Etude des manipulateurs parallèles à câbles, conception d`une
Transcription
Etude des manipulateurs parallèles à câbles, conception d`une
Etude des manipulateurs parallèles à câbles Conception d’une Suspension ACtive pour SOufflerie Pascal Lafourcade 9 décembre 2004 À Claude 2 Remerciements Ce travail de Recherche à été financé par l’Onera, et effectué en son sein au Département Commande des Systèmes et Dynamique du vol, à Toulouse. Je tiens ici à remercier Claude Barrouil directeur du département pour les excellentes conditions dans lesquelles j’ai pu réaliser cette thèse. Cette thèse est une contribution au PRF SACSO, projet de Claude Reboulet. Merci Claude de m’avoir fait confiance, et de m’avoir permis de participer à cette belle aventure. Merci Jean-Pierre Merlet d’avoir accepté de prendre le train en marche et d’avoir encadrer la fin de cette thèse. Michel, ta disponibilité, ta gentillesse, le savoir que tu m’as transmis. . .Je te fait part ici de ma profonde gratitude. Je tiens a remercier MM Wisama Khalil (président du jury), Clément Gosselin (rapporteur), François Pierrot (rapporteur), Marc Renaud (examinateur) et Alex Renault (invité) de m’avoir accordé chacun une part de leur temps précieux et pour l’honneur qu’ils m’ont fait en acceptant de figurer sur la couverture de cette thèse. Merci aux membres de l’équipe du projet SACSO pour tout le savoir qu’ils m’ont apporté, à Lilianne pour sa bienveillance permanente à mon égard. A tous ceux avec qui j’ai vécu, durant ces trois années de thèse, des moments inoubliables au sein de l’Onera, au chalet de supaéro et ailleurs ; je tiens à dire que je ne vous oublie pas, ces moments resterons gravés dans ma mémoire. Marc, Olivier, je ne vous ai pas oublié, Je vais de ce pas boire un coup à vot’ santé ! ! Cher lecteur, bonne lecture ! 3 4 Résumé Cette thèse s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche sur un nouveau moyen d’essais pour l’étude des aéronefs : la Suspension ACtive pour SOufflerie (SACSO). Après avoir présenté les modélisations cinématique, statique et dynamique de ces manipulateurs, une caractérisation mathématique des différents espaces de travail est proposée. Elle nous permet d’exposer nos outils graphiques rapides de prévision de ces espaces. Sont ensuite abordés les problèmes liés à la nécessaire redondance en câbles de ce type de manipulateur et ce que cela entraîne au niveau de la commande. Cette étude théorique sur les manipulateurs parallèles à câbles nous conduit à énoncer quelques règles simples mais capitales de conception et à proposer deux exemples d’architecture extrême de manipulateurs à 6 ddl : les architectures minimale et maximale. Les règles édictées sont ensuite appliquées à la conception de l’architecture géométrique du manipulateur à câble SACSO. Mots-clés : manipulateurs parallèles, câbles, espace de travail, conception, architecture. 5 6 Abstract The context of this PhD Thesis is a research project on a new ground test facility for airplane behaviour previsions : Active Suspension for Wind Tunnel (Suspension ACtive pour SOufflerie SACSO). First, static, kinematics and dynamic models of Wire-Driven Parallel Kinematics Manipulators (PKM) are presented and a mathematic characterisation of the different workspaces is proposed. It permits us to expose our rapid graphic tools for workspaces prevision. Next, the problems of necessary wire redundancy and its influence on the command are tackled. This theoretical study leads us to state some simple but essential design rules and to propose two extreme 6 dof architecture examples : the minimal one and the maximal one. At the end, the proposed rules are applied to the design of the Wire-Driven PKM SACSO. Keywords : wire-driven, tendon-driven, parallel kinematics manipulator, workspace, design. 7 8 Table des matières 1 2 Résumé 5 Abstract 7 Liste des figures 13 Introduction générale 15 Notations 17 Les moyens d’essais en soufflerie 1.1 Equations de la dynamique du vol de l’avion . . . . . . . . . . . . . 1.2 Les moyens d’essais classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1 Essais maquettes fixes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2 Expériences dynamiques en soufflerie . . . . . . . . . . . . . 1.2.3 Les souffleries verticales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.4 Limitations des moyens d’essais en souffleries classiques . . 1.3 Un concept : l’essai « en vol » en soufflerie . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1 Les premières souffleries pour vol libre . . . . . . . . . . . . 1.3.2 Système à câbles de simulation du vol libre dans la soufflerie transonique de Langley . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.3 Vol libre dans la soufflerie FTS de Langley . . . . . . . . . . 1.3.4 Le vol libre en laboratoire B10 et B20 . . . . . . . . . . . . . . 1.3.5 Améliorations possibles des systèmes de vol libre en soufflerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4 Une Suspension ACtive pour SOufflerie . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.1 Concept de suspension active . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.2 Eléments de cahier des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.3 Choix d’un manipulateur à câbles à architecture parallèle pour la suspension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 19 20 20 21 22 22 23 23 Les manipulateurs parallèles à câbles 2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Les manipulateurs parallèles à câbles . . . . . . . . . . . . . 2.2.1 Terminologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.2 Une classification basée sur le degré de redondance 2.3 Quelques exemples d’applications . . . . . . . . . . . . . . 2.3.1 Cas des IRPM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 29 31 31 33 34 34 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 24 24 26 26 26 26 27 TABLE DES MATIÈRES 10 2.3.2 3 4 5 6 Cas des CRPM-RRPM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Modélisation 3.1 Notations . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Modèle géométrique . . . . . . . . . 3.3 Complications dues aux poulies . . . 3.4 Modèle cinématique . . . . . . . . . 3.5 Modèle statique . . . . . . . . . . . . 3.6 Remarques sur les ddl possibles . . . 3.7 Décomposition en Force et Moment 3.8 Modèle dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 35 35 35 37 41 42 43 43 44 Espaces de travail 4.1 Particularités des manipulateurs parallèles à câbles . . . . . . . . . 4.2 Définitions de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 Quelques définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.1 Espace de travail théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.2 Espace de travail pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.3 Sous ensembles de ces espaces de travail . . . . . . . . . . . 4.3.4 Ensembles englobants ces espaces de travail . . . . . . . . . 4.3.5 Le problème des collisions câbles/câbles et câbles/plateforme mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4 Caractérisations mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4.1 Caractérisation par le rang et le noyau de la matrice P . . . . 4.4.2 Traduction géométrique des caractéristiques de P . . . . . . 4.5 Détermination géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5.1 Principe de la détermination géométrique . . . . . . . . . . . 4.5.2 Organe terminal ponctuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5.3 Organe terminal non ponctuel . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 45 46 47 47 48 48 50 Conduite coordonnée des tensions 5.1 Nécessité d’un algorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.1 Particularités de la commande des manipulateurs parallèles à câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.2 Principe de commande mixte effort/position des manipulateurs à câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2 Algorithmes de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3 Proposition d’algorithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.1 Principes directeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.2 Un algorithme sous optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.3 Un algorithme par saturation des contraintes . . . . . . . . . 5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 61 Conception : règles et exemples 6.1 Règles de conception de l’architecture géométrique des manipulateurs parallèles à câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 50 50 51 52 53 53 55 55 59 61 62 63 64 64 65 66 71 73 TABLE DES MATIÈRES 6.2 L’architecture minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.1 L’architecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2.2 Prévision du volume de travail de l’architecture minimale à l’aide de la méthode graphique . . . . . . . . . . . . . . . . Manipulateur à douze câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.3.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.3.2 Prévision du volume de travail du manipulateur à douze câble à l’aide de la méthode graphique . . . . . . . . . . . . 6.3.3 Limitations pratiques dues aux croisements entre câbles . . Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 74 Premiers concepts - SACSO-7 7.1 Conception d’une architecture à 7 câbles . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.1 Idées directrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.2 Plate-forme mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.3 Position des poulies sur le bâti . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.4 Les deux solutions architecturales . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.5 Intégration avec la maquette, écarts du réel par rapport à la conception initiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.2 Espaces de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.2.1 Espace de travail théorique global en force . . . . . . . . . . 7.2.2 Quelques reflexions sur l’espace de travail en orientation de SACSO-7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.2.3 Comment augmenter le volume d’évolution en translation sans toucher aux capacités en rotation ? . . . . . . . . . . . . 83 83 83 83 84 87 Une évolution, SACSO-9 8.1 Architecture géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.1.1 Intégration avec la maquette, écarts du réel par rapport à la conception initiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2 Espaces de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.1 Espace de travail théorique global en force . . . . . . . . . . 8.2.2 L’espace de travail en orientation . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.3 Collision des câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.3 Le prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 93 6.3 6.4 7 8 11 75 76 76 78 79 81 87 88 89 90 91 94 95 96 96 97 98 Conclusion 101 Références bibliographiques 105 12 TABLE DES MATIÈRES Liste des figures Essais dynamique avec oscillations de lacet, [Scherer, 1953] . . . . . Soufflerie Verticale SV4 de l’IMFL, Onera . . . . . . . . . . . . . . . Système de simulation de vol libre à câble dans la soufflerie Transonique de la Nasa à Langley, NASA Technical Note . . . . . . . Vol libre filo-guidé dans la soufflerie FTS du Naca de Langley . . . Le laboratoire de vol libre B20, Onera . . . . . . . . . . . . . . . . . Banc de test à 1 ddl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 22 Exemple de robot série, le RV80 d’Acma-Cribier . . . . . . . . . . . Exemple de robot parallèle : Le robot parallèle à 6 ddl Hexa, dévellopé au LIRMM [Pierrot et al., 1991] . . . . . . . . . . . . . . . Interface haptique à architecture série à câble développé au CEA : Virtuose 3D [Gosselin et Riwan, 2001] . . . . . . . . . . . . . . . . . Exemple de robot à câbles à architecture parallèle, le prototype du projet SEGESTA, Gerhad Mercator University, Duisburg . . . . . . 29 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 Données géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Système de renvoi annulaire du prototype du projet Segesta . Organe terminal de SACSO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Détail du système de renvoi à poulies du prototype de SACSO Schéma cinématique du renvoi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 38 38 39 40 4.1 4.2 Manipulateur ponctuel plan, 2 ddl, 4 câbles . . . . . . . . . . . . . . Dessin de l’enveloppe convexe EN V CON V (POLPl ) pour un manipulateur plan à 3ddl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Détermination de l’espace de travail théorique global en force pour un manipulateur plan à 3 ddl, pour une orientation donnée . . . . . Détermination de l’espace de travail théorique global en force pour une autre orientation du même manipulateur . . . . . . . . . . . . Position de l’organe terminal dans l’espace de travail théorique global en force, mais hors de l’espace de travail théorique . . . . . 56 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 2.1 2.2 2.3 2.4 4.3 4.4 4.5 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 . . . . . . . . . . Principe de commande en position passant par la commande de la tension des câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Principe de commande hybride force/position d’un manipulateur à câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Détermination de Tsol pour n = 2 et m = 3 . . . . . . . . . . . . . . Tsol est dans l’hyper-parallélépipède [Tmin , Tmax ] . . . . . . . . . . Tsat sol solution de T minimisant ||Topt − T||, avec T2 saturée à T2max . 13 24 25 25 28 30 31 32 57 57 58 59 62 63 65 66 69 LISTE DES FIGURES 14 6.1 6.2 6.3 7 câbles, 2 solides, 3 points par solides . . . . . . . . . . . . . . . . . L’architecture minimale pour 6 ddl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Espace de travail en translation pour une orientation « nulle » du manipulateur à architecture minimale . . . . . . . . . . . . . . . . . Solution diamant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Assemblage orthogonal de 3 sous ensembles « diamants ». . . . . . Le manipulateur à 12 câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prévision de l’espace de travail théorique global en force, à orientation nulle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Limitation en translation sur Z due au croisement des câbles . . . . Limitation en rotation autour de Z due au croisement des câbles . . 74 75 La seule solution, pour 6 ddl et 7 câbles en 3 points d’accroche . . . L’architecture carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’architecture « diamant » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’architecture « balançoire » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les 2 architectures retenues pour SACSO-7 . . . . . . . . . . . . . . Le « T » intégrable dans la maquette . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’architectures SACSO-7 intégrée dans la maquette . . . . . . . . . Espace de travail théorique global en force à orientation « nulle » de SACSO-7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.9 Volume 3D dans lequel le manipulateur peut se translater . . . . . 7.10 Positions singulières, « T » au centre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.11 Etude graphique des limitations en tangage, le « T » n’étant pas au centre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.12 Comparaison des surfaces des cercles inscrites dans un triangle équilatéral ou un carré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 85 86 86 87 88 88 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 93 94 95 95 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 6.9 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8 8.6 8.7 8.8 8.9 Le « T » avec les neuf câbles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 solutions pour l’architecture à 9 câbles . . . . . . . . . . . . . . . . Le « T » intégrable dans la maquette pour SACSO-9 . . . . . . . . . L’architecture SACSO-9 retenue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Maquette virtuelle en OpenGL du prototype implanté dans la soufflerie verticale de IMFL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Espace de travail théorique global en force à orientation « nulle » de SACSO-9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Volume d’évolution de SACSO-9 en translation . . . . . . . . . . . . Vue d’ensemble du prototype installé au DCSD, Onera centre de Toulouse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prototype en test au DCSD, Onera centre de Toulouse . . . . . . . . 76 77 77 78 79 80 80 89 90 90 91 92 96 97 97 98 99 Introduction générale L’Onera1 a pour mission de conduire et de valoriser la recherche aérospatiale. La prévision du comportement des futurs aéronefs est au coeur de ses compétences, et la définition de nouveaux essais et expérimentations est partie intégrante de sa mission. Toujours plus loin, c’est avec ce leitmotiv que Claude Reboulet, dont le domaine de recherche était la robotique et plus précisément les manipulateurs à architecture parallèle, eut l’idée de révolutionner les moyens d’essais en soufflerie en appliquant ses recherches à la conception de nouveaux moyens d’essais en soufflerie, avec une ambition : faire voler « librement » les maquettes d’avions en soufflerie. Une suspension robotisée pour tenir une maquette sans la tenir vraiment : juste compenser les inévitables défauts de similitude et assurer la sécurité du vol. Il fallut attendre les progrès de la robotique de ces dix dernières années – notamment au niveau de la commande en effort – pour qu’un tel projet soit réalisable, et que le PRF2 SACSO (Suspension ACtive pour SOufflerie) soit lancé à l’Onera en 2000. C’est dans le cadre de cet ambitieux projet que s’inscrit ce travail de thèse. Ma contribution à l’étude des manipulateurs parallèles à câbles devant permettre l’élaboration de quelques règles simples de conception et aider à la définition de l’architecture du prototype SACSO. Cette contribution porte sur l’étude de l’espace de travail des manipulateurs parallèles à câbles, et notamment sur des outils de prévision rapide de ce dernier. Elle porte également sur les problèmes liées à la nécessaire redondance en câbles de ce type de manipulateur et ce que cela entraîne au niveau de la commande. Ce document est organisé en trois grandes parties distinctes, même s’il n’existe pas de séparation physique entres elles. La première partie qui comporte les chapitres 1 et 2 permet de poser le cadre de l’étude. Le premier chapitre situe le projet SACSO parmi les moyens d’essais au sol pour la prévision du comportement des aéronefs, présente des éléments du cahier des charges de la suspension et conclut sur le choix du type d’architecture retenue pour le manipulateur. Le deuxième chapitre situe les manipulateurs parallèles à câbles dans le champ de la robotique, le terme de manipulateur 1 2 Office nationale d’études et recherches aérospatiales Projet de Recherche Fédérateur 15 16 INTRODUCTION GÉNÉRALE parallèle à câbles y est précisément défini et la classification de ces manipulateurs y est rappelée. La deuxième partie est consacrée à l’étude théorique des manipulateurs parallèles à câbles. Cela commence par la modélisation, chapitre 3, puis se poursuit chapitre 4 par l’étude de l’espace de travail de ces manipulateurs – notamment quelques propositions de définitions et formalisations mathématiques de différents types d’espaces de travail étudiables –, puis se termine chapitre 5 par l’étude de la gestion coordonnée de la tension dans les câbles – problème spécifique à ce type de manipulateur forcément redondant. En transition entre cette deuxième partie et la suivante, nous trouvons le chapitre 6 dans lequel sont données quelques règles de conception, ainsi que deux exemples d’architectures de manipulateurs à câbles intéressantes car particulières, extrêmes : une architecture « minimale » à 7 câbles et une architecture « maximale » à 12 câbles. Enfin, la dernière partie relate la génèse de l’architecture retenue pour le manipulateur à câbles SACSO. Cette conception s’est faite en deux temps, nous retrouvons donc deux chapitres. Une architecture à 7 câbles a d’abord était imaginée et étudiée (chapitre 7) ; étude qui a débouché sur la nécessité d’ajouter 2 câbles à ce manipulateur, pour donner une architecture à 9 câbles : SACSO-9 (chapitre 8). Notations Généralités → → − Les vecteurs de IR3 ayant un sens physique, seront notés V , − v . Les vecteurs n de IR , n > 3 seront notés, comme les matrices, par une lettre majuscule en gras : V, M. Nous rappelons que la notation « ˙ » est utilisée pour la dérivée, ainsi : l̇ = dl l˙ = dt dl dt Nous noterons In×n la matrice identité de dimension n × n. Enfin, nous utiliserons la notation anglo-saxonne « × » pour le produit vectoriel. Extensions de notations classiques Par souci de commodité, les signes d’ordonnancement de IR sont étendus à IR . U1 V1 W1 Ainsi, soit trois vecteurs de IRn : U = ... , V = ... et W = ... . n Un Vn Nous étendons les signes >, < et ∈ à la comparaison de vecteurs : Wn U > W ⇐⇒ ∀i ∈ {1 · · · n}, Ui > Wi U < V ⇐⇒ ∀i ∈ {1 · · · n}, Ui < Vi U ∈ [V, W] ⇐⇒ ∀i ∈ {1 · · · n}, Ui ∈ [Vi , Wi ] Ce qui nous amène à utiliser la notation [V, W] pour l’hyper-parallélépipède n Qn de IR : i=1 [Vi , Wi ]. Notations utilisées De manière générale, les notations sont introduites avec les éléments qu’elles représentent, au fur et à mesure de leur apparitions. Néanmoins, certains objets mathématiques réapparaissent en plusieurs chapitres et ne sont pas redéfinis à 17 NOTATIONS 18 chaque fois. Pour aider le lecteur, ces notations couramment utilisées dans cette thèse sont rappelées ci-dessous. Ainsi, dès qu’il est question de manipulateur à câbles, n désigne le nombre de degrés de libertés (ddl) global, nF le nombre de ddl en en position (ou force) et nM le nombre de ddl en rotation (ou moment) ; m le nombre de câbles. Et nous utiliserons les notations suivantes : XS – X = ∈ IRn le vecteur des coordonnées généralisées de l’organe Xang terminal, avec XS les coordonnées cartésiennes du centre de l’organe terminal et Xang le vecteur donnant l’orientation de l’organe terminal par rapport au repère fixe lié au bâti ; −−−→ ! F 6 – F = −−c→OT −−→ le vecteur de IR représentant le torseur d’action des câbles Mc→OT sur l’organe terminal (encore appelé plate-forme mobile) ; T1 .. – T = . le vecteur tensions dans les câbles ; Tn – P la matrice définie section 3.4 telle que F = −P.T ; −−−→ – PF la matrice définie section 3.7 telle que Fc→OT = −PF · T ; → − – li− les vecteurs câbles partant des points d’attache sur l’organe terminal vers les renvois sur le bâti ; → – − ri les vecteurs du centre de l’organe terminal vers les points d’attache des câbles ; – WT h l’espace de travail théorique (cf. déf. 4.2) ; – WTFh l’espace de travail théorique global en force (cf. déf. 4.9) ; F,X0 ang – WT h F,Xnull l’espace de travail théorique global en force pour Xang = X0ang ; – WT h ang l’espace de travail théorique global en force pour Xang = Xnull ang l’orientation nulle de l’organe terminal ; – POLPlF le polyèdre formé par les points − dont les coordonnées sont les → → − − colonnes de la matrice PlF = l1− · · · lm . Chapitre 1 Les moyens d’essais en soufflerie La prévision du comportement d’un aéronef est l’une des principales missions de l’Onera. Elle nécessite l’utilisation d’un modèle de comportement, et la détermination des paramètres de ce modèle. De la qualité du modèle dépend la qualité de la prévision du comportement. Les essais, qu’ils soient fait à l’aide de moyens d’expérimentation au sol (comme les souffleries) ou en vol, ont pour objets la mesure de ces paramètres, et l’affinage de ces modèles. Ce chapitre propose un rapide tour d’horizon des techniques d’essais actuelles en installations au sol et introduit le concept de vol libre en soufflerie, application industrielle de ce travail de thèse. 1.1 Equations de la dynamique du vol de l’avion La prédiction du comportement des aéronefs passe par la connaissance de modèles analytiques dont la complexité varie avec les hypothèses définissant leur domaine de validité, les phases de vol étudiées et la précision désirée. De façon générale, comme pour tout solide (rigide), les équations de la dynamique de l’avion s’écrivent [Boiffier, 2000] : →! − → − → − dV → = F aero + F propu + m− g m dt Ro IG →! − dΩ dt − → − → = M aero, G + M propu, G Ro −→ − → −→ → − De façon classique, les expressions F aero = − ρ2 V 2 S CF et M aero,G = − ρ2 V 2 S CM sont utilisés pour les forces aérodynamiques. Elles sont généralement utilisées projetées dans le repère lié à la vitesse de l’avion. Les forces aérodynamiques → − − → −→ −→ F aero et M aero,G , et les coefficients aérodynamiques CF et CM se décomposent alors comme suit : Rx Mx Cx Cl → − − → −→ −→ F aero = Ry , M aero,G = My , CF = Cy , CM = Cm . Rz Mz Cz Cn 19 CHAPITRE 1. LES MOYENS D’ESSAIS EN SOUFFLERIE 20 Ce qui donne : Rx = − ρ2 Cx V 2 S, Ry = − ρ2 Cy V 2 S, Rz = − ρ2 Cz V 2 S, et Mx = − ρ2 Cl V 2 Sl, My = − ρ2 Cm V 2 Sl, Mz = − ρ2 Cn V 2 Sl. Toute la finesse des modèles se retrouve dans les coefficients Cx , Cy , Cz , Cl , Cm et Cn , déterminés de façon expérimentale en soufflerie, ou à l’aide de code de calcul1 . Ces coefficients dépendent, de façon non linéaire, d’un grand nombre de paramètres. Ainsi, suivant la finesse du modèle que l’on désire obtenir, on peut, par exemple, linéariser les équations régissant l’évolution de ces coefficients en fonction de leurs paramètres et négliger l’influence d’une partie d’entre eux. Dans ce cas on parlera de modèle linéarisé (du comportement de l’avion). 1.2 Les moyens d’essais classiques Le principe de la soufflerie fut énoncé par Leonardo da Vinci à la fin du XV (1490). Il est énoncé comme suit dans « le Rebuffet » [Rebuffet, 1962] : e A condition que les phénomènes aux limites soient les mêmes, il n’existe aucune raison pour que les efforts exercés sur un corps par un courant d’air bien régulier soient différents de ceux que subit ce corps en mouvement dans l’air immobile. Il fallut cependant attendre juin 1870 pour que soit conçue la première soufflerie. Elle est due à l’Anglais Francis Wenham [Anderson, 1997]. Depuis, c’est le moyen d’expérimentation privilégié des aérodynamiciens. Les souffleries sont systématiquement utilisées lors de la conception de nouveaux aéronefs. Y sont étudiées des parties précises des avions, mais aussi, systématiquement, le modèle de l’avion entier. Il existe un certain nombre de types de souffleries différentes, répondant chacune à des besoins spécifiques. Pour une revue de détails se rapporter aux ouvrages Aérodynamique expérimentale [Rebuffet, 1962] et History of Aerodynamics [Anderson, 1997]. Le but des paragraphes suivants est de montrer la progression, depuis l’essai statique, maquette fixe, jusqu’au vol libre en soufflerie, dans le but d’accroître la connaissance des paramètres des modèles des aéronefs2 . 1.2.1 Essais maquettes fixes C’est le type d’essai le plus ancien et le plus courant. Une campagne d’essais consiste à venir mesurer les efforts aérodynamiques sur une maquette maintenue immobile au centre de la veine de la soufflerie, pour une série de valeurs 1 Il convient de noter que les codes de calcul reflètent les connaissances acquises, et ne permettent pas d’accroître ces connaissances. 2 en laissant donc de coté les essais spécifiques sur les missiles pour s’intéresser aux essais sur l’avion « entier » 1.2. LES MOYENS D’ESSAIS CLASSIQUES 21 d’incidence, de lacet ou de roulis. Ce type de campagne permet de remonter aux coefficients du modèle linéarisé. La connaissance du modèle linéarisé est suffisante pour l’estimation des performances de base de l’avion ; pour dimensionner sa motorisation, sa consommation en phase de vol de croisière, son rayon d’action et autres. Cependant, elle n’est pas suffisante pour prédire de façon satisfaisante les performances des aéronefs modernes sur l’ensemble du domaine de vol. Les campagnes d’essais maquettes fixes, tout en restant nécessaire, se trouvèrent insuffisantes pour la conception des nouveaux avions. Il fallut donc mettre en œuvre de nouveaux types d’essais en soufflerie. 1.2.2 Expériences dynamiques en soufflerie Leur but est de permettre l’identification des coefficients de certaines dérivées aérodynamiques dans le modèle de dynamique du vol, et ainsi prédire le comportement des aéronefs lors des phases de changement d’attitude avec p, q et r les vitesses de lacet, tangage et roulis non nulles. Pour cela, la maquette n’est plus fixe. Suivant les dérivées aérodynamiques à identifier, l’appareillage impose des oscillations forcées selon certains axes (par exemple le lacet figure 1.1), laisse libre le mouvement selon d’autres axes, et bloque les mouvements sur les axes restants [Scherer, 1953] [Orlik-Ruckemann, 1981]. F IG . 1.1 – Essais dynamique avec oscillations de lacet, [Scherer, 1953] Les mouvements de la maquette étant imposés, certaines phases de vol ne peuvent pas être étudiées, et les phénomènes de couplage entre les axes de l’avion sont difficiles à mettre en évidence. CHAPITRE 1. LES MOYENS D’ESSAIS EN SOUFFLERIE 22 1.2.3 Les souffleries verticales Les souffleries verticales, comme celle de l’IMFL3 (figure 1.2), furent construites pour l’étude de la vrille. Une maquette libre est lancée par un opérateur dans la veine, où elle se met en vrille (figure 1.2(b)). Les données récupérées sont essentiellement visuelles, et donc d’ordre qualitatif. (b) Etude de la vrille (a) plan F IG . 1.2 – Soufflerie Verticale SV4 de l’IMFL, Onera 1.2.4 Limitations des moyens d’essais en souffleries classiques Les essais en soufflerie précédemment cités permettent de remonter aux coefficients de certaines dérivées aérodynamiques, pour certains mouvements spécifiques, pour certaines phase de vol. Ils permettent également une information d’ordre qualitatif sur d’autres phases de vol de l’avion (comme la vrille). Cependant, ils ne permettent pas d’identifier tous les coefficients de toutes les dérivées aérodynamiques, ils ne permettent pas de mesure sur les phénomènes de couplages entre les différents axes, et certaines phases de vol ne sont pas expérimentables (comme le passage au travers d’une rafale). 3 IMFL : Institut de mécanique des fluides de Lille 1.3. UN CONCEPT : L’ESSAI « EN VOL » EN SOUFFLERIE 1.3 23 Un concept : l’essai « en vol » en soufflerie A l’heure actuelle, une longue phase d’essais en vol est nécessaire avant la validation de tout nouvel appareil. Cette phase coûteuse et périlleuse permet, entre autre, de valider le modèle numérique de l’aéronef, ainsi que son comportement réel aux limites de son domaine de vol. Le but de meilleurs essais en soufflerie est de réduire cette phase d’essais en vol, en augmentant le nombre de phases de vol expérimentées en installations au sol et en réduisant le nombre de paramètres incertains à recaler. L’idée de reproduire l’essai en vol dans une soufflerie est assez ancienne (1937). Les avantages immédiats sont la diminution des coûts et la sécurité. Cela a permis, à une époque où les connaissances en aérodynamique n’étaient pas celles d’aujourd’hui, de tester de nouveaux types d’avion sur lesquels il n’y avait alors aucune connaissance (avion sans queue, ailes delta, ailes dissymétriques). 1.3.1 Les premières souffleries pour vol libre Elles furent construites à Langley en 1937 et 1939 [Shortal et Osterhount, 1941]. Leur principe était assez simple. La maquette, filo-guidée et équipée de ses gouvernes, n’était pas motorisée, elle planait, sous l’effet de la pesanteur, dans la veine dont l’inclinaison était pilotée par un opérateur. L’énergie était fournie à la maquette par un câble de service. La maquette n’étant pas instrumentée, les résultats étaient essentiellement qualitatifs. Les données disponibles étant l’avis du pilote, et les séquences filmées des essais. Ce système fut utilisé jusqu’au début des années 50. Ensuite, on lui préféra des expérimentations sur maquettes tailles réelles dans la soufflerie FTS4 du Naca 5 de Langley. Le vol libre refit son apparition, toujours à Langley, avec un premier système à câbles vers la fin des années 70 [Bennett et al., 1978], puis un système filo-guidé, avec maquette propulsée par un jet d’air comprimé. 1.3.2 Système à câbles de simulation du vol libre dans la soufflerie transonique de Langley Ce système (figure 1.3), utilisé au départ pour faire des essais à oscillations forcées sur un axe, avec mouvement libre sur les cinq autres, fut aussi utilisé pour des simulations de vol libre ; notamment pour étudier la réponse à des perturbations du flux d’air [Orlik-Ruckemann, 1981]. 4 5 Full-Scale Tunnel National Advisory Committee for Aeronautics 24 CHAPITRE 1. LES MOYENS D’ESSAIS EN SOUFFLERIE F IG . 1.3 – Système de simulation de vol libre à câble dans la soufflerie Transonique de la Nasa à Langley, NASA Technical Note 1.3.3 Vol libre dans la soufflerie FTS de Langley La FTS de Langley (figures 1.4) fut construite pour tester des maquettes tailles réelles, fixes. Elle fut également utilisée pour faire du vol libre en soufflerie (sur modèles réduits). La maquette instrumentée est pilotée via un câble par plusieurs opérateurs. La propulsion de la maquette (la simulation des réacteurs) est assurée par un jet d’air comprimé [Croom et al., 1993]. Le câble a pour fonctions : – de garantir la sécurité de la maquette, – d’alimenter la maquette en air comprimé pour la propulsion, – de transmettre les ordres aux servo-gouvernes, – et de recueillir les informations des capteurs embarqués. Le gros progrès par rapport aux essais de vol libre de génération précédente est que la maquette est instrumentée. Il est donc possible de récupérer quelques mesures quantitatives, même si les résultats restent quand même essentiellement qualitatifs. De plus, du fait de la place limité et de la complexité de la conduite de l’essai, seules les perturbations autour du vol équilibré à 1g sont réalisables, mais cela permet d’identifier les instabilités pouvant affecter la sécurité et la qualité de vol des aéronefs. 1.3.4 Le vol libre en laboratoire B10 et B20 Ce type d’essais, une exclusivité de l’IMFL, permet l’étude du vol aux basses vitesses et la réponse à une perturbation de type rafale. Cela permet également le développement de méthodes de mesure en aérodynamique, mais aussi de méthodes d’identification ou d’exploitation d’essais en vol. Ils sont réalisés dans les laboratoires B10 et B20 de l’IMFL (cf.figure 1.5). 1.3. UN CONCEPT : L’ESSAI « EN VOL » EN SOUFFLERIE 25 (a) photo d’un essais de vol libre filo-guidé, image Nasa (b) schéma de principe du vol libre filo-guidé à Langley, NASA Technical Note F IG . 1.4 – Vol libre filo-guidé dans la soufflerie FTS du Naca de Langley (a) catapultage d’une maquette (b) schéma de principe F IG . 1.5 – Le laboratoire de vol libre B20, Onera La méthode expérimentale consiste à catapulter la maquette pour une phase de vol libre, dans des conditions de vitesse et d’attitude (pente, incidence, dérapage...) pré-définies. Pendant la phase de vol, diverses sollicitations et perturbations peuvent être appliquées à la maquette. En fin de vol, celle-ci est récupérée, dans un bac préservant son intégrité. CHAPITRE 1. LES MOYENS D’ESSAIS EN SOUFFLERIE 26 1.3.5 Améliorations possibles des systèmes de vol libre en soufflerie Les techniques de la robotique moderne peuvent apporter beaucoup à la simulation du vol libre en soufflerie [Reboulet, 1999]. Une suspension active pour soufflerie, commandée en effort, permettrait de – simuler la propulsion, – corriger les défauts de masse et d’inertie, – simuler des variations de masse (largage de réservoir), – sécuriser la maquette, et donc de tester – des phases de vol limites (grandes incidences), – de nouvelles gouvernes, – de nouveaux concepts d’aéronefs ; – mesurer les déplacements et accélérations pour – remonter aux coefficients des dérivées aérodynamiques – mettre en évidence les phénomènes de couplage (tel que le wing rock6 ). L’étude, la conception et la mise en œuvre d’une telle suspension est l’objet du projet SACSO, cadre de cette thèse. 1.4 1.4.1 Une Suspension ACtive pour SOufflerie Concept de suspension active L’idée est de tenir la maquette, sans la tenir. La suspension accompagne la maquette dans son mouvement sans le lui imposer. Commandée en effort, elle fournit à la maquette une force simulant l’effet de la propulsion ; lui insuffle éventuellement de la masse et de l’inertie fictive pour le respect des similitudes ou la simulation des changements inertiels (largage de réservoir, transvasement de carburant, etc). Suivre la maquette dans ses déplacements permet de les mesurer, ainsi que les vitesses et accélérations. La suspension est aussi un système de sécurité, bornant les déplacements, ce qui permet d’étudier des phases de vol délicates, ou de nouveaux concepts d’aéronefs dont le comportement n’est pas prévisible [Reboulet, 2001]. 1.4.2 Eléments de cahier des charges La suspension doit suivre la maquette durant son vol : elle doit être à 6 degrés de liberté, son espace de travail doit inclure l’espace d’évolution de la maquette, et, pour être transparente vis à vis de cette dernière, elle doit avoir des capacités dynamiques supérieures.7 A titre d’exemple, pour le vol libre d’une maquette d’avion d’arme à l’échelle 1/15e , cela fait des accélérations linéaires pouvant atteindre 26 m/s2 et des accélérations angulaires maximales de l’ordre de 50 rd/s2 ; les maxima de vitesse sont d’environ 3, 61 m/s en linéaire, et 422 rd/s en angulaire [Deschamps, 2000]. 6 7 Phénomène d’oscillation latérale auto excitées Accélérations et vitesses, on parlera de bande passante de la suspension. 1.4. UNE SUSPENSION ACTIVE POUR SOUFFLERIE 27 Cela va sans dire mais cela va mieux en le disant : la suspension ne doit pas perturber l’écoulement de l’air sur l’aéronef, la précision des efforts mesurés et appliqués à la maquette ont une influence directe sur la précision des coefficients extrapolés de l’essai. 1.4.3 Choix d’un manipulateur à câbles à architecture parallèle pour la suspension La discrétion aérodynamique La nécessité d’une bonne discrétion aérodynamique est une contrainte forte. Elle impose deux types de solutions : – Une solution proche de ce qui se fait pour les essais statiques, un dard sortant du culot de l’avion, éloignant en aval de la maquette les perturbations aérodynamiques du manipulateur ; – Une solution avec des câbles. Des essais en soufflerie ont permis de valider une solution à base de câbles [Verbeke, 2001]. La commande en masse fictive La commande en force (par opposition à la commande en position) est un apport important de la recherche en robotique. Ce type de commande est maintenant bien maîtrisée pour les applications où l’organe effecteur du robot vient en contact d’obstacles de masse importante ou pouvant être considérée comme infinie, par exemple dans le cas d’un obstacle fixe (comme un tableau sur lequel on vient écrire, une table ou l’on pose un objet, etc). Le cas de la suspension est plus difficile. On désire commander la force appliquée par la suspension sur un objet mobile, qui va, du fait de l’action de de la suspension , qui cette force, accélérer dans le sens de celle ci. Le rapport Inertie Inertie objet mobile doit être petit, est déterminant pour les performances de la commande [Llibre, 2000]. Un démonstrateur a été construit pour permettre à tout un chacun de faire l’expérience de la commande en masse fictive (figure 1.6). La masse n’est suspendue que selon un seul degré de liberté, mais cela a permis de valider le concept, tout en permettant l’identification des points durs [Lambert et Carton, 2001a][Lambert et Carton, 2001b]. 28 CHAPITRE 1. LES MOYENS D’ESSAIS EN SOUFFLERIE F IG . 1.6 – Banc de test à 1 ddl Chapitre 2 Les manipulateurs parallèles à câbles C’est une architecture parallèle à câble qui a été choisie pour la suspension active pour soufflerie SACSO. Ce chapitre situe ce type d’architecture dans le champ des robots manipulateurs, présente une classification de ces manipulateurs ainsi qu’un tour d’horizon des recherches menées dans ce domaine. 2.1 Introduction Le monde des robots manipulateurs se scinde en deux classes principales : – les manipulateurs à architecture série – les manipulateurs à architecture parallèle. L’architecture série, plus ancienne, est la plus répandue. Les différentes parties en mouvement se succèdent les unes après les autres, en « série », reliées entre elles par une liaison cinématique1 (figure 2.1). Chaque bras porte la motorisation du bras suivant. F IG . 2.1 – Exemple de robot série, le RV80 d’Acma-Cribier 1 glissière, pivot, pivot-glissant, hélicoïdale, rotule. . . 29 CHAPITRE 2. LES MANIPULATEURS PARALLÈLES À CÂBLES 30 Ce type d’architecture présente un certain nombre d’inconvénients : – Les masses en mouvement sont élevées (du fait de la présence des moteurs) – La liaison entre la base et le premier bras supporte tout le robot, entraîne toute sa masse en mouvement ; elle supporte l’ensemble des efforts – L’erreur de positionnement de l’organe terminal est la somme des erreurs de positionnement de chaque bras intermédiaire Cela implique des limites structurelles d’accélération, de rigidité, de précision. . . Deux réponses furent apportées pour pallier ces défauts et créer des robots plus rapides, plus rigides, plus précis. . . La première réponse fut de changer de concept architectural. L’organe terminal n’est plus relié à la base par une seule chaîne cinématique ouverte et complexe, mais par un ensemble de chaînes cinématiques relativement simples, avec peu de liaisons, placées en parallèle (figure 2.2). Un des premiers robots de ce genre fut développé par Gough entre 1947 et 1955 pour un banc de test de pneumatiques [Gough, 1957 ; Gough et Whitehall, 1962]2 et repris ensuite par Stewart [Stewart, 1965]. F IG . 2.2 – Exemple de robot parallèle : Le robot parallèle à 6 ddl Hexa, dévellopé au LIRMM [Pierrot et al., 1991] Le principal défaut de ce type d’architecture parallèle est la taille relativement réduite de l’espace de travail. Il est au plus égale à l’intersections des volumes d’évolution de chaque chaîne cinématique mises en parallèles. Le lecteur se référera à [Merlet, 2002b] et [Merlet, 1997] pour une présentation plus complète de ce type de manipulateur. 2 Les problèmes théoriques posés par ce type d’architecture furent abordés dès 1645 par Christopher Wren, puis par Cauchy[Cauchy, 1813] en 1813 , Bricard en 1897 [Bricard, 1897] et 1926 [Bricard, 1926] (quadrilatères déformables) et au XXe par Lebesgue [Lebesgue, 1967]. 2.2. LES MANIPULATEURS PARALLÈLES À CÂBLES 31 La deuxième réponse fût une réflexion sur la transmission et la motorisation. Le problème de masse en mouvement vient essentiellement du fait que chaque bras porte le (lourd) moteur du bras suivant. Il faut donc rassembler les moteurs sur la base fixe. Comment transmettre alors le mouvement (ou dualement l’effort) d’un bras à l’autre jusqu’à l’organe terminal ? Du fait des mouvements relatifs entre les bras, le problème n’est pas simple. Une possibilité est l’utilisation d’un système de câbles et de poulies [Okada, 1977 ; Morecki et al., 1980]. La figure 2.3 présente un exemple récent de ce type d’architecture, utilisée ici comme interface haptique. F IG . 2.3 – Interface haptique à architecture série à câble développé au CEA : Virtuose 3D [Gosselin et Riwan, 2001] De la même manière, pour pallier les défauts des robots à architecture parallèle (petit espace travail) est apparue début 90 l’idée de remplacer les « jambes » des plates-formes de type plate-forme de Gough-Stewart par des câbles, d’abord avec un bras central entre la base et l’organe terminal pour maintenir les câbles en tensions [Landsberger et Sheridan, 1993], puis seuls [Kawamura et Ito, 1993]. La figure 2.4 présente un exemple de ce type de manipulateur, développé à la Gerhad Mercator University de Duisburg. C’est sur l’étude de ce type de manipulateur que porte cette thèse. 2.2 2.2.1 Les manipulateurs parallèles à câbles Terminologie Le terme de manipulateur à câbles est actuellement employé indifféremment pour les manipulateurs qui utilisent des câbles pour la transmission du mouvement (dualement des efforts), de la base fixe vers l’organe terminal, que 32 CHAPITRE 2. LES MANIPULATEURS PARALLÈLES À CÂBLES F IG . 2.4 – Exemple de robot à câbles à architecture parallèle, le prototype du projet SEGESTA, Gerhad Mercator University, Duisburg l’architecture soit série ou parallèle, qu’il y ait, ou non, une ou plusieurs chaînes cinématiques rigides entre l’organe terminal et la base fixe ; la motorisation se situant exclusivement sur la base fixe. L’utilisation d’architectures parallèles à câble est trop récente et confidentielle dans le monde francophone pour qu’un terme spécifique ait émergé. Le monde anglophone est beaucoup plus prolixe en terminologie spécifique à ce type de manipulateur. Ainsi, MM Ming et Higuchi, parlent de « positioning mechanism using wires », [Ming et Higuchi, 1994a ; Ming et Higuchi, 1994b] ; MM Takeda et Funabashi parlent de « in-Parallel Wire-Driven Mechanism (PWDM) », [Takeda et Funabashi, 1999] ; Verhoeven et al. parlent de « tendon-based Stewart platform » ou de « tendon-driven Stewart platform » [Verhoeven et al., 1998b ; Verhoeven et Hiller, 2000] ; enfin, MM Williams et Gallina ont opté pour le terme « cable-direct-driven robot (CDDR) », [Williams II et Gallina, 2001 ; Gallina et al., 2001]. Dans cette thèse nous parlerons de « manipulateurs parallèles à câbles ». Par ce terme nous désignerons le même type de manipulateurs étudiés par MM Ming, Higuchi, Verhoeven, Kawamura et al., à savoir les manipulateurs où il n’existe pas de pièce rigide reliant la plate-forme mobile au bâti fixe. La plate forme mobile 2.2. LES MANIPULATEURS PARALLÈLES À CÂBLES 33 n’est reliée au bâti que par des câbles. Cela exclut les manipulateurs à architecture parallèle utilisant les câbles pour transmettre les efforts en plus d’une structure rigide comme par exemple les interfaces haptiques développées par le laboratoire Italien Perco [Frisoli et al., 1999 ; Prisco et al., 1999]. Cette classe de manipulateurs regroupe deux cas différents, identifiés par Ming et Higuchi. qu’il convient de séparer pour l’étude. 2.2.2 Une classification basée sur le degré de redondance Cette classification des manipulateurs parallèles à câbles se base sur leur degré de redondance. En effet, un câble ne peut transmettre qu’un effort unidirectionnel (il ne peut que tirer, il ne peut pas pousser), dans sa direction propre (il ne tire que dans la direction du câble). Aussi, on montre aisément que pour contrôler de façon complète n ddl, il faut au minimum n + 1 câbles [Kawamura et Ito, 1993]. On peut cependant créer des manipulateurs à n ddl et n câbles. Tous les efforts ne peuvent pas être générés et il est nécessaire d’utiliser la gravité terrestre pour commander en position la plate-forme mobile et garder les câbles tendus [Albus et al., 1993]. La commande des manipulateurs parallèles à câbles étant différente suivant qu’il y a redondance ou non, MM Ming et Higuchi ont proposé la classification suivante [Ming et Higuchi, 1994a] : – les IRPM : Incompletly Restrained Positioning Mechanism3 , pour n ddl, le nombre de câbles est égal à n ; – les CRPM : Completly Restrained Positioning Mechanism4 , pour n ddl, le nombre de câbles est égal à n + 1. Une troisième classe fût ajoutée ensuite : – les RRPM : Redundantly Restrained Positioning Mechanism5 , pour n ddl, le nombre de câbles est strictement superieur à n + 1. La séparation des IRPM du reste des manipulateurs à câbles est inévitable, par contre, les CRPM étant des manipulateurs redondants comme les RRPM, il n’est pas obligé de les séparer pour l’étude. Donc à mon sens, il faut séparer les manipulateurs à câbles en deux sous-classes : – les IRPM, – les CRPM et RRPM dans une seule sous-classe. A noter que, si historiquement la classe des IRPM a été définies pour les robots à m = n câbles, rien n’empêche de faire des IRPM avec m > n câbles. Les problèmes théoriques liés à ce type de robot à câbles sont abordés dans [Bosscher et Ebert-Uphoff, 2004a ; Bosscher et Ebert-Uphoff, 2004b]. Dans la deuxième partie de cette thèse, c’est la sous-classe des CRPM-RRPM qui est étudiée. 3 mécanisme au positionnement incomplètement contraint mécanisme au positionnement complètement contraint 5 mécanisme au positionnement contraint de façon redondante 4 CHAPITRE 2. LES MANIPULATEURS PARALLÈLES À CÂBLES 34 2.3 2.3.1 Quelques exemples d’applications Cas des IRPM Le défaut des IRPM est la nécessité d’utiliser la gravité pour conserver la tension dans les câbles : il est impossible de fournir un effort vers le bas. Ce type d’architecture est parfait pour le transport et le positionnement précis de lourdes charges. Le NIST6 est en pointe dans ce domaine avec des manipulateurs grues comme la NIST ROBOCRANE [Albus et al., 1993], pour des applications diverses comme les chantiers navals [Dagalakis et al., 1989] par exemple. Un autre exemple d’utilisation de ce type d’architecture est l’interface haptique7 portable, le manipulateur se transporte sur le dos et la partie mobile emprisonne l’index. Les câbles, en appliquant un effort sur le doigt permettent de transmettre de façon tactile l’information de profondeur [Bonitovo et al., 1997 ; Arcara et al., 2000]. 2.3.2 Cas des CRPM-RRPM Ce sont les japonais qui les premiers se sont intéressés à ce type de manipulateurs, notamment pour la télé-opération [Kawamura et Ito, 1993]. Ils ont ensuite tenté des applications dans le sport virtuel [Kawamura et al., 1995b ; Morizono et al., 1997]. La légèreté de leur structure, sans comparaison avec les manipulateurs à architecture parallèle classiques, a permis à ce type de manipulateur de prendre place à bord d’une navette spatiale. MacDonnell-Douglas a ainsi développé le robot Charlotte [Swain et al., 1995] pour la mission STS-63 de février 19958 . Mais c’est dans le domaine de la télé-opération et des interfaces haptiques que les applications des manipulateurs parallèles à câbles semblent les plus nombreuses. En plus de l’article cité ci-dessus nous pouvons citer : [Robert et Williams II, 1999], [Takeda et Funabashi, 2000], [Gallina et al., 2000] . . . Enfin, l’Onera s’est intéressé aux manipulateurs parallèles à câbles du fait de la discrétion aérodynamique d’un tel manipulateur. C’est cette caractéristique qui a fait que ce type d’architecture a été choisi pour le projet SACSO. L’Institute of Advanced Manufacturing Technology de l’Huaqiao University, Chine, poursuit la même idée [Liu et al., 2004]. 6 National Institute of Standards and Technology du mot grec « haptein » qui veut dire toucher. Haptique désigne les interfaces qui donnent des sensations par le toucher. 8 http ://www-pao.ksc.nasa.gov/kscpao/shuttle/missions/ sts-63/mission-sts-63.html 7 Chapitre 3 Modélisation Préliminaire obligé avant toute étude théorique, la modélisation analytique des manipulateurs à câbles est abordée dans ce chapitre. Nous nous intéresserons uniquement au cas des manipulateurs à m câbles, m ≥ n pour n ≤ 6 ddl (degrés de liberté). Par souci de lisibilité de l’écriture, nous nous restreindrons à n = 6 ddl. Les modifications à apporter pour écrire le modèle pour n < 6 sont simples, à la portée du lecteur attentif ; elles ne sont pas détaillées dans ce chapitre. 3.1 Notations Pour décrire la géométrie du manipulateur à m câbles, m ≥ n ddl, schématisé sur la figure 3.1, nous utiliserons les notations : – Bi , i ∈ {1..m} le point d’attache du câble i sur l’organe terminal1 , – Ai le premier point de contact du dit câble avec un organe du bâti2 , → − −−→ – li le vecteur Ai Bi , – li la norme de ce vecteur, et par conséquent la longueur « libre » du câble, → − → – − ui = llii le vecteur unitaire de la direction du câble, – Ti la tension dans le câble. Le moment de l’ensemble des câbles sur l’organe terminal est calculé en un −−→ → point de calcul S choisi de façon arbitraire3 , les vecteurs SBi sont notés − ri (figure 3.1). 3.2 Modèle géométrique En robotique parallèle non redondante, le modèle géométrique permettant de calculer les coordonnées articulaires à partir des coordonnées cartésiennes est habituellement nommé « modèle géométrique indirect », le « modèle géométrique direct » étant le modèle permettant de calculer les coordonnées cartésiennes à partir des coordonnées articulaires. Du fait de la redondance des 1 également appelé plate-forme mobile qui peut être une poulie ou un passage annulaire 3 évidement, un choix judicieux de ce point permet de simplifier les calculs 2 35 CHAPITRE 3. MODÉLISATION 36 F IG . 3.1 – Données géométriques câbles, le volume d’existence du « modèle géométrique direct » est nul dans le cas des manipulateurs à câbles qui nous intéressent4 . Pour le souligner, nous n’utiliserons pas la notation classique. Nous nommerons modèle géométrique celui permettant, à partir de la position et de l’orientation de la plate-forme, de remonter aux vecteurs câbles et donc à leur longueurs qui sont ici les coordonnées articulaires du système. → − − → − → Nous appelons R0 le repère fixe (O, B0 ) avec B0 = ( X , Y , Z ) lié au bâti et → → → RS le repère (S, BS ) BS = (− x ,− y ,− z ) lié à la plate-forme mobile. Le passage de B0 vers BS se fait par trois rotations successives ; guidé par l’application, nous avons choisi les angles « aéronautiques ». La première rotation, le lacet, d’angle → − → − → → → ψ, s’effectue autour de Z et définit la base intermédiaire B1 = (− x1 , − y1 , − z1 = Z ) ; la → seconde, le tangage, d’angle θ, s’effectue autour de − y1 et définit la deuxième base → − → − → − → − intermédiaire B2 = (x2 , y2 = y1 , z2 ) ; la troisième, le roulis, d’angle φ s’effectue → → → → → autour de − x2 et définit la base mobile liée à la partie mobile BS = (− x =− x2 , − y ,− z ). Nous notons COS la matrice de changement de base de RS vers Ro découlant de 4 Prenons par exemple un manipulateur à deux câbles et un ddl (comme le banc de test à 1 → ddl figure 1.6 section 1.4.3). Il positionne un point M sur un axe (0, − x ) de coordonnée x entre deux points d’attaches A1 en x = 0 et A2 en x = L. 0 ≤ x(M ) ≤ L. Soit l1 ≥ 0 la longueur du câble partant de A1 et l2 ≥ 0 la longueur du câble partant de A2 . Dans l’espace des coordonnées articulaires : la portion de plan (l1 ≥ 0, l2 ≥ 0), le modèle géométrique direct n’existe que sur le segment de droite l1 + l2 = L, de surface nulle dans le plan (l1 , l2 ) c-a-d de volume nul dans l’espace des coordonnées articulaires. Les autres points de (l1 , l2 ) hors de cette droite n’ont pas d’image. 3.3. COMPLICATIONS DUES AUX POULIES 37 ces trois rotations successives. COS cos ψ cos θ − sin ψ cos φ + cos ψ sin θ sin φ sin ψ sin φ + cos ψ sin θ cos φ = sin ψ cos θ cos ψ cos φ + sin ψ sin θ sin φ − cos ψ sin φ + sin ψ sin θ cos φ − sin θ cos θ sin φ cos θ cos φ −→ Nous notons X le vecteur de ∈ IR6 tel que XS = (OS)Ro et ψ Xang = θ ; il définit la pose du manipulateur, c’est-à-dire la position et φ l’orientation de la partie mobile dans l’espace. Le modèle géométrique s’écrit simplement en utilisant la relation de Chasles : XS Xang −→ −−→ −−→ −−→ OS = OAi + Ai Bi + Bi S on désire calculer la longueur du câble, soit : −−→ −→ −−→ −−→ Ai Bi = OS − OAi + SBi donc : → − −−→ → ri )BS ( li )Bo = XS − (OAi )Ro + COS (− ce qui donne : −−→ → li = ||XS − (OAi )Ro + COS (− ri )BS || (3.1) Dans le cas ou il n’y a pas de poulies, mais un guide annulaire en Téflon (comme sur la figure 3.2), on peut considérer en première approximation que −−→ les points Ai sont fixes dans Ro , et donc que (OAi )Ro est invariant, donné par la géométrie du bâti du manipulateur. De même, suivant les choix technologiques effectués, on peut également → considérer les points Bi fixes dans RS et donc que (− ri )RS est invariant, donné par la géométrie de la plate-forme mobile. Cette hypothèse est valable, par exemple, pour l’organe terminal du manipulateur SACSO représentée figure 3.3 (les points Bi étant cerclés de rouge). Dans ce cas les m équations (3.1) correspondant aux m câbles sont les m équations du modèle géométrique : l = H(X) l1 avec l = ... . ln 3.3 Complications dues aux poulies Dans le cas où le guide annulaire en Téflon est remplacé par un système à poulie comme sur la figure 3.4, l’équation (3.1) est toujours vrai, mais les points 38 CHAPITRE 3. MODÉLISATION F IG . 3.2 – Système de renvoi annulaire du prototype du projet Segesta F IG . 3.3 – Organe terminal de SACSO Ai ne sont plus des points fixes dans Ro , il est donc nécessaire de calculer leur → − −−→ position (soit calculer OAi ) avant le calcul des li . Un tel système à poulie doit être conçu dans le souci de limiter l’influence des déplacements des points Ai sur les directions des vecteurs Ai Bi . Pour ce faire, une solution est que l’axe de rotation du support qui porte la poulie soit confondu 3.3. COMPLICATIONS DUES AUX POULIES 39 F IG . 3.4 – Détail du système de renvoi à poulies du prototype de SACSO avec le câble. Pour les calculs nous nous appuierons sur le schéma cinématique d’un tel renvoi représenté figure 3.5. − → L’axe de rotation (O∆i , ∆i ) et le rayon Rp de la poulie sont des caractéristiques constantes connues du manipulateur. Nous connaissons la position et l’orienta−−→ → tion X de la maquette. Ce qui permet de calculer (OBi )Bo = XS + COS (− ri )BS . Les calculs qui suivent sont tous réalisés dans Ro , aussi ni le repère ni la base ne seront indiqués. −−−→ −−→ → Ai Bi A partir de ces données, nous cherchons à déterminer OAi et − ui = − −−→ . ||Ai Bi || − → De part la conception du renvoi, O∆i et ∆i sont fixes dans RO , et Ai , Bi , O∆i , − → OP i et ∆i sont toujours coplanaires ; nous appellerons Πi le plan les comprenant et − n→ sa normale. Elle se calcule aisément : Πi −−−−→ − → O∆i Bi × ∆i − → nΠi = −−−−→ − → ||O∆i Bi × ∆i || −−−−→ −−−→ −−→ avec O∆i Bi = −OO∆i + OBi . −−−−−→ La connaissance de cette normale nous permet de caractériser que O∆i OP i ∈ − → −−−−−→ Πi . Expliciter que (O∆i , ∆i ) est tangent à la poulie en O∆i et que ||O∆i OP i || = Rp – le rayon de la poulie – nous permet de caractériser complètement OP i : −−−−−→ −→ O∆i OP i · nΠi = 0 −−−−−→ − → O∆i OP i · ∆i = 0 −−−−−→ ||O∆i OP i || = Rp (3.2) 40 CHAPITRE 3. MODÉLISATION F IG . 3.5 – Schéma cinématique du renvoi Une fois connu OP i , on peut expliciter que le câble appartient à Πi et est tangent à la poulie en Ai : −−→ Ai Bi · − n→ Πi = 0 − − − → O A · − → P i i nΠi = 0 (3.3) −−−→ −−→ O A · A B = 0 P i i i i −−→ ||− OP i Ai || = Rp Les deux premières équations sont redondantes, elles expriment toutes deux que Ai ∈ Πi . La troisième équation est du second degré en coordonnées de Ai ; il y a deux façons pour le câble d’être tangent à la poulie. La position initiale de la maquette permet de définir la position initiale des points Ai . Au cours du mouvement la solution est celle conservant la continuité de l’arc O∆i Ai . → → − Une fois les équations Eq(3.3) résolues et Ai déterminé, l’obtention de li et − ui → − → −−→ − − est immédiate : li = Ai Bi et → ui = llii . _ Déterminer la longueur du câble lci = constante + O∆i Ai + li permet d’obtenir le modèle géométrique analytique lc = H(X) avec lc = (lc1 , · · · , lcm )T . La constante étant la longueur de câble de la poulie vers le tambour. Ce modèle n’a que peu d’intérêt en lui même ; c’est le modèle inverse qui permet de piloter le manipulateur en position. Or, du fait de la redondance 3.4. MODÈLE CINÉMATIQUE 41 du nombre de câbles, H n’est pas une bijection entre l’espace des coordonnées cartésiennes et l’espace des coordonnées articulaires, elle est injective mais non surjective. L’application inverse de H n’existe pas. La résolution du problème inverse consiste à chercher le vecteur X qui minimise un critère cohérent avec notre problème : minimiser la norme quadratique de lc − H(X) par exemple. Cette recherche peut être faite par la méthode de Newton-Raphson [Llibre, 2003]. Pour cela il n’est besoin que de la connaissance numérique (et non analytique) de H. La résolution des équations se fera donc de façon numérique. 3.4 Modèle cinématique Il s’agit de calculer la dérivée de la longueur des câbles à partir de la vitesse (en translation et rotation) de la plate-forme mobile. Il s’agit du modèle dérivé du modèle géométrique lc = H(X). Pour cela nous allons considérer les points Ai fixes dans RO , ce qui nous permet d’écrire que la vitesse de déroulement du câble est égale au projeté orthogonal sur le câble de la vitesse de son point d’accroche. Soit ∀i ∈ {1 · · · m} : Avec : −→ → l˙i = − ui · VBi (3.4) −→ − → − → → VBi = VS + Ω × − ri (3.5) −→ → Il y a bien un accroissement de longueur de câble positif quand (VBi , − ui ) < → figure 3.1 et section 3.1 pour le sens du vecteur − ui ). −→ En remplaçant VBi dans (3.4) on obtient : − → → − → → → l˙i = − ui · VS + − ui · ( Ω × − ri ) π 2 (cf (3.6) On effectue une permutation circulaire sur le produit mixte : − → − → → − → l˙i = − ui · VS + Ω · (− ri × → ui ) (3.7) Cette équation se met aisément sous forme matricielle : → → → (− u1 )T (− r1 × − u1 )T .. .. · . . − → − → − → T T (um ) (rm × um ) − → ! VS → − Ω (3.8) T → − − l˙1 u1 u→ m .. .. .. . = · . . − → → − − → − → r 1 × u1 rm × u m l˙m − → ! VS → − Ω (3.9) l˙1 .. . = l˙m qui s’écrit également : CHAPITRE 3. MODÉLISATION 42 En posant P = − → − u1 ··· u→ m → − → − → r1 × − u1 · · · − r→ m × um l1 , l = ... et W = lm − → ! VS → , cela − Ω donne : l̇ = PT · W (3.10) La matrice PT – de dimension n × m – est la matrice pseudo-jacobienne de l’application lc = H(X)5 . Cependant, classiquement cette matrice PT serait appelée matrice jacobienne inverse du manipulateur, et notée J−1 , faisant référence au modèle géométrique direct, qui n’existe pas ici. Aussi, pour éviter toute confusion nous n’emploierons pas cette notation. 3.5 Modèle statique −−−→ ) Fc→OT le C’est le dual du modèle précédent. Notons {Tc→OT } = −−−−−−→ Mc→OT, S S torseur résultant de l’action des câbles sur l’organe terminal. Il vient facilement que : ( m X −−−→ → FOT→c = Ti · − ui (3.11) i=1 m X −−−→ → Fc→OT = − Ti · − ui (3.12) i=1 et que : m X −−−−→ → → MOT→c = Ti · − ri × − ui (3.13) i=1 m X −−−−→ → → Mc→OT = − Ti · − ri × − ui (3.14) i=1 Pour condenser l’écriture, nous écrivons ces équations sous forme matricielle. T −−−→ ! 1 → − − → Fc→OT u1 ... u .. n . −−−−→ = − → − → − − → → − r × u . . . r × r 1 1 n n Mc→OT Tm (3.15) Nous reconnaissons dans l’équation (3.15) la matrice n×m P déjà définie dans la section 3.4. 5 La pseudo-jacobienne est utilisée de préférence à une vraie jacobienne, car elle évite de préciser quels sont les paramètres d’orientation utilisés, et qu’elle n’introduit de ce fait aucune singularité de représentation de ces paramètres. 3.6. REMARQUES SUR LES DDL POSSIBLES 43 −−−→ ! Fc→OT En notant F le vecteur à n composantes représentant le torseur −−−−→ Mc→OT T1 résultant et T le vecteur « tension dans les câbles » ... , cette équation (3.15) Tm devient : F = −P.T (3.16) On peut maintenant écrire sous forme matricielle le Principe Fondamental de la Statique appliqué à la plate-forme mobile du manipulateur à câbles : ! − → −−−−−→ ! Fext→OT Pd (3.17) → − P.T = 0 −−−−−−−→ + −→ − Mext→OT, S SG × P d −−−−−→ ! − → Fext→OT Avec P d le poids de la plate-forme mobile et représentant les −−−−−−−→ Mext→OT, S efforts extérieurs appliqués à la plate-forme mobile autres que la gravité et les efforts transmis par les câbles. 3.6 Remarques sur les ddl possibles Même si les modifications à apporter pour écrire le modèle pour n < 6 sont simples et ne sont pas détaillées dans ce manuscrit, il faut quand même ne pas oublier que toutes les combinaisons de rotations/translations ne sont pas faisables avec un manipulateur à câbles. Richard Verhoeven a montré que les seules possibilités sont celles récapitulées dans le tableau 3.1 [Verhoeven et al., 1998b] : ddl n Type de mouvement 1T 2T 1R2T 3T 2R3T 3R3T 1 2 3 3 5 6 mouvement rectiligne mouvement plan d’un point mouvement plan d’un corps mouvement spatial d’un point mouvement spatial d’une poutre mouvement spatial d’un corps TAB . 3.1 – types de manipulateurs à câbles possibles [Verhoeven et al., 1998b] 3.7 Décomposition en Force et Moment Il peut être intéressant de découpler les problèmes, et d’étudier séparément les capacités du manipulateur en Force (dualement en Position) et en Moment CHAPITRE 3. MODÉLISATION 44 (dualement en Orientation). Pour cela il faut scinder en 2 la matrice P : PF P= PM (3.18) avec : PF = PM = − → u1 · · · − u→ m → − → − → r1 × − u1 · · · − r→ m × um (3.19) (3.20) Les matrices PF et PM sont de dimensions nF × m et nM × m, nF et nM étant les ddl en position (ou force) et orientation (ou moment). Les efforts des câbles sur l’organe terminal se calculent avec les équations : −−−→ (3.21) Fc→OT = −PF · T −−−−−−→ Mc→OT, S = −PM · T (3.22) Par construction n = nF + nM , et seulement six combinaisons sont possibles (cf tableau 3.1), elles sont récapitulées dans le tableau 3.2. n nF nM 1 2 1 2 0 0 3 2 1 3 3 0 5 6 3 3 2 3 TAB . 3.2 – combinaisons possibles de nF et nM 3.8 Modèle dynamique Les propriétés inertielles des solides comme l’organe terminal sont souvent exprimées en leur centre d’inertie G. L’écriture du Principe fondamental de la Dynamique est également plus simple à écrire en G. C’est donc en ce point que sera écrit le modèle dynamique. ! −−−−−→ ! − → ! → − 0 M 03×3 Fext→OT PF Pd ·T = ·Ẇ+ − → → − −−−−−−−→ + − → − P 03×3 IG M, G Ω × IG Ω 0 Mext→OT, G (3.23) −−→ → −−−→ − − → avec : PM, G = GB1 × u1 · · · GBm × um , M = M.I3×3 la matrice masse et IG la matrice d’inertie de la plate-forme mobile. On peut ensuite écrire le modèle dynamique des moteurs et du système de renvoi qui va être du type : T = F(l̈, l̇, Cm ) (3.24) où les Cm sont, par exemple, les couples électromagnétiques. Bien sur les différentes inerties des poulies et tambours sont paramètres de cette fonction dont la complexité dépend du système renvoi/moteur utilisé. Ensuite il faut remplacer T dans (3.23) par son expression développée avec (3.24). Comme cela dépend de la technologie choisie, ce n’est pas développé ici. Chapitre 4 Espaces de travail Le volume de travail, l’espace de travail en force, en moment, l’espace atteignable en translation, orientation. . .autant de termes, de concepts qui se recoupent, mais pas complètement ; ils traduisent le besoin d’exprimer le plus rigoureusement possible les possibilités des manipulateurs. Dans ce chapitre, nous allons essayer de définir ou redéfinir rigoureusement le concept d’espaces de travail pour les manipulateurs parallèles à câbles. Ensuite est présentée la méthode graphique que j’ai mise au point pour déterminer rapidement l’espace de travail théorique global en force d’un manipulateur à câbles. Cela reprend et complète le travail précédemment publié à l’AIM2003 [Lafourcade et Llibre, 2003]. 4.1 Particularités des manipulateurs parallèles à câbles Pour un manipulateur à architecture parallèle rigide, le volume de travail le plus simple à définir est l’espace atteignable par l’organe terminal. Cet espace a le nombre de ddl pour dimension, aussi à partir de 4 ddl, il n’est plus représentable dans son intégralité. Il faut alors le représenter par tranches. Si le manipulateur n’est pas redondant, cet espace est l’image de l’espace des coordonnées articulaires par l’application X = G(q), modèle géométrique direct. Il comporte cependant des zones où la matrice jacobienne est singulière. Pour les manipulateurs à câbles le problème est sensiblement différent du fait qu’un câble n’est pas rigide, et ne peut pas pousser. La première conséquence est que le manipulateur est forcément redondant, ainsi, comme il a déjà été dit au chapitre précédent, le modèle géométrique direct X = G(q) n’existe pas. Seule existe l’application H de X dans q (ou lc) telle que q (ou lc) = H(X). Il est tentant de dire que l’espace atteignable est l’ensemble des points X de l’espace des coordonnées cartésiennes ayant une image q dans l’espace des coordonnées articulaires admissibles (soit ∀i, 0 < li < lmax , les longueurs des câbles sont positives et inférieures à une longueur maximale). Ce n’est cependant pas possible car cela n’assure pas que les câbles restent tendus. Et c’est là la deuxième conséquence du fait qu’un câble ne peut pas 45 CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL 46 pousser, on est obligé de restreindre le volume atteignable aux poses où une tension positive dans les câbles est garantie (pour que ceux ci restent tendus, « rectilignes »). Dans la suite nous allons voir comment les volumes de travail des robots à câbles ont été définis dans la littérature, puis la définition que j’ai choisi, et enfin une méthode graphique rapide de détermination du volume de travail « théorique ». 4.2 Définitions de la littérature Les premiers à vraiment définir ce que peut être l’espace de travail d’un manipulateur à câbles sont Verhoeven, Hiller et Tadokoro dans [Verhoeven et al., 1998b] et [Verhoeven et al., 1998a]. Pour eux, l’espace de travail, qu’ils notent workspace est l’ensemble des poses (couples position et orientation) atteignables où : – il est possible d’exercer des forces et couples, – les tensions dans les câbles sont positives, – les tensions sont supérieures à un minimum et inférieures à un maximum1 , – la structure est suffisamment rigide, – l’organe terminal ne traverse pas une singularité, – les câbles ne doivent pas s’entrecroiser. Un tel espace de travail est trop complexe pour être étudié (recherché), il convient de séparer les problèmes. Aussi Verhoeven et Hiller proposent dans [Verhoeven et Hiller, 2000] de restreindre l’étude à un controllable workspace dans un premier temps. Ce controllable workspace est l’ensemble des poses prises par la plate-forme pour lesquelles la tension dans les câbles est garantie positive quel que soit l’effort (force et couple) extérieur appliqué à la plate-forme. Une autre façon de définir précisément un espace de travail est de le définir à partir d’un indice. C’est ce que font Zheng et Liu dans [Zheng et Liu, 2002]. L’espace de travail devenant l’ensemble des poses du manipulateur où l’indice est supérieur à 0. L’indice choisi ici est un indice de manipulabilité définie par Takeda et Funabashi dans [Takeda et Funabashi, 1999]. L’inconvénient de cette façon de procéder est qu’elle est gourmande en calculs, et que cela nécessite de connaître un contenant le plus petit possible de l’espace de travail recherché. Le controllable workspace est un tel contenant. Enfin, une dernière approche est celle de Barrette et Gosselin. Ils proposent l’étude d’un dynamic workspace dans [Barrette et Gosselin, 2000 ; Barrette, 2000]. C’est l’ensemble des poses et accélérations (linéaires comme angulaires) prisent par la plate-forme mobile pour lesquelles la tension est positive dans les câbles. Le but affiché étant de faire sortir la plate-forme du volume défini par l’emplacement des renvois sur le bâti. L’inconvénient d’un tel espace de travail est sa complexité : il est de dimension 6 pour un manipulateur plan à 3 ddl, de dimension 12 pour un manipulateur à 6 ddl. Il apparaît difficilement envisageable de prendre en compte un tel espace de travail lors de la phase de pré-conception d’un manipulateur. 1 cette condition contient la précédente 4.3. QUELQUES DÉFINITIONS 47 Or le volume de travail étant la chose primordiale quand on commence la conception d’un nouveau manipulateur, j’ai trouvé nécessaire, au regard de ce qu’offrait la littérature, de trouver d’autres définitions permettant une étude rapide des futures possibilités du manipulateur. 4.3 4.3.1 Quelques définitions Espace de travail théorique Le choix des moteurs, câbles et autres caractéristiques de dimensionnement mécanique ne rentrent pas en compte dans la phase de pré-conception. Il est nécessaire de trouver un volume de travail dont la définition soit simple, rapide à calculer et dépendant uniquement de l’architecture géométrique. Tout le monde s’accorde sur la caractéristique minimale de l’espace de travail : la tension dans les câbles doit être positive, quel que soit l’effort appliqué à la plate-forme mobile. Le dual de l’effort appliqué à la plate-forme est l’effort que peuvent produire les câbles sur la plate-forme. C’est ce dernier qui est préféré. Cela donne la définition suivante : Définition 4.1. : L’espace de travail théorique est l’ensemble des poses (couple position, orientation) prises par la plate-forme mobile où n’importe quel effort (des câbles sur la plate-forme) peut être obtenu avec une tension positive dans tous les câbles. Cette définition détermine le même espace de travail que le controllable workspace de R. Verhoeven. J’ai choisi le terme de théorique pour montrer que, au final, ce n’est pas l’espace de travail réel, ce dernier sera plus petit, et dépendra du dimensionnement mécanique. Par contre, il sera démontré dans la suite que l’espace de travail ainsi défini n’est fonction que des positions des renvois et points d’attaches des câbles, c’est-à-dire de l’architecture géométrique du manipulateur. On peut formaliser mathématiquement cette définition. Pour cela nous utilisons les notations et modèles définis dans le chapitre 3. Définition 4.2. : Pour un manipulateur parallèle à câbles à n ddl, l’espace théorique WT h est l’ensemble des poses X de la plate-forme mobile où tous les torseurs peuvent être générés avec une tension positive dans les câbles. Soit2 : WT h = {X/ ∀F ∈ IRn , ∃T > 0 tel que F = −PT} Il est toujours souhaitable, notamment pour des raisons de raideur, que la tension soit supérieure à un minimum non nul. C’est pour cela que nous préférons à la définition 4.2 la définition suivante : 2 Par souci de commodité, la signification des signes de relation d’ordre dans IR est étendue. Ainsi T > 0 ⇐⇒ ∀i ∈ {1 · · · n}, Ti > 0. CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL 48 Définition 4.3. : Pour un manipulateur parallèle à câble à n ddl, l’espace théorique WT h est l’ensemble des poses X de la plate-forme mobile où, quelque soit λ un réel positif, tous les torseurs peuvent être générés avec une tension dans les câbles supérieure à λ. Soit : WT h = {X/ ∀λ ∈ IR+? , ∀F ∈ IRn , ∃T > λ tel que F = −PT} Il sera démontré dans la suite que les définition 4.2 et 4.3, sont équivalentes. Le volume de travail théorique est ainsi défini de façon simple. Ne dépendant que de l’architecture cinématique, il est utilisable comme critère d’évaluation lors de la phase de pré-conception. Cependant ce n’est pas l’espace de travail utile dont l’on disposera vraiment. Il est nécessaire de définir un autre volume de travail plus proche de la réalité finale. 4.3.2 Espace de travail pratique Le workspace défini par Verhoeven et al. peut être assimilé à un espace de travail réel, si l’on défini les bornes de l’hyperparallélépipède de dimension 6 bornant l’effort extérieur appliqué à la plate-forme. Mais on peut souhaiter une définition intermédiaire entre ce workspace et l’espace de travail théorique défini ci-dessus. Une définition ne prenant en compte ni la raideur ou les positions singulières3 , ni la collision des câbles. Pour cela nous proposons la définition suivante : Définition 4.4. : L’espace de travail pratique WP r est l’ensemble des poses X de la plate-forme mobile où, quelque soit l’effort F appartenant à l’hyperparallélépipède [Fmin , Fmax ], cet effort F est réalisable avec une tension dans les câbles comprise dans l’hyperparallélépipède [Tmin , Tmax ]. Soit : WP r = {X/ ∀F ∈ [Fmin , Fmax ], ∃T ∈ [Tmin , Tmax ] tel que F = −PT} L’inconvénient majeur de tout espace de travail prenant en compte une tension minimale et maximale acceptable, est qu’il ne dépend pas seulement des caractéristiques mécaniques du manipulateur (moteur et câbles compris), il dépend également de la gestion de la redondance des câbles, c’est à dire de la conduite coordonnée des tensions dans les câbles (qui est abordée au chapitre 5). Il n’est donc pas utilisable comme critère de pré-conception. 4.3.3 Sous ensembles de ces espaces de travail Pour un manipulateur à plus de 3 ddl, ces espaces de travail sont de dimension supérieure à 3. Ils ne sont donc pas représentables. La solution classique est de les représenter par tranche, en représentant par exemple l’ensemble des positions appartenant à WT h pour telles orientations. Il nous a cependant semblé pratique de définir d’autres types de sous-espaces de travail, suivant que l’on privilégie les aptitudes en déplacements ou en rotations. Nous avons ainsi défini les 4 sous-espaces de travail suivants : 3 Il y a redondance à regarder la raideur et les positions singulières ; la raideur n’est nulle que dans les positions singulières 4.3. QUELQUES DÉFINITIONS 49 Définition 4.5. : Espace de travail théorique (respectivement pratique) total en position : ensemble des positions XS où il existe au moins une orientation Xang tel que XS X= appartienne à l’espace de travail théorique (respectivement pratique). Xang WTPhos = {XS / ∃Xang tel que X ∈ WT h } WPPros = {XS / ∃Xang tel que X ∈ WP r } Définition 4.6. : Espace de travail théorique (respectivementpratique)partiel en position : XS ensemble des positions XS tel que X = appartienne à l’espace de travail Xang théorique (pratique), quel que soit l’orientation Xang appartenant à un certain ensemble prédéfini. P os,[Xang ] = {XS / ∀Xang ∈ [Xang min , Xang max ] alors X ∈ WT h } P os,[Xang ] = {XS / ∀Xang ∈ [Xang min , Xang max ] alors X ∈ WP r } WT h WP r Définition 4.7. : Espace de travail théorique (respectivement pratique) total en orientation : ensemble des orientations Xang où il existe au moins une position XS tel que XS X= appartienne à l’espace de travail théorique (respectivement pratique). Xang WTOrh = {Xang / ∃XS tel que X ∈ WT h } WPOrr = {Xang / ∃XS tel que X ∈ WP r } Définition 4.8. : Espace de travail théorique (respectivement pratique) partiel en orientation : XS ensemble des orientations Xang tel que X = appartienne à l’espace de travail Xang théorique (pratique), quel que soit la position XS appartenant à un certain ensemble prédéfini. Or,[XS ] = {Xang / ∀XS ∈ [XS min , XS max ] alors X ∈ WT h } Or,[XS ] = {Xang / ∀XS ∈ [XS min , XS max ] alors X ∈ WP r } WT h WP r Ces quatre définitions ont été établies en se focalisant sur les poses : X, et les partitions de celles-ci en positions XS et orientations Xang . Les espaces de travail ainsi obtenus sont inclus dans WT h et WP r , et en sont des sous-ensembles. 50 4.3.4 CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL Ensembles englobants ces espaces de travail La prédiction graphique de l’espace de travail peut nécessiter de se focaliser −−−→ −−−−−−→ sur l’effort F et sa partition en forces Fc→OT et moments Mc→OT, S . Ce qui nous a amené à définir l’espace de travail théorique global en force WTFh et l’espace de travail théorique global en moment WTMh . Définition 4.9. : L’espace de travail théorique global en force est l’ensemble des poses de la plate-forme mobile où il est possible de produire n’importe quelle force, peu importe le moment produit conjointement. −−−→ −−−→ WTFh = {X/ ∀Fc→OT ∈ IRnF , ∃T > 0 tel que Fc→OT = −PF T} Définition 4.10. : L’espace de travail théorique global en moment est l’ensemble des poses de la plate-forme mobile où il est possible de produire n’importe quel moment, peu importe la force produite conjointement. −−−−−−→ −−−−−−→ WTMh = {X/ ∀Mc→OT, S ∈ IRnM , ∃T > 0 tel que Mc→OT, S = −PM T} Il convient de noter que ces espaces de travail englobent l’espace de travail théorique WT h . Une pose de l’organe terminal peut donc être dans WTFh (ou WTMh ) et ne pas être dans WT h . Il convient donc d’être prudent lors de l’utilisation de ces espaces de travail. 4.3.5 Le problème des collisions câbles/câbles et câbles/plateforme mobile Les espaces de travail définis précédemment ne prennent pas en compte le problème de collisions entre câbles, ou entre les câbles et la plate-forme mobile. C’est qu’une telle condition est plus difficile à définir et surtout à vérifier que l’existence d’une solution à une équation. En effet, même si il est possible de calculer la distance entre deux droites, et donc de retirer de l’espace de travail les poses où il y a croisement des câbles, il est beaucoup plus difficile de savoir si l’atteinte d’une pose à partir de la pose initiale nécessite de passer par une pose où les câbles se croisent. Enlever de telles poses des espaces de travail précédemment définis relève du casse-tête. Il existe néanmoins un algorithme dans le cas où l’orientation de la plate forme-mobile reste constante [Merlet, 2004]. Heureusement, nous verrons dans le chapitre 6 que le respect de quelques règles de conceptions simples permettent de limiter les problèmes de croisement des câbles. 4.4 Caractérisations mathématiques Caractériser du point de vue mathématique l’espace de travail a pour but de permettre le calcul prévisionnel de cet espace, notamment pour se servir de 4.4. CARACTÉRISATIONS MATHÉMATIQUES 51 l’espace de travail comme critère de conception. Or, l’espace de travail pratique ne dépend pas uniquement de l’architecture géométrique du manipulateur, mais également du choix de l’algorithme de conduite coordonnée des tensions. C’est pourquoi la caractérisation mathématique de cet espace de travail n’est pas abordée dans ce chapitre. Nous allons uniquement nous intéresser à la caractérisation mathématique de l’espace de travail théorique WT h . 4.4.1 Caractérisation par le rang et le noyau de la matrice P Pour cela partons de la définition de cet espace, la définition 4.2 : WT h = {X/ ∀F ∈ IRn , ∃T > 0 tel que F = −PT} et cherchons les conditions nécessaires et suffisantes pour l’existence d’une solution T > 0 à l’équation. F = −P.T (4.1) Le manipulateur serait non redondant, une condition nécessaire et suffisante à l’existence d’une solution (non forcément positive) serait que P soit inversible, c’est-a-dire de déterminant non nul. Mais le manipulateur est redondant, la matrice P est donc une matrice n × m avec m > n. Et la condition nécessaire et suffisante de l’existence d’une solution non forcément positive de l’équation (4.1) est que la matrice P soit de rang plein, soit rang(P) = n. ∀F, ∃T/ F = −P.T ⇐⇒ rang(P) = n (4.2) A ce moment, l’ensemble solution de l’équation (4.1) est un sous espace vectoriel de dimension m − n ; la solution de norme minimale est donnée par : Teff = −P+ .F (4.3) où P+ = PT (PPT )−1 est l’inverse (à droite) de Moore-Penrose de P (PP+ = In×n ). Quel que soit Tnul un vecteur du noyau de P : N (P), par définition nous avons : P.Tnul = 0n Ce qui permet d’écrire que, quel que soit T un vecteur de IRm , quel que soit λ un réel et quelque soit Tnul un vecteur de N (P), alors : T solution de l’éq. (4.1) ⇐⇒ T + λTnul solution de l’éq. (4.1) (4.4) Les équivalences (4.2) et (4.4) nous permettent d’écrire que les conditions nécessaires et suffisantes à l’existence d’une solution aux composantes toutes positives à l’équation (4.1) sont : 1. la matrice P est de rang plein, c’est-à-dire : rang(P) = n, 2. il existe un vecteur à composantes toutes strictement positives dans N (P)4 . 4 L’existence d’un tel vecteur permet de passer d’une solution à composantes non toutes positives vers une solution à composantes toutes positives par ajout d’un vecteur du noyau CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL 52 L’équivalence (4.4) permet également d’écrire que les définitions 4.2 et 4.3 de l’espace de travail théorique données dans la sous-section 4.3.1 sont équivalentes5 . Enfin, les équivalences (4.2) et (4.4) permettent également de donner une définition plus utilisable pour la détermination de l’espace de travail théorique : Définition 4.11. : WT h = {X/ rang(P) = n et ∃T > 0/ T ∈ N (P)} Dans le cas de l’existence d’un tel vecteur T aux composantes toutes positives dans le noyau de P, nous parlons de noyau coopératif. Ce qui permet de re-écrire la définition 4.11 en langage courant : Définition 4.12. : L’espace de travail théorique est l’ensemble des poses X où la matrice P est de rang plein et son noyau coopératif. Si maintenant nous nous focalisons sur les forces (respectivement les moments), en laissant les moments (respectivement les forces) quelconques, nous démontrons de façon identique l’équivalence de la définition 4.9 avec la définition : Définition 4.13. : WTFh = {X/ rang(PF ) = nF et ∃T > 0/ T ∈ N (PF )} et de la définition 4.10 avec la définition : Définition 4.14. : WTMh = {X/ rang(PM ) = nM et ∃T > 0/ T ∈ N (PM )} 4.4.2 Traduction géométrique des caractéristiques de P Soit M une matrice n × m, m > n, de réels et POLM l’hyperpolyhedre formé par les points de l’espace affine IRn ayant pour coordonnées les colonnes de la matrice M. Nous notons N (M) le noyau de la matrice M. Soit l’assertion A : {∃V ∈ N (M) / V > 0} et l’assertion B : { L’enveloppe convexe ouverte de POLM contient l’origine des coordonnées de l’espace affine IRn (noté OIRn ) }. Démontrons l’équivalence : {rang(M) = n et assertion A} ⇐⇒ B (4.5) λ par ajout au vecteur T le vecteur Tmin Tnul , Tnul étant n’importe quel vecteur à composantes nul toutes strictement positives de N (P) 5 4.5. DÉTERMINATION GÉOMÉTRIQUE 53 Démonstration Sens {rang(M) = n et assertion A} ⇒ B : Soit V ∈ N (M) / V > 0. Notons C1 · · · Cm les m colonnes de la matrice M et par extension les points de l’espace affine P → − IRn qui y sont associés. Nous avons m i=1 Vi Ci = 0 . Donc OIRn est barycentre à coefficients tous strictement positifs de POLM . Donc l’enveloppe convexe ouverte de POLM (de volume non nul car rang(M) = n) contient strictement OIRn . Sens B ⇒ {rang(M) = n et assertion A} : OIRn strictement à l’intérieur de l’enveloppe convexe ouverte de POLM implique qu’elle est de volume non nul, donc que rang(M) = n. Cela implique également que OIRn est barycentre à coefficients tous strictement positif de POLM . Posons V le vecteur formé de ces coefficients, V > 0, CQFD. Appliqué au cas des robots à câbles, cela donne le théorème : Théorème 4.1. Une pose X est à l’intérieur du volume de travail théorique WT h si et seulement si l’enveloppe convexe ouverte de POLP (notée EN V CON V (POLP )) contient strictement l’origine des coordonnées de l’espace affine IRn (noté OIRn ). Cela permet de caractériser de façon graphique l’espace de travail théorique : Définition 4.15. : WT h = {X/OIRn ∈ EN V CON V (POLP )} Cette dernière définition est exploitable graphiquement, ce que l’on va faire dans la suite. 4.5 Détermination géométrique L’espace de travail théorique étant utilisé comme critère d’évaluation des architectures en phase de pré-conception du manipulateur, il faut un outil rapide de détermination de cet espace. La phase d’imagination d’une architecture se faisant avec un papier et un crayon (ou une craie et un tableau noir), l’outil naturel de détermination de l’espace de travail devient l’outil graphique, le schéma. C’est dans cette optique que nous avons caractérisé géométriquement l’espace de travail théorique, énoncé le théorème 4.1 et la définition 4.15. 4.5.1 Principe de la détermination géométrique En application directe du théorème 4.1, la détermination graphique de l’espace de travail théorique WT h pourrait être de tracer l’hyperpolyèdre POLP pour chaque position du manipulateur et vérifier si l’origine des coordonnées est à l’intérieur de son enveloppe convexe, et donc si cette pose fait partie de WT h . CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL 54 Cette technique un peu fastidieuse fonctionne tant que la dimension de POLP est inférieure ou égale à 3. Au dessus, même si la méthode est valable en théorie, il n’est plus possible de dessiner. C’est pour cela que nous sommes obligés de nous contenter de la recherche de sous espaces de travail partiels, en distinguant non seulement les positions des orientations, mais aussi l’aptitude à produire une force de l’aptitude à produire un moment. Nous nous intéresserons essentiellement à la recherche de l’espace de travail théorique global en force WTFh . → Nous pouvons, quelque soit n le nombre de ddl, tracer les vecteurs − ui . Nous nF n savons voir si l’origine des coordonnées de IR : OIR F est dans l’enveloppe 6 convexe du polyèdre formé par les points extrémités des vecteurs Comme .− nous → ui → n’avons tracé que les − ui au lieu des vecteurs colonnes de P : − , nous → → ri × − ui n’obtenons pas d’information sur WT h . Mais nous obtenons quand même une information. → Dessiner les vecteurs − ui revient à dessiner les vecteurs colonnes de la matrice PF . Le polyèdre ainsi obtenu est POLPF . Le fait que celui-ci soit de dimension nF nous informe que le rang de PF est plein (rang(PF ) = nF ). Le fait que OIRnF soit à l’intérieur de son enveloppe convexe nous informe de l’existence d’un vecteur tension T aux coordonnées toutes positives inclus dans le noyau de PF . En se référant à la sous-section 4.4.1, il est facile de montrer que dans ce cas, toutes les −−−→ forces Fc→OT peuvent être produites avec une tension positive dans les câbles. −−−−→ Mais dans ce cas le moment Mc→OT est quelconque. Nous venons donc de vérifier si X appartient à l’espace de travail théorique global en force WTFh . Enfin, le théorème 4.2 qui suit nous permet d’affirmer qu’il est équivalent → − → − → d’utiliser − l noté l− à la place − u pour obtenir ce résultat. i i i Théorème 4.2. Soit M une matrice n × m, m > n, de rang n. Notons Ci ses vecteurs colonnes. L’enveloppe convexe ouverte de POLM (de volume non nul car rang(M) = n) contient strictement OIRn si et seulement si POLM0 contient strictement OIRn et rang(M0 ) = n, m avec M0 = (λ1 C1 · · · λm Cm ), ∀{λ1 , · · · , λm } ∈ IR−? . Démonstration La question du rang des matrices est triviale : la multiplication des colonnes d’une matrice par un réel non nul n’a pas d’effet sur le rang d’une matrice. L’enveloppe convexe ouverte de POLM contient strictement OIRn , donc OIRn est barycentre à coefficients tous strictement positifs de POLM . Notons (v1 , · · · , vm )T m les coefficients barycentriques. ∀{λ1 , · · · , λm } ∈ R−? , M0 = (λ1 C1 · · · λn Cm ) ; il est trivial que OIRn est barycentre à coefficients tous strictement négatifs λV11 , · · · , λVm de m POLM0 . . . 6 → L’origine des coordonnées de IRnF : OIRnF est le point à partir duquel on trace les vecteurs − ui . 4.5. DÉTERMINATION GÉOMÉTRIQUE 55 → − Ainsi, on peut multiplier toutes les colonnes de la matrice −||li ||, c’est P par → − ui à dire remplacer dans la matrice P les vecteurs colonnes par les → − → ri × − ui ! → − li− vecteurs colonnes → . On note cette matrice Pl. Elle s’écrit : − → − ri × li− ! → −− → − − l1 ··· lm Pl = (4.6) → − → − → − − → − − r1 × l1 · · · rm × lm Les matrices PlF et PlM se déduisent naturellement : → −− → − − PlF = l1 · · · lm → − → − → − − → − − PlM = r1 × l1 · · · rm × lm (4.7) (4.8) On peut utiliser POLPlF similairement à POLPF . L’intérêt est conséquent car, dans le cas où les points Ai sont invariants, en prenant S comme origine pour → − le tracé des vecteurs li− , la position de leur point extrémité ne varie pas avec → → la position XS . En effet, ce sont les points Ai translatés de −− ri , et − ri étant fixe dans RS , il ne varie qu’avec Xang . Ainsi POLPlF est invariant avec XS , mais varie malheureusement avec les variations de Xang . Cela permet d’utiliser le dessin de POLPlF non comme outil d’exploration mais comme outil de prédiction par tranche de WTFh (c’est à dire prédiction de WTFh pour une orientation Xang de la plate-forme mobile donnée). Voici quelques exemples pour rendre cela compréhensible. 4.5.2 Organe terminal ponctuel Dans ce cas simple, le manipulateur a au plus 3 ddl, en translation. Nous → avons − ri = 0, P = PF et WT h = WTFh . Dans ce cas si l’on prend l’organe terminal ponctuel pour origine des coordonnées de l’espace affine IRn : OIRn , alors les points extrémités des vecteurs → − li sont les points Ai , emplacement des guides câbles sur le bâti. Prenons par exemple le manipulateur plan, 2 ddl, 4 câbles, figure 4.1. Le cercle plein est l’organe terminal ponctuel S. Il a été choisi comme origine des coordonnées de l’espace affine IR2 : OIR2 . Les vecteurs en rouges sont les vecteurs → − li , vecteurs colonnes de Pl. Le cercle vide correspond à une autre position de l’organe terminal ponctuel. On constate que POLPl = {A1 , A2 , A3 , A4 } ne varie pas avec la position de S. Son enveloppe convexe, EN V CON V (POLPl ) est l’espace de travail théorique WT h . Ainsi, même si sur la figure 4.1 le cercle vide (qui représente une position de S) est hors de POLPl , il est à l’intérieur de EN V CON V (POLPl ) et donc de WT h . 4.5.3 Organe terminal non ponctuel Si la plate-forme mobile est non ponctuelle, alors il y a possibilité de rotation. Dans cette sous-section je vais me restreindre aux manipulateurs plans, mais la 56 CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL F IG . 4.1 – Manipulateur ponctuel plan, 2 ddl, 4 câbles méthode fonctionne aussi pour les manipulateurs à 6 ddl. Elle est appliquée à ce type de manipulateurs dans les chapitres 6, 7 et 8. Pour expliquer la détermination graphique de l’espace de travail, nous allons utiliser diverses architectures géométriques de manipulateurs plans à 3 ddl avec une poutre pour plate-forme mobile. La première figure (figure 4.2) montre que, pour une pose (position et orientation) quelconque de la poutre, nous pouvons tracer les vecteurs ! − → − li → , et vérifier si OIR3 est bien à l’intérieur de l’enveloppe convexe − → − ri × li− EN V CON V (POLPl ) obtenue. Ce qui permet d’affirmer si cette pose X est bien dans l’espace de travail théorique WT h . → − → → Le manipulateur est plan dans le plan (− x ,− y ). Les vecteurs li− sont des → − → vecteurs du plan, mais les vecteurs − ri × li− sont orthogonaux au plan. Ils ne sont non nuls que pour les 2 câbles!avec bras de levier, donc aux extrémités de la → − li− poutre. Les vecteurs sont des vecteurs de IR3 . Le polyèdre POLPl a → − → − − ri × li → → 3 sommets dans le plan (− x ,− y ), un sommet « devant » et un sommet « derrière ». → → Bien sur, OIR3 est dans le plan (− x ,− y ). Sur le dessin on constate que OIR3 est dans EN V CON V (POLPl ) qui est ici confondue avec POLPl . Et donc la pose X pour laquelle le schéma a été fait est dans l’espace de travail théorique WT h . 4.5. DÉTERMINATION GÉOMÉTRIQUE 57 F IG . 4.2 – Dessin de l’enveloppe convexe EN V CON V (POLPl ) pour un manipulateur plan à 3ddl Pour connaître l’espace de travail théorique WT h , il faut faire ce schéma pour chaque pose X, mais c’est fastidieux. L’exemple suivant (figure 4.3), montre qu’avec un seul schéma on peut déterminer l’espace de travail théorique global en force WTFh pour une orientation de la poutre donnée. F IG . 4.3 – Détermination de l’espace de travail théorique global en force pour un manipulateur plan à 3 ddl, pour une orientation donnée CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL 58 C’est le même manipulateur que pour la figure 4.2. Mais cette fois ci, nous ! → − − → − li ne traçons pas les vecteurs , mais seulement les vecteurs li− . Nous ne → − → − ri × li− nous intéressons qu’à la matrice PlF et donc à l’espace de travail théorique global en force WTFh . Comme pour la figure 4.1, la poutre est tracée dans 2 configurations différentes pour montrer que l’hyperpolyèdre POLPlF est invariant avec la position de la poutre (mais pas avec son orientation). EN V CON V (POLPlF ) (qui est ici confondue avec POLPlF ) est l’espace de travail global en force pour F,X0 l’orientation X0ang avec laquelle le schéma a été fait, noté WT h ang (pour faire apparaître que ce n’est pas l’espace de travail théorique global en force dans son ensemble, mais juste la « tranche » Xang = X0ang ). La figure 4.4 montre le même manipulateur pour une autre orientation Xang = X1ang . Nous pouvons constater que EN V CON V (POLPlF ) est différent, et nous donne la tranche de l’espace de travail théorique global en force pour cette F,X1 ang nouvelle orientation WT h . F IG . 4.4 – Détermination de l’espace de travail théorique global en force pour une autre orientation du même manipulateur Il convient d’être prudent, WTFh n’est pas inclus dans WT h , il l’englobe. C’est un résultat intéressant, mais il n’est que partiel. Ainsi, dans la figure 4.5, le point S est à l’intérieur de EN V CON V (POLPlF ), donc cette pose fait partie de WTFh . −−−−→ Cependant, on peut constater que le moment produit par les câbles, Mc→OT , calculé en S, ne peut être que négatif. Cette pose X, bien que faisant partie de WTFh , ne fait pas partie de WT h . 4.6. CONCLUSION 59 F IG . 4.5 – Position de l’organe terminal dans l’espace de travail théorique global en force, mais hors de l’espace de travail théorique 4.6 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons défini précisément l’espace de travail théorique WT h et l’espace de travail pratique WP r . Ce dernier n’étant pas utilisable dans une phase de conception d’architectures de manipulateurs, nous nous sommes intéressé dans la suite du chapitre à WT h et à une méthode géométrique rapide permettant de le déterminer. Cette méthode est basée sur la caractérisation mathématique de l’espace de travail théorique à partir des propriétés de la matrice P. Elle s’exécute avec des schémas. Dans le cas ou l’organe terminal est ponctuel, elle donne de façon exacte WT h avec un seul schéma simple. Si l’organe terminal n’est pas ponctuel, la détermination de WT h nécessite des schémas plus complexes et, si n > 3, il n’est plus possible de faire les schémas. Dans ce cas, nous nous contentons de déterminer graphiquement un espace de travail théorique moins contraignant : l’espace de travail théorique global en force WTFh . La détermination pouvant se faire par tranches à Xang = Cste. Cette méthode de détermination graphique et rapide de l’espace de travail théorique est développée dans un but de pré-conception de manipulateurs à câbles. Elle fournit des informations qualitatives qui aident le concepteur à choisir rapidement et sans calculs entre différents concepts concurrents. 60 CHAPITRE 4. ESPACES DE TRAVAIL Des recherchent sont actuellement en cours sur la détermination analytique de l’espace de travail théorique, et des résultats déjà publiés pour les robots à 3 ddl et 4 câbles dans le plan [Gouttefarde et Gosselin, 2004]. Chapitre 5 Conduite coordonnée des tensions Nous avons vu dans le chapitre précédent que, du fait de la redondance des câbles, pour un effort donné à produire, il y a, si la partie mobile est dans l’espace de travail, une infinité de vecteurs tension solutions. Nous avons également énoncé que la taille de l’espace de travail pratique dépend de la gestion de la redondance. Dans ce chapitre, nous allons donner le principe d’une commande mixte en force/position, expliquer et proposer deux algorithmes de conduite coordonnée des tensions. 5.1 5.1.1 Nécessité d’un algorithme Particularités de la commande des manipulateurs parallèles à câbles Il est impossible de commander en position un manipulateur parallèle à m câbles en pilotant la longueur des m câbles. En effet, du fait des erreurs du modèle géométrique l = H(X), certains câbles risquent de se trouver détendus, ce qui entraîne chocs et vibrations. Il est donc nécessaire de passer par une commande des câbles en tensions. Une première façon de procéder est de commander pour chaque moteur une tension (donc un couple) proportionnelle à l’erreur de longueur (entre la valeur désirée et la valeur mesurée) plus un terme dérivé et un terme arbitraire constant (permettant d’assurer une force interne dans le système) [Kawamura et al., 1995a]. Une autre solution est de calculer l’erreur dans l’espace des coordonnées généralisées, la multiplier par un facteur proportionnel, y ajouter un facteur dérivé, toujours l’espace des coordonnées généralisées, puis passer aux tensions dans les câbles par l’inverse de Moore Penrose [Kino et al., 1999]. Une solution beaucoup plus simple peut également être envisagée pour les déplacements de plate-formes mobiles très légères et ne subissant aucun effort. On peut commander la longueur de n câbles, et commander les n − m câbles restant à tension constante, ces derniers étant chargés de maintenir une précontrainte dans le système et donc une tension positive dans tous les câbles. 61 CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS 62 Cette solution a notamment été utilisée par le Laboratoire de Robotique de l’Université de Laval1 à Québec. Une solution plus complexe, mais plus riche en possibilités, consiste à commander la position par l’intermédiaire d’une commande en force. L’erreur de consigne en position est transformée en consigne en effort par l’intermédiaire du « contrôleur en position ». On utilise le fait qu’appliquer un torseur d’effort à la plate-forme mobile revient à lui imposer une variation de son torseur dynamique, donc de sa position (par double intégration). La consigne en effort ainsi obtenue est transformée en consigne en tensions dans les câbles par l’algorithme de conduite coordonnée de la tension dans les câbles, noté Φ. Les moteurs ont chacun leur module de commande en couple, chargé de fournir la tension désirée dans le câble. La figure 5.1 représente le schéma bloc de principe d’une telle commande en position. F IG . 5.1 – Principe de commande en position passant par la commande de la tension des câbles Le principal avantage de ce type de commande est de pouvoir mixer commande en force / commande en position. C’était une exigence du cahier des charges de SACSO, c’est donc la solution qui a été retenue. 5.1.2 Principe de commande mixte effort/position des manipulateurs à câbles Ce type de commande permet soit : – de commander complètement en force, – de commander complètement en position, – de commander en force sur une partie des ddl, et en position sur les autres. Cela permet par exemple d’imposer à la plate-forme mobile de rester dans un → → plan (O, − x ,− y ) (là c’est une consigne de position : z = 0, Rx = Ry = 0), et d’avoir un mouvement libre dans ce plan, conséquence des efforts extérieurs appliqués à la plate-forme (et là c’est une commande en force : Fx = Fy = Mz = 0). Bien sûr, il est impossible d’imposer un effort et un déplacement sur un même axe. Cela impose donc de projeter les consignes en forces et positions dans 2 sous-espaces complémentaires de l’espace à n ddl des déplacements/rotations. 1 http ://wwwrobot.gmc.ulaval.ca/home_fran.html 5.2. ALGORITHMES DE LA LITTÉRATURE 63 C’est le rôle du projecteur Π sur la figure 5.2 représentant le principe d’une telle commande. F IG . 5.2 – Principe de commande hybride force/position d’un manipulateur à câbles Que l’on choisisse une commande en force ou en position, il nous faut déterminer un algorithme de conduite coordonnées des tensions. 5.2 Algorithmes de la littérature Il y a une infinité de vecteurs tension T solution de l’équation F = −PT. Elles se décomposent en deux termes sous la forme : T = −P+ .F + (Im×m − P+ .P)Tqcq (5.1) avec Tqcq un vecteur quelconque de IRm . L’ensemble formé par ces solutions est un sous espace vectoriel de IRm de dimension m − n, nous le nommerons Tsol . Le but d’un algorithme de gestion coordonnée des tensions est de choisir un vecteur T dans Tsol respectant des contraintes de tensions minimales et maximales. Les contraintes sur les tensions sont linéaires, l’équation F = −PT est linéaire, nous avons donc à faire à un problème linéaire. L’existence d’une infinité de solution a priori impose le choix d’un critère de sélection de la solution pour la résolution du problème. Si le critère est linéaire (comme par exemple minimiser la plus grande composante de T), le système se résout par de la programmation linéaire. C’est le cas du premier algorithme de gestion coordonnée des tensions proposé, par Ming et Higuchi [Ming et Higuchi, 1994a]. Les problèmes de tensions maximales et les possibilités conférées par le noyau de P surtout si celui-ci est de dimension supérieure à 1 n’étaient pas abordés. Si le critère est quadratique (comme par exemple minimiser ||T||), le système se résout par la programmation quadratique. C’est le cas de l’algorithme proposé par R. Verhoeven et M. Hiller dans [Verhoeven et Hiller, 2002] ainsi que dans la thèse de R. Verhoeven [Verhoeven, 2003]. CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS 64 Les bornes sur les tensions font que l’ensemble des vecteurs tensions acceptables est un hyper-parallélépipède [Tmin , Tmax ]m (dans cet article de R. Verhoeven et M. Hiller les tensions minimales et maximales sont les mêmes pour tous les câbles). L’algorithme recherche le vecteur de norme minimale qui soit solution et dans [Tmin , Tmax ]m . Il se trouve sur l’intersection entre une face de [Tmin , Tmax ]m et le sous espace vectoriel Tsol . Dans le cas ou le noyau est de dimension 1, Tsol est une droite et cette intersection est un point. Si le noyau est de dimension 2, Tsol est un hyperplan, cette intersection devient un segment et il faut déterminer le point minimisant la norme de T sur ce segment. La suite est exposée dans l’article de R. Verhoeven et M. Hiller2 . Pour la recherche de la solution, la programmation quadratique est préférable (au niveau de la commande) à la programmation linéaire car la solution est continue. Cependant, nous estimons qu’il est néfaste pour le comportement de l’ensemble de rechercher à minimiser la norme du vecteur T. Nous proposons un algorithme basé sur un autre critère quadratique. 5.3 5.3.1 Proposition d’algorithmes Principes directeurs Pour des raisons technologiques diverses, nous estimons que le vecteur T ∈ Tsol à rechercher est le vecteur T solution le plus proche d’un vecteur Topt défini à partir des caractéristiques des moteurs, enrouleurs et câbles. Notre algorithme de gestion coordonnée de la tension dans les câbles recherche à minimiser ||Topt − T|| sous la contrainte : F = −P · T (5.2) contrainte équivalente à T ∈ Tsol . La résolution se fait par l’utilisation du lagrangien : 1 L = (T − Topt )T (T − Topt ) + λT (F + P · T) 2 La condition de stationnarité s’écrit : ∂L ∂T (5.3) = 0. Soit, après dérivation : T − Topt + PT λ = 0 T = Topt − PT λ (5.4) (5.5) (5.5) reporté dans la contrainte (5.2), cela donne : F = −P(Topt − PT λ) soit : λ = (PPT )−1 (F + PTopt ) 2 dans le court résumé de leur algorithme, j’ai employé mes notations pour ne pas perdre le lecteur, les notations employées par MM. Verhoeven et Hiller sont différentes. 5.3. PROPOSITION D’ALGORITHMES 65 Reporté dans (5.5) cela donne pour T : T = Topt − PT (PPT )−1 F − PT (PPT )−1 P · Topt En reconnaissant P+ = PT (PPT )−1 l’inverse de Moore Penrose de P, nous retrouvons l’équation (5.1) définie précédemment mais avec un Topt judicieusement choisi en lieu et place du vecteur Tqcq quelconque de IRm . Tsol = −P+ .F + (Im×m − P+ .P)Topt (5.6) Géométriquement, pour obtenir cette solution, il suffit d’ajouter à la solution de norme minimale Tef f = −P+ .F le Tnul égal au projeté de Topt sur le noyau : Tnul = (In×n − P+ .P)Topt . Ce résultat est illustré par la figure 5.3 pour n = 2 et m = 3, seul cas significatif possible à dessiner3 . F IG . 5.3 – Détermination de Tsol pour n = 2 et m = 3 Il se peut cependant que la solution Tsol donnée par la relation (5.6) ne satisfasse pas aux contraintes de tension minimales et maximales. Auquel cas plusieurs solutions s’offrent à nous : une première solution fort simple que nous nommerons « solution sous optimale », et d’autres solutions plus complexes. 5.3.2 Un algorithme sous optimal Cet algorithme consiste à prendre Tsol tel qu’il est calculé par l’équation (5.6) et restreindre l’espace de travail pratique aux cas où Tsol ∈ [Tmin , Tmax ]. Si m > 3, nous ne pouvons pas représenter IRm ; pour m = 3 une redondance > 1 signifierait un nombre de ddl n = 1, et donc sur 3 câbles, deux parallèles tirant dans le même sens. . . 3 66 CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS Tmin et Tmax sont des vecteurs de IRm , [Tmin , Tmax ] un hyper-parallélépipède de IRm . Les tensions maximales et minimales ne sont pas identiques sur tous les câbles, chaque câble à ses tensions minimales et maximales. C’est une solution sous-optimale dans la mesure où sont exclus de l’espace de travail un certain nombre de points qui s’y trouveraient si un algorithme plus fin était employé. L’avantage principal de ce type de solution sous-optimale réside dans la simplicité de l’algorithme qui donne avec très peu de temps calcul une solution continue. 5.3.3 Un algorithme par saturation des contraintes Cet algorithme consiste à vérifier si la solution Tsol du problème sans contrainte sur les tensions donnée par la relation (5.6) satisfait la condition Tsol ∈ [Tmin , Tmax ]. Si oui, c’est la solution (cf. figure 5.4 pour n = 2 et m = 3). F IG . 5.4 – Tsol est dans l’hyper-parallélépipède [Tmin , Tmax ] Si non, nous allons saturer les contraintes de tension violées suivant une certaine stratégie et rechercher la solution. Si une seule contrainte est violée Commençons par le cas où une seule contrainte de tension est violée, par exemple Tk > Tk, max . Nous reprenons le problème exposé précédemment : minimiser ||Topt − T|| sous la contrainte (5.2) : F = −P · T avec la contrainte supplémentaire sur les tensions Tk − Tk, max = 0 (saturation de la contrainte sur les tensions violée). Le lagrangien s’écrit alors : 1 L = (T − Topt )T (T − Topt ) + λT (F + P · T) + µk (Tk − Tk, max ) 2 5.3. PROPOSITION D’ALGORITHMES 67 En posant eT k = (0 · · · 0 1 0 · · · 0), le 1 étant en k-ième position, le Langrangien s’écrit alors : 1 L = (T − Topt )T (T − Topt ) + λT (F + P · T) + µk eT k (T − Tmax ) 2 La condition de stationnarité ∂L ∂T = 0 s’écrit : T − Topt + PT λ + µk ek = 0 (5.7) Pour déterminer T, il faut résoudre l’équation (5.7), cela peut se faire directement, en passant par les contraintes qui permettent de déterminer λ et µk . Il est aussi envisageable d’utiliser la solution du problème sans contrainte sur les tensions. Celle-ci est toujours calculée, ne serait-ce que pour vérifier quelle contrainte sur les tensions est violée et doit donc être saturée, et son utilisation pour la résolution du problème avec la contrainte saturée permet diverses interprétations géométriques. C’est la façon qui est choisie et développée ci-dessous. Soit Tsol la solution du problème sans contrainte sur les tensions, donnée par la relation 5.6, et λsol le paramètre de Lagrange associé (cf lagrangien équation (5.3)). Ils satisfont les équations 5.2 et 5.4. Soit : F = −P · Tsol Tsol − Topt + PT λsol = 0 et la violation de la contrainte en tension maximale sur le câble k, soit : eT k Tsol > Tk, max ou : Tk, sol > Tk, max En introduisant Tsol et λsol dans (5.7) et (5.2), on obtient : P(T − Tsol ) = 0 T − Tsol + P (λ − λsol ) + µk ek = 0 T (5.8) (5.9) Et l’introduction de Tsol dans la contrainte de saturation Tk = Tk, max donne : Tk − Tk, sol = Tk, max − Tk, sol ou : eT k (T − Tsol ) = Tk, max − Tk, sol Multiplions (5.9) par P : P(T − Tsol ) + PPT (λ − λsol ) + µk Pek = 0 En notant Pk la k-ième colonne de P et avec l’équation (5.8), on obtient : PPT (λ − λsol ) + µk Pk = 0 CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS 68 Ce qui donne : λ = λsol − µk (PPT )−1 Pk Multiplions maintenant (5.9) par eT k (5.10) : T T T eT k (T − Tsol ) + ek P (λ − λsol ) + µk ek ek = 0 Soit : (Tk, max − Tk, sol ) + PT k (λ − λsol ) + µk = 0 (5.11) En reportant λ obtenue par la relation (5.10) dans (5.11), on obtient : T −1 (Tk, max − Tk, sol ) − µk (PT k (PP ) Pk − 1) = 0 Soit : µk = δk (Tk, max − Tk, sol ) avec : δk = 1 T −1 PT k (PP ) Pk −1 En remplaçant µk par sa valeur dans (5.10), on obtient : λ = λsol − δk (Tk, max − Tk, sol )(PPT )−1 Pk Et en remplaçant µk et λ dans (5.9) on obtient : T = Tsol + δk (Tk, max − Tk, sol )PT (PPT )−1 Pk − δk (Tk, max − Tk, sol )ek En factorisant et avec P+ = PT (PPT )−1 , on obtient : T = Tsol + (Tk, sol − Tk, max )δk (ek − P+ Pk ) (5.12) que l’on appelle Tsat sol Vérifions que −P · Tsat sol = F : −P · Tsat sol = = = = −P(Tsol + (Tk, sol − Tk, max )δk (ek − P+ Pk )) −PTsol − (Tk, sol − Tk, max )δk P(ek − P+ Pk ) F − (Tk, sol − Tk, max )δk (Pk − PP+ Pk ) F Vérifions également que Tk sat sol = Tk, max : sat T Tk sat sol = ek Tk sol + = eT k (Tsol + (Tk, sol − Tk, max )δk (ek − P Pk )) + = Tk, sol + (Tk, sol − Tk, max )δk eT k (ek − P Pk )) On remplace P+ et δk et on obtient : Tk sat sol = Tk, sol + (Tk, sol − Tk, max ) T −1 1 − PT k (PP ) Pk T −1 PT k (PP ) Pk − 1 Tk sat sol = Tk, sol − (Tk, sol − Tk, max ) = Tk, max Cette solution est égale à Tsol plus la projection sur le noyau, dans la direction saturée, du dépassement de tension. La figure 5.5. donne une représentation graphique de la solution avec une contrainte saturée pour n = 2 ddl et m = 3 câbles. 5.3. PROPOSITION D’ALGORITHMES 69 F IG . 5.5 – Tsat sol solution de T minimisant ||Topt − T||, avec T2 saturée à T2max Plusieurs contraintes de tension violées simultanément Pour un manipulateur à n ddl et m > n câbles, il n’est possible de saturer que m − n tensions. Dans le cas où plusieurs contraintes de tensions sont violées simultanément, il n’est pas intéressant de faire le calcul du vecteur tension T en saturant simultanément toutes les contraintes tensions violées. Il est plus judicieux de commencer par saturer les tensions une par une (par exemple dans l’ordre décroissant de leur écart avec la limite), et de calculer la sat solution Tsat sol . Dès qu’un vecteur Tsol calculé est dans le domaine admissible (en fait sur une hyper-face), il est optimal, la recherche s’arrête. Si aucun Tsat sol calculé n’est dans le domaine admissible, il faut saturer deux tensions. On classe tout les couples possibles (dans l’ordre de la somme des écarts à la limite par exemple), et pour chaque couple on calcule la solution Tsat sol , le sat sat calcul de Tsol étant développé ci après. Dès qu’un vecteur Tsol calculé est dans le domaine admissible (en fait sur une hyper-face), il est optimal, la recherche s’arrête. Si aucun Tsat sol calculé n’est dans le domaine admissible, il faut saturer trois tensions, on classe les triplets possibles et ainsi de suite. . . Calcul de Tsat sol pour plusieurs contraintes saturées simultanément Notons Tlim le vecteur des tensions limites franchies par le vecteur Tsol calculé sur le problème sans contraintes en tension. Ce vecteur est de dimension q ≤ m − n, et contient des Tmin et des Tmax (par exemple Tlim = (T3, max , T6, min )T , si la tension dans le 3-ième câble est supérieure à la tension T max admissible pour ce câble et que la tension dans le 6-ième câble est inférieure à la tension T min admissible pour ce câble). CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS 70 Le lagrangien s’écrit : 1 L = (T − Topt )T (T − Topt ) + λT (F + P · T) + µT (ET T − Tlim ) 2 (5.13) avec E = (ek1 · · · ekq ) correspondant aux q ≤ m − n tensions à saturer sur leur limite violée. ∂L La condition de stationnarité ∂T = 0 s’écrit : T − Topt + PT λ + E · µ = 0 Nous appliquons la même méthode de résolution que pour une seule contrainte de tension violée, en introduisant la solution du problème sans contrainte de tension. D’où : T − Tsol + PT (λ − λsol ) + E · µ = 0 (5.14) Multiplions la relation (5.14) par P : PPT (λ − λsol ) + P · E · µ = 0 (5.15) Notons Psat = (Pk1 · · · Pkq ) = P · E. La relation (5.15) devient : PPT (λ − λsol ) + Psat · µ = 0 (5.16) Multiplions la relation (5.14) par ET : ET (T − Tsol ) + PT sat (λ − λsol ) + µ = 0 (5.17) Notons ∆sat = ET (T − Tsol ). Comme T vérifie ET T = Tsat , nous avons ∆sat = (Tsat − ET Tsol ), le vecteur des écarts entre les composantes de Tsol violant les limites en tension et ces limites. La relation (5.17) devient : ∆sat + PT sat (λ − λsol ) + µ = 0 (5.18) (λ − λsol ) = −(PPT )−1 Psat · µ (5.19) De (5.16) on obtient : qui, injecté dans (5.18) donne : µ = (P+ Psat − Iq×q )−1 ∆sat (5.20) Enfin, (5.19), (5.20) et (5.14) donnent : T = Tsol + (P+ Psat − E) · (P+ Psat − Iq×q )−1 ∆sat (5.21) Le T donné par l’équation (5.21) est la solution saturée Tsat sol de l’équation F = −PT minimisant ||Topt − T||. Comme plusieurs contraintes sont saturées simultanément, elle se trouve sur une « arrête » de l’hyper-parallélépipède4 [Tmin , Tmax ]. 4 plus exactement à l’intersection de plusieurs hyperplans faces de l’hyper-parallélépipède 5.4. CONCLUSION 5.4 71 Conclusion Dans ce chapitre nous avons abordé les problèmes de gestion coordonnée des tensions posés par la redondance cinématique des manipulateurs parallèles à câbles. Après avoir expliqué la nécessité d’une telle gestion des tensions et donné un aperçu des algorithmes de la littérature, nous avons proposé notre algorithme de gestion coordonnée des tensions. La particularité première de notre algorithme est de chercher à minimiser ||Topt − T||, Topt étant la tension que nous avons jugé optimale pour le comportement du système. Un des avantages de cet algorithme est la continuité5 de la solution. 5 de la tension dans les câbles en fonction du temps 72 CHAPITRE 5. CONDUITE COORDONNÉE DES TENSIONS Chapitre 6 Conception : règles et exemples Ce chapitre présente quelques règles simples de conception des manipulateurs parallèles à câbles. Deux architectures extrêmes de manipulateur à 6 ddl sont ensuite présentées : l’architecture minimale et l’architecture au plus grand nombre de câbles (cette dernière architecture a fait l’objet d’une publication [Lafourcade et Verhoeven, 2003]). 6.1 Règles de conception de l’architecture géométrique des manipulateurs parallèles à câbles L’étude théorique des manipulateurs parallèles à câbles et la conception d’un prototype pour le projet SACSO nous a permis de synthétiser quelques règles simples de conception de ce type de manipulateurs. Ainsi, nous conseillons de : – découpler autant que faire se peut les ddl ; – « réunir » les câbles aux points d’attaches ou aux renvois ; – minimiser le nombre de points d’attache sur l’organe terminal. Découpler les ddl rend possible l’utilisation de câbles et moteurs différents (et non tous identiques) tout en favorisant la compréhension des leurs actions. La réunion des câbles aux points d’attache (un même guide annulaire sur le bâti pour 2 câbles par exemple) permet d’éviter qu’ils ne se croisent sur leur longueur libre et augmente ainsi l’espace de travail pratique. Minimiser le nombre de points d’attache sur l’organe terminal limite le nombre de câbles pouvant se trouver alignés et donc inopérants (cf.chapitre 7 figure 7.2). Appliquons ces quelques règles pour la conception de deux architectures particulières : l’architecture minimale et l’architecture maximale. 73 CHAPITRE 6. CONCEPTION : RÈGLES ET EXEMPLES 74 6.2 6.2.1 L’architecture minimale L’architecture Il est établi que – 6 ddl imposent au minimum 7 câbles ; – 3 points sont nécessaires pour positionner un solide dans l’espace. Par le théorème de l’action/réaction, ce qui est valable pour la partie mobile l’est aussi pour la partie fixe. Les deux sont interchangeables, c’est juste une question de point de vue. D’où il suffit de 3 points sur partie mobile et de 3 points sur partie fixe. IL reste à relier 2 fois 3 points avec 7 câbles, pour obtenir l’architecture minimale. Il faut au minimum 2 câbles par point d’attache. Si il y a un point d’attache avec un seul câble – comme LP1 sur la solution 1-3-3 figure 6.1(a) – alors il subsiste → des moments non réalisables – ici les moments négatifs autour de − y . Si il y a au minimum 2 câbles par point d’attache – comme sur la solution 3-2-2 figure 6.1(a) où tous les moments sont réalisables – alors la figure 6.1(b) nous montre la seule façon de 2 ensembles de 3 points par 7 câbles. x LP1 LP2 LP1 LP2 O z LP3 LP3 y 3−2−2 1−3−3 (b) 7 câbles reliant 2 fois 3 points (a) comment accrocher 7 câbles en 3 points F IG . 6.1 – 7 câbles, 2 solides, 3 points par solides Ce qui nous permet de conclure que, pour l’architecture minimale, il faut 3 points d’attaches sur la plate-forme mobile et 3 renvois sur le bâti. La façon dont les points d’attache de la plate-forme mobile sont relié aux renvois sur le bâti par les câbles est donnée par la figure 6.1(b). Il faut maintenant organiser les points sur la plate-forme mobile et les renvois sur le bâti ; puis choisir une position de référence. 3 points sont toujours coplanaires ; par contre il ne serait vraiment pas judicieux de les aligner. La solution la plus mécanique est 2 triangles équilateraux – un pour le bâti et un pour la partie mobile – dans 2 plans, orthogonaux lorsque le manipulateur est en position de référence. Ce qui donne la figure 6.2. 6.2. L’ARCHITECTURE MINIMALE 75 F IG . 6.2 – L’architecture minimale pour 6 ddl Comme les points n’ont pas tous les mêmes « poids »1 , la solution triangle isocèle est à étudier. Une phase d’optimisation est à envisager. 6.2.2 Prévision du volume de travail de l’architecture minimale à l’aide de la méthode graphique Pour avoir rapidement une idée précise des possibilités d’évolution d’un tel manipulateur, nous utilisons la méthode établie au chapitre 4. Ce manipulateur est à 6 ddl ; pour une première approche nous nous intéresserons uniquement à l’espace de travail en translation pour une orientation « nulle », c’est-à-dire les deux triangles orthogonaux. → − Le point origine choisi pour tracer les vecteurs câbles li− est le point d’où partent 3 câbles. Il est noté S. D’après les théorèmes énoncés chapitre 4, le → − polyhèdre POLPlF formé par les points extrémités des vecteurs li− tracés à partir de S (représenté figure 6.3) est l’espace de travail global en force à orientation F,Xnull nulle WT h ang . C’est également le volume atteignable par S, la plate-forme mobile étant orthogonale au triangle du bâti. Nous pouvons ainsi constater que malgré le fait que le bâti et la plate-forme mobile soient plans, l’espace de travail en déplacement n’est pas plan. Il a comme « profondeur » la largeur de la plate-forme mobile. Si l’on incline la plate-forme mobile, on diminue le projeté orthogonal de sa largeur sur la normale au plan du bâti. Il s’en déduit facilement, sans faire les autres schémas, que cela diminue d’autant la « profondeur » de l’espace de travail en déplacement. 1 1 point a 3 câbles, alors que les autres en ont 2, il est donc logiquement plus « important » CHAPITRE 6. CONCEPTION : RÈGLES ET EXEMPLES 76 F IG . 6.3 – Espace de travail en translation pour une orientation « nulle » du manipulateur à architecture minimale 6.3 Manipulateur à douze câbles Si ajouter des câbles augmente le nombre de sommets de POLM , et donc son volume, et par conséquence WT h 2 , il n’augmente pas forcément le volume de travail utilisable. En effet, le risque de collisions entre câbles augmente avec leur nombre. Une trop forte redondance n’augmente donc pas forcément le volume de travail, surtout si le manipulateur est mal conçu. La question – qui me fut posé par R. Verhoeven lors de mon séminaire dans son université à Duisburg – est donc : « à partir de combien de câbles en ajouter un n’apporte rien ? ». Augmenter le nombre de câbles sert surtout à augmenter les capacités angulaires sans pénaliser les capacités en translation (pour augmenter les capacités en translation, la réponse classique est d’augmenter la taille du bâti en éloignant les poulies, ce qui a pour effet immédiat de diminuer les capacités en rotation). Souvent, sur un manipulateur à 6 ddl, un axe est privilégié en rotation, les autres ayant un débattement angulaire très limité. Comment et avec combien de câbles pouvons nous avoir de forts débattements angulaires sur les trois axes ? Un câble ne pouvant que tirer, pour contrôler complètement un degré de liberté, il faut au minimum deux câbles. Si l’on veut découpler au maximum les degrés de liberté, il nous faut alors deux câbles par ddl, soit douze pour un manipulateur à six degrés de liberté. Par contre, l’usage de plus de deux câbles par ddl me semble inutile voir contre productif puisque seulement deux câbles suffisent pour contrôler complètement un degré de liberté. 6.3.1 Principe Après avoir décidé d’utiliser deux câbles par ddl, reste à les agencer, en faisant attention aux croisements, et en gardant à l’esprit que ce sont les débattements angulaires que nous avons décidé de privilégier. 2 voir chapitre 4 6.3. MANIPULATEUR À DOUZE CÂBLES 77 Comme ce sont les débattements angulaires qui sont privilégiés, la réflexion est menée autour de ceux ci. Chaque axe de rotation définit un plan (orthogonal à cette axe) incluant quatre câbles. Pour diminuer les risques de croisements intempestifs des câbles, il suffit de les réunir aux points d’attaches sur la plate-forme mobile et/ou dans les poulies. Ce qui conduit à l’architecture « diamant », très performante au niveau du débattement angulaire, visible sur la figure 6.4. F IG . 6.4 – Solution diamant. Cette architecture élimine tout risque de collisions entre les quatre câbles. Chaque sous ensemble « diamant » assure une rotation et une translation. Pour avoir les six ddl, il faut et il suffit d’en assembler trois orthogonalement, comme sur la figure 6.5. Cela donne une croix à 6 branches de longueurs égales et orthogonales entre elles pour la plate-forme mobile, et un octaèdre régulier pour le bâti. F IG . 6.5 – Assemblage orthogonal de 3 sous ensembles « diamants ». De ces réflexions j’ai aboutit à un croquis de manipulateur à 12 câbles. D’après ce croquis R. Verhoeven a construit une maquette en mécano du manipulateur à 12 câbles visible sur la figure 6.6(a). Je l’ai ensuite modélisée sous OpenGL (figure 6.6(b)) pour poursuivre l’étude avec la méthode graphique. 78 CHAPITRE 6. CONCEPTION : RÈGLES ET EXEMPLES Z croix - organe terminal Y bâti X câbles (a) maquette en mécano (b) modélisation OpenGL F IG . 6.6 – Le manipulateur à 12 câbles 6.3.2 Prévision du volume de travail du manipulateur à douze câble à l’aide de la méthode graphique C’est un manipulateur à 6 ddl, nous avons vu au chapitre 4 qu’il était possible, à l’aide d’un schéma de déterminer l’espace de travail théorique global en force, F,X pour une orientation donnée WT h ang . Cela est développé ci après dans le cas où l’organe terminal est à orientation nulle. F,X La figure 6.7 montre en 4 étapes l’obtention de ce WT h ang . Le point de départ est une vue du manipulateur, organe terminal au centre du bâti et à orientation nulle – quart supérieur gauche de la figure. Il faut dans un premier temps → − dessiner les vecteurs câbles li− à partir du centre de l’organe terminal – quart supérieur droit de la figure –, puis relier les points extrémités de ces vecteurs de façon à obtenir un polyèdre convexe – quart inférieur gauche de la figure. Le polyèdre POLPlF ainsi formé est l’espace de travail global en force à orientation F,Xnull ang nulle de l’organe terminal WT h – quart inférieur droit de la figure. Les renvois étant positionnés sur un octaèdre sur le bâti, la forme de cet espace de travail est très proche de l’octaèdre ; les 6 arrêtes supplémentaires, situées à la place des 6 sommets de l’octaèdre formé par les renvois sont dues aux 3 poutres de l’organe terminal. Orienter l’organe terminal ne fait que déformer légèrement ce volume, au niveau de l’orientation des 6 arrêtes supplémentaires par rapport à l’octaèdre de base. Les limites dues aux croisements de câbles sont atteintes avant les limites « théoriques ». 6.3. MANIPULATEUR À DOUZE CÂBLES 79 F IG . 6.7 – Prévision de l’espace de travail théorique global en force, à orientation nulle 6.3.3 Limitations pratiques dues aux croisements entre câbles Le choix du sous ensemble diamant permet d’éliminer les croisements des quatre câbles coplanaires de ce sous ensemble. Et même si le fait d’assembler ces sous ensembles orthogonalement limite les collisions de câbles, elles n’en restent pas moins présentes, et ce sont elles qui fixent les bornes du volume de travail utile. En l’absence d’un algorithme de calcul à priori des collisions de câbles, les maquettes réelle (figure 6.6(a)) et virtuelle (figure 6.6(b)) permettent de déterminer les bornes de l’espace de travail utile dues aux croisements de câbles. → − − → → − → − Les 3 axes X , Y et Z , étant identiques, nous limiterons l’étude à l’axe Z . On peut ainsi constater sur la figure 6.8 que le croisement des câbles n’est → − pas très limitant en translation sur Z . La 6.9 montre que l’on peut espérer → − – organe terminal au centre du bâti – une rotation autour de Z d’au moins 80 CHAPITRE 6. CONCEPTION : RÈGLES ET EXEMPLES F IG . 6.8 – Limitation en translation sur Z due au croisement des câbles 45˚avant collision des câbles, ce qui est une bonne aptitude en rotation pour un manipulateur parallèle à câbles. F IG . 6.9 – Limitation en rotation autour de Z due au croisement des câbles 6.4. CONCLUSION 6.4 81 Conclusion Dans ce chapitre, qui fait la transition entre l’étude théorique des chapitres 3, 4 et 5 et l’application à la conception d’une suspension active pour soufflerie abordée dans les chapitres 7 et 8, nous avons synthétisé les règles essentielles de conception des manipulateurs parallèles à câbles et proposé deux architectures particulières : – L’architecture minimale. Elle ne semble pas avoir d’intérêt pratique, c’est un cas d’école. – L’architecture à 12 câbles. Elle présente des capacités en rotations fort intéressantes. Cependant le bâti et les câbles encombrent l’espace de travail de ce manipulateur. On peut la réserver aux applications où un accès à l’organe terminal n’est pas nécessaire pendant le fonctionnement, comme par exemple pour un appareil de test à la résistance aux fortes accélérations. 82 CHAPITRE 6. CONCEPTION : RÈGLES ET EXEMPLES Chapitre 7 Premiers concepts - SACSO-7 SACSO-7 fut la première architecture à câbles conçue dans le cadre du PRF SACSO. Plus qu’une application pratique des travaux théoriques, elle fut le support des réflexions sur les manipulateurs à câbles, le support des avancées des connaissances théoriques et pratiques. Ce chapitre présente la genèse de cette architecture. Cette genèse fut précédemment abordée dans [Lafourcade et al., 2002]. 7.1 7.1.1 Conception d’une architecture à 7 câbles Idées directrices En plus des règles de conception définies au chapitre 6, nous avons suivi quelques idées directrices dictées par notre expérience mécanique et le domaine d’emploi du futur manipulateur. Nous avons notamment essayé de : – concevoir une architecture simple, – avoir le même plan de symétrie pour la plate-forme mobile et la maquette d’avion1 , – avoir les mêmes plans de symétrie pour la veine de la soufflerie et le bâti du manipulateur, – limiter au maximum les interactions câbles / maquette. Le choix de 7 câbles pour 6 ddl découle du souci d’une architecture simple. Reste à placer les points d’ancrage sur la plate-forme mobile (que nous appellerons également « T » en raison de sa forme) et les poulies sur le bâti. 7.1.2 Plate-forme mobile Le choix d’une architecture simple impose de minimiser le nombre de points d’ancrage des câbles sur la plate-forme mobile. Dans le chapitre 6, nous avons montré qu’il faut 3 points d’ancrage minimum, et qu’il n’y a qu’une possibilité pour accrocher les 7 câbles sur ces 3 points, représentée figure 7.1. 1 En partant du principe que tous les aéronefs ont un plan de symétrie longitudinal vertical 83 CHAPITRE 7. PREMIERS CONCEPTS - SACSO-7 84 F IG . 7.1 – La seule solution, pour 6 ddl et 7 câbles en 3 points d’accroche Pour l’application SACSO, une maquette d’avion2 est accrochée à la plateforme mobile par l’intermédiaire d’une balance à 6 composantes servant à mesurer les efforts transmis par le manipulateur à la maquette. Pour respecter le plan de symétrie longitudinal de la maquette d’avion, le point LP1 est dans ce plan, et les points LP2 et LP3 sont symétriques par rapport à ce plan. Pour diminuer les interférences entre les câbles et la maquette, les 4 câbles sur les points LP2 et LP3 seront à l’arrière de la maquette (appelés « câbles arrières »), les 3 câbles sur LP1 partant vers l’avant de la maquette (appelés « câbles avants »). 7.1.3 Position des poulies sur le bâti Poulies des câbles avants 3 points sont toujours coplanaires. Le respect de la symétrie nous impose que le plan formé par les 3 points centres des poulies soit orthogonal à l’axe de la veine de la soufflerie. Cela impose également que ces 3 points forment un triangle isocèle ou équilatéral. Nous avons énoncé au chapitre 4 qu’augmenter la surface des « faces » de l’hyperpolyèdre formé par les points centres des poulies augmente l’espace de travail théorique global en force WTFh . Aussi, pour maximiser le volume de travail, le triangle formé par les centres des poulies des câbles avant sera équilatéral. Poulies des câbles arrières Les veines des souffleries de l’Onera susceptibles d’accueillir le prototype étant circulaires, nous avons décidé que les centres des poulies seraient également sur un cercle, orthogonal à l’axe de la soufflerie. Le polyèdre à 4 sommets de surface maximale est le carré. Cela donne l’architecture appelé « carrée » représentée figure 7.2. 2 l’étude est réalisée avec une maquette de mirage au 1/15e , mais n’importe qu’elle maquette d’avion de combat d’un mettre d’envergure peut être envisagée 7.1. CONCEPTION D’UNE ARCHITECTURE À 7 CÂBLES 85 F IG . 7.2 – L’architecture carrée Cette solution offre une capacité d’évolution en roulis3 trop réduite. Lorsque la plate-forme mobile se retrouve au centre de la veine (condition optimale pour le roulis dans les 2 sens), les câbles 3 et 2 (respectivement 1 et 4) se retrouvent alignés pour un roulis de 45o (respectivement −45o ), la limite d’évolution en roulis est alors atteinte. Une solution pour améliorer cette capacité en roulis est l’architecture « diamant », présentée au chapitre 6, base du manipulateur à 12 câbles. Cependant, cette solution n’est valable que s’il y a un nombre suffisant de câbles pour assurer un hyperpolyèdre suffisamment volumineux. Ce qui n’est pas le cas de notre architecture à 7 câbles, les limitations intrinsèques de cette architecture devenant rédhibitoires (voir figure 7.3). Devant la non satisfaction donnée par ces deux architectures, nous avons tenté de les mixer. Pour cela nous avons rajouté un point d’ancrage supplémentaire sur la plate-forme mobile. Cette architecture, nommée « balançoire » est présentée figure 7.4. Pour respecter la symétrie, le point d’ancrage supplémentaire, LP4 , est situé dans le plan de symétrie longitudinal de la maquette. Sa position dans ce plan pouvant faire l’objet d’une étude plus approfondie. La solution la plus simple, qui n’est pas forcément la plus efficace, est de le placer légèrement en arrière de la barre transversale du « T » [LP2 , LP3 ] de façon à ce que cette dernière ne rentre pas en collision avec les câbles, tout en gardant un « T » assez court. Les 4 centres des poulies sont regroupés en 3 points, sommets d’un triangle. Ce triangle étant équilatéral pour en maximiser la surface. 3 Comme la plate-forme mobile porte une maquette d’avion, c’est le repère aéronautique de la maquette qui est employé. 86 CHAPITRE 7. PREMIERS CONCEPTS - SACSO-7 F IG . 7.3 – L’architecture « diamant » F IG . 7.4 – L’architecture « balançoire » C’est la solution qui découple au mieux le guidage en translation de l’arrière de la maquette du guidage en roulis. On peut constater graphiquement que quel que soit l’angle de roulis, les câbles 1 et 2 restent pleinement opérationnels. 7.1. CONCEPTION D’UNE ARCHITECTURE À 7 CÂBLES 7.1.4 87 Les deux solutions architecturales Après avoir défini les points d’ancrage sur la plate forme-mobile et décidé que les centres des poulies forment deux triangles équilatéraux, il reste deux possibilités pour cette architecture : les deux façons de positionner relativement l’un par rapport à l’autre – de façon symétrique – deux triangles équilatéraux. F IG . 7.5 – Les 2 architectures retenues pour SACSO-7 7.1.5 Intégration avec la maquette, écarts du réel par rapport à la conception initiale Par souci de décomposition des ddl, il a été décidé que le centre de gravité de la maquette devait se trouver au plus près des points d’ancrage des câbles avants, dont le rôle est de contrôler la maquette en force / translation. Les câbles arrières étant chargés de contrôler la maquette en moment / orientation. Le centre de gravité de la maquette se trouve à peu près au centre de celleci, à l’endroit où le fuselage est le plus large. Les câbles ne devant pas toucher la maquette, il est impossible d’accrocher les trois câbles avant en un seul point LP1 . Pour intégrer le « T » à la maquette il a donc été nécessaire de s’écarter de la conception initiale et d’ajouter une barre verticale à notre « T », comme sur la figure 7.6. C’est sur l’extrados de l’aile que la qualité du flux d’air a le plus d’influence sur la portance. Comme nous avons trois câbles partant du fuselage en avant des ailes, deux partiront vers le bas, et un vers le haut. Ainsi, le concept architectural est déterminé, et représenté figure 7.7 avec la maquette d’avion, en soufflerie (la veine étant représentée par le cylindre). Le concept étant défini, les paramètres dimensionnels doivent êtres déterminés. C’est la deuxième étape. Bloquer un principe architectural simple permet de limiter le nombre de ces paramètres. C’est l’étude des espaces de travail du manipulateur qui va permettre de les déterminer. 88 CHAPITRE 7. PREMIERS CONCEPTS - SACSO-7 F IG . 7.6 – Le « T » intégrable dans la maquette F IG . 7.7 – L’architectures SACSO-7 intégrée dans la maquette 7.2 Espaces de travail Même si nous avons limité le nombre de paramètres, ils restent quand même nombreux ; trop nombreux pour lancer une optimisation numérique, et sur quel critère ? La notion d’espace de travail regroupant un certains nombre d’objets mathématiques complexes. En phase de conception préliminaire, l’accent à été 7.2. ESPACES DE TRAVAIL 89 porté sur des outils d’études rapides et intuitifs. Outils développés conjointement aux réflexions sur l’espace de travail de SACSO-7 et présentés au chapitre 4. L’étude a porté sur le principe architectural de base, présenté figure 7.5. L’impossibilité d’accrocher les câbles avant en un même point sur le « T » et l’impossibilité d’avoir deux centres de poulies en un même point n’étant pas prise en compte dans un premier temps. 7.2.1 Espace de travail théorique global en force Cet espace, défini au chapitre 4 est le plus simple à déterminer. C’est l’ensemble des poses (position et orientation) où il est possible de produire n’importe quelle force, peu importe le moment produit conjointement. C’est néanmoins un ensemble de IR6 , non représentable graphiquement. Il est cependant possible de le déterminer pour chaque orientation de l’organe terminal. Ainsi, nous l’avons déterminé pour une orientation nulle de l’organe terminal. La figure 7.8(a) donne la construction de ce volume à partir des vecteurs → − li− , et la figure 7.8(b) le résultat : l’espace de travail global en force à orientation F,Xnull ang nulle WT h . (b) résultat (a) construction graphique F IG . 7.8 – Espace de travail théorique global en force à orientation « nulle » de SACSO-7 Si l’on néglige les dimensions du « T » devant les dimensions du bâti (ce qui est une très grossière approximation), alors, quel que soit l’orientation du « T », l’espace de travail théorique global en force qui reste invariant est la forme présentée figure 7.9(a). C’est une bonne approximation du volume dans lequel le manipulateur peut se translater, appelé aussi volume d’évolution en translation. Cette approximation est suffisante pour notre première étude car nous avons décidé de restreindre ce volume à un cylindre à base circulaire (figure 7.9(b)). CHAPITRE 7. PREMIERS CONCEPTS - SACSO-7 90 (a) Approximation (b) Restriction à un cylindre à base circulaire F IG . 7.9 – Volume 3D dans lequel le manipulateur peut se translater 7.2.2 Quelques reflexions sur l’espace de travail en orientation de SACSO-7 Il existe un antagonisme entre capacités en translation et capacités en rotation, visible sur la figure 7.10. Les câbles alignés en vue latérale figure 7.10(a) (respectivement en vue de dessus figure 7.10(b)) ne permettent pas de contrer le moment de tangage négatif (respectivement moment de lacet positif) créé par les autres câbles du fait de leur tension forcément positive. Il est donc impossible de produire un moment de tangage positif ou nul (respectivement un moment de lacet négatif ou nul) dans cette position ; elle donc hors de l’espace de travail théorique. (a) en tangage avec une vue latérale (b) en lacet avec la vue de dessus F IG . 7.10 – Positions singulières, « T » au centre On peut alors aisément déduire à l’aide de cette figure 7.10 que le tangage maximal θmax (respectivement le lacet maximal ψmax ) au centre de l’espace de travail est égal à arctan( Lh ) (respectivement arctan( Ll )) , avec h la hauteur du bâti, l sa largeur et L sa longueur. Plus L est grand, meilleur est la capacité en translation sur l’axe x, aux dépens du lacet ψ et du tangage θ. 7.2. ESPACES DE TRAVAIL 91 Quand la plate-forme mobile n’est pas au centre, ce genre de dessin aidant à la détermination des capacités en rotation est plus difficile à interpréter (cf figure 7.11). Il est avantageusement remplacé par les outils graphiques développés au chapitre 4. (a) cas 1, c’est en dessous de la limite (b) cas 2, cela semble hors limite (c) cas 3, sur que c’est hors limite F IG . 7.11 – Etude graphique des limitations en tangage, le « T » n’étant pas au centre 7.2.3 Comment augmenter le volume d’évolution en translation sans toucher aux capacités en rotation ? Pour augmenter le volume d’évolution en translation de la plate-forme mobile, sans toucher aux capacités d’évolution angulaire, il ne faut pas augmenter les dimensions du bâti (qui de toute façon sont bornées par la place disponible autour de la veine de la soufflerie). Nous aurions pu faire une passe d’optimisation pour augmenter le volume de travail en translation sans toucher aux capacités en rotation. Cependant, les limitations étant intrinsèques à l’architecture, nous n’aurions pas gagner de façon significative. Nous avons préféré faire un raisonnement de géométrie plane sur les faces de l’hyperpolyèdre formé par les centres des poulies. Le raisonnement est très simple : comme on se limite à un espace d’évolution cylindrique, quel est le cercle de taille maximale inscriptible dans les faces avant et arrière de notre hyperpolyèdre. Dans le cas de SACSO-7, ces faces sont des triangles, et comme le rappelle la figure 7.12, la surface du cercle circonscrit au triangle équilatéral est 4 fois inférieure à la surface du cercle dans lequel est inscrit le triangle. Alors que la même figure nous rappelle que si les poulies forment un carré, la surface circulaire inscrite dans ce carré sera 2 fois inférieure à la surface du cercle sur lequel sont positionnées les poulies. Avec 2 câbles supplémentaires, les centres des poulies forment des faces avant et arrière de forme carrée et non triangulaire : la surface des cercles inscrits double, et le volume de travail en translation double également. L’architecture SACSO-9 vient de naître. CHAPITRE 7. PREMIERS CONCEPTS - SACSO-7 92 R R R 2 R 2 2 F IG . 7.12 – Comparaison des surfaces des cercles inscrites dans un triangle équilatéral ou un carré Chapitre 8 Une évolution, SACSO-9 Au chapitre 7, nous avons détaillé la conception d’une architecture à 7 câbles pour le manipulateur SACSO. Nous avons également étudié succinctement son espace de travail, ses limites. L’idée d’ajouter deux câbles à cette architecture pour augmenter son espace de travail s’est alors imposée. Dans ce chapitre nous allons voir comment ces deux câbles ont été ajoutés, et les améliorations de l’espace de travail qu’ils apportent. 8.1 Architecture géométrique Cette architecture est une évolution de l’architecture SACSO-7, deux câbles y ont été ajoutés pour passer à SACSO-9. Cet ajout a été effectué en gardant les idées directrices de conception de SACSO-7, notamment au niveau des plans de symétrie. Ainsi, l’organe terminal n’a pas évolué entre les deux architectures, les câbles ajoutés venant s’ancrer sur des points existants (cf figure 8.1). F IG . 8.1 – Le « T » avec les neuf câbles Nous sommes passés de 7 à 9 câbles pour maximiser les surfaces des faces du polyèdre formé par les poulies. Ainsi les poulies des câbles avant et les poulies des câbles arrières doivent elles former deux carrés. Mais, de la même façon qu’il 93 94 CHAPITRE 8. UNE ÉVOLUTION, SACSO-9 y avait deux solutions pour l’orientation relative des deux triangles formés par les centres des poulies avants et arrières de l’architecture SACSO-7, il y a également deux solutions pour les carrés formés par les centres des poulies avants et arrières de SACSO-9. Soit les deux carrés sont parallèles, soit ils forment un angle de 45˚. Les deux solutions sont représentées sur la figure 8.2. X Y Z (b) carrés parallèles (a) Les « carrés » sont déphasés d’un angle de 45˚ F IG . 8.2 – 2 solutions pour l’architecture à 9 câbles 8.1.1 Intégration avec la maquette, écarts du réel par rapport à la conception initiale Tout comme pour la première conception à 7 câbles, l’architecture du prototype à 9 câbles SACSO-9 s’éloigne légèrement de la conception initiale. Ainsi le « T » réel intégré à la maquette est le même que pour l’architecture à 7 câbles (cf figure 8.3). De même, c’est l’interaction des câbles avec les ailes qui impose la position relative des carrés formés par les centres des poulies. Ainsi, seule la solution figure 8.2(a) est envisageable. Une dernière modification par rapport au premier concept a été apportée sur les câbles arrières. Il a été décidé de déformer un peu le carré formé par les centres des poulies des câbles arrières de façon à ce que les deux câbles générant les → déplacements de l’arrière de la maquette en − y contribuent également à contrer → − l’action sur z des câbles générant le roulis. Cela donne l’architecture présentée sur la figure 8.4 8.2. ESPACES DE TRAVAIL 95 F IG . 8.3 – Le « T » intégrable dans la maquette pour SACSO-9 F IG . 8.4 – L’architecture SACSO-9 retenue La vue de la maquette virtuelle en OpenGL figure 8.5 permet d’avoir une idée de l’ensemble, avec la maquette, intégré dans la soufflerie verticale de l’IMFL, lieu envisagé pour l’installation du prototype. Le concept architectural de la suspension active pour soufflerie est maintenant entièrement défini. Dans la suite nous présentons une validation rapide de son espace de travail. 8.2 Espaces de travail Comme pour SACSO-7, l’étude à porté sur le principe architectural de base, présenté figure 8.2(a). 96 CHAPITRE 8. UNE ÉVOLUTION, SACSO-9 F IG . 8.5 – Maquette virtuelle en OpenGL du prototype implanté dans la soufflerie verticale de IMFL 8.2.1 Espace de travail théorique global en force L’intégralité de cet espace de travail n’a pas été recherché faute de temps. Seule la tranche de cet espace correspondant à une orientation nulle de l’organe terminal a été recherchée. La figure 8.6 donne la construction de l’espace de F,Xnull travail global en force à orientation nulle WT h ang de SACSO-9, à partir des → − vecteurs li− . Comme pour SACSO-7, on néglige les dimensions du « T » devant les dimensions du bâti (ce qui est une très grossière approximation), alors, quelque soit l’orientation du « T » l’espace de travail théorique global en force reste invariant et a la forme présentée figure 8.7. C’est une bonne approximation du volume dans lequel le manipulateur peut se translater, appelé aussi volume d’évolution en translation. Comme pour SACSO-7, nous nous restreindrons au cylindre inscrit dans ce volume. Comme expliqué à la fin du chapitre 7, pour SACSO-9, il est d’un volume double à celui de SACSO-7. 8.2.2 L’espace de travail en orientation Les mêmes réflexions faîtes au sujet de SACSO-7 s’appliquent à SACSO-9. Nous pouvons espérer des capacités en roulis largement supérieures à 45˚. De même, les capacités en lacet (respectivement en tangage) dépendent du rapport 8.2. ESPACES DE TRAVAIL 97 F IG . 8.6 – Espace de travail théorique global en force à orientation « nulle » de SACSO-9 F IG . 8.7 – Volume d’évolution de SACSO-9 en translation entre la longueur du bâti, et sa largeur (respectivement sa hauteur), comme cela est expliqué au chapitre 7. 8.2.3 Collision des câbles L’architecture choisie limite au maximum les problèmes de collisions de câbles entre eux et avec la structure. La simulation OpenGL (présentée figure 8.5) permet de visualiser les croisements. Il est cependant nécessaire d’utiliser un algorithme CHAPITRE 8. UNE ÉVOLUTION, SACSO-9 98 de prévision de ces croisements pour les déterminer a priori avec certitude et en tirer les conclusions sur les limites de l’espace de travail pratique. 8.3 Le prototype L’architecture SACSO-9 telle que définie dans ce chapitre a été retenue pour la fabrication du prototype de la Suspension Active pour SOufflerie. Après une phase de mise au point au DCSD à Toulouse, il est prévu de l’implanter dans la soufflerie verticale de l’IMFL. Une vue d’ensemble est visible sur la figure 8.8, maquette bridée au centre de la veine de la soufflerie (représentée par le tapis vert). F IG . 8.8 – Vue d’ensemble du prototype installé au DCSD, Onera centre de Toulouse 8.3. LE PROTOTYPE 99 Sur la figure 8.9, le prototype est en fonctionnement. En absence de vent et donc de portance sur le sabot (représentant la maquette), la suspension est commandée en déplacement (du sabot). F IG . 8.9 – Prototype en test au DCSD, Onera centre de Toulouse 100 CHAPITRE 8. UNE ÉVOLUTION, SACSO-9 Conclusion Cette thèse est une contribution à l’étude des manipulateurs parallèles à câbles, appliquée à la conception d’une Suspension ACtive pour SOufflerie (SACSO). Le premier chapitre situe l’application dans son contexte industriel : la prévision du comportement des aéronefs. Nous avons ainsi pu constater que le concept de SACSO était innovant et s’intégrait parfaitement dans l’évolution des moyens d’essais au sol. En effet, les moyens d’essais modernes affichent clairement leurs limites et le concept d’une suspension robotisée pour la reproduction d’un vol « libre » en soufflerie est un concept plein de promesses qui peut profiter pleinement des dernières avancées de la recherche en robotique. Une série d’essais en soufflerie ont permis de valider le choix d’une architecture parallèle à câbles pour le manipulateur. Dans le deuxième chapitre je me suis attaché à situer les manipulateurs à architecture parallèle à câbles au sein de la recherche sur les manipulateurs en général. J’y ai présenté les deux grandes familles de manipulateurs : à architecture série et parallèle, ainsi que les différents types de manipulateurs utilisant des câbles. Cela m’a permis de définir précisément ce qui a été appelé manipulateur parallèle à câbles dans le reste de la thèse, de présenter la classification de ces manipulateurs et de donner quelques exemples d’applications existantes. Dans le troisième chapitre, je me suis attaché à décrire notre modélisation des manipulateurs parallèles à câbles et à poser les notations associées, chose essentielle pour pouvoir travailler sur l’espace de travail ou les problèmes de calcul de tensions dans les câbles. Dans le chapitre 4, je me suis intéressé au concept d’espace de travail. Cela m’a amené à définir précisément différents espaces de travail, comme les espaces de travail théorique WT h et pratique WP r . Une fois ces espaces de travail précisément définis, j’ai pu les caractériser de façon mathématique, pour ensuite m’intéresser au moyen de les prédire. Mon but étant d’inventer des outils simples et rapides utilisables dans une phase de pré-conception pendant laquelle est choisie l’architecture du futur manipulateur, je me suis intéressé aux propriétés géométriques des espaces de travail précédemment définis. Du fait de l’impossibilité de dessiner des éléments d’un espace IRn avec n supérieur à trois, j’ai été amené à définir des sous espaces de travail de WT h (et WP r ), comme l’espace de travail théorique global en force F,X0 WTFh et sa tranche pour une orientation Xang = X0ang donnée : WT h ang pour les cas où le manipulateur à câbles est à n supérieur à 3 degrés de liberté. J’ai ensuite défini une méthode graphique rapide de détermination géométrique de l’espace 101 102 CONCLUSION de travail théorique, méthode parfaitement adaptée à une phase d’exploration d’architectures possibles pour une application donnée. Dans le cinquième chapitre, a été abordé le problème du calcul de la tension dans les câbles. Le problème lié à la redondance des câbles a été traité et un algorithme performant de gestion coordonnée de la tension dans les câbles est proposé. Ces trois chapitres présentaient la partie théorique de mon travail de recherche. Pour faire la transition avec l’application à la conception d’un manipulateur à câbles pour SACSO, abordée dans les chapitre 7 et 8, je donne dans le chapitre 6 quelques règles simples pour la conception des manipulateurs à câbles, ainsi que deux architectures particulières. La première est l’architecture la plus simple que l’on puisse concevoir pour un manipulateur à câbles à six degrés de liberté. Elle n’a pas d’autre intérêt que d’être minimaliste. La seconde est une architecture à douze câbles pour six degrés de liberté. J’affirme qu’un nombre supérieur de câbles ne sert à rien. Cette architecture est intéressante par ses capacités en rotation. La conception de l’architecture pour le manipulateur SACSO s’est faite en deux temps. Nous avons commencé par nous focaliser sur une architecture à sept câbles, dans le but de limiter la redondance. Le chapitre 7 traite de la conception de cette architecture. Le cheminement qui conduit à la solution y est expliqué, ainsi que l’étude de ses capacités en translation et rotation. Il est montré que l’espace de travail théorique global en force WTFh peut être doublé en gardant le même principe architectural mais avec neuf câbles. Le dernier chapitre traite de cette évolution à 9 câbles. J’y précise l’implantation des deux câbles supplémentaires. Puis la prévision de l’espace de travail théorique global en force y est donnée. C’est l’architecture qui a été retenue pour le manipulateur SACSO, un prototype est en cours de mise au point au DCSD. Le principe architectural du manipulateur SACSO est définitivement fixé, un prototype existe et est en phase de mise au point. Cependant, il peut être intéressant de conduire une phase d’optimisation de certains paramètres géométriques du manipulateur. Le fait d’avoir fixé définitivement le principe architectural du manipulateur permet de restreindre le nombre des paramètres à optimiser. Cela peut être par exemple la position sur le cercle arrière des renvois des deux câbles latéraux (autrement dit jusqu’à quel point est-il intéressant de déformer le carré formé par les centres des poulies des câbles arrières). Mais pour optimiser, il faut un critère. Quelques pistes ont été trop brièvement effleurées pour avoir leurs places dans ce mémoire (comme la distance entre l’origine des coordonnées de l’espace affine IRn : OIRn et les faces du simplexe associé à la matrice P). Une réflexion approfondie sur les critères d’optimisation existants ou à inventer et leur pertinence vis à vis de l’application doit être envisagée. Même si l’espace de travail théorique a été prédit graphiquement, il ne faut pas oublier que cette prédiction est avant tout un outil de pré-conception. Il faut CONCLUSION 103 aussi calculer l’espace de travail réel du manipulateur, en tenant compte des tensions maximales et minimales, mais également des problèmes de collisions des câbles entre eux et avec la maquette. Pour ne pas se limiter à l’étude des diagonales d’un hyper-cube [xmin , xmax ]n , l’analyse par intervalles [Merlet, 2002a] doit sérieusement être envisagée, elle a déjà fait ses preuves pour le calcul d’espaces de travail de manipulateurs parallèles [Chablat et al., 2002] [Merlet, 1999]. 104 CONCLUSION Références bibliographiques J. Albus, R. Bostelman, et N. Dagalakis (1993). The nist robocrane. J. of Robotic Systems. J. D. Anderson (1997). History of Aerodynamics. Cambridge University Press. P. Arcara, L. Di Stefano, S. Mattoccia, C. Melchiorri, et G. Vassura (2000). Perception of depth information by means of a wire-actuated haptic interface. In Proc. of the 2000 IEEE Int. Conf. on Robotics and Automation, pages 3443–3448, San Fransisco. G. Barrette (2000). Analyse des mécanismes parallèles actionnés par câbles. Master’s thesis, Faculté des Sciences et de Génie, Université de Laval, Québec. G. Barrette et C. Gosselin (2000). Kinematic analysis and design of planar parallel mechanisms actuated with cables. In Proc. of DETC’00 ASME 2000 Design Engineering Technical Conferences and Computeur and Information in Enginneering Conference, Baltimore, Maryland. R. M. Bennett, M. G. Farmer, R. L. Mohr, et W. J. Earl Hall (1978). Wind-tunnel technique for determining stability derivatives from cable-mounted models. Journal of Aircraft, 15(5) :304–310. J.-L. Boiffier (2000). Dynamique du vol de l’avion - notes de cours. C. Bonitovo, A. Eusebi, C. Melchiorri, M. Montanari, et G. Vassura (1997). Wireman : A portable wire manipulator for touch-rendering of bas-relief virtual surfaces. In Proc. of the 8th IEEE Int. Conf. on Advanced Robotics, ICAR’97, pages 13–18, New York, USA. P. Bosscher et I. Ebert-Uphoff (2004a). A stability measure for underconstrained cable-driven robots. In 2004 IEEE International Conference on Robotics and Automation, New Orleans. P. Bosscher et I. Ebert-Uphoff (2004b). Wrench based analysis of cable-driven robots. In 2004 IEEE International Conference on Robotics and Automation, New Orleans. R. Bricard (1897). Mémoire sur la théorie de l’octaèdre articulé. Mathématiques pures et appliquées., 3 :113–148. Journal de R. Bricard (1926). Leçons de cinématique. Gauthier-Villars, Paris. A.-L. Cauchy (1813). Deuxième mémoire sur les polygones et les polyèdres. Journal de l’Ecole Polytechnique, pages 87–98. 105 106 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES D. Chablat, J. Wenger, et J.-P. Merlet (2002). Workspace analysis of the orthoglide using interval analysis. In ARK, pages 397–406, Calle de Malavada, Espagna. M. Croom, D. Fratello, R. Whipple, M. O’Rourke, et T. Trilling (1993). Dynamic model testing of the x-31 configuration for high-angle-of -attack flight dynamics research. In AIAA-93-3674-CP. N. G. Dagalakis, J. S. Albus, B.-L. Wang, J. Unger, et J. D. Lee (1989). Stiffness study of a parallel link robot crane for shipbuilding applications. ASME Journal of Offshore Mechanics and Arctic Engineering, 111 :183–193. M. Deschamps (2000). Contribution à la détermination des caractéristiques dynamiques du montage de simulation du vol libre. Note DERM/N-030/00, ONERA. A. Frisoli, F. Salsedo, et M. Bergamasco (1999). Design of a new tendon driven haptic interface with six degrees of freedom. In 8th IEEE Int. Conf. on RobotHuman Interaction Ro-Man99, Pisa, Italy. P. Gallina, G. Rosati, et A. Rossi (2000). 3-d.o.f. wire driven planar haptic interface. Journal of Intelligent and Robotic Systems, pages 23–36. P. Gallina, A. Rossi, et R. L. Williams II (2001). Planar cable-direct-driven robots, part ii : Dynamics and control. In Proceedings of the 2001 ASME Design Technical Conferences, 27th Design Automation Conference, Pittsburgh, PA. F. Gosselin et A. Riwan (2001). Design of virtuose 3d : a new input device for teleoperation and virtual reality. In Proc. of The 10th International Conference on Advanced Robotics, Budapest, hungary. IEEE. V. Gough (1956-1957). Contribution to discussion of paper on research in automobile stability, control and tyre performance. In Proc. Auto Div. Inst. Mech. Eng. V. Gough et S. Whitehall (1962). Universal tire test machine. In Proceedings 9th Int. Technical Congress F.I.S.I.T.A., volume 117, pages 117–135. M. Gouttefarde et C. Gosselin (2004). On the properties and the determination of the wrench-closure workspace of planar parallel cable-driven mechanisms. In Proceedings of DETC’04 ASME Design Engineering Technical Conferences and Computers and Information in Engineering Conference, Salt Lake City, Utah. S. Kawamura, W. Choe, S. Tanaka, et S. Pandian (1995a). Development of an ultrahigh speed robot falcon using wire drive system. In IEEE International Conference on Robotics and Automation, pages 215–220. IEEE. S. Kawamura, M. Ida, T. Wada, et J.-L. Wu (1995b). Development of a virtual sports machine using a wire drive system - a trial of virtual tennis. In Proc. of the 1995 IEEE/RSJ Int. Conference on Intelligent Robots and Systems, pages 111–115, Pittsburgh. S. Kawamura et K. Ito (1993). A new type of master robot for teleoperation using a radial wire drive system. In Proceedings of the 1993 IEEE/RSJ International Conference on Intelligent Robots and Systems. H. Kino, C. Cheah, S. Yabe, S. Kawamura, et S. Arimoto (1999). A motion control scheme in task oriented coordinates and its robustness for parallel RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 107 wire driven systems. In Proceedings of the Ninth International Conference on Advanced Robotics (99 ICAR), pages 545–550. Tokyo, Japan. P. Lafourcade et M. Llibre (2003). First steps toward a sketch-based design methodology for wire-driven manipulators. In 2003 IEEE/ASME International Conference on Advanced Intelligent Mechatronics AIM2003, Kobe, Japan. P. Lafourcade, M. Llibre, et C. Reboulet (2002). Design of a parallel wire-driven manipulator for wind tunnels. In Workshop on Fundamental Issues and Future Research Directions for Parallel Mechanisms and Manipulators, Quebec City. P. Lafourcade et R. Verhoeven (2003). Une nouvelle architecture, fortement redondante, pour un manipulateur à câbles au volume de travail étendu. In 16ème Congrès Francais de Mécanique, Nice. C. Lambert et P. Carton (2001a). Expérimentation du concept de masse virtuelle dans le cadre du prf sacso. Technical Report RT 4/03441.02F, ONERA/DCSD. C. Lambert et P. Carton (2001b). Expérimentation du concept de masse virtuelle dans le cadre du prf sacso, rapport n2. Rapport Technique RT 9/3441, ONERA/DCSD. S. Landsberger et T. B. Sheridan (1993). A minimal, minimal linkage : The tension-compression parallel link manipulator. Robotics, Mechatronics, and Manufacturing Systems. H. L. Lebesgue (1967). Octaèdre articulé de bricard. L’enseignement mathématique, 13 :150–160. X.-w. Liu, Y.-Q. Zheng, et Q. Lin (2004). Overview of wire-driven parallel kinematic manipulators for aircraft wind tunnels. Chinese Journal of Aeronautics. M. Llibre (2000). Commande en masse fictive - modélisation de suspension à câbles. Rapport Technique RT 2/03441.02F, ONERA/DCSD. M. Llibre (2003). Prf sacso, algorithmes de conduite coordonne ?e de la suspension. Rapport Technique RT 5/08074 DCSD, ONERA/DCSD. J.-P. Merlet (1997). Les robots parallEles. HERMES, 2e edition revue et augmentee edition. J.-P. Merlet (1999). Determination of a 6d-workspace of gough-type parallel manipulator and comparison between different geometries. Int. J. of Robotics Research, 18(9) :902–916. J.-P. Merlet (2002a). Determination of the minimal and maximal real roots of parametric polynomials using interval analysis. In 1st Int. Workshop on Global Constrained Optimization and Constraint Satisfaction (Cocos’02), Sophia Antipolis, France. INRIA. J.-P. Merlet (2002b). Still a long way to go on the road for parallel mechanisms. In Proceedings of the ASME 2002 DETC Conference, Montréal. ASME. J.-P. Merlet (2004). Analysis of the influence of wire interference on the workspace of wire robots. In Proc. of the 9th Int. Symposium on Advances in Robot Kinematics, ARK04, pages 211–218, Sestri-Levante, Italie. 108 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. Ming et T. Higuchi (1994a). Study on multiple degree-of-freedom positioning mechanism using wire-concept, design and control (part 1). Intl. J. of the Japan Society for Precision, 28(2) :1331–138. A. Ming et T. Higuchi (1994b). Study on multiple degree-of-freedom positioning mechanism using wire-concept, part 2, development of a planar completely restrained positioning mechanism. Intl. J. of the Japan Society for Precision, 28(3) :235–242. A. Morecki, Z. Dusko, H. Cxxztold, et K. Jaworek (1980). Synthesis and control of the anthropomorphic two-handed manipulator. In Proc. of the 10th Int. Symposium on Industrial Robots, pages 461–474, Milan, Italy. T. Morizono, K. Kurahashi, et S. Kawamura (1997). Realization of a virtual sports training system with parallel wire mechanism. In Proc. of the 1997 IEEE International Conference on Robotics and Automation, pages 3025–3030, Albuquerque, New Mexico. IEEE. T. Okada (1977). On a versatile finger system. In Proc. 7th Int. Symposium on Industrial Robots, pages 345–352, Tokyo, Japan. Orlik-Ruckemann (1981). Review of technique for determination of dynamic stability parameters in wind tunel. Technical Report LS-114, AGARD. F. Pierrot, P. Dauchez, et A. Fournier (1991). Hexa : a fast six-dof fully parallel robot. In ICAR, pages 1159–1163, Pise. G. M. Prisco, A. Frisoli, F. Salsedo, et M. Bergamasco (1999). A novel tendon driven 5-bar linkage with a large isotropic workspace. In Proc. of IMECE’99 1999 ASME International Mechanical Engineering Congress and Exposition, Nashville, Tennessee, USA. C. Reboulet (1999). Projet de recherche fédérateur - suspension active pour essais en soufflerie (sacso). Proposition Technique et Financière DCSD/PRF 7009.18, Onera. C. Reboulet (2001). Prf sacso : Rapport de synthèse. Rapport technique 5/03441, ONERA, DCSD Toulouse. P. Rebuffet (1962). Aérodynamique expérimentale. Librairie Polytechnique Ch. Béranger, deuxième édition edition. L. Robert et R. L. Williams II (1999). Planar cable-suspended haptic interface : Desing for wrench exertion. In Proceedings of the 1999 ASME Design Technical Conferences, Las Vegas, Nevada. M. Scherer (1953). Contribution à l’étude expérimentale des mouvements variés en soufflerie. Technical Report ONERA PUB 61, ONERA. J. A. Shortal et C. J. Osterhount (june 1941). Preliminary stability and control test in the naca free-flight wind tunnel and correlation with full-scale flight tests. Technical Report 810, Langley Memorial Aeronautical Laboratory. D. Stewart (1965). A platform with 6 degrees of freedom. In Proc. of the Institution of Mechanical Engineering, pages 180(15) :371–386. P. Swain, C. Thompson, et P. Campbell (1995). The charlotte intra-vehicular robot. Technical Report N95-23703. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 109 Y. Takeda et H. Funabashi (1999). A transmission index for in-parallel wire-driven mechanism. Transactions of the Japanese Society for Mechanical Engineering, 65(634) :2521–2527. Y. Takeda et H. Funabashi (2000). Kinematic synthesis of spatial in-parallel wire-driven mechanism with six degrees of freedom with high force transmissibility. In Proceedings of DETC’00 ASME 2000 Design Engineering Technical Conferences and the Computer and Information in Engineering Conference, Baltimore, Maryland, USA. C. Verbeke (2001). Effets d’une suspension par câbles sur l’aérodynamique d’une maquette de mirage 2000. Rapport Technique RT 2/05652 DCSD/DAAP, ONERA. R. Verhoeven (in preparation, 2003). Analysis of the Workspace of Tendon-Based Stewart Platforms. Thèse de doctorat, Gerhard-Mercator University. R. Verhoeven et M. Hiller (2000). Estimating the controlable workspace of tendonbased stewart platforms. In Proc. 7th Int. Symposium on Advances in Robot Kinematics", pages 277–284. R. Verhoeven et M. Hiller (2002). Tension distribution in tendon-based stewart platforms. In Proc. 8th Int. Symposium on Advances in Robot Kinematics", pages 117–124, Caldes de Malavella, Spain. Kluwer Academic Plubishers. R. Verhoeven, M. Hiller, et S. Tadokoro (1998a). Workspace of tendon-driven stewart platforms : Basics, classification, details on the planar 2-dof class. In Proc. of the 4th. International Conference on Motion and Vibration Control MOVIC ’98, volume 3, pages 871–876. R. Verhoeven, M. Hiller, et S. Tadokoro (1998b). Worspace, stiffness, singularities and classification of tendon-driven stewart platforms. In Proc. 6th Int. Symposium on Advances in Robot Kinematics, pages 105–114, Strobl/Salzburg, Austria. R. L. Williams II et P. Gallina (2001). Planar cable-direct-driven robots, part i : Kinematics and statics. In Proceedings of the 2001 ASME Design Technical Conferences, 27th Design Automation Conference, Pittsburgh, PA. Y.-Q. Zheng et X.-W. Liu (2002). Force transmission index based workspace analysis of a six dof wire-driven parallel manipulator. In Proceedings of DETC’02, Montreal, canada. ASME.