DES CONCEPTS DE RISQUE ET D`OPPORTUNITÉ DANS LE
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DES CONCEPTS DE RISQUE ET D`OPPORTUNITÉ DANS LE
DES CONCEPTS DE RISQUE ET D’OPPORTUNITÉ DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT. AUTEURS : Emile-Michel HERNANDEZ, Nathalie SARROUY-WATKINS RÉSUMÉ : L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain, décousu, holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y précisant son organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs d’évolution. La littérature ne nous fournissant pas de découpage systémique identifiant tous les aspects de base du système d’action entrepreneurial, nous formons les hypothèses que sa structure repose sur le système de connaissances, que les activités organisationnelles sont les fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son évolution. Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive (Beck, 1992), en le différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque est défini comme la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921). L’opportunité d’affaires, un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003), est conçue comme un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence significative sur l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains potentiels étant « la force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 :143). MOTS CLÉS : Entrepreneuriat - Système - Risque - Incertitude - Opportunité 1 DES CONCEPTS DE RISQUE ET D’OPPORTUNITÉ DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT. RÉSUMÉ : L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain, décousu, holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y précisant son organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs d’évolution. La littérature ne nous fournissant pas de découpage systémique identifiant tous les aspects de base du système d’action entrepreneurial, nous formons les hypothèses que sa structure repose sur le système de connaissances, que les activités organisationnelles sont les fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son évolution. Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive (Beck, 1992), en le différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque est défini comme la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921). L’opportunité d’affaires, un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003), est conçue comme un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence significative sur l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains potentiels étant « la force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 :143). MOTS CLÉS : Entrepreneuriat - Système - Risque - Incertitude - Opportunité 2 INTRODUCTION L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain, décousu, holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y précisant son organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs d’évolution. La littérature ne nous fournit pas de découpage systémique identifiant tous les aspects de base du système d’action entrepreneurial dont la finalité est l’organisation existante. Nous formons alors les hypothèses que sa structure repose sur le système de connaissances, que les activités organisationnelles sont les fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son évolution. Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive (Beck, 1992), en le différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque, c’est la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action. C’est un concept bidimensionnel (Dickson, Giglierano, 1987), le risque de rejeter une opportunité prometteuse ou celui de choisir la mauvaise, fondé sur le concept d’erreur pouvant entraîner des pertes potentielles. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921). L’opportunité d’affaires est un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes, du besoin latent d’un marché, à la rencontre d’un besoin et de ressources pour fin de création de valeur (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003). Nous l’envisageons comme un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence significative sur l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains potentiels étant « la force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 : 143). 1. LE PHÉNOMÈNE ENTREPRENEURIAL, UN SYSTÈME COMPLEXE 1.1. Aborder le phénomène entrepreneurial avec la pensée complexe William BYGRAVE étudie la création entrepreneuriale en 1989 dans Entrepreneurship Theory and Practice à l’occasion de deux articles. Il y décrit le phénomène entrepreneurial comme un état de changement permanent, parsemé de « sauts quantiques », comme un processus initié par un ou plusieurs individus, décousu, holiste, discontinu, unique, impliquant de nombreuses variables. Le phénomène entrepreneurial est complexe, et ne peut être rendu 3 accessible par des modèles quantitatifs, basés sur l’utilisation de fonctions analytiques et connues (Bygrave, 1989a : 23), car cela suppose une division qualitative de la réalité en isolant les parties d’un système, considérées comme stables donc reproductibles. Or l’entrepreneuriat est une science de la turbulence et du changement, et non de la continuité (Bygrave, 1989a : 28). La pensée complexe est un paradigme permettant d’aborder les phénomènes entrepreneuriaux et notamment « le fouillis (le jeu infini des rétroactions), la solidarité des phénomènes entre eux, le brouillard, l’incertitude, la contradiction (Morin, 2005 : 22). Mais la complexité est un mot difficile à cerner pour Edgar MORIN : est complexe ce qui est en quelque sorte imprévisible et qui fait l’objet d’interactions nombreuses et simultanées. « La notion de complexité implique celle d’imprévisibles possibles, d’émergence plausible du nouveau et de sens au sein du phénomène que l’on tient pour complexe » (Le Moigne, 1990 : 3). Avec le concept de complexité, le monde constitué d’entités distinctes et imprévisibles, s’envisage de manière évolutive et non statique. Son organisation s’effectue par l’interaction entre ces entités, en niveaux de complexité croissante. L’émergence s’envisage dès qu’apparait un degré d’organisation présentant une complexité supérieure. Envisager le phénomène entrepreneurial en tant que système complexe nous conduit à adhérer au paradigme de l’émergence organisationnelle (Verstraete, Fayolle, 2005). Notre définition de l’entrepreneuriat devient similaire à celle de William GARTNER : c’est la création d’organisation qui distingue les phénomènes entrepreneuriaux des autres (Gartner, 1985 : 69) et les organisations émergentes sont des organisations-en-création (Katz, Gartner, 1988 : 429). 1.2. Le Système Général La pensée complexe s’appuie sur les sciences systémiques1, le concept de système apportant un nouveau mode de compréhension du réel. Le paradigme systémique illustré par la métaphore organisationnelle du réseau succède au paradigme analytique et sa métaphore « fondationnelle » du bâtiment, cristallisant en quelque sorte la faillite du discours cartésien (Le Moigne, 1977). Mais, que sont les systèmes ? Issu du grec sustêma qui signifie « ensemble cohérent », le concept de système est utilisé pour refléter la réalité complexe en perpétuelle évolution (Le 1 Pour plus d’informations, voir les ouvrages de Ludwig Von BERTALANFFY, General System Theory : Foundations, Development, Application (1968), et de Jean-Louis LE MOIGNE, Théorie du Système Général, théorie de la modélisation (1977). 4 Moigne, 1990 : 38). Il correspond à un enchevêtrement intelligible et finalisé d’actions interdépendantes et permet de décrire la conjonction de deux perceptions antagonistes : d’un côté un phénomène compris en tant que projet, qu’unité et cohérence, et de l’autre le phénomène perçu dans ses interactions internes entre éléments dont il est le résultat (1990 : 43). Le système c’est aussi un « ensemble d’unités en interrelations mutuelle » (Bertalanffy, 1968), une « unité globale organisée d’interrelations entre éléments, actions ou individus » (Morin, 1990), ou encore un « ensemble finalisé ; composé de sous-ensembles interactifs » (Sammut, 1998 : 44). On parle de systèmes physiques (l’atome), chimiques (la molécule) mais également de systèmes vivants (la cellule), de système humain, de systèmes sociaux (sociétés, réseaux sociaux, entreprises), voire de systèmes artificiels. Les systèmes présentent quatre concepts fondamentaux qui permettent leur compréhension : (1) L’interaction des éléments constitutifs entre eux ; (2) La totalité signifiant que l’ensemble est plus que la somme de ses parties, et qui renvoie au concept d’émergence; (3) L’organisation qui regroupe à la fois la structure et les fonctions du système (c’est-à-dire ce que sa structure lui permet de faire) ; (4) La complexité qui dépend du degré d’organisation, du niveau d’incertitude de l’environnement, et de la difficulté de compréhension de ses éléments. Jean-Louis LE MOIGNE (1977 : 208) définit le Système Général (SG) comme un objet artificiel issu de la pensée humaine, une image de l’objet structuré évoluant dans le temps. La Théorie Générale des Systèmes (TGS) est une théorie de la modélisation des objets naturels ou artificiels grâce au SG qui se construit autour de trois aspects de base : (1) la structure, (2) l’activité, et (3) l’évolution (voir figure 1). Figure 1 – Le Système Général ÉVOLUTION E N V I R O N N E M E N T STRUCTURE F I N A L I T É S ACTIVITÉ Source : adapté de Jean-Louis LE MOIGNE (1977 : 58). 5 Le SG correspond à « un objet qui dans un environnement, doté de finalités, exerce l’activité et voit sa structure interne évoluer au fil du temps, sans qu’il perde pourtant son identité unique » (Le Moigne, 1977 : 60). 1.3. Modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que Système Général Modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que SG consiste à en rechercher la structure (à travers l’identification de ses éléments constitutifs), les mécanismes, mais également les activités (ou manifestations tangibles) et l’évolution dans le temps en fonction de finalités (la création de la firme). La modélisation systémique se fonde sur l’action, qui s’exprime dans le concept de processus impliquant une modification morphologique de l’objet dans le temps au moyen de processeurs, c’est-à-dire les fonctions du changement. La modélisation systémique du phénomène entrepreneurial est récente et a fait l’objet de peu de développements (Lichtenstein, Carter, Dooley, Gartner, 2007 ; Sammut, 1998, 1999 ; Spilling, 1996). Pour Olav SPILLING (1996), le système entrepreneurial s’envisage au niveau d’une région (celle des jeux olympiques de Lillehammer) et ses éléments constitutifs en sont les acteurs et leurs rôles, les institutions et les facteurs environnementaux. Pour Sylvie SAMMUT (1998 : 198), le système entrepreneurial, un « système de gestion qui démarre », est constitués de cinq sous-systèmes : l’entrepreneur, l’environnement, l’organisation, les ressources financières et les activités (voir figure 2) qui interagissent entre elles. Figure 2 - Le système de gestion finalisé de la petite entreprise en phase de démarrage RESSOURCES FINANCIÈRES Faisabilité Allocation Crédibilité ENVIRONNEMENT ENTREPRENEUR Légitimité ORGANISATION Culture Vision Métier Mission ACTIVITÉS Source : Sylvie SAMMUT (1999 : 313) 6 Pour Benyamin LICHTENSTEIN, Nancy CARTER, Kevin DOOLEY et William GARTNER (2007), les éléments constitutifs du système entrepreneurial sont les activités organisationnelles, c’est-à-dire (1) l’engagement effectif de l’entrepreneur, (2) l’obtention d’un financement, (3) la création juridique, (4) les premières ventes et (5) l’atteinte d’une trésorerie positive. L’émergence de l’organisation est issue de l’interaction entre les activités organisationnelles qui sont déclenchées par la vision de l’opportunité d’affaires. Nous souhaitons proposer un autre découpage systémique du phénomène. Le système entrepreneurial que nous envisageons comme un système d’action et non comme un système de gestion, a pour propriété une autre organisation que celle suggérée par les auteurs. Notre hypothèse, c’est que les activités organisationnelles en sont les fonctions (ou les activités), et non les composantes de sa structure. Nous pensons que cette dernière repose sur le système de connaissance. Quant aux processeurs d’évolution morphologique du système, nous proposons l’opportunité d’affaires et le risque (voir figure 3). Figure 3 - Découpage systémique du phénomène entrepreneurial STRUCTURE Système de connaissance FONCTIONS Activités organisationnelles SYSTÈME D'ACTION ENTREPRENEURIAL PROCESSEURS D'ÉVOLUTION sur l'existence de ressources (Opportunité) - Gestion de l'incertitude sur les résultats de l'action (Risque) - Croyance FINALITÉ Emergence de l'organisation 2. RISQUE ET OPPORTUNITÉ, LES PROCESSEURS DU SYSTÈME D’ACTION ENTREPRENEURIAL 2.1. La théorie de l’action, un ancrage théorique pour l’étude de la dynamique des systèmes La TGS procède surtout à un découpage morphologique de l’objet qui met en évidence son organisation : sa structure constituée d’éléments (ou sous-ensembles), et ses fonctions (ou activités exercées) qui correspondent à ce que sa structure lui permet de faire. La dynamique de l’objet est expliquée par la théorie des catastrophes (Thom, 1972 ; Le Moigne, 1977), une théorie mathématique des systèmes qui sautent soudainement d’un état stable à un autre lors de changements continus dans les variables externes (Bygrave, 1989b). Cette théorie posant 7 un certains nombre de problèmes lorsqu’on souhaite dépasser la simple métaphore et l’appliquer à l’entrepreneuriat (Bygrave, 1989b), nous nous référerons à la théorie de l’action pour la compléter. Dans ce corpus, la philosophie de l’action humaine et la sociologie de l’action permettent d’expliquer l’action d’organiser de manière causale (ou intentionnelle) et le concept de logique d’action (Boltanski, Thévenot, 1991; Amblard, Bernoux, Herreros, Livian, 2005) explique les rationalités justifiant les choix en fonction de situations spécifiques. 2.2. Le concept de risque Introduction au concept de risque Le risque a fait l’objet de nombreuses définitions au cours du temps et dans de nombreuses disciplines, de la philosophie à l’entrepreneuriat. Considéré comme une fonction entrepreneuriale par les premiers économistes (Cantillon, 1755 ; Say, 1832, Mill, 1848 ; Knight, 1921), le risque est ensuite envisagé dans l’école psychologique personnaliste comme la propension à la prise de risque, c’est-à-dire un trait psychologique stable (Begley, Boyd, 1987 ; McClelland, 1962 ; Sexton, Bowman, 1983). Les résultats contradictoires de recherche sur la propension au risque (Brockhaus, 1980 ; Shapero, 1985) amène les chercheurs de l’école cognitive à envisager le risque comme un schéma mental (Palich, Bagby, 1995 ; Shaver, Scott, 1991). Le risque devient la perception d’une situation, c’est-à-dire la représentation que s’en fait l’individu, une perception influencée par des stratégies mentales ou biais cognitifs, outils de l’intuition humaine (Baron, 1998 ; Busenitz, Barney, 1997 ; Das, Teng, 1998 ; Markman, Balkin, Baron, 2002 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999). Le concept de risque a vu ainsi son importance diminuer au fur et à mesure du temps d’une fonction entrepreneuriale clé à une perception, dépendante du système de représentation de l’individu et de la situation. En effet, les paradigmes identifiés par Thierry VERSTRAETE et Alain FAYOLLE en 2005 reposent sur d’autres concepts : l’innovation, l’émergence, l’opportunité ou la création de valeur. De plus, plusieurs études empiriques révèlent que certains entrepreneurs ne voient pas du tout le risque d’échec (Shapero, 1985), ne le perçoivent pas (Corman, Perles, Vancini, 1988 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999), ne l’envisagent même pas (Barbosa, 2008) ou tout bonnement le nient (March, Shapira, 1987). Pourtant la prise de risque est liée intrinsèquement « au changement, à l’apparition du nouveau et à l’émergence » (Bruyat, 2001 : 36). Pourtant le risque permet une grille de lecture du phénomène entrepreneurial car « le management c’est l’art d’éviter les risques en 8 établissant des procédures, alors que l’entrepreneuriat c’est l’art d’assumer les risques en développant des processus » (Marchesnay, 2000 : 111, cité par Hernandez, 2008). Pourtant la perception du risque affecte de manière importante la décision de créer (Barbosa, 2008), et elle est négativement associée avec l’acte de création de la firme (Busenitz, Barney, 1997 ; Keh, Foo, Lim, 2002 ; Palich, Bagby, 1995 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999 ; Sitkin, Pablo, 1992). L’approche philosophique des risques Le risque n’est pas un concept facile à cerner et les travaux du philosophe Stefano MASO (2006) nous permettent d’éclairer certaines de ses zones d’ombre. Le concept moderne du risque (italien ancien « risco/risico » d’où découle le français « risque », l’anglais « risk », l’espagnol « risco/riesgo », l’allemand « Risiko ») englobe deux idées correspondant aux deux origines probables du « risque » : (1) le « destin » ou « hasard » (« To riziko » en grec), une loi à laquelle chaque être humain ne peut échapper; (2) l’idée moins accréditée du « danger » (« resecare » en latin) avec l’individu au centre de la perspective, et responsable de ses actions. Risque et danger sont deux notions aux territoires différentes. Le danger existe et ne s’envisage pas avec une perspective scientifique car il fait référence à une situation de fait. Le risque est un concept qui lie l’individu et le danger qu’il cherche à anticiper, il « … se représente comme l’attitude, la disposition subjective, face à la nécessité d’endiguer sa propre insécurité. Le risque n’est donc pas une donnée de fait, une situation de danger : il est plutôt la manière dont le sujet s’apprête à être lui-même, dont il décide d’assumer la précarité de ce qui caractérise sa propre existence, pour en faire le premier pas en vue du changement » (Maso, 2006 : 21). Le risque n’est pas le lieu où l’on affronte le danger mais il reflète l’incapacité de l’individu d’affronter les dangers. L’approche sociologique des risques Ortwin RENN (1992) relève quatre approches au concept du risque dans la littérature (voir figure 4). L’approche technique des risques est la plus communément utilisée et la plus ancienne (Brunet, 2007). Elle prend pour postulat que les risques sont mesurables de façon objective au moyen de méthodes scientifiques et techniques appropriées. Cette approche regroupe les démarches qui recourent à des méthodes statistiques et probabilistes : c’est pouvoir prédire la réalisation d’un événement à partir de l’extrapolation de données 9 statistiques. Par exemple, entrent dans cette catégorie, les risques liés aux moyens de transport. Figure 4 – Les différentes approches pour le concept de risque Approche Technique Approche Cognitiviste • Le risque est objectif et se mesure par des méthodes statistiques et probabilistes • Le risque est perçu et se mesure par des méthodes psychométriques Approche Economique • Le risque est un choix rationnel qui repose sur l'utilité des options Approche Socioculturelle • Le risque est une croyance déterminée par des modèles culturels Source : adapté d’Ortwin RENN (1992) La conception scientifique, technique et objective des risques s’applique également à l’approche cognitiviste et à la perception des risques. Les psychométriciens mettent en évidence que les individus perçoivent plus menaçantes les situations aux conséquences potentiellement plus importantes et à faible probabilité d’occurrence, que celles à grande probabilité d’occurrence mais aux conséquences moins lourdes. Ils identifient également les stratégies mentales des individus modifiant leur perception des risques qu’ils surestiment ou sous-estiment : ce sont les biais cognitifs qui affectent la rationalité des individus. Avec l’approche économique, le risque se transforme en combinaison linéaire des valeurs et des probabilités d’occurrence des options. Les conséquences négatives potentielles des décisions sont traduites en termes économiques et jugées selon leur utilité et leur valeur subjective. Le risque présente deux dimensions, la probabilité d’occurrence d’un événement et l’ampleur des conséquences potentielles. Cette approche est véhiculée par les travaux de Daniel BERNOUILLI (1738), John Von NEUMANN et Oskar MORGENSTERN (1944) et Kenneth ARROW (1965). Avec l’approche socioculturelle (Douglas, Widavsky, 1982 ; Beck, 1992), les risques sont déterminés par des modèles culturels de croyances formées de représentations et perceptions du monde. Le concept du risque réflexif d’Ulrich BECK correspond à la dernière évolution du concept de danger (voir figure 5) issu des sociétés pré-modernes (Beck, 1992 ; Maso, 2006, Brunet, 2007). Le danger s’est transformé en risque moderne lorsque la rationalité scientifique a permis de transformer l’incertitude de dangers futurs en langage mathématique (Beck, 1992 ; Brunet, 2007), ce qui implique leur connaissance et la possibilité d’établir leur occurrence par des méthodes statistiques. Le risque réflexif reflète la confrontation de la 10 réflexion de la société hypermoderne avec les effets dommageables et imprévus du développement technico-économique. Les risques deviennent imperceptibles, difficiles à évaluer et à situer dans le temps et l’espace. Ils n’existent que s’ils sont connus de l’individu car le phénomène dommageable doit devenir visible par la connaissance avant de pouvoir en faire une évaluation probabiliste. Le concept de risque réflexif permet d’expliquer pourquoi dans certaines situations, les entrepreneurs ne perçoivent pas de risque dans la création de leur firme. L’entrepreneur ne connaît pas toutes les conséquences dommageables de la création, par exemple les conséquences sanitaires ou écologiques de la production et la consommation de certains produits ou les conséquences éthiques et en termes d’image de la délocalisation. Ces risques nécessitent une connaissance spécifique pour les révéler et des démarches différentes de la démarche technique pour les appréhender : les risques hypermodernes nécessitent de connaître les dangers auxquels on fait face. Figure 5 – Evolution du concept de risque Danger • Pré-modernité. Risque Moderne • Modernité. • Probalité d'occurence d'événements dommageables futurs. • Maîtrise du monde due à la rationnalité scientifique transformant l'incertitude en langage mathématique. • Méthodes statistiques d'évaluation. Risque Réflexif • Post et hypermodernité. • Le risque n'existe que si les effets dommageables sont connus. • S'envisage selon le système, social, économique ou individuel. Source : adapté de Sébastien BRUNET (2007) L’approche des économistes KNIGHT et KEYNES Le concept d’incertitude est étroitement lié au concept de connaissance depuis les économistes préclassiques (Cantillon, 1755), jusqu’aux chercheurs actuels en sciences systémiques (Gonod, 2000) et en philosophie des sciences (Taleb, 2009). Qu’est-ce que l’incertitude ? C’est un doute sur les croyances. L’origine de l’incertitude ? C’est le déficit de connaissances (Knight, 1921 ; Kirzner, 1973 ; Barbosa, 2008). L’incertitude d’une situation diminue lorsque l’individu accroît ses connaissances et donc le contrôle qu’il a sur elle (Knight, 1921), particulièrement lors d’une création d’entreprise (Barbosa, 2008). C’est un concept subjectif relatif à une réflexion de l’individu sur sa connaissance et non un attribut des situations (Hogarth, 1987, Barbosa, 2008). Deux économistes adoptent une approche des risques fondée non pas sur l’utilité mais sur l’incertitude. Pour Frank KNIGHT (1921), le risque est une incertitude exprimée sous la 11 forme d’une probabilité scientifique, soit (1) une fréquence mathématique « a priori calculation », ou soit (2) une extrapolation de données empiriques « statistics of past experience » (1921 : 233). Par contre, l’incertitude totale correspond aux situations où les alternatives potentielles, et les probabilités ne sont pas connues. C’est le cas des événements futurs sur lesquels se forment des jugements qui guident l’action (Knight, 1921 : 233), et notamment les impacts des décisions d’affaire si uniques qu’il est impossible de se baser sur une quelconque statistique pour les prévoir. L’action s’effectue alors principalement sur la base d’estimations et non de probabilités scientifiques. Le phénomène entrepreneurial étant par essence incertain et aléatoire, imprévisible (Bygrave, 1989a, b), le concept de risque en tant qu’incertitude quantifiable ne peut s’appliquer à l’entrepreneuriat. John Maynard KEYNES (1921) distingue lui aussi risque et incertitude, mais à la différence de KNIGHT, le risque est envisagé comme le degré de croyance de l’occurrence d’événements futurs et non comme une incertitude quantifiable car l’incertitude ne peut se quantifier de manière scientifique. Les probabilités sont épistémiques : ce ne sont pas des fréquences mathématiques dépendant de phénomènes physiques aléatoires comme des jeux de hasard, mais des degrés de croyances dans les cas où la connaissance des circonstances et des causalités est imparfaite : « (…) du fait que notre connaissance de l’avenir est fluctuante, vague et incertaine (…), il n’y a pas de fondements scientifiques sur le fait que l’on puisse formuler, de façon autorisée, quelque raisonnement probabiliste que ce soit. Nous ne savons pas tout simplement. Néanmoins, la nécessité d’agir et de décider nous oblige, en tant qu’hommes pratiques, à faire de notre mieux pour surmonter cette réalité embarrassante, et à nous conduire exactement comme nous le devrions si nous avions derrière nous un bon calcul benthonien de séries d'avantages et d'inconvénients futurs -chacun multiplié par sa probabilité propre- en attente d'être effectué. » (Keynes, 1963 (1936) : 143-144). Proposition de définition et de conceptualisation du risque Des travaux précédents, nous retenons que, le calcul de probabilités mathématiques pour mesurer les risques des situations réelles futures est impossible, car leurs règles ne sont pas connues. Le hasard ne peut être connu car il relève de ce qui n’est pas encore arrivé, et il ne s’agit pas d’un jeu de cartes (Taleb, 2009). Nous tentons de gérer l’incertitude en utilisant les probabilités qualitatives et épistémiques éloignées des probabilités aléatoires quantitatives et scientifiques qui concernent, elles la certitude de notre savoir. Les probabilités sont affaire d’incertitude, une façon subjective de mesurer les croyances : « l’acceptation du manque de 12 certitude dans notre connaissance et la mise au point de méthodes destinées à composer avec notre ignorance» (Taleb, 2009 : 13). Nous appellerons risque cette méthode de gestion de l’incertitude des dangers potentiels (voir figure 6). Le manque de certitude sur les estimations des résultats négatifs de l’action se cristallise dans le concept de risque que nous conceptualisons de manière classique (Barbosa, 2008), comme le produit d’une estimation ( jugement évaluatif) sur les résultats potentiels de l’action, et d’une probabilité épistémique (jugement prédictif) mesurant le degré d’incertitude (ou de croyance) dans cette estimation. Notre conceptualisation est relativement conforme avec celle de Sim SITKIN et Amy PABLO (1992), où le risque est défini comme le degré d’incertitude lié au résultat potentiel des décisions. Figure 6 – Définition du concept de risque DÉFICIT DE CONNAISSANCES INCERTITUDE = Doute sur les croyances GESTION DE L’INCERTITUDE = Risque Méthode pour composer avec le manque de certitudes des connaissances = Probabilités épistémiques mesurant les croyances Les hommes agissent en fonction de ce qu’ils pensent du futur (Knight, 1921 : 273) : ils adaptent leurs actions en fonction de leurs anticipations/prédictions, notamment celles de danger potentiel. Les mécanismes de l’action résident en fait dans le jugement sur les estimés des résultats de l’action (Knight, 1921), c’est-à-dire sur la gestion de l’incertitude. Nous nous basons sur les analyses de KNIGHT pour proposer que le risque, défini comme la gestion de l’incertitude, se comprend comme un mécanisme ou un processeur de l’action. 2.3. Le risque entrepreneurial Le risque entrepreneurial est bidimensionnel et repose sur le concept d’erreur, c’est-à-dire le risque de se tromper sur l’existence de ressources : (1) soit elles existent et l’individu ne le croit pas, c’est le risque de rejeter une opportunité avantageuse ou missing-the-boat-risk, ou (2) soit elles n’existent pas et l’individu pense le contraire, et c’est sinking-the-boat-risk, le 13 risque de se tromper sur l’opportunité, ce qui conduit à l’échec et aux pertes possibles (Dickson, Giglierano, 1987 ; Barbosa, 2008). Si le risque de manquer une opportunité est un accélérateur des phases initiales du processus d’émergence, il tend à disparaître dans l’action (Barbosa, 2008), c’est-à-dire durant la phase de construction effective de l’organisation. Quant au risque d’échec, les études suggèrent : (1) qu’il ne semble pas beaucoup peser dans la décision d’entreprendre ou alors il est géré (Barbosa, 2008), (2) qu’il n’est pas considéré dans la prise de décision (Shapira, 1986 ; March, Shapira, 1987), ou (3) qu’il est perçu comme minime ou inexistant (Shapero, 1985). Il peut par contre augmenter durant le processus d’émergence de l’organisation et l’apparition des activités organisationnelles, par l’acquisition de connaissances nouvelles (Barbosa, 2008). En conclusion, le risque est un concept liant l’homme et le danger, non pas le danger immédiat auquel il est confronté mais le danger potentiel issu de ses actions. L’incertitude qu’il ressent face à l’évaluation du résultat de son action se concrétise dans le concept de risque, une méthode pour gérer cette incertitude (et faire comme si il pouvait anticiper l’avenir). Le risque est un jugement prédictif exprimé sous la forme d’une probabilité concernant l’estimation du résultat négatif de l’action (le danger, les pertes potentielles). Les deux risques entrepreneuriaux identifiés entraînent des dangers et des pertes potentiels, soit de ne pas profiter de l’opportunité qui se présente ou de croire à tort, en l’existence de ressources. De plus, les conséquences des actions d’entreprendre ne sont pas toutes prévisibles, et le risque n’existe que si l’entrepreneur a connaissance des conséquences potentiellement dommageables de ses actions : la gestion de l’incertitude devient réflexive. 2.4. Le concept d’opportunité Des différents courants de recherche sur l’opportunité d’affaire, nous retiendrons qu’il s’agit là d’un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes, du besoin latent d’un marché, à la rencontre d’un besoin et de ressources pour fin de création de valeur (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003). Pour certains chercheurs, les opportunités ont une existence objective (Schumpeter, 1935, 1942), d’autres les envisagent comme une réalité objective uniquement pour ceux qui savent la saisir (McMullen, Shepherd, 2006). Elles peuvent être découvertes selon (1) le niveau d’information de l’individu et ses capacités cognitives notamment «l’alertness » (Hayek, 1945 ; Kirzner, 1973, 1979, 1985, 1997), ou selon (2) ses habiletés ou compétences notamment les connaissances antérieures (Knight, 1921). Pour d’autres chercheurs, ce ne sont 14 pas des entités à découvrir mais des créations humaines (Berger, Luckman, 1966 ; Gaglio, Katz, 2001 ; Sarasvathy, Dew, Velamuri Ramakrishna, Venkataraman, 2003). L’opportunité est également envisagée comme une occasion, un ensemble de circonstances limitées dans le temps favorables au profit (Casson, 1982 ; Krueger, Dickson, 1994). Nous considérons que l’opportunité exprime un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), qu’il s’agit d’une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). Ce serait alors un phénomène cognitif (Carter, Hills, Gartner, 2003 ; Krueger, 2000), qui émerge dans la phase cognitive du processus de création de la firme (Gaglio, Katz, 2001), et qui se concrétise par l’élaboration d’un modèle d’adéquation besoins-ressources (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003 ; Verstraete, Jouison-Laffite, 2009). Il existe un lien fort entre la perception du risque et l’évaluation de l’opportunité entrepreneuriale (Keh, Foo, Lim, 2002 ; Sitkin, Pablo, 1992 ; Mullins, Forlani, 2000). En effet, percevoir un faible degré de risque est associé avec une évaluation positive de l’opportunité (Keh, Foo, Lim, 2002), et les entrepreneurs qui réussissent voient des opportunités dans des situations ou d’autres tendent à voir des risques (Sarasvathy, Simon, Lave, 1998). Si le risque a une influence négative sur la création de la firme, la perception d’opportunité a en revanche une influence significative sur l’intention entrepreneuriale (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008). Pour Saulo D. BARBOSA, « les gains potentiels sont, bien évidemment la force motrice poussant les entrepreneurs à agir » (2008 :143). Même si deux études révèlent que les concepts de risque entrepreneurial et d’opportunité d’affaires ne font partie du même construit (Krueger, Dickson, 1994 ; Barbosa, 2008), nous envisageons la gestion de l’incertitude des résultats de l’action entrepreneuriale et les croyances sur l’existence de ressources comme les processeurs (ou les mécanismes) de cette action. Il nous reste à découvrir comment interviennent ces processeurs à chaque niveau d’organisation supplémentaire, c’est-à-dire à chaque activité organisationnelle du système d’action entrepreneurial. 15 CONCLUSION Nous avons au cours de ce travail tenté de modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que système d’action en nous basant sur les hypothèses, que (1) son organisation repose sur une structure fondée sur le système de connaissances et des fonctions que sont les activités organisationnelles, et (2) que le risque et l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son évolution. L’examen de la littérature nous conduit à envisager le risque entrepreneurial de manière réflexive, en le différenciant du concept de danger. Nous le définissons comme la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action. L’action est déclenchée par la mesure de l’incertitude et non par l’estimation seule des résultats des actions. L’opportunité d’affaires, un concept renvoyant à plusieurs types de phénomènes est conceptualisée comme une croyance sur l’existence des ressources. Elle influence l’intention d’entreprendre en raison des gains potentiels associés à son exploitation. C’est la force motrice de l’action d’entreprendre, l’un des mécanismes ou processeurs. 16 BIBLIOGRAPHIE AMBLARD Henri, BERNOUX Philippe, HERREIROS Gilles, LIVIAN Yves-Frédéric (2005). Les nouvelles approches sociologiques des organisations. Editions du Seuil, Paris. ARDICHVILI Alexandre, CARDOZO Richard, RAY Sourav (2003). A Theory of Entrepreneurial Opportunity Identification and Development. Journal of Business Venturing, 18 (1), 105-123. ARROW Kenneth J. (1965). Aspects of the Theory of Risk Bearing. Editions Yrjo Hahnsson Foundation, Helsinki. BARBOSA Saulo D. (2008). 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