grandeur et décadence de la ville de mahagonny
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grandeur et décadence de la ville de mahagonny
grandeur et décadence de la ville de mahagonny kurt weill dossier pédagogique Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 De quoi s’agit-il ? De la construction, sous nos yeux, d’une ville-piège. De la création d’un immense trompe-l’oeil destiné à attirer les hommes riches vers les plaisirs faciles. Cette idylle de pacotille s’appelle Mahagonny, et nous assistons à sa naissance, ses premières crises, sa période de splendeur et sa décadence. L’ouragan. La pièce repose sur une armature solide, quasi parfaite. Vingt scènes (dans la version de 1930), dont les dix premières correspondent à la fondation, puis à l’expansion de la ville et à l’apparition des premières crises. Au centre, un coup de théâtre, c’est-à-dire l’ouragan, qui amène un revirement dans le destin de cette entreprise et la chute. De part et d’autre de ce sommet, les scènes s’organisent en miroir, de l’ascension à l’effondrement. Avec les résumés de l’action affichés au début de chaque scène, cette histoire prend la forme d’une parabole à valeur générale. Opéra-piège. Mahagonny est un mot inventé, une ville qui n’existe pas. Elle est tout à la fois Berlin, Bénarès ou Miami. Elle est aussi la ville du péché, Babylone, Sodome et Gomorrhe, toutes références bibliques soutenues par le renvoi au déluge, à la tempête purificatrice. Avant la chute dans le péché et l’adoration/dévoration du veau d’or (scène 16). Cette apparence de parc d’attraction moderne pour citadins fatigués n’est qu’un immense trompe-l’oeil, un décor de carton-pâte. Une ville-piège et un opéra-piège. Fascination. Comme beaucoup de jeunes artistes européens, Weill et Brecht étaient fascinés par tout ce qui venait des États-Unis, de la mode vestimentaire au jazz en passant par le cinéma, les romans-photos, les westerns, le climat tropical de Floride et de Californie et la violence des années vingt. Weill raconte que c’est au cours d’une conversation avec Brecht sur les possibilités offertes par l’opéra, lors de leur première rencontre en 1927, que le mot Mahagonny vint sur le tapis et, avec lui, l’idée d’une «ville paradisiaque». Introduction grandeur et décadence de la ville de Mahagonny L’AVANT-SCÈNE OPÉRA Dépôt légal: 3e trimestre 1995 Acte 2 Faire l’amour. Devant le bordel de la veuve Begbick, chacun attend son tour. Photo : Willam Struhs Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Opéra en trois actes. Livret de Bertolt Brecht assisté d’Elisabeth Hauptmann, Caspar Neher et Kurt Weill. Créé au Neues Theater de Leipzig, le 9 mars 1930. [Opéra en allemand avec surtitres en français] Direction musicale Pascal Verrot Mise en scène Patrice Caurier et Moshe Leiser Décor Christian Fenouillat Costumes Agostino Cavalca Lumière Christophe Forey avec Nuala Willis, Léocadia Begbick Beau Palmer, Fatty, le « Fondé de pouvoir » Nicholas Folwell, Moïse la Trinité Elzbieta Szmytka, Jenny Hill Andrew Rees, Jim Mahoney Eric Huchet, Jack O’Brien / Tobby Higgins Randall Jakobsh, Bill, surnommé Billy Tiroir-caisse Frédéric Caton, Joe, surnommé Joe le Loup d’Alaska Choeur d’Angers Nantes Opéra Direction Xavier Ribes Fanfare de la 9e Brigade Légère Blindée de Marine de Nantes Direction Philippe Hardy Orchestre National des Pays de la Loire Production Opéra de Lausanne 1997. Reprise Angers Nantes Opéra en collaboration avec le Spoletto Festival USA 2007 de Charleston, coproduction Opéra de Lille. NANTES THEATRE GRASLIN samedi 21, mardi 24, jeudi 26 février, dimanche 1er, mardi 3 mars 2009 ANGERS GRAND THEATRE mardi 10, jeudi 12, dimanche 15 mars 2009 En semaine à 20h, le dimanche à 14h30 ET AUSSI A L’OPERA DE LILLE LES 3, 5, 7, 9 AVRIL 2009 Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Distribution Comme une prémonition du Las Vegas de l’après seconde guerre mondiale, Kurt Weill et Bertolt Brecht imaginent dès 1930 une improbable ville de Mahagonny bâtie en plein désert par trois malfrats en cavale. A Mahagonny tout sera permis, se remplir la panse, faire l’amour, se battre, boire… pourvu qu’on ait l’argent ! Babylone moderne qui se conduit à sa propre perte, la ville piège est peuplée de plaisirs fantomatiques, de piètres désespoirs, de morts absurdes. Auteurs avec Elisabeth Hauptmann et Caspar Neher de cette épopée dérisoire et drolatique, Weill et Brecht empruntent sans vergogne à la musique populaire et au pittoresque d’une Amérique qui les fascine pour mieux provoquer la rigide Allemagne vivant sans y voir la montée du nazisme qui les poussera à l’exil trois ans plus tard. S’amusant de la distanciation chère à Brecht, la mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser est farce, étonne d’un rien, bouscule l’esthétique, cligne de l’oeil, ne se joue pas du public mais joue avec lui pour, surtout, ne jamais le distraire de penser. Dans une « note importante concernant le décor et les costumes », Kurt Weill et Bertolt Brecht indiquent que « tout rapprochement avec un romantisme cow-boy ou Far West, de même que toute insistance sur un milieu typiquement américain, sont à éviter ». Pourtant, ils ont à peine la trentaine quand ils présentent à Baden-Baden en 1927 MahagonnySongspiel, première ébauche de leur futur opéra, et comme beaucoup de jeunes artistes européens, adorent tout ce qui vient des États-Unis. Leur oeuvre, grouillant de personnages qui doivent plus à la Ruée vers l’or qu’à l’opéra classique, rythmée de chansons que l’on pourrait entendre au cabaret, actionnant cuivres et fanfare, font plus que référence à l’Amérique moderne et populaire qu’ils affectionnent. Un opéra moderne et populaire, c’est d’ailleurs bien ce qui préoccupe et rapproche Kurt Weill et Bertolt Brecht. Le premier qui cherche à remettre en cause les conventions dramatiques du XIXe siècle et croit intensément à la fonction sociale de l’opéra, le second qui, usant déjà de la musique dans ses pièces pour porter l’action et créer des ruptures, plongé depuis 1926 dans une lecture de Karl Marx qui l’incite à parler du capitalisme et de ses conséquences sur la vie de l’individu dans la société, ne peut que partager cette façon de voir qu’il développera d’ailleurs plus tard dans ses théories sur l’opéra. On comprend dès lors leur réticence à laisser supposer que leur oeuvre se déroule Outre-Atlantique, leur besoin de préciser que « les plaisirs humains que l’on obtient pour de l’argent [sont] sensiblement les mêmes toujours et partout, et Mahagonny, la ville du plaisir, [est] internationale au sens le plus large du terme ». Pour l’essentiel, l’oeuvre est même profondément allemande, hostile à l’opéra wagnérien, opposant aux règles d’un art défendu par les forces conservatrices, une culture populaire, encore vivace dans l’Allemagne du Sud où naquit Brecht, dans laquelle bateleurs, chanteurs de rue, cabaret et cirque animent les foires. Les Opéras ne s’y trompent pas qui censurent les premières représentations. La critique officielle et le nazisme émergeant non plus, qui se servent de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny pour étendre à l’art l’idée d’une « menace judéobolchévique ». « Qu’avons-nous besoin d’un ouragan ? Le pire typhon ne vaut pas La fureur de l’homme qui veut se distraire. » Jim, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny Acte 1 1. Fondation de la ville de Mahagonny. Une contrée désertique. Un camion pourri tombe en panne ; à son bord : la veuve Leokadja Begbick, Moïse la Trinité, Fatty « le fondé de pouvoir ». Devant eux le désert ; derrière eux, la police qui les recherche. Sur proposition de Begbick, ils restent là et fondent Mahagonny, « la ville piège ». 2. Rapidement, dans les semaines qui suivent surgit une ville. Apparaissent Jenny et six filles en quête d’hommes et de dollars. Elles chantent Alabama Song. 3. La nouvelle atteint les grandes villes. Fatty et Moïse, en bon représentants, vantent les qualités de la vie à Mahagonny. 4. Les mécontents de tous les continents affluent à Mahagonny. Arrive un groupe de quatre bûcherons d’Alaska : Jim Mahoney, Jack O’Brien, Bill et Joe. 5. Arrive un certain Jim Mahoney… Débarcadère de Mahagonny. Les quatre bûcherons sont accueillis par la veuve Begbick qui leur présente ses filles. Marchandages sur tous les prix. Jenny chante la leçon de sa mère. Ma fille ne te vends pas pour quelques dollars seulement. 6. Initiation. Jenny demande à Jim ce qu’elle doit faire pour lui plaire. 7. Toutes les grandes entreprises ont leurs crises. Hôtel de l’Homme Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Argument grandeur et décadence de la ville de Mahagonny programme de l’opéra de Lausanne Production 1997 Riche. Fatty et Moïse au bar. La Begbick est inquiète de voir ses clients s’en aller. Mahagonny ne serait-elle qu’une mauvaise affaire ? Elle se propose de retourner d’où ils viennent ; on lui fait observer que les policiers qui la recherchent sont arrivés à Pensacola. 8. Tous ceux qui cherchent vraiment sont déçus. Parmi eux, Jim Mahoney. Il voudrait quitter cette ville où des pancartes d’interdiction sont apparues un peu partout. Et puis il s’y ennuie tellement qu’il voudrait manger son chapeau. Ses amis le ramènent dans la ville. 9. Hôtel de l’Homme Riche ; les hommes se prélassent et boivent. Jack s’extasie devant une musique triviale. Jim exprime sa nostalgie des années passées en Alaska. Il constate que Mahagonny n’existe que parce que le monde est mauvais. 10. Un cyclone se dirige sur Mahagonny. 11. Dans cette nuit d’épouvante, un simple bûcheron nommé Jim Mahoney découvre les lois du bonheur humain. Devant ses compagnons terrorisés, Jim, très exalté, découvre qu’il est vain de construire quoi que ce soit, quand un ouragan peut tout détruire. Il chante son « Ne vous laissez pas tomber ». Il professe un nouveau credo : « Fais ce qui te plaît ». Acte 2 Se battre acte 2 12. Au tout dernier moment le cyclone contourne Mahagonny. Des annonces radio successives informent de l’avancée du cyclone : il a détruit Atsena, puis Pensacola. Près d’atteindre Mahagonny, le cyclone contourne la ville. Depuis ce jour, la devise des gens de Mahagonny devient « Tout est permis ». 13. Grande activité à Mahagonny, un an après le cyclone. –Manger. Jack O’Brien, « le goinfre », mange un veau, puis encore un veau, jusqu’à en mourir. 14. Faire l’amour. Devant le bordel de la veuve Begbick, chacun attend son tour. 15. Se battre. On installe un ring. Joe « le loup de l’Alaska » contre Moïse la Trinité. On va vers un jeu de massacre ; pourtant Jim, en souvenir des jours passés en Alaska, mise tout son argent sur son ami. K.O mortel. Joe est mort, Jim est ruiné. 16. Boire. Jim paie deux tournées générales. Quand il s’agit de payer, il n’a pas de quoi ; il invente un jeu de rôles pour biaiser : sur le billard, on embarque pour un retour en Alaska. Mais cela ne fait que différer l’inévitable : l’addition. Photo : William Struhs Argument grandeur et décadence de la ville de Mahagonny Acte 3 17. Un jour maudit. Il fait nuit. Enchaîné, Jim attend son procès dans l’angoisse. 18. Les tribunaux de Mahagonny n’étaient pas pires que les autres. Begbick au banc des juges ; Fatty à la défense. Moïse qui vient de tuer Jack, est procureur. Tobby Higgins, l’ennemi public no 1, est acquitté parce qu’il sait corrompre le tribunal. Jim est condamné à mort « pour avoir manqué d’argent, le plus grand forfait qui existe sur la terre ». 19. Exécution et mort de Jim Mahoney. Beaucoup verront sans plaisir l’exécution de Jim Mahoney ; mais vous, Monsieur, n’auriez sans doute pas plus que d’autres payé pour lui. Tel est de nos jours le respect dû à l’argent. Avant de mourir, Jim prend congé de Jenny. Jim ne regrette rien et chante son « Ne vous laissez pas tromper » ; il demande à la Bagbick si elle sait qu’il y a un Dieu. 20. Jenny et quatre hommes jouent le « jeu de Dieu à Mahagonny ». Et dans une confusion croissante, au milieu de l’inflation et de l’hostilité générale, dans les dernières semaines de la ville, les survivants, incorrigibles, manifestent pour leur idéal. Tandis que sont présentés le corps de Jim et ses effets personnels, la foule arrive et conclut : « On ne peut jamais rien pour personne ». Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 programme de l’opéra de Lausanne Production 1997 Kurt Weill (1900-1950) Compositeur allemand né à Dessau le 2 mars 1900, mort à New York le 3 avril 1950, Weill a pris la nationalité américaine en 1943. Il est l’un des rares compositeurs du xxe siècle à avoir consacré sa vie presque exclusivement au théâtre musical, ce genre comprenant notamment l’opéra. Kurt Weill doit ses premières influences musicales à son père, chantre professionnel à la synagogue. Il étudie le piano, la théorie de la musique et la composition à Dessau avec Albert Bing et, par son intermédiaire, a l’occasion de travailler au Hoftheater de la ville en tant que corépétiteur. Les partitions de ses premières tentatives dans le domaine de l’opéra – Zriny (1916, d’après une tragédie de Theodor Körner) et Ninon von Lenclos (1920, d’après une pièce d’Ernst Hardt) – ont disparu. Weill fréquente ensuite l’université de Berlin, où il étudie la philosophie avec Max Dessoir et Ernst Cassirer; il envisage en outre de préparer un doctorat de musicologie et prend quelques cours de composition avec Humperdinck. Pendant cinq mois, en 1920, il est Kapellmeister à Lüdenscheid – apprentissage important pour lui pendant lequel il a l’occasion, écrit-il à son frère, «de diriger non seulement tout ce qui existe en matière d’opérette classique ou moderne, mais aussi quelques opéras». Faute d’argent, il ne peut aller à Vienne suivre l’enseignement de Schönberg, qu’il révère, mais, à partir de 1921, il assiste régulièrement pendant trois ans à la masterclass de Busoni à Berlin. Pour améliorer sa situation financière, il joue de l’orgue dans les synagogues, dirige des choeurs et enseigne : Claudio Arrau, Maurice Abravanel et Nikolaos Skalkottas figurent parmi ses élèves. Le premier de ses opéras à nous être parvenu est Der Protagonist, op. 14, achevé en mars 1925; c’est la première oeuvre de Weill, avec le Concerto pour violon et vents op. 12, à montrer des signes de sa maturité, et elle lui attire une reconnaissance publique considérable. La dette de Weill à l’égard de Busoni est esthétique plus que stylistique. Ce sont les idées de Weill sur l’opéra, contenues dans de nombreux écrits théoriques, plus que ses compositions elles-mêmes qui nous révèlent l’influence directe de Busoni. Ces mêmes idées trouveront aussi leur expression plus tard, à l’occasion des collaborations bien connues avec Bertolt Brecht. Dans son Entwurf einer neuen Ästhetik der Tonkunst (Projet d’une nouvelle esthétique musicale), publié pour la première fois en 1907, Busoni a tracé une voie qui, s’éloignant de la Gesamtkunstwerk (oeuvre d’art totale) wagnérienne, s’oriente vers un idéal dérivé de l’opéra mozartien. Brecht, dont les formulations mêmes sont l’écho de celles de Busoni, utilise l’expression Urform (« archétype» ; Busoni parle plus généralement d’Urmusik) pour se référer à cet idéal de base. Proche de l’idée platonicienne par certains aspects, cette Urform tire sa substance des oeuvres du passé mais inclut aussi le principe d’une réforme à venir. Pour Weill, comme pour Busoni, l’Urform a des implications aussi bien créatrices que sociales: d’une part une remise en question des conventions dramatiques du XIXe siècle, d’autre part un intérêt pour la fonction sociale de l’opéra. (Ces deux aspects reparaîtront dans les théories de Brecht sur l’opéra, vigoureusement anti-wagnériennes). Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Kurt Weill © D.R. Biographies Der Protagonist évoque tout particulièrement Busoni par l’usage qu’il fait de scènes de pantomime qui, permettant de se dispenser totalement du chant, sont ainsi l’occasion d’accompagner d’une musique « absolue » les instants « d’intensité maximale de l’action dramatique », selon les termes de Weill. Der Protagonist, premier ouvrage composé par Weill en collaboration avec l’écrivain dramatique expressionniste Georg Kaiser, est plus expressionniste de par son sujet que de par sa musique. Weill utilise certes ce que l’on appelle l’atonalité, mais c’est pour traduire les excès émotionnels du «système de Stanislavsky 1 » utilisé par celui qui donne son titre à la pièce : le protagoniste. À vrai dire, l’ouvrage en son entier est plutôt une critique de l’expressionnisme, soulevant le problème de la responsabilité de l’artiste, comme le fera Hindemith dans Cardillac, achevé en 1926. Les pantomimes (qui ont servi de modèle à Hindemith) sont tout sauf expressionnistes ; elles utilisent utilisent un style bien différent dont le caractère anguleux néo-classique renvoie à Stravinsky plutôt qu’à Schönberg. Un tel mélange des formes d’expression à des fins dramatiques caractérise toute la production de Weill. Son oeuvre conserve certes sa propre empreinte stylistique. Mais Weill s’est moins préoccupé de développer un style personnel que d’en trouver un qui soit approprié à ses besoins de compositeur pour la scène. C’est pourquoi son style a fluctué au fur et à mesure où ses besoins ont changé. En collaboration avec le poète surréaliste Ivan Goll, Weill écrit ensuite Royal Palace, opéra qui marque un tournant vers la Neue Sachlichkeit (« Nouvelle Objectivité »). C’est le premier de ses ouvrages pour la scène à utiliser la musique de danse populaire (le « jazz », selon la terminologie de l’époque) et le saxophone, si caractéristique. Un langage et un timbre instrumental aussi neufs ont aussi leur signification dramatique : les rythmes empruntés au fox-trot ou au ragtime apportent leur propre touche de couleur locale à une production très contemporaine, «dans le vent», qui, typiquement, inclue aussi des projections lors de la création. Si le jazz est utilisé, comme c’est le cas dans toutes les oeuvres européennes, il est toujours plus ou moins soumis, par le biais de dissonances ou de déplacements rythmiques quasi surréalistes, à une « défamiliarisation », comme si les citations étaient ironiquement placées entre guillemets. Na und ? (Et alors ?), opéra comique de longue durée, demeure une énigme complète puisque la partition en est perdue, à l’exception de quelques esquisses et de la correspondance de Weill avec Schott s’y rapportant. Au cours de l’année 1926, qui débute pour le compositeur par son premier mariage avec Karoline Blamauer (l’actrice et danseuse Lotte Lenya), Weill y travaille avec le dramaturge et poète Felix Joachimson. Son éditeur, Universal Edition, refuse toutefois la nouvelle oeuvre, tout comme Schott. Royal Palace, dont la partition d’orchestre a aussi disparu, avait été conçu pour former un diptyque avec Der Protagonist. Mais Weill, insatisfait, finit par lui préférer Der Zar lässt sich photographieren (Le Tsar se laisse photographier), autre fruit d’une collaboration avec Georg Kaiser. Der Tsar, composé en 1927, allie encore expressivité lyrique, « opératique », d’une part, et musique de danse d’autre part ; mais le Songspiel Mahagonny (composé cette même année), voit quant à lui l’émergence du style « song » de Weill, parvenu à sa pleine maturité. Il marque aussi le début de la collaboration avec Brecht. Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Biographies L’avant scène opéra Mahagonny 1995 Stephen Hinton Berthold Brecht Auteur dramatique, poète lyrique, narrateur et cinéaste, théoricien de l’art et metteur en scène, il défend la conception d’un théâtre épique, défini par sa fonction sociale et politique. Il est considéré comme un des plus grands dramaturges contemporains. Berthold Brecht naît dans un petit village de Bavière nommé Augsbourg en 1898, et décède en 1956 à Milan. Il commence à publier très tôt, dès 1914. En 1918 il étudie la philosophie à Munich et publie sa première pièce, Baal (1918). Après le triomphe de l’Opéra de quat’ sous en 1928, le Theater am Schiffsbauerdamm de Berlin est mis à sa disposition. Il écrira ensuite à un rythme soutenu d’une ou deux pièces par an. L’arrivée du nazisme l’oblige à l’exil, en 1941 aux USA, puis, après avoir contourné l’Europe, s’installe à Berlin-Est à partir de 1948. En 1954, Brecht reçoit le prix Staline et entreprend ensuite de publier la totalité de ses œuvres. Avec Tambours dans la nuit, il obtient un prix littéraire en 1922 et se rend à Berlin, qui est alors la “Cité européenne du Théâtre”. En quelques années il devient un auteur célèbre, avec ses pièces : Noce chez les petits bourgeois (1919), La vie d’Edouard II, Mahagonny, Sainte Jeanne des abattoirs, La Mère, Homme pour homme, l’Opéra de Quat’sous (1928), l’Exception et la règle. Ces pièces, d’une brûlante actualité, sont le reflet de l’esprit de révolte et de provocation de l’auteur. Après le Danemark et la Finlande qu’il a choisit pour exil, il rejoint les Etats-Unis. Il y écrit Mère courage et ses enfants et le Cercle de craie caucasien qui constituent son répertoire le plus populaire. En 1947, dans un climat de chasse aux sorcières, il est interrogé par la “Commission des activités anti-américaines” pour sympathies communistes. En 1948, l’auteur retourne dans son pays et s’installe à Berlin-Est où il fonde, avec son épouse la comédienne Helene Weigel, la troupe théâtrale du Berliner-Ensemble. L’œuvre de Brecht ne se conçoit pas sans une réflexion sur la musique qui accompagne ses textes pour former le plus souvent des œuvres d’opéras. La musique commente et transmet le texte, apporte une réflexion critique : c’est parmi d’autres sa théorie de la distanciation, pour éviter la traditionnelle identification qui entraîne fortement l’émotion à l’opéra. Pour en savoir plus sur les différentes théories élaborées par Brecht, se référer au glossaire brechtien idem Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Biographies Berthold Brecht © D.R. Patrice CAURIER, Moshe LEISER Mise en scène En 1983, ils réalisent leur première mise en scène Le Songe d’une nuit d’été (Britten) à l’Opéra de Lyon. En 1984, ils sont à La Comédie Française pour Rue de la Folie-Courteline. Très rapidement, ils sont invités partout dans le monde, on les retrouve aux Festivals de Spolete et de Lyon, au Théâtre des Champs-Elysées, au Welsh Opera ou encore à Genève, Tel Aviv, Charleston, Covent Garden, Lausanne, Lyon, Glasgow… Parmi leurs nombreuses productions, citons : Le Couronnement de Poppée (Monteverdi), Rusalka (Dvorak), Salomé (Strauss), Les Troyens (Berlioz), Benvenuto Cellini (Berlioz), Dialogues des carmélites (Poulenc), L’Enfant et les sortilèges (Ravel) dont la réalisation cinématographique leur vaut le FIPA d’Or à Cannes en 1994, Iphigénie en Tauride (Gluck), Armide (Lully), Jenufa (Janacek), Ariane et Barbe-bleue (Dukas), La Belle Hélène (Offenbach), Alceste (Glück), La Chauve-Souris (Strauss), La Clémence de Titus et La Flûte enchantée (Mozart), Léonore et Fidelio (Beethoven), Carmen (Bizet), La Cenerentola (Rossini)… A Genève, ils mettent en scène successivement, Wozzeck (Berg), Hamlet (Thomas), Les Fiançailles au couvent (Prokofiev), Le Chevalier à la rose (Strauss), Le Ring (Wagner), Pelléas et Mélisande (Debussy), Don Carlo (Verdi). Plus récemment, Patrice Caurier et Moshe Leiser ont mis en scène La Traviata (Verdi) à Lausanne et à Cardiff, Madame Butterfly (Puccini) à Covent Garden, Hamlet (Thomas) à Covent Garden et Barcelone (enregistrement DVD), Lucia di Lammermoor (Donizetti) à Lyon et au Châtelet, Eugène Onéguine (Tchaïkovsky) au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg, au Châtelet et à Marseille, L’Aiglon (Honegger / Ibert) à Marseille, La Veuve joyeuse (Lehar) au Welsh National Opera de Cardiff en octobre 2005 et Le Barbier de Séville (Rossini) à Covent Garden en décembre dernier. A Nantes et Angers, ils ont signé les mises en scène du Nez (Chostakovitch) en 2004, de La Flûte enchantée (Mozart) et de l’Enfant et les sortilèges (Ravel) en 2006, de Jenufa (Janacek) et du Château de Barbe-Bleue (Bartok) en 2007. Pascal VERROT Biographies Direction musicale Après un diplôme à la Sorbonne et un Premier Prix de direction d’orchestre au Conservatoire National de Paris, Pascal Verrot se perfectionne auprès de Franco Ferrara à l’Academie Musicale Chiagana de Sienne. Remarqué par Seiji Ozawa lors du Concours International de direction d’orchestre à Tokyo dont il fut lauréat en 1985, il devient, entre 1986 et 1990, son assistant à l’Orchestre Symphonique de Boston. De 1991 à 1997, Pascal Verrot fut également directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Québec. Invité tant en Europe qu’au Japon ou en Amérique du Nord, Pascal Verrot a notamment dirigé les Orchestres Symphoniques de Boston, San Antonio, Montréal ou Toronto. Après avoir été chef principal du Shinsei Nihon Orchestra de Tokyo, il est, depuis 2001, chef invité principal du Tokyo Philharmonique. Pascal Verrot a dirigé plusieurs productions d’opéras, notamment LA CHAUVE-SOURIS (Strauss) à l’Opéra de Lyon, LES NOCES DE FIGARO (Mozart) au Conservatoire de Paris, DON GIOVANNI, COSI FAN TUTTE, LES NOCES DE FIGARO et LA FLUTE ENCHANTEE (Mozart), PELLEAS ET MELISANDE (Debussy), L’OPERA D’ARAN (Bécaud) ou encore DON QUICHOTTE (Massenet) à l’Opéra de Metz. Dans le cadre de l’ouverture du nouvel opéra de Shanghai, Pascal Verrot à dirigé FAUST (Gounod) et plus récemment LES NOCES DE FIGARO et DON GIOVANNI (Mozart) dans des productions de la Nikikaï Opera Foundation à Tokyo. Depuis janvier 2003, Pascal Verrot est directeur musical de l’Orchestre de Picardie. Il a dirigé, à l’Opéra de Lille, DON GIOVANNI (Mozart) en janvier 2004 puis la production de MADAME BUTTERFLY en avril 2004. Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny Moshe Leiser & Patrice Caurier © D.R. Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Pascal Verrot © D.R. Nuala Willis, Léoccadia Begbick Alto Beau Palmer, Fatty, le fondé de pouvoir Tenor Fatty, le Fondé de pouvoir - Léoccadia Begbick - Moïse la Trinité Dessins de costumes Agostino Cavalca Nicholas Folwell, Moïse la Trinité Baryton Personnages Elizbieta Szmytka, Jenny Hill Soprano Jenny arrive en ville avec six filles en quête d’hommes et de dollars... Dessins de costumes Agostino Cavalca Andrew Rees, Jim Mahoney Ténor Eric Huchet, Jack O’Brien/Tobby Higgins Ténor Randall Jakobsh, Bill, surnommé Billy Tiroir-Caisse Baryton Jack, Bill, Joe et Jim Mahoney... Dessins de costumes Agostino Cavalca Frédéric Caton, Joe, surnommé Joe le loup d’Alaska Basse Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 10 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 La collaboration de Kurt Weill et Berthold Brecht pour Mahagonny. Berthold Brecht & Kurt Weill © D.R. La première collaboration de Brecht et Weill a été offerte au public le 17 Juillet 1927 au festival de musique de chambre de Baden-Baden avec Mahagonny Gesänge. Weill avait mis en musique cinq poèmes extraits des « Sermons domestiques » de Brecht et cette approche donna une première entame à notre opéra qui sera achevé trois ans plus tard. La plus connue de ces cinq chansons, « Alabama Song », avait été interprétée par la voix sensuelle et gracile de Lotte Lenya, la femme de Weill. Avant l’aboutissement de l’œuvre en tant qu’opéra, Weill et Brecht continuent de collaborer sur d’autres œuvres et s’entendent sur le statut qu’ils veulent attribuer à la musique : Brecht est persuadé qu’elle est au service de la dramaturgie, et qu’elle est un moyen de faire passer les messages que sont ses poèmes. Cette mise en accord pousse Weill à affirmer plus encore ses tendances musicales : toujours lié à des thèmes d’actualité sociale ou politique, son style musical se trouve encore plus simplifié, épuré, pour laisser place à la clarté et à la netteté du signe en vue d’un effet immédiat. Les deux auteurs préconisent un art « prolétarien », où la musique est utilitaire et compréhensible par tous. Cette alliance offre pour Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny une écriture engagée et présentée musicalement en un mélange de ragtime, d’opérette, de musique pop… Cet Opéra a été créé au Neues Theater de Leipzig le 9 mars 1930 où il a été un « échec total » : les gens outrés sortirent de la salle d’Opéra, et le nazisme frappant à la porte, l’auteur, le compositeur et l’œuvre furent interdits en Allemagne. C’est une satire anticapitaliste qu’aucune représentation n’avait jusqu’à maintenant su mettre en valeur. La ville de Mahagonny, qui signifie « ville-piège » est quasi-américaine, inspirée de La ruée vers l’or de Chaplin, où les quatre commandements sont gloutonner, faire l’amour, se battre, boire… à condition d’avoir de l’argent. On raconte dans cette pièce que les gens arrivent des quatre coins du continent pour fuir leur destinée et accéder enfin à cette « cité de plaisirs » dont la rumeur s’est propagée. Une fois l’illusion de bonheur passée au sein de cette Sodome et Gomorrhe moderne, les habitants nourrissent leurs convictions en vivant chaque jour comme s’il était le dernier, parce qu’un typhon menace de détruire entièrement la ville. Cet opéra moqueur a bien rempli la fonction que souhaitaient lui attribuer Weill et Brecht : le message idéologique est clair, et les musiques pour le faire passer restent volontiers en tête. Rien dans cet opéra n’est opéra sauf la forme et c’est assez pour créer la controverse et imposer leur croyance en un certain esthétisme et dogme musical à venir. Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 11 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 A propos «Contradictions» par Alfred Einstein Berliner Tageblatt 10 mars 1930 C’est certain : le ton de cet opéra n’est pas tendre, car la société qui évolue devant nous est tout aussi peu respectable que celle de L’Opéra de quat’ sous. Rien ne nous est épargné en matière de grossièreté; tout est grossier, la langue comme les situations. Si l’on est encore attaché à une conception traditionnelle de l’opéra, on ne peut être que choqué, comme l’a été une grande partie du public de Leipzig : il a quitté la salle, avec plus ou moins de discrétion, ou a réagi par force sifflets et huées. Ces spectateurs ont eu raison de réagir de la sorte si leur colère allait non à l’œuvre, mais au lieu de la représentation. Il y a malentendu : Mahagonny est un opéra qui ne peut pas être représenté dans un Opéra. Mahagonny est un opéra qui rompt avec toutes les données essentielles de l’opéra : l’exigence de la « belle apparence », d’une belle mélodie, et même l’exigence de « faire de l’art ». C’était une erreur de représenter cet opéra dans une salle d’Opéra. On aurait dû choisir une étable comme cela avait été fait pour le Lehrstück (« pièce didactique ») de Brecht et Hindemith. L’argument de cette pièce didactique : « Aucun homme n’aide l’autre », se retrouve d’ailleurs mot pour mot dans les deuxième et troisième actes de notre opéra. De même, la situation du brave Macheath de L’Opéra de quat’ sous se répète presque littéralement dans la scène où Jimmy, avant l’aube, attend la mort. Les Leipzigeois ont eu raison aussi de protester contre la longueur de Mahagonny. Brecht et Weill surestiment leurs forces. Car c’est bien la plus grande des contradictions de cette œuvre : Mahagonny ne propose pas un opéra au sens traditionnel du terme et pourtant il en est un dans la forme. Mais il refuse de faire de « l’art », il n’opère pour ainsi dire qu’à l’aide d’argumenta ad hominem, le poing serré sous le menton du spectateur. C’est, si l’on veut, un opéra populaire ou, plutôt, un opéra pour la masse. Seconde contradiction de cette œuvre : Mahagonny se veut un symbole, un reflet de la vie, mais ce symbole devient de plus en plus une démonstration contre le capitalisme qui s’impose totalement à la fin. L’Anneau du Nibelung est aussi dirigé contre le capitalisme, mais pas sur le mode démonstratif. Là, le capitalisme l’emporte sur l’amour, mais celuici existe toujours dans le monde, du moins est-on en droit de le penser. Dans Mahagonny, l’amour n’existe pas, il n’y a que l’argent, une pulsion qui habite tous les personnages : c’est la détresse, le vide existentiel porté à son comble. Mais l’amour n’est-il pas, justement pour cette raison, ce qu’il nous faut? Les Leipzigeois qui sifflaient et quittaient la salle avaient certes saisi l’agressivité de Bert Brecht et de Kurt Weill, mais ils n’avaient absolument pas compris à quel point ces derniers étaient sérieux. En ce sens, ils avaient tort. Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 12 A propos par ALFRED EINSTEIN Au lendemain de la représentation à Leipzig, grandeur et décadence de la ville de Mahagonny L’AVANT-SCÈNE OPÉRA Dépôt légal: 3e trimestre 1995 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Show me the way to the next whisky bar Oh, don’t ask why, oh, don’t ask why Show me the way to the next whisky bar Oh, don’t ask why, oh, don’t ask why For if we don’t find the next whisky bar I tell you we must die I tell you we must die I tell you I tell you I tell you we must die Brecht et la musique Brecht a toujours travaillé son œuvre aux côtés de compositeurs et musiciens. Si sa collaboration ave Weill reste la plus renommée, elle ne fut pas la plus constante. Parmi Hindemith, Dessau, Eisler et d’autres compositeurs avant-gardistes que Brecht rencontra lors de son exil en pays scandinaves, c’est avec Eisler que l’entente a été la plus durable et fructueuse. Jusqu’à sa mort en 1956, cette coopération donna lieu à cinq pièces : La décision (1930), Têtes rondes, têtes pointues (1936), La mère (1932), Grand peur et misère du 3ème Reich (1948), Schweyk (1948). A propos Brecht a lui-même composé des ballades, notamment dans sa première pièce, Baal. En allant régulièrement à l’opéra, toujours muni de la partition, Brecht a constaté que l’émotion ressentie en écoutant de la musique est supérieure à celle vécue au théâtre. Lui-même étant fragile du cœur, il fit de cette émotion un danger. Il théorisa alors le rôle de la musique en recherchant la distanciation, c’est-à-dire le rejet de l’identification et un retour parodique ou critique du texte chanté. Il compare l’art musical à l’art culinaire : on déguste, on ingère et rien ne laisse de traces. Oh, moon of Alabama We now must say say good-bye We’ve lost our good old mamma And must have whisky Oh, you know why. Show me the way to the next pretty girl Oh, don’t ask why, oh, don’t ask why Show me the way to the next pretty girl Oh don’t ask why, oh, don’t ask why For if we don’t find the next pretty girl I tell you we must die I tell you we must die I tell you I tell you I tell you we must die Alabama Song Bertolt Brecht Glossaire brechtien L’Opéra de quat’sous (1928) est apparu à Brecht comme un pressentiment du théâtre tel qu’il le théorise à partir de 1930. Voici quelques notions indispensables à la compréhension de son oeuvre. CULINAIRE : Terme appliqué par Brecht à l’opéra traditionnel, à ses yeux simple objet de consommation uniquement dirigé vers la satisfaction d’un plaisir facile et immédiat. DISTANCIATION (en allemand Verfremdungseffekt) : Effet qui vise à montrer au spectateur ce que l’illusion théâtrale a de factice et à le maintenir étranger à l’action pour éveiller son regard critique. S’oppose aux processus de fusion affective avec les personnages recherchés par Stanislavski. ÉPIQUE : Le théâtre épique de Brecht s’oppose au théâtre dramatique, qui essaie de recréer un faux présent. Au contraire, le théâtre épique est historique, il rappelle constamment au public qu’il assiste à une représentation d’événements passés destinés à lui faire apparaître les lois qui régissent sa vie sociale et à l’éveiller sur leur nécessaire transformation. Oh, moon of Alabama We now must say good-bye We’ve lost our good old mamma And must have a girl Oh, you know why. Show me the way to the next little dollar Oh, don’t ask why, oh, don’t ask why Show me the way to the next little dollar Oh, don’t ask why, oh, don’t ask why For if we don’t find the next little dollar I tell you we must die I tell you we must die I tell you I tell you I tell you we must die Oh, moon of Alabama We now must say good-bye We’ve lost our good old mamma And must have dollars Oh, you know why. SONGS : Solution trouvée par Weill pour confier à la musique les principales idées véhiculées par la pièce. C’est une sorte de ballade moderne apparentée à la chanson de cabaret et au jazz, martelée à la manière des chants de propagande Source http://www.cndp.fr/tice/teledoc/mire/teledoc_quatsous.pdf Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 13 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 14 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 15 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 16 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09 Grandeur et décadenCe de la ville de Mahagonny 17 Dossier pédagogique / Angers Nantes Opéra 2008/09