Cinéma latino-américain – analyse du film La Nina
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Cinéma latino-américain – analyse du film La Nina
UNIVERSITÉ MICHEL DE MONTAIGNE BORDEAUX 3 FONDÉE EN 1441 ARTS Cinéma et Audiovisuel MASTER RECHERCHE M1 Approches Interculturelles du Cinéma DOSSIER CINÉMA LATINOAMÉRICAIN « Memoire et Identité » SOUS LA DIRECTION DE Laurence Mullaly L’analyse de La Niña Santa Un film de Lucrecia Martel PAR Sahira Schisell Joaquín Mena Colin Baguet À PESSAC, FRANCE Le 17 mars 2014 1 SOMMAIRE INTRODUCTION Le renouveau du cinéma latino-américain......................................... Lucrecia Martel : une enfant de Salta................................................ La Niña Santa : fiche technique et artistique..................................... L’histoire............................................................................................. Corps et sexualité............................................................................... ANALYSES Le contexte du film............................................................................. Le titre................................................................................................ Les génériques de début.................................................................... Les poèmes de Sainte Thérèse de Jésus............................................. Séquence 1 :................................................................................. 1) La vocation (0:06:00-0:07:00).................................................... 2) L'appel de Dieu (0:09:34-0:11:12)............................................. Séquence 2 :................................................................................. 1)Regards dans la piscine (1:23:12-1:24-08) ................................. 2)Josefina et son cousin (1:24:09-1:25:25).................................... 3)Amalia pardonne au Dr Jano (1:25:26-1:28:38)......................... Personnages....................................................................................... L’esthétique du film ........................................................................... La photographie et l’idée du mouvement.......................................... Le son................................................................................................. Récompenses pour La Niña Santa...................................................... CONCLUSION ANNEXE REFERENCES BIBLIGRAPHIQUES......................................................... NUMÉRIQUE....................................................................................... FILMOGRAPHIE................................................................................... 2 « El pensamiento es una cosa corrosiva. Es algo en si destructivo. Construye y destruye, construye y destruye. Pero en ese proceso corrosivo no es una cosa que pueda evaluarse en poco tiempo. Mi cine es así, un fragmento de un proceso de pensamiento. Ni siquiera es un pensamiento, sólo un proceso. Es el proceso de pensar sobre alguna cosa. Y eso es una cosa que esta suelta, y esta viva, porque no es un pensamiento terminado. » Lucrecia Martel, en Argentine, 2006 Traduction « La pensée est une chose corrosive. C'est quelque chose de si destructeur. Construire et détruire, construire et détruire. Mais ce processus de corrosion n'est pas quelque chose qui peut être évalué rapidement. Mon film est donc un fragment d'un processus de pensée. Ce n'est même pas une pensée, seul un processus. C'est le processus de penser à quelque chose. Et c'est quelque chose qui est lâche, et qui est en vie, ce n'est pas une pensée complète. » Lucrecia Martel, en Argentine, 2006 3 INTRODUCTION LE RENOUVEAU DU CINÉMA LATINO-AMÉRICAIN Le cinéma, comme moyen d’expression, a servi aux pays d’’Amérique Latine à exprimer leurs points de vue sur la réalité sociale et culturelle. Si on parle d’un cinéma du continent latino-américain, on doit parler de l’influence du mélodrame, de la réactualisation des relations de genres (sociaux et sexuels) qui se font sous une domination masculine et une soumission féminine et, bien sûr, sous l’influence religieuse primordialement catholique. Chaque pays a pris des éléments pour trouver une forme particulière d’exprimer son identité ou d’aller à la rencontre de sa mémoire. Par exemple, le surréalisme au Mexique ou le cinéma d’essai au Brésil. En Argentine, une nouvelle frange de jeunes réalisateurs argentins émerge et constitue le NCA (nouveau cinéma argentin) à partir de la fin des années 1990 . Leurs films vont évoquer l'histoire douloureuse du pays et à l'identité argentine pendant la dictature, mais aussi après (et les nombreuses séquelles, sur l'économie du pays notamment). Avec des budgets dérisoires, ils vont ad la lutte des classes (bourgeoisie et classes moyennes. Ils vont rompre avec les codes du cinéma national d'alors, avec un retour au réalisme et à la (d'ailleurs ces films s'éloignent pour la plupart de la capitale Buenos Aires. Parmi ces chefs de file on peut citer Adrian Caetano (Pizza, Birra, Faso, Un oso rojo, Lisandro Alonso (La Libertad, Los Muertos),Carlos Sorin (Bombon el perro) et bien sûr Lucrecia Martel. LUCRECIA MARTEL : UNE ENFANT DE SALTA La réalisatrice argentine est née en 1966 à Salta, dans la province du même nom située au nord de l'Argentine. Dans son adolescence, elle va connaître les affres de la dictature militaire de 1976 à 1983. Dernier pays du Cône Sud (après le Paraguay, le Chili et l'Uruguay) à basculer sous la dictature, l'Argentine va baigner dans une politique de ségrégation et d'une division des classes et des communautés. Soutenu par l'église catholique, le putsch du 24 mars 1976 par le général Videla a rapidement eu comme conséquences de rétablir un ordre moral chrétien strict dans tout le pays. Martel a étudié à l'école catholique de l'ordre du Carmel. Cette enfance sous le joug religieux a fortement influencé sa manière de réaliser ses films, gorgés de mysticisme et de métaphores religieuses. Ces films ont une valeur quasi- 4 autobiographique pour Martel : elle met en scène ses propres expériences, notamment au niveau de l'éducation religieuse Elle a gardé une relation toute particulière avec sa province natale puisque ses 3 films y ont été tournés. D’ailleurs l'hôtel thermal où se déroule La Niña Santa est d'ailleurs le même où la jeune Lucrecia Martel séjournait quelquefois dans sa jeunesse. C'est à l'âge de 20 ans que Martel part pour Buenos Aires, la capitale argentine, étudier à l'Avex (Avellaneda Experimental) et à l'Enerc (Centre Expérimental de l'Institut National de Cinéma). Elle fait ses preuves en réalisant des courts métrages de 1988 à 1994. Elle passe ensuite au documentaire et collabore pour la télévision argentine en y réalisant des programmes de 1996 à 1999. Principale figure féminine de cette nouvelle génération de réalisateurs argentins, Lucrecia Martel a ensuite réalisé ce qu'on peut appeler sa trilogie de Salta (La Ciénaga en 2001, La Niña Santa en 2004, La Mujer sin Cabeza en 2008). Ces 3 films ont pour but de développer une critique acerbe une classe moyenne inefficace et une bourgeoisie pathétique. A travers une structure narrative complexe et mêlées, Martel. La patte de la réalisatrice se traduit à l'écran par tout un panel symbolique, de métaphores religieuses, avec une bande-son travaillée . La chaleur, l'eau, les sons, les miroirs (du corps et de l'âme) sont autant de thèmes communs à tous ses films. Elle filme ses acteurs au plus près d'eux, à fleur de peau, pour capter leurs sentiments troubles et ambigus. Sa caméra s'immisce à un moment charnière de l'existence de ses personnages : Martel élabore son récit sans introduction ni conclusion et ses personnages continueront à vivre après cette sorte de parenthèse filmique. 5 LA NINA SANTA: FICHE TECHNIQUE ET ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE Réalisateur Scénariste Domenech Producteurs Urtizberea Pays PB Version originale Format Format son Catégorie Genre Durée Année de production Année de sortie Photographie Costumes Producteur exécutif Sociétés de production Lucrecia Martel Lucrecia Martel, JP Lita Stantic, Alvaro Argentine, Espagne, Italie, Budget Lieu de tournage Espagnol 35 mm, Couleur (kodak) Dolby Digital DTS Fiction Drame 106 minutes 2003 15 septembre 2004 (France) Félix Monti Julio Suárez Pedro Almodóvar, Agustín Almodóvar, Esther García Lita Stantic Producciones SA, El Deseo DA.SLU, La Pasionaria SRL, S&C Produzioni SRL et Hubert Bals Fund. 1,400,000 $ (estimation) La Ciénaga, Salta - Argentine FICHE ARTISTIQUE Mercedes Morán Carlos Belloso María Alche Julieta Zylberberg Alejandro Urdapilleta Mía Maestro Marta Lubos Arturo Goetz Alejo Mango Mónica Villa Leandro Stivelman Manuel Schaller Helena Dr. Jano Amalia Josefina Freddy Inés Mirta Dr. Vesalio Dr. Cuesta Mère de Josefina Julián Joueur de thérémine 6 L’HISTOIRE Lucrecia Martel, dans son second film, approfondit son univers d’une manière bien particulière. Tourné dans l’hiver à la Ciénaga, province de Salta en Argentine, elle met en scène deux adolescentes qui interrogent leur rapport à la religion et au désir sexuel. La Nina santa s'ouvre sur une prière chantée à ses élèves par une professeur de catéchisme émue jusqu'aux larmes. La beauté de sa voix parvient sans difficulté jusqu'à nous et cela suffit pour comprendre le peu de polémique que Martel engage avec la foi qu’inscrit l'érotisme sur le visage d'Amalia. Depuis ce moment, Amalia et Josefina, filles pieuses, découvrent leurs désirs. Elles évoquent leurs premières attirances pour les garçons, aussi les premiers baisers échangés. Amalia vit dans un vieil hôtel avec sa mère divorcée et sont oncle . La rencontre fortuite d'Amalia et du docteur Jano, venu à l'hôtel assister à un congrès médical, permet à la jeune fille de mettre à l'épreuve sa vocation: sauver un homme du péché. Amalia va mettre sa foi à l'épreuve en essayant de sauver un homme du pêché : un respectable médecin de province qui va perdre ses illusions. CORPS ET SEXUALITE Le film va faire s'entremêler les différentes attirances sexuelles des personnages. Un sentiment d'érotisme traverse tout le film, sans pour autant montrer frontalement les choses. Il est bien évidemment question de l'identité sexuelle au sein d'un environnement feutré et strict. Martel nous fait suivre les désirs d'Amalia, une jeune religieuse croyant que Dieu l'a appelé pour sauver l'âme tourmentée et pervertie du docteur Jano, en apparence un respectable père de famille. Cependant si la vocation d'Amalia est avant tout religieuse au premier abord, cette mission va se transformer en quête son identité sexuelle (au cours du film elle va donc être attirée par ce fameux Jano, se masturber dans son lit, ou encore embrasser son amie Josefina). Le film laisse le spectateur s'interroger si la jeune fille est guidée par son plan divin ou bien au contraire par ses propres désirs. L'appel de Dieu ou la tentation diabolique le questionnement autour de la limite entre le bien et le mal est perpétuel, sans toutefois trancher et laisser une nouvelle fois le spectateur dans l'expectative afin qu'il puise se forger sa propre opinion. Le corps et la sexualité sont représentés ici comme des lieux de conflit. Dans le film on voit diverses formes de représentation du corps et de la sexualité des femmes. Dans le film, ces corps deviennent souffrants, remplis des symptômes d'intentionnalités inconscientes, où les personnages souffrent en permanence de réminiscences et où les femmes, plus particulièrement, donnent le change en modelant leur désir sur celui du sujet qui va les élire de manière imprudente. 7 ANALYSES CONTEXTUALISATION Le film se déroule donc à la Ciènaga. Dans les années 80, l’Argentine connut de graves difficultés économiques et financières, conséquences de la dictature. Comme expliqué précédemment, la religion catholique jouait un rôle très important dans la politique et le droit, avec une politique d’endoctrinement à l’échelle nationale. Ainsi avant que la Constitution ne soit modifiée en 1994, les deux plus hauts dirigeants du pays devaient absolument être catholiques. Conséquences de cette éducation religieuse de masse : aujourd’hui 90 % des Argentins sont catholiques. Lucrecia Martel elle-même a étudié dans une école catholique de l’ordre des Carmélites et c’est d’ailleurs pour cela qu’on voit des références de Sainte Thérèse d’Avila dans le film. LE TITRE La Niña Santa (qui au final ne se révèle pas si sainte) est une réflexion sur les interdits et l’hypocrisie religieuse. Intituler ce film de cette manière est ironique et combine ce mélange interdit détonnant de sexe et religion, entre grandir avec la culpabilité d’une action négative et prier pour se purifier de tout péché éventuel. LES GÉNÉRIQUES DE DÉBUT On note dans le générique une proéminence des des couleurs bleues et jaunes. Comme le ciel bleu ou la mer qui ouvre les horizons, le bleu et ses nuances sont une couleur étroitement liée au rêve, à la sagesse, à la sérénité et à la foi. Le bleu est l'écho de la vie, du voyage et des découvertes au sens propre et figuré (introspection personnelle). Le bleu est symbole de vérité, comme l'eau limpide qui ne peut rien cacher. De son côté, le jaune peut parfois se révéler négatif donc il est associé aux traîtres, à l'adultère et au mensonge, le jaune est une couleur qui mêle les contrastes. Dans les génériques de début, on voit que les lettres trouvent des autres lettres. Cela pour dire que on doit trouver les autres pour les sauver des péchés. Dans l’école catholique est obligatoire le cours de religion et là se parle de la 8 vocation pour se sanctifier: on doit sauver l’âme pour sauver le corps. Selon la promise de jésus, si nous sauvons notre âme, on va ressusciter comme Jésus, le fils de Dieu. Les paroles La Niña Santa qui se tombe du ciel. Notons que seul les saints se tombent du ciel car il sont dans la “ grâce de Dieu ”. Mais au même temps cela eut dire que se tomber est être dans le pêché. En général, le plan dit à l’avance ce qui va se passer, mais de manière métaphorique. La Chanson qu’on écoute, avec le piano, est une poème de Santa Teresa de Jesús ou D’Avila qui s’appel : Vuestra soy, para Vos nací (Je suis votre, pour vos je suis née). C’est un poème sur la vocation dans la vie. LES POÈMES DE SAINTE THÉRÈSE DE JÉSUS Thérèse d'Ávila, est une sainte catholique et une réformatrice monastique du XVIe siècle. Elle est connue pour ses réformes des couvents carmélites et est considérée comme une figure majeure de la spiritualité chrétienne, en plus d'avoir été la première femme reconnue comme docteur de l'Église catholique. Elle a écrit des poèmes sur la vocation, la prière et la sainteté. Dans le générique du début et la scène du catéchisme, il y a des extraits de la poésie de Sainte Thérèse de Jésus. (Extrait premier paragraphe) Vuestra soy, para Vos nací ¿Qué mandáis hacer de mí? Soberana Majestad, eterna Sabiduría Vuestra soy, para Vos nací: ¿Qué mandáis hacer de mí? Soberana Majestad, eterna Sabiduría, Bondad buena al alma mía; Dios, Alteza, un Ser, Bondad: La gran vileza mirad, que hoy os canta amor así. Traduction Je suis votre, pour vous je suis née Je suis votre, pour vous je suis née: Qu’ordonnez-vous qu’il soit fait de moi, Seigneur? Souveraine Majesté, eternelle sagesse, Bonté douce à mon âme, O Dieu, être unique, bonté et grandeur. Voyez l’extrême bassesse, qui en ce jour vous chante ainsi. 9 (Extrait quatrième paragraphe) Oremos Himno (Láudes) Dadme riqueza o pobreza, dad consuelo o desconsuelo, dadme la alegría o tristeza, dadme infierno o dadme cielo, vida dulce, sol sin velo, pues del todo me rendí. ¿Qué mandais hacer de mí? Traduction Nous Prions Hymne (Laudes) Donnez-moi richesse ou pauvreté. tion confort ou confort ou de douleur, donnez-moi la joie ou de tristesse, Donnez-moi l’enfer ou donnez-moi le ciel, vie doux,m soleil sans voile, puisque je me suis rendue à merci, Qu’ordonnez-vous qu’il soit fait de moi? SÉQUENCE 1 : Il s’agit des premières minutes du film. Elles sont essentiellement consacrées à trois scènes : Inés donne le cours de catéchisme où Amalia connais le signifie de la vocation, Helena dans le restaurant du Hôtel et la decouvert du thérémine quand le Dr Jano se pose derrière d’Amalia de façon explicite sexuellement, en se collant à elle. 1) LA VOCATION (0:06:00-0:07:00) La séquence s’ouvre sur un gros plan qui montre eux élèves du cours de catéchisme, Amalia (María Alche) et Jose (Julieta Zylberberg), en regardant attentivement l’enseignant qui les parle de la vocation et l'appel de Dieu. À ce moment Amelia apprend que grâce à la vocation elle pourra sauver une personne et, par conséquent, se sauver elle même. Lucrecia Martel déconstruit et reconstruit l'espace en permanence. Habituellement, les emplacements au sein de cette forme et exploiter les personnages sont très imprécis et complexe. Cela est essentiellement dû à la façon de filmer du cinéaste opte pour les gros plans, elle n’insiste jamais sur la définition des espaces pour identifier et introduire le spectateur dans l'histoire. Rapidement au contraire, elle désoriente le spectateur, qui va tarder à rentrer dans l'histoire. Par exemple on 10 ne saura jamias pas où le cours de catéchisme se déroule. Au moment où Inés parle de l’appel de Dieu, on entend le son du thérémine venant de l'extérieur. Dans ce séquence se montre le système de croyance à laquelle les élèves sont soumis pour garder les valeurs religieuses comme paramètres du comportement, sans choix ou la reconnaissance d'autres valeurs en dehors de chrétiens. La confusion sur l’appel de Dieu est la même désorientation du spectateur avec le gros plan et la fragmentation des corps dans le cadre. Le visage d’Amalia nous montre l’ambivalence vécue par cette adolescente, lorsque ses convictions religieuses et l'éveil de sa sexualité sont dans le conflit et la justification mutuel. Le mysticisme et le sensuel. Amalia prie avec sa amie Josefina. Elle fait des efforts pour effacer les têtes de leurs fantasmes adolescents de l'éveil sexuel. 11 2) L'APPEL DE DIEU (0:09:34-0:11:12) Un homme joue le thérémine1. On trouve un plan crée une certaine intimité avec le personnage, celui-ci cadre montre la main droite de homme de la même main de Jésus: c”est la Divine Miséricorde. Voici une métaphore de l’appel l'appel (des enfants, les anciens et les sans écouter. Dans la foule, Amalia instrument magnétique. Son visage Le Dr Jano se pose derrière sexuellement, en se collant à elle. quelques secondes de confusion, elle a repéré le visage du personnage et interprète l'épisode de violence comme une chose mystique, un signal divine. À ce moment elle découvre sa vocation : sauver le Dr. Jano. rapproché qui parait accessible. Le façon qu’on trouve la de Dieu : certains entendent jeunes), d'autres suivront longtemps s’approche pour voir l’étrange montre une dualité elle de Amelia se façon tourne explicite et après Ce mélange unique de séduction et de mise à distance, de tentation et de dépit, contribue ainsi à conférer à ce très beau film sa forme singulière. C’est intéressant de regarder que l'extérieur, dans les films de Martel, est synonyme de danger. Et ce harcèlement sexuel dans lequel Amalia est victime se déroule dans un espace qu’on ne reconnaît pas mais on sais qui se trouve à l'extérieur peutêtre d'hôtel ou du Catéchisme. SEQUENCE 2 : 1 Un des plus anciens instruments de musique électronique inventé par Lev Sergeivitch en 1919, l'instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. Se compose d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, Dans sa version la plus répandue, la main droite commande la hauteur de la note, en faisant varier sa distance par rapport à l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon sa distance par rapport à la main gauche. 12 Cette séquence se situe peu avant la fin du film. On peut la découper en 3 scènes distinctes, avec notamment 3 unités de lieu différentes (piscine thermale → chambre de la grand-mère de Josefina → chambre du docteur Jano), la dernière de ces scènes étant la plus éloquente. 1) REGARDS DANS LA PISCINE (1:23:12-1:24:08) A la piscine de l’hôtel thermal, le docteur Jano est entouré par sa famille (sa femme et ses deux enfants sont autour de lui) mais Amalia vient troubler cet instant paisible. Sa proximité physique avec ses enfants le trouble au plus haut point, d'autant plus que sa fille a peu ou prou le même âge qu’Amalia. La culpabilité le ronge et cette gêne, ce trouble se traduit bien à l'écran. Telle une sainte, elle émerge de l'eau et le regarde avec un sourire évocateur. On note la récurrence de l'eau dans le cinéma de Martel, et particulièrement l'attrait des piscines. Déjà dans la scène d'ouverture de La Ciénaga, le bassin est sale et stagne, comme la vie insignifiante de ces bourgeois abrutis par l'alcool et la chaleur (d'ailleurs le titre signifie le marécage, endroit poisseux par excellence) Dans La Niña Santa, la piscine est toujours propre, pure et l'immersion peut être vue comme un baptême. Paradoxalement, là aussi où les corps presque nus s'observent et se jugent, encourageant un ballet sensuel entre les différents protagonistes. 2) JOSEFINA ET SON COUSIN (1:24:09-1:25:25) Josefina a des rapports sexuels avec son cousin et confesse à sa mère qu'un médecin a touché Amalia. Les mots “Ne me parle pas” qu’elle répète à son cousin pendant l’acte montre à la fois sa curiosité à l'égard du sexe et sa reconnaissance du péché qu'elle est en train de réaliser eu égard à ses croyances religieuses. Bien qu'au second plan dans le film, il émane d'elle une 13 complexité et une ambivalence étrange. Josefina ne s'est pas lancée dans une quête comme son amie (elle paraît d'ailleurs agitée pendant les cours de catéchisme) au contraire elle a totalement succombé à ses désirs sexuels puisque ce n'est pas la première fois du film qu'elle a des relations sexuelles avec son cousin. Cependant elle ne veut surtout pas perdre cette fameuse virginité et la sodomie est donc utilisée pour respecter ce voeu de simili-chasteté. Le sexe entre membres de la même famille est une récurrence dans les films de Martel. Ces relations incestueuses entre les personnages démontrent l’idée de cette classe sociale supérieure qui préfère rester entre eux, de ne pas se mélanger à d'autres classes sociales inférieures à la leur. La mère de Josefina a surement repéré la relation de sa fille avec son neveu, mais par un souci de réputation familiale, le silence sera d’or. 3) AMALIA PARDONNE AU DR JANO (1:25:26-1:28:38) Le docteur Jano et sa famille se préparent pour la représentation prévue pour le congrès. Au départ de sa femme et de ses enfants arrive Amalia, arrivant par surprise (on la voit arriver à l'écran par le prisme du miroir). La caméra est placée de manière à ce que Jano dirige son regard vers Amalia tandis que son reflet fait lui face à la jeune fille. Sur ce plan, on peut voir le docteur coupé en deux. Cet effet reflète la dualité de ce personnage, ange ou démon. Le personnage du docteur Jano, interprété par Carlos Belloso est particulièrement intéressant. On ne connaitra jamais son prénom, il est toujours nommé par son métier, son statut social, le fameux "doctor". D'ailleurs ce nom n'a pas été choisi au hasard Jano (Janus en latin) est un dieu romain dieu des commencements et des fins, des choix, des clés et des portes. Il est représenté avec un double visage, censé symboliser la dualité du personnage entre son passé et son futur. Côté pile le docteur est ainsi un professeur émérite et respecté de la communauté scientifique, marié , bon père de famille. Côté face, on a un homme rongé par ses pulsions sexuelles, attiré par les jeunes filles (Amalia n'est sans doute pas la première). Jano a beau sauver ses patients physiquement, soigner leurs maladies et panser leurs plaies, il a lui-même besoin qu'on le sauve psychologiquement. Martel applique les images appropriées pour représenter l'évolution spirituelle de ce personnage, quand il dit "Je dirai tout à ta mère" il cherche à racheter sa conduite et entamer une rédemption. 14 Décontenancé par la suite, il ne sait comment réagir et culpabilise énormément. “Vous êtes bon” lui dit-elle : en quelque sorte elle va l'absoudre de ses péchés. Rattrapée par ses pulsions elle tente de l'embrasser puis se met les mains devant les yeux. Quand on elle a un petit sourire malicieux qui maintient l'ambiguité quant à ses réelles motivations. On sent le docteur abattu, plein de remors mais néanmoins résolu à réellement devenir un homme bon. La réalisatrice insinue donc que même un homme tourmenté tel que lui est capable de rédemption et peut être pardonné. En ce sens, le titre du film prend tout son sens car des individus comme le docteur Jano ont besoin de gens comme Amalia. Martel valide ainsi l'idée que chacun d'entre nous est investi d'une mission On retrouve la notion de circularité dans les films de Martel, et d’ailleurs la fin ouverte nous laisse, comme Amalia et Josefina, envisager tous les possibles vers un futur meilleur (ou non). Métaphoriquement Martel nous explique que ces filles peuvent répéter les erreurs des adultes. Du point de vue de la réalisatrice et par rapport à sa propre expérience, elle fait de cet endroit clos (on peut malgré tout élargir à toute la province de Salta) un endroit de traditions familialies conventionnelles : les fils des médecins sont médecins, les agricultureurs gardent leurs terres sur des générations et , si le grand-père est avocat, il ya de fortes chances qu’il en aille de même pour le père et le fils. PERSONNAGES Les personnages semblent toujours hésiter entre la croix et la chair et suscitent chez le spectateur une envie d'en savoir (ou d'en voir) plus. Jano : 1) Chanson infantile d’Amerique Latine qui s’appel Doctor Jano, cirujano (Docteur Jano, chirurgien) Canción de jugar a las palmas (Chanson pour frapper dans les mains) Doctor Jano, cirujano. Hoy tenemos que operar. En la sala 104 a una niña de su edad, No la toque ni la mire, no se vaya a enamorar Yo no me enamoro, tengo una mujer y un hijo medio loco como usted 15 Traduction Docteur Jano, chirurgien, Aujourd'hui nous devons opérer. Dans la salle 104, une fille de votre âge. Vous ne touchiez pas ou regardiez, ne tombiez pas amoureux Je ne tombe pas amoureux, j'ai une femme et un fils milieu fou comme vous 16 2) Janus est une divinité romaine, dieu des commencements et des fins, des choix, des clés et des portes. Deux tetes en voiyent au deux cotés. Les deux épithètes cultuelles du dieu *Patuleius (celui qui ouvre) et *Clusius (celui qui ferme) font de lui la « porte ouvrante » et la « porte fermante » de la religion romaine. Le mois de janvier (januarius), auquel le roi Numa donna son nom, lui était consacré. L’ESTHETIQUE DU FILM Martel développe une esthétique de l'opacité, en mesure de garder le spectateur dans un état de doute permanent. La Niña Santa est une invitation au spectateur à s’impliquer et à se perdre dans ce monde troublant, malgré son manque de références et de réel fil conducteur de la part de la réalisatrice. Le film correspond bien à ce renouveau esthétique et thématique du Nouveau Cinéma Argentine, nous permettant d'examiner le conflit entre le désir et la croyance, le mysticisme et la sexualité. Les fonctions déclaratives et esthétiques complexes annulent la possibilité de moralisation ou de lectures allégoriques. Au contraire, l'ensemble des interprétations sur la sexualité de la protagoniste multiplie les tabous sociaux et culturels. La composition des espaces du film interroge sur le sens réel de ce scénario bien articulier dans cet hôtel thermal tout aussi particulier. Loin de présenter une société utopique traditionnelle avec "l'intérieur" comme “arcadia” idyllique. L'atmosphère étouffante, représentée par l'étroitesse des gros plans, suit cette volonté de rendre ce film difficilement respirable, presque claustrophobique. Avec ses effets de flou et gros plans, Martel crée une explosion de fragments sensuels empaquetés par le récit. Le style visuel est parfaitement adapté à cette convention de caractères ambigus et torturés. A ce propos, la jeune actrice, Maria Alché, avec son sourire en coin et son regard ébahi constant de perplexité, est une merveille d’ambivalence, on ne sait jamais ses réelles intentions. Martel utilise, dans ses films, des lacunes et des suppressions permanentes lesquels font saillie le nombre d'ellipses perçus dans ces films. Les flues et des plans gros aident que le public n'a pas donné de première main tout ce qui se passe, mais que se cachent certaines situations pour créer une atmosphère de mystère. Bien qu'il existe de nombreuses ellipses qui fragmentent l'histoire du récit, nous pouvons dire que l'organisation temporelle est linéaire et séquentielle (et non représentée via des flashbacks et flashforwards). LA PHOTOGRAPHIE ET L’IDÉE DU MOUVEMENT On remarque dans ce film que les mouvements de caméra sont très rapides. Le cadre semble en perpétuel mouvement. La cinéaste suit de près ses personnages caméra à la main, en scrutant tous les faits et gestes de ses personnages. Le spectateur a à peine le temps de mémoriser et de visualiser un endroit, une pièce qu’il est déjà embarqué dans un nouvel espace. Ce choix embrassant tout l'espace diégétique empêche le spectateur de classer et hiérarchiser précisément les données fournies par l'image dans le cadre. En général, l'impression qui se dégage chez le spectateur est une grande confusion, un espace labyrinthique et surpeuplé où les personnages et objets prolifèrent (qui est cet homme? est-ce son cousin ou son frère?), et dont la structure générale est difficile à assimiler au premier abord. Au sein de l’hôtel thermal, la caméra se déplace de chambre en chambre, via les couloirs et les salles sans sortir à l'extérieur (ou très rarement). Les gros plans permettent une fragmentation des pièces et un isolement du décor qui semble se répéter et se multiplier sous l'effet du montage. Martel construit un labyrinthe de lieux imbriqués les uns dans les autres, que les personnages semblent traverser telles des âmes sombres et mitigées. Ce sentiment de désorientation et de fermeture au monde extérieur est renforcé par la présence de miroirs qui non seulement reconstruisent l'image en multipliant les effets mais servent également à souligner l'impression de confinement, de communauté en vase-clos. De tels motifs récurrents mettent ainsi l'accent sur l'idée de la répétition et de la stagnation dans la vie quotidienne, sans effet spectaculaire. La répétition des scènes, des dialogues, des situations et des plans suggère que les personnages seront condamnés après cette agitation à tourner en rond dans leur existence. Amalia et Josefina nous montrent une série de petits rituels et d’habitudes qui les condamnent à une certaine immobilité en dépit du changement régulier de pièces. Ils donnent l'impression que leurs chemins ne sont pas linéaires, puisque les personnages se tiennent dans les mêmes lieux comme s'ils marchaient dans un labyrinthe dont ils ne trouve pas la sortie. Dans La Niña Santa, la caméra semble construire un espace complexe sur la structure familiale. Il y a une relation ambiguë entre Helena et son frère, les deux dorment dans le même lit et se comportent entre eux d’une manière un peu enfantine. Un plan notamment montre Helena allongée sur le lit à côté de Freddy, lui examinant les cheveux. On peut penser que Freddy et Helena essaient de montrer à Amalia un modèle maternel-paternel, qui leur permet de compenser par la même occasion le naufrage de leurs mariages respectifs. Quand Freddy rentre à l’hôtel et se rend compte qu’il a oublié la clé de sa chambre, il se rend sans hésiter dans la chambre d'Hélène et s'allonge naturellement sur le lit à côté de sa sœur et sa nièce. De cette manière, cet homme d'une cinquantaine d’âge trouve une sorte de cocon, de structure familiale solide qui lui remémore son enfance Tout au long du film, les mouvements de caméra sont impliqués dans la création d'un espace dense et saturé, comme expliqué plus haut. Martel suit les personnages avec caméra à la main, ce qui déstabilise le cadre et provoque la fragmentation des sujets ou des membres dont les têtes sont coupées et jetées en dehors du champ. D'autre partie, quand la cinéaste utilise des plans fixes, c’est souvent pour un gros plan une jambe ou partie d'un visage (l’oreille est notamment extrêmement présente) et donne cette impression qu'il n'y a pas de place pour ces personnages dans le cadre. Mais ce qui caractérise surtout les films de Lucrecia Martel, c’est la prolifération des objets et des personnages dans le plan qui résulte de cet écrasement de la perspective visuelle, ce qui crée souvent une atmosphère suffocante, reflétant le malaise et l'isolement physique et psychologique des personnages. LE SON Dans La Niña Santa, le son est prépondérant. On identifie plusieurs sons isolés qui embellissent le récit : le son guide les images et remplace bien souvent les mots. Les chuchotements, les prières, les dialogues et autres bourdonnements créent une dimension sonore qui est indépendante du sens de mots et n'est pas qu’en parallèle des images, avec une tonalité ou un bruit passant uniquement par les histoires. Pour Lucrecia Martel le son a un rôle fondamental et évolue au premier plan dans ses films. Créer des climats particuliers, avec l'aide du son, contribue en à l'épuisement des situations narratives. Dans La Niña Santa, le son de l'instrument presque magique qu'un homme joue dans une rue centrale (ce fameux thérémine) nous sort du réel et du récit un instant et semble nous donner l’illusion d’un rêve. Dans d'autres cas, Martel désoriente le spectateur par la distension entre le son et l'image. Un des meilleurs exemples est le deuxième scène dans la maison de Josefina, où il est impossible de savoir quel protagoniste parle. En effet, le plan est rempli de personnages et la cinéaste l'enregistre avec la caméra esquivant les visages, les physiques pour privilégier le son et les paroles . Le mouvement est continu et rapide, et ce cadre fluctuant réussit à déstabiliser le spectateur qui tente en vain de s'accrocher à un point fixe. Mais le plus déconcertant pour lui vient du décalage entre ce qu’il voit et ce qu’il entend. La bande son est perçue comme un échange constant de répliques qui ne correspondent presque jamais au personnage qui apparaît à l’écran. Comme le son reste toujours en dehors du champ, le spectateur ne peut pas visualiser la source sonore et doit faire un effort constant pour savoir qui parle afin de trouver une certaine cohérence dans une séquence. RECOMPENSES POUR LA NINA SANTA : NOMINATIONS L’Association des critiques argentins 2005 ● Meilleure actrice dans un rôle secondaire ● Révélation féminine ● Meilleure photographie ● Meilleure costume Julieta Zylberberg María Alche Félix Monti Julio Suárez Festival de Cannes 2004 ● Palme d'Or ● Grand Prix ● Prix du Jury ● Prix de la mise en scène ● Prix de l'Education nationale Lucrecia Martel Lucrecia Martel Lucrecia Martel Lucrecia Martel Lucrecia Martel Clarin Entertainment Awards 2004 ● Révélation féminine María Alche PRIX Clarin Entertainment Awards 2004 ● Prix Meilleur Révélation féminine ● Prix du meilleur réalisateur – Film Julieta Zylberberg Lucrecia Martel São Paulo International Film Festival 2004 ● Prix Critique - Mention spéciale Lucrecia Martel CONCLUSION En guise de conclusion, on peut dire que le cinéma d’Amérique Latine n’est pas un phénomène uniforme et homogène et le thème d’identité cinématographique est lié à l’histoire commune entre les pays latinos. Le cinéma d’argentine, même que ses voisins continentaux, se base sur la quête de l’identité. Lucrecia Martel, avec La Niña Santa, nous donne un cinéma sensoriel avec beaucoup de non-dits, de désirs et d’envies de débauches non réalisés, de pudeur, de retenue mais parfois aussi d'audaces qui révèlent un érotisme latent propre au cinéma sud-américain ou espagnol. Tout le film repose sur cette tension paroxystique dont la réalisatrice use à merveille. On pense aux films de Buñuel qui poussait cependant ce trait bien plus loin que Martel. Avec parfois le risque de frôler un certain voyeurisme que l'on pourrait lui reprocher. Les personnages semblent toujours hésiter entre la croix et la chair et suscitent chez le spectateur une envie d'en savoir (ou d'en voir) plus. L’autre mérite de ce type de cinéma est peut-être à chercher ailleurs ; dans cette capacité de montrer les choses de façon distanciée, de sorte que l'intrigue paraît avancer selon une logique qui lui est propre. Le sentiment de liberté qui en découle procure une certaine jubilation et facilite notre identification aux personnages. Dans ces moments, la magie opère malgré le fait que que nous soyons constamment balancés entre des sentiments contradictoires. La fin ouverte nous laisse également, comme ces adolescentes : envisager tous les possibles, ou au contraire nous nous laisse sur notre faim, nous spectateurs. La Niña Santa n'a pas de séquence introductive et les personnages sont capturés sur le vif, sans ménagement pour le spectateur extérieur à ces tractations au sein de cette petite communauté. Cette économie narrative associée à l'utilisation fréquente de l'ellipse et aux jeux de miroirs et d'échos donne au récit une opacité qui soulève un certain nombre de questions posées par un spectateur désorienté. Les films de Martel sont de véritables œuvres ouvertes et fragmentaires. Ce sont aussi des œuvres destinées à un spectateur patient et sensible, capable de s'engager un univers déconcertant et de participer activement à la compréhension de l’histoire afin déchiffrer son ressenti. ANNEXE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES AGUILAR, Gonzalo: Otros mundos: Un ensayo sobre el nuevo cine argentino, Buenos Aires, Santiago Arcos Editor, 2006. JOURNOT Marie-Thérèse, Le Vocabulaire du cinéma, Paris, Armand Colin, coll. 128, 2008. JULLIER Laurent et MARIE Michel, Lire les images de cinéma, Paris, Larousse, 2007. JULLIER Laurent, Analyser un film. De l’émotion à l’interprétation, paris, Flammarion, coll. Champs arts, 2012. NUMÉRIQUE www.laninasanta.com www.allocine.fr www.imdb.com FILMOGRAPHIE La Ciénaga, Lucrecia Martel, 2001, Argentine, France et Espagne. La Niña Santa, Lucrecia Martel, 2004, Argentine, Espagne et Italie. La Mujer sin Cabeza, Lucrecia Martel, 2008, Argentine, France, Espagne et Italie.