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DOSSIER embauche Comment trouver le bon candidat ? Bien définir ses attentes, puis savoir évaluer efficacement le candidat lors de l’entretien de recrutement sont les clés pour trouver le collaborateur adapté. «E mbaucher constitue un acte difficile, et ce qu’on soit en période de tension ou en période de forte activité, commente JeanClaude Ruiz, vice-président du CNEC. N’oublions pas que le secteur de la coiffure est constitué de TPE ou de PME. Et même pour un salon qui comporte une dizaine de salariés, une embauche constitue un événement d’importance puisqu’il concerne alors 10 % de la masse salariale », poursuit le vice-président du CNEC. Premier constat : la difficulté à embaucher et surtout à trouver le bon candidat. « Les chefs d’entreprise éprouvent des difficultés à recruter des collaborateurs compétents », explique Anne Delannoy, directeur général adjoint de la FNC. « Pour les salons, recruter n’est pas facile, constate, de son côté, Jean-Régis About, dirigeant de ICB, une agence d’intérim. D’autant que le régime d’auto-entrepreneur a multiplié les installations en indépendant et nous constatons que beaucoup moins de professionnels sont disponibles pour l’intérim. » Dans ce contexte, comment le patron de salon de coiffure peut-il mettre toutes les chances de son côté pour bien recruter ? Cibler le candidat idéal Il faut d’abord définir précisément ses attentes et celles de son équipe. Et définir une fiche du poste à pourvoir. Il doit donc se poser les bonnes questions : quel est le degré d’autonomie du poste, quel est son positionnement hiérarchique, quelles sont les possibilités d’évolution... La définition du profil recherché va également renseigner sur les caractéristiques psychologiques et comportementales et les compétences clés à rechercher chez les candidats. Le patron cherche-t-il un employé avec une fibre commerciale affirmée afin de Penser au Contrat Initiative Emploi (CIE) La FNC 35 en Ille-et-Vilaine collabore avec Pôle Emploi afin d’évaluer et mettre à niveau les demandeurs d’emploi. « Si les coiffeurs expérimentés trouvent aisément du travail, il n’en est pas de même des jeunes, notamment de ceux qui, issus des écoles privées, n’ont pas eu l’opportunité de se former en alternance », explique Albert-Yves Riot, président de la FNC Ille-et-Vilaine. Grâce à cette collaboration, il est possible de mettre en relation les fichiers de Pôle Emploi avec les demandes des professionnels de la coiffure. Les employeurs concernés peuvent souscrire un Contrat Initiative Emploi (CIE), qui leur ouvre droit à une prise en charge par l’État d’une partie du coût de l’embauche. Les salariés embauchés en CIE bénéficient, quant à eux, d’un accompagnement, voire de formation, afin de les rendre employables plus rapidement. 82 / coiffure de paris -février 2012 développer son salon ? Souhaite-t-il un collaborateur avec des qualités relationnelles marquées pour reprendre le portefeuille client d’un membre de l’équipe qui prend sa retraite ? Fondamental à cette étape : définir les résultats factuels qui sont attendus de la part du futur collaborateur. « Pour moi, l’essentiel c’est la ponctualité, précise Florence, qui dirige un salon de coiffure, rue de Maubeuge à Paris. Nous ne sommes que deux. Je dois pouvoir me fier à elle savoir qu’elle sera présente à l’ouverture du salon, ne s’absentera pas au dernier moment, etc. J’ai donc posé beaucoup de questions dans ce sens. » Une fois le poste clairement défini, reste à trouver l’oiseau rare. La plupart des salons font marcher le bouche à oreille et diffusent une annonce pour rechercher des candidats. Bien construite, elle donne des détails sur le salon et son activité et décrit le poste avec suffisamment de précisions, afin que le candidat puisse se mettre en situation. Enfin, il faut apporter des précisions sur le profil recherché : niveau d’expérience, diplôme, précédentes expériences et évolutions personnelles envisageables. Les salons de coiffure peuvent également puiser dans le vivier de l’intérim pour le recrutement de collaborateurs en CDI, notamment dans la recherche d’un profil particulier, comme celui d’un manager. « Depuis 2007, les DOSSIER agences d’intérim peuvent fonctionner comme des cabinets de recrutement », rappelle JeanRégis About. La FNC Haute-Garonne et la FNC Tarn-et-Garonne a, d’ailleurs, passé une convention avec l’agence d’intérim Work 2000, afin qu’elle dispense des formations complémentaires aux coiffeurs figurant dans ses fichiers pour qu’ils soient immédiatement employables dans les salons de coiffure. « Cette convention a été passée à l’initiative de Marina Durigon, présidente de la FNC Tarn-et-Garonne, explique Bernard Moreau, président de la FNC Haute-Garonne. Pour remplacer au pied levé un salarié expérimenté, on a besoin de personnel intérimaire fiable. Cet outil est destiné à sécuriser les patrons de salons de coiffure dans leur embauche. Nous testons leur métier, mais également leur motivation. » En outre, le dispositif mis en place a pour avantage de permettre aux professionnels plus seniors de continuer à travailler. « Les patrons de salon de coiffure qui, arrivés à 40 ans ou 50 ans, cèdent leurs fonds de commerce sont légion. Ils souhaitent souvent continuer à travailler un peu, mais n’envisagent que la formation comme débouché. Lorsqu’ils se tournent vers l’intérim, ils sont particulièrement appréciés. Ils peuvent, en effet, facilement remplacer un patron de salon de coiffure malade ou en congé maternité. C’est très précieux », poursuit Bernard Moreau. Les employeurs peuvent également puiser dans le fichier des demandeurs d’emploi. « Ceux qui sont inscrits en coiffure s’élèvent, en moyenne, à 18 000 par an, alors que les chefs d’entreprise éprouvent des difficultés à recruter des collaborateurs compétents », constate Anne Delannoy. La FNC a passé une convention avec Pôle Emploi, fin octobre 2010, pour favoriser l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi. » D’ores et déjà, les employeurs peuvent s’appuyer sur plusieurs dispositifs. La préparation opérationnelle à l’emploi (POE) « Depuis le 28 juillet dernier, le patron d’un salon de coiffure peut mettre en place un dispositif de POE (Préparation Opérationnelle à l’Emploi) », précise Jean-Claude Ruiz. La POE permet aux demandeurs d’emploi de bénéficier de la mise en place d’une formation de préparation préalable à la prise de poste. Pour l’employeur, la POE permet ainsi de résorber efficacement l’écart entre les compétences du candidat retenu et les compétences requises par le poste. Le demandeur d’emploi présélectionné sur l’emploi à pourvoir est formé sur une durée de 400 heures maximum, afin de lui permettre d’acquérir les qualifications et compétences professionnelles nécessaires pour accéder à un emploi vacant. La POE permet ainsi d’embaucher, à l’issue d’une formation définie avec l’employeur, un candidat immédiatement opérationnel sur son poste de travail. « Un dispositif souple et intéressant pour les employeurs », résume Jean-Claude Ruiz. Mener un entretien efficace Comment évaluer efficacement un candidat lors d’un entretien de recrutement ? La clé du succès, c’est de préparer cet entretien. En clair, il s’agit d’anticiper les questions éventuelles du candidat et surtout de préparer les siennes. Le patron du salon de coiffure doit également relire le CV de son candidat et ne pas hésiter à préparer sa liste de questions. C’est, par exemple, le moment de lister les zones d’ombre qu’on veut éclairer dans le parcours du candidat, comme une pause dans le parcours professionnel. L’entretien sert d’abord à valider les aptitudes du candidat. Le métier de la coiffure s’avérant technique, la grande majorité des compétences à valider se rapportera au savoir-faire du candidat. Des étapes cruciales pour le recrutement d’un jeune collaborateur, mais sur lesquelles il conviendra de moins s’attarder pour le recrutement d’un collaborateur expérimenté. Chez ce dernier, on recherchera plutôt des compétences spécifiques. L’employeur devra, notamment, s’intéresser à son portefeuille clients éventuel, appréhender la taille des salons dans lesquels il a travaillé, les domaines où il se sent particulièrement à l’aise, etc. Autre point à vérifier : le relationnel du candidat. « Le salarié doit non seulement maîtriser un métier où la technique est importante, mais également posséder un bon relationnel avec la clientèle. Cette double exigence constitue le cœur de notre métier, qui est à la fois métier de services et de l’artisanat », résume Jean-Claude Ruiz, viceprésident du CNEC. Enfin, l’employeur avisé ne manquera pas de vérifier la capacité de travail et la résistance au stress de son futur collaborateur. Là encore, tout dépend de l’expérience du candidat et du poste recherché. Pour un futur manager, il conviendra, par exemple, de valider ses compétences managériales et de s’interroger sur son sens commercial. « L’employeur ne doit pas uniquement se fier au discours du candidat. Il faut toujours vérifier, notamment, par des contrôles de références », préconise Jean-Régis About. L’entretien doit éclairer sur les motivations du candidat. C’est le moment de vérifier si les attentes du candidat correspondent au salon dont il a la responsabilité. Le collaborateur qui veut exercer son sens créatif pourra-t-il trouver satisfaction ? Qu’en est-il de celles et ceux qui souhaitent bénéficier d’une rémunération attractive ? Et de ceux pour qui les perspectives d’évolution comptent plus que tout ? Toutes ces interrogations devront peser dans la balance pour prendre la décision finale d’embauche. Frédérique PERROTIN février 2012 - coiffure de paris / 83