Correction de l`épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie
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Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com SESSION 2002 ECONOMIE Durée : 3 heures – Coefficient : 1 I. COMMMENTAIRE D'UN TEXTE Vous disposez du texte joint en annexe : "La croissance a été plus soutenue que prévu au troisième trimestre". A partir de ce texte et de vos connaissances, vous montrerez dans un développement construit, quels sont les moteurs de la croissance d'une économie et vous essaierez de préciser ce qui peut entraver cette croissance II. QUESTIONS 1. Quels sont les différents besoins de financement de l'entreprise ? 2. Qu'est-ce que le budget de l'Etat ? Quelles en sont les différentes composantes ? BAREME Commentaire d'un texte (12 points) Première question (4 points) Deuxième question (4 points) © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 1/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com ANNEXE La croissance a été plus soutenue que prévu au troisième trimestre C'est désormais certain. La croissance en 2001 sera d'au moins 2,1 %, conformément aux dernières prévisions de l'Insee et du gouvernement. Les chiffres du troisième trimestre, publiés vendredi 23 novembre, par l'institut de la statistique, permettent de l'affirmer. Entre juillet et septembre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,5 %, ce qui donne à la France un acquis de croissance, fin septembre, de 2,1 %. Après un premier trimestre où la hausse du PIB avait atteint 0,4 % et un deuxième trimestre où elle avait plafonné à 0,2 %, selon les chiffres révisés de l'Insee, ces nouvelles données marquent sans conteste une accélération de l'activité. L'Insee n'avait d'ailleurs pas anticipé un tel redémarrage, puisque ses experts prévoyaient, dans leur point de conjoncture d'octobre, une croissance limitée à 0,3 % au troisième trimestre. Cet été, les Français ont consommé. Tous azimuts. Leurs achats ont littéralement bondi, de 1,2 %, ce qui représente une progression de rythme annuel de près de 5 %. Personne ne s'attendait à de telles dépenses. Il faut dire que les salaires ont été plus dynamiques que prévu, ce qui a alimenté le pouvoir d'achat des salariés. Les entreprises ont continué à créer des emplois même si elles l'on fait à un rythme nettement inférieur à celui de 2000. Et de nombreux accords de modération salariale signés à l'occasion du passage aux 35 heures sont arrivés à terme. Certaines entreprises ont dû desserrer les contraintes salariales. De plus, la "bouffée d'inflation" qui avait entamé le pouvoir d'achat au deuxième trimestre a disparu : les prix du pétrole et ceux des produits alimentaires, que les inondations avait fait augmenter, ont retrouvé un rythme de progression plus supportable pour les consommateurs. Le versement par l'Etat de la première prime pour l'emploi, fin août-début septembre, a sans doute soutenu la consommation des salariés les plus modestes. Enfin, certains se demandent si l'approche du passage à l'euro n'a pas incité à la dépense : selon la Banque de France, les Français auraient ainsi, depuis le début de l'année, sorti quelques 62 milliards de francs de leurs bas de laine. Malgré le dynamisme de la consommation des ménages, les entreprises, elles, ont réduit leurs investissements, de 0,2 % au troisième trimestre. La situation internationale et le ralentissement mondial les plongent sans aucun doute dans un certain attentisme, qui les pousse à repousser leurs décisions d'investissement en attendant de voir ce que leur réservent les prochains mois. Pour l'heure, comme l'a montré la dernière enquête de l'Insee sur le sujet (Le Monde du 18-19 novembre), elles sont inquiètes : elles prévoyaient en octobre que leurs investissements augmenteraient de 3 % en 2001, contre 6 % en avril, et qu'ils reculeraient de 4 % en 2002. Dans ce contexte, elles ne se contentent pas de réduire leurs dépenses. Elles déstockent également, et pèsent ainsi sur la croissance. Du côté des exportations, les nouvelles ne sont pas bonnes. Celles-ci ont diminué de 1,5 % au troisième trimestre. Comme les importations ont tout autant reculé, du fait du ralentissement de la demande des entreprises, le commerce extérieur est globalement neutre pour la croissance. Le gouvernement ne manquera pas de souligner que ces bonnes nouvelles du troisième trimestre confirment son scénario de cet été, qui prévoyait un redémarrage de l'économie dès le deuxième semestre. Mais, entretemps, il y a eu les attentats de New York et Washington, le 11 septembre. Et même s'il est aujourd'hui trop tôt pour dire quelles seront leurs conséquences sur l'économie française, il ont déjà précipité la récession aux Etats-Unis et aggravé la crise en Allemagne. Le Monde le 23 novembre 2001 © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 2/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com CORRIGE Commentaire global du sujet : Le commentaire et les questions posées ne posent pas de difficultés particulières dans la mesure où ils sont parfaitement intégrés dans le référentiel de l'épreuve et constituent de ce fait une interrogation classique. On peut noter toutefois le poids prépondérant de l'économie générale qui compte pour 16 points dans l'évaluation totale. Remarque : une erreur s'est glissée dans le document fourni en annexe. Le taux de croissance de l'économie française sur les 9 premiers mois de l'année n'atteint pas 2, 1 % puisque 0,4 % + 0,2% + 0,5% ne donnent qu'un peu plus de 1,1 %. Par ailleurs, ce résultat atteint au troisième trimestre n'est pas acquis dans la mesure où le quatrième trimestre aurait pu connaître une croissance négative. Le chiffre officiel et définitif publié en 2002 par l'INSEE pour la croissance économique de la France de 2001 est de 1,8 %.Toutefois cette erreur malencontreuse n'a pas d'incidence sur le traitement du sujet. I. COMMMENTAIRE D'UN TEXTE "La croissance a été plus soutenue que prévue au troisième trimestre" Introduction Accroche La croissance économique est en quelque sorte la finalité du système économique, puisque l'augmentation de la création de richesse provoque l'augmentation des revenus, de l'emploi et finalement du niveau de vie des populations. A ce titre, elle est à la fois analysée, suivie et fait l'objet de nombreuses prévisions, rarement atteintes, étant donné le caractère capricieux de l'activité économique et de ses cycles. Définition des termes du sujet Pour le terme de croissance on peut retenir la définition de François Perroux, à savoir "l'accroissement d'une unité économique simple ou complexe, réalisé dans les changements de structures et éventuellement de systèmes, et accompagnés de progrès économiques variables". D'une manière synthétique, on peut parler d'accroissement d'un indicateur de production (PNB ou PIB, exprimé en valeur ou en volume) entre deux dates. Le terme de moteurs de la croissance fait référence au pourquoi de cette augmentation de la production qui est toujours à chercher dans les composantes de la demande finale adressée aux entreprises. Les moteurs sont à distinguer des facteurs (qui répondent à la question du comment) et qui désignent l'augmentation du volume et/ou de la productivité des facteurs de production (capital technique et travail), ainsi que le progrès technique en général. Problématique / Plan Comment expliquer les fluctuations de la croissance économique ? A travers l'exemple de la conjoncture économique française récente, nous mettrons en évidence dans un premier temps les trois moteurs de la croissance et les mécanismes qui les sous-tendent, pour ensuite montrer qu'un certain nombre de paramètres sont en mesure de gripper la mécanique fragile de la croissance économique. Développement Partie I Les trois moteurs de la croissance Les moteurs de la croissance sont à rechercher dans les trois composantes de la demande effective, la consommation finale, l'investissement et la dynamique des échanges extérieurs. A) La consommation finale C'est la principale composante de la demande effective adressée aux entreprises (en France environ 60 % du PIB est consommé principalement par les ménages et accessoirement et par convention, par l'Etat). Son dynamisme dépend essentiellement de l'importance du revenu distribué, de l'évolution des prix, des conditions © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 3/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com d'accès au crédit, de l'importance des patrimoines, des ménages, mais aussi des innovations proposées par les entreprises. Ainsi au troisième trimestre 2001, évoqué par le document fourni, la consommation des français a progressé de près de 5 % en rythme annuel, bénéficiant de la décrue importante du chômage depuis 1997 (donc de l'augmentation du revenu global disponible), d'une tendance à l'augmentation des salaires, après les modérations décidées suite à l'adoption des 35 heures sans baisse de salaire, ainsi que du coup de pouce apporté par le gouvernement aux faibles revenus par le versement de la prime pour l'emploi. Tout ceci dans un contexte d'inflation faible qui n'entame pas le pouvoir d'achat, alors que les patrimoines ont vu leur valeur croître de manière significative sous la flambée des prix de l'immobilier et la fièvre des marchés financiers (effet de richesse) et que les taux d'intérêt réels pesant sur les crédits à la consommation sont restés faibles. De plus, ces dernières années ont été des années riches en innovations par la diffusion de nouveaux services permis par les technologies de l'information et de la communication, alors même que les industriels de l'ancienne économie proposent de nouveaux produits à un rythme effréné pour survivre dans l'environnement d'hyper-concurrence, conséquence de la mondialisation. Une circonstance exceptionnelle pourrait enfin expliquer ce dynamisme de la consommation, l'adoption de l'euro, qui a eu pour effet de vider les bas de laine remplis de francs ou bien qui a suscité la crainte d'une augmentation généralisée des prix… Avec le mécanisme de l'accélérateur, on peut montrer qu'une augmentation de la consommation finale entraîne une augmentation de l'investissement beaucoup plus importante (cela dépend de la valeur du coefficient de capital). Ainsi la croissance de la consommation est-elle en mesure d'enclencher le deuxième moteur de la croissance qu'est l'investissement. B) L'investissement L'investissement des entreprises (mais aussi dans une moindre mesure de l'Etat et des ménages) est certainement la variable la plus importante dans le processus de croissance. En effet, "le détour avantageux de production " renforce la croissance de la consommation, stimule à son tour l'augmentation du revenu et de l'emploi et surtout crée les conditions mêmes de la croissance économique. L'investissement dans les nouvelles technologies et organisations de la production, dans la formation des hommes, les activités de recherche et de développement n'est-il pas la condition essentielle de la croissance intensive et dans une moindre mesure de la croissance extensive ? De même les investissements déterminent en grande partie la compétitivité des entreprises qui les engagent, et ce qu'ils soient matériels, immatériels, financiers ou bien de capacité et de productivité. C'est le sens même du fameux théorème de Schmidt : "les investissements d'hier sont les profits d'aujourd'hui et les emplois de demain". En tant que moteur de la croissance, l'investissement, par le mécanisme du multiplicateur d'investissement entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la production, du revenu et de l'emploi. C) La demande extérieure La contribution de la consommation finale et de l'investissement intérieur peuvent être relayées ou amplifiées par celle de la demande extérieure. La demande extérieure concerne les exportations de biens et de services de consommation ou d'investissement. Les débouchés extérieurs dans une économie ouverte et un cadre de mondialisation sont une source de croissance de moins en moins négligeable. Par exemple, la France exporte plus de 20 % de son PIB et un salarié sur 5 travaille pour satisfaire la demande internationale. L'augmentation des exportations, pour peu qu'elle ne s'accompagne pas d'une augmentation similaire ou supérieure des importations, contribue à stimuler la production des entreprises résidentes et par suite la croissance économique. De la même manière qu'il existe un multiplicateur d'investissement, il existe aussi un multiplicateur d'exportation : la production exportée crée de nouveaux revenus qui renforcent la consommation finale, ce qui nécessite une nouvelle vague d'investissements… © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 4/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com Transition Les moteurs de la croissance que sont les trois composantes de la demande effective doivent se renforcer et se stimuler pour aboutir à une phase de croissance durable et équilibrée. Dans ces conditions la croissance peut devenir un processus auto-entretenu. Malheureusement, l'histoire économique met en évidence la présence permanente de cycles d'expansion et de récession… et montre qu'il en est rarement ainsi. Le document fourni, par exemple, souligne bien qu'en 2001 la dynamique de la consommation finale des ménages n'est pas relayée par les investissements des entreprises ou par les exportations. Le résultat étant un taux de croissance médiocre, qui finalement ne dépassa pas 1,8 % pour l'année 2001. Force est de constater qu'il existe donc des blocages au processus de croissance, les différents moteurs ne s'allumant ni au même rythme, ni avec la même puissance. Partie 2 Les obstacles à une croissance durable Les entraves au processus de croissance tiennent d'une part à la mauvaise articulation des trois moteurs (A) et à la présence de fuites au niveau de chacun des trois moteurs (B). Ces facteurs de blocage se trouvant par ailleurs renforcés dans le cadre d'une économie mondialisée (C). A) La mauvaise coordination entre les moteurs de la croissance Comme nous l'avons vu précédemment, ce sont les mécanismes des multiplicateurs (d'investissement et d'exportation) et celui de l'accélérateur qui diffusent le processus de croissance entre les composantes de la demande finale. C'est donc dans le fonctionnement imparfait de ces mécanismes qu'il faut chercher les entraves à une croissance soutenue et durable. La dynamique de la consommation finale n'entraîne pas celle de la production, ni de l'investissement, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les entreprises nationales peuvent ne pas être compétitives, soit au niveau des prix, soit au niveau des biens et des services offerts. Dans ce cas ce sont les entreprises étrangères qui profitent de cette dynamique, les importations explosent et le déficit extérieur se creuse. Il faut ensuite envisager le cas où les entreprises nationales ne sont pas en mesure de répondre à l'augmentation de la consommation ou de l'investissement des autres entreprises, faute de capacité de production suffisante (conséquence de l'insuffisance de l'investissement passé) ou bien encore faute d'une rentabilité suffisante (les entreprises, volontairement, n'augmentent pas le volume de production). Dans d'autres cas, il n'existe pas de facteurs de production disponibles (par exemple des salariés qualifiés), ni de possibilité de gains de productivité susceptibles de permettre de répondre à l'accroissement de la demande à volume constant de facteurs de production. En conséquence, dans ces trois cas on assiste à une flambée inflationniste, soit par les coûts, soit par la demande, soit encore par la dévalorisation de la monnaie consécutive au déficit extérieur. La croissance amorcée par la consommation finale avorte, victime de l'inflation qui fait baisser le pouvoir d'achat et la dépense des ménages. Par ailleurs, l'investissement n'est pas déterminé par le seul niveau de la demande. Il faut signaler que la demande prise en compte par les entreprises n'est pas celle réellement exprimée, mais la demande anticipée, puisque l'investissement doit précéder la production. La psychologie, l'état d'esprit des entrepreneurs sont déterminants à cet égard, ce qui est confirmé par la multiplication des enquêtes sur le climat de confiance des entrepreneurs face à l'avenir. En réalité, l'investissement des entreprises dépend largement d'autres variables, comme la dynamique concurrentielle et celle du progrès technique qui rendent les investissements incontournables pour la pérennité des entreprises. Il dépend aussi des perspectives de rentabilité, du coût et des possibilités de financement des entreprises, qui sont des variables indépendantes du niveau de la demande exprimée ou anticipée. Enfin, il faut envisager le cas, où l'augmentation de la demande finale fait suite à une récession d'activité importante. Dans ce cas, le surcroît de demande pourra être satisfait par l'utilisation de capacités de production disponibles ou même par le déstockage de production accumulée dans la période précédente (mentionné par le document pour l'année 2001). L'augmentation de la demande finale n'aboutit pas à une reprise de l'investissement ce qui ralentit la croissance économique. © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 5/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com B) La présence de fuites dans le processus de la croissance La dynamique entre les moteurs de la croissance peut être cassée par la présence de fuites. Nous avons déjà évoqué la fuite de l'augmentation de la consommation finale par les importations, au bénéfice des entreprises et des économies étrangères. La politique de relance engagée par le gouvernement socialiste en 1981-82 a d'ailleurs échoué pour cette raison. Mais il existe aussi des fuites, pendant le cycle de croissance au niveau de la dépense des ménages. Ces derniers qui perçoivent globalement davantage de revenus peuvent décider d'épargner plutôt que de consommer, soit par anticipation d'un retournement de conjoncture ou d'une reprise de l'inflation à moyen terme, soit pour bénéficier de revenus de l'épargne lorsque les taux d'intérêt sont élevés. L'amélioration de la valeur de leur patrimoine a pour effet de minimiser en quelque sorte la valeur de leur consommation future, mais s'accompagne d'une atonie de la consommation actuelle et donc d'une faiblesse de la croissance. Cette opportunité de l'épargne financière s'exprime aussi au niveau des entreprises qui peuvent arbitrer en faveur des placements financiers jugés plus rémunérateurs et parfois moins risqués que les investissements productifs. Ce comportement a prévalu dans la première partie des années 90, ce qui explique en partie la faible de la croissance économique à cette époque. Ainsi, les taux d'intérêt et la valorisation des actifs financiers favorisent l'épargne au détriment de la consommation, les investissements et les placements financiers à la place des investissements productifs. C'est alors le développement de la sphère financière contre celui de l'économie réelle. Enfin, il faut préciser que certains investissements des entreprises ne sont pas directement favorables au processus de croissance. Ils constituent donc des fuites à ce processus. C'est le cas notamment des investissements de productivité ou de rationalisation qui ne favorisent ni l'emploi, ni nécessairement le revenu disponible pour la consommation, lorsque le profit dégagé est conservé intégralement par l'entreprise ou en partie distribué aux actionnaires, en tout cas sans effet sur les salaires. Mais la véritable fuite concernant la contribution des investissements à la croissance se trouve en réalité dans les investissements financiers des firmes. Ceux-ci ne sont en fait qu'une redistribution du capital des entreprises et ne contribuent nullement à la création de richesses nationales supplémentaires, surtout lorsqu'ils sont internationaux. On peut objecter que sur le long terme, ces deux catégories d'investissement sont favorables à la croissance par l'amélioration de la compétitivité et du pouvoir de marché des entreprises nationales. C) Les limites liées au cadre d'une économie mondiale de plus en plus intégrée La mondialisation qui s'accompagne d'une toujours plus grande interdépendance des économies nationales, introduit de nouvelles contraintes dans les mécanismes de la croissance économique nationale, que l'on a coutume de désigner sous le nom de contrainte extérieure. Cette contrainte extérieure s'exprime de différentes manières : Par le commerce extérieur d'une part. Les exportations sont tributaires de la conjoncture économique internationale. Ainsi dans la période actuelle, où les trois grandes zones économiques sont en phase de récession rampante, le moteur des exportations tourne au ralenti, alors que des tensions peuvent se faire sentir sur les importations, conséquence de l'agressivité de la concurrence internationale à la recherche de nouveaux débouchés. Notons aussi l'importance du prix des matières premières importées, le pétrole notamment, dans le redémarrage de la croissance. Comme le mentionne le texte fourni, l'augmentation importante des prix du pétrole en 2001 a participé à l'atonie de la consommation et à l'attentisme des entrepreneurs en matière d'investissement. La contrainte extérieure s'exprime aussi par le taux de change de la monnaie nationale, qui s'il s'apprécie grippe le moteur du commerce extérieur (cas du dollar contre l'euro entre 1999 et 2002 qui freine considérablement les exportations américaines et aggrave le déficit de la balance commerciale). Or le taux de change ne reflète pas toujours les fondamentaux de l'économie réelle. La récession américaine correspondait en 2000 à une reprise de l'activité européenne, ce qui aurait dû contribuer à la baisse du dollar vis à vis de l'euro. Elle s'exprime enfin, par le biais des taux d'intérêt et plus globalement les marchés financiers. Le niveau des taux d'intérêt largement autonome par rapport aux fondamentaux économiques peut entraver la croissance lorsqu'ils sont élevés et la stimuler lorsqu'ils sont faibles. En la matière, la politique monétaire américaine donne le "la" pour le coût de l'argent dans le monde entier. Quant aux marchés financiers, leurs mouvements sont à la fois erratiques et exagérés, à la baisse comme à la hausse, ils ont le même effet que les taux d'intérêt sur la dynamique de l'investissement et celle de la consommation. Notons que la déprime forte et prolongée des marchés d'actions participe aussi à la morosité ambiante et à la formation d'anticipations pessimistes © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 6/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com Mais la psychologie liée à la situation internationale déborde largement le terrain de l'économique. Les évènements récents nous permettent de constater que les anticipations des agents économiques sont de plus en plus influencées par la géopolitique. L'effondrement du camp soviétique en 1989 a suscité un formidable espoir et généré une vague de croissance forte, à l'inverse, la guerre du golfe en 1991 et bien plus encore les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les symboles de l'économie de marché et les intérêts du champion du capitalisme expliquent à eux seuls la récession constatée dans les deux cas. Or ces évènements ne sont guère prévisibles, ni maîtrisable, ce qui rend la gouvernance économique bien délicate et la dynamique de croissance bien incertaine. Conclusion Rappel des conclusions partielles S'il est aisé d'identifier les moteurs de la croissance, ainsi que les mécanismes à l'œuvre pour permettre leur coordination afin de provoquer un cercle vertueux de prospérité, force est de constater que ces conditions théoriques sont rarement durablement au rendez-vous. Ceci explique donc l'irrégularité de la croissance économique et la présence permanente de cycles économiques de différentes durées qui se conjuguent ou se contrarient. L'allumage des différents moteurs de la croissance est empêché par des problèmes de mise en phase liés à des déterminants différents, ainsi qu'à des fuites. Le développement d'une économie mondialisée renforçe d'ailleurs cette tendance plus qu'elle ne l'atténue. Il est à noter particulièrement la montée en puissance des déterminants psychologiques, chers à Keynes, dans les processus de croissance; La société de l'information produisant finalement plus d'incertitude et de perturbation que de constance et de coordination. Ouverture du sujet Dans l'avenir, la complexité des comportements des agents économiques et le développement des interdépendances risquent de poser des problèmes du point de vue de la gouvernance économique et de la définition de politiques économiques destinées à atteindre une croissance stable, régulière et soutenable. A ce niveau, le cadre de l'Etat-nation semble de moins en moins pertinent, ce que les européens ont fort bien compris en décidant la mise en commun de leur monnaie et de leur politique monétaire, ainsi qu'une certaine harmonisation au niveau de leurs politiques budgétaires. La solution à terme pour favoriser une croissance la plus harmonieuse possible consiste sans doute à la mise en place d'une véritable coopération économique mondiale seule susceptible d'entraîner un développement durable par ailleurs moins inégalitaire et plus respectueuse des équilibres écologiques. © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 7/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com II. QUESTIONS 1) Quels sont les besoins de financement de l'entreprise ? L'entreprise connaît un besoin de financement permanent, dès sa création (apport des fonds propres) et surtout tout au long de son existence. On peut distinguer deux types de besoin de financement : celui du cycle d'exploitation représenté par le besoin en fonds de roulement et celui lié aux investissements. Le remboursement des dettes de l'entreprise n'étant finalement que la conséquence soit du besoin en fonds de roulement (crédit à court et moyen terme), soit de l'investissement (dette à moyen et long terme). Le besoin de financement du cycle d'exploitation Le cycle d'exploitation d'une entreprise industrielle comprend l'approvisionnement, la fabrication proprement dite (qui dépend de la longueur du processus de production), la vente et le paiement à proprement parler (existence d'un crédit client), plus les différents temps de stockage des matières, des en-cours de production et des produits finis. Pour l'entreprise commerciale, le cycle d'exploitation se réduit le plus souvent aux approvisionnements, au stockage des produits finis et à leur vente. Tout au long de son cycle d'exploitation l'entreprise doit faire face à des décaissements pour effectuer les paiements nécessaires à l'exploitation (règlement des fournisseurs, paiement des salaires et des charges sociales, principalement), alors que les encaissements n'interviendront qu'en fin de cycle. De ce décalage entre encaissements et décaissements, naît le besoin de financement de l'exploitation qui peut être satisfait par différents moyens, comme le crédit-fournisseur, la mobilisation des créances commerciales (l'escompte des effets de commerce), les crédits de trésorerie, les billets de trésorerie ou l'affacturage. Le besoin de financement de l'investissement L'investissement, c'est ce qui permet à l'entreprise de se créer, de se maintenir et de se développer. Il peut se définir comme une dépense destinée à produire des revenus supplémentaires sur plusieurs années, ce qui signifie qu'un investissement n'est rentabilisé ou économiquement amorti qu'à moyen ou long terme. Il s'agit donc de "l'échange d'une somme actuelle contre un espoir de recettes futures". L'entreprise doit donc trouver les ressources nécessaires (le plus souvent à long terme) pour le financer. On distingue plusieurs typologies de l'investissement : - Investissement de remplacement / de productivité / de capacité - Investissements réglementaires et sociaux - Investissements matériels / immatériels / financiers Les décisions d'investissements sont stratégiques et relèvent donc de la Direction générale de la firme ; elles sont indissociables du choix de leur mode de financement qui engage sur le long terme, l'équilibre financier de l'entreprise. Les principaux moyens de financement de l'investissement sont : l'autofinancement, l'augmentation du capital social, l'emprunt bancaire ou obligataire et le crédit-bail. Il est à noter que plus l'entreprise se développe et plus les deux besoins de financement présentés augmentent. En effet, la croissance suppose un volume plus que proportionnel d'investissements (liés au coefficient technique de capital) et d'augmentation du besoin en fonds de roulement. Enfin si les grandes entreprises disposent d'un large choix (flexibilité financière) au niveau de la couverture de leurs besoins de financement, les petites entreprises ont du mal à trouver les ressources financières nécessaires, ce qui explique une large part de leur défaillance. 2) Qu'est-ce que le budget de l'Etat ? –Quelles en sont les différentes composantes ? Le budget de l'Etat ou loi de finance est constitué de l'ensemble des recettes et des dépenses de l'Etat pour une année civile, son montant atteint en 2002, pour la France, 265 milliards d'€uros. Son élaboration par le gouvernement et le ministre du budget en particulier,fait l'objet d'une présentation devant le parlement à l'automne de l'année précédent son exercice, il est alors discuté et amendé, puis voté par deux lois distinctes sur les recettes et les dépenses. Le projet de budget est construit sur des prévisions de croissance économique qui déterminent largement et les rentrées fiscales et le montant des dépenses, pour cette raison des collectifs budgétaires et des lois de finance rectificatives ajustent le budget en cours d'exercice pour prendre en compte les évènements imprévisibles. © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 8/9 Correction de l'épreuve DPECF 2002 UV 2 Economie Ce corrigé est fourni à titre indicatif et ne saurait engager la responsabilité de Comptalia.com Le budget de l'Etat a plusieurs missions : - Financer les biens et les services collectifs et assurer les missions régaliennes de l'Etat ; - Instrument de politique économique – politique de régulation contra-cyclique et politique d'orientation structurelle ; - Redistribuer des revenus pour compenser les inégalités nées du partage de la valeur ajoutée en économie de marché (revenus de transfert plus impôt progressif sur le revenu). Le budget de l'Etat est composé de recettes et de dépenses : Du côté des recettes, il s'agit pour l'essentiel (à plus de 90 %) de ressources fiscales (plus les dividendes des entreprises publiques et les recettes de privatisation des entreprises publiques par exemple) Il est classique de distinguer les impôts directs et indirects. Les premiers comprennent principalement l'Impôt sur le revenu des personnes physiques, l'Impôt sur les sociétés et de manière marginale l'impôt de solidarité sur la fortune. Les impôts indirects, les plus élevés dans notre pays sont pour l'essentiel des taxes sur la consommation. La première d'entre elle est la Taxe sur la Valeur Ajoutée (plus de 40 % des recettes fiscales). Mais, les recettes de la taxe intérieure sur les produits pétroliers et les droits d'accise (sur les tabacs et les alcools principalement) ne sont pas négligeables. Du côté des dépenses, deux présentations peuvent être faites : - La première est une présentation fonctionnelle, par ministère, donc en fonction du domaine de la dépense. Pour mémoire, le premier ministère est celui de l'Education nationale (environ 60 milliards d'euros) devant la défense (37 milliards d'euros), le ministère de l'intérieur puis celui de l'emploi et du travail. - La seconde est une présentation par nature, où l'on distingue : - Les dépenses de fonctionnement (+ de 35 % des dépenses) : qui sont l'ensemble des dépenses nécessaires pour faire fonctionner l'Etat, dont principalement la rémunération des fonctionnaires. - Les dépenses d'intervention qui regroupent l'ensemble des interventions économiques et sociale de l'Etat : versement de revenus, d'aides, de subventions et d'indemnisations aux ménages, entreprises et collectivités territoriales ; - mais aussi les dépenses d'investissement civils et militaires. - Le remboursement de la dette publique, qui est la conséquence des déficits budgétaires accumulés par l'Etat (46 milliards d'€ pour le budget 2002). Depuis 1999 et l'adoption de l'euro, le déficit budgétaire et par conséquent le montant des dépenses est limité par le pacte de stabilité qui prévoit un déficit maximum des finances publiques © COMPTALIA.COM 2002 – Toute reproduction interdite – www.comptalia.com 9/9