curriculum vitae

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curriculum vitae
Université Denis-Diderot Paris VII
UFR de sciences sociales
Au soin du social
D’une sociologie distanciée
à une sociologie impliquée
Document de synthèse de l’activité scientifique en vue de l’obtention de
l’Habilitation à diriger des recherches en sociologie
par
Bruno PROTH
JURY
Numa MURARD, professeur de sociologie, Paris VII (coordinateur)
Catherine DESCHAMPS, maître assistant HDR, ENSAPVS
Pascale PICHON, professeur de sociologie, Saint-Étienne
Jean-François LAÉ, professeur de sociologie, Paris VIII
Pascal DIBIE, professeur d’ethnologie, Paris VII
CV – Bruno Proth
CURRICULUM VITAE ET NOTE DE SYNTHESE DU PARCOURS
SCIENTIFIQUE ET DES PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET
D’ENCADREMENT
Bruno Proth
Résidant au 41, avenue Léon Blum, 94230 Cachan
Tel : 09 54 52 32 95/ 06 73 38 18 68
Mail : [email protected]
SOMMAIRE
I – TITRES UNIVERSITAIRES
p. 3
II – RATTACHEMENTS INSTITUTIONNELS
p. 3
III – PRINCIPAUX DOMAINES DE COMPÉTENCE
p. 3
IV – LISTE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT
1) Enseignements réguliers
2) Enseignements avant 2010
3) Direction de mémoires et participation à des jurys
4) Participation à des colloques et à des journées d’étude
p. 5
p. 8
p. 10
p. 12
p. 12
V – RECUEIL DES ARTICLES ET TRAVAUX SIGNIFICATIFS (+ document à part)
p. 12
1) Ouvrages
2) Recherches et travaux
p. 12
p. 14
VI – EXPOSÉ SYNTHÉTIQUE DE QUATRE RECHERCHES ET D’UN RÉCIT DE VIE
VII – CONTINUITÉ ET PERSPECTIVES SCIENTIFIQUES
p. 15
p. 20
VIII – RESPONSABILITÉS ADMINISTRATIVES ET SCIENTIFIQUES
p. 23
IX – LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS
p. 23
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CV – Bruno Proth
I – TITRES UNIVERSITAIRES
2013
Rédaction en cours du mémoire pour l’Habilitation à diriger des recherches en
sociologie, sous la direction de Numa Murard, Université Paris VII-Denis-Diderot.
Titre de l’habilitation : Au soin du social. D’une sociologie distanciée à une
sociologie impliquée, soutenance prévue au mois de janvier 2014.
1998
Doctorat (nouveau régime) en sociologie de l’université Paris VIII, sous la
direction de Jean-François Laé. Titre de la thèse : L’annexion circonstancielle de
l’espace public. Scènes et coulisses de lieux de rencontres (homo)sexuelles dans
la ville et prévention du VIH (Mention : très honorable avec félicitations du jury).
1988
DEA de sociologie comparée et d’anthropologie sociale à l’université Paris VSorbonne. Mémoire : Des différents aspects festifs observés lors des voyages
organisés de groupes âgés.
1987
Maîtrise de sociologie à l’université Paris V-Sorbonne. Mémoire : Du temps
contraint au temps libéré : nouveaux genres de vie des retraités.
1986
Licence de sociologie à l’université Paris V-Sorbonne. Mémoire : Le quotidien du
“petit blanc” dans le roman noir africain francophone de 1950 à 1980.
II – RATTACHEMENTS INSTITUTIONNELS
École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie, ENSAN : Maître assistant depuis la
rentrée universitaire 2010 (équivalent, au Ministère de la culture et de la communication, du
poste de Maître de conférence au Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur).
École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine, ENSAPVS : Chercheur à
l’Espace Virtuel de Conception en Architecture et Urbanisme (EVCAU) depuis le début de
l’année 2013.
III- PRINCIPAUX DOMAINES DE COMPÉTENCES
Docteur en sociologie, 20 ans d’expérience sur l’observation et l’analyse de l’espace public et
sur le champ de la santé publique.
 Compétences : Mise en place et conduite de projets, évaluation des pratiques
professionnelles et bénévoles, conseils et réflexions autour de la gestion et de la perception des
risques en santé publique, capacité d’écoute et de médiation, rédaction de rapports de recherche
et d’ouvrages scientifiques, participation à des colloques internationaux, élaboration de cours
magistraux alliant implication empirique et théorie sociologique couvrant les cinq années du
cursus universitaire.
 Bilan : Productions scientifiques dans le champ de la santé publique (précarité, santé
communautaire, prévention) et dans le champ de la sociologie urbaine (appropriations de
l’espace public, logiques spatiales et territorialisation des minorités, observation des
interactions dans la ville). Création et animation de formations auprès des professionnels de
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CV – Bruno Proth
santé et du social. Participation aux réflexions politiques et associatives autour de la notion de
réduction des risques (Ex : addiction, exclusion, VIH).
 Engagement humanitaire : Nombreuses missions au Tchad depuis 2007, en tant que
volontaire de l’association Entraides Santé 92 dans le cadre de la coopération du GIP
ESTHER et de l’Hôpital régional de Moundou, seconde ville du pays. Réflexion théorique et
pratique autour de l’ouverture de l’hôpital de jour pour des patients contaminés par le VIH,
évaluation des outils mis en place, formations sur l’observance, la relation soignant-soigné et
l’éducation thérapeutique du patient.
 Recherches
et enseignements en sociologie à propos de différents phénomènes urbains
construits comme marginaux, dangereux ou anomiques (sexualités masculines sur l’espace
public, addictions, sans abri, co-habitats et voisinages sur l’espace public, appropriations et
détournements de cet espace). Enseignements généraux en « sociologie, ethnologie et histoire
urbaine » et en « méthodologies de l’enquête sociologique » à l’ENSA de Normandie.
 Recherches
et interventions en sociologie et anthropologie de la santé et des risques
(VIH/sida, alcool, sans abris). La sociologie de la santé et des risques, en particulier autour du
sida et des infections sexuellement transmissibles, est ce qui constitue le socle de mes
premiers travaux de recherche. C’est à partir de questionnements relatifs à la santé publique
que je suis parvenu à interroger les dimensions spatiales et les logiques sociales observables
sur les territoires de la ville.
 Enseignements
et interventions sur les méthodes des sciences sociales. Les discussions
d’ordre méthodologique, voire épistémologique, traversent un grand nombre de mes
publications. Elles se sont traduites en terme d’enseignement aussi bien lors de travaux dirigés
sur « l’observation directe et l’entretien » à l’université d’Amiens, que de travaux dirigés sur
différentes méthodes d’observation dans deux écoles d’architecture. Les objectifs de ce
dernier enseignement sont de mettre l’étudiant en architecture dans la peau d’un observateur
sur un terrain d’étude pour qu’il puisse interroger sa pratique et nourrir ses outils conceptuels.
Car l’observation, en mettant le regard au centre des attentions de l’architecte, conduit à
décrypter le contexte, comprendre les enjeux contemporains sans ignorer le passé et faire des
propositions en adéquation avec l’analyse de ses observations. Familiariser l’étudiant avec un
savoir et des méthodes de l’enquête sociologique, notamment l’ethnographie, où s’observent
les pratiques situées des acteurs, me semble être une démarche pertinente pour l’amener à
faire dialoguer les notions d’espaces conçus, d’usages vécus et de représentations sociales de
l’architecture. Après une présentation historique et théorique de la méthode ethnographique,
les étudiants sont conduits à mener des observations où il leur est demandé de noter les
pratiques individuelles, les reconfigurations des agencements urbains ou architecturaux et les
détournements d’usage observés. Je les invite à réfléchir sur les thèmes suivants : dispositifs
de contrôle, pratiques licites et illicites, conflits et empiètements d’usage, frontières sociales et
spatiales. Enfin, un accent est mis sur les différents types d’observation (flottante,
participante, récurrente, description épaisse) ainsi que sur les outils sur lesquels peut
s’appuyer l’étudiant : cahier ethnographique, supports photos, vidéos, plans, cartographies,
grilles d’observation, entretiens directifs ou semi directifs.
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IV – LISTE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT
1) ENSEIGNEMENTS RÉGULIERS
2010-2013 : 320 heures annuelles d’enseignement, comme titulaire en Sciences Humaines
et Sociales à l’ENSA de Normandie, réparties comme suit :
Charges pédagogiques
J’enseigne en première et seconde année de licence (cours magistral et TD) et assume la
coordination du semestre 4. J’effectue le suivi de dix étudiants en rapport d’études pour les
semestres 05 et 06. Je conduis un cours magistral sur les métiers de l’architecture auprès des
étudiants de M1. Je suis co-responsable de l’enseignement d’un séminaire (master 1 et 2)
intitulé « Penser le temps, les transformations sociales et spatiales de la ville et de son
territoire ». J’encadre le stage licence 2 et le stage master 2, ce dernier donnant lieu à un
rapport et à une présentation orale. Enfin j’accompagne un étudiant, inscrit en PFE recherche,
dont la problématique est d’étudier le rôle des spatialités dans la qualité des soins, dans un
service de poly-traumatisés, récemment ouvert à l’hôpital Rothschild à Paris.
Titularisé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie en 2010, je suis
devenu responsable d’un intensif pluridisciplinaire (Théories et pratiques de la conception
architecturale et urbaine, arts et techniques de la représentation, sciences humaines et
sociales) depuis 2012. Cet enseignement devenu autonome lors de la dernière campagne
d’habilitation en 2010 est désormais doté d’un coefficient et consiste à encadrer pendant trois
ou quatre jours, l’ensemble de la promotion de S03 (120 étudiants) sur un terrain sélectionné
pour sa pertinence avec les thématiques du semestre. Reims pour ces Cités jardins en 2010,
idem pour Bruxelles en 2011 et un éco-quartier à Lille, Nantes, en 2012, pour la volonté de
cette ville d’associer architecture, culture, loisir et théâtre de rue.
Au cours de cet intensif, intitulé « Regards croisés sur l’habiter », les étudiants ont la consigne
d’étudier la confrontation des dispositifs architecturaux et des modes d’appropriation des
habitants dans le cadre d’opérations de logements anciens et récents. Cet effort de
coordination vise à mobiliser les acquis des semestres précédents (carnets de bord, note
d’intention, connaissances théoriques et pratiques des trois champs disciplinaires impliqués
dans le séjour), mais également de proposer une culture commune pour des étudiants qui
seront amenés à réfléchir au projet urbain (S09), aux constructions de lotissements en milieu
rural (S06) et à la conception de logements sociaux (S04). Une fois sur le terrain, la
promotion est divisée en 4 groupes encadrés par 2 enseignants qui accompagnent leurs
observations et l’émergence d’une thématique propre à chaque étudiant, au fur et à mesure
d’une enquête de type ethnographique.
Au retour de cet intensif, le travail de synthèse prend forme à partir des matériaux recueillis
sur place (carnets de bord, croquis, dessins, notes, plans, coupes, photographies, entretiens,
observations) et la reformulation de la thématique. En croisant les approches qui leur sont
enseignées, il leur est demandé, à travers une expression plastique qui en exprime en quelque
sorte la cristallisation, de fabriquer un livre-objet dont la présentation doit être soutenue par
une lettre d’intention dans laquelle est explicité le sens de leur production. Il est procédé à une
évaluation commune de cet intensif, à l’occasion de l’exposition des travaux qui clôture
l’exercice.
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CV – Bruno Proth
TD en première année et cours et TD en seconde année
Organisation
Le champ SHS, pour le cycle licence, est constitué de deux maîtres assistants, une maître
assistant associé, une contractuelle et une vacataire. Les étudiants découvrent la sociologie au
second semestre de la première année, après un premier semestre consacré à l’adaptation à
l’enseignement de l’architecture.
Contenu des TD du S02
Le cours magistral de Sabine Dupuy (Sciences Humaines et Sociales) aborde les
représentations sociales pour se prolonger au semestre suivant par la problématique des
pratiques sociales. Dans ce cadre, j’initie les étudiants à l’enquête ethnographique et à la
construction d’une ébauche de questionnement pendant deux séances. Je donne à lire deux
textes simples, tirés des œuvres des auteurs suivants : Mauss, Goffman, Foucault, Lefebvre
que nous commentons ensuite. Je détermine avec les étudiants dès le second TD, quatre sujets
susceptibles de les intéresser afin de pouvoir les traiter pendant les quatre dernières séances.
En 2012-2013, nous avons ainsi pu réfléchir collectivement à :
L’appropriation de l’espace public par les sans abri.
L’architecture d’urgence en France et en Haïti.
L’idéologie de la nature en ville.
Le discours sur l’homme moyen et la normalité.
Contenu du cours S04 : sociologie de la ville et de l’urbain
J’initie le cours par les premières interrogations sociales de la philosophie, puis par la
naissance universitaire de la sociologie pour enfin aborder les spécificités de la sociologie
urbaine. Je poursuis par une présentation des villes dans le monde du XVe siècle afin d’écorner
l’ethnocentrisme partagé par nombre d’étudiants. J’évoque ensuite le Berlin du XIXe et XXe en
m’appuyant sur les auteurs suivants : Georg Simmel, Walter Benjamin et Siegfred Kracauer,
puis présente l’École de Chicago (naissance et travaux de recherches associés). Je fais une
séance sur Erving Goffman autour de la présentation de soi et de la notion de cadre. Enfin je
termine sur une présentation de la notion de surveillance chez Michel Foucault et celle de
contrôle chez Gilles Deleuze.
Contenu du TD S04
Dans un premier temps, j’essaye d’illustrer mon cours par l’exposé de quelques textes sur les
grands ensembles (Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire), l’espace public genré
(Guy DiMéo), la gentrification (Yankel Fijalkow), les squats (Florence Bouillon). Dans un
deuxième temps je multiplie les supports référentiels en passant par le documentaire
télévisuel, la bande dessinée et la série de fiction. En 2012-2013 nous avons pu provoquer le
débat autour des thèmes suivants :
Le militantisme médiatisé des Femen sur l’espace public (France 2, 2013).
Le rapport homme-femme dans la relation amoureuse à partir d’une bande dessinée sur la
prostitution de Chester Brown (2012).
Les identités d’une famille recomposée (genre, origines culturelles et sociales et identité
sexuelle) à travers un épisode de la série britannique Hit and Miss (2012).
Préparations et suivi du rapport d’études S05 et S06
Comme l’enseignement se déroule sur les deux semestres, je considère que ce moment
d’accompagnement peut être un galop d’essai pour l’écriture du mémoire de cinquième année.
C’est pourquoi je propose aux dix étudiants une démarche de recherche. Autant les initier dès
que possible à l’exercice de la problématisation, de l’affirmation méthodologique et de la
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nécessité de s’appuyer sur des références bibliographiques, filmiques et architecturales. Si je
reste très élastique sur les thématiques (En 2013 : ethnographie d’une place publique,
dispositifs urbains pour empêcher les sans abris de faire souche, qui sont les visiteurs du
Musée des Beaux Arts de Rouen ?, retour sur l’enseignement de l’architecture au sein de
l’École de Rouen) je reste attentif à la démarche de l’observation, d’autant que les étudiants
disposent d’un temps suffisant long pour pouvoir en faire l’analyse.
L’observation, en mettant le regard au centre des attentions de l’architecte, conduit à
décrypter le contexte, comprendre les enjeux contemporains sans ignorer le passé et faire des
propositions en adéquation avec l’analyse de ses observations. Familiariser l’étudiant avec un
savoir et des méthodes de l’enquête sociologique, notamment l’ethnographie, où s’observent
les pratiques situées des acteurs, me semble être une démarche pertinente pour l’amener à
faire dialoguer les notions d’espaces conçus, d’usages vécus et de représentations sociales de
l’architecture.
La validation de cet enseignement passe par la rédaction d’un texte argumenté d’une vingtaine
de pages, sous la forme d’un article scientifique, qui est soutenu à l’oral en fin de semestre 06.
Les métiers de l’architecture Cours et TD
Contenu du cours
J’ai construit ce cours en le pensant comme une réflexion sur les différentes manières de faire
de l’architecture ou de ne pas en faire, une fois le diplôme obtenu. Après avoir présenté,
pendant deux séances, les corrélations entre les professions de cinéaste, sociologue et
architecte, j’invite différents intervenants à présenter leurs pratiques professionnelles
d’urbaniste (Emmanuel Redoutey), ou d’architecte (Petra Marguc), ou de chercheurs
(Véronique Biau et Analisa Iorio) qui privilégient, soit l’analyse des données statistiques des
statuts et rémunérations des architectes à l’échelle européenne, soit l’enquête de terrain sur un
projet d’habitat participatif à Turin.
Contenu des TD
Sa thématique pourrait se résumer ainsi : que sont devenus les étudiants de l’ENSA de
Normandie ?
Chaque étudiant doit retrouver, à partir des bases de données de l’école, ceux des promotions
précédentes : 2006-2007 ; 2007-2008 ; 2008-2009 ; 2009-2010 ; 2010-2011 afin de lancer une
discussion sur les finalités de l’enseignement de l’architecture à l’ENSA, notamment sur les
formes de professionnalisations possibles, le diplôme en poche. Les étudiants étant une
cinquantaine (les autres M1 sont partis en Erasmus) je leur propose de constituer cinq groupes
de dix afin de s’occuper chacun d’une promotion d’anciens.
Le travail en TD consiste principalement à fabriquer un guide d’entretien quantitatif (sexe,
âge, âge au diplôme, activités pendant les études, profession des parents, métier exercé,
niveau de rémunération) avec un volet qualitatif (aspiration, révision du projet professionnel,
principe de réalité, association en cabinet).
Séminaire « penser le temps », initiation à une de démarche de recherche S07 S08 S09
Contenu
Ces deux dernières années, avec Sabine Dupuy, nous faisons travailler les étudiants sur le
phénomène de l’habitat participatif ou co-housing qui, depuis le début des années 2000, ne
cesse de s’étendre en Europe, en se déclinant de diverses façons et échelles. En partant de
deux exemples concrets, Brutopia à Bruxelles et Numéro Zéro à Turin, je propose de
présenter aux étudiants deux manières différentes de s’engager dans le co-housing. Dans le
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CV – Bruno Proth
premier cas, les architectes conçoivent le projet et invitent les futurs habitants à la discussion
lors de réunions formelles, dans le second, l’architecte met ses compétences au service d’un
collectif qui est porteur concepteur et habitant du projet final.
Le co-housing est une nouvelle forme de penser, concevoir, construire un habitat entre noninitiés. Elle relève l’évolution des représentations divergentes, les motivations multiples, les
intérêts parfois antinomiques qui, à force de négociations ou de compromissions, parviennent
à donner corps à un espace de vie commun imaginé, pensé et construit de concert. Elle met en
avant la réunion du faisceau de compétences, la constitution d’une expertise personnelle et
collective, la dynamique militante qui modifient les raisonnements individuels en créant, au
fil du temps, une logique partagée par la plupart des protagonistes. Elle montre que la
finalisation d’un projet d’habitat participatif nécessite l’association d’une idéologie politique,
d’un militantisme écologique et d’une solidarité sociale qui laisse peu de place à
l’improvisation et à l’amateurisme.
Au cours du premier semestre de ce cycle séminaire, les étudiants sont incités à définir un
objet de recherche dans le cadre de la thématique choisie ou suffisamment approchante.
L’objectif est d’insuffler une dynamique collective d’interrogations et de références
communes. Des interventions, des cours théoriques et méthodologiques, des visites, des
incitations à aller écouter des chercheurs dans des colloques (Tours en 2011, Paris ENSA La
Villette en 2013) constituent les fondements essentiels du séminaire.
Enfin, je co-organise, toujours avec Sabine Dupuy, chaque année au second semestre, un
voyage d’études à l’étranger. Les étudiants, en général une quinzaine, sont amenés à
confronter leur objet d’études à des contextes sociaux, culturels et territoriaux différents. Ces
voyages sont organisés avec le concours des établissements d’enseignements de l’architecture
des pays visités et sont l’occasion de tisser de nouveaux contacts avec les collègues étrangers.
Ce fut le cas à Brno en 2011, Bruxelles et Louvain la Neuve en 2012 et Turin en 2013.
Encadrement du stage master
Nous sommes six enseignants (5TPCAU, 1 SHS) à encadrer ce stage dont les séances
d’atelier sont fixées, à raison d’une par mois. Je valide l’écriture du projet professionnel,
moment où l’étudiant a l’occasion de s’interroger sur sa future carrière après cinq années
d’études, je suis le contenu et assiste à la présentation orale du stage. Le suivi consiste
principalement en échanges de courriels afin de guider l’étudiant pendant et juste après son
stage, à rendre compte de ses expériences et de les restituer d’une manière logique. Nous
insistons sur l’importance de l’attitude, posture et tessiture lors de la restitution orale.
L’étudiant doit convaincre et captiver son auditoire et non pas se débarrasser de l’exercice.
Les six encadrants prêtent une grande attention à la présentation et proposent l’utilisation du
support Power Point qui permet une animation dynamique de la prestation de l’étudiant.
Séminaire à l’ENSA Paris Val de Seine, 2010-2013
Intervention (70h) à l’ENSAPVS, dans le séminaire de M1, dirigé par Catherine Deschamps,
avec Emmanuel Choupis (architecte) et Célio Paillard (plasticien et graphiste) intitulé
« Lectures croisées de l’espace social ». Comme ce titre l’indique, plusieurs « lectures » d’un
même espace sont possibles. Elles se renforcent parfois, se complètent ou paraissent se
contredire en d’autres occasions. Par exemple, un sociologue pourra ne pas se demander
initialement si un espace « fonctionne » ou non, mais être sensible à la répétition et la raison
des commentaires, favorables ou défavorables, entendus in situ. Il tentera alors d’être attentif
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CV – Bruno Proth
aux représentations et aux faits qui les motivent. Mais l’attention à ce que font le bâti et le
creux du bâti sur les usages et les usagers, ou l’intérêt pour ce que les usages et les usagers
transforment des intentions architecturales inaugurales, sont un angle d’analyse parmi
d’autres. C’est ce qui fait société qui définit l’objet de sa discipline, notamment via l’attention
et le rapport aux normes et aux différents dispositifs de contrôle. L’architecte, lui, s’il peut
être sensible aux dimensions culturelles, met l’espace, au sens physique, au cœur de son
projet. L’architecte est dans une constante confrontation avec le réel, les négociations, les
réalisations palpables. Il peut faire œuvre, mais une œuvre qui se distingue de celle de
l’artiste, non seulement parce qu’elle est appliquée mais aussi parce qu’elle renvoie à des
injonctions d’utilité sociale directe, que ce soit dans le fait de donner un toit au plus grand
nombre comme dans le fait de construire un centre d’art, un jardin public ou un visuel de
façades qui « fonctionne», que les usagers « s’approprient », envers ou avec les intentions qui
étaient initialement les siennes. Articuler ces différentes lectures incite à la production
d’analyses complexes. Ce séminaire a été initié par Catherine Deschamps (socioanthropologue) et moi-même en souhaitant nous nourrir des compétences et des conseils d’un
architecte et d’un artiste. Dès lors, c’est le pari d’une discussion pédagogique entre ces
disciplines ou démarches qui est posée et proposée aux étudiants. En conséquence, si c’est
bien la compréhension des logiques sociales qui est en jeu, c’est par l’angle de l’espace
qu’elles sont abordées.
L’espace social du sociologue n’est pas tout à fait l’espace physique de l’architecte. Mais si le
premier peut se définir comme la superposition de différents « champs » (ceux du politique,
de la culture, de l’économique, du monde associatif, de la santé…), il se manifeste aussi sur
un sol, à l’intérieur de murs, derrière des frontières. C’est à cette rencontre entre deux
définitions de l’espace que nous tentons de sensibiliser les étudiants, via des interventions
théoriques faites par nos soins ou assurées par des intervenants extérieurs. Appliqué à un
quartier précis, il s’agit de commencer à réfléchir aux composantes de la ville : de l’usage des
espaces publics, des logements, à l’usage des équipements – et des usagers dans ces espaces –
quelles interactions ou quelles ruptures se donnent à voir ? Comment des situations d’enclave
ou des apparences de continuité permettent d’aborder la question des échelles ? Que changent
ces échelles en termes de représentations ? C’est bien le lieu qui fait lien entre les quatre
intervenants du séminaire. Car ni pour la sociologie, ni pour l’architecture, ni pour l’art,
l’espace n’existe ex nihilo. En ce sens, nous avons choisi un terrain d’illustration pour nos
enseignements qui se situe à la jonction des 18 e et 19e arrondissements de Paris, autour de la
rue d’Aubervilliers. Là où cohabitent des édifices « spectaculaires », comme le 104, des
« creux » apparents de l’architecture et des espaces publics, comme le parc Eole, mais aussi
des petits commerces, des logements d’habitation, des bureaux, qui créent un décor plus
ordinaire. Une observation fine, tant globale que morcelée, et la familiarisation progressive
avec ces lieux, obligent à quitter des postures de sidération. Il s’agit pour les étudiants de
proposer une lecture du quartier dans sa totalité ou d’un édifice particulier, tout en le replaçant
dans son contexte. Sur place, l’observation répétée des lieux, des espaces, des femmes et des
hommes qui y évoluent, des associations qui s’y réunissent, est la méthode privilégiée pour
acquérir progressivement des connaissances (ce que nous pourrions nommer un diagnostic
qui, pour être social, perd ses dimensions pathologiques) et une méthode que partagent, dans
une certaine mesure sociologues, architectes et artistes avant de faire des propositions. Le
temps long de l’observation permet les tâtonnements et les hésitations et de réviser les
représentations et préjugés du sens commun. Il s’agit de parvenir à des analyses où le doute a
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CV – Bruno Proth
toute sa place. D’autres méthodes que celles associées à l’observation directe, silencieuse et
passive, peuvent également permettre de recueillir des données, je pense aux entretiens semidirectifs enregistrés, prises de son, films ethnographiques, implication dans des associations
ou activités du quartier. Dans tous les cas, les étudiants ont à se frotter aux femmes et
hommes en acte et doivent revenir régulièrement sur place pour valider ou mettre à mal leurs
premières impressions et abandonner leurs premières interprétations souvent manichéennes.
Si, dans leur future pratique professionnelle, la seule observation in situ ne leur suffira jamais
tout à fait à proposer des solutions opérantes – d’autres acquisitions de connaissance, plus
théoriques et abstraites, doivent venir éclairer ce qui a été vu et entendu – pour autant, nous
croyons que cette méthode est particulièrement féconde dans l’apprentissage du dépassement
et du repérage des différents prêt-à-penser.
Régulièrement, au cours du semestre et au fil des observations, des restitutions écrites et
orales sont demandées aux étudiants. Ces restitutions sont partagées devant l’ensemble de la
« classe » afin que chacun et chacune apprennent des erreurs des uns ou des autres et
observent du dedans comme du dehors, le poids des représentations et des normes. Par petit
groupe, les étudiants ont à choisir un sujet qui lie questionnements sur les usages, les
mécanismes d’appropriation ou les mécanismes de contrôle ou d’autocontrôle de l’espace.
Entre la première visite in situ et l’évaluation finale, un point commun, décliné en deux temps
et deux matérialités distinctes : l’objet original. En effet, chaque étudiant doit ramener de sa
première visite un objet trouvé sur place, qui peut, dans certains cas, servir de trame à sa
réflexion. En fin de séminaire, outre un texte substantiel explicatif de la démarche et des
analyses, chaque groupe doit proposer et présenter un « objet » fabriqué par ses soins. Ce
second « objet » a à signifier un parcours physique et intellectuel sur les lieux ainsi qu’une
analyse de la dimension sociale des espaces. Il peut aussi matérialiser ce qu’un terrain concret
et particulier est susceptible d’apporter de façon plus abstraite dans l’idée que les étudiants se
font de leur future pratique d’architecte. Pour ce rendu final, le terme « objet » est à
comprendre comme « l’objet d’une recherche », c’est-à-dire la concentration d’un sujet défini
et sa mise à distance dans une forme particulière. Celle-ci peut être variée : vidéo, œuvre
sonore, installation, maquette, performance ou, encore, configuration hybride et innovante,
dès lors qu’elle résulte de questionnements d’une démarche et en expose les problématiques.
Ces processus de recherche peuvent se prolonger et se nourrir des interactions avec les
publics, les temps de la restitution et du dialogue s’étirent idéalement par-delà le moment du
rendu. Le texte explicatif ainsi que l’objet original sont toutefois notés par un jury composé
des quatre enseignants du séminaire et, pour ancrer cette évaluation dans ses dimensions
physiques et concrètes, nous invitons au moins un acteur du quartier du 104.
2) ENSEIGNEMENT AVANT 2010
2004-2010
Chargé de cours et de travaux dirigés en sociologie urbaine à l’ENSAPVS. Les cours
magistraux parcourent l’histoire de la sociologie ou de l’ethnologie urbaine, de l’école de
Chicago, en passant par les études du Rhodes-Livingstone Institut, pour finir par les travaux
sur la mondialisation et les villes globales, avec les chercheurs rassemblés autour de Saskia
Sassen. À partir de classiques de la sociologie, mais aussi de textes issus d’autres disciplines
(histoire) ou plus littéraires (les étudiants ont à lire un court extrait de livre ou d’article avant
chaque cours de travaux dirigés), il s’agit de présenter les principales théories et tensions qui
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CV – Bruno Proth
parcourent la sociologie urbaine contemporaine. Le but est d’inciter des étudiants en
architecture à prendre en compte les dimensions sociales lors de leur élaboration de projets.
Sont notamment questionnées les notions de mixité dans l’habitat et dans la ville ; les notions
d’espace public, privé ou intermédiaire ; les co-voisinages et les espaces genrés qui les
animent ; les influences réciproques de l’architecture et de la sociologie.
Méthodologie
Les étudiants en architecture doivent produire en M2 un mémoire sur un sujet de leur choix,
qui comporte une forte composante sociologique ou urbanistique. Le cours de « suivi de
mémoire » consiste à les aider à déterminer des problématiques, à mettre en place leurs
procédures d’enquête (par questionnaires, entretiens, observations…), à déterminer un plan, à
leur apprendre le travail de recherche bibliographique et d’exploitation des sources.
2002-2009
Chargé de cours et de travaux dirigés en sociologie de la santé (L3) et des politiques sociales
de l’État (M2) à l’université de Picardie, Jules Vernes. Cours magistraux sur les
représentations de la santé, le normal et le pathologique, le sain et le malsain, l’histoire de la
pensée médicale pour les étudiants de licence. Cours magistraux sur la genèse des politiques
sociales et familiales en France, naissance de la sécurité sociale, éducation et encadrement des
pauvres pour les étudiants en Master. Les travaux dirigés portaient sur les techniques
d’entretiens et l’analyse d’une sélection d’articles d’historiens, de sociologues et
d’anthropologues en lien avec les cours magistraux.
2005-2009
Animateur de formation (modules de deux journées par mois) pour le personnel hospitalier
(CHU de Colombes), des médecins de ville et des professionnels du social du département
des Hauts-de-Seine, sur les thèmes suivants : prise en charge du VIH et VHC ; drogues
illicites, VIH et précarité, VIH et psychiatrie ; sexualité et santé pour le réseau Ville-Hôpital
Arès 92. En plus de l’animation des séances, je faisais une présentation des discours sur la
précarité depuis le XIXe siècle, ainsi qu’une mise au point de l’encadrement politique et social
de la sexualité depuis l’Antiquité grecque jusqu’au début du XXIe siècle.
2003-2004
Chargé de cours et de travaux dirigés de sociologie urbaine en DEUG de sciences de la ville à
l’université Denis-Diderot, Paris VII. Cours sur l’observation (flottante, participante,
récurrente) et organisation des TD pour familiariser l’étudiant avec un savoir et des méthodes
de l’enquête sociologique, notamment l’ethnographie, où s’observent les pratiques situées des
acteurs. Pour se faire, les étudiants sont conduits à mener des observations où il leur est
demandé de noter les pratiques individuelles, les reconfigurations des agencements urbains et
les détournements d’usages observés. Je les invite à réfléchir sur les thèmes suivants :
dispositifs de contrôle, pratiques licites et illicites, conflits et empiètements d’usage, frontières
sociales et spatiales.
Chargé de cours de sociologie et anthropologie de la santé en DEA de droit médical à
l’université Paris VIII, Saint-Denis. Cours magistraux sur les constructions sociales du corps
(beauté et laideur du corps, corps au travail, corps du sportif, corps esthétique), la fabrique
sociale des sexes (genre, division sociale des rôles) et les représentations sociales des humeurs
du corps (lait, sang, sperme).
11
CV – Bruno Proth
2000-2003
Chargé de cours de sociologie en licence et en maîtrise de droit à l’université Jean-Monnet,
Paris XI. L’intitulé « les problèmes sociaux contemporains » m’a conduit à élaborer quatre
thématiques : Le rapport aux addictions, le racisme, la parité hommes/femmes et les
représentations sociales de la contamination par le VIH.
3) DIRECTION DE MÉMOIRES ET PARTICIPATION À DES JURYS
Deuxième cycle : Depuis 2010, des étudiants m’ont choisi pour diriger leur mémoire de M2 à
l’ENSA de Normandie. Par année universitaire, je suis, de manière individualisée, entre 10 et
15 étudiants jusqu’à leur soutenance. De facto, au sein de la même école, je participe
également à leur jury, ainsi qu’à quelques soutenances de mémoires de M2 que je n’ai pas
dirigé à l’ENSA Paris Val de Seine.
J’ai accepté, en avril 2013, de suivre un premier PFE recherche, Emmanuel Penloup, qui
interroge les liaisons entre la qualité architecturale des espaces conçus et la qualité des soins
administrés au patient dans un bâtiment, inauguré en 2012, de l’hôpital Rothschild à Paris.
4) PARTICIPATION À DES COLLOQUES ET À DES JOURNÉES D’ÉTUDE
1995-2013
Une vingtaine d’interventions orales lors de colloques internationaux dans les villes de
Neuchâtel, Valencia, Bruxelles, Stirling, Lausanne, Londres, Amsterdam, Le Cap, Budapest
et Rio de Janeiro.
Une trentaine de participation à des journées d’étude LAS, GERS, PUCA, EHESS, CNRS,
Université d’Amiens Jules Vernes, Toulouse le Mirail, Marseille-Aix, Paris 8, Paris 7,
EVCAU sur la prévention du VIH, le genre, les addictions, la sexualité, la santé publique et la
précarité.
V – RECUEIL DES ARTICLES ET TRAVAUX SIGNIFICATIFS
La liste sélective des articles fait l’objet d’un document à part. Seuls les ouvrages et les
rapports de recherche sont mentionnés dans la partie ci-dessous.
1) OUVRAGES
2013 Deschamps C. et B. Proth (éd.), Édifices remarquables et espaces ordinaires aux XXe et
e
XXI siècles. Dialogue entre anthropologie et architecture, dossier du Journal des
anthropologues [à paraître au mois de novembre].
Les contributions de ce numéro passent en revue les notions de représentativité, d’habitabilité
et d’usages de l’architecture. Le bâti remarquable, la projection de la ville de demain, la
réception par les habitants d’espaces à vivre imaginés par d’autres, les collaborations
interdisciplinaires sont des thèmes qui innervent les rencontres plus ou moins harmonieuses
entre les deux disciplines. Les architectes et les anthropologues réunis dans ce dossier relèvent
des volontés communes qui amorcent des collaborations égalitaires pouvant donner lieu à des
12
CV – Bruno Proth
diagnostics partagés où les compétences de chaque champ sont reconnues, discutées et
utilisées.
2003 Cheveaux H., J. Le Bitoux et B. Proth, Citoyens de seconde zone. Trente ans de lutte
pour la reconnaissance sociale de l’homosexualité, Hachette Littératures, Paris.
Cet ouvrage retrace l’émancipation des homosexuels de France depuis ces trente dernières
années, à travers la biographie de Jean Le Bitoux, militant de toutes les luttes homosexuelles
depuis 1971. Le livre propose trois chemins de narrativité. Le témoignage, construit sur le
mode chronologique traditionnel, retrace une vie de la naissance en 1948 à l’automne 2002,
les analyses historiques et sociologiques, lues indépendamment ou en continuité, resituent
l’itinéraire individuel au sein d’une reconnaissance sociale, le récit global enfin où point de
vue individuel et mise en perspective collective ne se croisent pas seulement, mais se
répondent, se complètent et s’enrichissent.
2002 Proth B., Les lieux de drague, scènes et coulisses d’une sexualité masculine, Octares,
Toulouse.
Ce livre expose les conditions qui font que la co-présence peut s’établir et tenir entre des
hommes qui draguent et des hommes qui les préviennent des risques de contamination par le
VIH. Leurs interactions se déclinent selon une triple perspective : l’espace territorialisé,
l’espace temporalisé et l’espace symbolisé. Le parti-pris théorique et empirique s’inscrit dans
une approche microsociologique de l’espace détourné de ses fonctions initiales et s’appuie sur
une ethnographie où l’observation participante occupe une place de choix. Cet ouvrage essaie
de rendre compte de la compréhension des interrelations qui s’établissent entre, d’une part,
des hommes qui détournent l’espace public afin d’y instaurer, momentanément, des
rencontres masculines pouvant conduire à des pratiques sexuelles et, d’autre part, des
volontaires d’une association de lutte contre le sida, qui, sur cet espace social provisoirement
annexé, doivent installer leur présence et tenir leur rôle de prévention. Une attention
particulière est portée aux usages, stratégies et normes que les uns et les autres mettent en
place, afin de contrôler les conditions sociales et spatiales de leurs intimités exposées.
2002 Laé J.-F. et B. Proth (éd.), « Intimités sous surveillance », Ethnologie française, 1.
Ce numéro vise à interroger le contrôle et l’autocontrôle de l’intimité à la fois dans le cadre
privé, sur des lieux publics et au sein de l’institution totale. Parler d’intimité suppose, en
préalable, une séparation d’un dedans et d’un dehors, un intervalle protégé entre des rôles
sociaux déterminés et l’assignation d’une parole à une condition. L’ensemble des articles
rassemblés expose des situations sociales où l’intimité est impossible, défaite ou rabattue sur
une condition, entendue comme un bruit sourd ou un murmure qui trouble « l’ordre public »,
l’ordre d’une discipline ou d’un asservissement.
2000 Mendès-Leite R., B. Proth et P. O. de Busscher, Chroniques socio-anthropologiques
par temps d’épidémie, L’Harmattan, Paris.
Cet ouvrage développe et enrichit les thématiques de trois articles publiés dans le Journal des
Anthropologues (2000), Actes de la Recherche en Sciences Sociales (1999) et ANRS (1999).
1996 Mendès-Leite R., en collaboration avec C. Deschamps et B. Proth, Bisexualité, le
dernier tabou ? Calmann-Lévy, Paris.
Cet ouvrage analyse les témoignages d’hommes ayant des pratiques sexuelles auprès d’autres
hommes tout en affichant une vie sociale hétérosexuelle.
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CV – Bruno Proth
2) RECHERCHES ET TRAVAUX
Rapports de recherche
2005 Proth Bruno, Catherine Deschamps, Grégory Duquesnois, recherche sur le « rapport à
l’alcool chez des prévenus lors des audiences correctionnelles au tribunal de Senlis »,
financée par la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie
(MILDT).
2004 Proth Bruno, Jean Fournié, mission à Drogues, Alcool, Tabac Info Service (DATIS,
Paris). « Les pratiques ordinaires des écoutants du 113 », rapport remis à DATIS.
2003 Proth Bruno, Vincent Raybaud recherche portant sur des sans domiciles fixes ayant
trouvé refuge dans un aéroport parisien, financée par le ministère de l’Équipement.
« Des intimités intermittentes dans l’espace public », rapport remis au PUCA, 2003.
2003 Membre de l’équipe dirigée par Numa Murard et Christophe Daum (eds), «Citoyenneté,
engagements publics et espaces urbains», Rapport de recherche pour l’ACI ville,
URMIS et CSPRP.
2001 Membre de l’équipe dirigée par Yolande Obadia et France Lert (eds), « Enquête sur la
situation sociale des personnes vivant avec le VIH-SIDA et les réponses apportées par
le système de soins et les services sociaux », Commissariat Général au Plan, INSERM
U88, ORS PACA, INSERM U379.
1999-2000 Boursier de l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS) dans le cadre du
projet de recherche : « Le temps, l’engagement associatif, l’apprentissage
communautaire et les nouveaux enjeux thérapeutiques pour des hommes et des femmes
contaminés par le virus du sida ».
Rommel Mendes-Leite, Bruno Proth, « Le refus ou la ruse : stratégies de protection
identitaire chez des hétérosexuels à pratiques homosexuelles », étude de cas à partir des
appels téléphoniques anonymes de la Ligne Azur, rapport remis à Sida Info Service,
Laboratoire d’Anthropologie Sociale (LAS).
1998 Rommel Mendes-Leite, Bruno Proth, « Sexualité et gestion des risques de transmission
du VIH dans le milieu homo-bisexuel masculin dans la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur », rapport remis à la DDASS des Bouches-du-Rhône et à l’association AidesProvence, LAS.
1996-1997 Rommel Mendes-Leite, Bruno Proth, « Le groupe Pin’Aides et la prévention du
VIH sur des lieux extérieurs de drague entre hommes à Paris. Analyse socioanthropologique en vue d’une évaluation des interventions et des pratiques d’un groupe
de prévention contre le VIH à Paris », remis à la DGS division sida et la DDASS de
Paris.
1995 Rommel Mendes-Leite, Bruno Proth, « De quelques esthétiques du plaisir. Les
bisexualités masculines à l’épreuve du sida », remis à l’association « Ensemble Contre
le Sida » et à la Direction Générale de la Santé – division Sida, LAS.
1995 Rommel Mendes-Leite, Neila Mendes-Lopes, Bruno Proth, « Une saison à Perpignan
ou Géographies du désir. Gestions spatiales et symboliques de l’altérité et de la
sexualisation du temps libre à l’ère du sida (L’exemple d’une station balnéaire à la
frontière franco-espagnole) », in Marie-Elisabeth Handman et Térésa del Valle (eds),
La construction sociale des sexualités en Europe du Sud, Rapport remis au ministère de
la Recherche et à l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS), LAS.
14
CV – Bruno Proth
VI
– EXPOSÉ SYNTHÉTIQUE DE
QUATRE RECHERCHES ET D’UN RÉCIT DE
VIE
Drôles de drague et trame préventive. Analyse socio-anthropologique en vue d’une
évaluation des interventions et des pratiques d’un groupe de prévention contre le VIH à
Paris
Le doctorat soutenu en 1998, intitulé L’annexion circonstancielle de l’espace public. Scènes
et coulisses de lieux de rencontres (homo)sexuelles dans la ville et prévention du VIH, puis
remanié pour être publié en 2002, sous le titre Lieux de drague. Scènes et coulisses d’une
sexualité masculine est une ethnographie des signes du corps et une sociologie des sensations.
Cette recherche a sans cesse fait correspondre, parfois en les catalysant, les théories et les
hypothèses du chercheur avec ses angoisses et ses fantasmes ; les missions de l’acteur de
prévention et ses émotions sur le terrain ; les expressions du désir des hommes entre eux et
leur questionnement sur leurs pratiques. Avant de plonger dans l’observation systématique
des missions préventives, j’ai voulu tendre le fil des implications de la notion d’engagement
en œuvre dès la formation des volontaires organisée par l’association Aides qui se recoupent
entre les strates de motivations du chercheur face aux acteurs de prévention qui, eux-mêmes,
s’impliquent de façon contrastée selon les hommes à prévenir pendant l’opération. C’était
également le moyen de poser les incertitudes qui ne manquent pas de régner sur la réelle
efficacité des actions de prévention de proximité dès la fin d’une interaction bien évaluée.
Que se passe-t-il ensuite ? se répètent à l’unisson les volontaires, d’autant que bon nombre
d’entre eux n’échappent pas aux situations de risques pris et qu’il est très difficile d’en parler
au sein de Aides.
Ce terrain de deux années a nécessité un long apprentissage, un investissement empirique de
tous les instants au sein de l’association et une présence soutenue dans des lieux où
interviennent les volontaires, mais aussi là où ils ne se rendent pas. Le temps long, la
confiance partagée, la légitimité acquise m’ont permis de mesurer « cet altruisme pour les
proches » qui anime les volontaires et de saisir les compétences ajustées de présentation, les
règles partagées de coprésences, la lecture fine de repérages des zones d’exposition, de
sociabilité sexuée et de consommation en vigueur sur l’espace public. En somme, des
stratégies subtiles et faibles d’occupations spatiales, territoriales et locales partagées par des
initiés, pour se différencier avec nuance des cheminements ordinaires empruntés par le
riverain, le passant, le touriste. Ces lieux, parce qu’ils forment des poches délaissées de la
ville, sont également investis par d’autres figures de la marginalité : l’homme à la rue, la
femme qui se prête à des services sexuels tarifés, l’usager de drogue qui s’injecte. Eux aussi
usent du corps-signe pour distinguer, inviter, repousser l’intrus. La drague spécifique qui se
décline, selon les lieux, sur des configurations spatiales disparates, en termes de superficie, de
jeux d’ombre et d’exaspération du désir – quatre espaces urbains de l’agglomération
parisienne : canal de l’Ourcq au niveau de la station Jaurès, quai d’Ivry de la gare d’Austerlitz
au chantier des sablières, les escaliers encadrant les cages d’ascenseur de la station Auber du
RER et le bois du Petit-Clamart, situé en banlieue sud – fait apparaître trois ingrédients
nécessaires à la rencontre masculine : une homosocialité exclusive, un anonymat irréfragable
et des pratiques sexuelles réalisables in situ.
Les petits arrangements de visibilité du corps surexposé se font dans la discrétion et la
rentabilisation spatiale et temporelle, avec l’absence de présence féminine, la rapidité de
l’exécution des pratiques, enfin la dispersion. Sur des lieux publics investis potentiellement
15
CV – Bruno Proth
dangereux, la drôle de drague entre hommes organise, par une corporéité objectivée, une
succession de seuils de compréhension et d’actions qui comprennent l’espace conquis, le
périmètre des initiés, le temps de la négociation et la consommation éventuelle sur un territoire
privatisé. Réduite au silence pour des raisons de discrétion mais aussi parce que les canons de
cette drague ne passent pas par les codes d’une séduction ordinaire, elle use du regard
panoramique, resserré puis focalisé qui impose une économie du silence. La parole y est d’autant
plus absente ou réduite que les corps ne cessent d’échanger des signes entre observateur, voyeur
et consommateur.
Cette latitude de la rencontre masculine ne signe pas libelle de libération sexuelle. La drague entre
hommes révèle un ensemble de qualités adaptées à un échange silencieux, dans lequel la
sexualisation progressive des lieux exige le franchissement de sas signifiants qui pourraient
reproduire, en condensé, les étapes d’une société de contrôle qui cherche moins à discipliner les
corps qu’à privilégier une surveillance sur l’espace public des actions au cours desquelles les
compétences du voyeur, les sens de l’observateur et les missions du volontaire de prévention du
VIH sont observables et mesurables.
Des intimités intermittentes dans l’espace public avec Vincent Raybaud
L’année 2003 s’est égrainée auprès d’hommes et de femmes à l’aérogare : certains sont
invisibles, d’autres discrets, quelques-uns tonitruants. Nous avons accompagné Irène, Michel
et René afin de montrer comment un trio de sans domiciles fixes, parvenu à se loger dans un
aéroport parisien et victime d’humiliations quotidiennes au contact des différents personnels de
la plateforme et de certains clients, réussit à déployer des aptitudes considérables pour
s’approprier un espace parcellaire et défendre cette place remise en jeu au fil du quotidien. Le
choix d’une observation située nous a permis de décrire avec minutie l’étendue des activités
routinières de notre famille dans leurs versants ajustés, négociés, arrangés et leurs capacités à
détourner les propriétés fonctionnelles, économiques et sécuritaires du lieu pour s’aménager un
cadre de survie suffisamment significatif. Véritables tactiques de résistances, leurs capacités à
produire du lieu, provoquer des échanges et à recréer une économie domestique les portent
jusqu’à un agir moral et politique. Un agir résistant, luttant contre la puissance normalisatrice
et disciplinaire qui continue à les humilier, tant par la logique de rejet mécanique des agents de
surveillance, tenus de faire respecter l’ordre public, que par les tactiques d’évitement des
passagers, respectueux des usages de civilités ordinaires et soucieux de ne pas manquer leur
avion. Notre famille présente tous les stigmates associés à la clochardisation, dont les
détections sont autant de signes indiciels de déviance pour les normaux à partir d’une grille de
lecture sociale et institutionnelle de la figure idéal-typique de la désaffiliation.
En tant que sociologue qualitatif j’ai privilégié l’observation de l’expérience entendue comme les
deux couches d’une démarche sociologique pragmatiste. Celle de la relation en cours, observée,
où les acteurs et leur environnement sont perçus sous l’angle des interactions conceptualisées par
Goffman et celle de la démarche empirique qui, par le déroulement de l’enquête, précise une
inter-objectivation de connaissances entre enquêteur et enquêtés. Cette posture laisse une grande
place à l’attention portée aux détails des inscriptions territoriales, des modalités d’occupation et
des retournements de discrédits développés pour parfaire une installation sans cesse menacée.
Elle permet de mettre l’accent sur les formes multiples de capacités pratiques engagées au
niveau de l’action significative. Malgré des conditions quotidiennes exécrables, des rappels
incessants à la disqualification, la répétition de discrédits successifs, l’homme à la rue, d’où
qu’il vienne et qui soit-il, affiche un sens préservé de la réciprocité, de l’humour, de la
16
CV – Bruno Proth
répartie. Il possède une panoplie de compétences à donner le change, à arranger et équilibrer
des situations délicates. Il tire parti autant qu’il le peut, de ses potentialités, si peu
académiques soient-elles. Il s’inscrit dans la figure classique de la « négociation d’un ordre
situé ». Ainsi les arts d’agir, de la débrouille, du bidouillage représentent des expériences
significatives où sont valorisées des ressources humaines engagées dans des contextes plus ou
moins hostiles, au sein desquels les marges de manœuvre sont restreintes.
Drogue Alcool Tabac Info Service : Les pratiques ordinaires des écoutants du 113
avec Jean Fournié
En l’absence d’une formation stricto sensu dispensée pour le métier d’écoutant – seule une
charte rappelle aux salariés de la structure le cadre de l’écoute –, il s’agissait de mieux connaître
les pratiques professionnelles dans un service de téléphonie sociale, à travers le recueil et la
description rigoureuse des interactions à distance entre écoutés et écoutants. Posture permettant
de mieux analyser la diversité des rôles de chacun et des réponses données au sein d’une
structure qui se présente à la fois comme un dispositif sanitaire et social et comme une ligne
d’expression de la souffrance sociale, tout en participant, sans l’expliciter, à un encadrement
politique des pauvres.
Pendant les neuf mois de notre intervention (décembre 2003 à août 2004 sur la base d’un mitemps), nous nous sommes appuyés principalement sur une approche qualitative fondée sur
une analyse des discours et des échanges entendus, lors de doubles écoutes (170 appels ont été
suivis de la sorte). Cette démarche a été complétée par une participation à différentes réunions
du service, l’animation de réunions autour de la notion d’écoute, l’observation participante,
des entretiens informels avec les chargés d’accueil et la réalisation de treize entretiens semidirectifs avec ces derniers.
Notre mission a été axée sur les interactions entre les chargés d’accueil téléphonique et leurs
interlocuteurs, notamment les narrations, expositions, livraisons de soi. Notre intention
d’enquête s’est transformée en une série de questionnements : face aux habitudes de
consommation, comment tenir une vie familiale ? quelles latitudes dans ces échanges
l’appelant peut s’octroyer sans contrecarrer la position officielle de l’institution face à la
consommation de substances licites ou illicites ? quels rapports au travail, au domestique, à soi
peuvent se mettre en place ? Le sens commun dirait : « un retour à la normalité, au raisonnable
est-il possible ? ». Le raisonnement des politiques sociales proposerait : « une prise en charge
envisageable au regard des secteurs d’action publique des structures de soins ? ».
Écouter les indignations, résignations, dissolutions d’un quotidien à répétition, c’est prendre
place, refuser, adopter ou se laisser emmener dans une posture, accepter des lieux communs,
entrevoir des liens solubles, visiter des intérieurs domestiques, puis proposer une démarche
apaisante, présenter une structure d’accueil, chercher ensemble des pistes de sorties de crise.
Travailler sur le vocabulaire ordinaire du désordre relatant les situations banales de ceux qui
consomment en excès et de ceux qui finissent par ne plus pouvoir cohabiter avec eux, c’est
prêter attention aux mots de la misère, retracer l’univers social des hommes et des femmes en
souffrance, interroger les phases de la disqualification, comprendre les méfaits quotidiens.
Au cœur et en bordure des paroles délivrées bruissent la souffrance au travail ; le délitement
de l’environnement professionnel ; l’alcoolisation journalière ; une vie qui s’émiette. Sont
grommelées également les astuces pour se donner du courage ; les pauses ménagées pour se
fondre dans une contenance ; les tactiques trouvées pour se sentir fort ; les ruses incessantes
pour que cessent les tremblements ; les mille et un stratagèmes pour lutter contre le stress.
17
CV – Bruno Proth
Enfin sont murmurées les visibilités physiques et psychiques de l’usure ; les conduites iniques
qui rabattent inexorablement à l’échec ; la logique du suicide annoncé. La livraison des petits
morceaux ébréchés de soi indique ce que certaines professions, obligations familiales, normes
sociales imposent comme risques pour le corps qui, à force d’accumuler plaies et bosses,
cherche une absence apaisante dans le décapsulage de la bouteille suivante, le rituel de
préparation au shoot, sniff, joint, ou encore l’absorption d’un cocktail médicamenteux.
Lorsqu’un proche appelle pour celui qui souffre et fait souffrir, même s’il est à bout, au fond
de l’inquiétude, au bord de la relégation, des flots de tendresse, des précautions affectives
embellissent encore la description du portrait de l’homme qui va mal, se mortifie et use son
entourage. Même dans les moments où la discrétion vole en éclats, où tombent les barrières
du secret bien enveloppé dans le linge familial, où les petites malversations et mensonges sont
obscènes, étalés sur la table, il trouve le moyen de rappeler les bons moments, les plaisirs
partagés et le bonheur commun avant le cataclysme des excès. C’est qu’avant tout, la mère, la
sœur, le frère, la femme, le mari, le fils, la fille, la tante, l’oncle, l’ami tiennent à dire qu’ils
voudraient tant que l’autre s’en sorte, qu’il retrouve le goût de soi, du nous, des autres.
Rapport à l’alcool chez des prévenus lors des audiences correctionnelles au tribunal de
Senlis avec Catherine Deschamps et Grégory Duquesnois
L’ambiance est lourde dans la salle d’attente. Des familles, des célibataires, des couples
forment une masse grise disparate. Des anonymes assignés à rendre compte devant la justice
se jaugent, échangent, s’ignorent. Nous allons suivre le déroulement des audiences
correctionnelles du tribunal de Senlis où sont convoqués des prévenus ayant été contrôlés à
leur volant avec un taux d’alcoolémie supérieur à 0,5g par litre de sang et de 0,25mg par litre
d’air expiré lors d’un contrôle inopiné ou parce qu’ils avaient provoqué un accident sans
dommages corporels conséquents. Les mots de l’accusation cinglent : « conduite sous
l’empire d’un état alcoolique ». De 13h, heure de la convocation pour tous, jusqu’à parfois
plus de 22h, pour le dernier infracteur, le temps se fractionne, se transforme à travers les
présentations des uns et des autres, des inquiétudes levées ou renforcées, se rompt lors du
jugement prononcé, puis reprend son cycle mécanique avec le claquement du nom suivant
proféré par le greffier.
Nous nous sommes penchés sur les manières des justiciables de dire, de présenter, de
minimiser « le trop bu » au volant à l’égard de la loi. Être convoqué au tribunal des audiences
correctionnelles oblige à prendre des attitudes, à présenter une personnalité, à insister sur
l’exceptionnel de la situation. Deux fois par mois, une quarantaine d’anonymes, dont trois ou
quatre femmes, sont priés de venir s’expliquer sur les événements responsables des faits du
délit. Souvent, la banalité du geste, de l’occasion, du contexte : un pot de départ à l’usine, une
réunion familiale festive, le dernier verre entre amis sur le zinc sont des explications qui
résonnent dans le prétoire pour dire « Non, monsieur le président, je ne suis pas alcoolique ».
Cependant les justiciables, après la réquisition du procureur, sont priés de répondre aux
questionnements du magistrat et à présenter le comment, la ritournelle et la fréquence d’une
consommation immodérée. Des mots lâchés, des silences aphasiques, des regards résignés
disent le travail perdu, l’usure familiale, le moral abattu. Des postures incertaines, un équilibre
douteux, un visage soufflé portent un coup dur à la narration d’une consommation
occasionnelle. Au-delà de ces bribes personnelles jetées en pâture aux oreilles des convoqués,
le sociologue voit défiler les blessures masculines, les estafilades domestiques, les précarités
quotidiennes.
18
CV – Bruno Proth
C’est le moment choisi par le président pour intervenir sur le plan pédagogique, parfois sous
le couvert humoristique en décortiquant les responsabilités, insistant sur l’abandon familial,
mesurant la faute pour établir un régime de sanctions.
Puis vient le temps des mots de la peine, ceux que les gens ne veulent pas entendre : « Le
tribunal vous déclare coupable des faits qui vous sont reprochés et vous condamne à la peine
de (…) et mise à l’épreuve pendant (…) avec exécution provisoire et obligation de soins en
matière d’alcool. De plus, le tribunal constate l’annulation de votre permis de conduire et
vous interdit de le repasser avant un délai de 18 mois. En outre le tribunal vous condamne à la
peine de 800 euros d’amende en ce qui concerne le défaut d’assurance et 150 euros en ce qui
concerne le défaut de maîtrise ». La sentence est rude, la note est salée murmure la salle, à
chaque jugement prononcé, les infracteurs se ratatinent davantage sur leurs bancs. La sévérité
du juge fait l’unanimité, des qualificatifs insultants sont marmonnés à son endroit. Chacun
réévalue la peine qu’il encoure.
Affaire jugée, affaire suivante, la machine judiciaire est en marche. Le prochain justiciable a
pu mesurer sa situation par rapport aux défenses, trajectoires et sanctions précédentes. Il
essaye de croire aux indulgences, aux circonstances atténuantes, de répondre aux assauts du
magistrat et aux leçons du procureur. Mais il sait d’ores et déjà que la récidive ne lui sera pas
pardonnée. L’infracteur sanctionné une fois reste dans les parenthèses du bénéfice du doute, la
récidive, dans les cinq années de sa condamnation, le fait basculer d’un individu
potentiellement dangereux à un déviant, un délinquant de la route. De fait, si la suppression
du permis de conduire, l’interdiction de le repasser avant un certain nombre de mois,
l’injonction de soins, la condamnation à la prison avec sursis, les amendes prononcées n’ont
pas l’effet escompté : l’emprisonnement va de soi pour le tribunal. Le sujet délinquant, une
première fois objet d’une modalité judiciaire de contrition, de réadaptation et de correction,
n’a pas fait grand cas de la condamnation de la société. La visée pédagogique, l’utilité sociale,
la discipline corrective des sanctions ont échoué. Le retour du justiciable devant le tribunal
prouve que ce dernier est devenu nuisible pour la société. Averti une première fois, il n’a pas
écouté les « conseils » du tribunal, a poursuivi ses écarts à la norme et potentiellement va
poursuivre une carrière du désordre. La seule solution est d’énoncer une privation de liberté
devant un public dont la plupart des personnes sont convoquées pour la première fois, afin de
leur faire passer le goût de la récidive.
Construction sociale et résistance politique d’un citoyen de seconde zone avec Jean Le
Bitoux et Hervé Chevaux
Cet exercice à trois est d’un genre particulier, ni récit de vie, ni biographie, ni autobiographie,
il s’agit davantage de l’itinéraire politique d’un homme, porté par son témoignage, ses
archives, sa mémoire qui, dès ses 20 ans, a embrassé la cause homosexuelle, dont la narration
est humblement encadrée par un double éclairage historique et sociologique. Une de nos
préoccupations préalables était de livrer au plus grand nombre de lecteurs, notamment ceux la
connaissant peu ou mal, l’histoire du mouvement homosexuel français et le chemin emprunté
par les acteurs de la lutte contre le sida à travers le parcours d’un homme engagé à défendre
par dessus tout une homosexualité non communautaire. Sans complaisance et sans vouloir
privilégier la trajectoire idéale d’un militant parfait de la première heure qui aurait tout connu
et traversé, nous voulions présenter le parcours d’un homme de convictions chez qui trente
années de combats politiques, journalistiques et associatifs, sont parsemées de victoires
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CV – Bruno Proth
collectives, de liesses militantes, de fraternités sans faille, mais aussi de chausse-trappes,
déceptions et errances personnelles.
Nous avons choisi de baliser cet engagement politique, affectif, associatif par des
ponctuations historiques et sociologiques afin d’inscrire les dits et écrits, faits et gestes, cris et
fureurs de Jean le Bitoux, au sein du parcours de la reconnaissance sociale de l’homosexualité
en France depuis le début des années 1970. Ce choix nous est apparu d’autant plus nécessaire
que la trajectoire militante de Jean s’initie avec un engagement politique parmi des groupes
d’extrême gauche, où sa différence était posée comme contre révolutionnaire ; se prolonge sur
la visibilité sociale et politique de l’homosexualité (presse homosexuelle : Le Gai Pied) ; se
poursuit par la reconnaissance, par l’État français, de la déportation pour homosexualité
pendant la Seconde Guerre mondiale ; se développe dans la lutte contre le sida, notamment à
travers sa qualité de salarié dans le groupe de prévention de l’association Aides et s’achève
par le projet d’une maison des archives de l’homosexualité. Au mois de mai 2010, vaincu par
un cancer, Jean s’est retiré sur la pointe des pieds.
Ce travail sur trois années a balbutié ses gammes dans un premier temps. Il a nécessité une
méthodologie souple, d’autant que l’équilibre entre le témoignage et les éclairages contextuels
devait être maintenu tout au long du livre. Nous avons commencé par des entretiens de type
chronologique, puis nous avons privilégié l’importance des engagements pour, enfin, nous
reporter sur un témoignage commenté. Ce dernier choix, où la matière première se sédimente,
esquissait la possibilité d’une double retenue : celle d’une écriture personnelle trop impliquée
et de celle de commentaires historique et sociologique risquant d’étouffer le souffle de la
narration. Par ce choix hybride, nous avons pu éviter notre crainte commune : écrire deux
livres en un.
Notre problématique principale visait à dépasser le stigmate associé à l’homosexualité
masculine, non pas pour faire de cette dernière une victime expiatoire d’une intolérance
sociale partagée à son endroit, mais pour mettre en évidence la richesse des relations entre
hommes qu’elle implique. La force de la mobilisation des homosexuels masculins dans la
lutte contre le sida, les débats de société provoqués par sa reconnaissance sociale, illustrée par
l’inscription juridique du Pacs et les combats pour le mariage homosexuel et le désir
d’adoption des personnes de même sexe, en attestent.
VII
– CONTINUITÉS ET PERSPECTIVES SCIENTIFIQUES
Je compte poursuivre mon engagement humanitaire au Tchad. À la croisée du médical et du
social, il donne une place à une sociologie praticienne. Le compagnonnage, coincé entre un
monde déjà là et des petits mondes en train de se faire ou de se défaire, est un enchevêtrement
d’actions et de réactions, impossible à décrire et à analyser dans toutes ses dimensions. Les
forces en présence, les rapports de domination, les affrontements incessants dévoilent les
dynamiques de la lutte contre le sida. Au cœur de cette cause se dégagent des intérêts, des
perspectives, des priorités qui produisent de sensibles améliorations durables, provoquent des
ajustements nuancés, induisent des résultats attendus ou conduisent à des constats inopinés.
Ces deux dernières données poussent à analyser des conséquences fortuites : la reconnaissance
du militantisme des femmes, des compétences du patient, la concorde entre les associations de
personnes contaminées, l’amélioration de la chaîne des soins, la réduction du rejet de la
personne contaminée, la meilleure observance du patient.
20
CV – Bruno Proth
Ma qualité d’enseignant dans une école d’architecture réactive mon envie de reprendre une
activité de recherches, grâce aux questionnements des étudiants. Sans doute parce que mes
terrains antérieurs m’ont fait traverser la problématique des appropriations, détournements,
mésusages de l’espace public, je trouve un écho particulier dans l’intérêt pour le
renouvellement urbain que déclarent nombre de jeunes gens, dès le début de leur cursus. Plus
particulièrement, lorsqu’ils interrogent la notion du « vivre ensemble » à travers la
multiplicité de projets baptisés de co-habitat, co-housing, habitat alternatif, habitat participatif
selon les différentes terminologies adoptées par les pays qu’ils soient d’Europe du Nord ou du
Sud. Projets qui revisitent les termes de la cohésion, du lien et de la mixité sociale. Plus
prosaïquement les projets (Brutopia à Bruxelles, Numéro Zéro à Turin, Friche Vinco à Dieppe)
que j’ai pu découvrir en 2012 associent les dimensions économiques, idéologiques et écologiques.
Ils incitent à la distribution et la circulation des compétences entre experts et profanes. Ils
privilégient la mutualisation des savoirs, idées, ressources pour échafauder la viabilité des
intentions, élaborent les universaux du bien commun, posent un autre regard sur le droit à la ville
et à ses nouveaux usages, mordent sur les frontières classiques entre l’espace public et les espaces
privés. Ils promeuvent l’idée d’une architecture, habitée par des acteurs, qui prend en compte
l’imaginaire, le rituel, l’émotion dans le futur dispositif spatial. Enfin ils participent, selon leurs
échelles respectives, à de nouvelles façons d’envisager les mutations urbaines.
Je m’inscrirai volontiers dans une recherche longue, avec des doctorants, où il serait question
d’observer les processus de formation, d’élaboration, de construction et de réception d’un
projet de ce type. Je pense notamment à l’observation de la concertation en mouvement lors
des réunions régulières des acteurs, de l’analyse des blogs et des forums de discussions sur la
toile. La situation idéale de recherche serait d’accompagner un projet dès son utopie formulée,
puis conçue en commun jusqu’à sa livraison, enfin pouvoir poursuivre l’observation plusieurs
mois après les installations respectives de toutes les familles.
La concertation indispensable à la viabilité de cette mise en commun en vue d’un habitat
collectif, pensé de concert, permet-elle à l’architecte de mesurer les convergences ou
divergences entre les convictions des futurs habitants et les schémas directifs proposés par les
architectes ? Peut-elle nuancer les frontières entre un discours et des pratiques savantes et des
savoirs profanes, nourris de compétences d’usage et d’habiletés pratiques que possèdent les
habitants ? La mise en perspective de la ville de demain peut-elle être pensée par la seule
lorgnette de l’habitat-participatif ? Qui sont les individus porteurs de cette démarche ? De
quels types d’engagements sont-ils acteurs : militantisme politique, social, écologique,
citoyenneté engagée, pragmatisme économique ? Ce type de projet n’est-il pas également une
illustration du processus de gentrification observable dans les grandes villes européennes et
qui, à force de réduire les diverses formes d’altérité dans la cité, conduit à ne proposer que des
concertations « entre soi » ? Ces nombreux modèles diffractés, dont les gestations sont sans
doute des expériences individuelles et collectives riches en enseignements sur les conditions
de vie en société, peuvent-ils avoir une incidence sur de nouvelles manières de participer à la
ville de demain ?
Nous pouvons penser à la naissance de nouvelles relations familiales ou amicales, à d’autres
formes de centralités, d’autres rythmes de temporalités entre le riverain, l’usager, le quidam,
aux nouveaux tracés de lignes de démarcation moins rigides entre les territoires privatifs,
communs et la spatialité publique, de civilités mieux maîtrisées, de coprésences plus
équilibrées. Ces manières de pallier l’usure du voisinage, de forcer les portes de la
citoyenneté, parce qu’elles ont été conçues lors d’un lent processus participatif qui n’exclut
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CV – Bruno Proth
pas le conflit, pourraient alors faire naître de nouvelles formes locales de participation à la
ville qui auraient intégré la nécessité de penser l’habitat, non comme un unique repli sur soi,
mais également comme un tremplin à la vie habitée du quartier et à des urbanités non
exclusives les unes des autres.
Enfin j’ai répondu, au mois de juin 2013, à un appel d’offres de la Direction générale de l’offre
de soins du Ministère des affaires sociales et de la santé qui s’intitule : « Étude des parcours de
soins des personnes en situation de précarité. Spécificités en rapport avec l’environnement
local ». Cette étude vise à recueillir, auprès de patients et soignants, des données objectives sur
la réalité complexe de l’accès aux soins de la population précaire. Il s’agit de sélectionner des
territoires de santé qui se caractérisent par leurs diversités tant pour la configuration et densité
des populations concernées que pour l’offre et l’organisation des soins.
Au mois de mai 1998, l’Union européenne définissait la pauvreté, sans la réduire à une
insuffisance de ressources monétaires : « Sont pauvres les individus, les familles et les
groupes de personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles
qu’ils sont exclus des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre dans lequel ils
vivent ». L’absence d’accès aux soins de santé est une des conséquences de cette
marginalisation. La mise en place de la Couverture Maladie Universelle et de l’Aide Médicale
d’État en 1999 signifiait une volonté gouvernementale de lutter contre les exclusions, plus
particulièrement dans la réduction des inégalités sociales de santé.
Nous connaissons cependant quelques éléments qui freinent encore l’accès aux soins des plus
démunis : dossier administratif abscons, faible connaissance des droits sociaux, réduction des
subventions financières aux associations, injustice des seuils de prestation, refus de quelques
professionnels de santé de soigner des bénéficières de la CMU et de l’AME. Nous savons que
repousser, différer puis renoncer aux soins est une décision radicale qui se construit tout au
long de trajectoires complexes liées à la précarité. Ainsi des groupes peuvent être plus
particulièrement fragilisées. Les personnes âgées de faibles revenus, les travailleurs précaires,
les migrants d’origine sub-saharienne, les Roms, les femmes dépendantes financièrement de
leur mari, les personnes atteintes de maladies chroniques, les sans abri sont des populations
qui cumulent les insécurités sociales. Les carences d’ordre économique, alimentaire, de
logement dominent leurs vies quotidiennes, enchevêtrent leurs vulnérabilités et induisent des
logiques qui les conduisent à ignorer leur état de santé. Pour mieux comprendre ce
phénomène, nous proposons de prendre en compte trois niveaux d’analyse. Le premier
consiste à examiner les situations d’existence des patients, le second à circonscrire leurs
stratégies, le troisième de relever la qualité les interactions entre soignés et soignants. Car
c’est à l’aune des enjeux sociaux, de l’estime de soi et de la multiplicité des négociations qui
dominent le quotidien que le rapport à la santé, dans les exigences d’un bon suivi médical,
prend sa place.
En croisant les analyses des paroles recueillies des professionnels de santé et de leurs patients
nous voudrions valoriser l’importance de la relation soigné-soignant qui est la pierre angulaire
– comme l’a montré l’éducation thérapeutique du patient dans l’accompagnement dans le soin
de la maladie chronique – permettant à la personne précarisée de poursuivre un parcours de
soins digne de la société globale. La relation soigné-soignant, quel que soit le territoire ou la
structure sur laquelle elle a lieu, est le moment entre les hommes où se mesurent les conditions
d’exercice de l’acte de soin dans ses trois dimensions : médicale, sociale, associative. En
d’autres termes elle rend acte des éléments – accueil, geste, attitude, posture, compétence,
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CV – Bruno Proth
confidentialité, non jugement, réciprocité – nécessaires à une bonne interaction, c’est-à-dire
celle qui convient le mieux à la situation, tant du point du vue du patient que du soignant.
L’objectif de cette étude est triple et complémentaire. Il s’agit de mieux connaître les parcours
de vie qui conduisent à l’installation d’une précarité sanitaire, pouvant aller jusqu’au
renoncement aux soins, d’identifier les difficultés des professionnels de santé à prendre en
charge des populations vulnérables et de proposer des mesures, outils et solutions adaptés aux
contextes, ressources et compétences mobilisables.
VIII – RESPONSABILITÉS ADMINISTRATIVES ET SCIENTIFIQUES
RESPONSABILITÉS INSTITUTIONNELLES
Membre de la Commission Pédagogie et Recherche de l’ENSA de Normandie (2010-2011) et
membre de la commission scientifique depuis 2012.
Responsable de l’Unité d’enseignement en S04 pour les Sciences Humaines et Sociales.
Co-organisateur depuis la rentrée universitaire 2012 d’un intensif pour la promotion de
seconde année, 120 étudiants.
Co-organisateur du voyage d’études de M1 inscrits dans le séminaire : « Penser le temps »,
(Prague, Bruxelles et Turin).
RESPONSABILITÉS SCIENTIFIQUES
Co-coordination d’un numéro de la revue Journal des anthropologues sur la thématique
Architecture et anthropologie, « Édifices remarquables et espaces ordinaires aux XXe et XXIe
siècles. Dialogue entre anthropologie et architecture », Parution programmée en novembre 2013.
Rédaction de l’éditorial avec Catherine Deschamps de ce même numéro, « Le nœud
architectural ».
Contacts pour une coopération pédagogique avec des enseignants de l’université catholique de
Louvain la Neuve et ceux de l’école polytechnique de Turin en présence des étudiants de ces
institutions respectives (2012 et 2013).
Participation à des jurys de TPFE et à des soutenances de mémoires de cinquième année
(ENSA de Normandie et de Paris Val de Seine, 2010, 2011, 2012, 2013).
IX
– LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS
OUVRAGES
2013 Deschamps C. et B. Proth (éd.), Édifices remarquables et espaces ordinaires aux XXe et
e
XXI siècles. Dialogue entre anthropologie et architecture, dossier du Journal des
anthropologues [à paraître au mois de novembre].
2012 Proth B., « Sociologie et cursus architectural, drôle de trame », in Aude Girier (éd.),
Les professionnels à la rencontre de la sociologie, L’Harmattan, Paris, pp. 67-88.
2003 Cheveaux H., J. Le Bitoux et B. Proth, Citoyens de seconde zone. Trente ans de lutte
pour la reconnaissance sociale de l’homosexualité, Hachette Littératures, Paris.
2002 Proth B., Les lieux de drague, scènes et coulisses d’une sexualité masculine, Octares,
Toulouse.
Laé J.-F. et B. Proth (éd.), « Intimités sous surveillance », Ethnologie française, 1.
23
CV – Bruno Proth
2000 Mendès-Leite R., B. Proth et P. O. de Busscher, Chroniques socio-anthropologiques
par temps d’épidémie, L’Harmattan, Paris.
1996 Mendès-Leite R., en collaboration avec C. Deschamps et B. Proth, Bisexualité, le
dernier tabou ? Calmann-Lévy, Paris.
ARTICLES DANS DES REVUES À COMITÉ DE LECTURE
2013 Deschamps C. et B. Proth, « Le nœud architectural », introduction au dossier : Édifices
remarquables et espaces ordinaires aux XXe et XXIe siècles. Dialogue entre anthropologie
et architecture, du Journal des anthropologues [à paraître au mois de novembre].
2006 Proth B., « L’écoute des dépendances dans un service de téléphonie sociale »,
Ethnographiques.org, octobre [en ligne : http://www.ethnographiques.org/2006/
Proth.html].
2005 Proth B., « La “mise en demeure” de trois SDF irréductibles à l’aéroport », L’Homme
et la société, 155, pp. 157-177.
Proth B. et V. Raybaud, « Une famille de sdf “recomposée” à travers les mailles des
institutions aéroportuaires », PUCA, PUF [Version moins développée de l’article cidessous cité].
Proth B. et E. Redoutey, « La ville », in Philippe de Folco (éd.), Dictionnaire de la
pornographie, PUF, Paris, pp. 511-516.
2004 Proth B. et V. Raybaud, « Une famille de SDF recomposée à l’aéroport »,
Ethnographiques.org,
décembre
[en
ligne :
http://www.ethnographiques.org/documents/article/arProthRaybaud.html].
2002 Proth B. et E. Redoutey, « Guide : La Musardine, parcours érotiques parisiens »,
Urbanisme, 325, pp. 54-57.
Laé J.-F. et B. Proth, « Les territoires de l’intimité, protection et sanction », Ethnologie
française, 1, pp. 5-10.
Mendès-Leite R. et B. Proth, « Pratiques discrètes entre hommes », Ethnologie
française, 1, pp. 31-40.
2001 Mendès-Leite R. et B. Proth, « Usages et techniques de la rencontre homo(érotique) »,
in Aliaga J., A. Haderbache, A. Monleon y D. Pujante (eds), Miradas sobre la
sexualidad en el arte y la literatura del siglo XX en Franca y España, Universitat de
Valencia, Valence, pp. 15-28.
2000 Mendès-Leite R. et B. Proth, « D’une norme à l’autre ? De quelques conséquences de
l’assignation sexuelle », Journal des Anthropologues, 82-83, pp. 71-90.
1999 Busscher P. O. de, R. Mendès-Leite et B. Proth, « Civiliser la sexualité. Des lieux de
sexualité anonyme aux back-rooms », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 128,
pp. 24-28.
1998 Busscher P. O. de, C. Deschamps, R. Mendès-Leite et B. Proth, « Les enjeux du désir :
fantasmes masturbatoires et pratiques bisexuelles », Panoramiques, 34 (III), pp. 54-60.
1997 Mendès-Leite R. et B. Proth, Approches socio-anthropologiques de la sexualité
« anonyme entre hommes, Transcriptase, n°52, p. 14-17.
ARTICLES DANS AUTRES REVUES
2002 Proth B. et E. Redoutey, « Guide : La Musardine, parcours érotiques parisiens »,
Urbanisme, 325, pp. 54-57.
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CV – Bruno Proth
2002 Proth B., « De la méthode ethnographique : adaptations et hostilité », in L’observation.
Quels enjeux pour le sujet ?, Actes du colloque organisé par Buc Ressources et le
Journal des Professionnels de l’Enfance en mars 2001, Buc Ressources, pp. 81-89.
1999 Mendès-Leite R. et B. Proth, « Statut sérologique et militantisme : enjeux et paradoxes
de l’engagement et du vécu. Le cas du groupe de prévention gay de l’association
Aides », in ANRS, Collections Sciences Sociales et Sida, pp. 137-158.
1998 Busscher P. O. de, C. Deschamps, R. Mendès-Leite et B. Proth, « Les enjeux du désir :
fantasmes masturbatoires et pratiques bisexuelles », Panoramiques, 34 (III), pp. 54-60.
Mendès-Leite R. et B. Proth, « L’itinéraire des désirs : déambulations masculines sur
les lieux de drague à Paris », French Cultural Studies, Special issue : AIDS in France,
Nottingham, The University of Nottingham Press, pp. 367-383.
1997 Busscher P. O. de, R. Mendès-Leite et B. Proth, « Os lugares de “pegaçào” em Paris :
organizaçào do espaço e das pràticas sexuais », Lugar Comun, studos de Midia, Cultura e
Democracia, 2, pp. 147-160, Rio de Janeiro.
Mendès-Leite R. et B. Proth, « Approches socio-anthropologique de la sexualité
anonyme entre hommes », Transcriptase, 52, pp. 14-17.
1996 Busscher P. O. de, R. Mendès-Leite et B. Proth, « Impersonal sex : between
management of spaces and the management of the (bi)sexual identities », Journal of
Literary Studies, 12, Cape Town.
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