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Boston
Le retour régulier de Angela Gennaro et de Patrick Kenzie sur la scène déglinguée du South-Boston
montre aussi la récurrence de la violence sociale, ce fruit amer des inégalités. Les tueurs psychopathes qu’ils
combattent en sont le produit exacerbé, distillé : la fleur !
Chez les déclassés de l’Amérique contemporaine, les choix de vie sont totalement
aléatoires, voire illusoires : à origine identique, leur vie oscille entre rade, prison,
came, tabassage, aides publiques… L’un sera flic, l’autre truand. A. G. & P. K. sont
entre les deux : privés.
paternité : Dennis Lehane (USA).
parrainage : éditions Rivages.
statut : détectives privés. Lui est le narrateur.
Boston est l’une des zones métropolitaines les plus sûres du pays. Les taux
de meurtres, d’agressions et de viols
ne représentent guère plus que des
points sur l’écran quand ceux de Los
Angeles, de Miami ou de New York
s’envolent. Mais pour ce qui est des
vols de voitures, on les bat à plates
coutures. Les criminels de Boston,
pour quelque obscure raison, adorent faucher des bagnoles. Je ne sais
vraiment pas à quoi ça tient, vu qu’il
n’y a rien de particulier à reprocher
à nos transports en commun.
origines : lui : irlandaise, père violent et alcoolique ; elle : italienne, lignée de parrains,
mafia du Massachusetts. Sont amis d’enfance et natifs des quartiers sud qu’ils ont du mal
à quitter.
fréquentations : pas fameuses. Connaissent tous les truands de la zone avec qui ils entretiennent des relations donnant-donnant : armes, renseignements, filatures, coups de main
(ou plutôt de poing). Rapports avec les flics : de médiocres à détestables. Seuls deux ou
trois, copains d’enfance passés sous la casquette, leur donnent (échangent plutôt) encore des
tuyaux en provenance des fichiers de la crim’.
psychol. simplifiée : elle : pas froid aux yeux, provoc, joue de son sex-appeal, tire bien et
sans hésitation. L’instabilité affective en rapport avec son histoire familiale est soutenue par
une grande liberté sexuelle. Ne se projette jamais dans l’avenir. Rigueur et fidélité dans ses
choix. Catho pratiquante.
Lui : tout aussi instable, paumé, fuite en avant. Traumas infantiles durables (père), beaucoup de haine sociale et autant de vraie empathie pour amis. Pas d’illusions sur le devenir
de l’humanité. Tire mal mais encaisse bien. Morale élastique, excepté loyauté (jusqu’au
sacrifice) envers proches.
signes particuliers : ont du mal à s’éloigner de leur enfance, retombent toujours dans la
violence de leur milieu, auquel chaque affaire les renvoie. Sont fous amoureux mais relation
chaotique car incapables de prendre pied dans réalité et d’envisager un devenir. Impossible
imaginer vie commune avec elle aux fourneaux, lui ratissant l’allée de gravier.
observations : les épisodes de leur histoire (5) sont à lire dans l’ordre chrono. L’ensemble
raconte aussi une récurrente histoire d’amour à suspens entre A. G. & P. K.
la loi des séries - 1
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
Angela Gennaro
Patrick Kenzie
géographie : Boston sud, et plus particulièrement Dorchester, le quartier populaire
irlandais. Délinquance, drogue, prostitution. Leur bureau est dans le clocher d’une église
(échange de services avec le prêtre, A. G. et P. K. pratiquent intensivement le troc :
c’est la base d’un réseau).
Mannheim
Gerhard Selb aime une Allemagne qui n’existe nulle part. Ni dans son passé (il collabora) ni dans son présent
(le miracle allemand le laisse de glace, la réunification lui semble une escroquerie).
Il pense que la réussite allemande
contemporaine est construite sur
l’oubli et le cynisme et qu’elle ne
gage pas d’un avenir meilleur. Les
fautes, les siennes, les collectives,
n’ont pas été payées. D’où ce sentiment que ses concitoyens et lui
sont en train de (ou devront un jour)
expier. Représente finalement un
cas rare : fut employé par les
Nazis (bien que son rôle, en tant
que procureur ait plutôt consisté à
faire respecter la Loi malgré le napaternité : Bernhard Schlink (Allemagne).
zisme), ne le cache pas, n’en est pas
fier, aimerait un vrai procès, aime- parrainage : Série Noire Gallimard.
rait payer, aimerait mourir l’âme en
paix, souffre de ne pouvoir accéder statut : détective privé (fatigué). Narrateur.
au pardon.
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
Gerhard Selb
À l’époque, la Bahnof-strasse
n’était pas une bonne adresse,
mais j’aimais la vue sur la
gare, les nuages de
vapeur des locomotives,
les sifflements et le bruit
des wagons. Aujourd’hui elle
ne longe plus la gare
mais les nouveaux bâtiments
administratifs et le tribunal,
des édifices d’une fonctionnalité grise et lisse. Si le droit
ressemble à l’architecture
où il s’exerce,
la justice va mal à Heidelberg.
Mais s’il a l’air des petits
pains et des gâteaux que
le personnel du tribunal peut
acheter au coin de la rue,
inutile de se faire du souci
pour elle.
géographie : Agglo Mannheim–Heidelberg–Ludwigshafen. Aime le
somptueux spectacle du Rhin, son trafic fluvial, ports, usines la nuit,
ses collines et vieux bourgs. Fréquente les petits restos (spécialement
turcs et italiens), les boutiques pittoresques. N’a jamais été vu dans un
supermarché.
origines : enfance berlinoise, veuf, ancien procureur spécial du Reich
lorsqu’il débuta ; démissionna en 45 lorsqu’il réalisa que les anciens
nazis restaient en poste dans le système judiciaire fédéral. Traîne une
vieille culpabilité de ce passé, a toujours l’impression qu’il doit
expier.
fréquentations : un flic encore en poste dans la police de Mannheim
(utile), un chirurgien de l’hôpital (très utile), cercle d’amis joueurs
d’échecs allant se rétrécissant vu l’âge des ses membres. Quelques
femmes célibataires plus jeunes, se trouve une copine divorcée avec
qui rien n’est simple. Un chat nommé Turbo.
psychol. simplifiée : il est lent, se sait lent et déplore sa lenteur. Les
choses s’imposent à lui en se faisant prier, peinant à traverser les
brouillards de son esprit nostalgique. N’est jamais complètement dans
ce qu’il fait. Parle peu mais sait écouter et faire parler autrui par son
art du silence. Ses méditations alcoolisées le ramènent toujours vers
son passé qu’il a l’art de débusquer derrière chaque affaire qui lui est
confiée. Chacune finit par une enquête, un retour sur lui-même, c’est
pour cela peut-être qu’il s’appelle Selb (Selb en allemand = même).
Tendance à se prendre pour un justicier (il en souffre) ; peut passer à
l’acte s’il juge le criminel hors d’atteinte de la justice.
signes particuliers : fume et boit (de préférence du Sambuca). Roule
dans une vieille Opel Kadett aussi poussive que son propre battant. Façons vestimentaires ringardes (l’inévitable trench beige). Farouchement attaché à sa liberté après un long mariage pas très heureux. Bon
cuisinier, bon coup de fourchette, hôte agréable et généreux. À 70 ans
sonnés, il songe à prendre sa retraite. Perclus de rhumatismes.
observations : a du mal avec l’architecture contemporaine, surtout
quand l’ascenseur est en panne.
la loi des séries - 3
L’histoire de Mario Conde c’est l’apprentissage de la perte des illusions. À la question lancinante de savoir
pourquoi il s’est fait flic, il perd progressivement les arguments pour. Ne voit plus que des raisons de ne
plus l’être.
La Havane
Chaque épisode
l’éloigne davantage
de son métier. Quand la
police qui enquête sur la police
est plus active et a plus de moyens
que sa brigade, c’est qu’il y a quelque
chose de pourri au royaume de la salsa.
Chaque affaire résolue le laisse devant
cette impasse : la personne la plus sympathique est malheureusement celle qui
a tué. Les ripoux installés au cœur de la
machine ont les mains propres et
continueront leurs crasses peinards.
Pourquoi alors continuer à être flic ?
Mario Conde
paternité : Leonardo Padura (Cuba).
parrainage : éditions Métailié.
statut : Lieutenant de la police criminelle
de La Havane.
géographie : La Havane, vieux quartiers, le Malecón,
les boîtes (ce qu’il en reste) à boléro, quelques troquets
clandos tenus souvent par d’anciens flics. N’a jamais quitté
son quartier de naissance.
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
origines :Havanais pur jus. Discret sur sa famille, à l’exception
de son grand-père Rufino qui l’a élevé et beaucoup marqué. Père
absent (inconnu ? n’en parle jamais), mère aimante et magnifique,
morte à ses neuf ans.
En respirant l’arôme putride de la baie, le Conde
comprit pourquoi il avait fui les archives où reposait la
mémoire légale du pays : en réalité, cela lui était égal
de trouver quelque chose. Une mollesse malsaine l’avait
envahi face à tout ce passé mort, toutes ces existences
transformées en actes, en déclarations, en listes, en
minutes, en extraits, en protocoles, en registres, en
copies en double et même triple exemplaires vides de
passion et de sang : toute cette méprisable lie historique
sans laquelle il n’était pas possible d’avancer, mais avec
laquelle il était impossible de vivre.
fréquentations : copains d’enfance, une bande fidèle et soudée qui s’est forgée
dans la rue en jouant au base-ball : Carlos, dit le Flaco (un beau gars qui
revint d’Angola en fauteuil roulant), et sa mère Josefina (qui cuisine de merveilleux
plats cubains avec ce qu’on peut trouver au marché, c’est à dire presque rien), une
nommée Tamara, amour d’enfance retrouvée sporadiquement, et au bout du compte
destinée à vieillir avec lui ; son adjoint Manolo et surtout son chef et ami, Rangel,
fondu de cigares.
psychol. simplifiée : totalement inadapté au métier de flic : passe d’ailleurs son temps
à se demander pourquoi il l’est. Encore un intuitif ne pratiquant pas la déduction mais
cherchant dans son humeur cafardeuse les échos des crimes des autres. Longues introspections sur son passé, ses échecs, ratages (notamment amoureux), au terme desquelles
il entrevoit des solutions à l’énigme qui lui est posée. Ne met jamais la main à la pâte,
délègue à ses adjoints tout ce qui est recherche et vérification ; se contente de faire le
vide en rêvassant à des femmes qu’il aurait aimé aimer. C’est souvent un hasard
subjectivé qui le met sur la piste. Une enquête, c’est alors un processus de consolidation
de l’intuition première.
signes particuliers : oublie toujours son flingue, ne porte jamais l’uniforme. Écrit parfois
des récits qu’il jette régulièrement à la corbeille. Fréquente le rhum jusqu’à trouver
l’horizontale, le tabac jusqu’à l’asphyxie.
observations : lutte incessamment contre la remontée nostalgique des souvenirs.
Aime le Cuba de son enfance, époque de la dictature Batista, certes pourrie, mais l’œil
dépolitisé de l’enfant puis de l’ado d’alors a enregistré à jamais les moments de bonheur,
par exemple voir et entendre de belles femmes chanter des boléros. La conscience
politique venue avec la Révolution n’a plus pour se repaître que le cortège des injustices,
des inégalités, de la solitude, de la violence, de la pauvreté.
la loi des séries - 5
Barcelone
Ricardo Méndez
Le héros récurrent peut parfois être le témoin cité par l’histoire lorsqu’elle a un compte à régler avec un
présent qu’elle désapprouve. Ricardo Méndez ou « je les ferai chier jusqu’au bout ».
Il n’a pas la cote vu qu’il a été flic sous le franquisme (où il n’arrivait jamais à serrer un « rouge »
ou une tapineuse — le brouillard, une peau de banane... ) et vu qu’il ne montre aucun empressement à défendre les valeurs de la nouvelle démocratie catalane. Flic à l’ancienne, il a d’ailleurs
des problèmes avec la présomption d’innocence, une valeur démocratique qui permet surtout à
des avocats bien payés de faire sortir du trou les pires ordures.
parrainage : éditions L’Atalante.
statut : inspecteur subalterne du commissariat de Drassanes (Ramblas inférieures).
géographie : Barcelone, vieux quartiers et banlieues ouvrières.
origines : prolétariennes. Barcelonais pur jus, n’est quasiment jamais sorti de sa ville, assez rarement de
son quartier du barrio Chino.
fréquentations : c’est le canon du solitaire. Pas d’amis, pas la moindre affinité avec ses collègues. Célibataire, pas de maîtresses, quelques relations distantes dans les milieux de la gauche ouvrière, de la presse
et surtout chez les prostituées qu’il aime et recherche pour leur compagnie et leur maternelle humanité.
psychol. simplifiée : encore un nostalgique. Perdu dans une Barcelone qui n’existe plus que comme
légende, survivant difficilement à la disparition de ce qui fut l’âme de sa ville : solidarités, esprit frondeur,
humour, intempérances de tout poil. La reconversion de la ville aux valeurs de l’économie de marché le
laisse de marbre. Ours mal léché, seule la fréquentation de quelques bars et bouquinistes le déride un peu.
Esprit intuitif, il avance grâce à une connaissance approfondie de la nature humaine, sans illusion sur sa
prétendue capacité à discriminer le bien et le mal.
signes particuliers : se déplace exclusivement à pied. Enchaîne serré des dizaines de clopes et à peine
moins de godets témoignant de la riche variété des vins de la péninsule. Fait le coup de poing si nécessaire
mais ménage un cœur de soixante ans usé à la corde et devenu imperméable à l’amour. Mal fringué, un
peu crade, vulgaire et scato, épaules constellées de pellicules, les poches pleines de bouquins de poètes
méconnus : l’anti latin lover.
méthodologie : conduit ses enquêtes seul et contre sa hiérarchie dont il est détesté. On tente de le cantonner
dans des investigations genre chiens écrasés. Manque de pot, il connaît tellement intimement les bas-fonds
de la ville (et en est tellement connu) qu’il tombe toujours sur le crime. Son élan irrépressible à défendre
la veuve et l’orphelin le conduit à fouiner là où il ne devrait pas. Un bon réseau d’indics, une formidable
intelligence du terrain, une ténacité vengeresse l’amènent à faire tomber les puissants au grand dam de
l’establishment (pas souvent condamnés, il faut le dire. Heureusement qu’ils se butent entre eux...).
la loi des séries - 7
— La police, questionnat-elle, pourquoi ?
— Ce sont des choses qui
arrivent, fit Méndez d’un
ton équivoque. Dans la
vie d’une personnalité
les inspecteurs de
police ou des finances
sont inévitables.
— Asseyez-vous.
Méndez avait déjà pris
place.
— Je n’ai pas d’embarras fiscal, fit Marina
Volpe. J’ignorais par
ailleurs que la police
gérait désormais ces
dossiers.
— Tous est possible dans
un régime démocratique,
dit gentiment Méndez.
Ne volez pas l’argent du
peuple.
— Qu’est-ce que vous
dites ?
— Vous le gagnez, et
c’est le peuple qui le
dépense. Il n’est donc
pas à vous.
— Je ne saisis pas
l’allusion.
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
paternité : Francisco González Ledesma (Espagne).
Les enquêtes de Grazia Negro se heurtent à un problème majeur : dans Bologne-la-rouge, on ne fait pas
de vagues. S’il y a des serial killers, ce n’est que dans la tête de flics versés dans la culture policière
américaine. Le concept n’est pas valide en Italie.
Bologne
Chercher à relier des crimes inexpliqués depuis des années est une perte
de temps, un objet littéraire qui
heurtera un juge assoupi, un directeur qui craint pour son avancement,
la faune d’avocats qui ont vite fait de
brandir la charte des Droits civiques :
Dites, Inspecteur Negro, vous êtes
payée pour vous occuper des dealers,
des sans-papiers et des prostituées,
non ?
Cette ville, lui avait dit Matera, n’est pas
comme les autres villes. Elle n’est pas seulement grande, elle est aussi compliquée. Si tu
la regardes comme ça, en te baladant, Bologne semble toute faite d’arcades et de places,
mais si tu la survoles, elle est verte comme
une forêt grâce aux cours intérieures que l’on
ne voit pas depuis la rue. Et si tu vas dessous
en barque, tu trouves tant d’eau et de canaux
qu’on dirait Venise. Un froid polaire l’hiver et
une chaleur tropicale l’été. Une mairie rouge
et des coopératives milliardaires. Quatre types de mafias différentes qui recyclent l’argent
de la drogue dans toute l’Italie. Tortellini et
satanistes. Cette ville est différente de ce
qu’elle paraît, inspecteur, cette ville a toujours
une moitié cachée.
paternité : Carlo Lucarelli (Italie).
parrainage : Gallimard, Série Noire.
statut : inspectrice, police scientifique de Bologne.
fréquentations : peu hormis les collègues de travail
rtres
et les personnes impliquées dans les affaires (meu
en série), qu’elle mène sous la houlette d’un supérieur
toujours un peu condescendant. Bologne lui est
étrangère, elle ne comprend pas cette ville bizarre,
sa
secrète et branchée qui dissimule sous la façade de
trépidante vie étudiante une faune cosmopolite
prospérant sur la drogue et la prostitution.
psychol. simplifiée : jolie, gracieuse et fragile, elle
suscite des comportements paternalistes dans un
univers masculin où personne ne la prend trop au
ie,
sérieux. Extrêmement sensible et douée d’empath
.
chés
écor
les
elle est attirée par les faibles, les ratés,
ence
C’est une instinctive qui parle peu et agit dans l’urg
et
e
après avoir fait les choix dictés par sa conscienc
lle
son cœur. Dès lors, elle est d’une ténacité telle qu’e
rchie.
en oublie à la fois sa peur et le respect de la hiéra
C’est une femme italienne avec toutes les caractése
ristiques qu’on y attache : sentimentale, amoureu
mais
d’instinct, apparemment fragilisée par son élan
force
finalement protectrice de ceux qu’elle aime. Une
lors
longue à se révéler mais sans marche arrière dès
qu’elle a discerné où était le juste combat.
l’aide
signes particuliers : porte un blouson bomber qui
à dissimuler cet objet insolite : le flingue. N’oublie
meurjamais d’être femme, même face à un dangereux
se de
trier. Use alors de son charme, la main sur la cros
nson Beretta. Comportements « déviants » et peu ratio
s.
nelle
nels au regard des techniques policières tradition
méthodologie : une énergie enfantine alliée à un
vite
raisonnement sans faille lui permettent d’aller très
à l’essentiel. Alors il lui incombe à elle, la « petite»,
leur
d’assister et d’éclairer les flics mâles aveuglés par
er
ego ou par les conventions, et de protéger et réconfort
les victimes.
la loi des séries - 9
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
Grazia Negro
Shanghai
La corruption des nouveaux riches est souvent en ligne de mire des enquêtes de Chen Cao. avec les triades
(gangs régionaux traditionnels reconvertis dans le crime international — trafics, prostitution, immigration
clandestine…), il a appris à composer quand nécessaire, vu qu’il est impossible d’en venir à bout.
Chen Cao
paternité : Qiu Xiaolong (Chine).
parrainage : éditions du Seuil.
statut : inspecteur principal de la police de Shanghai.
géographie : Shanghai centre. Attiré par le Bund (les quais du Fleuve Jaune).
Fréquente les maisons de thé, les restaurants traditionnels, les bouis-bouis
familiaux, les vendeurs à la sauvette. Aime se promener dans les ruelles et les
passages des vieux Shikumen (anciennes habitations collectives).
origines : fils d’un universitaire confucianiste déporté pendant la Révolution Culturelle. Sa vieille mère est une lettrée.
fréquentations : poètes, écrivains, artistes, mais aussi restaurateurs, retraités,
anciens collègues reconvertis dans les affaires du « socialisme de marché ».
signes particuliers : ses enquêtes sont minutieuses, prudentes, petits pas. Tourne autour
du pot, se rapproche lentement du but en écartant les oppositions de ses supérieurs.
Arrondit ses fins de mois avec des traductions de l’anglais (polars et poésie). Cite sans
cesse proverbes et poèmes de la tradition. Petit côté arriviste, ne dédaigne pas les
chauffeurs, l’argent, les hôtels de luxe.
Est persuadé que, selon la tradition taoïste, tout revient, tout
se représente à nouveau, ce qui
a été sera, et tout mystère a
déjà été résolu dans le passé. La
observations : versé dans la poésie des dynasties Tang et Song au point de déréaliser ce Chine ultra-moderne ne s’éloigne
qu’il vit et de ne recevoir les signaux qui lui arrivent du réel que de comme des corres- pas de son passé, elle en hérite
pondances qui trouvent un écho dans les vers classiques. Mais, paradoxalement, c’est et le rend présent. La solitude du
aussi de la poésie que lui vient l’illumination qui lui permet de résoudre une énigme : lettré (flic soit-il) devant le poula poésie a donc prise sur le réel, ou au moins sur l’attentat au réel que représente tout voir est une figure éternellement
chinoise.
crime.
On pourrait dire que le milieu des triades modernes est une mauvaise copie de celui, plus extrême, des romans de kung-fu. Il y a bien sûr des
différences, mais ils affichent les mêmes valeurs. En premier lieu, le Yi Qi, un code éthique de fraternité, de loyauté et d’obligation de rendre
tout service accepté. Mais le concept n’est pas forcément négatif. Mon père était un érudit confucéen et je n’ai pas oublié une des maximes
qu’il m’a enseignées : Si quelqu’un t’aide en te donnant une goutte d’eau, tu dois le lui rendre en lui creusant un puits.
la loi des séries - 11
textes : Joël Bertrand - dessins et graphisme : Aude Poirot - réalisation : éditions voir page 1 ( 05 61 96 68 99)
psychol. simplifiée : intègre, têtu, très habile dans le maniement de la dialectique
pour faire passer ses choix auprès des cadres du Parti. Doit sans arrêt se tenir
sur la corde entre tradition communiste et nouvelles orientations de la politique de
réformes initiée par Deng Xiaoping. Attiré par les jeunes Chinoises branchées mais
son statut de flic et sa morale l’empêchent souvent de passer à l’acte. Trimbale une
vieille et épisodique histoire d’amour avec la fille d’un haut responsable du Parti.
Gourmet exigeant et fin connaisseur de la cuisine chinoise. Il est aussi un poète
moderniste reconnu, membre de l’Union des écrivains.