livraisons C.B. : Après mes études, j’ai cherché du travail dans ce domaine pendant un an, sans succès. Ce service civique est pour moi l’occasion d’acquérir une première expérience enrichissante pour la suite de mon parcours professionnel, autant dans la connaissance du milieu marin que dans celle de l’animation. A.G. : Effectuer ce service civique aux Glénans va m’apporter une première expérience en médiation scientifique, valorisante dans mes futures candidatures. De plus, cela me permettra d’avoir accès à une formation en voile embarquée et ainsi d’approfondir mes compétences en nautisme. Interview > Un projet fédérateur Quel a été votre parcours aux Glénans ? Quel rôle jouez-vous actuellement dans le lancement du projet « école de mer » ? Olivier Pardessus, administrateur et membre du comité de pilotage du projet « école de mer », nous explique en quoi ce projet participe d’une évolution importante pour l’association en matière d’environnement. C’est en 2002 que j’ai connu Les Glénans en tant que stagiaire. En 2010, je suis remonté à bord d’un dériveur et en 2014, je suis devenu moniteur de dériveur. Entre temps, j’ai participé aux activités des comités de secteur, désirant m’impliquer davantage dans le projet Glénans et donner de mon temps à l’association. En 2012, j’ai été élu Président du comité de secteur d’Arz. Mon mandat vient de prendre fin mais depuis avril, je suis l’un des seize administrateurs de notre association. Mon rôle en tant qu’administrateur sur le projet « école de mer » consiste notamment à apporter mon soutien à l’équipe projet et à relayer les informations auprès du conseil d’administration. En quoi le projet constitue-t-il une évolution pour Les Glénans ? Il s’agit d’une réaffirmation de notre identité, pas d’un changement radical. L’association se définit comme une école de voile, une école de mer et une école de vie. D’autre part, lors des stages de voile, les stagiaires et moniteurs ont l’occasion de découvrir l’environnement marin. Qu’ils naviguent en croisière ou vivent sur un site, ils ont la possibilité d’explorer les milieux naturels marins et littoraux ainsi que le patrimoine local. Ils côtoient les acteurs du monde maritime et peuvent découvrir les règles de préservation de ces espaces. L’objectif est de redonner vie à cet apprentissage et de le formaliser. Il sera concrétisé et complété par des apports théoriques, afin de former de bons marins. La finalité de ce projet est de permettre à l’association de se réapproprier une compétence collective liée à la connaissance de notre environnement marin et contribuer à sa découverte et à sa préservation. Concrètement, comment s’organise cette formation ? Un stage P a déjà eu lieu en avril à Concarneau afin de former des moniteurs à la connaissance de l’environnement marin, d’autres seront planifiés en 2016. Nous mettons aussi en place des stages pour les groupes scolaires notamment ou les stagiaires individuels avec la thématique « école de mer ». Ces connaissances, qui sont déjà de notre compétence, enrichiront notre enseignement de la navigation. Plus globalement, nous nous donnons aussi comme objectifs de valoriser cette démarche d’enseignement auprès de nos adhérents et partenaires et de participer à des programmes de sciences participatives. 13 Vie associative > Participez aux activités bénévoles Secteur Paimpol Secteur Arz CONTACT : n EN BREF... > Salon Nautique International de Paris Cette année encore, Les Glénans seront présents au Salon Nautique de Paris, à la Porte de Versailles, du 5 au 13 Décembre 2015. Retrouvez-nous sur notre stand dans le Hall 1, emplacement C8. En espérant vous y rencontrer ! > Les Glénans sur la Scène Nautic Mercredi 9 décembre au Salon Nautique de Paris, Les Glénans participeront à la journée de conférences organisées sur la Scène Nautic à l’occasion de la COP21, par la Plateforme Océan et Climat. Au programme, présentation des démarches et projets écoresponsables de l’association et du projet « école de mer ». > European Sailing Academies Cup En septembre 2016, la base de Concarneau organisera la 6e ESA Cup. Cet événement regroupe des équipages venant des plus grandes écoles de voile d’Europe. Neuf nationalités seront représentées pour quatre jours de régate ! 14 Claire Manneville – Présidente CONTACTS : n Olivier Valles - Président E-mail : [email protected] E-mail : [email protected] Secteur Archipel Secteur Méditerranée CONTACTS : n Sarah Bertrand - Présidente E-mail : [email protected] CONTACTS : n François Janin - Président E-mail : [email protected] > Calendrier des évènements 2016 1ÈRE FUN CUP : les 21 et 22 mai 2016 à l’archipel de Glénan (windsurf) 16E RALLYE NAUTIQUE DE CONCARNEAU : du 28 au 30 mai 2016 11E RALLYE NAUTIQUE DES ENTREPRISES : du 3 au 5 juin 2016 à Concarneau 14E RAID CATA : du 11 au 13 juin 2016 à Marseillan 13E CHALLENGE PLURI’ELLES : du 17 au 19 septembre 2016 à Marseillan 7E RALLYE NAUTIQUE DE PAIMPOL : du 24 au 26 septembre 2016 > Événements nautiques : Les inscriptions aux Rallyes sont ouvertes ! Inscrivez-vous par téléphone auprès du service Groupe au : 01 53 92 86 20 ou dans la rubrique « évènements » de notre site internet www.glenans.asso.fr (inscriptions individuelles). Toutes les brochures sont disponibles aussi sur www.glenans.asso.fr > L’environnement marin vous passionne ? Si vous souhaitez contribuer au projet « école de mer », n’hésitez pas à vous rapprocher des comités de secteur. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! Vie associative > Les comités de secteur et l’environnement Les bénévoles des comités de secteurs apportent leur soutien aux chefs de base dans l’entretien et l’embellissement des sites. Forces de proposition, ils participent également à la préservation des sites et au projet « école de mer ». SARAH BERTRAND, secteur Concarneau-Archipel de Glénan CLAIRE MANNEVILE, secteur Vannes-Île d’Arz En mars, lors du week-end d’ouverture de l’île de Bananec, nous avons profité de la grande marée pour faire une partie de pêche à pied sur l’estran, suivie d’une dégustation. Cette opération doit être reconduite l’an prochain dans le cadre d’un stage, pour en faire profiter un plus large public. Comme en 2014, le comité a participé en septembre au projet social « Balise », avec le Centre socio-culturel de Concarneau. L’objectif était de permettre à des familles de milieux modestes de découvrir la voile et l’archipel de Glénan, le temps d’un week-end. Quinze bénévoles les ont accueillies à Bananec. L’opération sera reconduite l’an prochain. Le comité de secteur s’investit également dans le Guide environnement, en réalisant des plaquettes sur les oiseaux des îles de l’archipel, afin de le compléter. Nous avons commencé à les recenser et à les photographier. Enfin, le comité a participé aux quatre opérations de science participative « Objectif plancton » organisées cette année à l’initiative d’Océanopolis. Les bénévoles ont navigué jusqu’à un point GPS de la baie indiqué par la station marine de Concarneau, pour y prélever du plancton à l’aide du kit fourni et contribuer ainsi à l’étude des éco-systèmes côtiers. Nous proposons régulièrement des actions visant à économiser énergie et eau, comme la mise en place d’un bac récupérateur d’eau de pluie, utilisé pour l’arrosage en été et le rinçage des combinaisons, ou encore la mise à disposition de vélos et de brouettes sur la base pour les déplacements et le transport du matériel. Nous souhaitons aussi améliorer le tri sélectif dans les maisons et le forum en rendant les consignes plus claires. D’autre part, le Foyer va être rénové prochainement dans un but de récupération maximale des éléments existants, tels que bar et fenêtres. En vue de la réouverture du bar associatif, nous réfléchissons à la mise en place de gobelets réutilisables, pour limiter le gaspillage de plastique. Enfin, le comité compte non seulement participer à la réalisation du futur Guide Environnement mais aussi à celle de panneaux sur la faune et la flore locales, avec l’équipe en charge du projet « école de mer ». OLIVIER VALLES, secteur Paimpol Le comité de secteur teste depuis quelque temps des solutions écologiques pour débroussailler l’Île Verte. L’an passé, des boucs ont brouté efficacement le lierre envahissant mais ont vraisemblablement introduit une nouvelle plante invasive, ce qui nous conduit à envisager de les remplacer par des moutons. Ensuite, des toilettes sèches hors-sol ont été mises en service pour éviter de faire des trous partout, l’île étant petite. Nous projetons d’utiliser le compost récupéré pour le mêler aux végétaux débroussaillés et l’utiliser comme engrais pour un futur carré potager. Enfin, en attendant le futur Guide Environnement, auquel un vivier de bénévoles très motivés participera, nous allons nous approprier les fiches pédagogiques du Guide de Concarneau, et répertorier les lieux d’intérêt dans la zone de navigation de Paimpol afin de préparer la rédaction du futur Guide Environnement de la base. FRANÇOIS JANIN, secteur Méditerranée Le comité de secteur œuvre régulièrement pour que les aménagements des bases de Marseillan et Bonifacio soient intégrés le plus discrètement possible à l’environnement. À Marseillan, dernièrement, l’espace d’accueil et les containers de stockage ont été habillés de matériaux naturels (bois et végétaux). Nous avons également démarré une réflexion pour participer au projet « école de mer », en lien avec les salariés de l’association. Le comité s’est organisé en commissions internes, notamment pour contribuer au futur Guide Environnement. Les bénévoles préparent le travail en amont en compilant des documents disponibles, y compris audio-visuels. En outre, dans le cadre de la récente rénovation de la base, rien n’a été prévu pour la cour intérieure. Nous avons donc pris contact avec un lycée agricole pour proposer à ses étudiants de travailler sur ce projet d’aménagement. Nous en avons ainsi profité pour créer une dynamique avec les acteurs locaux. Un protocole d’accord a été signé suite à leur visite et le comité de secteur s’est engagé à suivre ce dossier. 15 Le Courrier des Glénans 16 Les Glénans - quai Louis Blériot 5781 PARIS cedex 16 Tél. 01 53 92 86 00 - www.glenans.asso.fr Directeur de la publication : L. Martini Responsables de la rédaction : F.Essirard, A.boudinot Maquettiste : V. Boudon Rédaction : M-A. Chavassieu, C. Ménager, E. Nouel. Crédit photo : M-A. Chavassieu, M. Dufay, P.Mugnier, J. Seilinger.
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