DES CONCEPTS DE RISQUE ET D`OPPORTUNITÉ DANS LE

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DES CONCEPTS DE RISQUE ET D`OPPORTUNITÉ DANS LE
DES CONCEPTS DE RISQUE ET D’OPPORTUNITÉ
DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT.
AUTEURS : Emile-Michel HERNANDEZ, Nathalie SARROUY-WATKINS
RÉSUMÉ : L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain,
décousu, holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y
précisant son organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs
d’évolution. La littérature ne nous fournissant pas de découpage systémique identifiant tous
les aspects de base du système d’action entrepreneurial, nous formons les hypothèses que sa
structure repose sur le système de connaissances, que les activités organisationnelles sont les
fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et l’opportunité d’affaires sont les
processeurs de son évolution. Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive
(Beck, 1992), en le différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque est défini
comme la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité
épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat
de l’action. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que
réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921). L’opportunité d’affaires, un concept
polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003),
est conçue comme un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément
une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence
significative sur l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains
potentiels étant « la force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 :143).
MOTS CLÉS : Entrepreneuriat - Système - Risque - Incertitude - Opportunité
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DES CONCEPTS DE RISQUE ET D’OPPORTUNITÉ
DANS LE CHAMP DE L’ENTREPRENEURIAT.
RÉSUMÉ : L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain,
décousu, holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y
précisant son organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs
d’évolution. La littérature ne nous fournissant pas de découpage systémique identifiant tous
les aspects de base du système d’action entrepreneurial, nous formons les hypothèses que sa
structure repose sur le système de connaissances, que les activités organisationnelles sont les
fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et l’opportunité d’affaires sont les
processeurs de son évolution. Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive
(Beck, 1992), en le différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque est défini
comme la gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité
épistémique, mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat
de l’action. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que
réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921). L’opportunité d’affaires, un concept
polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003),
est conçue comme un lien entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément
une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence
significative sur l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains
potentiels étant « la force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 :143).
MOTS CLÉS : Entrepreneuriat - Système - Risque - Incertitude - Opportunité
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INTRODUCTION
L’objectif de ce travail est de modéliser le phénomène entrepreneurial incertain, décousu,
holiste (Bygrave, 1989b), en tant que système d’action (Le Moigne, 1977) en y précisant son
organisation, c’est-à-dire sa structure et ses fonctions, ainsi que ses processeurs d’évolution.
La littérature ne nous fournit pas de découpage systémique identifiant tous les aspects de base
du système d’action entrepreneurial dont la finalité est l’organisation existante. Nous formons
alors les hypothèses que sa structure repose sur le système de connaissances, que les activités
organisationnelles sont les fonctions par lesquelles il se manifeste, et que le risque et
l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son évolution.
Nous envisageons le risque entrepreneurial de manière réflexive (Beck, 1992), en le
différenciant du concept de danger (Maso, 2006). Le risque, c’est la gestion de l’incertitude
des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique, mesurant l’incertitude (ou
le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action. C’est un concept
bidimensionnel (Dickson, Giglierano, 1987), le risque de rejeter une opportunité prometteuse
ou celui de choisir la mauvaise, fondé sur le concept d’erreur pouvant entraîner des pertes
potentielles. C’est dans cette mesure de l’incertitude et non dans l’estimation des résultats que
réside le mécanisme de l’action (Knight, 1921).
L’opportunité d’affaires est un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de
phénomènes, du besoin latent d’un marché, à la rencontre d’un besoin et de ressources pour
fin de création de valeur (Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003). Nous l’envisageons comme un lien
entre l’individu et les ressources (Shane, 2000), et plus précisément une croyance
sur
l’existence des ressources (Hernandez, 1999). L’opportunité a une influence significative sur
l’intention d’entreprendre (Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008), les gains potentiels étant « la
force motrice » de l’action entrepreneuriale (Barbosa, 2008 : 143).
1. LE PHÉNOMÈNE ENTREPRENEURIAL, UN SYSTÈME COMPLEXE
1.1. Aborder le phénomène entrepreneurial avec la pensée complexe
William BYGRAVE étudie la création entrepreneuriale en 1989 dans Entrepreneurship
Theory and Practice à l’occasion de deux articles. Il y décrit le phénomène entrepreneurial
comme un état de changement permanent, parsemé de « sauts quantiques », comme un
processus initié par un ou plusieurs individus, décousu, holiste, discontinu, unique, impliquant
de nombreuses variables. Le phénomène entrepreneurial est complexe, et ne peut être rendu
3
accessible par des modèles quantitatifs, basés sur l’utilisation de fonctions analytiques et
connues (Bygrave, 1989a : 23), car cela suppose une division qualitative de la réalité en
isolant les parties d’un système, considérées comme stables donc reproductibles. Or
l’entrepreneuriat est une science de la turbulence et du changement, et non de la continuité
(Bygrave, 1989a : 28).
La pensée complexe est un paradigme permettant d’aborder les phénomènes entrepreneuriaux
et notamment « le fouillis (le jeu infini des rétroactions), la solidarité des phénomènes entre
eux, le brouillard, l’incertitude, la contradiction (Morin, 2005 : 22). Mais la complexité est un
mot difficile à cerner pour Edgar MORIN : est complexe ce qui est en quelque sorte
imprévisible et qui fait l’objet d’interactions nombreuses et simultanées. « La notion de
complexité implique celle d’imprévisibles possibles, d’émergence plausible du nouveau et de
sens au sein du phénomène que l’on tient pour complexe » (Le Moigne, 1990 : 3). Avec le
concept de complexité, le monde constitué d’entités distinctes et imprévisibles, s’envisage de
manière évolutive et non statique. Son organisation s’effectue par l’interaction entre ces
entités, en niveaux de complexité croissante. L’émergence s’envisage dès qu’apparait un
degré d’organisation présentant une complexité supérieure.
Envisager le phénomène entrepreneurial en tant que système complexe nous conduit à adhérer
au paradigme de l’émergence organisationnelle (Verstraete, Fayolle, 2005). Notre définition
de l’entrepreneuriat devient similaire à celle de William GARTNER : c’est la création
d’organisation qui distingue les phénomènes entrepreneuriaux des autres (Gartner, 1985 : 69)
et les organisations émergentes sont des organisations-en-création (Katz, Gartner, 1988 : 429).
1.2. Le Système Général
La pensée complexe s’appuie sur les sciences systémiques1, le concept de système apportant
un nouveau mode de compréhension du réel. Le paradigme systémique illustré par la
métaphore organisationnelle du réseau succède au paradigme analytique et sa métaphore
« fondationnelle » du bâtiment, cristallisant en quelque sorte la faillite du discours cartésien
(Le Moigne, 1977).
Mais, que sont les systèmes ? Issu du grec sustêma qui signifie « ensemble cohérent », le
concept de système est utilisé pour refléter la réalité complexe en perpétuelle évolution (Le
1
Pour plus d’informations, voir les ouvrages de Ludwig Von BERTALANFFY, General System Theory :
Foundations, Development, Application (1968), et de Jean-Louis LE MOIGNE, Théorie du Système Général,
théorie de la modélisation (1977).
4
Moigne, 1990 : 38). Il correspond à un enchevêtrement intelligible et finalisé d’actions
interdépendantes et permet de décrire la conjonction de deux perceptions antagonistes : d’un
côté un phénomène compris en tant que projet, qu’unité et cohérence, et de l’autre le
phénomène perçu dans ses interactions internes entre éléments dont il est le résultat (1990 :
43). Le système c’est aussi un « ensemble d’unités en interrelations mutuelle » (Bertalanffy,
1968), une « unité globale organisée d’interrelations entre éléments, actions ou individus »
(Morin, 1990), ou encore un « ensemble finalisé ; composé de sous-ensembles interactifs »
(Sammut, 1998 : 44). On parle de systèmes physiques (l’atome), chimiques (la molécule)
mais également de systèmes vivants (la cellule), de système humain, de systèmes sociaux
(sociétés, réseaux sociaux, entreprises), voire de systèmes artificiels. Les systèmes présentent
quatre concepts fondamentaux qui permettent leur compréhension : (1) L’interaction des
éléments constitutifs entre eux ; (2) La totalité signifiant que l’ensemble est plus que la
somme de ses parties, et qui renvoie au concept d’émergence; (3) L’organisation qui regroupe
à la fois la structure et les fonctions du système (c’est-à-dire ce que sa structure lui permet de
faire) ; (4) La complexité qui dépend du degré d’organisation, du niveau d’incertitude de
l’environnement, et de la difficulté de compréhension de ses éléments.
Jean-Louis LE MOIGNE (1977 : 208) définit le Système Général (SG) comme un objet
artificiel issu de la pensée humaine, une image de l’objet structuré évoluant dans le temps. La
Théorie Générale des Systèmes (TGS) est une théorie de la modélisation des objets naturels
ou artificiels grâce au SG qui se construit autour de trois aspects de base : (1) la structure, (2)
l’activité, et (3) l’évolution (voir figure 1).
Figure 1 – Le Système Général
ÉVOLUTION
E
N
V
I
R
O
N
N
E
M
E
N
T
STRUCTURE
F
I
N
A
L
I
T
É
S
ACTIVITÉ
Source : adapté de Jean-Louis LE MOIGNE (1977 : 58).
5
Le SG correspond à « un objet qui dans un environnement, doté de finalités, exerce l’activité
et voit sa structure interne évoluer au fil du temps, sans qu’il perde pourtant son identité
unique » (Le Moigne, 1977 : 60).
1.3. Modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que Système Général
Modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que SG consiste à en rechercher la structure
(à travers l’identification de ses éléments constitutifs), les mécanismes, mais également les
activités (ou manifestations tangibles) et l’évolution dans le temps en fonction de finalités (la
création de la firme). La modélisation systémique se fonde sur l’action, qui s’exprime dans le
concept de processus impliquant une modification morphologique de l’objet dans le temps au
moyen de processeurs, c’est-à-dire les fonctions du changement.
La modélisation systémique du phénomène entrepreneurial est récente et a fait l’objet de peu
de développements (Lichtenstein, Carter, Dooley, Gartner, 2007 ; Sammut, 1998, 1999 ;
Spilling, 1996). Pour Olav SPILLING (1996), le système entrepreneurial s’envisage au niveau
d’une région (celle des jeux olympiques de Lillehammer) et ses éléments constitutifs en sont
les acteurs et leurs rôles, les institutions et les facteurs environnementaux. Pour Sylvie
SAMMUT (1998 : 198), le système entrepreneurial, un « système de gestion qui démarre »,
est constitués de cinq sous-systèmes : l’entrepreneur, l’environnement, l’organisation, les
ressources financières et les activités (voir figure 2) qui interagissent entre elles.
Figure 2 - Le système de gestion finalisé de la petite entreprise en phase de démarrage
RESSOURCES FINANCIÈRES
Faisabilité
Allocation
Crédibilité
ENVIRONNEMENT
ENTREPRENEUR
Légitimité
ORGANISATION
Culture
Vision
Métier
Mission
ACTIVITÉS
Source : Sylvie SAMMUT (1999 : 313)
6
Pour Benyamin LICHTENSTEIN, Nancy CARTER, Kevin DOOLEY et William GARTNER
(2007),
les
éléments
constitutifs
du
système
entrepreneurial
sont
les
activités
organisationnelles, c’est-à-dire (1) l’engagement effectif de l’entrepreneur, (2) l’obtention
d’un financement, (3) la création juridique, (4) les premières ventes et (5) l’atteinte d’une
trésorerie positive. L’émergence de l’organisation est issue de l’interaction entre les activités
organisationnelles qui sont déclenchées par la vision de l’opportunité d’affaires.
Nous souhaitons proposer un autre découpage systémique du phénomène. Le système
entrepreneurial que nous envisageons comme un système d’action et non comme un système
de gestion, a pour propriété une autre organisation que celle suggérée par les auteurs. Notre
hypothèse, c’est que les activités organisationnelles en sont les fonctions (ou les activités), et
non les composantes de sa structure. Nous pensons que cette dernière repose sur le système de
connaissance. Quant aux processeurs d’évolution morphologique du système, nous proposons
l’opportunité d’affaires et le risque (voir figure 3).
Figure 3 - Découpage systémique du phénomène entrepreneurial
STRUCTURE
Système de connaissance
FONCTIONS
Activités organisationnelles
SYSTÈME D'ACTION
ENTREPRENEURIAL
PROCESSEURS D'ÉVOLUTION
sur l'existence de ressources
(Opportunité)
- Gestion de l'incertitude sur les résultats
de l'action (Risque)
- Croyance
FINALITÉ
Emergence de l'organisation
2. RISQUE ET OPPORTUNITÉ, LES PROCESSEURS DU SYSTÈME D’ACTION
ENTREPRENEURIAL
2.1. La théorie de l’action, un ancrage théorique pour l’étude de la dynamique des
systèmes
La TGS procède surtout à un découpage morphologique de l’objet qui met en évidence son
organisation : sa structure constituée d’éléments (ou sous-ensembles), et ses fonctions (ou
activités exercées) qui correspondent à ce que sa structure lui permet de faire. La dynamique
de l’objet est expliquée par la théorie des catastrophes (Thom, 1972 ; Le Moigne, 1977), une
théorie mathématique des systèmes qui sautent soudainement d’un état stable à un autre lors
de changements continus dans les variables externes (Bygrave, 1989b). Cette théorie posant
7
un certains nombre de problèmes lorsqu’on souhaite dépasser la simple métaphore et
l’appliquer à l’entrepreneuriat (Bygrave, 1989b), nous nous référerons à la théorie de l’action
pour la compléter. Dans ce corpus, la philosophie de l’action humaine et la sociologie de
l’action permettent d’expliquer l’action d’organiser de manière causale (ou intentionnelle) et
le concept de logique d’action (Boltanski, Thévenot, 1991; Amblard, Bernoux, Herreros,
Livian, 2005) explique les rationalités justifiant les choix en fonction de situations
spécifiques.
2.2. Le concept de risque
Introduction au concept de risque
Le risque a fait l’objet de nombreuses définitions au cours du temps et dans de nombreuses
disciplines, de la philosophie à l’entrepreneuriat. Considéré comme une fonction
entrepreneuriale par les premiers économistes (Cantillon, 1755 ; Say, 1832, Mill, 1848 ;
Knight, 1921), le risque est ensuite envisagé dans l’école psychologique personnaliste comme
la propension à la prise de risque, c’est-à-dire un trait psychologique stable (Begley, Boyd,
1987 ; McClelland, 1962 ; Sexton, Bowman, 1983). Les résultats contradictoires de recherche
sur la propension au risque (Brockhaus, 1980 ; Shapero, 1985) amène les chercheurs de
l’école cognitive à envisager le risque comme un schéma mental (Palich, Bagby, 1995 ;
Shaver, Scott, 1991). Le risque devient la perception d’une situation, c’est-à-dire la
représentation que s’en fait l’individu, une perception influencée par des stratégies mentales
ou biais cognitifs, outils de l’intuition humaine (Baron, 1998 ; Busenitz, Barney, 1997 ; Das,
Teng, 1998 ; Markman, Balkin, Baron, 2002 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999).
Le concept de risque a vu ainsi son importance diminuer au fur et à mesure du temps d’une
fonction entrepreneuriale clé à une perception, dépendante du système de représentation de
l’individu et de la situation. En effet, les paradigmes identifiés par Thierry VERSTRAETE et
Alain FAYOLLE en 2005 reposent sur d’autres concepts : l’innovation, l’émergence,
l’opportunité ou la création de valeur. De plus, plusieurs études empiriques révèlent que
certains entrepreneurs ne voient pas du tout le risque d’échec (Shapero, 1985), ne le
perçoivent pas (Corman, Perles, Vancini, 1988 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999), ne
l’envisagent même pas (Barbosa, 2008) ou tout bonnement le nient (March, Shapira, 1987).
Pourtant la prise de risque est liée intrinsèquement « au changement, à l’apparition du
nouveau et à l’émergence » (Bruyat, 2001 : 36). Pourtant le risque permet une grille de lecture
du phénomène entrepreneurial car « le management c’est l’art d’éviter les risques en
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établissant des procédures, alors que l’entrepreneuriat c’est l’art d’assumer les risques en
développant des processus » (Marchesnay, 2000 : 111, cité par Hernandez, 2008). Pourtant la
perception du risque affecte de manière importante la décision de créer (Barbosa, 2008), et
elle est négativement associée avec l’acte de création de la firme (Busenitz, Barney, 1997 ;
Keh, Foo, Lim, 2002 ; Palich, Bagby, 1995 ; Simon, Houghton, Aquino, 1999 ; Sitkin, Pablo,
1992).
L’approche philosophique des risques
Le risque n’est pas un concept facile à cerner et les travaux du philosophe Stefano MASO
(2006) nous permettent d’éclairer certaines de ses zones d’ombre. Le concept moderne du
risque (italien ancien « risco/risico » d’où découle le français « risque », l’anglais « risk »,
l’espagnol « risco/riesgo », l’allemand « Risiko ») englobe deux idées correspondant aux deux
origines probables du « risque » : (1) le « destin » ou « hasard » (« To riziko » en grec), une
loi à laquelle chaque être humain ne peut échapper; (2) l’idée moins accréditée du « danger »
(« resecare » en latin) avec l’individu au centre de la perspective, et responsable de ses
actions.
Risque et danger sont deux notions aux territoires différentes. Le danger existe et ne
s’envisage pas avec une perspective scientifique car il fait référence à une situation de fait. Le
risque est un concept qui lie l’individu et le danger qu’il cherche à anticiper, il « … se
représente comme l’attitude, la disposition subjective, face à la nécessité d’endiguer sa
propre insécurité. Le risque n’est donc pas une donnée de fait, une situation de danger : il est
plutôt la manière dont le sujet s’apprête à être lui-même, dont il décide d’assumer la
précarité de ce qui caractérise sa propre existence, pour en faire le premier pas en vue du
changement » (Maso, 2006 : 21). Le risque n’est pas le lieu où l’on affronte le danger mais il
reflète l’incapacité de l’individu d’affronter les dangers.
L’approche sociologique des risques
Ortwin RENN (1992) relève quatre approches au concept du risque dans la littérature (voir
figure 4). L’approche technique des risques est la plus communément utilisée et la plus
ancienne (Brunet, 2007). Elle prend pour postulat que les risques sont mesurables de façon
objective au moyen de méthodes scientifiques et techniques appropriées. Cette approche
regroupe les démarches qui recourent à des méthodes statistiques et probabilistes : c’est
pouvoir prédire la réalisation d’un événement à partir de l’extrapolation de données
9
statistiques. Par exemple, entrent dans cette catégorie, les risques liés aux moyens de
transport.
Figure 4 – Les différentes approches pour le concept de risque
Approche Technique
Approche Cognitiviste
• Le risque est objectif
et se mesure par des
méthodes statistiques
et probabilistes
• Le risque est perçu
et se mesure par des
méthodes
psychométriques
Approche
Economique
•
Le risque est un
choix rationnel qui
repose sur l'utilité
des options
Approche
Socioculturelle
• Le risque est une
croyance déterminée
par des modèles
culturels
Source : adapté d’Ortwin RENN (1992)
La conception scientifique, technique et objective des risques s’applique également à
l’approche cognitiviste et à la perception des risques. Les psychométriciens mettent en
évidence que les individus perçoivent plus menaçantes les situations aux conséquences
potentiellement plus importantes et à faible probabilité d’occurrence, que celles à grande
probabilité d’occurrence mais aux conséquences moins lourdes. Ils identifient également les
stratégies mentales des individus modifiant leur perception des risques qu’ils surestiment ou
sous-estiment : ce sont les biais cognitifs qui affectent la rationalité des individus.
Avec l’approche économique, le risque se transforme en combinaison linéaire des valeurs et
des probabilités d’occurrence des options. Les conséquences négatives potentielles des
décisions sont traduites en termes économiques et jugées selon leur utilité et leur valeur
subjective. Le risque présente deux dimensions, la probabilité d’occurrence d’un événement et
l’ampleur des conséquences potentielles. Cette approche est véhiculée par les travaux de
Daniel BERNOUILLI (1738), John Von NEUMANN et Oskar MORGENSTERN (1944) et
Kenneth ARROW (1965).
Avec l’approche socioculturelle (Douglas, Widavsky, 1982 ; Beck, 1992), les risques sont
déterminés par des modèles culturels de croyances formées de représentations et perceptions
du monde. Le concept du risque réflexif d’Ulrich BECK correspond à la dernière évolution du
concept de danger (voir figure 5) issu des sociétés pré-modernes (Beck, 1992 ; Maso, 2006,
Brunet, 2007). Le danger s’est transformé en risque moderne lorsque la rationalité scientifique
a permis de transformer l’incertitude de dangers futurs en langage mathématique (Beck,
1992 ; Brunet, 2007), ce qui implique leur connaissance et la possibilité d’établir leur
occurrence par des méthodes statistiques. Le risque réflexif reflète la confrontation de la
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réflexion de la société hypermoderne avec les effets dommageables et imprévus du
développement technico-économique. Les risques deviennent imperceptibles, difficiles à
évaluer et à situer dans le temps et l’espace. Ils n’existent que s’ils sont connus de l’individu
car le phénomène dommageable doit devenir visible par la connaissance avant de pouvoir en
faire une évaluation probabiliste. Le concept de risque réflexif permet d’expliquer pourquoi
dans certaines situations, les entrepreneurs ne perçoivent pas de risque dans la création de leur
firme. L’entrepreneur ne connaît pas toutes les conséquences dommageables de la création,
par exemple les conséquences sanitaires ou écologiques de la production et la consommation
de certains produits ou les conséquences éthiques et en termes d’image de la délocalisation.
Ces risques nécessitent une connaissance spécifique pour les révéler et des démarches
différentes de la démarche technique pour les appréhender : les risques hypermodernes
nécessitent de connaître les dangers auxquels on fait face.
Figure 5 – Evolution du concept de risque
Danger
• Pré-modernité.
Risque
Moderne
• Modernité.
• Probalité d'occurence d'événements
dommageables futurs.
• Maîtrise du monde due à la
rationnalité scientifique
transformant l'incertitude en
langage mathématique.
• Méthodes statistiques d'évaluation.
Risque
Réflexif
• Post et hypermodernité.
• Le risque n'existe que si les effets
dommageables sont connus.
• S'envisage selon le système,
social, économique ou individuel.
Source : adapté de Sébastien BRUNET (2007)
L’approche des économistes KNIGHT et KEYNES
Le concept d’incertitude est étroitement lié au concept de connaissance depuis les
économistes préclassiques (Cantillon, 1755), jusqu’aux chercheurs actuels en sciences
systémiques (Gonod, 2000) et en philosophie des sciences (Taleb, 2009). Qu’est-ce que
l’incertitude ? C’est un doute sur les croyances. L’origine de l’incertitude ? C’est le déficit de
connaissances (Knight, 1921 ; Kirzner, 1973 ; Barbosa, 2008). L’incertitude d’une situation
diminue lorsque l’individu accroît ses connaissances et donc le contrôle qu’il a sur elle
(Knight, 1921), particulièrement lors d’une création d’entreprise (Barbosa, 2008). C’est un
concept subjectif relatif à une réflexion de l’individu sur sa connaissance et non un attribut
des situations (Hogarth, 1987, Barbosa, 2008).
Deux économistes adoptent une approche des risques fondée non pas sur l’utilité mais sur
l’incertitude. Pour Frank KNIGHT (1921), le risque est une incertitude exprimée sous la
11
forme d’une probabilité scientifique, soit (1) une fréquence mathématique « a priori
calculation », ou soit (2) une extrapolation de données empiriques « statistics of past
experience » (1921 : 233). Par contre, l’incertitude totale correspond aux situations où les
alternatives potentielles, et les probabilités ne sont pas connues. C’est le cas des événements
futurs sur lesquels se forment des jugements qui guident l’action (Knight, 1921 : 233), et
notamment les impacts des décisions d’affaire si uniques qu’il est impossible de se baser sur
une quelconque statistique pour les prévoir. L’action s’effectue alors principalement sur la
base d’estimations et non de probabilités scientifiques. Le phénomène entrepreneurial étant
par essence incertain et aléatoire, imprévisible (Bygrave, 1989a, b), le concept de risque en
tant qu’incertitude quantifiable ne peut s’appliquer à l’entrepreneuriat.
John Maynard KEYNES (1921) distingue lui aussi risque et incertitude, mais à la différence
de KNIGHT, le risque est envisagé comme le degré de croyance de l’occurrence
d’événements futurs et non comme une incertitude quantifiable car l’incertitude ne peut se
quantifier de manière scientifique. Les probabilités sont épistémiques : ce ne sont pas des
fréquences mathématiques dépendant de phénomènes physiques aléatoires comme des jeux de
hasard, mais des degrés de croyances dans les cas où la connaissance des circonstances et des
causalités est imparfaite : « (…) du fait que notre connaissance de l’avenir est fluctuante,
vague et incertaine (…), il n’y a pas de fondements scientifiques sur le fait que l’on puisse
formuler, de façon autorisée, quelque raisonnement probabiliste que ce soit. Nous ne savons
pas tout simplement. Néanmoins, la nécessité d’agir et de décider nous oblige, en tant
qu’hommes pratiques, à faire de notre mieux pour surmonter cette réalité embarrassante, et à
nous conduire exactement comme nous le devrions si nous avions derrière nous un bon calcul
benthonien de séries d'avantages et d'inconvénients futurs -chacun multiplié par sa
probabilité propre- en attente d'être effectué. » (Keynes, 1963 (1936) : 143-144).
Proposition de définition et de conceptualisation du risque
Des travaux précédents, nous retenons que, le calcul de probabilités mathématiques pour
mesurer les risques des situations réelles futures est impossible, car leurs règles ne sont pas
connues. Le hasard ne peut être connu car il relève de ce qui n’est pas encore arrivé, et il ne
s’agit pas d’un jeu de cartes (Taleb, 2009). Nous tentons de gérer l’incertitude en utilisant les
probabilités qualitatives et épistémiques éloignées des probabilités aléatoires quantitatives et
scientifiques qui concernent, elles la certitude de notre savoir. Les probabilités sont affaire
d’incertitude, une façon subjective de mesurer les croyances : « l’acceptation du manque de
12
certitude dans notre connaissance et la mise au point de méthodes destinées à composer avec
notre ignorance» (Taleb, 2009 : 13).
Nous appellerons risque cette méthode de gestion de l’incertitude des dangers potentiels
(voir figure 6). Le manque de certitude sur les estimations des résultats négatifs de l’action se
cristallise dans le concept de risque que nous conceptualisons de manière classique (Barbosa,
2008), comme le produit d’une estimation ( jugement évaluatif) sur les résultats potentiels de
l’action, et d’une probabilité épistémique (jugement prédictif) mesurant le degré d’incertitude
(ou de croyance) dans cette estimation. Notre conceptualisation est relativement conforme
avec celle de Sim SITKIN et Amy PABLO (1992), où le risque est défini comme le degré
d’incertitude lié au résultat potentiel des décisions.
Figure 6 – Définition du concept de risque
DÉFICIT DE CONNAISSANCES
INCERTITUDE
= Doute sur les croyances
GESTION DE L’INCERTITUDE
= Risque
Méthode pour composer avec le manque de certitudes des connaissances
= Probabilités épistémiques mesurant les croyances
Les hommes agissent en fonction de ce qu’ils pensent du futur (Knight, 1921 : 273) : ils
adaptent leurs actions en fonction de leurs anticipations/prédictions, notamment celles de
danger potentiel. Les mécanismes de l’action résident en fait dans le jugement sur les estimés
des résultats de l’action (Knight, 1921), c’est-à-dire sur la gestion de l’incertitude. Nous nous
basons sur les analyses de KNIGHT pour proposer que le risque, défini comme la gestion de
l’incertitude, se comprend comme un mécanisme ou un processeur de l’action.
2.3. Le risque entrepreneurial
Le risque entrepreneurial est bidimensionnel et repose sur le concept d’erreur, c’est-à-dire le
risque de se tromper sur l’existence de ressources : (1) soit elles existent et l’individu ne le
croit pas, c’est le risque de rejeter une opportunité avantageuse ou missing-the-boat-risk, ou
(2) soit elles n’existent pas et l’individu pense le contraire, et c’est sinking-the-boat-risk, le
13
risque de se tromper sur l’opportunité, ce qui conduit à l’échec et aux pertes possibles
(Dickson, Giglierano, 1987 ; Barbosa, 2008). Si le risque de manquer une opportunité est un
accélérateur des phases initiales du processus d’émergence, il tend à disparaître dans l’action
(Barbosa, 2008), c’est-à-dire durant la phase de construction effective de l’organisation.
Quant au risque d’échec, les études suggèrent : (1) qu’il ne semble pas beaucoup peser dans la
décision d’entreprendre ou alors il est géré (Barbosa, 2008), (2) qu’il n’est pas considéré dans
la prise de décision (Shapira, 1986 ; March, Shapira, 1987), ou (3) qu’il est perçu comme
minime ou inexistant (Shapero, 1985). Il peut par contre augmenter durant le processus
d’émergence de l’organisation et l’apparition des activités organisationnelles, par l’acquisition
de connaissances nouvelles (Barbosa, 2008).
En conclusion, le risque est un concept liant l’homme et le danger, non pas le danger
immédiat auquel il est confronté mais le danger potentiel issu de ses actions. L’incertitude
qu’il ressent face à l’évaluation du résultat de son action se concrétise dans le concept de
risque, une méthode pour gérer cette incertitude (et faire comme si il pouvait anticiper
l’avenir). Le risque est un jugement prédictif exprimé sous la forme d’une probabilité
concernant l’estimation du résultat négatif de l’action (le danger, les pertes potentielles). Les
deux risques entrepreneuriaux identifiés entraînent des dangers et des pertes potentiels, soit de
ne pas profiter de l’opportunité qui se présente ou de croire à tort, en l’existence de
ressources. De plus, les conséquences des actions d’entreprendre ne sont pas toutes
prévisibles, et le risque n’existe que si l’entrepreneur a connaissance des conséquences
potentiellement dommageables de ses actions : la gestion de l’incertitude devient réflexive.
2.4. Le concept d’opportunité
Des différents courants de recherche sur l’opportunité d’affaire, nous retiendrons qu’il s’agit
là d’un concept polysémique renvoyant à plusieurs types de phénomènes, du besoin latent
d’un marché, à la rencontre d’un besoin et de ressources pour fin de création de valeur
(Ardichvili, Cardozo, Ray, 2003).
Pour certains chercheurs, les opportunités ont une existence objective (Schumpeter, 1935,
1942), d’autres les envisagent comme une réalité objective uniquement pour ceux qui savent
la saisir (McMullen, Shepherd, 2006). Elles peuvent être découvertes selon (1) le niveau
d’information de l’individu et ses capacités cognitives notamment «l’alertness » (Hayek,
1945 ; Kirzner, 1973, 1979, 1985, 1997), ou selon (2) ses habiletés ou compétences
notamment les connaissances antérieures (Knight, 1921). Pour d’autres chercheurs, ce ne sont
14
pas des entités à découvrir mais des créations humaines (Berger, Luckman, 1966 ; Gaglio,
Katz, 2001 ; Sarasvathy, Dew, Velamuri Ramakrishna, Venkataraman, 2003). L’opportunité
est également envisagée comme une occasion, un ensemble de circonstances limitées dans le
temps favorables au profit (Casson, 1982 ; Krueger, Dickson, 1994).
Nous considérons que l’opportunité exprime un lien entre l’individu et les ressources (Shane,
2000), qu’il s’agit d’une croyance sur l’existence des ressources (Hernandez, 1999). Ce serait
alors un phénomène cognitif (Carter, Hills, Gartner, 2003 ; Krueger, 2000), qui émerge dans
la phase cognitive du processus de création de la firme (Gaglio, Katz, 2001), et qui se
concrétise par l’élaboration d’un modèle d’adéquation besoins-ressources (Ardichvili,
Cardozo, Ray, 2003 ; Verstraete, Jouison-Laffite, 2009).
Il existe un lien fort entre la perception du risque et l’évaluation de l’opportunité
entrepreneuriale (Keh, Foo, Lim, 2002 ; Sitkin, Pablo, 1992 ; Mullins, Forlani, 2000). En
effet, percevoir un faible degré de risque est associé avec une évaluation positive de
l’opportunité (Keh, Foo, Lim, 2002), et les entrepreneurs qui réussissent voient des
opportunités dans des situations ou d’autres tendent à voir des risques (Sarasvathy, Simon,
Lave, 1998). Si le risque a une influence négative sur la création de la firme, la perception
d’opportunité a en revanche une influence significative sur l’intention entrepreneuriale
(Fayolle, Barbosa, Kickul, 2008). Pour Saulo D. BARBOSA, « les gains potentiels sont, bien
évidemment la force motrice poussant les entrepreneurs à agir » (2008 :143).
Même si deux études révèlent que les concepts de risque entrepreneurial et d’opportunité
d’affaires ne font partie du même construit (Krueger, Dickson, 1994 ; Barbosa, 2008), nous
envisageons la gestion de l’incertitude des résultats de l’action entrepreneuriale et les
croyances sur l’existence de ressources comme les processeurs (ou les mécanismes) de cette
action. Il nous reste à découvrir comment interviennent ces processeurs à chaque niveau
d’organisation supplémentaire, c’est-à-dire à chaque activité organisationnelle du système
d’action entrepreneurial.
15
CONCLUSION
Nous avons au cours de ce travail tenté de modéliser le phénomène entrepreneurial en tant que
système d’action en nous basant sur les hypothèses, que (1) son organisation repose sur une
structure fondée sur le système de connaissances et des fonctions que sont les activités
organisationnelles, et (2) que le risque et l’opportunité d’affaires sont les processeurs de son
évolution. L’examen de la littérature nous conduit à envisager le risque entrepreneurial de
manière réflexive, en le différenciant du concept de danger. Nous le définissons comme la
gestion de l’incertitude des résultats de l’action s’exprimant par la probabilité épistémique,
mesurant l’incertitude (ou le doute sur les croyances) des estimations du résultat de l’action.
L’action est déclenchée par la mesure de l’incertitude et non par l’estimation seule des
résultats des actions. L’opportunité d’affaires, un concept renvoyant à plusieurs types de
phénomènes est conceptualisée comme une croyance sur l’existence des ressources. Elle
influence l’intention d’entreprendre en raison des gains potentiels associés à son exploitation.
C’est la force motrice de l’action d’entreprendre, l’un des mécanismes ou processeurs.
16
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