Portefeuille obligataire : Comment rehausser le rendement?
Transcription
Portefeuille obligataire : Comment rehausser le rendement?
PORTEFEUILLE OBLIGATAIRE : Comment rehausser le rendement ? L es obligations sont largement reconnues comme la catégorie d’actifs idéale pour s’apparier aux engagements d’un régime de retraite. Bon nombre de caisses de retraite à prestations déterminées ont en effet choisi d’augmenter la part des titres à revenu fixe dans leur portefeuille et même d’en allonger la durée, et ce, dans le but de réduire leur risque de non-appariement. Cependant, comme les taux d’intérêt sont extrêmement bas et qu’ils risquent de le demeurer pendant une certaine période, plusieurs s’interrogent sur la façon de rehausser le rendement de leur portefeuille obligataire. Commençons par examiner la situation. Le graphique ci-dessous présente les taux d’intérêt des obligations du Trésor américain des 260 dernières années. On peut constater qu’ils sont demeurés assez stables pendant deux siècles, avant de connaître une très forte croissance à partir des années 1950. Ils sont passés à un sommet de 15 % avant de retomber au faible niveau actuel, mais 16 % Taux des obligations nominales à long terme ils ont toutefois affiché un rendement 14 % annuel composé de 10,5 %, ce qui est Rendement nominal supérieur au rendement enregistré Taux de revenu des obligations à long terme (É.-U. après Première annualisé 12 % Guerre mondiale, R.-U. avant) 10,5 % ** par les actions au cours de la même 10 % période. Alors, faut-il s’attendre à de Rendement pareils résultats dans les prochaines nominal 8% annualisé années ? On peut raisonnablement 3 %* 6% penser que si les taux demeurent 75 centile stables, tout au plus, les rendements 4% des obligations d’État se situeront 25 centile 2% aux environs de 2 à 3 % par année. Dans ce contexte, pour chercher à 0% augmenter le rendement attendu, les 1750 1775 1800 1825 1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000 caisses de retraite peuvent toujours Source : Crédit Suisse. Données au 31 mai 2012 réduire la part des titres à revenu fixe * De janvier 1955 à décembre 1982 ** De janvier 1983 à janvier 2011 dans leur portefeuille et ajouter à ce dernier des actifs producteurs de rendement, comme les actions par exemple, mais cela ne peut se faire sans augmenter le risque. Alors, comment s’y prendre pour rehausser le rendement du portefeuille obligataire ? Les obligations de sociétés, qui peuvent procurer un taux de revenu courant supérieur à celui des obligations d’État, et même les obligations à rendement élevé constituent des choix intéressants à considérer. par Normand Vachon e e ;Z\dYi\)'() / 25 Comment rehausser le rendement ? Le graphique ci-dessous présente le taux excédentaire des obligations de moindre qualité ainsi que des obligations de qualité supérieure. On constate, par exemple, qu’une obligation cotée BBB affiche un taux courant de 0,88 % supérieur à celui d’une obligation cotée A. Si l’on accepte même de « descendre » au niveau BB, c’est-à-dire en dessous du seuil permis par la majorité des politiques de placement, on remarque que le taux additionnel par rapport aux obligations de qualité BBB est de 2 %. Si encore on considère les obligations cotées B, on obtient un taux courant attendu supérieur de 1,55 %. Période de 12 mois terminée en Mouvement des taux des obligations du Trésor à dix ans Rendement total des obligations à rendement élevé Rendement total des obligations de qualité supérieure Septembre 1987 +220 pdb 5,97 % 0,20 % Février 1989 +117 pdb 7,32 % 4,72 % Décembre 1994 +204 pdb -1,57 % -3,34 % Décembre 1999 +179 pdb 3,38 % -1,89 % Mai 2004 +130 pdb 13,23 % -0,47 % Juin 2006 +120 pdb 4,64 % 0,27 % Source : J.P. Morgan. Au 30 novembre 2009. 500 1200 Qualité supérieure Rendement élevé 400 1000 300 800 200 428 600 400 100 204 0 38 AAA AA 37 A 155 200 88 BBB BB B Écart en pdb (ligne) Écart marginal additionnel (colonnes) Taux des obligations de sociétés nord-américaines Adj. CCC 0 Source : Bank of America. Données au 30 septembre 2012. CCC ajusté : exclut les obligations en grande difficulté et les obligations en souffrance. Tout cela est bien beau, dira-t-on, mais où peut-on trouver de tels titres obligataires ? Malheureusement, comme l’illustre le graphique ci-dessous, le marché canadien des titres de qualité inférieure est très peu développé. En effet, l’indice des obligations canadiennes à rendement élevé ne comprend que 44 sociétés qui représentent seulement 27 milliards de dollars américains. Par contre, l’indice des obligations américaines à rendement élevé est composé de plus de 1000 sociétés qui représentent près d’un billion de dollars américains. Marché des obligations de sociétés nord-américaines* Qualité supérieure Canada 6 % Rendement élevé É-U 18 % 340 G $ 33 G $ Rendement élevé Canada 1 % 981 G $ Qualité supérieure É-U 75 % 3992 G $ * D’après les indices Merrill Lynch Sources : Gestion de Placements TD inc. et Merrill Lynch. Données au 31 janvier 2012 en dollars américains. Aux États-Unis, bon nombre d’entreprises émettent des obligations de qualité inférieure à BBB. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas nécessairement de PME, mais bien d’entreprises de grande taille, comme Wendy’s, Ford, Sears, Sprint, Bombardier, Calvin Klein et Goodyear. On n’hésiterait pas à investir dans les actions de ces sociétés, alors pourquoi pas dans leurs titres obligataires ? Bien entendu, lorsqu’on investit dans un pays autre que le Canada, on introduit un risque de change, mais ce risque peut facilement être couvert. Et si, comme l’anticipent plusieurs investisseurs, les taux d’intérêt venaient à augmenter ? Dans un pareil scénario, et en 26 / ;Z\dYi\)'() supposant que les écarts de crédit demeurent stables, un portefeuille d’obligations à rendement élevé devrait afficher de meilleurs résultats qu’un portefeuille de titres de bonne qualité, puisqu’une partie de la perte en capital provoquée par la hausse des taux devrait être compensée par un taux courant supérieur. Cela est encore plus vrai lorsque l’on compare les obligations à rendement élevé aux obligations d’État. Le tableau ci-dessus présente les rendements des obligations de moindre qualité et ceux des obligations de qualité supérieure au cours de récentes périodes de hausses des taux des obligations du Trésor américain. On note que les premières ont tendance à produire les meilleurs rendements dans un environnement de hausse des taux d’intérêt. Examinons, finalement, les risques associés aux obligations à rendement élevé. Essentiellement, une obligation est l’un des rares instruments financiers dont le rendement est déterminé au moment de l’achat si l’on conserve le titre jusqu’à son échéance et, bien entendu, si l’émetteur ne fait pas défaut. Ce risque de défaut peut être réduit par un gestionnaire de portefeuille doté d’une équipe de recherche de crédit chevronnée. On peut également le réduire en investissant dans des obligations à court terme. Ces dernières permettent une meilleure visibilité quant à la santé financière de l’émetteur et sont beaucoup moins affectées que les obligations à long terme par une détérioration de la qualité du crédit de l’émetteur ou un élargissement des écarts de taux. L’incidence d’un défaut éventuel est plus marquée pour les obligations à rendement élevé que pour les obligations de qualité supérieure, mais le taux de perte moyen des premières est bien inférieur à 3 %. Par exemple, une obligation cotée BB offre un rendement de 200 points de base supérieur à celui d’une obligation cotée BBB, mais, en cas de défaut, la perte additionnelle potentielle est inférieure à 50 points de base. Il s’agit, donc, d’un risque que l’on peut juger bien rémunéré. En conclusion, on peut considérer les obligations de sociétés, et les obligations à rendement élevé en particulier, comme une bonne source de rendement additionnel pour un portefeuille obligataire. Dans leur quête d’un rendement attendu plus élevé, les caisses de retraite se penchent sur plusieurs options, dont les fonds de couverture, l’immobilier et la dette de pays émergents. Alors, pourquoi ne pas élargir la politique de placement pour permettre l’inclusion d’obligations à rendement élevé ? Il s’agit tout simplement du prolongement d’une catégorie d’actifs bien connue. Dans le contexte actuel de faible croissance et de taux d’intérêt très bas, les obligations à rendement élevé offrent un rapport risque-rendement plutôt intéressant. Normand Vachon, FSA, FICA, CFA, vice-président et directeur, Gestion de Placements TD