Good Game !

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Good Game !
Le webzine des sites de rugby indépendants / n°2 / novembre décembre 2013
Des JIFF qui se perdent / La drague et le rugby / La balade de SBW / TV Quatar+ / WASEDA WAZAA !
Review ITM Cup 2013 / Poker menteur / Histoire du SEVEN nz / La formation au Stade Toulousain
J'aime les filles / RAJEUNISSEMENT ALL-BLACKS / PUMAS SANS VICTOIRE / MOVEMBER, GOOD GAME...
Good Game !
S
S
Pour son deuxième numéro, qui est en fait le troisième
(on ne renie pas notre joli « numéro zéro »),
Up and Under se frise
les Moustaches
Car le mois de novembre est celui du « Movember »,
consacré à la lutte contre les cancers masculins.
Pour l’occasion, les gentlemen sont priés de se
laisser pousser de belles bacchantes, et évidemment
de soutenir la lutte. Up and Under s’y associe donc,
et y consacre ses premières pages, avant de vous
emmener à travers toute la planète ovale.
arguments que les joueurs de Stuart Lancaster l’an
passé : une grosse intensité physique, une solidité
défensive sans faille…et un petit virus pour indisposer
leurs adversaires.
S
S
Après un intermède Tongien qu’il ne faudra surtout
pas galvauder (l'épisode « Coupe du monde 2011 »
est encore dans les esprits), les hommes de Philippe
S’il consacre un article à la présentation des enjeux
Saint-André termineront par une rencontre face
de la tournée du XV de France qui débute, ce
aux Sud-Africains qui ne voudront pas, on l’imagine,
deuxième numéro ne sera pas centré sur celle-ci.
revivre leur déconvenue de 2009, lorsque les bleus
Rassurez-vous, la prochaine livraison d’Up and Under les avaient bousculés au Stadium de Toulouse (20-13).
reviendra en détail sur les joutes internationales de ce
A l’issue, on pourra alors tirer quelques conclusions
mois de novembre.
et vérifier si les craintes du dernier Tournoi, pas
Que faut-il en attendre pour le XV de France ?
vraiment apaisées par une tournée estivale laborieuse
On craint de voir des bleus. Au corps et à l’âme,
en juin dernier, étaient justifiées. La propension des
tant les All Blacks qui débarquent ressemblent
dirigeants à cacher la misère de l’équipe de France
à un rouleau compresseur prêt à laminer leurs
derrière les ors d’un exploit sans lendemain ne pourra
adversaires, fussent-ils animés des plus vaillantes
certainement pas tenir en cas de bérézina face aux All
intentions. Intouchables lors du Rugby Championship, Blacks et aux Springboks. Mais il sera de toute façon
récents vainqueurs de la Bledisloe Cup devant
trop tard pour redresser la barre avant la prochaine
l’Australie, les hommes à la fougère devraient ne
coupe du monde, objectif assigné à Philippe Saintfaire qu’une bouchée de Français dont la forme et la André et ses collègues.
cohésion interrogent.
En cas de victoire, et a fortiori de retentissant
Equipe à réaction, dont la campagne automnale 2012 « grand chelem automnal », le sélectionneur aura
a laissé de bons souvenirs à ses supporters, le XV de toute latitude pour poursuivre ses bricolages jusqu’à
France pourrait créer la surprise et, qui sait, devenir l’échéance mondiale et, « Movember » oblige, sera
la première équipe à faire tomber les Neo-Zélandais autorisé à se friser les moustaches.
depuis les Anglais en décembre 2012. Les méchantes
langues diront qu’il faudra aux Français les mêmes
Antoine Renvoiaux22.fr
I
Mesdemoiselles, mesdames, préparez-vous, ça va piquer ! Car si les feuilles,
avec le mois de novembre, ne vont pas tarder à tomber, les poils, eux, vont bientôt pousser
et s'exprimer en toute liberté (ou presque) sur les visages des hommes.
Comme chaque année en effet, on va assister au débarquement massif
de bacchantes en tous genres, des plus classiques au plus créatives. Sur les terrains de
rugby notamment, un peu partout dans le monde, mais un peu partout ailleurs aussi.
I
Grâce à qui ?
A Movember et à sa fondation qui, depuis 2003,
invite, dans le monde entier, les hommes
à se laisser pousser la moustache.
Son objectif ? Sensibiliser le public aux
maladies masculines (cancer de la prostate
ou des testicules et santé mentale) et recueillir
des dons.
"En tant que mouvement caritatif mondial
et indépendant, Movember a pour but ultime
de faire changer à long terme et définitivement
le visage de la santé masculine."
Comment
participer ?
En octobre, les Mo Bros se sont inscrits sur Movember.com,
et ont dû, le 1er novembre, se raser intégralement pour
pouvoir démarrer Movember. Leur objectif est de faire
connaître la cause et de récolter des dons pour la santé
masculine. Un rôle essentiel.
A la fin du mois, les Mo Bros et les Mo Sistas célèbrent
la fin de leur aventure Movember à l’occasion de l’un
des Gala Partés officiels organisés à travers la planète.
Si vous ne l'avez pas déjà fait et voulez, vous aussi,
rejoindre le mouvement, 3 manières d'agir :
Quelles sont
les règles ?
Vous le savez sans doute déjà, mais la moustache,
c'est plutôt technique... et les hommes ne sont pas
tous égaux en matière de pousse du poil.
Il vous faut donc bien maîtriser la différence avec
barbe, bouc et autres rouflaquettes.
1. Une fois inscrits sur Movember.com,
tous les Mo Bros ont démarré le 1er novembre,
rasés de près (c'est ce que dit le règlement.
Après, à vous de gérer en fonction de la durée
que mettent vos poils à pousser).
2. Pendant toute la durée, les Mo Bros
doivent faire pousser une moustache et en
prendre bien soin.
3. La MO ne peut en aucun cas rejoindre
les favoris. Elle serait alors considérée comme
une barbe.
4. Les moustaches en guidon ne peuvent
en aucun cas rejoindre le menton. Elles seraient
alors considérées comme un bouc.
5. Tous les Mo Bros doivent se comporter en
vrais gentlemen (attention donc aux dérapages
sur les terrains).
4
> En tant que loup solitaire, en vous faisant pousser
ou en soutenant une moustache en solo. Vous pouvez
toujours créer ou rejoindre une meute plus tard.
> En tant que chef de meute, capitaine de votre équipe.
Réunissez vos amis, famille et collègues sous le drapeau
de la moustache.
> En rejoignant une équipe déjà constituée, parce que
l’union fait la force. Tout ce dont vous avez besoin pour la
trouver est le nom de l’équipe ou de son capitaine.
Et les filles
dans tout ça ?
Même avec la meilleure volonté, ce sera compliqué
de nous laisser pousser la moustache. Pas sûr non
plus que ce soit une bonne idée côté séduction.
Le classement
des Mo bros
dans le monde
Mais nous pouvons jouer, nous aussi, un rôle
important dans la réussite de Movember.
L'ensemble des dons récoltés dans tous
les pays s'élève à 410,691 €.
Comment ? En soutenant et en encourageant
les hommes de notre entourage à participer.
Ou en faisant un don à un Mo Bro ou à son équipe.
Ou encore en devenant Mo Sista.
L'Australie est en tête, suivie par le Royaume-Uni,
les Etats-Unis, le Canada, l'Afrique du Sud,
l'Irlande, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Suisse,
l'Allemagne, la Finlande, la France, l'Autriche, ...
A chacun son style
En manque d'inspiration pour créer votre moustache ?
Voici quelques suggestions
5
Mo'ntpellier
Hérault Rugby
Biarritz MO'lympique
Pays Basque
Union Rygbystique
Landerneau
http://fr.movember.com/team/1021773
http://fr.movember.com/team/1106693
http://fr.movember.com/team/1039209
Voyou Moustache club
Rugby Metz
ASC Rugby A Mo
Capitaine : Alex Tulou
76 co-équipiers
Capitaine : Grégory Gomez Robira
3 co-équipiers
http://fr.movember.com/team/1016249
Capitaine : Imanol Harinordoquy
2 co-équipiers
Capitaine : David Zueras
10 co- équipiers
1 membre
Capitaine : Russ Aitken
10 co-équipiers
http://fr.movember.com/team/1026341
http://fr.movember.com/team/1050073
moustache social club
Capitaine : Le Piss
15 co-équipiers dont Maxime Médard
http://fr.movember.com/team/1207349
MObilisons
nous !
Vous avez tout le mois de novembre pour devenir
un Mo Bro ou une Mo Sis et vous laisser pousser
les poils (bien organisés, on l'a vu, histoire de
respecter les règles du jeu), ou faire un don à votre
équipe (aux équipes, soyons fous) de coeur.
Difficile de vous parler des 65 équipes
participantes... j'ai donc fait le choix un peu
partisan et sans réelle surprise de vous proposer
une short list liée au rugby.
Photo : thecandyperfumeboy.com
Sophie bajadita.com
Top14
& prod2
mourad boudjellal
la surenchère de trop ?
renvoiaux22.fr
LA COURSE À L'ARMEMENT
bajadita.com
la cabale est
tombée sur le chien
renvoiaux22.fr
conversation ovale
avec xavier garbajosa
bajadita.com
des jiff qui se perdent ...
dans la formation
renvoiaux22.fr
la formation
au stade toulousain
bajadita.com
TOP12
CHAMPIONS DU MONDE
bajadita.com
qatar +
renvoiaux22.fr
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09
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16
17
23
26
MOURAD BOUDJELLAL,
LA SURENCHERE DE TROP ?
‘
Jeudi 16 octobre, après que la LNR eut adopté,
semble-t-il dans la douleur, la modification
du système de JIFF, le président du Rugby club
toulonnais, Mourad Boudjellal, a de nouveau
fait parler de lui.
Déjà dans le mot JIFF,
si on avait un peu
de culture politique,
on aurait pu voir l’amalgame
que ça aurait pu faire
en rajoutant un U.
Mourad Boudjellal
Opposé aux décisions prises par la
ligue, prévoyant désormais un dispositif
financier sanctionnant à terme la
présence de 55% de JIFF sur les feuilles
de match, le bouillant président n’a pas
hésité à pratiquer la surenchère pour
dénoncer ces nouvelles mesures.
Pour mieux dénoncer le système des JIFF,
Mourad Boudjellal le présente comme
une nouvelle manifestation du racisme
qui, selon lui, caractérise le rugby français
et ses instances. Allant même jusqu’à
faire un raccourci douteux («Déjà dans
le mot JIFF, si on avait un peu de culture
politique, on aurait pu voir l’amalgame
que ça aurait pu faire en rajoutant un U.»),
il n’hésite pas à comparer la LNR avec le
Front national.
Photo : Franck Fife AFP
8
Les diatribes de ce style ne sont pas
nouvelles de la part du président du RCT.
Il n’était cependant jamais allé aussi loin
dans la dénonciation.
Intelligent, rompu aux ficelles
médiatiques, Mourad Boudjellal sait qu’il
n’a plus rien à espérer du côté de la LNR,
dont on rappellera qu’elle lui a déjà refusé
à plusieurs reprises une place dans son
comité directeur. Néanmoins, s’il est de
nouveau parvenu à « créer le buzz », il
n’est pas certain qu’il en tire un grand
bénéfice cette fois-ci.
En premier lieu, parce que ses assertions
sur le dispositif des JIFF sont, sur le fond,
erronées. Ce système n’est absolument
pas fondé sur la nationalité des joueurs
mais sur leur parcours de formation. Il est
d’ailleurs notable que depuis sa mise en
place, le dispositif s’est accompagné d’une
augmentation du nombre de joueurs
étrangers dans les centres de formations
hexagonaux. L’encouragement financier
prévu par la LNR les saisons prochaines,
s’il doit permettre au XV de France d’avoir
un vivier de joueurs sélectionnables
plus important, ne constitue pas un
frein au développement du rugby parmi
les enfants issus de l’immigration. Au
contraire, il préserve la possibilité pour un
jeune vivant en France, de faire du rugby
son métier et d’envisager de le pratiquer
au plus haut niveau.
Ensuite, on serait tenté de penser que
la critique du président Boudjellal
est trop dépourvue de nuance, trop
généralisatrice, pour qu’elle porte
réellement.
Il serait évidemment tout aussi faux de
prétendre que le racisme n’existe pas
dans le rugby. Abdelatif Benazzi a ainsi
raconté comment il a pu en souffrir
lors de son arrivée au SU Agen. Et tout
amateur de rugby a pu malheureusement
déplorer des comportements scandaleux
de la part de spectateurs le long des
mains courantes dans toutes les divisions
du championnat. Pourtant, on a le
sentiment que le rugby de France souffre
bien davantage de conservatisme, voire
d’immobilisme, que de racisme. Il est en
tout cas totalement infondé d’en faire le
trait caractéristique majeur de ce sport.
Dans un système figé, l’outrance peut
permettre de faire bouger les choses
quand elle aborde les vrais problèmes.
On n’est pas convaincu que ce soit le
cas ici. Les motivations du président
Boudjellal sont ailleurs. C’est un chef
d’entreprise. Et comme tel, il se plaint de
règles qui contraignent le développement
de son organisation. On comprend
néanmoins que ce soit moins vendeur
médiatiquement.
En tout cas, on peut penser qu’à force de
taper sans aucune nuance sur ce sport,
le président du RCT va finir par s’aliéner
ceux qui, jusqu’à présent le soutiennent
et dont certains commencent à déplorer
qu’à force de surenchères les « bonnes
questions » qu’il pose ne deviennent
définitivement inaudibles.
Antoine renvoiaux22.fr
‘
comprendre
Que cherchent
à la fois le jeu
ces clubs
qui ont recours
de l’hémisphère
nord
à un
recrutement tourné
et celui de
l’hémisphère
vers l'étranger ? ...
sud est très utile.
Tana Umaga entraîne toujours des rouge-et-noirs, non pas
ceux du RCT mais ceux de Counties Manukau en ITM Cup
9
Hagen Hopkins/Getty Images Europe
top14
la course à l'armement
Attention, Ma'a Nonu est sur le point de débarquer en France.
Destination probable, l'Auvergne... à moins que ce ne soit, en fin de compte,
la capitale. Autrement dit, tout club intéressé qui sera prêt à lâcher 50 000 €
par mois pour s'attribuer les services du néo-zélandais "au chômage" dans
son pays, parce qu'il y a 99 % de chance qu'il soit libéré par sa fédération.
Après Habana, Steyn, Sexton, pour ne citer qu'eux, le Top 14 fait à nouveau
sensation avec le recrutement du centre/ailier néo-zélandais de 31 ans.
A défaut de créer des sensations sur les pelouses, notre championnat et ses
dirigeants semblent se rassurer avec le recrutement de stars internationales. Mais est-ce une si bonne nouvelle que cela ?
Certains affirmeront bien évidemment
que "oui", persuadés que le Top 14 est
devenu le plus beau championnat du
monde. Et c'est leur droit.
Mais je serais tentée de leur répondre que
certes, il s'agit du plus cosmopolite, du
plus long, du plus dur, et du plus attractif
en termes de salaires, mais certainement
pas du plus beau en termes de spectacle,
de jeu, d'ambitions de jeu, et de
sensations. A moins que le rugby pratiqué
depuis les 6 premières journées, voire
toute la saison dernière, ne les emballe.
Et pourquoi pas après tout.
Une précision s'impose avant d'aller plus
loin : je n'ai absolument rien contre les
joueurs étrangers. Je trouve que certains
apportent même une véritable plus value
en termes de jeu et de spectacle. C'est
leur nombre qui commence à m'inquiéter
et le fait que certains clubs semblent
préférer se rassurer en les alignant
dans leur XV de départ, en raison de leur
expérience et de leur notoriété, mais pas
toujours en raison de leurs performances
du moment.
Du coup, ne risque t-on pas de voir de
jeunes joueurs français prometteurs
relégués sur le banc des remplaçants ?
Si la concurrence est saine, trop de
concurrence ne peut-elle pas finir, à
terme, par la tuer ?
La confiance et le facteur temps ne sontils pas des pièces maîtresses du mental
des joueurs, de leur plaisir de jouer,
de leurs prises d'initiative et de leurs
performances ?
Et comment avoir des joueurs français de
niveau international si on ne leur donne
10
... Des compétences
qui n'existeraient pas
en France ?
aucun temps de jeu dans leurs clubs
respectifs ?
Que cherchent ces clubs qui ont recours
systématiquement (ou presque) à un
recrutement tourné vers l'étranger ?
Quelles sont leurs véritables motivations ?
Des solutions dans le cadre des doublons ?
Des solutions rapides et immédiatement
opérationnelles ?
Des noms qui font rêver et viendraient
prouver que notre championnat est le plus
beau du monde ?
Des compétences qui n'existeraient pas
en France ?
top14
la course à l'armement
Le joueur français ne ferait-il plus rêver
et ne serait-il plus l'avenir du rugby hexagonal ?
Quelles que soient leurs raisons, cette
vision à court terme est symptomatique de
l'évolution d'un rugby conçu aujourd'hui
uniquement pour le résultat, peu importe
la manière, et une médiatisation reposant
de plus en plus sur l'individualité et la
renommée. Un rugby qui ne se construit
plus dans la durée, qui n'a plus le temps
de laisser le temps au temps, et où l'enjeu
tue bien trop souvent le jeu.
autres nations ? On y est déjà, avec
certains postes en équipe de France,
occupés, en clubs, par des joueurs
étrangers. Pourra t-on alors se plaindre
d'avoir une équipe de France affaiblie et
pas à niveau ?...
Enfin, quel sens donner à la formation
si derrière, les clubs ne donnent pas
l'opportunité à ces jeunes joueurs de
se frotter à l'élite ? Le rugby français
arrivera t-il un jour à concilier ses intérêts
divergents ?
Et ce n'est certainement pas la faute de
nos joueurs, réduits, s'ils veulent jouer, à
s'adapter à des systèmes de jeu formatés,
dans lesquels la défense a pris le pas
sur l'attaque (merci, Fabien Galthié, de
rappeler que pour vous, la défense sert à
récupérer des ballons pour aller inscrire
des essais).
Alors, je continue à m'interroger... une
course à l'armement... pour aller où ?
> Vers un championnat à deux,
voire trois vitesses ? On y est déjà.
> Dans un cercle vicieux qui fait que
comme on n'a plus le temps de laisser du
temps de jeu à de jeunes joueurs français,
compétitivité et résultats obligent, on
n'aura bientôt plus de talents, à niveau,
chez les Bleus, pour rivaliser avec les
... Des compétences
qui n'existeraient pas
en France ?
Photo : Hagen Hopkins/Getty Images Europe, Audrey Le Guen
11
Sophie bajadita.com
‘
top14
LA CABALE EST TOMBéE SUR LE CHIEN
Qu'est ce qui
se passe?
y aurait-il quelques
petites manigances ?
Très certainement,
je dois déranger.
Serge Blanco
A l’issue du match qui opposait son club à celui de Bayonne fin septembre,
dans un derby perdu par Biarritz, Serge Blanco a laissé clairement entendre
qu’on cherchait à lui nuire, à travers son équipe. Cette thèse du complot,
reprise à l’unisson par Laurent Rodriguez dans des termes sans ambiguïté,
fait appel aux arguments habituels en la matière, qui se résument au cas
d’espèce à des décisions arbitrales litigieuses défavorables au BO.
Personnage emblématique du rugby
français, qui a fait les beaux jours du
XV de France avant de porter sur les
fonds baptismaux la Ligue Nationale de
Rugby, le président Biarrot est loin de
faire l’unanimité au-delà du cercle des
supporters de son équipe. Son caractère,
certaines de ses sorties médiatiques et,
reconnaissons-le, ses succès, ne lui ont
pas valu que des amis.
Jusque là, l’ancien arrière international
paraissait insensible aux critiques, dont les
plus virulentes faisaient de lui un « parrain
du rugby », l’affublant même du surnom
de « Don Sergio ».
Mais la situation sportive de son club l’a
conduit à changer son attitude. Dénonçant
un complot contre lui, Serge Blanco
fustige tous ceux qui se ligueraient pour
envoyer le Biarritz Olympique en ProD2.
Photo : sport24.com
12
Il oublie un peu vite que personne
n’est responsable des blessures qui
handicapent lourdement son équipe, ni
de l’âge de certains joueurs, qui n’ont
plus la même efficacité qu’auparavant,
ni même, pourquoi pas, de la manière de
manager de Didier Faugeron et Laurent
Rodriguez. La réussite d’une équipe tient
d’une savante et subtile alchimie. Le grand
Serge, qui a usé ses crampons pendant
de nombreuses années sous le maillot
Biarrot et la tunique du XV de France, le
sait mieux que quiconque. Aussi, on ne
serait pas étonné que ses affirmations
soient le fruit d’une tactique visant à
remobiliser ses troupes, sur le thème du
« seuls contre tous ».
Au-delà du cas biarrot, on a le sentiment
d’assister à la généralisation du discours
complotiste parmi les dirigeants de
clubs. La critique systématique de
l’arbitrage prend parfois des proportions
surréalistes : entre ceux qui disent que
les arbitres favorisent les « gros » et
les critiques à l’égard de l’arbitrage à la
maison (y compris en faveur d’un petit
comme Oyonnax face à Toulon), ceux qui
dénoncent un plan anti-Toulon, antiToulouse voire anti-Montpellier, on se
dit que la cabale cache bien son jeu.
On veut bien croire que le professionnalisme comporte ce genre de dérive,
mais il serait assez judicieux que les
dirigeants et, tout particulièrement, les
entraîneurs des clubs réfléchissent à la
portée de leurs affirmations médiatiques.
Quand la cabale sera tombée sur le
chien, il ne faudra pas venir se plaindre
de dérives dénoncées dans d’autres sports
et de la perte des fameuses valeurs qui
irriguent notre sport.
Antoine renvoiaux22.fr
top14 Conversations ovales.
En tête à tête avec Xavier Garbajosa
‘
Evoquer la formation nous a immanquablement conduits vers d'autres sujets...
et m'a confirmée dans l'idée que si le rugby français ne prend pas certaines
décisions, il risquait de connaître encore quelques périodes difficiles...
et que, tant les clubs que l'Equipe de France, allaient encore vivre des
moments complexes. A l'image du Stade Toulousain, depuis la saison dernière.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui,
contrairement à l'Hémisphère sud
où on joue pour gagner, on joue
pour ne pas perdre...
Le jeu
J’ai l’impression qu’aujourd’hui,
contrairement à l’Hémisphère sud où on
joue pour gagner, on joue pour ne pas
perdre…
Difficile de pouvoir comparer, à partir
du moment où dans le Super 15, il n’y
a pas de descente en fin de saison,
contrairement au Top 14. Ils ont fait le pari
du spectacle, mais la formule ne change
jamais.
En France, le championnat n’est peut être
pas le plus spectaculaire mais sûrement
le plus dur.
L’enjeu peut parfois annihiler certaines
équipes se battant pour le maintien ou les
places qualificatives de la HCup.
La qualité du Top 14 a largement
progressé avec pléthores d’équipes
favorites au Brennus en début de saison,
c’est devenu une lutte acharnée à chaque
match.Chaque point est presque devenu
fondamental.
13
Est-ce que ce n'est pas le discours de tous
les clubs aujourd'hui, dans le Top 14 ?
Faire du jeu, prendre des risques, ça peut
payer. Après, c'est l'efficacité qui compte.
C'est début juin que je pourrai te dire
quel est le meilleur système. Ce qui est
sûr, c'est que le très haut niveau, c'est
de l'anticipation. Il faut toujours avoir un
coup d'avance. Et que les clubs travaillent
tous dans l'urgence, dans un championnat
relevé et dur.
Comment expliques-tu les performances
en dents-de-scie du Stade Toulousain, ces
derniers temps ?
Le Stade Toulousain ne réussit pas son
meilleur début de championnat, c’est une
évidence. Mais donne-moi une équipe qui
a fait un carton plein ?
Il y a deux paramètres : le Top 14 se
renforce, évolue, est de plus en plus
compliqué. On a aujourd'hui 7 ou 8 équipes
prétendantes aux phases finales.
Ca a évolué, les matches sont beaucoup
plus heurtés, disputés, chaque point
compte, il y a de plus en plus de pression...
Aujourd’hui, le Stade Toulousain n’est
plus tout seul, les autres équipes se sont
renforcées, structurées, ont travaillé,
progressé, à tel point qu’il est impossible
de prédire le nom du prochain champion
de France.
Le nombre d'internationaux est-il
un atout ou un handicap ?
Aujourd'hui, si la formule du championnat
ne change pas, c'est un vrai handicap.
Même si tous les clubs ont des effectifs
pléthoriques, avec de la qualité et de la
quantité, c'est quand même difficile de se
passer de ses X meilleurs joueurs, pendant
des matches de championnat. Et en fin de
saison, c'est lourd de conséquences. Sans
compter la question de savoir comment
vont rentrer les internationaux. Jouer
des matchs internationaux n’est jamais
anodin, c’est une débauche d’énergie
physique et mentale exceptionnelle.
‘
top14 Conversations ovales.
En tête à tête avec Xavier Garbajosa
Le calendrier
Quelle est la solution alors pour toi ?
Un Top 12 ?
Tout d’abord, il y a autant de solutions que
d’amateurs de rugby …
Un Top 12 me paraît la bonne solution
avec une ProD2 très forte, réduite elle
aussi à 14 clubs.
Finalement, le problème de calendrier
se pose surtout avec les joueurs
internationaux. Arriver à ne pas avoir de
doublons serait déjà plus intègre, d’une
part pour l’intérêt du championnat, et
d'autre part pour l’intégrité des joueurs.
L’Equipe de France a besoin des joueurs
assez régulièrement pour pouvoir bosser
comme ils le feraient en club, et les
équipes qui emploient les joueurs ont
aussi besoin de leurs meilleurs joueurs
pour défendre les intérêts du club.
Si la FFR venait à prendre sous contrat
un pool de joueurs sélectionnés et
qui ne participeraient pas au Top 14,
l’Equipe de France pourrait ainsi jouir
d’une planification d’entraînement
idyllique et disposerait de 30 joueurs
«à plein temps». En revanche, le Top 14
souffrirait de l’absence de ses meilleurs
joueurs français. Quid aussi des joueurs
estampillés FFR qui ne « participeraient
qu’à une douzaine de matchs » dans la
saison ?
En réduisant la formule du championnat
et en gardant les internationaux sous
contrat dans leurs clubs, on réduit le
nombre de rencontres, on peut planifier
du temps pour l’Equipe de France. On
pourrait aussi envisager un nombre de
matches maximum par international au
cours d’une saison. Il y a des personnalités
bien plus compétentes que moi en la
matière pour décider de la meilleure
solution.
Ce qui ne ferait pas beaucoup de
matches dans l'année pour les
internationaux s'ils ne jouaient que
pour l'Equipe de France ?
Effectivement. Une douzaine de matches
en l'état actuel des choses. Mais si c'était
le cas, le calendrier international serait
peut-être redéfini, avec plus de
14
Aujourd'hui, si on veut
avoir une Equipe de France
performante, il faut s'en
donner les vrais moyens.
Et il faut réfléchir !
compétitions, avec des matches contre
des nations mineures... ça permettrait
d'avoir de vraies plages d'entraînement
avec une équipe qui pourrait se préparer
à la Coupe du monde.
Ce serait presque le club France.
Oui. Avec un objectif : se préparer et
gagner la Coupe du monde.
Et en tant que joueur,
qu'est-ce que tu choisirais ?
C'est difficile de choisir. Il y a les intérêts
financiers, personnels, on parle quand
même de porter le maillot de l'Equipe
de France. Il ne faudrait pas les faire
choisir. C'est dur finalement de ne pas
jouer. Tu t'entraînes tous les jours pour
le plaisir de jouer. Quand j'étais joueur,
il ne me tardait qu'une chose, c'était le
match du week-end.
Ce qui pourrait être aujourd'hui
envisageable, si on ne changeait pas
grand chose, ce serait de prendre
en compte les 30 ou 35 joueurs
potentiellement internationaux, avec
une licence à points. Sur les 28 matches
à jouer du Top 14, ils en joueraient la
moitié.
Ce serait compliqué
pour le coaching, non ?
Oui, mais si tu le sais en début de saison,
tu te renforces en fonction. Si tu as 10
internationaux, il te faut avoir 30 mecs
de plus.
Ce serait lourd en termes financiers ?
Et surtout, tu ne peux pas faire jouer
tous les internationaux en même temps.
Donc, il n'y a pas de liant... c'est
compliqué. Je te laisse imaginer les
choix quand arrivent les phases finales…
C'est ce qui explique que la Fédé
et la Ligue n'ont pas encore signé
la convention ?
Je ne sais pas si ce sont les seules
raisons. Mais ce qui est certain
aujourd'hui, c'est qu'entre le calendrier
du Top 14 et les fenêtres de l'Equipe
de France, ça ne fonctionne pas. Alors,
peut-être que le projet du Grand Stade,
s'il fonctionne, permettra, à terme, de
prendre les joueurs sous contrat puisque
ce projet existe pour générer de la
ressource. C'est encore trop tôt pour
le dire. Parce que tu as un autre système,
c'est ce que fait la fédé anglaise.
Elle indemnise grassement les clubs
qui fournissent les internationaux
(environ 16 M€/an pour l’ensemble des
clubs, soit 1,3 millions d'euros à chaque
club) En France, la fédé indemnise
aussi mais c'est de l’ordre de 5 M€/an.
En Angleterre, c'est un vrai
dédommagement. Les clubs anglais se
sentent moins lésés et « rentabilisent »
l’absence de leur joueur sélectionné. Alors
qu'aujourd'hui, un international français
est entièrement rémunéré par son club
sans contrepartie financière adéquate.
top14 Conversations ovales.
En tête à tête avec Xavier Garbajosa
L'inertie
L'arbitrage
Qu'est-ce qui fait que ça ne bouge pas ?
L'arbitrage fait partie des nouvelles
polémiques de cette saison...
Sans doute un manque de moyens, d’où
le projet du Grand Stade pour générer de
la richesse et être parfaitement autonome
financièrement ? Nous n'avons été que
trop peu réguliers dans la performance.
Mais on a trop peu de temps pour se
préparer avant des matches de très haut
niveau. Tu as tellement de choses à voir !
C'est impossible.
Aujourd'hui, si on veut avoir une Equipe de
France performante, il faut s'en donner les
vrais moyens. Et il faut réfléchir !
Quand tu vois que pour le dernier Tournoi,
il y a eu trois matches, une semaine de
repos et deux matches, plutôt que de les
garder toute la semaine... ils sont rentrés
chez eux, sans avoir le droit de joueur en
club...
Pourquoi ne pas les avoir gardés pour
travailler, les avoir sous la main ? Pour
mettre à profit cette semaine, où tu peux
travailler dans le détail, prendre du temps,
faire de la vidéo, travailler les lancements,
les attitudes, partager, échanger… le haut
niveau, c'est de la répétition à grande
vitesse. C’est dommage…
Photo : Janick Alidor / Bajadita
15
Il est vrai que depuis le début de saison
leurs décisions sont très contestées, mais
le rugby est compliqué, parce qu'on laisse
beaucoup d'interprétation à la règle. Le
problème, c'est que souvent, ça a des
incidences sur le jeu…
Mais le rugby est un sport indigeste sur
les règles, elles changent souvent, et sont
souvent laissées à l’appréciation d’une
seule personne qui doit décider dans une
fraction de seconde.
Aujourd'hui, donne t-on tous les moyens
aux arbitres d'être meilleurs ?
L'avenir
Qu'est-ce qu'on peut souhaiter
au rugby français ?
Que tous les acteurs et les décideurs
principaux de la Ligue, de la Fédé, et des
clubs puissent pouvoir discuter, dans
un intérêt commun, pour trouver les
meilleures solutions pour le rugby des
villes, des champs et de France.
Sophie bajadita.com
top14
DES JIFF QUI SE PERDENT… DANS LA FORMATION
Dans son édition du lundi 7 octobre dernier,
le journal Midi olympique a dressé un tableau
très complet de la situation des JIFF au sein
des clubs du Top14. Les JIFF, ou joueurs issus
des filières de formation, sont les joueurs
qui ont passé au moins 3 ans dans les centres
de formation français ou qui ont eu une licence
FFR pendant au moins cinq saisons avant l’âge
de 23 ans. Désormais, les clubs professionnels
ont obligation de disposer dans leur effectif
d’au moins 55% de JIFF.
la proportion entre les deux catégories.
En d’autres termes, un non-JIFF joker
médical d’un JIFF se transforme en JIFF…
Sans parler du fait que la rémunération
du JIFF blessé est assurée par la sécurité
sociale, ce qui fait de la place au sein
du salary cap pour le salaire du joker
médical.
On invite donc tous les amateurs de rugby
à scruter attentivement les annonces
d’arrivées de jokers médicaux. Ils
pourront constater que, parfois, ceux-ci
arrivent pour pallier la blessure d’un jeune
joueur figurant dans la liste des contrats
professionnels d’un club et beaucoup plus
rarement sur les feuilles de match…
Certes, cette attitude est loin d’être
généralisée, mais elle dénote une attitude
bien française consistant à vouloir
systématiquement s’affranchir des règles.
Le moins que l’ont puisse dire est que les
effets de cette mesure sont loin d’être
totalement convaincants. D’autant que
certains clubs contournent le dispositif et
le vident d’une partie de sa substance.
Rappelons que le système des JIFF a
essentiellement pour objectif de favoriser
la formation française et, partant,
d’assurer au XV de France un réservoir
de joueurs susceptibles de rejoindre ses
rangs. Au-delà, il s’agit de préserver
l’identité française au rugby hexagonal –
sans qu’il soit question d’un nationalisme
déplacé – dans un sport éminemment
Anglo-saxon. Après tout, le rugby doit se
nourrir des particularismes culturels pour
mieux affirmer sa dimension planétaire.
Les statistiques semblent plaider en
faveur des clubs et de leur bonne foi,
puisque sur les 14 formations de l’élite,
seules trois ont aligné moins de 50% de
joueurs non JIFF sur leurs feuilles de
match la saison dernière. Deux phénomènes viennent nuancer ce constat :
Photo : Yahoo!sports.com
16
en premier lieu, il faut noter le nombre
important de joueurs étrangers qui
remplissent désormais les conditions
pour être considérés comme JIFF. Ce
n’est pas, en soi, négatif puisque ces
joueurs témoignent que la formation
française fait preuve de qualités
«intégratrices» au profit rugby français.
Pourtant, on peut s’interroger sur l’intérêt
d’aller chercher de jeunes joueurs dans
l’hémisphère sud quand le territoire
national (au sens le plus vaste du terme)
n’est pas avare de jeunes au potentiel
physique intéressant et aux qualités
rugbystiques avérées.
Le deuxième phénomène est nettement
plus ennuyeux. Il concerne le
contournement des règles par certains
clubs qui usent et abusent du concept de
« joker médical ». Ce dernier n’étant pas
concerné par les restrictions relatives
aux quotas de joueurs non-JIFF, un
joueur étranger peut remplacer un JIFF
blessé sans que cela ne vienne modifier
C’est d’ailleurs pour contrer ce type de
comportement que la LNR a décidé de
renforcer son dispositif en l’assortissant
d’une carotte financière incitative (prime
aux JIFF inscrits sur les feuilles de
match), sans toutefois retenir l’idée d’un
bâton sportif dissuasif (retrait de points au
classement).
Reste que le règlement « JIFF » a pour
objet, on l’a écrit plus haut, de faciliter
le travail des sélectionneurs. L’effet le
plus visible est constitué par le nombre
croissant de joueurs étrangers éligibles au
maillot bleu. On a d’ailleurs assisté à un
record de sélectionnés «non nationaux»
l’été dernier lors de la tournée du XV de
France en Nouvelle-Zélande, sans que
ledit record n’apporte véritablement un
« plus » qualitatif.
On sera donc assez nuancé sur l’intérêt
de la mesure, même renforcée par une
obligation portant sur la feuille de match.
C’est bien plutôt la formation que les
instances dirigeantes devraient avoir dans
le collimateur. Le niveau individuel général
des joueurs est visiblement insuffisant
pour ôter aux clubs professionnels l’envie
d’aller voir ailleurs.
Et accessoirement pour permettre au XV
de France de tirer véritablement partie du
dispositif « JIFF ».
Antoine renvoiaux22.fr
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
On ne présente plus Xavier Garbajosa,
un des joueurs emblématiques du Stade Toulousain
de 1994 à 2007.
Son palmarès résume bien à lui seul sa belle carrière,
interrompue par des blessures récurrentes aux genoux :
3 fois champion de France, 2 fois vainqueur de la Coupe
d'Europe, vainqueur de la Coupe de France, 2 Grands
Chelems, vice-champion du monde et champion du monde
junior.
Et comme si cela ne suffisait pas, meilleur marqueur
d'essais du championnat en 2001, 2002 et 2003.
C'est dans l'ambiance feutrée du bar d'un grand hôtel toulousain que je le rencontre
pour faire un point sur la formation française, qui me paraît être aujourd'hui un sujet
capital mais rarement valorisé. Parce que la formation est particulièrement mise
à l'honneur au Stade Toulousain, c'est donc tout naturellement vers ce club que je
me suis dirigée pour aller voir comment cela se passe, de l'intérieur. Xavier est le
premier interlocuteur de ce focus. L'homme est affable, posé mais vif, et n'a pas sa
langue dans sa poche.
Pour entrer dans le bain de la formation, j'ai assisté, la veille au soir de notre
rendez-vous, à l'entraînement des jeunes sur les terrains du centre de formation,
où Xavier (notamment) intervient deux fois par semaine en technique individuelle.
Pourquoi ce retour sur les terrains,
avec les jeunes ?
Je souhaitais renouer avec ce qui a fait que
j'ai aimé le rugby, à savoir le collectif et le
côté humain, toutes ces émotions que l'on
partage. Je voulais pouvoir transmettre ce
que j'ai appris. Je suis donc allé voir Guy
et le président pour savoir s'ils pouvaient
avoir l'amabilité de m'octroyer une place
pour pouvoir revenir au Stade Toulousain.
J'avais entrainé les cadets il y a deux ans,
et ça avait été pour moi une révélation. Je
m'étais découvert, pas une passion parce
que je l'ai au fond de
moi. Mais être joueur et être entraîneur,
17
c'est deux choses différentes, et j'avais
vraiment envie de transmettre ce que l'on
m'avait inculqué. Mais avec mon emploi
du temps à Eurosport, c'était compliqué
de pouvoir entraîner une équipe et ne pas
être là les week-ends. Je ne le sentais
pas, tenir un discours aux jeunes pendant
la semaine et ne pas être là les moments
cruciaux. Parce que c'est toujours bien
d'être là pour pouvoir se rendre compte
de l'état d'esprit lors des matches. Les
entraînements ne remplaceront jamais les
matches. Et j'avais vraiment envie de me
replonger dans l'entraînement. N'ayant
que peu d'expérience, je voulais le faire
"petitement".
En ayant un rôle dans ce dispositif de
technique individuelle mis en place,
dans ce club qui est un des premiers en
France à pouvoir se poser la question de
la formation, pour laquelle ils ont mis
en place deux créneaux, le lundi et le
mardi soir, avec les différentes catégories
(minimes, benjamins, cadets, et Crabos
Reichel).
Ces ateliers de technique individuelle,
c'est un travail de fond permettant aux
nouvelles générations de posséder un
bagage technique complet dès leur plus
jeune âge de formation et les façonner au
haut niveau, et ainsi avoir des joueurs le
plus complet possible à leur maturité.
C'est pour cette raison que le Stade
toulousain, sous la houlette de Philippe
Rougé-Thomas et de Guy Novès ont
souhaité mettre en place cette cellulelà. Qui à terme sera très importante,
car on était un peu dans une forme
d'amateurisme, dans le sens où les jeunes
s'entraînaient deux fois par semaine, avec
un entraînement le mercredi et une mise
en place le vendredi, et je crois que quand
on la chance, le bonheur et l'honneur de
porter le maillot du Stade toulousain, on
‘
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
tu n'as jamais joué au poste, même si je
n’étais pas réputé pour ma passe, je pense
avoir encore quelques notions…
Comme tu as pu le voir, les petits sont très
enthousiastes. Et plus on monte, plus ils
sont perfectionnistes, donc c'est toujours
intéressant, on échange aussi avec eux sur
leurs ressentis. Ce qui est important, c'est
qu’ils s'approprient ce travail.
Il fut un temps où près de 50 % de l’effectif était passé dans les
catégories jeunes du Stade mais... il y avait une vraie affiliation
à ce club-là, une vraie identité. On connaissait tout de la maison,
on était chez nous, et on avait la fierté et l'honneur de porter
ce maillot.
se devait de pouvoir accompagner
ces jeunes. Qu'ils y arrivent ou pas au
bout... mais leur donner les moyens de
progresser, de leur donner sur le terrain
des coups de main et de les façonner
pour qu'ils puissent avoir tout le bagage
technique et pouvoir avoir un jour la
chance de percer au plus haut niveau.
C'est ce qui se fait en Nouvelle-Zélande
avec l'apprentissage des "skills" ?
Oui, même si la culture est différente. Si
je prends mon propre exemple, en France,
j'ai joué, à l'école, au foot, au handball, ou
au basket. Le rugby, c'était interdit.
En Nouvelle-Zélande, chaque collège a
son équipe de rugby. Donc, ils jouent au
rugby beaucoup plus tôt, et plus que nous.
Ils acquièrent cette technique individuelle
à base de répétitions de gestes. Et plus on
est jeune, plus on assimile beaucoup plus
vite. Donc leur avance est plus culturelle.
On ne peut pas tout changer ici du jour
au lendemain. Ils ont des formations
différentes. Ils ne font pas de catégorie
par âge mais par poids et taille. Ensuite,
ils font beaucoup de jeu à 7 pendant une
certaine période de croissance de l'enfant.
Le 7 est très formateur dans la lecture de
jeu et la technique individuelle, dans le
foncier. Il faut peut-être s'en inspirer.
18
Quel est ton rôle
au centre de formation ?
J'interviens donc sur la technique
individuelle les lundi et mardi soirs
de 18h30 à 20h30. Sur une heure, on
a différentes catégories, des benjamins
aux juniors Reichel. Ces sont des ateliers
spécifiques au poste. Il y a les entraîneurs
d'équipes qui interviennent sur le terrain,
où ils travaillent le mouvement général, et
les entraîneurs de club, dont je fais partie,
qui animent les ateliers spécifiques
aux postes.
Par exemple, pour les demi-de-mêlée,
on travaille les passes, les attitudes, la
gestuelle , tout ce qui pourrait améliorer
son rendement . Pour les lanceurs, on
travaille sur les lancers en touche, avec
des blocs de saut, la synchronisation, le
geste, … Après, il y a aussi un exercice de
coordination physique, le bas, le haut, avec
des lattes, pour les ailiers, les arrières...
sur tous les postes, l'idée est de former et
de développer plus tôt le joueur de rugby
et l’habituer au haut niveau.
Hier, c'était un atelier dédié
aux n° 9 et n° 10 ?
Oui. Après, ça tourne, tu l'as bien compris,
je n'ai jamais joué 9 ! (rires). Ce n'est donc
pas facile de donner des conseils quand
Moi je suis là pour les faire travailler et les
accompagner, je ne suis pas là pour leur
inventer des choses, les aider à franchir
un cap, et être là, présent, pour qu'ils aient
cette envie de s'entraîner, et leur inculquer
l’exigence du haut niveau.
Comment est-ce qu'ils montent
de niveau, après ?
C'est surtout en fonction de leurs
prestations. Il y a, ici, des réunions tout
au long de la saison entre les entraîneurs
d’équipe et les dirigeants pour savoir
comment évoluent l’équipe et les joueurs.
Ce qui permet de pouvoir ajuster au fur
et à mesure, et d’être ainsi le plus parfait
possible.
Par la suite, il y a une réunion en fin de
saison pour savoir si tel ou tel joueur reste
ou pas. Après, c'est dans le ressenti parce
qu'il y a des joueurs qui mettent un peu
plus de temps pour pouvoir s'épanouir et
vraiment franchir un cap. Et puis il y en a
d'autres pour lesquels on voit tout de suite
leurs qualités physiques et mentales à
pouvoir se diriger vers le haut niveau. C'est
un peu au feeling, mais malheureusement,
tous ne passeront pas le "cut". Ceux qui
n'auront pas la chance de jouer ensuite
au Stade Toulousain pourront jouer dans
d'autres clubs, avec certainement un
bagage technique plus important que ce
qu'ils auraient eu ailleurs.
Donc, c'est toujours une plus-value pour
eux et pour le club dans lequel ils vont
ensuite aller. On essaie de transmettre.
Pour qu'un jour, ils puissent transmettre
à leur tour.
Quelle est, pour toi, la vocation
du centre de formation créé en 1988 ?
C'est d'avoir des joueurs sous la main (24
pour la saison 2013-2014), à disposition
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
Un problème ? Je ne sais pas….
toute la journée, les faire travailler dans
les meilleures conditions possibles, les
accompagner scolairement, tout ça au
sein de la structure du Stade Toulousain,
avec des profs affiliés. Et leur donner les
mêmes moyens que l'équipe première.
Plus une évolution à mettre en place, je
pense… avec un référentiel commun entre
les parties. Il y a plusieurs protagonistes,
la FFR et les clubs. La FFR forme des
jeunes joueurs pour représenter les
équipes de France et les clubs forment
des joueurs dans leurs propres intérêts.
Ce sont les 24 joueurs sélectionnés
par le staff pour lesquels on prédit un
avenir. Même si c'est difficile d'avoir des
certitudes. l'idée est de les faire travailler,
progresser, pour qu'ils puissent monter.
Mais l’essentiel est quand même de
former nos joueurs afin qu’ils soient
représentatifs du rugby français.
Quel est l'intérêt, pour un jeune joueur,
d'aller au Pôle de Marcoussis ?
Quel est l'intérêt,
pour le Stade Toulousain, d'avoir
des jeunes issus de son centre
de formation ?
La plus-value est, je pense, sur le long
terme. Il fut un temps où près de 50 % de
l’effectif était passé dans les catégories
jeunes du Stade mais... il y avait une vraie
affiliation à ce club-là, une vraie identité.
On connaissait tout de la maison, on était
chez nous, et on avait la fierté et l'honneur
de porter ce maillot. Il y a, derrière, un
investissement sans faille. Et c’est encore
le cas aujourd’hui avec les Tolofua, Médard
et consorts … Le recrutement extérieur a
toujours été fait avec des profils de joueurs
de qualité mais qui avaient aussi la faculté
de pouvoir s’intégrer très facilement au
système toulousain. Même si aujourd'hui,
les clubs, quand ils ont besoin d'un joker
médical, ne se tournent pas forcément
vers les Espoirs. Ils vont chercher des
joueurs étrangers. C'est un moyen de se
rassurer parce que ce sont des joueurs qui
ont déjà connu le très haut niveau. On sait
donc qu'ils peuvent être très efficaces tout
de suite, dans un contexte de très haut
niveau qui évolue très, très vite.
On n'a plus la liberté de laisser un jeune
se former sur deux ou trois matches, il
faut qu'il soit efficace immédiatement.
On ne peut pas le laisser aller à l'abattoir.
Alors, c'est plus rassurant d'aller chercher
un joueur étranger qui a de l'expérience,
même s'il aura besoin de temps pour
s’acclimater. Parce qu'il lui faut aussi un
temps d'adaptation.
Nouveau pays, nouvelle culture, langue,
nouveau système de jeu, nouveaux
partenaires ... est-ce que, au bout
Photo : ERC, youtube,
19
du compte, l'investissement est plus
bénéfique qu'un jeune issu du club ? Ce
sont des paris, comme l'ont été Maxime
Médard, Christopher Tolofua, Clément
Poitrenaud, ... qui ont signé des baux
pérennes avec le club. C'est important,
il y a une vraie relation avec le club. Moi,
je l'ai vécu, je suis arrivé au Stade à 14
ans... on n'a pas envie d'en partir quand
on a commencé jeune, parce que c'est
une fierté de porter le maillot du Stade
Toulousain mais surtout parce Toulouse
est une équipe hyper compétitive.
Et quand on est dans la difficulté, peutêtre que tous ces moments passés au
club nous ramènent un peu à la réalité,
à cet amour de ce maillot-là, et que l'on
est capable d'aller chercher encore plus
loin pour faire les efforts nécessaires et
continuer à avancer.
La Fédé parle de réformer
les compétitions Espoirs et Reichel...
parce que les niveaux
ne sont pas homogènes...
Généralement, un jeune qui intègre
Marcoussis, est aux portes du très haut
niveau. Il n’est pas encore titulaire dans
son club, car sinon un problème de
disponibilité du joueur s’exerce. En effet,
à Marcoussis les jeunes qui sont intégrés
font partie de la jeune élite française. Ils
disputent les compétitions internationales
tout en suivant une formation scolaire
ou universitaire, tout en s’entraînant
quotidiennement.
Mais si un club a besoin d’un de ses
joueurs pensionnaires, alors se pose le
problème de la disponibilité de celui-ci.
Marcoussis ou son club ?
J'imagine que quand tu restes
dans ton club, tu as plus de chance
d'intégrer l'équipe 1
que si tu pars à Marcoussis...
Sûrement, puisque tu t’entraînes tous les
jours avec le groupe professionnel. Tu es
totalement à disposition du staff.
Ton objectif, à terme,
est donc d'entraîner ?
A mon sens, il faudrait faire un
championnat Espoirs Elite et Reichel
calqué sur le calendrier du Top 14, un
championnat Espoirs 2 et Reichel calqué
sur la PROD2 pour que les joueurs
rencontrent tous les week-end ce qui se
fait de mieux dans leur division.
Oui. Mais même dans ce secteur les
places sont très chères. Il faut donc être
patient et prendre ce temps pour se
former et s’informer. Après, c'est une
question de compétences, d'expérience, et
de relations humaines. L'expérience, elle
s’acquiert avec le temps, mais pour cela, il
faut commencer un jour.
Tu penses qu'il y a un problème au niveau
de la formation en France aujourd'hui ?
C'est un métier complexe, très exigeant,
mais tellement passionnant et excitant.
Sophie bajadita.com
Les benjamins, en compagnie de Laurent Portal.
‘
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
C'est au tour de Laurent Portal de nous accompagner dans la découverte
des benjamins du Stade Toulousain. De quoi attendre le prochain focus à
paraître dans le n°3... avec David Gérard, cap sur les Crabos.
On a joué ce matin un match de
préparation à Tournefeuille,
tout le monde était là.
On a vécu un vrai moment
de partage, d'échange.
On a mangé ensemble, ils nous
ont souhaité bonne chance
pour le Top 12, ...
chez les enfants, la posture
et les valeurs sont bien là.
Quand j'appelle Laurent Portal, éducateur
des benjamins avec David Lefèvre, il sort
d'un match d'opposition de son équipe
contre celle de Tournefeuille, un club
voisin, pour la préparation en vue du Top
12, tournoi international qui a eu lieu à
Rodez, le 6 octobre dernier, et qui a réuni
les meilleures équipes françaises et
étrangères dans la catégorie des moins
de 13 ans. Tournoi remporté cette année
par... ses benjamins du Stade, qui ont
battu, en finale, le club haut-garonnais
de Blagnac.
Laurent, c'est avant tout un homme
généreux, convivial, bourré d'humilité,
et droit. Bref, un homme de valeurs. Avec
un parcours atypique. Né dans le rugby
(son frère, de 7 ans son aîné, jouait à haut
niveau à Nîmes, à l'époque des NarbonneBéziers, son père au Racing), c'est donc
20
tout naturellement qu'il apprend le rugby
à l'école de rugby nîmoise.
" Je n'avais pas un profil de grand joueur
contrairement à mon frère. Je jouais
devant, un peu à tous les postes. Je
suis revenu au rugby quand mon fils a
commencé à y jouer. J'ai passé tous les
diplômes fédéraux, et pu évoluer grâce à
mes rencontres au comité de Provence.
J'ai entraîné jusqu'en Reichel au Stade
Phocéen, j'ai ensuite passé mon diplôme
d'Etat (DEJPS) à Lyon, au creps à Voiron,
et là, j'ai évolué sur des clubs supports :
Lyon, Grenoble et Bourgoin. J'ai obtenu
mon DE en 2008." Dans la journée,
Laurent travaille à Pôle Emploi, au Service
entreprises à Balma et il est également
formateur. "C'est mon truc, la formation !
(rires). Surtout la formation du très jeune
joueur, la pédagogie, ..."
Arrivé au Stade Toulousain
en mai dernier, comme s'est passée
ton intégration ?
Quand je suis arrivé au Stade, on m'a dit,
"tu as aussi des choses à nous apprendre".
J'ai beaucoup apprécié cette humilité. Ici,
on est dans l'échange, le partage, dans le
développement des compétences. Si tu as
un gros ego, il ne faut pas venir au Stade
Toulousain. A 47 ans, je vis un peu un rêve
d'enfant !
Pourquoi entraîner les benjamins ?
Les benjamins, c'est une année charnière.
Ils jouent encore à 11, mais on doit les
préparer, pour que les joueurs soient
prêts, physiquement, techniquement,
mentalement, à monter en catégorie
minimes où ils vont jouer à XV. Et après,
ça s'enchaîne très, très vite.
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
C'est une année très importante. C'est, en
fait, la dernière marche avant les catégorie
jeunes.
Est-ce que, dans ton équipe,
il y a déjà une cohésion de groupe ?
Bien sûr. Cette année, on a un groupe
qui a déjà 4 ou 5 ans de club, qui ont donc
été formés par les éducateurs du Stade
Toulousain. Ils sont ensemble depuis
4 ans, il y a une vraie cohésion, c'est un
groupe homogène, qui a la culture du
club, qui connaît le fonctionnement,
les objectifs, ce que l'on leur demande.
L'école de rugby qui accueille
la pépinière, les jeunes pousses,
les poussins et les benjamins,
dépend de l'Association du Stade
Toulousain Rugby, présidée par
Gérard Labbe. Concrètement,
comment fonctionne t-elle ?
En début d'année, on a des réunions,
on nous remet un projet sportif, pour
l'école de rugby, élaboré par Yoann
21
Faure et Philippe Rougé-Thomas, qui
sont très proche de nous. L'objectif,
c'est que de l'école de rugby jusqu’au
niveau professionnel, on ait un référentiel
commun. Peu de clubs y arrivent, et le
Stade toulousain est en avance de ce
côté-là.
Pourquoi peu de clubs
y parviennent-ils ?
Dans les clubs amateurs, c'est compliqué
de trouver la disponibilité. En général,
c'est le père de l'enfant qui suit son fils,
qui devient entraîneur après avoir passé
un diplôme fédéral. Il peu d'homogénéité,
peu de continuité. Tandis que dans les
clubs professionnels (ceux de Top 14, de
Pro D2 voire de Fédérale 1), on arrive de
plus en plus à atteindre cet objectif.
Mais je trouve que le Stade Toulousain
est précurseur en la matière. Pierre
Villepreux, ... ont initié cette formation.
Cela a été un peu révolutionnaire à
l'époque, cette approche pédagogique
nouvelle, beaucoup plus constructiviste
où le joueur est complètement placé au
centre du système. La fédé s'y met aussi.
Quelles sont les motivations des
parents et des enfants qui s'inscrivent à
l'école de rugby du Stade Toulousain ?
J'imagine qu'ils ont une petite idée
derrière la tête...
Forcément, oui. Pour les enfants, c'est
sûr, compte tenu de la notoriété du club.
Certains parents sont souvent des anciens
joueurs de rugby, ils se transposent
beaucoup sur leurs enfants.
Les pères veulent le voir réussir là où eux
n'ont peut-être pas réussi. On doit être
très vigilants, en tant qu'éducateur, pour
éviter cette dérive-là. On peut dire que
la motivation, au départ, c'est d'intégrer
ce club qui a un palmarès, une histoire, ...
Un benjamin peut-il intégrer l'équipe
sans avoir été formé au Stade ?
Oui, grâce à la journée de détection qui
a lieu au mois de juin et à laquelle les
jeunes peuvent postuler. C'est la porte
Coup de projecteur
sur la formation au Stade Toulousain
d'entrée du Stade Toulousain pour
d'autres joueurs. Ils sont évalués sur
les ressources mentales, les ressources
physiques, et les ressources techniques.
On parle souvent du mental au Stade
Toulousain... (rires). Pour ce qui est du
perceptif et du décisionnel, on y accorde
une grande importance. Autrement dit,
On évalue les jeunes dans leur capacité
à savoir où sont les adversaires, à faire
les bon choix, et à quelle vitesse.
La lecture du jeu et l’intelligence du
joueur c’est très important !
Comment se déroule l'année ?
Elle est répartie en 3 cycles. En ce
moment, et jusqu'à Noël, on est sur le
cycle 1 : celui sur l'intelligence du joueur,
la circulation, et les formes de jeu :
forme de jeu pénétrante (dans les espaces
libres), en déployé, ou au pied, en fonction
de la position de l'adversaire. C'est très
important. A la fin de ce cycle, on verra si
le joueur a ces qualités-là.
Les cycles 2 et 3 vont de janvier à Pâques.
On y travaille l'adaptation du joueur, avec
le ballon, tactiquement sans le ballon.
Il apprend à se positionner sur le terrain
quand il n'a pas le ballon, où est-ce qu'il
est utile pour assurer la continuité
de jeu dans le mouvement général. Nous
travaillons aussi les notions de rôles et
de suppléances. A la fin de la saison le
jeune joueur doit être capable d’évoluer
sur 2 postes.
Comment évalues-tu les joueurs ?
Avant de commencer le cycle 1, on a
évalué chaque joueur, individuellement
et collectivement, pour mesurer, à la
fin, son évolution. En plus de la séance
d'entraînement du jeudi, on a, en parallèle,
un atelier de technique individuelle le
mardi à laquelle tu as assisté (avec Xavier
Garbajosa). Ce mélange du savoir et du
vécu mis en place cette année, entre
ancien pro et techniciens, c'est excellent.
On évalue toujours les joueurs en
compétition. C'est là que nous détectons
une problématique, comme ce matin :
la circulation défensive, et la gestuelle.
On a une chance énorme d'avoir ces
anciens pro (Xavier Garbajosa et David
Gérard) qui assurent ces ateliers.
Photo : Bajadita
22
En fonction de nos commandes, ils font
travailler les joueurs individuellement. La
passe 9/10 n'a pas fonctionné :
nous avons demandé à Garba de travailler
la qualité des transmissions entre le 9 et
le 10, les passes, ...etc… et c'est jeudi,
avec David Lefèvre, que l'on va travailler
sur les problématiques défensives.
A l'école de rugby, c'est encore
perceptible. On a joué ce matin un match
de préparation à Tournefeuille, tout le
monde était là. On a vécu un vrai moment
de partage, d'échange. On a mangé
ensemble, ils nous ont souhaité bonne
chance pour le Top 12, ... chez les enfants,
la posture et les valeurs sont bien là.
On se donne des priorités. On ne peut pas
apprendre le rugby en trois séanceil faut
une évolution, avec des axes de travail.
Ce qu'il faut éviter, quand tu es entraîneur,
c'est de vouloir tout régler au même
moment. C'est très important de se
donner des priorités, surtout avec des
enfants. Tu pars de la compétition pour
évaluer les problèmes, et ensuite, tu vois
les progrès qu'il y a eu grâce à ce travail.
Là où j'ai un peu peur, c'est à partir des
Cadets, parce que l'on entre dans un
autre champ. Mon fils Julien, qui fait du
haut niveau au Lou, est conscient qu'il faut
qu'il prenne du temps, malgré les attentes
rapides……
Les benjamins ont-ils
un état d'esprit particulier, ici ?
Ce sont encore des enfants, on est
exigeants avec eux, mais il ne faut pas
trop leur mettre la pression, respecter
leur développement, ... il faut que ça
reste du plaisir. Même si au Stade
Toulousain, on est des compétiteurs
avant tout. Le résultat est aussi un
vecteur de motivation important.
Ce qui m'impressionne vraiment ici,
c'est de voir ces gamins avec une maturité
très élevée, au-dessus de la moyenne.
On n'a pas de discipline à faire, ils sont
concentrés, ils viennent à l'entraînement
comme si c'était un match... pour moi,
en tant qu'entraîneur, c'est du velours.
Le groupe est toujours motivé, ponctuel,
à l'écoute. Ils sont tous demandeurs.
Quelles sont les compétitions
pour les benjamins ?
Il y a deux championnats : le Groupama
A, qui est relevé et correspond à une "élite
1" et le Ramière un niveau en dessous, ce
qui permet d'avoir deux groupes de niveau
et du temps de jeu pour tous les joueurs.
Ensuite, il existe les tournois majeurs, qui
se déroulent sur une journée, comme le
Desclaux à Perpignan par exemple. Et, au
niveau international, le Top 12 de Rodez.
Penses-tu que le rugby,
c'est toujours l'école de la vie ?
Oui, j'y crois encore, c'est sûr, même si
on est à une période charnière, tu le sais.
Et ce qui m'inquiète le plus, ce sont
certains comportements qui s'éloignent
un petit peu de notre sport, que l'on voit
dans les écoles de rugby ou dans les
catégories cadets et juniors de certains
clubs amateurs.
Mais former des éducateurs et leur
attribuer un diplôme fédéral, en 4
modules, je pense que ce n'est pas
assez. C'est à la fédé de veiller à ce que
les éducateurs aient un comportement
exemplaire. Ce que je lui reproche, c'est
de ne pas accorder assez d'importance
au suivi de ces éducateurs, voire même
ne pas appliquer certaines sanctions.
Les moyens financiers et humains ne
sont pas encore à la hauteur, pourtant
c'est la base de l'apprentissage, et
c'est l'avenir aussi. Le Stade Toulousain
a vraiment mis les moyens dans la
formation, je le vois par rapport à d'autres
clubs que j'ai connus ou que j'observe.
Après, c'est un long débat ! Ce qui est
certain, pour moi, c'est que la FFR et
les comités sont gérés par des personnes
qui sont en décalage, qui n'ont jamais
touché un ballon ou qui l'ont touché il y
a trop longtemps.
Quant au fonctionnement d'un comité,
c'est aberrant de voir que ce sont, la
plupart du temps, des bénévoles
(souvent à la retraite) qui gèrent des
salariés. Et ce qui m'effraie, c'est de
voir des cadres techniques fédéraux
qui vont dans un club, ou qui arrêtent
complètement parce qu'ils sont
complètement découragés. Il y a de vraies
compétences, mais on ne les utilise pas,
c'est dommage !
Sophie bajadita.com
top12
Champions du monde !
Ce sont les Benjamins A (nés en 2001) du Stade Toulousain qui ont remporté
le 6 octobre dernier, le Top 12, Tournoi international de Rodez, en battant
en finale le club de… Blagnac, leur voisin.
Ce sont les Benjamins A (nés en 2001)
du Stade Toulousain qui ont remporté
le 6 octobre dernier, le Top 12, Tournoi
international de Rodez, en battant en finale
le club de… Blagnac, leur voisin.
La petite finale a opposé deux autres clubs
français : Massy à Montpellier, le club de
la région parisienne emportant la 3e place.
Pour ceux qui ont manqué la présentation
de ce Top12, rappelons juste que cette
compétition, créée il y a 11 ans, est la
plus importante de la catégorie Benjamin
des rugbymen de 12 ans. A noter la
présence, cette année, de Philippe Sella et
de Christian Galonnier, parrains de cette
édition 2013.
C’est la 5e fois que le Stade Toulousain,
seul club à l’avoir d’ailleurs fait, remporte
ce trophée (2004, 2006, 2009, 2011 et 2013).
Ces beaux succès de nos clubs français
(coup de chapeau aussi à Blagnac, Massy
et Montpellier, qui se classent de 2 à 4)
laissent à penser que jusque là, au moins,
on est dans le vrai…
Le Top 12 réunit pas moins de 12 nations,
dont l’Afrique du sud, l’Argentine, l’Irlande
du Nord, la Belgique, la Suisse, l’Italie,
l’Irlande, le Pays de Galles, et l’Allemagne.
23
37 clubs français sont, cette année,
venus y défendre leur chance.
En 11 ans d'existence, ce trophée a été
remporté, ces 9 dernières années par des
équipes… françaises : l’AS Montferrand
en 2005 et 2012, le Stade Toulousain donc
en 2004, 2006, 2009 et 2011, le RC Toulon
en 2010, l’Aviron Bayonnais en 2008, l’AS
Béziers en 2007 et le CA Brive en 2003.
top12
Champions du monde !
Comment y participer ?
Les modalités d’inscription sont simples.
Ce sont les Comités départementaux
(pour les clubs aveyronnais) et territoriaux
(pour les autres clubs français) qui
ont décidé de donner l’autorisation de
participation au club demandeur, en
fonction de la correspondance de l’équipe
qui doit participer avec le niveau du
tournoi.
La commission sportive de l’école de
rugby du Stade Rodez Aveyron décide ou
non d’inviter un club intéressé, à condition
que celui-ci remplisse la condition
précitée. Le classement en niveau A
correspond pour la région Sud Ouest
à l’inscription des clubs au challenge
Groupama.
Pour les autres régions, le niveau de
compétition similaire est pris en compte
Pour les clubs étrangers et les clubs
français qui ne seraient pas inscrits
dans une compétition de niveau A, la
commission sportive examine le dossier
de candidature et prend en compte le
comportement des équipes au cours des
précédents tournois.
Philippe Sella
Comment se déroule la compétition ?
24
Le Top 12 se déroule en deux phases, avec
48 équipes au départ. Lors de la première
partie du tournoi, dite «phase qualificative»
,
les équipes, réparties en 8 poules de 6
équipes jouent 5 matchs d’une durée de 6
minutes.
Le temps de jeu par équipes, pour
la matinée, est donc de 30 minutes.
A l’issue des 120 rencontres jouées
dans les 8 poules de qualification, les
4 «premières» équipes sont classées
du rang 1 au rang 4 et qualifiées pour
les 16èmes de finale du TOP12.
Les 16 équipes vainqueur de leur 16ème
participent aux phases finales.
Pour déterminer le classement, il est
attribué : 3 points pour un match gagné, 2
points pour un match nul et 1 point pour un
match perdu.
Les 16 équipes perdantes participent,
quant à elles, au challenge OVALIX,
en 2 poules de 8 (classement général
de 17 à 32).
top12
Champions du monde !
Quelles ont été les poules de
qualification en 2013 ?
Poule A : LAERSKOOL VARSTRAP
RUSTENBURG, AS MONTFERRAND,
US DAX, RC MASSY ESSONNE,
PIC SAINT LOUP, LEVEZOU SEGALA
OVALE
Poule B : ROYAL ACADEMY BELFAST,
CERN RUGBY CLUB, FC GRENOBLE,
RACING CLUB DE VICHY, ENTENTE DU
LAURAGAIS, STADE RODEZ AVEYRON 1
Poule C : BARBARIANS ARGENTINA,
ASUB RUGBY WATERLOO, CASTRES
OLYMPIQUE, UNION SPORTIVE TYROSSE,
BLAGNAC SPORTING CLUB, STADE
OLYMPIQUE MILLAVOIS
Poule D : LOS TEROS CATAMARCA,
MONTPELLIER HRC, STADE AURILLACOIS
CANTAL AUVERGNE, BALMA OLYMPIQUE
RUGBY, RC PAU LESCAR, RUGBY BASSIN
OUEST AVEYRON
Poule E : MUSKERRY RFC, FIRENZE 81
FLORENCE, CS BOURGOIN JALIEU,
USAL LIMOGES, RC LES ANGLES,
STADE RODEZ AVEYRON 2
Poule G : LA CAPELLE MARIVAL,
STADE TOULOUSAIN, SPORTING CLUB
ALBIGEOIS, CA PERIGUEUX DORDOGNE,
PARIS XV, LILLE METROPOLE RUGBY
Poule F : PENTYRCH RFC, AVIRON
BAYONNAIS, UNION SPORTIVE
CARCASONNAISE, AIX EN PROVENCE,
CANTON NORD RUGBY ENTENTE, RC
ESPALION NORD AVEYRON
Poule H : BOITSFORT RUGY CLUB
BRUXELLES, RACING CLUB TOULONNAIS,
US COLOMIERS RUGBY, UNION SPORTIVE
MONTALBANAISE,
A.S. ONDRES, RC SAINT AFFRIQUE
Sophie bajadita.com
25
top14
QATAR +
Les 24 et 25 septembre dernier, la Ligue nationale
de rugby a lancé une invitation aux diffuseurs
TV et acteurs des nouveaux médias pour venir
présenter à son comité de pilotage leur
positionnement vis-à-vis des deux
championnats (Top14 et ProD2).
Rodolphe pires, Louis Bonnet
Rugby pack sur BeIn Sport
Thomas Lombard
Les Spécialistes Rugby surCanal +
Autant dire que cela ressemblait fort
à une consultation informelle des
offres susceptibles d’être faites par les
diffuseurs en cas de remise en jeu des
droits télévisuels.
La LNR dispose en effet, et ce jusqu’au
31 décembre prochain, de la possibilité
de remettre en cause l’accord actuel qui
court jusqu’en 2016 et qui assure à Canal
plus l’intégralité des droits de diffusion du
Top14 via ses chaînes Canal et Rugby+.
La ProD2 est quant à elle essentiellement
diffusée par Eurosport.
On sait qu’une partie des dirigeants de
clubs, déçus du résultat de la précédente
consultation, sont très favorables à ce que
les cartes soient rebattues. Ils lorgnent
avec envie sur les sommes concédées
par les diffuseurs pour le football. Et
l’arrivée dans le PAF de la chaîne qatari
BeIN Sport et ses cheiks en blanc n’a
évidemment rien fait pour calmer les
ardeurs des présidents du Top14.
On se dirige donc vers un nouvel appel
d’offres, avec le secret espoir pour ses
promoteurs d’obtenir beaucoup plus
que les modestes 31M€ concédés par
le groupe Canal+.
On peut se demander si les présidents
ne se bercent pas d’illusions sur la
plus-value que la LNR fera au terme
de la procédure. Certes, BeIN a des
moyens financiers quasi-illimités qui
lui permettraient de mettre sur la table
le double, si ce n’est plus, du montant
actuellement versé par le titulaire
crypté. Mais il n’est pas du tout certain
que les dirigeants de la chaine soient
prêts à accepter une telle inflation sans
contreparties supplémentaires (comme
par exemple davantage de souplesse dans
le calendrier de diffusion…).
Et quand bien même BeIN ferait cet effort
financier, les présidents du Top14 sont-ils
assurés d’obtenir la même qualité de
prestation que celle offerte par Canal + ?
Rien n’est moins sûr. Enfin, s'agissant des
audiences, BeIn compte environ 1.500.000
abonnés. Le gain des droits télés sur
le rugby lui apportera évidemment des
clients supplémentaires. Mais on restera
vraisemblablement éloigné des chiffres
obtenus par Canal.
Les spécialistes de ce type de dossier
évoquent la possibilité pour la Ligue
d’allotir les droits en réservant par
exemple un ou plusieurs « affiches » au
titulaire d’un lot et confiant les autres
à diffuseur différent. Cette solution
pourrait, semble-t-il, convenir à Canal+
(du moins si celui-ci emportait le lot en
question), mais elle conduirait alors une
partie des abonnés à faire le choix de ne
pas rejoindre BeIN. Pas certain que cette
éventualité réjouisse ses dirigeants.
Actuellement, le passionné de rugby peut
avoir son content d’ovale (professionnel)
en s’abonnant à Canal+, Rugby+ et
Eurosport. Demain, il sera peut-être
obligé d’être également abonné à BeIn.
Cela représentera un surcoût de 11€,
réduit à 7€ si Rugby+ venait à disparaître.
Une broutille pour les plus accros ? Ça
peut se discuter.
Une chose est sûre, la renégociation des
droits constituera une sorte d’opération
vérité pour le rugby professionnel français
qui aura une petite idée de sa valeur
actuelle. Et si d’aventure les retombées
financières s’avéraient positives, il restera
à déterminer les modalités de répartition
de la manne. Entre les partisans de
l’égalité et ceux d’une rétribution en
fonction de l’audience, la partie risque
d’être serrée.
Le feuilleton ne fait, semble-t-il, que
commencer. Un nouvel épisode est
attendu le 3 décembre avec l’annonce –
ou pas – d’une renégociation anticipée…
Antoine renvoiaux22.fr
26
amlin cup
heineken cup
début de la der des der ?
renvoiaux22.fr
poker menteur
renvoiaux22.fr
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europe
DEBUT DE LA DER DES DERS ?
Le coup d'envoi de la dernière ?
Heineken - The Kick / Youtube
Jeudi 10 octobre, les clubs engagés dans l’Amlin Cup ont ouvert le bal
2013-2014, suivis le lendemain par les équipes disputant la HCup.
Côté français, c’est Toulouse a eu l’honneur de débuter la compétition
en premier, face aux Italiens de Zebre Parma.
Le millésime 2013-2014 revêt un intérêt
particulier puisqu’il pourrait bien être le
dernier. La fronde Anglo-Française qui
couvait depuis quelque temps a pris une
singulière ampleur avec l’annonce par les
représentants des clubs professionnels
des deux pays de la création d’une
compétition concurrente, la Rugby
champions cup.
Coquille vide ou vrai projet, il est sans
doute encore trop tôt pour le dire. Un
monsieur « bons office », le canadien
Graeme Mew, a été chargé de trouver
une solution pour ramener les frondeurs
dans le droit chemin, en l’occurrence
celui de l’ERC que ses détracteurs ont
pu surnommer « l’ERCeltes » tant ces
derniers semblent y faire la pluie (bien sûr)
et le beau temps.
Photo : pubenstock.com
28
En attendant d’en savoir plus sur cet
épineux dossier, on s’attachera à déguster
chaque match de la présente édition
comme s’il s’agissait de la dernière.
On peut même affirmer que l’intérêt
de la HCup est décuplé par la tournure
prise actuellement par le championnat
domestique français.
Particulièrement resserré, le Top14
charrie un flot d’interrogations auxquelles
la compétition européenne permettra de
répondre :
dominateur sans jouer son meilleur rugby,
le RC Toulon va-t-il hausser son niveau de
jeu devant la concurrence anglo-celte ?
Le regain Toulousain est-il lié à
l’approche de la HCup, au titre de laquelle
la préparation physique paraît avoir été
adaptée ?
Les prochains matchs européens
qui attendent le Racing Métro vont-il
provoquer le déclic tant attendu par ses
dirigeants et ses supporters ?
La HCup a deux effets positifs sur les
clubs en général et les Français en
particulier : elle apporte des ressources
financières non négligeables, quoi qu’en
disent ses détracteurs, et elle nivelle par
le haut le jeu pratiqué. On a pu en avoir
quelques exemples dès le premier weekend.
Aussi, on forme le souhait que, quelle
que soit la formule adoptée, on puisse
retrouver une compétition européenne
la saison prochaine.
Antoine renvoiaux22.fr
europe
POKER MENTEUR
L’édition 2014-2015 de la H Cup aura-t-elle lieu ?
Au vu des derniers développements
de ce dossier, on peut en douter. Anglais et
Français, alliés de circonstances,
font bloc pour imposer leurs vues aux
autres parties en présence, et tout
particulièrement aux Celtes.
Pour cela, l’axe Anglo-Français a annoncé
la création d’une compétition concurrente
de la H Cup, la « Rugby Champion Cup ».
Pour faire simple, les mutins veulent
resserrer les formules de la Hcup et
de l’Amlin en passant de 24 équipes
participantes à 20, modifier les modalités
d’accès aux compétitions pour les
franchises Irlandaises, Ecossaises et
Galloises et, « sherry on the cake », revoir
les modalités de répartition de la manne
financière générée par l’événement.
A l’examen, les propositions des clubs
de Premiership et du Top14 ne sont pas
forcément indiscutables, loin s’en faut.
Et on peut s’interroger sur leur jusqu’auboutisme.
Sur le premier point, l’idée sous-jacente
serait de rendre plus homogène le niveau
des compétition et, parallèlement, de
désencombrer un peu le calendrier
des clubs. Le premier argument paraît
recevable, mais se heurte à la question de
l’universalité de la coupe d’Europe. Ainsi,
doit-on, au nom de l’excellence, empêcher
les formations Italiennes de participer à la
HCup au motif qu’elles ne font pas partie
des meilleures équipes européennes ?
On sait que cette compétition est l’un des
facteurs d’amélioration du niveau des
clubs transalpins. Les en priver reviendrait
à remettre en question l’évolution du rugby
italien. Mais autoriser un ou deux de ses
clubs à disputer la RCC irait à l’encontre
de l’objectif d’excellence recherché pour la
compétition…
Quant à l’allègement du calendrier, une
telle assertion reste à démontrer. Limiter
le nombre de participants à 20 clubs ne
change rien si l’on continue à proposer
des poules de 4 comme c’est le cas
actuellement. Sauf à faire jouer le Top14
en même temps (pour les seules équipes
ne disputant pas la coupe de d’Europe),
distingue mal comment l’allègement
annoncé pourrait intervenir.
donc à rendre la compétition attrayante.
Sauf erreur, les provinces du Munster,
de l’Ulster et du Leinster, six fois titrées,
ne sont pas précisément des faire-valoir
et leur participation à la compétition est
primordiale à sa renommée.
La deuxième proposition Anglo-Française
concerne les modes de sélection des
autres équipes participant à la HCup.
Alors que les compétitions domestiques
en France et en Angleterre servent à
déterminer les six ou sept clubs admis à
disputer l’épreuve, les franchises Celtes
sont dispensées de cette sélection et
sont automatiquement qualifiées. Si on
peut effectivement déplorer le caractère
relativement inéquitable de cette situation,
on ne voit pas bien en quoi la HCup serait
faussée. De surcroît, le petit nombre de
franchises concernées ne permet pas
vraiment d’organiser une sélection.
L’attitude Anglo-Française n’est pas
illogique dès lors que la Premiership et le
Top14 sont désormais prépondérant dans
le paysage ovale européen. Mais les deux
protagonistes devraient se méfier d’une
attitude trop tranchée dans ce dossier.
Une compétition parallèle sans Irlandais,
et même Ecossais* ne serait sans doute
pas aussi intéressante qu’ils veulent bien
le dire, avec toutes les conséquences
qu’une compétition « tronquée »
pourraient avoir sur leurs finances. Quant
à envisager une coupe avec les formations
Sud-Africaines, cette hypothèse relève
encore de la science-fiction.
La troisième proposition est sans nul
doute la plus difficile à accepter pour les
provinces Celtes puisqu’elle consiste à
remettre en cause le mode de répartition
des recettes générées par les compétitions
européennes. Paul Goze l’a déclaré sans
ambages : il n’est plus question pour les
clubs Anglais et Français de « financer
leurs concurrents ».
C’est sans doute là-dessus que comptent
les fédérations Celtes pour infléchir la
position des clubs mutins. Des mutins
qui savent très bien qu’un boycott de la
H Cup sans solution alternative vraiment
crédible aura des conséquences négatives
trop importantes pour être balayées d’un
simple revers de la main.
On est là dans l’application la plus stricte
des principes chers à certains dirigeants
de clubs : l’argent doit aller à ceux qui
font le plus d’audience. On serait tenté
de répondre qu’en « finançant » les
franchises celtes, les clubs Anglais et
Français contribuent à leur existence et
A ce jeu de poker menteur, auquel le rugby
nous a habitué, les « grosses » fédérations
semblent disposer des meilleures cartes.
Mais on ne parierait pas qu’elles rafleront
la mise à la fin de la partie. Car les
instances internationales, qui disposent
d’un pouvoir coercitif très forts, ne
l’entendent pas du tout de cette oreille.
* Les Gallois ont récemment annoncé qu'ils souhaitaient rejoindre la RCC, portant un coup sévère à l'ERC.
Photo : rosemountns.scoilnet.ie
29
Antoine renvoiaux22.fr
la terre
est ovale
matt giteau
aussie indispensable
xvovalie.com
kiwi connection
lexvnz.com
ZOOM SUR LA POLITIQUE DE
RAJEUNISSEMENT DES ALL BLACKs
lexvnz.com
questions / réponses avec
jeremy de superugbynews
lexvnz.com
LES BALLADES
DE SONNY BILL WILLIAMS
superrugbynews.fr
the sbw galaxy
lexvnz.com
REVUE ITM CUP 2013
LES FAVORIS AU RENDEZ-VOUS
superrugbynews.fr
PUMAS :
UNE ANNÉE SANS VICTOIRE
sudrugby.com
all black pOdium
lexvnz.com
Carter / mc caw : la relève
sudrugby.com
waseda university
rugby football
japonrugby.net
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56
62
Parmi la constellation
toulonnaise, une étoile
scintille bien plus que les
autres en ce début de
saison, il s'agit de celle de
l'Australien Matt Giteau.
Le XV Ovalie lui consacre
donc son focus de la
semaine.
31
matt giteau
aussie indispensable
Arrivée en 2011 au club,
le trois quart-centre polyvalent
est entré tambours battants
dans son avant dernière saison
rouge et noire jusqu' à devenir
indispensable au club Champion
d'Europe.
Adieu le SuperRugby,
adieu les Wallabies...
Nous sommes le 15 février 2011, il est
11h02 et le RCT via son site officialise
l'arrivée de l'australien aux 92 caps
pour une durée de trois ans dont une
optionnelle. Matt doit finir la saison la
saison avec les Brumbies et devrait être
sélectionné chez les Wallabies pour la
Coupe du Monde 2011.
Mais une nouvelle vague émerge en
Australie et Robbie Deans va décider de
surfer dessus optant pour la fougue et la
jeunesse des Quade Cooper, Pat McCabe
et Adam Ashley-Cooper à l'expérience
d'un roublard aux 684 pions au compteur
en sélection.
Du côté de La Rade toulonnaise, Mourad
Boudjellal et son staff accueille la nouvelle
avec émotion puisque prévu pour arriver
après la Coupe du Monde, fin Novembre,
il arriverait plus tôt. Pendant ce temps,
Matt digère mal sa non-sélection et lâche
quelques tweets sévères avant de prendre
l'avion pour la France.
Matt Henjak le
facilitateur
Matt Giteau et sa femme atterrissent un
Samedi 12 Novembre 2011 à l'aéroport de
32
Nice. Son ami "Matty" Henjak est là pour
l'accueillir, lui qui a facilité l'arrivée de
son ami dans le club aux trois boucliers.
Le pied posé sur le sol français, il déclare
à Var-Matin : Je suis content d'être là.
C'est génial. De plus, je suis vraiment
heureux de retrouver mon ami Matty. Il
a joué un rôle important dans ma venue
au RCT.» Un rôle important puisqu'il
hébergera provisoirement la famille
Giteau du côté de Carqueiranne.
Il se montre impatient de débuter, il a
tout fait pour être prêt physiquement.
Avec l'aide de son préparateur chez les
Brumbies, il a travaillé musculation et
physique et arrive à point nommé pour
le RCT.
Pierre-Antoine va le voir
débuter dans le Top14
Le Samedi 26 Novembre 2011, le RCT se
déplace à Pierre-Antoine pour y affronter
le Castres Olympique. On joue la 63ème
minute de jeu, le RCT mène 19-16 et
l'Australien casqué entre en scène et
remplace Mathieu Bastareaud.
Quelques secondes plus tard, il est servi
par Gabi Lovobalavu et laisse déjà admirer
sa technique.
matt giteau
aussie indispensable
Le second
de Wilkinson
Joyeux
loufoque
Matt enchaîne les bonnes performances
sous le maillot rouge et noir comme être
élu homme du match Perpignan-RCT.
La France re(découvre) ses talents de
buteur secondant un Wilkinson défaillant
au pied contre le Racing Métro, 1 pénalité
sur 5 réussie et deux drops manqués.
Ce fameux match où le RCT rentre à la
mi-temps accusant un déficit de 10 points
3-13 et cette conversation dans le vestiaire
entre les deux ouvreurs que nous rapporte
l'australien : « Jonny est simplement
venu me parler et m'a dit : ''si tu te sens
en confiance, prends le but.'' J'ai dit : '
'oui, je me sens bien'' et à la pénalité
suivante, je me suis approché. On a
partagé les responsabilités ». Le RCT
remportera le match 17-13, l'Australien
réussira un presque 100%, 3 pénalités
réussies sur 3 tentatives et une
transformation râtée.
Mais ce qui marque le plus est sa
faculté à s'être rapidement adapté à
son environnement et ses coéquipiers.
Professionnellement son talent n'est
plus à démontré mais c'est surtout hors
terrain que l'on découvre un homme
certes timide mais pas avare d'humour et
disponible pour ses fans.
En Février, il arrachera même les 2 points
du match nul face au Stade Français
au Stade de France (19-19) relevant un
Wilkinson blessé et réussissant une
transformation en coin à la sirène.
Coiffeur du club, il essaye de convertir
l'intégralité du groupe à porter une crête.
Producteur artistique de David Smith, les
supporters se délectent des frasques de
ces deux compères sur Twitter, Instagram
ou Youtube.
Deux finales perdues
Mais le RCT ne remportera pas de titre
cette année là malgré leur très bonne
saison. Ils se hissèrent en finale du
Challenge Européen, battus 18-21 par
le Biarritz Olympique puis en finale du
Top14 battus par les Toulousains 12-19.
Matt Giteau ronge son frein, son dernier
titre remonte à 2004 et une victoire en
SuperRugby, il donne rendez-vous aux
toulonnais la saison suivante.
"Mais pourquoi
partir alors que je suis
bien ici ?"
Début Novembre 2012, Matt rassure
ses supporters. Plusieurs rumeurs
l'annoncèrent chez quelques cadors du
championnat français, anglais et même
un retour en Australie.
Lui, choisit de prolonger jusqu'en 2015.
Dans un entretien accordé au journal
l'Equipe, il explique son choix : «Dans ma
tête j'avais deux options: rester en France
ou retourner en Australie. Je n'ai jamais
pensé tenter ma chance en Angleterre par
exemple. Mais pourquoi partir alors que
je suis bien ici ? J'ai donc choisi la France
et rester en France voulait dire rester à
Toulon. Finalement c'était une décision
assez facile à prendre...Je suis heureux
ici ! Et ma famille est heureuse aussi.
C'est la première des raisons (pour avoir
prolongé). Ensuite, Toulon possède une
grande équipe qui offre de belles chances
de gagner des titres».
L'idole d'Alexis Palisson se donne comme
objectif de gagner tous les matchs. Et le
rouleau compresseur toulonnais débute
Coiffeur du club, il essaye de convertir
l'intégralité du groupe à porter une crête.
Producteur artistique de David Smith,
les supporters se délectent des frasques
de ces deux compères sur Twitter,
Instagram ou Youtube.
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matt giteau
aussie indispensable
J'ai choisi la France
et rester en France
voulait dire rester
à Toulon...
Toulon possède
une grande équipe
qui offre de belles
chances de gagner
des titres.
la saison 2012-2013 revanchard, agacé
par ses deux finales perdues, au point
de finir avec un titre honorifique de
champion d'automne 2012-2013. Sur
fond de retraite éventuelle de Jonny
Wilkinson, beaucoup le voit déjà comme
un successeur au poste. Lui prévient :
"C'est trop dur pour moi de jouer
numéro 10, le centre, ça me va très bien".
L'australien ne souhaite que dépanner
mais pas s'installer définitivement à ce
poste. Mais cette saison est longue et
bien plus dure que la précédente puisque
le RCT dispute la H-Cup.
Champion d'Europe
La deuxième partie de saison du RCT est
impressionnante sur les deux tableaux.
Le club du président Boudjellal sort
premier de la Poule 6 de H-Cup avec
5 victoires et une défaite (à Montpellier).
En quart de finale, il est confronté aux
Leicester Tigers et s'impose 21-15
dans un Mayol stressé puis il déjoue les
pronostics et s'impose à Twickenham,
excusez du peu, face aux Saracens 12-24
en demi-finale. En finale, le RCT défit
Clermont à Dublin. Dominés par les
auvergnats, les Toulonnais grâce à un
essai de Delon Armitage en fin de match
renversent le volcan.
Défaite qui laissera des traces au sein
du club auvergnat. Matt Giteau remporte
ainsi son premier titre européen, 9 ans
après son dernier titre personnel, 21 ans
après le dernier titre du RCT.
Rêve de doublé
Mais l'Australien n'est pas rassasié
pour autant et le RCT exempté de
quart de finale de Top14 rencontre le
Stade Toulousain aux 19 boucliers en
demi-finale à Nantes. Sur l'euphorie
de la Coupe d'Europe mais visiblement
émoussés, le RCT s'impose 24-9 et
rencontrera le Castres Olympique en
finale. Les Tarnais sortent tout auréolés
d'une victoire "surprise" face à Clermont.
La suite, on la connaît, les Toulonnais
échoueront dans leur rêve de doublé
réveillés par un Kockott de grande
basse-cour.
Un retour
en Australie ?
L'Australie malade et terrassée contre
les Lions Britanniques et Irlandais, les
médias rugby brandissent alors le spectre
d'un éventuel retour au pays de Matt
Giteau. Le centre toulonnais a déjà côtoyé
le nouveau sélectionneur australien Ewen
McKenzie et dans une interview accordée
à un journal local, il aurait laissé planer
le doute souhaitant disputer la Coupe
du Monde 2015. Voici un extrait : "J’ai
au moins cette saison à réaliser et je
pourrais peut-être réévaluer mon contrat
ensuite. J’ai un contrat de deux ans ici, je
profite de mon temps ici, ma famille est
heureuse, je suis heureux et j’ai l’occasion
de jouer avec tant de grands joueurs,
donc je suis assez chanceux à cet égard.
Pour moi, maintenant que du temps a
Photo : rctoulon.com, couriermail.com.au, Stu Forster/Getty Images, AAP, Reuters
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passé, cela a été la meilleure des choses.
J’aurais aimé être impliqué dans la Coupe
du Monde 2011. J’aurais fait n’importe
quoi pour être dans l’équipe". Avant de
nuancer trois semaines plus tard dans un
entretien au journal La Provence : "Même
si je le voulais, ce ne serait pas possible
puisque je suis sous contrat avec le RCT
jusqu'au début de l'été 2015".
Le meilleur à venir ?
Cette année, Matt Giteau connaît un
début de saison explosif. Contre Brive
à Mayol, il est titulaire au poste d'ouvreur
et inscrit la bagatelle de 27 points dont
deux essais. Au point de raviver les
flammes du fameux débat entre lui et
Wilkinson. Débat plus que jamais sur le
devant de la scène quant à Biarritz, le
RCT est à la peine, il rentre à la place de
Wilkinson, débloque la situation à la
57ème pour envoyer Mermoz à l'essai
puis à dix minutes de la fin, il franchit
par deux fois la ligne biarrotte dont un
franchissement se traduit par un essai
où il mystifie trois défenseurs. Bilan 13
points au compteur et la victoire en prime.
Une semaine après, il est absent à
Castres et le RCT s'incline 15-22.
Faut-il y voir une relation de cause à effet
? Toujours est-il que l'animation offensive
et les prises de risques ne sont pas les
mêmes en l'absence de l'australien.
Alors après avoir été "Wilko-dépendant",
le club de La Rade est-il devenu
"Giteau-dépendant" ?
Greg xvovalie.com
KIWI
CONNECTION
La filière néo-zélandaise
marche fort pour l’entente « ASM-Leinster »,
dont les passerelles sautent aux yeux.
Jono Gibbes, Joe Schmidt et Vern Cotter cohabitent, se croisent
et continuent leur itinéraire européen, pour l’instant plus que satisfaisant.
Avant de faire partie du staff des Blues, Joe Schmidt était l’adjoint
de Vern Cotter lorsque ce dernier entraînait Bay of Plenty. Jono Gibbes,
le fils spirituel de John Mitchell est lui, un pur produit de Waikato.
Deux provinces qui se touchent et conçoivent un rugby quasi identique.
Tom lexvnz.com
35
coupe du monde 2015 politique
de rajeunissement des all blacks
Depuis l’ère professionnelle, les Coupes
du monde ne cessent de prendre de
l’importance. Le trophée est prestigieux
et les victoires sont capitales pour la
renommée nationale des sélections.
Et même si le Rugby Championship est
bien plus dur à gagner qu’une Coupe
du monde et que la régularité d’obtenir
année après année la 1ère place au
classement IRB est bien plus révélatrice
du niveau d’une équipe, l’objectif majeur
reste la Coupe du monde.
Les sélectionneurs ont donc le devoir
de planifier leur équipe en fonction de
cet objectif, sur des cycles de 4 ans, afin
d’arriver dans les meilleures conditions
pour l’évènement.
Le rugby international ne se joue plus
uniquement sur l’instant. Avoir une vision
à long terme est désormais nécessaire.
Dès lors que les objectifs sont de plus
en plus lointains, le cahier des charges
s’alourdit conséquemment :
Revoir ses plans de jeu et avoir des coups
d’avance
Augmenter son réservoir pour ne pas, en cas de blessure, se retrouver dans l’inconnu
Décider quels cadres sont aptes à
continuer l’aventure pour 4 nouvelles
années
Savoir se séparer de quelques
anciens aux bons moments
Repérer les jeunes joueurs qui méritent
d’être développés et les intégrer
Veiller à conserver de l’expérience, afin
de ne pas affaiblir l’équipe
Installer une concurrence aux postes qui
en ont besoin
Ne pas se précipiter et attendre le bon
moment pour lancer des jeunes
Ne pas se tromper. Chaque erreur fait perdre beaucoup de temps
Ne pas galvauder le maillot en testant abusivement
Maintenir un cap, de la cohérence, de la
continuité
Ne pas attendre qu’il soit trop tard avant d’appeler les joueurs qui le méritent
Savoir comment gérer les départs et
régénérer le groupe sans à-coups. Etc.
Les Coupes du monde mettent donc
fin à 4 années de travail. De nouveaux
entraîneurs sont souvent nommés à cette
occasion.
Certaines équipes décident de changer
« brutalement » de direction tandis
que d’autres optent pour la continuité.
Mais dans tous les cas, toutes doivent
gérer plusieurs départs en retraite et
doivent rajeunir leur effectif en vue de la
prochaine Coupe du monde.
Regardons de plus près selon les mandats
des entraîneurs de l’ère professionnelle,
dans quelles conditions les groupes All
Blacks ont été rajeunis et quelles erreurs
ont parfois été commises :
Mandat de John Hart
(1996 à 1999) :
38 nouveaux All Blacks
Après la Coupe du monde 1995, John Hart
récupère une équipe déjà très au point et
aucun départ ne bouleverse le groupe.
Cependant, il va subir de plein fouet la
perte de joueurs très importants entre les
deux coupes du monde. Joueurs qui ne
36
pouvaient pas être remplacés dans
de bonnes conditions vu le peu de temps
qu’il restait avant l’échéance en 1999 :
Sean Fitzpatrick (128 matches),
Zinzan Brooke (100),
Frank Bunce (69) arrêtent fin 1997.
Olo Brown (69),
Michael Jones (74),
Walter Little (75)
terminent leur carrière en 1998.
Frank Bunce
coupe du monde 2015 politique
de rajeunissement des all blacks
Cette situation n’est, semble-t-il,
pas prête de se reproduire de sitôt.
Dorénavant, il paraît impensable qu’autant
de joueurs de cette trempe décident
d’arrêter ou soient écarter à 1 ou 2 ans
d’une Coupe du monde.
Graham Henry
Comme le confirme ces chiffres, cette
politique de rajeunissement était bien
tardive et trop subie :
9 nouveaux All Blacks en 1996 et
8 en 1997.
Tandis qu’en 1998, à un an de la Coupe
du monde, pas moins de 11 novices sont
testés. Et 10 encore en 1999, l’année où le
groupe est censé être stabilisé.
Mandat de Wayne Smith
(2000 à 2001) :
25 nouveaux All Blacks
Avec le rajeunissement du groupe tardif
de John Hart, Wayne Smith n’enregistre
pas non plus de lourds départs à son
arrivée.
Mais ses choix de joueurs se sont avérés
différents. Il a dû rebâtir un groupe à son
image.
Dans ces conditions, les temps de
préparation ont certainement manqué et
les automatismes n’ont pas été optimisés.
Les changements d’entraîneurs entre les
échéances n’ont que très rarement portés
leurs fruits et les Néo-Zélandais en ont
fait l’amère expérience.
C’est ainsi que 25 nouveaux joueurs sont
devenus All Blacks en 2 ans : 9 en 2000 et
16 en 2001
Les All Blacks sont désormais à la
recherche d’une ligne conductrice forte,
de liens entre les passages de témoin et
de continuité à toute épreuve.
Mandat de John Mitchell
(2002 à 2003) :
23 nouveaux All Blacks
Mandat N°1 de Graham
Henry (2004 à 2007) :
34 nouveaux All Blacks
Sur ce point, John Mitchell n’arrange
rien. A son arrivée, il choisit lui aussi ses
joueurs et le groupe a continué de grossir :
Après le nouvel échec de 2003, Graham
Henry fait de gros efforts au niveau de la
refonte de la sélection afin de la remettre
sur de bons rails. Il découpe son mandat
de 4 ans en deux phases bien distinctes :
16 nouveaux lors de sa prise de fonction
en 2002 puis 7 en 2003.
Ces 4 années ont été totalement
chamboulées au beau milieu des
2 Coupes du monde :
Tout d’abord par des résultats moyens
et un changement d’entraîneur au bout
de deux ans. Et puis, il y a eu beaucoup
trop de joueurs testés en peu de temps.
32 nouveaux joueurs sur les années
charnières de 2001 et 2002 (et 48 en
4 ans).
37
La phase de construction : 79% des appels
de nouveaux capés ont été étalés sur les
deux premières années du mandat : 13
nouveaux All Blacks en 2004 et 14 en 2005.
Une fois ce travail réalisé, le groupe
stabilisé, il incorpore au compte-goutte
et travaille ainsi les automatismes dans
la continuité tant recherchée :
La phase de consolidation : 4 nouveaux
appelés en 2006, 3 seulement en 2007.
Cette politique de rajeunissement établie
est optimale. C’est celle qui réunit le
mieux toutes les chances d’arriver dans
de bonnes conditions à la Coupe du
monde.
Mandat N°2 de Graham
Henry (2008 à 2011) :
38 nouveaux All Blacks
Graham Henry est reconduit malgré la
nouvelle défaite des All Blacks et met
cette fois un point d’honneur à remporter
la Coupe du monde 2011 en NouvelleZélande. Mais avant cela, il doit faire face
à de nombreux départs et doit entamer
une nouvelle phase de construction.
Outre les retraites normales de Doug
Howlett, Reuben Thorne et Anton Oliver,
ce sont surtout les départs anticipés
en Europe de Carl Hayman (28 ans),
Chris Jack (29), Jerry Collins (27), Chris
Masoe (28), Aaron Mauger (27), Luke
McAlister (25) et Nick Evans (27) qui
sont assez « nouveaux » et que le staff
doit gérer immédiatement. Le même
système d’incorporation décroissante est
facilement identifiable :
16 nouveaux All Blacks en 2008, 13
en 2009. Soit 76% des nouveaux venus
concentrés sur les deux premières années
du mandat.
coupe du monde 2015 politique
de rajeunissement des all blacks
Puis, lors de la dernière ligne droite,
une fois son groupe créé: 8 en 2010 et
seulement 1 en 2011.
Les All Blacks remportent la Coupe
du monde 2011 avec leur squad, le plus
expérimenté de leur histoire (1 133
capes).
Mandat de Steve Hansen
(depuis 2012, qui s’achèvera
en 2015): 17 nouveaux All
Blacks (au 09/10/2013)
C’est Steve Hansen qui prend les rênes de
la sélection en s’inscrivant parfaitement
dans la continuité de Graham Henry.
Même si Jerôme Kaino, Brad Thorn et
Sonny-Bill Williams ne sont plus là pour
différentes raisons, Steve Hansen a la
chance d’avoir la majeure partie de ses
cadres qui restent en Nouvelle-Zélande
et souhaitent continuer l’aventure. La
confiance est ainsi maintenue à C.Smith,
McCaw, Mealamu, Hore, Nonu, Carter et
Woodcock (648 tests à eux 7). Des plages
de repos, voire des « années sabbatiques »
sont même aménagées pour optimiser au
mieux leur niveau de forme en vue de 2015.
Le staff sait à quel point l’expérience est
un formidable atout. Cependant, arriver
avec un groupe trop vieux peut également
s’avérer compliquer à gérer.
C’est pourquoi, Steve Hansen a entamé
ses deux premières années de phase de
construction et de rajeunissement de façon
assez sereine. Doucement, mais sûrement.
N° 1112 : Aaron Smith, demi de mêlée,
débute à 23 ans contre l’Irlande le 9 juin
2012. Sa vitesse d’exécution et la qualité
de sa passe permettent aux All Blacks
d’entrer encore plus vite en action.
N° 1113 : Sam Cane, 3ème ligne, débute à
20 ans contre l’Irlande le 16 juin 2012.
Steve Hansen parie sur le flair de ce
jeune et talentueux flanker openside pour
marcher sur les traces de McCaw.
N° 1114 : Luke Romano, 2éme ligne,
débute à 26 ans contre l’Irlande le 23 juin
2012. Joueur qui remplace et assume
le poste laissé par Thorn de façon très
encourageante.
N° 1115 : Beauden Barrett, demi
d’ouverture, débute à 21 ans contre
l’Irlande, le 23 juin 2012. Steve Hansen
choisit de l’incorporer au groupe et
l’intronise numéro 3 au poste de demi
d’ouverture.
N° 1116 : Charlie Faumuina, pilier, débute
à 25 ans contre l’Argentine, le 8 septembre
2012. Il s’installe comme la doublure
officielle d’O.Franks.
N° 1117 : Dane Coles, talonneur, débute
à 25 ans contre l’Ecosse, le 11 novembre
2012. Choisi pour accompagner Hore et
Mealamu, il représente la relève du poste
pour Steve Hansen.
N° 1118 : Tawera Kerr-Barlow, demi de
mêlée, débute à 22 ans contre l’Ecosse, le
11 novembre 2012. Récompensé par ses
bonnes saisons avec les Chiefs.
8 pour l’instant en 2013.
Cette seconde liste permet à Steve
Hansen d’étoffer son groupe, de donner
de l’expérience et d’installer une saine
concurrence :
N° 1119 : Ben Afeaki, pilier, débute à
25 ans contre la France, le 8 juin 2013.
Suite à la blessure de Faumuina, il intègre
le groupe et vient confirmer la bonne
santé du poste primordial de « tighthead ».
N° 1120 : Jeremy Thrush, 2ème ligne,
débute à 28 ans, contre la France, le
15 juin 2013. Suite au départ d’Ali Williams
et les blessures de B.Retallick et Bird, il
fait ses grands débuts.
N° 1121 : Steven Luatua, 3ème ligne,
débute à 22 ans, contre la France, le 22
juin 2013. Révélation de l’année avec les
Blues, il intègre logiquement le squad des
All Blacks se plaçant d’entrée comme un
candidat sérieux.
N° 1122 : Charles Piutau, utility back, débute
à 21 ans, contre la France, le 22 juin 2013.
Pétri de qualité, Steve Hansen décide de
l’intégrer dès maintenant avec les All Blacks.
N° 1123 : Matt Todd, 3ème ligne, débute
à 25 ans, contre la France, le 22 juin
2013. Auteur de grands progrès avec les
Crusaders, il pointe le bout de son nez en
prenant la 3ème place dans la hiérarchie des
« openside ».
9 nouveaux joueurs en 2012. Cette 1ère
salve représente les jeunes joueurs les
plus talentueux, qui tiennent une place
à part dans le dispositif et la stratégie à
long terme de Steve Hansen :
N° 1110 : Brodie Retallick, 2ème ligne,
débute à 21 ans contre l’Irlande le 9 juin
2012. Il impressionne par sa capacité de
déplacement et la largesse de son champ
d’action.
N° 1111 : Julian Savea, ailier, débute à 21
ans contre l’Irlande le 9 juin 2012 et signe
un triplé. En concurrence avec Hosea Gear,
il est désormais le nouvel « ailier-fort »
attitré des All Blacks.
38
Beauden Barrett
coupe du monde 2015 politique
de rajeunissement des all blacks
Steven Luatua
N° 1124 : Ryan Crotty, centre, débute à
24 ans, contre l’Australie, le 17 août 2013.
Suite à des blessures, le staff fait appel
à lui et teste ainsi le réservoir national
aux postes de centres qui pose parfois
question.
N° 1125 : Tom Taylor, demi d’ouverture,
débute à 24 ans, contre l’Australie, le 24
août 2013. Depuis quelques temps dans
l’environnement des All Blacks, il saisit sa
chance suite à une cascade de blessures.
N°1126 : Francis Saili, centre, débute
à 22 ans, le 7 septembre 2013 contre
l'Argentine. Il est le remplaçant attitré
pour occuper le même rôle que Ma’a
Nonu en délicatesse avec sa cheville.
Pour défendre leur titre en 2015, les All
Blacks vont continuer à intégrer des
jeunes.
Les tests de novembre sont une
bonne occasion pour cela, ils partent
exceptionnellement avec un squad élargi.
Photo : junglekey.fr, mirror.co.uk et stuff.co.nz
39
Les joueurs appelés
pour jouer un premier test
avec les All Blacks :
Jeff Toomaga-Allen, pilier, bientôt
23 ans. Excellent avec Wellington en
ITM Cup, il profite de la blessure de
Joe Moody.
TJ Perenara, demi de mêlée, 21 ans.
Jeune joueur à fort tempérament, il ne
devrait pas attendre longtemps pour
honorer sa 1ère cape s’il se remet de
sa blessure.
Luke Whitelock, 3ème ligne, 22 ans.
Petit dernier des frères Whitelock et
capitaine des All Blacks U20 2011,
c’est un jeune joueur polyvalent qui
participe désormais régulièrement
aux entrainements des All Blacks.
Frank Halai, ailier, 25 ans. Auteur
d’une bonne saison avec les Blues,
il est désormais dans les papiers du
staff des All Blacks.
Non réellement appelé dans le
squad, il fait tout de même parti du
training squad pour optimiser son
apprentissage:
Dominic Bird, deuxième ligne, 22 ans.
Choisit par le staff pour rejoindre la «
triplette » S.Whitelock, L.Romano et
B.Retallick. Blessé, il a dû renoncer
aux tests matches de Juin 2013.
Ardie Savea, 3ème ligne, 20 ans..
Capitaine des All Blacks U20 2013,
il fait encore sensation cette année
en tant que flanker openside pour
les Lions de Wellington en ITM Cup.
Tom lexvnz.com
Questions / TOM-LEXVNZ
Réponses / Jérémy-SUPERrUGBYNEWS.fr
Lancé en mai 2012 par Jérémy, Super Rugby News est un site indépendant qui
fournit
l’actualité
duRugby
rugbyNews
de l’Hémisphère
Sud.
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mai quotidienne
2012 par Jérémy,
Super
est un site indépendant
qui 32
fournit
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l’actualité
rugby de l’Hémisphère
Sud.
« J’ai
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déjà 29 ans que
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les rebonds capricieux
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rugby se transmet
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Grand-père,
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! Faut dire,
je n’ai pas trop
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: dans ma
oncles
et
cousins,
ils
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avec
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le
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famille, le ballon de rugby se transmet de génération en génération.
GrandNice.
Quant
à moi, mononcles
goût prononcé
les tous
voyages
m’a
conduit
père,
grand-oncles,
et cousins,pour
ils ont
porté
avec
fiertéàlemaintes
maillot
reprises
véritable
petit goût
bout prononcé
de paradispour
sur la
azur eten
orNouvelle-Zélande,
du RRC Nice. Quant
à moi, mon
lesplanète.
voyages»
m’a conduit à maintes reprises en Nouvelle-Zélande, véritable petit bout de
paradis sur la planète. »
15 questions posées aux fans du rugby néo-zélandais
15 réponses pour vivre ensemble notre passion !
3) Quelle époque et quelle année
as-tu le plus apprécié ?
Un maillot. Pas n’importe quel maillot.
C’est un maillot mystique, empreint de
sueur, de sang et de légendes.
Plusieurs époques m’ont marqué. Mes
premiers souvenirs remontent à la
Coupe du monde 1987, avec les John
Kirwan, David Kirk, Grant Fox et autre
Michael Jones. Je n’avais que 7 ans –
ces souvenirs sont flous. Mais j’éprouve
toujours une certaine nostalgie en y
repensant.
Il y a deux ans, je me suis rendu dans une
galerie où une expo était consacrée au
photographe néo-zélandais Peter Bush.
Ses clichés sont magnifiques et illustrent
bien, je trouve, la puissance de ce maillot,
quels que soient l’époque, le match ou
l’adversaire.
Peter Bush
‘
Ses clichés sont
magnifiques et
illustrent bien, je
trouve, la puissance
de ce maillot...
40
1) Si je te dis « All Blacks », quelle
image te vient immédiatement en tête ?
2) Quel entraîneur néo-zélandais
d’hier ou d’aujourd’hui t’impressionne
le plus ?
J’éprouve beaucoup d’admiration envers
Dave Rennie, le coach des Chiefs, et
ancien coach des NZ U20 et de Manawatu.
Non seulement, les équipes de Rennie
gagnent, mais en plus elles pratiquent
un jeu dynamique, intelligent et varié.
J’espère vraiment le voir un jour à la tête
des All Blacks.
Etant fortement attaché à la région de
Taranaki, je suis également très sensible
au travail qu’a récemment fait Colin
Cooper en ITM Cup.
Autrement, l’équipe que j’ai le plus
appréciée est probablement celle de la
Coupe du monde 1995. Sean Fitzpatrick,
Josh Kronfeld, Zinzan Brooke, Jeff Wilson,
Andrew Mehrtens, Glen Osborne… et
bien sûr Jonah Lomu ! Cette équipe était
magique, peut-être encore plus que
les autres. Les années suivantes sont
belles également, avec l’émergence des
Christian Cullen, Carlos Spencer, Tana
Umaga, etc.
Si je devais donner mon XV ultime,
ce serait celui de 96-97 :
1. Craig DOWD 2. Sean FITZPATRICK
3. Olo BROWN 4. Ian JONES 5. Robin
BROOKE 6. Michael JONES 8. Zinzan
BROOKE 7. Josh KRONFELD 9. Justin
MARSHALL 10. Andrew MEHRTENS 11.
Jonah LOMU 12. Walter LITTLE 13. Frank
BUNCE 14. Jeff WILSON 15. Christian
CULLEN
‘
Questions / TOM-LEXVNZ
Réponses / Jérémy-SUPERRUGBYNEWS.FR
Jonah Lomu
en demi-finale de la
Coupe du monde 1995
face aux Anglais.
Quand il marche sur
Mike Catt, j’ai sorti un
énorme WHAOU !
4. Quel match, quelle victoire et quelle
défaite des All Blacks sont pour toi les
plus inoubliables ?
Le match : sans aucun doute,
le Wallabies – All Blacks de juillet 2000.
Plus jeune, j’enregistrais sur VHS tous
les matchs des All Blacks. Celui-là, je ne
sais pas combien de fois je l’ai revu ! Le
départ canon des All Blacks, la riposte
des Wallabies, le coup de grâce porté
par Jonah Lomu à la dernière seconde…
Je connais le scénario par cœur et me
régale toujours autant devant ce match
absolument sublime !
La victoire : Bien souvent, les victoires
All Blacks procurent un soulagement,
plus que n’importe quel autre sentiment,
dans la mesure où les Néo-Zélandais sont
toujours favoris. Je ne vais pas me faire
des amis en disant ça, mais en termes de
soulagement, la plus belle victoire reste
pour moi celle de la finale de la Coupe
du monde 2011 face aux Bleus.
Le match était moche, mais j’étais
vraiment heureux et soulagé de voir enfin
les All Blacks remporter une Coupe
du monde, pour la première fois depuis
24 ans.
La défaite : chacune des défaites des All
Blacks en Coupe du monde m’a fait mal,
mais celle qui me reste le plus en travers
de la gorge, c’est celle de 2003
en demi-finale face aux Wallabies.
Cette équipe des All Blacks me faisait
rêver, et la voir perdre face à une équipe
41
Jonah Lomu
Dave Gallaher
australienne largement inférieure sur
le papier m’avait bien énervé.
5. Quelle action ou quel geste des
All Blacks t’ont le plus marqué ?
As-tu une anecdote personnelle
à partager ?
C’est un classique, mais je ne peux
m’empêcher de citer le premier essai de
Jonah Lomu en demi-finale de la Coupe
du monde 1995 face aux Anglais. Quand
il marche sur Mike Catt pour inscrire
l’essai, j’ai sorti un énorme « WHAOU » !
On aurait dit une action venue d’une autre
planète.
6. Quelle est pour toi la qualité
principale des All Blacks ?
A quel poste selon toi, les All Blacks
ont une longueur d’avance ?
La qualité principale ? Difficile d’y
répondre. En tout cas, ce qui m’épate,
c’est leur volonté de faire vivre le ballon,
et leur capacité physique, athlétique et
technique à le faire.
A quel poste ils ont une longueur d’avance ?
Je ne sais pas, je dirais peut-être en
troisième ligne côté ouvert. Il existe là-bas
un véritable culte autour du numéro 7.
Les All Blacks ont ainsi le don de sortir,
tous les 10 ans, un joueur qui redéfinit le
poste d’openside flanker. Il y a eu Waka
Nathan, puis Ian Kirkpatrick, Graham
Mourie, Michael Jones, Josh Kronfeld et
Richie McCaw… Sam Cane marquera-t-il
l’histoire comme ses glorieux aînés ?
7. Quel All Blacks aurais-tu aimé
voir évoluer ?
Certainement Dave Gallaher et les
All Blacks de 1905, « The Originals »,
lors de leur tournée en Europe. Une
équipe légendaire qui a remporté 34
de ses 35 matches lors de la tournée !
8. Quel est selon toi le plus grand
All Blacks de l’Histoire ? Quel est ton
« héros d’enfance » ?
Je ne vais parler que des joueurs que
j’ai vu évoluer. Je distingue deux périodes :
l’ère préprofessionnelle et celle
professionnelle.
Pour moi, le plus grand joueur avant le
professionnalisme est Michael Jones.
Depuis, je dirai Richie McCaw.
Mon « héros » d’enfance est plutôt un
héros d’adolescence. En fait, ils sont deux :
Christian Cullen et Carlos Spencer.
9. Quel est le joueur en
Nouvelle-Zélande que tu trouves
le plus sous-coté ?
Peut-être Robbie Fruean.
Ce centre est une merveille – je trouve un
peu injuste qu’il n’ait toujours pas eu la
chance de revêtir, ne serait-ce qu’une fois,
le maillot à la fougère.
Questions / TOM-LEXVNZ
Réponses / Jérémy-SUPERRUGBYNEWS.FR
Je sais que Thierry
Dusautoir est le
genre de joueur que
l’on ne renie pas au
pays du long
nuage blanc.
10. Quel All Blacks
aimerais-tu rencontrer ?
13. Qu’est-ce qui te plaît le plus
chez les All Blacks ?
Quand je résidais à Auckland puis
Christchurch, j’ai pu en rencontrer
quelques-uns, tous accessibles d’ailleurs.
Mais si je pouvais m’entretenir avec un All
Black en particulier, j’aimerais rencontrer
Colin Meads.
J’aime leur conception du rugby.
Il incarne à lui seul toute la grandeur du
rugby néo-zélandais. Même s’il n’est pas
forcément bavard, je suis persuadé qu’il a
plein de belles choses à raconter au sujet
de notre sport.
11. Quel mot utiliserais-tu
pour définir au mieux les All Blacks ?
Excellence.
12. Quel est d’après toi
le principal défaut des All Blacks ?
Question piège ! Avant la Coupe du monde
2011, j’aurais dit une certaine fragilité
mentale lors des grands rendez-vous.
Depuis leur sacre de 2011, ils n’ont
perdu qu’un seul match, alors ce n’est
pas évident de leur trouver des défauts…
Il leur faudra néanmoins trouver un
nouveau patron pour les lignes arrières,
car Dan Carter et Conrad Smith ne sont
pas éternels.
Au fil des années, le jeu évolue et le rugby
pratiqué aujourd’hui ne ressemble plus
du tout au rugby des années 80, encore
moins à celui des années 50. Mais chez
les All Blacks, il y a une constante : la
recherche de solutions par la vitesse, le
soutien, le mouvement.
14. Selon toi, quel joueur
Français actuel aurait sa place
dans le XV des All Blacks ?
Je sais que Thierry Dusautoir est très
respecté en Nouvelle-Zélande.
C’est un guerrier, il est humble,
intelligent, c’est un leader par l’exemple…
Bref, le genre de joueur que l’on ne renie
pas au pays du long nuage blanc. Hormis
lui… ???
15. Quel est selon toi, le jeune joueur
qui deviendra à l’avenir
un grand All Blacks ?
Parmi les jeunes joueurs du squad actuel,
je pense que Steven Luatua va faire
une très grande carrière. Il a toutes les
qualités requises pour devenir l’un des
grands All Blacks.
Photo : Sport24, NiceRugby, espn.co.uk., Stuf.co.nz, espnscrum, Chris Skelton.
42
Sinon, c’est dur de prédire qui deviendra
un grand All Black, mais il y a deux jeunes
joueurs que j’espère voir un jour sous le
maillot All Black : Jason Emery, le centre
de Manawatu et des Highlanders, et Ardie
Savea, le flanker de Wellington et des
Hurricanes. Ces deux-là sont vraiment
pétris de qualités.
Tom lexvnz.com
Les balades de Sonny Bill
jeu, set, et volte-face
Dans le dernier épisode, on vous avait conté les vacances de Sonny Bill avec
ses amis Coops et JOC. C’était fin juillet – une éternité. Car figurez-vous que,
depuis, il s’en est passé, des choses ! Vous allez bientôt tout savoir avec ce
septième épisode des balades de Sonny Bill.
Sonny Bill Williams sous le maillot des Roosters…
il va falloir s’y faire, une saison de plus
La presse française ne s’est guère
préoccupée des escapades gourmandes
de Sonny Bill ces derniers mois, mais
pour ne rien vous cacher, l’insatiable
Kiwi s’est régalé à Sydney ! Avec sa
joyeuse bande de Coqs affamés, tatoués
et bodybuildés – les Roosters comme on
les surnomme sur l’île-continent – il a
enchaîné les matchs comme on avale des
petites bouchées, terminant en tête de
la saison régulière de NRL avec un bilan
flatteur de 18 victoires pour 6 défaites
seulement. Seuls les Rabbitohs, autre
club de Sydney, ont pu suivre le rythme
effréné de Sonny Bill & co.
Qualifiés pour les phases finales, les
Roosters ne comptaient pas s’arrêter
43
en si bon chemin. En administrant une
fessée aux Knights de Newcastle (40 à 14),
les Roosters gagnèrent ainsi le droit de
disputer The Grand Final contre les Sea
Eagles. The Grand Final, c’est le match
ultime, la quête du Graal, le Super Bowl
des joueurs du rugby à XIII.
Quinze mois qu’il attendait ça…
le doux parfum des finales !
Ah, le parfum des finales ! Sonny Bill
adore ça ! Il ne s’en lasserait jamais. Il
joue pour ça. Comme si, soulever des
coupes, c’était sa raison d’être. Il en a
bien laissé traîner deux petites en route
(finale du Challenge européen perdu avec
Toulon face à Cardiff en 2010, finale du
Super Rugby perdue avec les Crusaders
face aux Reds en 2011), mais en temps
normal, Sonny Bill Williams s’arrange
pour se trouver du bon côté : finale de la
NRL (déjà !) remportée avec les Bulldogs
face aux Roosters (tiens, tiens !) en 2004,
finale de la Coupe du monde remportée
avec les All Blacks face aux Bleus en
2011, finale du Super Rugby remportée
avec les Chiefs face aux Sharks en 2012…
Tout ça pour vous dire que cette finale face
aux Sea Eagles, Sonny Bill l’attendait de
pied ferme.
De pied peut-être trop ferme d’ailleurs.
Car Sonny Bill mit un temps fou au démar-
Les balades de Sonny Bill
jeu, set, et volte-face
Au lendemain de la finale, Sonny
Bill déclara à Stephen Kearney, le
sélectionneur des Kiwis (l’équipe
nationale de rugby à XIII), qu’il ne serait
pas disponible pour la Coupe du monde
de rugby à XIII à venir, citant « d’autres
engagements » pour expliquer sa nonparticipation. Signe fort présageant un
retour imminent chez les quinzistes ?
Evidemment !
Kearney annonça sa liste pour la Coupe
du monde à XIII, sans Sonny Bill donc.
Mais avec… Sam Moa et Frank-Paul
Nu’uausala, les « brothers » de Sonny Bill
chez les Roosters. Oh, mais attendez, ces
deux-là ne devaient pas porter le maillot
respectivement du Tonga et du Samoa ?
Non ? Fallait le dire plus tôt alors !
-rage. Comme l’auraient dit ses amis
toulonnais, Sonny Bill commit quelques
belles cagades pour commencer. Un
ballon relâché devant sa ligne, un
plaquage raté, des interventions au ras
timorées… à vrai dire, ça ne pouvait pas
plus mal commencer. A 8-18 en faveur de
Manly, ça sentait le roussi pour nos Coqs,
déplumés avant même que la mi-temps
ne soit sifflée.
la part du plus célèbres des Gladiateurs,
Russell Crowe.
Et puis, la bête s’est réveillée. Au cours
d’une deuxième mi-temps renversante,
notre fameux Kiwi a fait parler sa science
du jeu, son adresse et ses biscoteaux.
Surtout ses biscoteaux d’ailleurs. En
deux actions d’éclat (raffût, accélération,
percussion, passe offload, bref, la « totale
Sonny Bill »), le Dieu du Stade a brisé le
coeur des milliers de supporters venus
encourager leurs courageux Sea Eagles.
Evidemment, Sonny Bill n’était pas tout
seul. Les Jared Waerea-Hargreaves,
James Maloney, Michael Jennings et
autre Shaun Kenny-Dowall ont également
mis du cœur à l’ouvrage, ce dernier y
allant même de sa personne en jouant
quasiment tout le match avec la mâchoire
fracturée (ce qui ne l’empêcha d’inscrire
un essai décisif à la 60e).
En remportant le titre avec les Roosters,
Sonny Bill avait ponctué d’un triomphe
son retour en Rugby League. Cerise sur le
gâteau, le gourmand néo-zélandais était
élu, quelques jours plus tard, « meilleur
Rooster » de l’année 2013 par ses
pairs. Le break était fait, la concurrence
assommée par l’as de la balle ovale. Que
pouvait-il faire de plus ?
Bref. 26-18, score final. Et un nouveau titre
pour Sonny Bill, un ! Une performance
pleine pour Sonny Bill, qui a même
suscité un tweet plein d’admiration de
44
Dans toutes les chaumières de NouvelleZélande (et principalement celles du
Waikato), on s’apprêtait alors à célébrer
le retour de l’enfant prodigue. Sa mission
dans les rangs ennemis étant enfin
accomplie, plus rien ne pouvait entraver le
retour du héros national parmi les siens.
Jeu, set…
et volte-face !
Jeu, set, et volte-face. Vous ne pouvez
pas le deviner, mais j’entends volteface au pluriel (en raison d’une règle
grammaticale française encore plus
tarabiscotée que la carrière sportive de
Sonny Bill, le pluriel de « volte-face »
s’écrit sans « s », bien que le « s » soit
désormais toléré).
Car, oui, des volte-face, il y en a eu deux,
deux d’un coup.
Et puis, on n’allait pas lui refaire le coup,
lui qui avait déjà manqué la Coupe du
monde en 2008 en raison de son transfert
à Toulon ! Alors, 24 heures seulement
après sa déclaration initiale, Sonny Bill
revint sur sa décision. « Comptez-sur moi,
coach Kearney ! » s’écria-t-il. La vie est
tellement simple.
Par contre, vous n’imaginez pas le
ramdam dans la tête de Kearney. Alors
qu’il venait tout juste d’annoncer la
liste des heureux élus, le sélectionneur
national allait devoir dire à un joueur
méritant qu’il devrait laisser sa placer
à Sonny Bill.
Pauvre Tohu Harris. C’est lui qui fut
obligé de céder sa place à Sonny Bill.
Inutile de vous le cacher, le backrower
du Melbourne Storm était dévasté en
apprenant sa mise à l’écart : « comme
vous pouvez l’imaginer, je suis très déçu
de ne pas aller à la Coupe du monde pour
représenter mon pays », a-t-il déclaré,
avant d’ajouter, un brin désespéré :
« j’attendais d’y aller avec beaucoup
d’impatience, cependant je comprends
la décision qui a été prise et j’espère avoir
une autre opportunité de représenter les
Kiwis dans le futur ».
Penaud, Sonny Bill réalisa plus tard la
portée de son revirement. « Je me sens
comme une merde.. », lança-t-il à la
presse. Ben oui, y’a de quoi ! En tout cas,
dans la famille du Treize, ce revirement de
Sonny Bill a fait jaser.
Les balades de Sonny Bill
jeu, set, et volte-face
Un tel comportement, franchement, ce
n’est pas correct. Mais après tout, qu’estce qu’il en a à faire, Sonny Bill, puisque le
Treize, après la Coupe du monde, ce sera
terminé pour lui ?
Eh bien non ! Ce ne sera pas terminé ! On
en vient au second volte-face.
SBW avait laissé entendre qu’il
retournerait chez les Chiefs en 2014. La
presse australienne annonçait même dès
jeudi son transfert chez les Chiefs, après
avoir aperçu Sonny Bill, son agent Khoder
Nasser et des dirigeants de la NZRU
s’échanger des documents lors d’un repas
d’affaires.
Alors que toute la Nouvelle-Zélande
attendait la confirmation officielle de son
retour aux Chiefs pour 2014, la NZRU a
déclaré, dans un communiqué, que Mister
Sonny Bill ne porterait pas le maillot des
Chiefs en 2014, encore moins celui des All
Blacks. La raison ?
Le champion toute catégorie allait prolonger avec les Roosters, pardi !
La confusion
est totale.
Que se passe-t-il avec
notre Sonny Bill ?
Aujourd’hui, dimanche 13 octobre 2013, le
principal intéressé a clarifié la situation
lui-même, expliquant au passage
que le meeting secret de jeudi, c’était
simplement pour discuter de ses plans
pour les trois prochaines années. Voilà,
on sait tout, c’est clair comme de l’eau
de roche ! Enfin, non, on ne sait pas tout
; quels sont ses plans justement ? Petit
tour d’horizon des centres d’intérêt de la
mégastar :
La boxe. Sonny Bill a un titre de champion
de Nouvelle-Zélande à défendre, mais
ce n’est pas pour tout de suite ! SBW
s’accorde un break de trois ans.. Eh oui,
chaque chose en son temps ; Sonny Bill
n’est pas du genre à mélanger divers
projets…
La Rugby League. Ça, lui plaît !
Et puis, y’a une super ambiance chez les
Roosters. Sonny Bill n’est pas un lâche,
il a dit qu’il ne pouvait pas laisser tomber
des potes avec lesquels il venait tout juste
de décrocher un titre ! Il faudra d’ailleurs
qu’il explique ça aux Chiefs, lui qui est
parti dans la foulée du trophée du Super
15 conquis en 2012.
Photo : Getty Images, 3news.co.nz
45
Les Jeux Olympiques : un rêve ! Sonny
Bill souhaiterait représenter la NouvelleZélande à Rio en 2016, avec l’équipe
nationale de rugby à 7. C’est bien, il
a retenu la leçon. Hanté par l’affaire
Tohu Harris, Sonny Bill a compris qu’il
valait mieux qu’il annonce son envie d’y
participer dès maintenant, plutôt que
d’attendre le mois de juillet 2016, une
fois que l’équipe néo-zélandaise aura été
dévoilée…
Et le rugby à XV… on y vient : accrochezvous, Sonny Bill a déclaré qu’il effectuera
son retour chez les quinzistes, et si
possible chez les Chiefs, dès l’année 2015
! Il pourra donc porter le maillot des All
Blacks lors de la Coupe du monde 2015
en Angleterre ! Ce n’est pas une blague !
Enfin, on ne sait pas trop, avec Sonny Bill
on n’est sûr de rien.
Allez, à bientôt pour
de nouvelles aventures !
Jérémy superrugbynews.fr
KIWI
THE "SBW GALAXY"
Sonny-Bill Williams et son agent Khoder Nasser
ont continué de souffler le chaud et le froid
sur la planète rugby.
Après beaucoup d’incertitudes et plusieurs changements de direction controversés,
S-B.Williams a décidé de participer à la Coupe du monde de Rugby à XIII avec les Kiwis
et de re-signer avec les Sydney Roosters pour 2014.
Son retour au Rugby à XV est désormais repoussé à 2015.
Tom lexvnz.com
46
Review ITM Cup 2013
les favoris au rendez-vous
PREMIERSHIP
Voilà, la saison
régulière de ITM Cup
s’est achevée le
week-end dernier ;
on connaît désormais
le tableau des phases
finales dans les deux
divisions (Premiership
et Championship).
Petit retour sur les
évènements marquants
de cette ITM Cup 2013.
Un trio de tête sans surprise
Pour l’équipe de la capitale, tous les
clignotants sont au vert : non seulement,
les Lions finissent la saison régulière
avec un seul revers (lors de la dernière
journée face à Hawke’s Bay), la 2e
meilleure attaque (42 essais marqués) et
la meilleure défense (16 essais encaissés),
mais ils ont enregistré le retour, juste
avant la fin de la saison, de leur arrière
vedette. Seulement, celui-ci a été rappelé
par les All Blacks et pourraient renoncer
par conséquent à la demi-finale à venir
face à Counties-Manukau.
Même sans Jane, la ligne de troisquarts des Lions a fière allure, avec une
paire de centres expérimentée et très
complémentaire (Tim Bateman – Shaun
Treeby) et des jeunes talents aux ailes
(Afa Fa’atau et Joe Hill, auteur de cinq
essais).
Ceci dit, la véritable force de cette équipe
réside dans son paquet d’avants, et plus
précisément dans la troisième-ligne,
avec un casting All Star : Brad Shields
(bien que celui-ci dépanne régulièrement
en seconde-ligne), Victor Vito (obligé de
refaire ses preuves en ITM Cup) et le
47
Après avoir mis la main sur le Ranfurly Shield et assuré le maintien,
Bundee Aki et les Steelers ont déjà rempli leur contrat. De quoi aborder
les playoffs sans la moindre pression !
sensationnel Ardie Savea. Dans le cinq
de devant, c’est pas mal non plus avec le
All Black Jeremy Thrush et le prometteur
pilier Jeffery Toomaga-Allen, champion du
monde junior en 2010.
Bleyendaal a confirmé son potentiel,
tandis que le très jeune Richie Mo’unga
(19 ans) a démontré toute l’étendue de son
talent lors de ses quelques apparitions en
équipe première.
Wellington ne dispose pas de la meilleure
attaque, car cet honneur revient à
Canterbury. Fidèle eux-mêmes, les
rouge-et-noirs ont produit du jeu
(beaucoup même, puisqu’ils détiennent
la meilleure attaque avec 48 essais
marqués) et ont accumulé les victoires
(huit au final) afin d’être bien placés pour
cette dernière ligne droite. Habitués à
évoluer sans leur pléiade d’internationaux,
Canterbury s’est tout de même reposé
sur des joueurs habitués aux joutes du
Super Rugby.
Parmi les joueurs qui ont brillé, on
relèvera aussi les noms de des ailiers
Milford Keresoma, transfuge d’Auckland
(meilleur marqueur d’essais avec
8 réalisations) et Patrick Osborne, déjà
connu des connaisseurs du Super 15
(5 essais). A l’arrière, le doué Johnny
McNicholl s’est bien remis de sa blessure
contractée en début de Super Rugby et
pourrait être l’un des joueurs clés de ces
phases finales.
En effet, de nombreux Crusaders
composent l’ossature de l’équipe :
le pilier Joe Moody, le talonneur Cory
Flynn (blessé au cou, celui-ci est forfait
pour la demi-finale), les troisième ligne
George et Luke Whitelock, le demi de
mêlée Andy Ellis, le centre Ryan Crotty,
etc.). Traditionnelle fabrique à numéros
10, Canterbury nous a encore sorti une
très bonne cuvée cette année : Tyler
Troisième de la saison régulière avec
7 victoires pour 3 défaites, Auckland
a réalisé une saison très solide. Comme
bien souvent, ce sont les jeunes talents
locaux qui ont fait tourner la machine,
à l’image du seconde-ligne Patrick
Tuipulotu (20 ans), du numéro 8 Joe
Edwards (20 ans), de l’ouvreur Simon
Hickey (19 ans, 113 points), du centre
Malakai Fekitoa (21 ans), de l’ailier George
Moala (22 ans, 5 essais) et de l’arrière
Lolagi Visinia (20 ans, 6 essais).
Review ITM Cup 2013
les favoris au rendez-vous
Il faut reconnaître que tous ces jeunes
étaient bien encadrés, avec le taloneur
Tom McCartney, les troisième-lignes Luke
Braid et Peter Saili ou encore le centre
Hadleigh Parkes, tous auteurs d’une
saison pleine.
Le Ranfurly pour
la bande à Tana…
en attendant plus ?
Ces trois provinces seront accompagnées
dans le dernier carré par CountiesManukau. L’équipe entraînée par Tana
Umaga, promue en Premiership cette
année, n’a pas raté ses débuts dans l’élite.
Portés par une ligne de trois-quarts
explosive comprenant de nombreux
joueurs révélée au club l’an dernier et
aguerris par une saison en Super 15 (les
centres Bundee Aki et Rey Lee-Lo, l’ailier
Frank Halai, l’ouvreur Baden Kerr, etc.),
les Steelers terminent à une prometteuse
4e place. La ligne de trois-quarts ne fait
pas tout : Counties-Manukau dispose
d’imposants perce-murailles devant,
tels que Jimmy Tupou (seconde-ligne)
ou Fritz Lee (numéro 8). Le demi de
mêlée Augustin Pulu y est également
pour beaucoup dans la réussite de cette
province.
Non contents de participer à la fête
des phases finales, les Steelers se sont
également payés le luxe de s’emparer
du Ranfurly Shield grâce à leur victoire
sur Hawke’s Bay le 7 septembre dernier.
Un trophée qu’ils conservent toujours,
après avoir repoussé plusieurs challenges
successifs.
Barlow…). Mais cela n’explique pas tout,
car cette configuration occure chaque
année.
Une année à vite oublier pour les
Mooloos – même le Ranfurly Shield, qu’ils
détenaient depuis l’an dernier, leur a
glissé des doigts dès la seconde journée
(défaite à domicile face à Otago, 19-26).
Derrière, on retrouve deux équipes qui ont
fortement déçus cette année : Waikato et
Taranaki.
Pour Taranaki, la déception est grande
également. Demi-finalistes en 2011
2012, l’équipe de Colin Cooper a calé
cette année, incapables de trouver des
solutions en attaque (seulement 14 essais
marqués en 10 rencontres). Certes,
l’absence de l’ouvreur Beauden Barrett,
retenu avec les All Blacks, explique en
partie ce manque d’insipration, mais
Taranaki attendait probablement plus
de la part des talentueux Andre Taylor
et Kurt Baker.
Bien que cette équipe soit le principal
fournisseur des Chiefs, vainqueurs des
deux dernières éditions du Super 15,
Waikato a dû composer sans ses vedettes,
mises logiquement à la disposition des
All Blacks lors du Rugby Championship
(Aaron Cruden, Liam Messam, Brodie
Retallick, Sam Cane, Tawera Kerr-
Les Steamers de la Bay of Plenty ferment
logiquement la marche et sont donc
relégués dans la division Championship.
Maintenus in-extremis dans l’élite la
saison passée, les Steamers de Tanerau
Latimer n’ont pas fait le poids cette
année et terminent avec 1 victoire pour
9 défaites.
Waikato et Taranaki
dans les choux
championship
On ne sait pas encore quelle équipe
remplacera les Steamers en Premiership :
la place reviendra au vainqueur des
playoffs. Quatre équipes sont vont donc se
disputer une place dans l’élite : Tasman,
Otago, Hawke’s Bay et Southland.
48
Emmenés par un Ihaia West capable de faire basculer un match sur un coup d'éclat,
les Magpies pourront-ils remporter le Championship, synonyme d'accession en
première division ?
Review ITM Cup 2013
les favoris au rendez-vous
Otago team
du recrutement pour regoûter à l’élite
du rugby néo-zélandais.
Les recrues phares, parmi lesquelles
Max Lahiff (pilier), Alby Mathewson (demi
de mêlée) ou encore Telusa Veainu (ailier),
ont rapidement apporté une véritable
plus-value à l’équipe.
Tasman,
la bête à abattre
Otago et Hawke’s Bay
à l’affût
Meilleure attaque et meilleure défense
de la division, Tasman est l’équipe à battre.
Mais attention, Otago et Hawke’s Bay
n’ont pas dit leur dernier mot !
Si c’est le collectif qui constitue la
principale force de cette surprenante
formation, les individualités ont su tirer
leur épingle du jeu : l’exemplaire capitaine
Shane Christie a décroché un contrat
pour évoluer aux Highlanders en 2014,
l’excellent demi d’ouverture Marty Banks
(3e meilleur réalisateur de la compétition
avec 130 points) a signé en faveur des
Hurricanes, tandis que les jeunes Liam
Squire (flanker, 21 ans) et James Lowe
(ailier, 21 ans, 3e meilleur marqueur
d’essais avec 6 réalisations) ont tous
deux été recrutés par les Chiefs.
Finalistes malheureux en 2012, Otago
est reparti à la charge cette année avec
un groupe peu changé. Une stabilité qui
porte ses fruits : 6 victoires pour
4 défaites en 2013 et une seconde place
au classement final.
Et puisque l’on parle des individualités
de cette équipe, il ne faut pas oublier
Tom Marshall, l’un des maillons
essentiels des Makos. En manque de
temps de jeu avec les Crusaders, ce
trois-quarts aussi doué que polyvalent
poursuivra sa carrière chez les Chiefs
l’an prochain.
En finissant la saison
régulière sur deux cartons (64-28 face
à Waikato et 57-14 face à Manawatu),
Tasman est clairement le favori pour la
montée.
49
Le pack est toujours aussi dynamique
(un pack où s’illustrent, entre autres,
le talonneur Liam Coltman et le flanker
TJ Ioane) et la ligne de trois-quarts encore
plus talentueuse que l’an passé peut-être
(Tony Ensor et Jayden Spence ont gagné
en expérience, tandis que le jeune centre
Michael Collins s’est révélé).
Menés de mains de maître par une
remarquable charnière Fumiaki Tanaka
– Hayden Parker (celui-ci est au passage
le meilleur réalisateur de toute la
compétition), les Razorbacks ont les
atouts pour renverser n’importe quelle
équipe. Hawke’s Bay a également de
sacrés arguments à faire valoir.
Retombés en seconde division après
une saison en Premiership, les
Magpies ont mis le paquet au niveau
A noter que ce dernier, un ancien
de Canterbury, finit la compétition
en seconde position au classement
des meileurs marqueurs d’essais (7
réalisations).
D’autres nouveaux venus sont arrivés
à Napier sur la pointe des pieds, mais
ont également beaucoup apporté :
c’est le cas du seconde-ligne Mark
Abbott, qui s’est fait remarquer par les
Hurricanes, et de notre petit Frenchy
Régis Lespinas. Alors, certes, Lespinas
n’a que très peu joué, mais on imagine
que son expérience et son savoir-faire
ne sont pas étrangers au développement
soudain de Ihaia West.
Il faut bien le dire, West, c’est la perle de
Napier, celui qui porte désormais tous les
espoirs de la région. Deuxième meilleur
réalisateur de la ITM Cup avec 140
points (dont cinq essais !), le jeune demi
d’ouverture de 21 ans semble promis à
une très belle carrière – on l’imagine mal
ne pas trouver un contrat pour le Super
Rugby 2014.
Outre West, d’autres talents du cru ont
tiré l’équipe vers le haut, tels que Zac
Guildford (5 essais), revenu en grâce après
ses déboires du début de saison ou encore
du centre Richard Buckman, auteur d’une
énorme saison.
Review ITM Cup 2013
les favoris au rendez-vous
Southland qualifié…
par défaut
Qui voulait la quatrième place ? On ne
s’est pas bousculé pour l’avoir – à vrai dire,
on a l’impression que Southland a hérité
de cette place par défaut – aucune autre
équipe n’étant en mesure de prétendre
aux playoffs. Qualifié pour le dernier carré
malgré un bilan négatif (4 victoires pour
6 défaites), le Southland aura du mal
à bouleverser la hiérarchie dans cette
division Championship.
Les coéquipiers de Jamie Mackintosh
(futur joueur des Chiefs) ont tout de même
des joueurs talentueux dans leurs rangs,
à commencer par le puissant centre
Cardiff Vaega, dont les performances à ce
niveau lui ont ouvert les portes du Super
Rugby pour 2014 (il portera le maillot des
Hurricanes). Mais, pour réaliser l’exploit en
playoffs, il faudrait que Robbie Robinson
retrouve enfin son flair en attaque, et
que le jeu au pied de Scott Eade et Marty
Mckenzie soit d’une précision remarquable.
5e de la division Championship, les Turbos
du Manawatu ont manqué la qualification
de peu. Ça s’est joué pour deux petits
points seulement – les Stags du Southland
comptant un point de bonus offensif et
un point de bonus défensif en plus. Pour
espérer viser plus haut, les Turbos ont tout
intérêt à revoir leur défense – ils pointent
à la dernière place dans ce secteur (44
essais et 340 points encaissés en 10
matchs).
Avant-derniers, les Taniwhas du Northland
peuvent nourrir quelques regrets. Cette
saison 2013 n’a pas été à la hauteur de
leurs espérances – Rene Ranger rêvait
probablement d’une meilleure sortie.
L’association tant attendue entre Ranger
et Caucaunibuca n’a été efficace que par
intermittence (19 essais inscrits seulement
par l’attaque du Northland), et les
Taniwhas ont donc principalement dû s’en
remettre à leurs deux buteurs inconstants,
Ben Seymour et Daniel Hawkins, pour
alimenter le tableau d’affichage.
Enfin, le bonnet d’âne revient à North
Harbour. Une victoire, un nul et huit
défaites pour l’équipe de Francis Saili. Une
année très décevante pour cette province
qui dispose d’un vivier impressionnant (tant
en quantité qu’en qualité) dans lequel elle
peut puiser. Vivement l’année prochaine
pour eux.
résultats des phases-finales de la ITM Cup 2013
Premiership
Wellington
Counties-Manukau
41
10
wellington
canterbury
auckland
13 i 29
56
26
Canterbury
Championship
tasman
southland
49
28
Tasman
otago
Hawke’s Bay
26 i 25
Hawke’s Bay
Photo : Anthony Au-Yeung & Rob Jefferies/Getty Images AsiaPac, forsythbarrstadium.co.nz
50
24
29
Jérémy superrugbynews.fr
pumas Encore une année
sans victoire pour les Argentins.
A la différence de l’édition 2012 qui nous avait laissé plein d’espoirs pour la suite, cette année un gout amer reste en bouche.
Outre un premier match catastrophique face à des Sud-Africains stratosphériques, qui nous ont remis les Argentins à leur place,
c’est ce dernier match qui fait mal. A Rosario, face à des Australiens dans le doute, l’entraîneur des Pumas,
Santiago Phelan avait bien fait comprendre que la première victoire était proche, mais a-t-il suffisamment motivé son équipe?
Car au final nous avons vu des Argentins dépassé par l’enjeu et complètement à côté de la plaque, résultant sur une nouvelle
raclée. Alors non, ça ne sera pas pour cette année que les Pumas fêteront leur première victoire, mais comme on dit par ici :
De esperanza vive el hombre
L’avant Rugby
Championship 2013
Remontons un peu le temps avant ce
fameux Rugby Championship 2013 et
arrêtons-nous à la tournée de juin.
Les All Blacks mataient la France, les
Springboks remportaient leur « South
African Quadrangular Tournament »,
et les Wallabies étaient battus par K.O
lors du dernier match par des Lions
Britanniques & Irlandais rugissant. Peu
de personnes aurons fait attention à ce qui
se passait en Argentine.
joueurs, il a bien fallu reposer les cadres.
Pas de Juan Martin Fernandez-Lobbe,
Patricio Albacete, Juan Imhoff ou de Juan
Martin Hernandez à l’horizon. On y voit
une équipe relativement jeune (26 ans
de moyenne) avec notamment les débuts
de Benjamin Urdapilleta qui a vécu une
saison de rêve avec Oyonnax.
Celle-ci recevait une équipe d’Angleterre
fortement remaniée à cause de la tournée
des Lions, qui va permettre de voir des
joueurs comme Freddie Burns, Marland
Yarde, Christian Wade ou Matt Kvesic.
Au final, nous avons pu assister à une
prestation impressionnante de la jeune
garde anglaise, avec deux victoires 3 – 32
et 26 – 51. Que retenir de ces match,
si ce n’est que les joueurs ont eu du mal
à se trouver et qui comme une équipe
des Barbarians, éprouve des difficultés
à construire du jeu. Même avec Felipe
Contepomi, l’absence d’un réel leader tel
Agustin Pichot ou JM Fernandez-Lobbe
s’est faite sentir.
Du côté sud-américain, c’est l’occasion
de rassembler ses joueurs et ainsi de
forger une véritable équipe pour le Rugby
Championship. Mais avec un Top14
éprouvant pour un grand nombre de
De plus avec l’application des nouvelles
règles en mêlée fermée, la spécialité
argentine, à savoir la « bajadita »,
n’est plus possible. Le pack a donc été
fortement chahuté lors cette tournée
51
avec plusieurs essais de pénalité en
conséquence. Enfin, un thème assez
récurrent chez les Argentins, la défense
parfois laxiste de certains, ce qui peut
expliquer les 13 essais encaissés en
2 matchs.
Ce n’est donc pas très encourageant
pour le tournoi qui suit, mais au moins
on peut estimer que l’équipe est en
construction et que les automatismes
vont se faire. Mais Phelan a réfléchi
autrement, et ne gardera que 5 joueurs
ayant participé à cette série de juin :
Landajo et Cubelli : les 2 demi de
mêlées en concurrence avec avantage
pour le premier.
Farias et Galarza : Le premier sera
finalement repositionné en seconde ligne,
comme le second. Ils restent néanmoins
derrière Albacete et Carizza.
Contepomi : Pour sa dernière année, il va
pouvoir apporter toute son expérience et
son envie aux jeunes des lignes arrières
pumas Encore une année
sans victoire pour les Argentins.
le Rugby Championship 2013
L’année dernière pour leur premier
tournoi, les Pumas avaient été
prometteurs. Deux défaites de justesse
face aux Wallabies, un nul à domicile face
aux Springboks et 60 bonnes minutes
face aux All Blacks à l’extérieur (il faut se
contenter de ce que l’on a!).
L’objectif de Phelan (qui est assisté par
le coach champion du monde Graham
Henry) est de remporter une première
victoire et surtout de monter un groupe
solide dans l’optique de la Coupe du
Monde 2015. Au final les Argentins auront
largement perdu chez les Sud-Africains
(73 – 13) suivi d’un match serré (17 – 22).
Face au futur champion Néo-Zélandais,
deux nouvelles défaites (28 – 13 et 15 – 33)
et enfin une courte de défaite chez les
Australiens (14-13) et une raclée pour
finir ce tournoi (17 – 56). Les Argentins
finissent donc dernier avec 2 points
de bonus défensif. Ils auront encaissé
26 essais (et un total de 266 points) et
seulement 7 marqués (total 88 points). Au
niveau des statistiques individuelles, Juan
Manuel Leguizamon termine meilleure
marqueur argentin avec 3 essais, et
Nicolas Sanchez décroche le prix du
plus gros plaqueur du tournoi ! Outre ces
statistiques, quels ont été les satisfactions/déception de ce tournoi 2013 ?
Un des gros points fort des Argentins aura
52
été la mêlée. Même si le premier match
fut brouillon à ce niveau-là (à tous les
niveaux à vrai dire) le reste du temps les
Pumas ont été dominateurs. Deuxième
meilleure équipe dans cette phase de
jeu (76% de réussite, derrière les 100%
des Sud-Africains et respectivement
74% et 62% pour les Néo-Zélandais et
les Australiens), elle doit beaucoup à ses
deux piliers Figallo et Ayerza, qui furent
nommés par plusieurs sites, meilleurs
piliers du tournoi. L’exemple type sera
le match face aux All Blacks, où Ayerza
châtia Franks qui sera sorti à la mitemps. Les nouvelles règles ont donc été
bien assimilées par les Argentins, et la
puissance du pack est bien de retour.
les Argentins, il montre à tous que même
en Pro D2 il garde le niveau. Enfin dernier
avant cité, Albacete a été blessé dès le
premier match, mais même s’il n’était pas
à 100% à son retour, il a montré toutes les
qualités nécessaires d’une bon 2e ligne,
et formera à Toulouse un duo du tonnerre
avec Tekori. Son retour a fait du bien
au niveau des touches, point faible des
argentins. Contepomi, aura une mention
spéciale en cette fin d’article. Il ne faut
pas oublier l’ancien-biarrot, nouveau
Sarries, Marcelo Bosch, qui a été très bon
au poste de second centre. Très présent
en défense, il a été incisif en défense,
parmi une équipe qui se cherche encore
au niveau du style.
Sinon que dire des « vieux » de cette
équipe. Malgré la barre des 30 ans
passés, Fernandez-Lobbe, Leguizamon,
Albacete et même Contepomi, ont montré
qu’il fallait toujours compter sur eux au
niveau international ! Parlons du joueur
clé du pack, JMFL, habitué au poste
d’openside flanker, il a été repositionné de
l’autre côté suite aux bonnes prestations
de Pablo Matera, dont nous parlerons plus
tard. Moins sous le feu des projecteurs,
il a néanmoins abattu un travail énorme.
JL, lui repositionné au poste de 3e
ligne centre après la suspension de
Senatore, a montré toutes ses qualités
athlétiques. Guerrier increvable, auteur de
nombreuses percées, et de 3 essais pour
Place aux jeunes maintenant ! La
révélation côté Pumas cette année aura
été sans conteste Pablo Matera. Ancien
participant du World7Series, il évoluait
il y a encore peu sous les couleurs du
club d’Alumni et des Pampas XV. Installé
par Phelan au poste de numéro 6, avec
l’absence de JMFL lors des premier
matchs, ses prestations vont lui permettre
de garder ce maillot jusqu’à la fin du
tournoi en forçant JMFL à changer de
numéro. Ce Rugby Championship lui a
même permit de décrocher un contrat
chez les champions en titre Anglais,
Leicester Tigers, afin de palier à l’absence
de l‘excellent Tom Croft. A seulement 20
ans, il est l’un des espoirs à son poste !
pumas Encore une année
sans victoire pour les Argentins.
Ensuite Santiago Phelan étant parti avec
un seul demi d’ouverture, à savoir Nicolas
Sanchez, ce dernier avait fort à prouver.
Privilégiant les passes, nous pouvons
enfin oublier le style « kick&chase »,
néanmoins le style reste encore à définir.
Le bordeaux-béglais a donc eu l’occasion
de s’installer à ce poste et de prendre
du temps de jeu (il forme d’ailleurs avec
Israel Folau, Conrad Smith et Eben
Etzebeth le groupe des joueurs ayant
joué toutes les minutes du tournoi).
Malheureusement son dernier match
aura révélé des lacunes défensives lors
des matchs à pression. Pour l’avenir il va
former avec Landajo la future charnière
des Pumas pour 2015, tout en gardant
un œil sur le jeune Patricio Fernandez,
meilleur marqueur de la dernière coupe
du monde junior.
Tout comme la mêlée fut le point fort des
Argentins lors de ce Rugby Championship,
la touche en fut le point faible. Outre
l’absence de Fernandez-Lobbe, sauteur
émérite, lors des premiers matchs,
c’est surtout au niveau du lancer que le
bât blesse. Solide en mêlée, Guiñazu et
Creevy ont fourni des prestations très
moyennes à ce niveau-là. 76% de réussite,
ce n’est clairement pas acceptable
lorsque l’on affronte les meilleures
équipes du monde.
Le premier cité, titulaire la majeure partie
du tournoi, ne fut pas un exemple à suivre.
Prenons par exemple le premier face
aux All Blacks à Hamilton (NZL). En plus
d’écoper d’un carton jaune, sur 16 lancés
53
pas moins de 6 ont été récupéré par les
hommes en noirs. Il va donc falloir revoir
rapidement les bases car sans ce point
d’ancrage dans le camp adverse, il est
quasi-impossible de s’en sortir.
Autre problème récurrent chez les
Argentins est la défense. On les sait
capable de mettre les barbelés et de tenir
en défense, mais cela demande bien trop
d’énergies pour une équipe qui a du mal
à boucler ses matchs. Lors des deux
défaites écrasantes face aux Sud-Africains
et aux Australiens, le pourcentage de
plaquage réussi atteint péniblement les
70-75%.
En comparaison, lors des matchs où les
Pumas ont pu sortir la tête de l’eau (face
à ces mêmes équipes) le ratio monte à
90%. Il y a une certaine amélioration par
rapport à l’année dernière, quand on voit
par exemple l’acharnement de Bosch
ou Sanchez au plaquage, néanmoins
les problèmes en attaque ne peuvent
pas encore compenser les quelques
errements défensifs. N’oublions pas
aussi que si l’on souhaite défendre, il
faut le faire bien, car avec en moyenne 9
pénalités/match donné à l’adversaire, cela
risque de poser problème.
La preuve face aux Sud Africains où les
pénalités offertes à Steyn leurs ont permis
de gagner. Les Argentins n’avaient pas
besoin d’autant d’indiscipline, comme
les cartons à répétition qui finiront même
avec une suspension pour Senatore dès
le second match et enfin une autre pour
Landajo en fin de tournoi.
Enfin le joueur qui m’aura le plus déçu
est définitivement Juan Martin Hernandez.
El Mago n’était clairement pas présent
durant ce Rugby Championship. Depuis
2007, les blessures s’enchaînent et
Hernandez n’arrive clairement pas à
retrouver son niveau. Le facteur X des
Pumas n’aura pu sortir les griffes,
malgré l’insistance de Phelan pour le
laisser au poste d’arrière. Ce qui par
ailleurs n’a pas permis au jeune Joaquin
Tuculet de montrer toute l’étendue de
son talent.
Les prochaines échéances
Que dire sinon que pour l’année
prochaine, une victoire des Pumas serait
la bienvenue, mais avec des All Blacks
intouchables, des Sud-Africains qui ont
enfin retrouvé la dynamique d’antan et
un groupe Australien jeune qui se forme
rapidement, cela semble bien compliqué.
Un destin similaire à l’Italie dans son
entrée dans les 6 Nations ? Fort probable.
La prochaine échéance reste néanmoins
la tournée d’automne, où les Argentins
affronteront l’Angleterre, le Pays de
Galles et l’Italie. Une tournée difficile,
en espérant y voir des améliorations. A
noter qu’en ce moment même la jeune
garde des Pumas, les Jaguars, ont
remporté l’American Championship, avec
trois victoires sur le Canada, les EtatsUnis et l’Uruguay. Des joueurs comme
Patricio Fernandez (10), Sebastian Poet
(Centre), Joaquin Tuculet (15) se sont fait
remarquer et devrait incessamment sous
pumas Encore une année
sans victoire pour les Argentins.
peu rejoindre le groupe des Pumas.
Enfin dernière bonne nouvelle, les joueurs
Argentins ont de nouveau la cote! Après
les ruptures de contrat pour Amorosino
ou Santi Fernandez, le destin des
Argentins dans le championnat européen
semblait s’assombrir. Mais les bonnes
prestations durant ce TRC auront permis
à certain de signer des contrats. Comme
dit précédemment, Matera va rejoindre
les Leicester Tigers, Amorosino va chez
le promu Oyonnax, Santi Fernandez
s’est trouvé une place dans l’équipe de
Bayonne, et le trio Creevy, Galarza et
Senatore, rejoint Ignacio Mieres chez les
Worcester Warriors.
A noter aussi le CDD de 3 mois signé
par Tomas Leonardi chez les écossais
d’Edimbourg. En espérant que cela
permettra à ces joueurs d’emmagasiner
du temps de jeu, et de voir un jour arriver
une équipe Argentine en Super Rugby. Un
Super Rugby que Matias Diaz va découvrir
sous les couleurs des Highlanders et
probablement Tomas Lavanini avec les
Chiefs!
Suite à la révélation dans les journaux de
dissensions au sein des Pumas (joueurs
+ staff) dans le quotidien « la Nacion »,
Santiago Phelan, ainsi que 3 membres
de son staff, ont décidé de remettre
leurs démissions à l’UAR. L’information
remontée par le quotidien argentin,
fait part notamment de la présence de
divisions au sein des joueurs. Des groupes
se sont formés semble-t-il autour du
capitaine JM Fernandez-Lobbe, qui
soutient Phelan et Pichot, un autre avec
le seconde ligne Patricio Albacete, qui lui
soutient plutôt Ignacio Fernandez-Lobbe,
et enfin les jeunes joueurs un peu à la
marge. Enfin des discutions houleuses
ont eu lieu au sein du staff, sur le cas
Contepomi entre autre.
Santiago Phelan a alors déclaré lors de
la conférence de presse, tenue suite à sa
démission, que « [sa] décision était basé
sur le fait que des informations privés
concernant le groupe ont été rendus
publiques, impliquant aussi les membres
du staff, cela engendrant un climat
malsain.
Ces publications sont un manque de
respect envers l’ensemble de l’équipe ».
Photo : footballfashion.org, Getty
54
Les membres de l’UAR, tels que Agustin
Pichot ou Luis Castillo, ont tous soutenu
l’ancien entraîneur. JMFL a quant à lui,
envoyé un courrier aux journalistes pour
faire part de son mécontentement sur
la divulgation d’informations privées, et
que pour lui il s’agissait d’un manque de
respect envers les joueurs, le staff et le
rugby argentin.
L’UAR a nommé Daniel Hourcade, actuel
coach des Pampas XV, comme futur
entraineur des Pumas.
Mention
Spéciale
Comment ne pas terminer un article sur l’équipe Argentine de 2013 en
parlant de ce grand joueur qu’aura été Felipe « El Mellizo » Contepomi. Bien
qu’alternant les hauts et les bas lors de ce tournoi, il terminera néanmoins
avec 20 points marqués, dont 1 essai, et un record de 87 sélections.
Contepomi c’est d’abord une carrière
énorme. A 36 ans, il cumule 4 coupes
du monde, dont celle de 2007 qui
restera à jamais dans les mémoires du
peuple Argentin. Il a tout donné pour
son pays, comme en témoigne donc ses
87 sélections et ses 651 points.
Mais outre une carrière internationale
bien remplie, c’est aussi en club qu’il a
montré ses qualités. Après dès début
à Bristol en Angleterre, c’est chez
les Irlandais du Leinster qu’il va se
démarquer. Grace à lui le Leinster va
remporter la HCup en 2005-2006 ainsi
que la Celtic League. Mais avec l’arrivée
du jeune Sexton, il va finir par faire ses
valises et rejoindre respectivement
le RC Toulon puis le Stade Français.
Certains se souviendront de lui comme
étant le joueur qui marqua un drop
alors que le Stade Français était mené
de 6 points, mais il fut aussi l’homme
de coup d’éclat, et était toujours prêt
à donner des conseils aux jeunes loups
qu’il a pu rencontrer.
C’est donc cette année qu’il décide
de mettre un terme à sa carrière
internationale, mais pas au rugby.
Il a en effet retrouvé son club formateur
de Newman, avec lequel il va participer
à l’URBA Top 14. Ce chirurgien de
36 ans a donc été le fer de lance
du renouveau du rugby argentin, et
continuera surement à aider ce dernier
à progresser comme le font d’anciens
joueurs tel qu’Agustin Pichot.
« Me considero un afortunado, soy
un agradecido por lo que el rugby y
la vida me dieron, y sobre todo por la
possibilidad de haber jugado con los
mejores jugadores de toda la historia
del seleccionado de rugby argentino »
– Je me considère comme une
personne chanceuse, je ne remercierai
jamais assez le rugby et la vie pour
ce qu’ils m’ont donné,
et surtout pour avoir eu la chance
de jouer avec les meilleurs joueurs
de toute l’histoire du rugby argentin.
Mathias sudrugby.com
movember 2012
ALL BLACKS PODIUM
Les All Blacks ont répondu présents à l’appel
de « Movember » l’année dernière.
Sam Whitelock et Richie McCaw ont fait bonne figure mais se sont contentés
des moustaches d’argent et de bronze, devant un Conrad Smith irrésistible.
Aujourd’hui en congés sabbatique, Conrad Smith ne peut défendre son titre.
Y’aura-t-il un nouveau Moustache d’Or en 2013 ?
A suivre
Tom lexvnz.com
55
Mc Caw & Carter la relève arrive
56
McCaw & Carter
la relève arrive
Richie McCaw et Dan Carter sont deux des plus grands All Blacks de tous les temps. L’un son
capitaine emblématique : celui qui a remporté le plus de victoires en tant que capitaine avec les
Blacks, chose qui s’applique d’ailleurs au rugby en général. l’autre, son meilleur réalisateur
(1411 points à ce jour, série en cours). Ce sont tous deux des références mondiales à leur poste
respectif et des modèles pour les générations à suivre.
Ce sont clairement les deux All Blacks qui
ont le plus marqué la dernière décennie,
mieux, l’ère professionnelle à elle seule.
Demandez à un passant dans la rue de
donner le nom de deux All Blacks actuels.
S’il en est capable, il vous répondra Richie
McCaw et Dan Carter. Cela va de soi. Ils
cumulent à eux deux cinq trophées de
meilleur joueur du monde IRB. Le tout en
sept ans. Joueurs au sein des Crusaders,
McCaw et Carter ont un destin on-nepeut-plus lié. Quand on évoque l’un, on
évoque l’autre.
Mais tout a une fin. Et la fin approche. Elle
pourrait avoir comme ultimatum la coupe
du monde 2015 en Angleterre qui serait
la quatrième pour McCaw aussi bien que
pour Carter, deux joueurs qui ont émergé
à l’aube de la coupe du monde 2003, on
s’en souvient.
Qui plus est, cela ne vous a sans doute
pas échappé, les deux joueurs se sont
tour à tour blessés pendant la première
moitié du Four Nations. Carter a manqué
57
l’intégralité de la compétition et McCaw
n’a fait son retour uniquement pour
l’ultime match. McCaw bien avant cela
a pris un congé sabbatique d’une durée
de 6 mois, chose assez surprenante en
soi. Carter fera de même l’an prochain.
Coïncidence ? Certainement pas. Les deux
blessures et les deux congés sabbatiques
coup sur coup des deux leaders naturels
des All Blacks sont un signe, ils marquent
l’amorce de ce qui pourrait être une
nouvelle ère pour les All Blacks. McCaw
et Carter ne sont pas les seuls, Mealamu,
Hore, Woodcock, Nonu ou Conrad Smith
sont autant de joueurs vieillissants. Ce
n’est pas un hasard si Ali Williams a « déjà
» pris sa retraire internationale. C’est bien
une ère du renouveau qui pointe le bout
son nez. Même si on pouvait en douter à
un certain moment, McCaw et Carter ne
sont pas éternels. Et un jour arrivera où
tous deux seront obligés de raccrocher les
crampons. Ce jour approche…
Le début de la fin ? Non, le début de la
faim pour pléthore de jeunes joueurs
aux dents longues qui guettent dans
l’ombre de leurs idoles. L’occasion fait le
larron. En piochant dans cet incroyable
vivier qu’est la Nouvelle-Zélande, Steve
Hansen trouvera les dignes successeurs
de McCaw et de Carter. Si ce n’est pas
déjà fait !
En effet, la hiérarchie semble déjà plus
ou moins établie aussi bien en troisième
ligne qu’à l’ouverture. Et contrairement
à ce qu’on pouvait penser il y a pas
si longtemps de cela, les retraites
de McCaw et de Carter seront bien
amorties, pas de soucis à se faire. Elle
est loin la « McCaw-dépendance » ou la
« Carter-dépendance »…
L’occasion à savoir le contexte de
blessures et de congés sabbatiques dans
lesquels s’inscrivent tour à tour McCaw
et Carter était trop belle. Panorama des
forces en présence et de la relève de
McCaw et de Carter, à deux ans de la
coupe du monde 2015.
McCaw & Carter
la relève arrive
La relève de Richie McCaw
32 ans, 1m87, 106 kg, 120 sélections
Sam Cane
Matt Todd
Ardie Savea
L’élu, c’est lui. Il marche clairement sur
les pas de son idole. Sélectionné chez les
Blacks à 20 ans, Sam Cane a profité des
absences à répétition de son aîné pour
devenir par sept fois titulaire. Et pour
succéder à McCaw le staff des Blacks
ne s’y est pas trompé, Cane possède
un profil plus que similaire. Plutôt
grand, longiligne, Cane est de la même
façon gratteur confirmé, gros plaqueur
(17.2 par match pendant la saison
régulière du Super Rugby), inoxydable,
systématiquement au soutien et à
moindre mesure un joueur plutôt à l’aise
ballon en main. Un ersatz de McCaw en
somme. On ne pouvait rêver mieux pour
palier le futur retrait du capitaine kiwi.
Ce devait être lui, et personne d’autre.
Annoncé depuis maintenant cinq saisons
comme le successeur avant l’heure de
Richie McCaw, Matt Todd a quelque
peu déçu et n’a su relever la hauteur
du défi qu’il l’attendait. Comprenez,
sa progression s’est révélée moins
ascendante que prévu. Et au final, il a vu
Sam Cane débouler sous son nez alors
que la place de n°7 chez les Blacks lui
était promise…
La nouvelle bombe en troisième ligne
down under. Révélation cette saison en
Super Rugby, Ardie Savea n’en finit plus
d’épater la galerie cette saison aussi
bien en ITM Cup chez Wellington qu’avec
les Baby Blacks lors de la dernière coupe
du monde des -20 ans. Ses stats lors de
son tout premier match parlent pour lui :
21 plaquages pour 1 manqué, 10 courses
balle en main, 3 ballons grattés et 1
off-load.
Plus rugueux qu’un Cane ou qu’un
McCaw, « Matty » a davantage un profil de
n° 6/7 que d’openside flanker pur, racé. Il
reste néanmoins très complet : gratteur,
plaqueur (il tournait à 15 plaquages par
match cette saison en Super Rugby),
disponible dans le jeu courant mais aussi
leader de combat. Tellement complet qu’il
a réalisé un meilleur Super XV que son
concurrent Cane et de loin son meilleur.
S’il ne compte que trois matchs en
Super Rugby – la faute à Jack Lam et
Karl Lowe – Savea est l’autre openside
flanker vraiment crédible pour succéder
à McCaw. Et contrairement à Cane et
Todd, Savea offre un profil complètement
différent, à la Michael Hooper : explosif
avant tout. Si Savea paraît être un vrai
spécialiste du poste compte tenu de ses
caractéristiques, sa panoplie technique
en attaque lui permet également de jouer
n°8. Reste à savoir si le staff des Blacks
préférera un Cane ou un Todd plus
« classique » à ce Savea, véritable lion
en cage.
21 ans, 1m89, 104 kg, 13 sélections
Aussi providentiel soit-il, Cane a
cependant légèrement baissé en régime
cette année par rapport à ses deux
saisons précédentes. Et c’est désormais à
lui d’assumer le poids de la concurrence
qui ne cesse de pointer le bout de son
nez…
25 ans, 1m85, 104 kg, 2 sélections
Et loin d’être un hasard, il a honoré sa
première cap avec les Tout-Noirs. Preuve
que la roue peut encore tourner.
20 ans, 1m90, 89 kg, 0 sélection
Déjà sélectionné par 6 fois avec les
All Blacks Sevens, Savea a frôlé une
nomination dans le squad pour les tests
de novembre. Cela ne devrait pas tarder.
58
McCaw & Carter
la relève arrive
La relève de Richie McCaw
32 ans, 1m87, 106 kg, 120 sélections
Luke Braid
Lee Allan
Passé par toutes les sélections de jeunes
en Nouvelle-Zélande, Luke Braid a
vraisemblablement loupé le coche pour
intégrer celle des All Blacks, les vrais.
Vraisemblablement. Car si le niveau de
jeu du leader des Blues s’avère très bon,
il reste néanmoins en-deçà de celui d’un
Cane ou d’un Todd. D’autant plus qu’à
25 ans, sa marge de progression reste
minime, à priori.
D’accord John Hardie (Highlanders),
Scott Fuglistaller (Rebels), Karl Lowe
(Hurricanes), Shane Chritie (Highlanders),
Calum Gibbins (Hurricanes) ou bien
Brendon O’Connor (Blues) sont tous sans
conteste de meilleurs joueurs au jour
d’aujourd’hui que Lee Allan, modeste
flanker d’Otago.
25 ans, 1m92, 100 kg, 0 sélection
Braid est donc condamné à booster son
niveau de jeu s’il veut devenir le McCaw
du futur, dans le sillage de son année
2008 exceptionnel qui l’avait vu être
nommé meilleur joueur IRB des -20
ans. Il resterait autrement un All Black
par intermittence, à l’instar de son frère
Daniel. « Chasseur » d’exception, puissant
ballon en main, bon plaqueur, gratteur
confirmé, Braid joue également un rôle
clé dans le soutien.
Un McCaw bis en somme, mais en moins
bon. Ses stats de plaquages le montrent :
quand un Sam Cane tourne à plus de 17
plaquages par match, Braid est à 13,1.
Le cadet des Braid mesure donc le
chemin qui lui reste à parcourir pour
avoir une chance de revêtir le maillot à la
fougère d’argent durablement.
22 ans, 1m90, 103 kg, 0 sélection
Mais ils ont tous 25 ans au moins, âge
à priori rédhibitoire dans la course à la
succession de McCaw, à fortiori parce
que ces joueurs ne sont pour la plupart
pas titulaires en Super Rugby. Et arrivé à
ce stade dans la hiérarchie – c’est-à-dire
derrière Cane, Todd, Savea et Braid –
seul Allan, 22 ans, peut encore prétendre
succéder à Richie McCaw. Dans le lot,
c’est bien lui qui possède la marge de
progression la plus importante et qui
pourrait pourquoi pas renverser une
hiérarchie étonnamment bien établie.
C’est aussi simple que cela. Si comme
on l’a dit, Lee Allan reste un joueur «
modeste », ses belles performances du
côté de Dunedin depuis deux saisons
pourraient à terme lui faire intégrer un
squad de Super Rugby. Et ce pourquoi
pas dès cette année par le biais des
wider training groups, squads élargis des
franchises néo-zeds.
Lee Allan a pour atout premier d’être un
formidable plaqueur. Affaire à suivre donc.
59
À NOTER
TJ Ioane (Highlanders) voire Brad
Shields (Hurricanes) actuellement
n°6 ou 8 pourraient compte tenu
de leurs caractéristiques de jeu
prétendre à un repositionnement
en n°7.
Auquel cas ils pourraient à terme
postuler à une place de titulaire
chez les Blacks. Cette hypothèse
semble il est vrai compromise
mais sait-on jamais.
McCaw & Carter
la relève arrive
La relève de Dan Carter
31 ans, 1m78, 94 kg, 97 sélections
Aaron Cruden
Beauden Barrett
Tom Taylor
Le monde entier a découvert ce petit
ouvreur fragile en finale de la coupe
du monde 2011, du côté d’Auckland à
l’Eden Park. Il l’avait quitté quasi aussitôt,
Cruden étant sorti prématurément en
cours de match, blessé gravement.
Beauden Barrett aurait très bien pu
être le futur Dan Carter. Même style de
jeu, même talent précoce. Juste au pied
(notamment dans son jeu au pied de
pression), bon passeur, joueur d’instinct
et surtout formidable joueur de ballon
(exactement comme Carter), Barrett a
tout pour plaire. Mais c’était sans compter
sur Cruden.
Le numéro 3 c’est bien lui. Tom Taylor
a inauguré sa première cap cet été face
à l’Australie après les blessures non
seulement de Carter mais aussi de
Cruden et de Barrett. Une occasion
en or pour débuter avec les Blacks,
occasion prise et globalement réussie.
24 ans, 1m75, 82kg, 24 sélections
Depuis Cruden a mûri, beaucoup
mûri. D’une image d’un ouvreur peu
sûr, inexpérimenté et fébrile, Cruden
s’est mué en un joueur hors-pair,
professionnaliste à l’extrême et leader
de jeu naturel. Il est passé du tout au
rien serions-nous tentés de dire. La
preuve : d’un statut de quatrième choix
bringuebalant derrière l’intouchable
Carter (et respectivement Slade et
Weepu), Cruden est devenu non pas la
doublure de Carter mais son concurrent
pour une place de titulaire. Mieux, Cruden
est devenu le meilleur ouvreur du Super
Rugby et même du monde...
A regarder de près, la limite entre le statut
de remplaçant et de titulaire se brouille.
Mais les nombreuses absences de Carter
ou bien de Cruden himself ont laissé la
question en suspens. Il arrivera un jour
où cette question ne vaudra plus la peine
d’être posée…
22 ans, 1m87, 92 kg, 14 sélections
Qu’importe, Barrett se complait dans
son rôle de doublure de Cruden, rentrant
aux environs de l’heure de jeu. A dire vrai
on a rarement vu un ouvreur être aussi
bon impact player. A tel point que le blog
Planet Rugby en a même fait son meilleur
ouvreur du Four Nations. En attendant
une possible place de titulaire chez
les Blacks, Barrett continue de mener
l’attaque des Hurricanes avec brio.
Il faudra pour cela élever son niveau de
jeu. Mais la marge de progression de
Barrett est grande. Peut-être même plus
grande que celle de Cruden…
24 ans, 1m83, 90 kg, 2 sélections
Depuis, Taylor tient sa place dans le
squad des Kiwis et s’envolera même
pour l’Europe en vue de la tournée de
novembre. Mais Taylor était loin d’être
un inconnu du service pour autant. Utility
back exemplaire, Taylor avait secondé
Dan Carter après sa blessure pendant
une bonne partie du Super Rugby 2012,
relevant la concurrence imposée par Bleyendaal (on en reparlera).
A tel point que lorsque Carter était de
nouveau sur pied, Taylor avait gardé la
charge du jeu au pied – son point fort –
et surtout la position de demi d’ouverture,
Carter glissant en premier centre. Le
symbole était fort. Moins performant
néanmoins et parfois blessé cette année,
Taylor n’a pas retrouvé son niveau de l’an
passé. Il reste néanmoins un formidable
ouvreur très complet (sa panoplie
technique d’utility back se fait ressentir) à
la marge de progression assez grande.
Et un certain Dan Carter s’impose comme
son mentor au sein des Crusaders…
60
McCaw & Carter
la relève arrive
La relève de Richie McCaw
32 ans, 1m87, 106 kg, 120 sélections
À NOTER
4. Tyler Bleyendaal
Ihaia West
L’autre doublure de Dan Carter chez les
Crusaders. Et encore une fois un sacré
client, à l’instar de Tom Taylor. Du haut de
ses 23 ans, Bleyendaal a tout du stratège
confirmé : excellent au pied, buteur
confirmé, passeur juste et doté d’un sens
de l’alternance remarquable. En deux
mots, sobre et efficace.
L’arriviste qui pourrait bien complètement
bousculer la hiérarchie, en grillant les
étapes. Ihaia West est l’archétype total de
la pépite encore juvénile mais destinée
à un avenir brillant en Super Rugby et
même chez les All Blacks. Rien que ça.
23 ans, 1m85, 96 kg, 0 sélection
Pas impressionnant pour deux sous,
Bleyendaal mène simplement mais avec
brio l’attaque de Canterbury en ITM
Cup, mais aussi celle des Crusaders
par intermittence et ce étonnamment
bien (c.f le match Stormers-Crusaders
de cette saison où Bleyendaal avait été
remarquable et remarqué).
Reste à peaufiner quelques errements en
défense et à étoffer sa panoplie technique
en attaque, notamment dans sa capacité
à attaquer la ligne d’avantage. Lui aussi
possède une marge de progression
conséquente et nul doute qu’il devrait
apprendre aux côtés de Carter chez les
Saders.
Et Bleyendaal n’est pas sorti de la
Christchurch Boys’ High School pour rien.
Photo : sudrugby.com
61
21 ans, 1m75, 84 kg, 0 sélection
Et pour cause, West n’en finit plus
d’affoler les défenses en ITM Cup avec
ses Magpies d’Hawke’s Bay. Joueur
d’instinct et d’espace, West se révèle être
la grande révélation de cette ITM Cup cru
2013 et l’un de ses meilleurs éléments.
Et pourtant, West ne joue au rugby
professionnellement que depuis août
dernier.
C’est dire. Mais il n’est pas arrivé à
l’ouverture des Magpies par hasard, West
était en effet le n°10 en chef des Baby
Blacks lors de la coupe du monde en
juin dernier. Tôt ou tard, West rejoindra
une franchise du Super Rugby, même si
cela semble juste pour cette saison étant
donné le nombre d’ouvreurs kiwis en
activité au profil similaire à celui de West :
un joueur grandement prometteur.
Mais West a justement cette fougue en
attaque qui peut parfois pécher chez les
autres successeurs désignés de Carter.
Un arriviste on vous a dit, qui a plus d’un
tour dans son sac. Affaire à suivre…
Baden Kerr (Blues – 24 ans) ainsi
qu’Hayden Parker (Highanders
– 23 ans tout juste) peuvent eux
aussi prétendre succéder à Dan
Carter, mais le chemin semble
encore long à parcourir et Ihaia
West semble les dominer en
matière de progression déjà
aperçue et à venir. Le cas de
Gareth Anscombe (Chiefs – 22
ans) est aussi à surveiller de très
près. En tant qu’ouvreur (poste
qu’il occupait auparavant chez
les Blues), Anscombe aurait pu
pleinement prendre place dans
ce classement. Oui mais voilà,
parti chez les Chiefs Anscombe
est désormais barré par Cruden
à l’ouverture et se voit contraint
de glisser à l’arrière, poste qui
lui va là-aussi remarquablement
bien. Si les choses en restaient
là, Anscombe pourrait prétendre
à une place chez les Blacks (il
s’est gravement blessé pendant
le Super Rugby, il aurait pu
autrement prétendre à une
nomination dans le squad néozed) mais certainement au poste
d’arrière et non pour succéder à
Carter.
Bref, comme vous avez certainement
pu le remarquer, les coachs et futurs
coachs néo-zélandais ont abondance
de biens et l’embarras du choix
pour trouver le remplaçant de Dan
Carter. Et force est de constater qu’il
va de même pour Richie McCaw. Le
vivier néo-zélandais dans toute sa
splendeur…
Antoine sudrugby.com
japan
Waseda University Rugby Football
nom
Waseda University
Rugby Football
couleur
rouge et noir
année de
fondation
1918
affiliation
ligue
Kanto Taikosen
tokyo
tokyo
waseda
waseda
waseda
waseda
Intéressons-nous aujourd'hui
au plus emblématique club universitaire
de l'histoire du rugby japonais: Waseda.
Aux origines, l'université de Waseda, est
à l'origine une école spécialisée qui voit le
jour en 1882, en pleine ère Meiji, dans la
nouvelle capitale du pays: Tokyo.
62
L'établissement est fondé par l'homme
politique japonais Okuma Shigenobu,
futur premier ministre du pays (19141916).
A cette époque, le Japon met fin à sa
période d'isolation volontaire et débute sa
modernisation.
japan
Waseda University Rugby Football
L'équipe de Waseda qui affronta Keio,
lors du célèbre premier match inter-scolaire de 1922
Pour former la nouvelle élite du pays
sur le modèle occidental, de très
nombreux établissements sont crées ou
modernisés, à l'image de Waseda.
Au niveau du rugby, si le premier club
universitaire de l'archipel est crée en
1899 avec Keio (Tokyo), il faudra attendre
19 ans pour voir naître l'équipe de rugby
de Waseda (1918). Le club de Tokyo n'est
alors que le 4ème club nippon crée après
Keio (1899), Kyoto (1910, non
Le 24 décembre 1923 a lieu pour la
première fois le Someisen. L'équipe de
Waseda affronte alors la toute récente
équipe universitaire de Meiji (crée en 1922),
située également à Tokyo. Cette rencontre
est connue pour être la première opposition
historique entre Waseda et son club rival
de la capitale. Les partenaires du capitaine
Joichi Asakiri écraseront leur adversaire du
jour, 42 à 03!
63
officiellement) et Doshisha (1911). Masai
Inoue est connu pour être le tout premier
capitaine historique des rouges et noirs.
En 1920, l'établissement de Tokyo passe
au statut d'université.
Les rouges et noirs rentreront vite dans
l'histoire puisque le premier match
historique inter-scolaire de l'archipel
oppose Waseda à l'équipe deKeio,
le 23 novembre 1922. Pour l'anecdote,
Keio remportera le match, 14 à zéro.
En 1927, les rouges et noirs effectuent une
tournée historique de 73 jours en Australie!
But de la tournée: en profiter pour affronter
des fortes équipes sudistes et apprendre
ainsi à améliorer le rugby japonais en
étudiant le jeu adverse. Pour effectuer cette
tournée, un manager sera désigné: Bunichi
Kimura.
C'est le tout premier entraîneur historique
de l'équipe universitaire de Waseda.
Toutefois, il occupera ce poste uniquement
pour la tournée. Une tournée au bilan
désastreux (cinq défaites en cinqs matchs).
En 1927, les joueurs de Waseda
embarquentpour la tournée en Australie,
qui durera 73 jours.
Mais l'essentiel n'était pas là. Le 23
novembre de cette même année,Waseda
remporte sa première victoire historique
face à Keio (08-06). En 1928, le club de
Tokyo, entraîné par Shinjiro Honryo,
participe à la toute nouvelle ligue Kanto,
où s'oppose les clubs universitaires de la
région. Waseda terminera 3ème, sur les 5
équipes engagées. Il faudra attendre 1932
pour voir les rouges et noirs, menés par
l'entraîneur Shigeki Nishio, remporter leur
tout premier titre de la ligue Kanto.
japan
Waseda University Rugby Football
Waseda remportera cinq nouveaux titres
de la ligue Kanto dans les années qui
suivront (1933, 1936, 1937, 1941 et 1942).
LeSomeisen, match opposant les deux
rivaux Waseda et Meiji en championnat,
a quant à lui désormais lieu le premier
dimanche du mois de décembre chaque
année.
Tradition qui existe encore aujourd'hui.
Ainsi, le 7 décembre 1941, les deux
équipes universitaires de Tokyo s'affrontent
tandis que l'aviation japonaise vient de
bombarder le port militaire américain de
Pearl Harbor, déclanchant les hostilités
entre le Japon et les Etats-Unis.
Waseda, comme toutes les équipes
nippones, devra stopper le championnat
après 1942. De nombreux joueurs sont
morts sur le front et l'équipe n'a plus
assez de réservoir pour pouvoir jouer.
Ainsi se terminait le premier âge d'or de
l'équipe universitaire nippone. Il faudra
attendre novembre 1945, seulement
deux mois après fin de la seconde guerre
mondiale, pour voir l'équipe universitaire
de Waseda se reconstituer. En 1946, le
championnat de la ligue Kanto reprend
ses droits.
Les rouges et noirs remporteront leur
7ème titre l'année suivante sous les
ordres d'un certain entraîneur, Kozo
Nishino (futur sélectionneur des Cherry
Blossoms dans les années 50).
Ce dernier sera remplacé en 1950 par Tetsunosuke Onishi. Ce n'était alors pas le
premierOnishi à devenir entraîneur de Waseda. Son frère aîné, Eizo Onishi, dernier
entraîneur des rouges et noirs de la période d'avant-guerre (1934 à 1935 et 1939 à
1942), avait remporté deux titres de champion de la ligue Kanto (1941 et 1942). Avec
Tetsunosuke Onishi, Waseda allait gagner trois titres de champion de la ligue Kanto
dans les cinq années qui suivirent (1950, 1952, 1953).
Tetsunosuke Onishi,
entraîneur légendaire
de Waseda
Mais très vite la situation s'empira.
En 1961, Waseda terminait 7ème du
championnat et était relégué en 2ème
division suite à sa défaite en barrage
contre Keio.
L'entraîneur Jiro Inoue était viré après
son unique saison chez les rouges et
noirs. Les dirigeants du club faisaient
aussitôt rappel à Tetsunosuke Onishi,
qui faisait ainsi son retour en tant
qu'entraîneur chez l'équipe universitaire
de Tokyo. Avec lui, les rouges et
noirs allaient remonter la pente très
rapidement.
En 1962, Waseda terminait leader de
sa poule et remontait en première
division après sa victoire face à Meiji
(17-08) en barrage. Waseda est de
nouveau au premier plan et joue ainsi la
première finale du championnat national
universitaire de 1965, perdue 06/14
face à Hosei. Le manager Onishi quitte
à nouveau le club en ayant réussi sa
mission: remettre le club à flot.
La saison 1965/1966, qui entame le
troisième âge d'or du club, va rester dans
64
Par la suite débuta avec le départ du club en 1954 de Tetsunosuke Onishi une période
de troubles dans le club, surnommé ère Sengoku. Pourtant grâce au manager
revenant Kozo Nishino, Waseda remportait un nouveau titre (1956). Mais ce dernier
quitta l'équipe pour prendre les commandes de la sélection des Cherry Blossoms.
En 1958, les rouges et noirs gagnaient leur 11ème titre de la ligue Kanto.
toutes les mémoires. Entraîné désormais
parHisashi Yokoi, Waseda va réaliser le
triplé ligue Kanto/championnat national
universitaire/All Japan Championship.
Un triomphe obtenu notamment avec
une victoire face à Hosei (16-00) en finale
universitaire et en finale du All Japan
Championship face à la grosse équipe
nippone de l'époque, Yawata Steel (12-09).
L'équipe a alors dans ses rangs deux
noms très connus aujourd'hui du rugby
japonais: le 2ème ligne et capitaine Tatsuzo
Yabe (actuel directeur exécutif de la JRFU)
et l'arrière Iwao Yamamoto (sélectionneur
des Cherry Blossoms dans les années 80
et 90).
Hisashi Yokoi partira du club sur ce
triomphe absolu et sera récompensé
quelques années plus tard en devenant
sélectionneur des Cherry Blossoms, à
l'image de Tetsunosuke Onishi, qui en
cette année 1966, est devenu le nouveau
sélectionneur duJapon.
En 1967, la ligue Kanto est divisée
en deux ligues. Waseda se retrouve
incorporé dans la ligue Kanto Taikosen
avec les grosses équipes universitaires de
Tokyo: Meiji, Keio, Nippon Sport Science
University...
Durant ce troisième âge d'or, qui durera
jusqu'en 1975, Waseda remportera au
total huit titres de la ligue Kanto Taikosen,
sept titres nationaux universitaires et trois
All japan Championship. Avec à signaler
deux nouveaux triplés lors des saisons
1970/1971 et 1971/1972.
Waseda est alors à son apogée. Les
grandes victoires de cette époque
seront notamment les deux finales du
All Japan Championship remportées
consécutivement en 1971 et 1972
face à Nippon Steel Kamaishi (30-16)
etMitsubishi Kyoto (14-11).
Lors de la finale de 1971 évoluait
notamment, pour les connaisseurs du
football nippon, le talonneur Kazumi
Ohigashi, actuel président de la Japan
Football League. Sans oublier le célèbre
1/2 de mêlée Hiroaki Shukuzawa, qui fût
par la suite sélectionneur des Cherry
Blossoms et créateur de la Top League
japonaise.
japan
Waseda University Rugby Football
Par la suite, Waseda va réaliser des
saisons plus que moyennes.
Ainsi, sur les dix saisons qui suivent,
Waseda ne remporte que quatres ligue
Kanto Taikosen et un championnat national
universitaire. Un bilan plus que moyen
pour les ambitions d'un tel club. Le retour
du sorcier Tetsunosuke Onishi lors de la
saison 1981-1982 permet aux rouges et
noirs de gagner un nouveau titre de laligue
Kanto Taikosen.
Auparavant, lors du Someisen du 6
décembre 1981, le record de spectateurs
pour un match de rugby japonais était
explosé (66 999 personnes).
Mais Waseda échoue en finale du
championnat national universitaire face à
son éternel rival, Meiji (12-21).
Un record qui tient toujours actuellement
dans le rugby japonais.
En 1984, l'ex-sélectionneur du Japon, Hiroshi Hibino, connu pour avoir réussi le 2ème triplé
historique de Waseda, en 1971, ne réussira pas cette-fois ci à remporter un titre avec le club
universitaire de Tokyo. Les rouges et noirs termineront à chaque fois second de leur ligue Kanto
Taikosen et échoueront en 1/2 finale du championnat universitaire. Suite à cet échec, Hiroshi
Hibino quitte Waseda après deux saisons. Mais Waseda reste un très grand club et va revenir
au tout premier plan. Suite au départ d'Hibino, Kenji Kimoto est désigné nouveau manager du
club. A 46 ans, le nippon va monter une superbe matchine de guerre. Dès la première saison, on
constate la progression de Waseda qui termine en finale du championnat universitaire et s'incline
de peu face à Daito Bunka (12-10), en 1987.
Kenji Kimoto,
l'entraîneur qui réalisa
le triplé historique
de 1988 avec Waseda
L'année suivante est celle de la confirmation. Waseda écrase tout sur son passage et réalise
le dernier triplé connu du club. En finale nationale universitaire, les rouges et noirs battent
Doshisha (19-10). Mais la plus grande victoire en cette année 1988 sera en finale du All Japan
Championship, face à Toshiba Fuchu. Un exploit retentissant tel qu'à l'heure actuelle, c'est
toujours le dernier titre remporté par une équipe universitaire en All Japan Championship.
La victoire du 6 décembre 1987 dans
le célèbre Someisen, face à Meiji,
joué cette année-là dans la neige, est
également gravée dans les mémoires
et reconnue comme l'un des plus grands
matchs de l'histoire entre ces deux
équipes.
Dans cette équipe triomphante de
Waseda, on retrouve alors de nombreux
noms connus aujourd'hui: le pilier et
capitaine Takanori Nagata(international
nippon en 1988), le 3ème ligne Katsuyuki
Kiyomiya (actuel entraîneur de Yamaha
Jubilo), le 1/2 de mêléeMasami Horikoshi
(international nippon des années 90)
ou encore l'ailier Kiyoshi Imaizumi
(international nippon des années 90).
Kenji Kimoto quittera le club sur cette
excellente note.
Le Someisen du 6 décembre 1987
entre Waseda et Meiji s'était joué
dans des conditions dantesques,
sur la neige !
65
japan
Waseda University Rugby Football
Par la suite, Waseda allait gagner
un 10ème titre national universitaire
en 1990, face à Nippon Sport
Science University (45-14),
ainsi qu'un titre de la ligue Kanto
Taikosen, en 1991, puis allait
rentrer dans la période la plus
sombre de son histoire.
Les rouges et noirs allaient jouer les seconds rôles pendant une longue période, malgré
notamment un énième retour d'Hiroshi Hibino en tant qu'entraîneur, entre 1998 et 2000.
Au plus mal, les dirigeants du club nommaient en 2001 Katsuyuki Kiyomiya nouveau
manager de l'équipe. Cet ancien 3ème ligne des rouges et noirs, présent dans la fameuse
équipe du triplé en 1988, venait tout juste de terminer sa longue carrière de joueur à
Suntory. C'était alors un très gros pari tenté par le club rouge et noir. Mais un pari qui
allait se révéler gagnant!
Le nouvel entraîneur apporte avec lui ses nouvelles méthodes de travail, plus
modernes.
Et sous ses ordres, Waseda va revenir au tout premier plan et régner sur le rugby
universitaire japonais. Entre 2001 et 2006, l'équipe rouge et noir va ainsi remporter cinq
titres de la ligue Kanto Taikosen ainsi que pas moins de trois championnats nationaux
universitaires (2003, 2005 et 2006) gagnés face à l'autre grande équipe universitaire de
l'époque, Kanto Gakuin.
< Katsuyuki Kiyomiya, l'entraîneur qui releva Waseda de ses cendres au début des années 2000
66
japan
Waseda University Rugby Football
L'exploit retentissant de Waseda face à Toyota Verblitz,
le 12 février 2006 en All Japan Championship!
L'entraîneur nippon dispose alors
dans ses rangs de très bons joueurs
dont plusieurs évoluent aujourd'hui
avec la sélection desBrave Blossoms:
le talonneur Yusuke Aoki (Suntory
Sungoliath), le pilier Kensuke Hatakeyama
(Suntory Sungoliath), le 3ème ligne
Takamichi Sasaki (Suntory Sungoliath),
le centre Yuta Imamura (Kobelco Steelers)
sans oublier l'inévitable arrière Ayumu
Goromaru (Yamaha Jubilo) et bien
d'autres encore
...C'est avec ces joueurs notamment que
Waseda réussira un exploit retentissant
le 12 février 2006 en éliminant lors du
2ème tour de la 43ème édition du All Japan
Championship, la grosse équipe de Toyota
Verblitz. Un exploit qui fit parler sur
l'archipel car pour la première fois dans
l'histoire, depuis la création de la Top
League japonaise, un club universitaire
japonais éliminait un club professionnel
nippon lors d'un match éliminatoire du
All Japan Championship. Grâce à ses
exploits, Katsuyuki Kiyomiya est recruté
comme nouveau manager de Suntory
Sungoliath, son ancien club.
Son successeur, Ryuji Nakatake (sélectionneur plus tard des U20 japonais en 2012),
poursuivit sur sa lancée avec trois titres supplémentaires de la ligue Kanto Taikosen
et deux nouveaux championnats nationaux universitaires (2008 et 2009), les derniers
obtenus par le club rouge et noir. Car par la suite, Ryuji Nakatake démissionnait et
poursuivait sa carrière ailleurs. Son successeur Takashi Tsuji (ancien 1/2 de mêlée de
NEC Green Rockets), remportait la ligue Kanto Taikosen mais échouait en janvier 2011
en finale universitaire face à Teikyo (14-17), nouvel ogre du rugby universitaire nippon,
malgré la présence de la star japonaise, le 1/2 d'ouverture Ryohei Yamanaka.
Le nouvel entraîneur de Waseda depuis est Teikazu Goto (ancien joueur de Yamaha dans
les années 90). 1/2 finaliste du championnat national universitaire la saison dernière
face à Teikyo (défaite 10-38), Waseda espère renouer avec ses grandes heures de
gloires en comptant notamment sur ses stars actuelles, le 1/2 d'ouverture Junpei Ogura
et surtout l'ailier et grand international japonais, Yoshikazu Fujita.
< Yoshikazu Fujita, star actuelle de Waseda
67
japan
Waseda University Rugby Football
palmares
LIGUE KANTO 12 titres
1932, 1933, 1936, 1937, 1941, 1942, 1948, 1950, 1952, 1953, 1958, 1965
Ligue Kanto Taikosen 22 titres
1967, 1968, 1970, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975, 1976, 1981, 1982, 1987,
1990, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2009, 2010
Championnat national universitaire 15 titres
1966, 1967, 1969, 1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1988, 1990, 2003, 2005, 2006, 2008, 2009
Finaliste 15 fois
1965, 1968, 1970, 1973, 1976, 1982, 1987, 1991, 1993, 1996, 1997, 2002, 2004, 2007, 2011
All Japan Championship 4 titres
1965, 1968, 1970, 1973, 1976, 1982, 1987, 1991, 1993, 1996, 1997, 2002, 2004, 2007, 2011
Finaliste 5 fois
1967, 1974, 1975, 1977, 1990
68
japan
Waseda University Rugby Football
Principaux personnages
importants passés par
l'équipe de rugby de Waseda
Kozo Nishino (1901-1984) : ancien ailier
et manager de Waseda, ex-sélectionneur
du Japon (1958).
Shinjiro Honryo (1903-1971) : ancien
1/2 de mêlée de Waseda, capitaine lors
de la tournée de 1927 en Australie et exmanager de Waseda. Egalement ancien
directeur de la JRFU et ancien politique
japonais.
Toichiro Kawagoe (1914-2002) : ancien
centre et capitaine de Waseda. Il a aussi
connu la sélection nippone lors de la
défaite contre l'équipe universitaire de
Nouvelle-Zélande, en 1936.
Il a également été par la suite président
de la Kansaï Rugby Football Union (19871992) et 9ème président de la Japan Rugby
Football Union (1992-1994).
Ko Chu Chang (1910-2002) : japonais
d'origine chinoise, né à Taiwan. Ancien
centre de Waseda et ex-international
nippon, a fait parti de la toute première
équipe nationale du Japon en 1930.
Capitaine des Cherry Blossoms lors
de la tournée en 1934 enAustralie.
Tetsunosuke Onishi (1916-1995) :
légendaire entraîneur de Waseda (à
plusieurs reprises) et frère cadet d'Eizo
Onishi (ex-entraîneur de Waseda dans
les années 30 et 40). Il échouera en finale
universitaire à plusieurs reprises avec les
rouges et noirs.
Après la fin de la seconde guerre
mondiale, il est retourné sur son île
et a commencé à y diffuser le rugby.
Il est considéré comme le fondateur
du rugby taïwanais. Il a notamment aussi été sélectionneur
du Japon (1966-1971) et est célèbre pour
avoir résister héroÏquement avec son
équipe à l'Angleterre lors du second test,
en 1971 (défaite 03-06).
Hisashi Yokoi
69
(1932- ) : ancien joueur de Waseda et
frère aîné de l'ex-international nippon
Akira Yokoi. Entraîneur de Wasedaune
seule saison, il est connu pour avoir
réussi avec les rouges et noirs le
premier triplé du club (Kanto Taikosen,
championnat national universitaire et
All Japan Championship).
Suite à ce succès, il deviendra quelques
années plus tard le sélectionneur
des Cherry Blossoms (1972, 1976 et
1978-1979).
Zenzaburo Shirai (1932- ) : ancien
3ème ligne de Waseda. Par la suite
entraîneur du club en 1968, il
démissionnera et fondera en 1970
l'équipe universitaire de Teikyo. Il
reviendra de nouveau à Waseda et
réalisera en 1972 le 3ème triplé du club.
Hiroshi Hibino (1934- ) : ex-ailier de
Waseda, il prend plus tard la Tête de
japan
Waseda University Rugby Football
manager de l'équipe et remporte en
1971 le second triplé historique du club.
Il entraînera à plusieurs occasions les
rouges et noirs.
Il a également été sélectionneur du
Japon à trois reprises durant sa carrière
(1976, 1982-184 et 1987-1988). Yoshiro Mori (1937- ) : ancien joueur
de Waseda. Homme politique japonais,
il fût notamment premier ministre du
Japon(2000-2001).
Retiré de la vie politique, il devient en
2005 le 12ème président de la Japan
Rugby Football Union, poste qu'il occupe
toujours à l'heure actuelle.
Kenji Kimoto (1940-1996) : ancien 1/2
d'ouverture de Waseda. Il participe en
1962 à la victoire en barrage du club face
à Meiji(17-08), qui permet à Waseda de
retrouver la première division de la ligue
Kanto Taikosen.
Nouvel entraîneur de Waseda en 1986,
il réussit lors de sa seconde saison le
quatrième et dernier triplé historique
du club.
A nouveau manager des rouges et noirs
en 1995, il décèdera un an plus tard. Akira Yokoi (1941- ) : ancien centre
de Waseda et frère cadet d'Hisashi
Yokoi. Joueur de Mitsubishi Kyoto, il
remportera deux titres de champion du
Japon (1972 et 1976) mais s'inclinera
lors de ses deux finales d'AJC.
International nippon, il participera à la
victoire historique des japonais en 1968
en Nouvelle-Zélande contre les juniors
All Blacks (23-19).
Capitaine des Cherry Blossoms, il
participera à la tournée de 1973 en France
avec son frère comme sélectionneur.
Tatsuzo Yabe (1943- ) : ancien 2ème ligne
et capitaine de Waseda, il fait parti de
l'équipe qui réalise en 1966 le premier
triplé historique du club.
En 2011, il est désigné directeur général
de la Japan Rugby Football Union.
Katsuji Maniya (1945-2011) : ancien 3/4
de Waseda. Intégrant l'équipe de
70
Toyota Auto Works en 1968, il remporte
le championnat du Japon en 1969 face à
Yawata Steel (19-13).
Il fût plus tard manager de Toyota Auto
Works.
Iwao Yamamoto (1947- ) : ancien demi
d'ouverture de Waseda. Il fait parti de
l'équipe qui réalise en 1966 le premier
triplé historique du club. Intégrant
l'équipe de Ricoh, il remporte trois titres
de champion du Japon avec l'équipe de
Setagaya (1971, 1973 et 1974) ainsi que
deux All Japan Championship (1973 et
1974). Il a également obtenu une sélection
avec les Cherry Blossoms, lors de la
défaite au Pays de Galles (14-62) en 1973.
Après sa retraite de joueur, il devient
sélectionneur du Japon à trois reprises
(1980, 1982 et 1996) et entraînera plus
tard Suntory Sungoliath.
Yoshiaki Izawa (1947- ) : ancien 3ème ligne
de Waseda et international nippon, il
participe à la victoire historique en 1968
en Nouvelle-Zélande contre les juniors
All Blacks (23-19). Il intègrera plus tard
l'équipe de Ricoh avec qui il remportera
trois titres de champion du Japon
(1971, 1973 et 1974) et deux All Japan
Championship.
Kazumi Ohigashi (1948- ) : ancien
talonneur et capitaine de Waseda, il
participe au second triplé du club, en
1971, en battant notamment en finale
du All Japan Championship, l'équipe de
Nippon Steel Kamaishi (30-16).
Cette même année, il rejoint le club
de Nippon Steel Yawata. International
japonais (6 caps), il se dirigera vers
le football après sa retraite de joueur.
Président de Kashima Antlers en 2006,
il est depuis 2010 le nouveau président
de la Japan Football League.
Hiroaki Shukuzawa (1950-2006) : ancien
demi de mêlée de Waseda, il participe au
second et troisième triplés du club, en
1971 et 1972. International nippon, il sera
du match en Angleterre (défaite 10-19) en
1973.
Sélectionneur du Japon (1989-1991), il
réussira un exploit dès son premier match
avec la victoire historique des japonais
face à l'Ecosse XV (28-24). Lors de la
coupe du monde, son équipe battra le
Zimbabwe (52-08), seule victoire nippone
japan
Waseda University Rugby Football
en coupe du monde à ce jours. Entraîneur
de Wasedaen 1994, il ne parviendra pas
à remporter de titre avec son ancien club
universitaire.
Par la suite, il lui sera confié le projet d'un
championnat de rugby professionnel au
Japon à la fin des années 90. C'est lui qui
créera et lancera officiellement en 2003,
laTop League japonaise.
Il décèdera trois ans plus tard, en 2006,
d'une crise cardiaque.
Kenji Nakamura (1951- ) : ancien 2ème
ligne de Waseda, il participe aux second et
troisième triplés du club, en 1971 et 1972.
Devenu entraîneur de Toshiba Fuchu, il
devient champion du Japon en 1987 mais
échoue au doublé face à son ancien club
Waseda (16-22).
à Tikrit, alors qu'il est ambassadeur du
Japon en Irak.
Kazuhiko Honjo (1960- ) : ancien demi
d'ouverture de Waseda, il rejoint plus tard
le club de Suntory. International nippon
(10 caps), il eu le malheur d'évoluer en
sélection à la même époque qu'un certain
Yuji Matsuo.
Toshiro Yoshino (1960- ) : ancien 3/4 de
Waseda, il rejoint avec son coéquipier
Kazuhiko Honjo l'équipe de Suntory.
Il deviendra en 1996 champion du Japon
après le match nul (27-27) en finale entre
Suntory et Sanyo. Il réalisera le doublé
cette année-là avec le titre en
notamment cette victoire de prestige en
finale du All japan Championship face à
Toshiba Fuchu (22-16).
Il rejoint suite à cela le club de Kyushu
Electric Power (Kyuden Voltex aujourd'hui)
en 1988. C'est aussi durant cette annéelà qu'il obtint son unique sélection chez
les Cherry Blossoms, face à l'équipe
universitaire d'Oxford.
Après sa retraite de joueur, il deviendra
entraîneur des avants chez Kyushu
Electric Power.
Katsuyuki Kiyomiya (1967- ): ancien 3ème
ligne de Waseda. Il fait parti de l'équipe
qui réalise en 1988 le dernier triplé
Ikuo Kamiyama (1952- ) : ancien 3ème
ligne de Waseda, il participe au troisième
triplé du club, en 1972. Il fût notamment
capitaine des rouges et noirs en 1973.
Noboyuki Ueyama (1952- ) : ancien
arrière de Waseda, il participe au second
et troisième triplés du club, en 1971 et
1972. International japonais, il est de la
tournée en France en 1973.
Il rejoint par la suite le club de Yokogawa.
A sa retraite, il devint en 1982 à tout juste
30 ans le nouvel entraîneur de Waseda,
avec qui il remporta la ligue Kanto
Taikosen mais échoua en demi finale
du championnat national universitaire.
Takeo Ishizuka (1952-2009) : ancien 3ème
ligne et capitaine de Waseda, il réalise
le doublé (Kanto Taikosen/championnat
universitaire) en 1975.
Joueur de Ricoh plus tard, il fût
également international chez les Cherry
Blossoms avec qui il compta pas moins
de 28 sélections. Masaru Fujiwara (1953- ) : ancien 3/4
de Waseda et international japonais
(22 caps).
Katsuhiko Oku (1958-2003) : ancien
joueur de Waseda et d'Oxford. Homme
politique japonais, il est assassiné de
plusieurs balles, le 29 novembre 2003,
71
All Japan Championship, face à Meiji
(49-24). Il fût aussi international nippon (7
caps).
Manabu Matsuse (1960- ) : ancien pilier
de Waseda. Il est aujourd'hui journaliste
au Kyodo News.
Kenji Imakoma (1965- ) : ancien centre de
Waseda. Il fait parti de l'équipe qui réalise
en 1988 le dernier triplé historique du
club. Cette même année, il rejoint Suntory.
Vainqueur du All Japan Championship en
1996 avec le club de Fuchu.
Il a également été en sélection avec les
Brave blossoms (2 caps).
Takanori Nagata (1966- ) : ancien pilier
de Waseda. Nommé capitaine de l'équipe
en 1987, il réussit avec les rouges et noirs
le fameux dernier triplé du club, avec
historique du club. Capitaine lors de sa
dernière saison, il remporte de nouveau
avec les rouges et noirs le championnat
national universitaire, face à Nippon Sport
Science University (45-14).
Il s'engage cette même année 1990 avec
Suntory. Il remportera avec le club de
Fuchu un titre de champion du Japon
(1996) et deux All Japan Championship
(1996 et 2001), sans compter les deux
finales du championnat du Japon perdues
(1998 et 1999).
Au niveau international, il aura participé
avec les U23 nippons à la victoire
historique face aux Etats-Unis en 1990.
Après sa retraite de joueur, il devient
entraîneur de Waseda et va remettre le
club au premier plan après près de dix
ans de disettes. Il remportera 3 titres
japan
Waseda University Rugby Football
du championnat national universitaire
(2003, 2005 et 2006). Avec Waseda,
il créera également la sensation en
éliminant en 2006 Toyota Verblitz au
second tour du All Japan Championship
(28-24).
Jiro Uchiya (1967- ) : ancien 3ème ligne
de Waseda. Il remporte le championnat
national universitaire en 1990, face
à Nippon Sport Science University (4514). Il rejoindra ensuite Tokyo Gas où il
deviendra le capitaine de l'équipe.
Ces succès lui permettent d'être repéré
et engagé par Suntory Sungoliath. Avec
son ancien club, malgré une armada
impressionnante, il devra se contenter
d'un seul titre de champion du Japon
(2008),face à Sanyo Wild Knights
(14-10).
Kiyoshi Imaizumi (1967- ) : ancien ailier
de Waseda. Il fait parti de l'équipe qui
réalise en 1988 le dernier triplé historique
du club. Il remporte aussi avec les
rouges et noirs le championnat national
universitaire en 1990.
En 2010, après quatre saisons chez
les jaunes et noirs, il démissionne. Il
reprendra du service un an plus tard
comme entraîneur chez Yamaha Jubilo,
où il est toujours en poste actuellement.
Il rejoindra plus tard Suntory avec qui il
remportera un titre de champion du Japon
(1996) et deux All Japan Championship
(1996 et 2001). International japonais
(8 caps), il ne participera pas à la coupe
du monde de rugby de 1995.
consécutifs (1992, 1993, 1994 et 1995).
International japonais (27 caps), il
participe aux coupes du monde de rugby
de 1991 et 1995.
Après sa retraite de joueur en 1998, il
devient le nouveau manager de l'équipe
universitaire de Rissho où il est toujours
en poste actuellement.
Terunori Masuho (1972- ) : ancien ailier
de Waseda. Le 4 mai 1991, il devient à
l'époque le plus jeune joueur de l'histoire
du Japon à jouer en sélection avec les
Cherry Blossoms, lors de la défaite face
aux Etats-Unis (15-27).
En 1994, il rejoint Kobe Steel avec
qui il fera dès sa première saison le
doublé champion du Japon/All Japan
Championship. Il gagnera deux autres
All Japan Championship (2000 et 2001)
ainsi que le tout premier titre de champion
de Top League, en 2004 avec le même
club International japonais (47 caps), il
aura inscrit pas moins de 28 essais et
participé à trois coups du monde de rugby
(1991, 1995 et 1999). Il remportera avec le
Japon deux titres de champion d'Asie des
nations (1998 et 2000).
Après sa retraite de joueur en 2004, il
devient un temps manager de l'équipe.
Par la suite conseiller de Waseda, il sera
désigné en 2013 ambassadeur pour la
coupe du monde de rugby de 2019 au
Japon.
Teikazu Goto (1967- ) : ancien 2ème
ligne de Waseda. Il remporte avec les
rouges et noirs le championnat national
universitaire en 1990. Il intègre en
1990 Yamaha Motor. Il sera capitaine
de l'équipe lors de la montée en ligue
Kansaï A.
Après sa carrière de joueur, il retournera
vers Waseda où il occupera différentes
fonctions. En 2012, il est nommé nouvel
entraîneur du club rouge et noir.
Yasutoshi Kasuga (1967- ) : ancien 2ème
ligne de Waseda. Il fera parti de l'équipe
qui remporta le dernier triplé du club en
1988. Il gagnera également à nouveau le
championnat national universitaire en1990.
72
Après sa retraite de joueur, il devient
entraîneur deSuntory Foods (2001-2005).
Il est depuis commentateur pour la chaîne
privée nippone J-Sport. Il est également
connu pour avoir été marié un moment à
l'actrice japonaise Mayo Suzukaze
(2004-2010).
Masami Horikoshi (1968- ) : ancien demi
de mêlée de Waseda. Il remporte avec les
rouges et noirs le championnat national
universitaire en 1990.
Après son diplôme, il intègre la grande
équipe de Kobe Steel avec qui il gagnera
quatre titres de champion du Japon
et quatre All Japan Championship
Ryuji Nakatake (1973- ) : ancien 3ème
ligne de Waseda. Il part ensuite faire ses
études au Royaume-Uni. En 2006,
il devient le nouvel entraîneur de Waseda
en succédant au célèbre Katsuyuki
Kiyomiya. Il remportera notamment avec
les rouges et noirs deux championnats
nationaux universitaires (2007 et 2008).
Il quitte l'équipe en 2010.
En 2012, il devient le nouveau
sélectionneur des U20 japonais. Il subira
une défaite humiliante en test match
face au Pays de Galles (07-119) avant
d'échouer à la remontée du Japon en
première division, en perdant en finale du
Junior World Rugby Trophy face auxEtatsUnis (33-37). Il sera alors remercié par la
fédération japonaise de rugby.
japan
Waseda University Rugby Football
Yasuhiko Ishikawa (1976- ) : ancien ailier
de Waseda. Il intègre ensuite Toshiba
Fuchu avant de partir jouer en 2ème division
anglaise pour le club de Rosslyn Park FC.
Il retourne au Japon et joue alors jusqu'à
la saison 2006/2007 pour les Sanyo Wild
Knights.
Il intègre ensuite l'effectif de Kamaishi
Sea Waves en Top Ligue Est A (2ème
division japonaise) avant de terminer en
2009 chez le club de Tosen Clean Fighters,
alors en première division de la ligue
Kanto (4ème division japonaise).
Takashi Tsuji (1977- ) : ancien demi de
mêlée de Waseda. Il rejoint l'équipe de
NEC en 2000. Avec les NEC Green Rockets
(nouveau nom), il remportera trois titres
du All Japan Championship : en 2003 face
à Suntory Sungoliath (36-26), en 2005 face
à Toyota Verblitz (17-13) et en 2006 face à
Toshiba Brave Lupus (06-06).
Il prendra sa retraite de joueur en
2009. International japonais (7 caps), il
participera à la coupe du monde de rugby
de 2003.
En 2010, il devient le nouvel entraîneur
deWaseda et succède à Ryuji Nakatake.
Mais face à la domination sans partage de
Teikyo, il ne parviendra pas à remporter
le championnat national universitaire,
sinclinant en finale contre Teikyo (14-17).
Il démissionnera en 2012.
Shota Goto (1983- ) : ancien demi de
mêlée de Waseda. Recruté par Kobelco
Steelers en 2005, il impressionne lors de
sa première saison. Pas épargné par les
blessures, il a disparu de la circulation.
International nippon (8 caps), il avait fêté
sa première sélection, le 16 avril 2005,
lors de la défaite en Uruguay (18-24).
Eiji Ando (1982- ) : ancien demi
d'ouverture de Waseda. Il remporte l'All
Japan Championship en 2003 et en 2005
face à Kanto Gakuin. En 2005, il rejoint les
NEC Green Rockets. Après sept saisons, il
intègre l'équipe de Mitsubishi Sagamihara
Dynaboars (2ème division japonaise) en
2012. International japonais (13 caps), il
avait été choisi par le sélectionneur John
Kirwan pour participer à la coupe du
monde de rugby de 2007 mais avait dû
73
déclaré forfait à cause d'une blessure.
Takamichi Sasaki (1983- ) : ancien 3ème
ligne et capitaine de Waseda. Il remporte
trois All Japan Championship face à Kanto
Gakuin (2003, 2005 et 2006). Il participe
à la victoire historique de Waseda face à
Toyota Verblitz lors du 2ème tour d'AJC
(28-24).
Il rejoint en 2006 Suntory Sungoliath où
il retrouve son ancien coéquipier Yusuke
Aoki et son ancien entraîneur Katsuyuki
Kiyomiya. Il a remporté jusqu'ici trois
titres de champion du Japon (2008, 2012
et 2013) et trois All Japan Championship
(2011, 2012 et 2013) avec les jaunes et
noirs. International nippon (13 caps), il a
participé à la coupe du monde de rugby
de 2007 et a gagné deux tournois des
5 nations asiatique (2007 et 2012).
Yusuke Aoki (1983- ) : ancien talonneur
de Waseda. Il remporte trois All Japan
Championship face à Kanto Gakuin (2003,
2005 et 2006). Il participe à la victoire
historique de Waseda face à Toyota
Verblitz lors du 2ème tour d'AJC (28-24).
Il rejoint en 2006 Suntory Sungoliath où il
retrouve son ancien coéquipier Takamichi
Sasaki et son ancien entraîneur Katsuyuki
Kiyomiya. Il a remporté jusqu'ici trois
titres de champion du Japon (2008, 2012
et 2013) et trois All Japan Championship
(2011, 2012 et 2013) avec les jaunes et
noirs.
Ancien U19 japonais et aujourd'hui
international nippon (28 caps), il a
participé à la coupe du monde de rugby
de 2011 et a gagné quatre tournois des
5 nations asiatique (2007, 2008, 2009 et
2013) ainsi que la Pacific Nations Cup en
2011.
Yuta Imamura (1984- ) : ancien centre de
Waseda. Il remporte deux championnats
nationaux universitaires, face à Kanto
Gakuin, en 2005 et 2006. En 2007, il
rejoint l'équipe de Kobelco Steelers,
en Top League. Avec le club de Kobe, il
atteindra en 2013 la finale du All Japan
Championship mais s'inclinera face à
Suntory Sungoliath (20-36). International
japonais (38 caps), il a participé à deux
coupes du monde de rugby (2007 et 2011)
et a remporté le championnat d'Asie des
nations en 2006 et son successeur, le
tournoi des 5 nations asiatique, à quatre
reprises (2008, 2009, 2011, 2013).
japan
Waseda University Rugby Football
Il a également gagné la Pacific Nations
Cup en 2011. De par son gabarit , il fût
décrit comme un cheval par son ancien
entraîneur Katsuyuki Kiyomiya.
Yuki Yatomi (1985- ) : ancien demi de
mêlée de Waseda. Il remporte deux
championnats nationaux universitaires,
face à Kanto Gakuin, en 2005 et 2006.
En 2007, il rejoint l'équipe de Yamaha
Jubilo. Il y retrouvera en 2011 son
ancien entraîneur de Waseda, Katsuyuki
Kiyomiya, tout juste nommé nouveau
manager de l'équipe d'Iwata. International
japonais (13 caps), il participera à la coupe
du monde de rugby de 2007 en France.
Yoshinori Sogabe (1984- ) : ancien demi
d'ouverture de Waseda. Il remporte deux
championnats nationaux universitaires,
face à Kanto Gakuin, en 2005 et 2006. Il
s'illustre lors de la victoire historique de
Waseda face à Toyota Verblitz en 2006,
en inscrivant un essai sur un exploit
personnel.
Cela lui permet de rejoindre l'équipe
de Suntory Sungoliath, en Top League
et d'y retrouver son ancien entraîneur
de Waseda, Katsuyuki Kiyomiya. Mais
le jeune japonais, malgré deux titres
de champion duJapon (200 et 2012) et
deux AJC (2011 et 2012), n'arrive pas à
s'imposer. Il rejoint alors Yamaha Jubilo
en 2012 et y retrouve une fois de plus son
ancien entraîneur de Waseda.
international japonais chez les U19
et les U23.
Ayumu Goromaru (1986- ) : ancien arrière
de Waseda et frère cadet du talonneur Ryo
Goromaru (Coca-Cola West Red Sparks.
Vainqueur du championnat national
universitaire à trois reprises (2005, 2006
et 2008). Il participa à la victoire historique
de Waseda face à Toyota Verblitz en
2006, lors du 2ème tour du All Japan
Championship.
En 2008, il signe chez l'équipe de Yamaha
Jubilo, en Top League. Excellent buteur, il
a été nommé deux fois de suite meilleur
buteur du championnat japonais (2012 et
2013).
International japonais (29 caps), il connaît
ses premières sélections en 2005 à
seulement 19 ans mais sera écarté par le
français Jean-PIerre Elissalde.
Il revient en 2009 avec le néo-zélandais
John Kirwan mais ne sera pas convoqué
pour la coupe du monde de rugby de 2011.
Il reviendra sur le devant de la scène en
2012 grâce au nouveau sélectionneur
australien, Eddie Jones.
Il évolue toujours chez le club d'Iwata.
En 2013, il passe un échelon et devient
l'un des hommes forts des Brave
Blossoms, en étant par exemple l'homme
du match lors de la victoire historique
face au Pays de Galles. Eddie Jones en
fait ainsi un de ses piliers de l'équipe en le
nommant vice-capitaine.
Koshiro Shuto (1984- ) : ancien ailier de
Waseda. Il remporte deux championnats
nationaux universitaires, face à Kanto
Gakuin, en 2005 et 2006. En 2007, il rejoint
l'équipe de NEC Green Rockets, en Top
League, où il évolue toujours.
Avec leJapon, Ayumu Goromaru a
remporté trois tournois des 5 nations
asiatique (2009, 2012 et 2013), ainsi
que le Raeburn Shieldlors de la victoire
historique contre les gallois le 15 juin
dernier à Tokyo.
Taro Kenjo (1986- ) : ancien 2ème ligne
de Waseda. Vainqueur du championnat
national universitaire à trois reprises
(2005, 2006 et 2008).
Avec 295 pts, il est le 4ème meilleur
marqueur de points de toute l'histoire de
la sélection nippone et est très bien parti
pour battre le record de Keiji Hirose (422) !
Il participa à la victoire historique de
Waseda face à Toyota Verblitz en 2006,
lors du 2ème tour du All Japan
Championship. En 2008, il rejoigna
l'équipe de NEC Green Rockets, en Top
League. Il fût également par le passé
Kensuke Hatakeyama (1985- ) : ancien
pilier de Waseda. Il remporte deux
championnats nationaux universitaires,
face à Kanto Gakuin, en 2005 et 2006.
En 2007, il rejoint l'équipe de Suntory
Sungoliath, en Top League, où il retrouve
Photo : Waseda Rugby, Wikipedia, Waseda University Rugby match
74
son ancien entraîneur, Katsuyuki
Kiyomiya. Il a remporté jusqu'ici trois
titres de champion du Japon (2008, 2012
et 2013) et trois All Japan Championship
(2011, 2012 et 2013) avec les jaunes et
noirs.
Ancien international U19 et U23 japonais,
il fait parti actuellement de la sélection
des Brave Blossoms (45 caps). Il a
participé à la coupe du monde de rugby
de 2011. Il a pour le reste remporter le
tournoi des 5 nations asiatiques à cinq
reprises (2009, 2010, 2011, 2012 et 2013à
ainsi que la Pacific Nations Cup (première
historique du Japon) en 2011.
Masakazu Toyota (1986- ) : ancien 3ème
ligne de Waseda. Camarade de classe
au lycée de Yuto Nagatomo (international
japonais de Football de l'Inter de Milan),
il remporte les deux derniers
championnats nationaux universitaires
de Waseda en 2008 et 2009, le dernier
notamment face à Teikyo (20-10).
En 2009, il signe chez Coca-Cola West
Red Sparks. Avec le club deFukuoka, il
sera relégué en 2ème division japonaise
en 2012 mais remontera aussitôt.
International japonais chez les U19
mais aussi à 7, il a également porté le
maillot des Brave Blossoms (9 caps)
et remportera le tournoi des 5 natiosn
asiatique à deux reprises, en 2009 et en
2010.
Ryohei Yamanaka (1988- ) : ancien demi
d'ouverture de Waseda. Excellent ouvreur,
il perd en 2011 la finale du championnat
universitaire face à l'armada de Teikyo
(14-17). Il signe dans les jours qui suivent
chez les Kobelco Steelers.
International japonais à une occasion,
lors de la victoire contre le Golfe Persique
(60-05), il était pressenti par John Kirwan
pour être l'ouvreur titulaire lors de la
coupe du monde de rugby 2011. Mais
positif au contrôle anti-dopage, il allait
être suspendu deux ans par la fédération
japonaise de rugby.
Il est revenu en grâce cette année après
la fin de sa suspension et a débuté sa
première saison en Top League avec le
club de Kobe.
Hinato japonrugby.net
équipes de
france
mission everest
pour les bleus
lexvnz.com
france-all blacks
historique
superrugbynews.fr
que peut-on attendre
de la tournée
bajadita.com
76
77
82
mission everest
pour les bleus
Comme l’explorateur néo-zélandais Sir Edmund Hillary
et son guide Sherpa Tenzing en 1953, il faudra beaucoup
de courage, de solidarité et de volonté au XV de France
pour venir à bout du « Mont All Blacks ».
L’histoire a montré que les plus grands exploits étaient possibles.
Rendez-vous au Stade de France, le 9 novembre !
Tom lexvnz.com
76
FRANCE - all blacks
historique
A quelques semaines de la tant attendue confrontation entre
les Bleus et les All Blacks dans le cadre de la tournée d'automne,
nous vous proposons de revenir sur l'histoire commune ô combien
passionnante de ces deux grandes nations du rugby.
Depuis 1906, ces deux équipes ne cessent de se croiser, de se défier, de se jauger. Et les chiffres semblent plutôt être nettement à l'avantage du Pays du long nuage blanc ; en effet sur 55 matchs, la Nouvelle-Zélande n'en a remporté pas moins de
42, contre seulement 12 pour la France ! Mais au delà de ces statistiques, un France – Nouvelle-Zélande c'est surtout de la
passion, du combat, des défaites cuisantes, du French Flair, des leçons de rugby, de la provocation et des matchs d'anthologie.
au temps
amateur
Revenons tout d'abord à cette première
rencontre officielle entre le XV de France
et les Blacks qui remonte à l'hiver 1906,
plus précisément le 1er Janvier 1906.
Alors que les Néo-Zélandais étaient en
tournée dans les îles britanniques, ces
derniers avaient succombé à l'appel de
la France et s'étaient offert une belle
victoire 38 à 8 au Parc des Princes face à
une toute jeune et inexpérimentée équipe
de France qui disputait alors son tout
premier match officiel.
Ce n'est qu'en 1925 que les français
obtiendront leur revanche et donc leur
deuxième match contre les Kiwis. Mais
bien que ces derniers se sont retrouvés
face à une équipe plus complète et plus
aguerrie, cela ne les empêchera pas
d'écraser les Bleus 30 à 6. Le capitaine
des All Blacks, Cliff Porter, précisera
néanmoins à la fin du match que
>
77
Vos avants nous ont donné
beaucoup de peine. Vos arrières
ont été moins bons.
Cliff Porter
FRANCE - all blacks
historique
The Originals
Pendant près de 30 ans et après une
défaite 30 à 6, le chemin du XV de
France ne croisera plus celui des All
Blacks, en grande partie à cause de
l'exclusion du Tournoi due à la forme
de professionnalisme s'établissant en
France, à la violence - dénoncée par les
Anglais - des Frenchies durant certains
matchs (notamment Galles – France
en 1930) et bien entendu à la Seconde
Guerre Mondiale.
Il faudra donc attendre jusqu'au 27 février
1954 pour revoir l'affiche alléchante
qu'est France – Nouvelle-Zélande. Ce
match historique pour la France s'est
joué au stade Yves du Manoir à Colombes
et s'est soldé par une victoire, la toute
première contre les Blacks, 3 à 0 grâce
à un essai de Jean Prat en première
mi-temps.
En 1961, victorieux du Tournoi des Cinq
Nations, le XV de France se rend en
78
Océanie pour sa tournée d'été. Trois
matchs sont programmés face aux All
Blacks ; deux de ces matchs sont perdus
de très peu par les Français (13-6 et 5-3)
mais le dernier, se déroulant au Lancaster
Park de Christchurch, se soldera cette
fois-ci encore par une très large victoire
des locaux, 32 à 3. Et dire que tout le
monde prédisait une victoire des Bleus
cette année-là !
Après une défaite 12 à 3 des Français en
1968, Albert Ferrasse, alors président de
la Fédération Française de Rugby, décrète
que le XV de France ne remettrait pas
les pieds au Pays du long nuage blanc si
les matchs n'étaient pas arbitrés par des
arbitres neutres et si les All Blacks ne se
décidaient pas à faire une vraie tournée en
France.
Finalement les Kiwis acceptent ces
modalités et organisent une tournée en
1977 après avoir été battus une deuxième
fois par les français 13 à 6 grâce a deux
essais de Claude Dourthe et Roland
Bertranne. Lors de cette tournée en
octobre 1977, la Nouvelle-Zélande ne
concédera qu'une seule défaite, lors
du premier test face à la France (18 à
13). La deuxième rencontre entre les
deux équipes tournera à l'avantage des
visiteurs qui remporteront le match 15 à 3.
La première victoire des Frenchies chez
les Kiwis se fera dans le cadre de la
tournée de la France en Nouvelle-Zélande
en 1979. Les Bleus, désormais menés par
Jean-Pierre Rives, battent les locaux sur
le score de 24 à 19 dans le mythique stade
Eden Park à Auckland grâce aux essais de
Jerôme Gallion, Alain Caussade, Jean-Luc
Averous et Didier Codorniou.
Vient alors la Coupe du Monde 1987 ;
entre temps les deux équipes se sont
évidemment rencontrées à de multiples
reprises, et ces matchs se sont soldés
FRANCE - all blacks
historique
par cinq victoires néo-zélandaises pour
seulement une victoire française. Après
avoir brillamment obtenu une victoire
historique face aux Wallabies, les Bleus
décrochent leur billet pour la finale
de la première édition de la Coupe du
Monde, face aux Blacks. Malgré un essai
de Pierre Berbizier, une pénalité et une
transformation de Didier Camberabero,
les Français s'inclineront sur le score de
29 à 9. C'est ainsi que, grâce aux essais de
Michael Jones, David Kirk et John Kirwan,
les All Blacks sont proclamés premiers
champions du monde de rugby.
et finalement, ce n'est que le 26 Juin 1994
que les Bleus se rendent en Aotearoa
pour disputer un match qui s'inscrira dans
les annales rugbystiques : non seulement
sur le contenu (les Français remportent
la partie 22 à 8), mais aussi et surtout
car c'est ce jour-là que l'incontournable
Jonah Lomu revêtit le fameux maillot noir
à la fougère pour la première fois de sa
carrière. Bien que sa prestation
que le joueur Black marquera à tout
jamais par sa puissance, sa rapidité et
son intelligence.
C'est dans le cadre de cette même
tournée, et lors du second test face aux
All Blacks à l'Eden Park, que les Bleus
marqueront cet essai d'anthologie de plus
de 80 mètres dans une phase de jeu qui a
fait intervenir au total neuf joueurs !
Après cette première Coupe du Monde,
les deux équipes se recroiseront deux
fois en 1989, mais les Lagisquet, Blanco,
Sella ou encore Berbizier ne pourront
rien faire face aux Kirwan, Fitzpatrick et
toute la bande, et s'inclineront à deux
reprises. L'année suivante, en 1990 donc,
les Blacks sont de retour en France
pour une série de tests dont deux contre
l'équipe nationale. Cette dernière est
quelque peu bouleversée, notamment à
cause de la démission de Fouroux qui est
remplacé par Dubroca. Dans ce contexte
instable, les Bleus se voient en quelque
sorte "laminés" par les Néo-Zélandais
qui gagnent les deux rencontres sur les
scores explicites de 24 - 3 et 30 - 12.
Quatre ans passent sans que les deux
équipes ne se recroisent sur les terrains,
L'ère
professionnelle
Après la coupe du monde 1995, remportée
par les Springboks, les deux équipes
nationales se rencontrent lors de la tournée
des All Blacks en France :
79
fut moyenne, ce match se révéla être un
tournant dans le monde du ballon ovale
la première rencontre à Toulouse, le 11
novembre se solde par une victoire des
Français, 22 à 15, grâce aux essais de
Jean-Luc Sadourny, Richard Dourthe et
Philippe Saint-André.
Français puisque les Néo-Zélandais
inscriront trois essais supplémentaires
par Osborne, Lomu et Jones, ainsi
que cinq pénalités leur permettant
d'emporter la rencontre 37 à 12.
Pour la troisième fois consécutive, les
Bleus remportent ainsi le match face
aux Kiwis. Mais à peine une semaine
après la défaite, ces derniers prennent
leur revanche au Parc des Princes, et
après s'être fait remonter les bretelles
par le légendaire Colin Meads, écrasent
totalement les locaux.
Le match suivant se déroule en 1999
à Wellington, dans le cadre de la tournée
préparatoire à la Coupe du Monde,
organisée dans l'hémisphère sud. Un
match disputé dans de mauvaises
conditions tournant à l'avantage des
All Blacks qui donneront une « petite »
leçon au quinze de France : pas moins
de sept essais sont inscrits par les
Blacks Umaga, Cullen et Marshall.
Ajoutez les 19 points marqués au pied
par Mehrtens, et cela vous amène au
score sans équivoque de 54 à 7 !
Dominateurs en conquête, c'est sur
le score explicite de 20 à 5 que les
All Blacks rentrent aux vestiaires.
La seconde période sera fatale aux
FRANCE - all blacks
historique
Un raffut,
un crochet
intérieur,
cinq joueurs
français autour,
personne
ne peut
le prendre
Bernard Laporte
C'est le commentaire que le Français
fera après la demi-finale de la coupe du
monde face aux All Blacks en parlant du
premier essai inscrit par le phénomène
Jonah Lomu. Et pourtant, c'est bel et bien
le XV de France qui sortira vainqueur de ce
que l'on a appelé « Le meilleur match de
l'histoire de la Coupe du monde ». Alors
que les Blacks, archi-favoris, mènent 24 à
10 à la 47e minute grâce aux deux essais
de Lomu, Lamaison redonne de l'espoir
en passant deux drops et deux pénalités,
ce qui ramène les Français à seulement
deux longueurs des Kiwis, 25 minutes
avant le coup de sifflet final.
Mehrtens qui n'inscrit pas moins de
29 points, permettant ainsi à son équipe
de gagner le premier match 39 à 26. La
seconde rencontre se joue à Marseille où
les Français viendront à bout des Blacks,
remportant la partie 42 à 33.
Galthié tape ensuite un coup de pied dans
le dos de la défense et permet à Dominici
d'inscrire un essai ô combien important.
A la suite d'un coup de pied à suivre de
Lamaison cette fois, Dourthe plante un
nouvel essai avant que les hommes au
maillot à la fougère ne réduisent le score
à 43 – 31.
En 2002, un match est joué et se solde
par un nul 20 à 20, le premier de l'histoire
des confrontations entre la France et la
Nouvelle-Zélande. Sept mois plus tard, les
deux pays se retrouvent à Christchurch :
trois essais de Rokocoko permettent
aux locaux de très rapidement prendre
l'avantage (19 à 3). Les visiteurs tentent
de recoller au score grâce à un essai de
Marconnet et une pénalité de Michalak,
ce qui leur permet de rentrer aux
vestiaires sur le score de 19 à 13. En
seconde période trois pénalités sont
inscrites par Carter et un essai est
marqué par Jauzion. L'ouvreur All Black
clôture le match avec une pénalité et son
équipe remporte le match 31 à 23.
Le 11 novembre 2000, les deux équipes
se rencontrent au Stade de France pour
se disputer le trophée Dave Gallaher
– en hommage au capitaine All Black
qui perdit la vie pendant la Bataille de
Passchendaele en 1917. La première
rencontre est totalement dominée par
Après une très large défaite en 2003
lors du match pour la troisième place de
la Coupe de monde (40 à 13), la France
croise encore la route de la NouvelleZélande au Stade de France. Les cinq
essais inscrits par Carter, Collins,
Kelleher, Nonu et So'oialo permettront
80
aux joueurs du pays du long nuage blanc
de battre les Bleus 45 à 6.
En automne 2006, deux tests sont
disputés en France. Les Bleus sont
écrasés par les Néo-Zélandais qui
inscrivent sept essais, par Sivivatu,
McCaw, Carter, Smith, Rokocoko, Luke
McAlister. La France qui ne marque qu’un
seul drop par Florian Fritz, subit une
nouvelle fois une lourde défaite 47 à 3.
La semaine qui suit, la France encaisse
une cinquième défaite consécutive face
aux hommes en noir, sur la pelouse du
Stade de France, 23 à 11.
Après deux grosses défaites en Nouvelle
Zélande (42 à 11 et 61 à 10) la France
accueille la Coupe du monde 2007,
compétition dont les All Blacks sont
les grands favoris. Les deux équipes
nationales se rencontrent en quart de
finale au Millennium Stadium de Cardiff le
6 octobre 2007.
Une domination en mêlée et en touche
permet aux All Blacks de maîtriser les
Bleus et inscrivent un essai par McAlister.
L'ouvreur Carter marque ensuite la
transformation et deux pénalités (13 à
0). Lionel Beauxis permet d'inscrire trois
points avant que la sirène du stade
FRANCE - all blacks
historique
annonçant la mi-temps ne retentisse.
En seconde période, alors que McAlister a
écopé d'un carton jaune à la 45e minute,
les Bleus inscrivent un premier essai par
Thierry Dusautoir transformé par Lionel
Beauxis (13 à 13). Après une longue série
de « pick and go», les Kiwis marquent
un deuxième essai, non transformé. La
France leur répond en marquant à son
tour un deuxième essai de Jauzion après
une percée de Frédéric Michalak.
Cet essai fera longtemps débat dans les
médias après le match, car beaucoup
le considèrent invalidé par un en-avant.
Les deux points de la transformation
marqués par Ellisalde permettent pour
la première fois de la rencontre aux
Bleus de mener la danse (20 à 18). Un
très bon rideau défensif et de nombreux
dégagements permettront aux Français
de conserver cet avantage et de les
amener en demi-finale.
Cette victoire fut très largement
contestée par les Kiwis, Barnes et son
juge de touche étant considérés comme
impartiaux en faveur des Français.
C'est en 2009, à Dunedin, dans le cadre
d'une tournée des Bleus que ces derniers
gagneront pour la dernière fois face aux
Blacks (27 à 22) leur permettant ainsi de
gagner pour la première fois le trophée
Dave Gallaher.
Vient ensuite cette défaite amère du
côté français : la finale de la Coupe du
Monde 2011. Bien que les Bleus ait eu un
parcours chaotique dans la compétition,
ils ont réussi à atteindre les portes de
la finale, qu'ils disputent face aux All
Blacks. C'est donc en ce 23 octobre 2011
que les deux équipes se retrouvent dans
l'enceinte de l'Eden Park pour se disputer
la coupe Webb-Ellis.
Ne pouvant imaginer perdre ce match
(d'un part à cause de la défaite en 2007,
d'une autre part parce que ne voulant
pas décevoir son public), les locaux
prennent l'avantage avec l'essai inscrit
par Woodcock suite à une magnifique
Photo : Wikipedia, Reuters, Getty Images, Rich Weber
81
combinaison en touche. Les Français
s'empressent de répondre avec un essai
du capitaine Dusautoir, transformé par
Trinh-Duc, mais grâce à la pénalité que
Donald avait inscrite auparavant, cet essai
ne permettra pas aux visiteurs de prendre
l'avantage.
Du combat, du jeu au pied, de la
provocation, mais au final ce sont les
Blacks qui l'emportent 8 à 7 et privent
ainsi les Français d'un tout premier titre
mondial. Tout comme la rencontre en
2007, ce match est vivement critiqué par
les médias Français, dénonçant ainsi
l'arbitrage en faveur des Kiwis de Joubert.
Lors des trois rencontres disputées
en 2013, les Bleus n'ont pas réussi
à faire tomber cette magnifique équipe
qu'est la Nouvelle-Zélande.
Alors, en seront-ils capables au mois
de novembre ? Affaire à suivre...
Elodie superrugbynews.fr
XV DE FRANCE
Que peut-on attendre de la tournée ?
Novembre arrive et avec lui ses matches de tournée automnale.
Comme chaque année les équipes du Sud rendent visite aux équipes du Nord,
et cette année un très beau programme attend le XV de France puisque ce
ne sont pas moins que les deux meilleures équipes mondiales, la NouvelleZélande et l’Afrique du Sud qui viendront à Paris.
Sans oublier au milieu de ces deux chocs l’affrontement au Havre contre
les îles Tonga, tombeurs de l’équipe de France en match de poule lors de la
dernière coupe du monde.
aux Blacks. A entendre nos dirigeants le
XV de France était sur la bonne voie et les
défaites d’hier supposaient les succès de
demain selon notre cher président Pierre
Camou.
Trouver une
animation offensive.
Camille Lopez sera-t-il le patron
des lignes arrières de l'équipe de France
Pour l’instant l’année 2013 du XV de France est des plus catastrophiques. Seulement
une seule victoire contre l’Ecosse pendant le tournoi, pour un match nul et six
défaites, l’équipe de France est en plein doute et la perspective de la venue pour le
premier match des All Blacks, toujours invaincus en cette année 2013, neuf victoires
en autant de matches joués, n’est pas des plus rassurantes. A plus ou moins deux
ans de la coupe du Monde il serait intéressant d’axer notre réflexion sur les buts en
enjeux de cette tournée.
Renouer avec la victoire.
chercher la victoire à tout prix ?
Comme précisé plus haut, sur le plan
statistique l’année du XV de France est des
plus mauvaises, il faut en effet remonter
à 1982 pour voir une équipe de France
arriver avec une seule victoire dans cette
période de la saison. Faut-il pour cela
On s’en souvient je l’avais évoqué à la fin
de la tournée en Nouvelle-Zélande, j’avais
fulminé devant le peu d’ambitions de
notre équipe nationale qui ne s’était
seulement que satisfait d’avoir, hormis le
deuxième test, plus ou moins tenu tête
82
Comme je l’avais déjà souligné, il est vrai
qu’on a vu malgré tous les reproches
que l’on peut faire à notre championnat
que le top14 prépare bien les joueurs aux
échéances internationales. On constate
cela par le fait que la différence physique
entre notre équipe nationale et les
équipes de l’hémisphère Sud n’est plus
aussi flagrante qu’elle a pu l’être à une
certaine époque. Si on peut donc bâtir sur
ce fait, on peut aussi, malgré quelques
errements, s’appuyer sur une défense
plutôt solide. Constatant ces faits, le
sélectionneur a axé le travail de l’inédit
stage de Septembre sur une tentative de
mise en place de jeu offensif. Ce qui n’est
vraiment pas pour me déplaire car s’il y a
bien quelque chose de cette tournée c’est
bien ça. Il faut, contrairement à la tournée
en Nouvelle-Zélande que nous tentions
des choses, que nous essayions des
combinaisons, des choses nouvelles.
XV DE FRANCE
Que peut-on attendre de la tournée ?
A deux ans de la coupe du Monde il
faut absolument que notre organisation
offensive commence, et je dis bien
commence, à se mettre en place car
pour l’instant, depuis que PSA est aux
manettes nous n’avons strictement
rien sur ce point-là.
Toutefois pour avoir une organisation
offensive forte il nous faut arrêter les
tâtonnements au niveau du choix des
hommes.
Imposer une charnière.
Pour cela il faut que se dégage très
rapidement une charnière indiscutable.
Ou du moins dans un premier temps avec
les blessures ou suspensions de Parra
et Machenaud qu’un demi d’ouverture
prenne le pouvoir et que notre jeu offensif
découle de lui. Jouant la continuité PSA a
rappelé les ouvreurs qu’il avait pris avec
lui lors de la tournée en Nouvelle-Zélande
à savoir Lopez et Talès. Ce dernier blessé
après la tournée a manqué le début de
la saison mais revient bien maintenant.
Lopez lui a changé de club, mais s’est
fondu de suite dans le rôle de dépositaire
de l’attaque catalane bien aidé il est vrai
par le fait qu’il a retrouvé un entraineur
qui le connaissait bien.
S’il a connu des performances en
demi-teinte à l’image de son équipe sur
certaines rencontres, il a été des plus
brillants lors de rencontres importantes
comme face à Castres et Montpellier par
exemple. Il est temps maintenant que le
sélectionneur en installe un des deux et
en fasse le patron des lignes arrières.
Car c’est bien un de nos principaux
problèmes, nos trois quarts n’ont pas de
véritable patron contrairement aux Blacks
par exemple qui s’appuient sur Conrad
Smith et sur Carter quand celui-ci est sur
pied.
Une mêlée à surveiller
Mais avant de faire briller les trois quarts
il faudrait que la conquête soit bonne. Et
avec les nouvelles règles en mêlée une
nouvelle donne vient d’arriver. Même
si traditionnellement la France est une
nation des plus fortes en mêlée fermée,
aujourd’hui personne n’est capable de
prédire la réaction du pack français et
comme le disent nos amis britanniques «
No scrum, no win ».
En définitive il paraît clair que l’équipe
de France aura du mal à remporter trois
victoires. Mais au-delà du résultat cette
tournée doit marquer une évolution dans
le jeu français. Sur les acquis défensifs et
physiques doivent se rajouter au moins
une ébauche de jeu offensif, de projet de
jeu. Tout ceci afin de monter en puissance
pour enfin disputer la victoire dans un
tournoi que l’on galvaude beaucoup trop
souvent. Et ce d’autant plus que nous
serons une année paire, une année où
l’on reçoit les irlandais mais surtout les
anglais.
Photo : oceaniemania.blogspot.fr, Sport Icon
83
Jérémy bajadita.com
tous au stade de france
pour défendre nos valeurs
sinon, en novembre,
ils vont tout nous prendre.
stadefrance.fr
élite
féminine
les lionnes / saison 2
bajadita.com
ac bobigny
les louves en appetit
bajadita.com
top12 / j'aime les filles
bajadita.com
l'Avenir Fonsorbais
Rugby Féminin
bajadita.com
Photo : Rugbyshop
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LES LIONNES
SAISON 2
Les Lionnes attaquent leur 2ème saison en Top 10
Seconde étape de notre parcours au coeur des clubs de l'élite féminine
avec Matthieu Codron, le manager de l'équipe du Stade Bordelais
qui A entamé, avec les Lionnes, sa 4ème saison.
Manager mais aussi conseiller
technique de rugby (détaché pour la
FFR, il travaille pour le Ministère des
Sports), Matthieu Codron a également
entraîné l'équipe de France féminine
de 2006 à 2008, avant de travailler,
aujourd'hui, avec les moins de 20
ans féminines. "Ce qui me plaît
dans la pratique féminine, c'est
l'investissement et la volonté des filles
qui veulent montrer que elles aussi,
elles peuvent pratiquer le rugby. Sur
le terrain et à l'entraînement, elles
donnent tout ce qu'elles ont. Elles
cherchent tout le temps à se dépasser
et à se faire mal pour gagner des
matches, ce qui n'est pas toujours le cas
chez les garçons. J'y prends vraiment
du plaisir."
Une belle aventure pour
un jeune club
C'est la 7ème saison que le Stade
Bordelais Rugby section féminine existe.
Si le club a pu voir le jour, c'est parce
86
que les dirigeants du BEC (Bordeaux
Etudiants Club) ne voulaient plus investir
dans la pratique féminine à hauteur des
besoins d’un club de première division, le
plus haut niveau, où évoluait à l’époque
le BEC.
Le Stade Bordelais Rugby, c'est
aujourd'hui une école de rugby mixte,
deux équipes féminines senior (une qui
évolue en fédérale 2 et l'autre en Top 10
depuis 2 saisons), une équipe cadettes,
ainsi que des cadets et juniors garçons.
Le club refusait notamment de prendre
en charge leurs déplacements. Lassées
par la situation, de nombreuses joueuses
quittent alors le BEC et sont accueillies
par le Stade Bordelais. "L'aventure a
commencé comme ça. Le BEC s'est
ensuite recréé, ce qui est une bonne
chose, les joueuses évoluent aujourd'hui
en fédérale 3." précise Matthieu Codron.
C'est aussi l'équipe des Old Lions,
regroupant les anciens, qui leur donnent
des coups de main quand il le faut.
"Nous avons voulu créer un vrai club, où
tout le monde échange, garçons, filles,
quel que soit le niveau. Les relations
sont bonnes. Nous travaillons aussi
beaucoup avec les universités", souligne
Matthieu Codron.
Depuis sa création, le Stade Bordelais
Rugby connaît un nombre de licenciés
à la hausse : d'une vingtaine il y a 7
ans, le club en compte aujourd'hui 80.
"C'est le fruit du travail d'arrache-pied
de 3 personnes, au départ, Stéphane
Verbreugh, Guillaume Ortega, et Raymond
Sevilla. Et de tous les bénévoles qui
s'investissent, depuis, dans le club."
La particularité du Stade Bordelais est
liée à son histoire. S'il compte, dans ses
rangs, des équipes garçons junior et
cadets et une école de rugby mixte, son
équipe senior masculine n'est autre que
l'Union Bordeaux Bègles, qui évolue en
Top 14 depuis 2 saisons, née de la fusion
entre Bègles (le CABBG) et le Stade
Bordelais.
LES LIONNES
SAISON 2
Autrement dit, l'équipe senior du
Stade Bordelais, c'est l'Union Bordeaux
Bègles. Bienveillante, à l'image de
son président Laurent Marti, qui
garde un oeil sur l'équipe féminine et
entretient des relations régulières avec
le Stade Bordelais."Rien n'est instauré
officiellement, mais il y a une vraie
volonté de nous aider, un partenariat
tacite." Pas de partenariat financier, mais
une reconnaissance certaine des filles. "Il
y a une vraie volonté du président Marti de
nous suivre et de nous soutenir quand il
le peut. L'UBB nous a aidés, par exemple,
à trouver des emplois ou un lycée pour
certaines de nos joueuses."
Stade Bordelais
Calendrier 2013
Peu de moyens,
beaucoup de volonté
Le Stade Bordelais est une association loi
1901, qui regroupe différentes sections
sportives.
Une grande partie du budget est lié à la
subvention de la mairie de Bordeaux, à
laquelle s'ajoute celle du Conseil général,
et du Conseil régional. Parce que le club
évolue au plus haut niveau, les aides sont
un peu plus conséquentes.
Même si l'argent reste toujours un
problème dans la pratique féminine, le
Stade Bordelais arrive à fonctionner avec
des budgets très serrés, un partenariat
privé et des bénévoles du club qui
cherchent à développer des relations
et des partenariats. "Mais la pratique
n'est pas assez médiatisée pour qu'un
partenaire ait envie de nous financer"
relève Matthieu Codron.
Le budget du Stade Bordelais s'élève à
90 000 euros pour la section féminine,
c'est-à-dire pour le fonctionnement des
3 équipes féminines.
Ce budget restreint est donc vraiment
un frein, même si le club fait beaucoup
d'efforts. "Bordeaux est une grosse
ville étudiante, donc on peut attirer des
joueuses au club. On s'est structuré, on a
des étudiants osteo, un kiné qui nous suit
à chaque match, un préparateur physique
qui est là presque tous les jours, on a
des passerelles avec la clinique du sport,
on a deux entraîneurs par équipe et un
manager. Tout cela s'est fait par la bonne
volonté des gens et avec peu de moyens."
87
Le club s'est en effet structuré autour
de bénévoles, et une secrétaire salariée
depuis l'an dernier. L'idéal, pour Matthieu
Codron, se situe à deux niveaux : celui
du fonctionnement du club, et celui
des joueuses. Il aimerait que le Stade
Bordelais ait les moyens d'embaucher
une personne qui s'occuperait de la
partie sportive, qui fasse le relationnel
avec les collèges, les lycées, pour pouvoir
trouver des potentiels. Trois salariés
constitueraient ainsi sa structure idéale :
un dédié à l'administratif, un autre aux
partenariats, sponsors, stages et emplois
des joueuses, et un dernier au sportif,
pour que le club puisse être autonome
LES LIONNES
SAISON 2
et efficace. Il souhaiterait également
pouvoir mieux accompagner les
joueuses, avec des logements, avec
des remboursements, pour toutes, de
leurs frais de déplacements, ce qui n'est
actuellement le cas que pour trois d'entre
elles, parce qu'elles viennent de loin. Cela
permettrait au Stade de pouvoir recruter
et fidéliser plus facilement ses joueuses,
d'autres clubs le proposant.
La vie d'une Lionne
Trois entraînements par semaine sont
proposés aux filles du Stade Bordelais.
Les étudiantes peuvent suivre deux
entraînements avec l'université. Au
final, si la joueuse le désire, elle peut
s'entraîner tous les jours.
Quand elles rugissent à domicile, les
Lionnes jouent au Stade Sainte Germaine
du Bouscat, où elles bénéficient de belles
infrastructures. "Pour un club féminin, on
dispose d'installations hors du commun,
avec un terrain d'honneur toujours bien
entretenu, des vestiaires, une salle de
musculation, ... "
Sur les 64 joueuses seniors, trois
joueuses sont appelées, régulièrement,
dans les équipes de France féminines.
A 7, comme Anaïs Lagougine, qui a été
capitaine et a joué la coupe du monde,
Camille Grassineau, qui a joué aussi à XV,
notamment lors de la tournée d'automne,
Rose Thomas qui a fait la saison à 7 mais
a été victime d'une rupture du tendon
d'Achille et n'a donc pas pu aller à la
coupe du monde, ... A XV, comme Assa
Koïta, Laürelin Fourcade, et Cécilia
88
Khadidja Camara, la lionne du mois de Novembre - Calendrier 2013
Saubusse qui a joué des matches sur la
tournée d'automne,
Marina Kerembellec, qui a connu ses
premières sélections en France U20 avec
deux victoires contre les Anglaises, Julie
Laffargue et Margot Marie en France
universitaire à 7 ... Ces internationales
sont bien évidemment une fierté pour le
club dont l'objectif est de toujours les que
faire évoluer vers le plus haut niveau pour
tout le monde progresse et y trouve son
compte, qu'elle soit débutante ou qu'elle
joue en équipe(s) de France.
Les Lionnes ont abordé leur seconde
saison en Top 10. Avec l'ambition affichée
de se maintenir. Tout en sachant qu'avec
le 2x5, pour Matthieu Codron, cela va être
plus compliqué, même s'il espère encore
LES LIONNES
SAISON 2
que les choses vont bouger. "La difficulté,
pour la pratique féminine, c'est que les
gens ont encore une image qui date d'il
y a 20 ans, où c'était plus lent, ... or, tous
ceux qui viennent voir un match de Top 10
prennent vraiment du plaisir parce qu'il
y a de l'engagement, une bonne qualité
de jeu, ... et si le rugby féminin était
davantage médiatisé, cela permettrait
de montrer cela. A titre d'exemple,
Christophe Berdos est venu nous arbitrer
contre Caen (manifestation en faveur de
l'association contre la mucoviscidose),
c'était la première fois qu'il arbitrait
des féminines et il a été agréablement
surpris du niveau, de l'engagement, et de
l'implication des joueuses.
Si on communiquait davantage sur la
pratique féminine, je suis convaincu
qu'elle attirerait du monde, de nouvelles
joueuses, de nouveaux spectateurs, et
donc de nouveaux partenaires pour faire
avancer." Cela créerait, en effet,
une dynamique vertueuse.
Pour le manager du Stade Bordelais,
travailler ensemble, entre les clubs,
la DTN, la fédé, ... est possible. "Il y a
des choses à faire pour que la pratique
féminine prenne son ampleur et que tout
le monde puisse y trouver son compte. Il y
a des choses à faire évoluer, c'est certain.
On pourra y arriver avec une bonne
communication, en travaillant en
concertation, y compris au niveau
international.
La Coupe du Monde féminine est
systématiquement remise en cause parce
qu'elle ne rapporte pas d'argent." Or, on
sait qu'une telle compétition peut avoir de
vraies répercussions.
Présentation de l'equipe 1 et 2
du Stade Bordelais
"2007 a été un vrai coup de pouce pour le
rugby. Il faut tout faire pour valoriser cette
pratique féminine qui mérite le respect
de tous.
La France accueille la coupe du
monde féminine en août 2014, il faut
communiquer sur cet événement.
Photo : Stade Bordelais, Rugbynistère, JC Aronoff, Sud-Ouest
89
Les clubs jouent le jeu, ont adhéré au
projet fédéral. Il faut aider, accompagner
tous ces bénévoles qui s'investissent
énormément dans les clubs. Parce que si
les clubs sont performants, les équipes
de France seront performantes."
Et tout le monde s'y retrouvera.
Sophie bajadita.com
AC Bobigny 93
des Louves en appétit
C'est en compagnie de l'entraîneur Fabien Antonelli que nous attaquons
cette troisième étape-découverte des clubs de l'élite féminine.
Après Rennes et Bordeaux, direction Bobigny, en région parisienne,
en Seine-Saint-Denis.
Chef de la meute depuis la création de
l'équipe féminine il y a 10 ans, Fabien Antonelli attaque donc sa 11ème saison avec
les Louves, qui évoluent en Top 10 depuis
4 saisons déjà.
Professeur d'EPS, originaire de SaintEtienne, il est arrivé dans le 93 à la fin de
ses études. Ancien rugbyman, c'est à la
suite de deux opérations des genoux qu'il
met un terme à sa carrière et se lance
comme entraîneur. "Pendant mes études
de Staps, j'entraînais déjà les filles à
l'Université.
En arrivant dans le 93, je suis allé frapper
à la porte du club de Bobigny, qui m'a
proposé de m'occuper des filles, avec
Marc-Henri Kugler, prof au Staps de Bobigny, qui venait de monter, avec quelques
universitaires, une équipe féminine."
Si les dirigeants du club de Bobigny sont
quelque peu réticents au départ, très vite,
ils actent l'arrivée des filles dans son
giron. "On a été intégrés au club, complètement et très rapidement... dans ce
club qui avait été créé en 1965", souligne
90
Fabien Antonelli.
Aujourd'hui, l'AC Bobigny 93 compte
500 licenciés, et 15 équipes, dans toutes
les catégories. Dont une équipe de haut
niveau amateur garçons qui évolue en
Fédérale 1 et une de haut niveau féminin
qui évolue en Top 10. La seconde équipe
féminine évoluant, elle, en Fédérale 2. Le
club accueille également l'Académie, son
centre de formation, dans lequel il investit
beaucoup de moyens. "L'objectif est de
pouvoir conserver nos meilleurs jeunes
pour qu'ils accèdent à l'équipe fanion.
Et d'attirer également les meilleurs du
département", précise Fabien Antonelli.
20 académiciens la composent, dont une
ou deux féminines qui s'entraînent ainsi
avec les garçons.
Un groupe féminin bien loti
L'AC Bobigny 93 est une association loi
1901. Cette année, son budget global, se
situe entre 1,4 et 1,5 millions d'euros : un
budget important mais loin des grosses
écuries de Fédérale 1. "C'est difficile de
survivre dans ce monde amateur, car il
y a de gros budgets dans certains clubs.
L'équipe qui évolue en Fédérale 1 a besoin
de plus en plus d'argent. C'est pour cette
raison qu'un budget conséquent lui est alloué. Nous avons eu des joueurs pro il y a
quelques années, c'est de moins en moins
le cas, et nous avons besoin de partenaires privés. La politique du club, c'est donc,
en toute logique, d'allouer la plus grosse
partie de son budget à l'équipe fanion,
mais on considère que le budget global
est celui de toutes les équipes du club."
Difficile donc d'avoir un chiffre précis de
celui consacré aux féminines, qui serait,
malgré tout, estimé entre 5 et 10 % du
budget global.
Les filles semblent donc avoir tout ce
qu'elles veulent pour fonctionner. "Même
si nous, on en demande toujours plus, on
est très bien lotis par rapport aux clubs
du Top 10. On a ce qu'il faut pour nous
déplacer, en TGV la plupart du temps,
parfois en avion, on a les repas à domicile,
les décrassages, un préparateur physique,
un ostéo, ..." Les Louves bénéficient donc
aujourd'hui d'une équipe qui s'est structurée
AC Bobigny 93
des Louves en appétit
depuis 10 ans sur les bases d'un club qui
repose sur l'équipe fanion masculine.
Elles bénéficient ainsi de la structure
même du club, du travail des bénévoles
mais aussi de celui de 7 ou 8 salariés
qui peuvent assurer les fonctions clés à
plein temps (comptabilité, partenariats,
administratif, sportif, ...).
Et de celui d'une ancienne internationale,
Fanny Griselin, chargée de l'école
de rugby et de toutes les relations
avec le scolaire. Parce que l'une des
particularités du rugby féminin et de
ses clubs, c'est de nouer des relations
étroites avec les écoles et les universités,
véritables viviers de pratiquantes ou de
futures pratiquantes.
91
"C'est un avantage certain, on est
bien aidés grâce à cette structure, aux
installations, aux moyens humains... S'il
fallait que l'on s'auto-gère, ce serait très
compliqué. Bénéficier de tout l'existant
qui s'est construit pour les garçons nous
permet de ne nous consacrer qu'au
terrain. Nous sommes des privilégiés
par rapport à ça, on est complètement
associés au projet du club."
L'effectif féminin de l'AC Bobigny 93, c'est
60 licenciées seniors, deux équipes à XV
et une équipe cadettes associée avec le
département. Quelques jeunes joueuses
s'entraînent également, à l'école de
rugby, avec les garçons. Il a compté, la
saison dernière, 3 internationales à 7 et
3 internationales à XV. Si le nombre de
licenciées était à la hausse, il semble
s'être stabilisé depuis deux ans.
"Nous avons eu quelques soucis
d'effectifs pour composer deux feuilles
de matches le même week-end, parce que
la Fédé a aligné les matches du Top 10
et de fédérale." Même si des débutantes
viennent compléter, régulièrement,
les effectifs, Fabien Antonelli reconnaît
que c'est très compliqué de faire venir
les filles à Bobigny, parce que ce n'est
pas très attractif. "Elles nous rejoignent
surtout pour leurs études ou leur travail.
"Et quand elle le font, comme ces
quelques filles "de très bon niveau qui
ont signé cet été pour faire la saison avec
AC Bobigny 93
des Louves en appétit
nous", la seconde difficulté consiste à
stabiliser et maintenir l'engagement
de celles qui rejoignent le club. Avoir
un engagement régulier est en effet
compliqué pour elles en raison de leurs
contraintes familiales, professionnelles,
... et à Bobigny, peut-être plus compliqué
encore. "Fidéliser, ce n'est pas évident.
C'est un problème pour le rugby féminin
mais encore plus particulièrement en
région parisienne où les contraintes de
vie, de transport, de logement, sont plus
fortes. Le cadre de vie dans le 93 est aussi
moins attractif que celui de villes comme
Montpellier ou Perpignan par exemple.
Faire venir les joueuses dans notre club
est donc assez compliqué."
Pour jouer en Top 10 à Bobigny, il faut
pouvoir suivre 3 entraînements par
92
semaine, à Pantin, ajouter à cela les
séances de musculation, plus les weekends, ... A domicile, les Louves aiment
dévorer leurs adversaires sur le site
d'honneur du club, le Stade Henri Wallon
de Bobigny. Là où jouent les garçons.
Jamais en lever-de-rideau, parce que
c'est l'équipe réserve qui joue avant
l'équipe fanion. "On a fait un ou deux
baisser-de -rideau quand même", précise
Fabien Antonelli.
L'objectif des Louves pour cette nouvelle
saison, dont le coup d'envoi sera donné le
15 septembre, est de retrouver un collectif
performant. "C'est notre 5ème saison
en Top 10. Les deux 2 premières, nous
avons accédé aux demi-finales. On sort
de deux saisons un peu difficiles. Il nous
faut repartir, retrouver une dynamique."
Ce qui, avec la nouvelle formule, ne sera
peut-être pas évident...
"C'est vrai que nous sommes un peu
dans l'expectative. Nous allons devoir
réorganiser la seconde partie de saison
pour fidéliser les joueuses qui vont avoir
moins d'objectifs parce qu'il ne va plus
y avoir de matches (ou très peu). On va
avoir un groupe qui peut être performant.
Pour jouer les premières places, même
si je n'aime pas trop parler de ça, ce
qui ne va pas être évident parce que
ce Top 2x5 fait que que l'on ne va pas
avoir droit à l'erreur. Il faudra donc être
performants, très vite, collectivement.
Après, on sera très vite fixés ! En
novembre, on en saura un peu plus,
puisqu'on aura déjà fait la moitié du
championnat."
AC Bobigny 93
des Louves en appétit
De la clairvoyance et beaucoup de
prudence dans les propos de cet
entraîneur qui rappelle que les Louves
sont très vite montées en puissance,
franchissant les paliers assez rapidement :
10 ans d'existence et 6 années seulement
pour accéder au Top 10. Le fruit d'années
d'investissement et d'engagement, sur et
en dehors des terrains.
"On travaille toujours avec l'Université,
c'est un vivier important. On essaie
d'ancrer le rugby féminin dans le
département et la région, de continuer
à développer le rugby féminin, même
Photo : Bertrand Desprez, Virginie de Galzain
93
si on se pose aujourd'hui beaucoup
de questions sur son avenir, suite aux
décisions prises par la Fédé, et même au
niveau international. En termes d'identité,
et c'est un problème pour tous les clubs,
il faudrait pouvoir améliorer le statut de
la joueuse, parce que ce n'est pas évident
pour elle de tout concilier.
En attendant, à Bobigny, nous essayons
de l'aider, à notre petite échelle, à notre
manière, pour son logement, son travail,
etc. Nous l'accompagnons dans son
développement dans la société et dans sa
pratique du rugby."
Sophie bajadita.com
top12
j'aime les filles
Les internationales, entraînées par le duo Christian Galonnier et Nathalie Amiel, et managées par Annick Hayraud,
ont rejoint le 30 octobre, Marcoussis avant deux premiers grands rendez-vous :
le tirage au sort, mercredi à l’Hôtel de Ville
de Paris, des 3 poules de leur Coupe du Monde
à Marcoussis. Voici les 3 poules :
Poule A
Angleterre, Canada,
Espagne, Samoa
Poule B
Nouvelle Zélande, USA,
Irlande, Kazakhstan
leur premier match de la tournée de novembre,
qui les a emmenées, samedi 2, à jouer contre
le Canada au stade Paul Robbe de Pontarlier
(match remporté par les Bleues 27 à 19).
Les Bleues affronteront ensuite à nouveau
le Canada au Stade Municipal d’Amnéville
(coup d’envoi à 19 h 30)
Poule C
Australie, France,
Pays de Galles, Afrique du Sud
avant de partir dans le stade mythique
de Twickenham, le 9 novembre,
pour leur crunch contre les Anglaises
(coup d’envoi 17 h 05).
Côté Top 10 et Elite 2 Challenge Armelle Auclair, les joueuses entrent dans la trêve, leurs championnats respectifs
recommençant le 17 novembre. L’occasion donc de faire un premier focus sur les classements provisoires.
Elite 1, Poule 1
Elite 1, Poule 2
Elite 2, Armelle Auclair
(6 matches joués). AC Bobigny 93 Rugby
17 points / 5 matches joués
Stade Rennais Rugby
22 points / 5 matches joués
Avenir Fonsorbais Rugby féminin
26 points (seule invaincue à ce jour)
L’Ovalie Caennaise
15 points / 5 matches joués
Lille Métropole RC Villeneuvois
14 points / 4 matches joués
Rugby Sassenage Isère
23 points
Montpellier RC
14 points / 4 matches joués
Rugby Club Valettois Revestois
12 points / 5 matches joués
RC Chilly Mazarin
17 points
USAP XV féminin
10 points / 5 matches joués
RC Lonsois
6 points / 5 matches joués
AS Bayonnaise
16 points
Stade Bordelais
0 points / 5 matches joués
Blagnac St Orens rugby féminin
4 point / 5 matches joués
Ovalie Romagnatoise Clermont Auv
13 points
Lyon OL U
11 points
CSM Genevillois
6 points
Stado Tarbes Pyrénées Rugby
2 points
Photo : Stade Bordelais, Rugbynistère
94
Sophie bajadita.com
les filles
méritent notre respect
David Gérard, ancien international toulousain,
a en charge la formation des Crabos et la technique
des avants au Stade Toulousain (article à découvrir
très bientôt). En véritable passionné de son sport,
il est tombé littéralement amoureux du rugby féminin
et co-entraîne désormais, en plus de ses activités
au Stade, les filles de l'Avenir Fonsorbais Rugby
féminin. Parce que "quand on met les doigts dans
la prise, on ne peut plus les enlever".
David Gérard
Retour sur son engagement infaillible et plein
d'enthousiasme dans ce club situé à une vingtaine
de kilomètres de Toulouse.
Qu'est-ce qui te plaît
dans le rugby féminin ?
Ce groupe est composé de jeunes filles
de valeur... qui ont encore des valeurs, ce
qui faisait encore la force du rugby il y a
quelques années. Quand je les regarde,
j'ai l'impression de revoir les équipes
de rugby, et cette solidarité qui fait que
beaucoup de gens sont tombés amoureux
de notre sport. Aujourd'hui, on parle de
valeurs, c'est un peu du cinéma, parce
qu'il faut les appliquer.
Les filles sont amateurs, mais ce sont
de véritables compétitrices. Je me rends
compte, à leur contact, de la chance que
j'ai eu de pouvoir faire de ma passion
du rugby mon métier. Parfois, je trouve
qu'elles font même plus que nous à
l'époque, quand on était pro...
Quels pourraient être les leviers pour
le développement du rugby féminin ?
A un moment donné, on sera obligé de
mêler le rugby féminin au rugby masculin.
L'évolution passera par là. Pourquoi ?
Parce qu'il y a le mot rugby dedans et
que c'est le même sport. Je ne vois pas
pourquoi les files n'auraient pas le droit de
jouer au rugby, et surtout à haut niveau.
Alors après, je sais que même pour le
rugby masculin, au niveau économique,
ce n'est pas toujours évident. Mais il
faut donner aux filles la chance d'être
reconnues, de montrer qu'elles ont un
certain niveau de jeu et qu'elles peuvent
faire de belles choses. C'est ce qui est
95
arrivé au foot, avec les Lyonnaises, c'était
ça... il fallait mettre un coup de projecteur
sur ces filles. Parce qu'elles avaient
beau avoir des résultats fabuleux pour
une équipe de foot française, personne
n'entendait parler d'elles. Jusqu'au jour
où elles ont eu ce coup de projecteur qui
a fait que le foot féminin commence à
prendre aujourd'hui un peu plus de place.
Le rugby féminin doit aussi prendre plus
de place. L'évolution passera par là. Parce
qu'elles le méritent.
les filles
méritent notre respect
Je suis convaincue qu'elles le méritent.
Fabien Pelous
La mixité est une excellente idée.
L'ancienne internationale, Carole
Durand-Laurier la prône depuis
longtemps. Elle pourrait contribuer à
la médiatisation et à la reconnaissance
qui sont les deux problèmes majeurs
des sports co féminins, de manière
générale.
C'était d'ailleurs l'objet des Premiers
Etats Généraux de Bourges, organisés
à l'initiative du président du Tango
Bourges Basket...
C'est vrai, c'est compliqué, on entre
dans deux domaines. Celui de l'égalité
hommes-femmes. et du plan fédéral.
Actuellement, la fédé française a deux
autres priorités, dont le grand stade (et
le rugby à 7). Un peu au détriment des
autres dossiers.
Pourtant, j'ai été surpris de voir des
hommes, comme Gonzalez à Bayonne
(dont la fille joue au rugby), s'investir
beaucoup pour le rugby féminin. On
aimerait que d'autres anciens joueurs
viennent apporter leur pierre à l'édifice du
rugby féminin. Ca passera par là.
A un moment donné, on ne peut pas
prendre tout le temps sans jamais
donner. Il faut que tout le monde donne,
la fédé aussi bien que les clubs de rugby
masculin.
L'Avenir Fonsorbais Rugby Féminin
évolue en élite 2. Dans quelle mesure
son tout récent rattachement au Stade
Toulousain est-il porteur ?
A l'intersaison, nous avons effectivement
signé un parrainage qui est historique,
parce que le Stade Toulousain n'avait
pas encore ouvert ses portes à une
section féminine. Il parraine pourtant une
trentaine d'équipes de la région, mais
c'est la première fois que des filles entrent
dans ce parrainage, qui nous apporte
beaucoup : mise à disposition de la salle
de muscu de 6 h à 9 h du matin et de
12 h à 14 h ; matches exhibition à la
mi-temps de l'équipe pro ; aide bénévole
d'un préparateur physique, d'un
préparateur muscu, de Michel Marfaing
qui vient nous filer un coup de main pour
les butteuses, de Christofer Tolofua
96
qui vient s'occuper des lanceuses, ...
et là où on commence à être vraiment
performants, c'est sur l'axe double projet
: sportivement, on a le Stade Toulousain
et son cadre pour la préparation, le
plan sportif, et nous, sur l'aspect social,
on aide les filles pour tout ce qui est
recherche d'école, de stage, d'emploi,
d'appartement, etc. On a un projet
ambitieux, mais si on veut arriver à son
aboutissement, il faut que Fonsorbes
évolue.
Quel est l'objectif : intégrer l'élite 1 à la
fin de la saison ?
On s'est donné 3 ans pour monter en élite
1 et pouvoir y rester. Parce qu'il n'y a pas
d'intérêt à le faire si on n'est pas prêts à y
rester, prendre des claques toute l'année,
dégoûter les filles et redescendre l'année
d'après. On veut être patients pour monter
armés. On n'a recruté que des petites de
18 ans, pour qu'elles arrivent à maturité.
On mise sur l'avenir de la jeunesse et on
leur donne les moyens d'accéder au plus
haut niveau. Et c'est ce qu'on essaie de
faire.
6 matches, 6 victoires...
On valide certaines choses, c'est vraiment
bien, mais on sait que la route est encore
longue, l'équipe est toute jeune (moins
de 20 ans de moyenne d'âge) et on peut
craquer à tout moment.
les filles
méritent notre respect
Quel est leur rythme d'entraînement ?
Nos filles suivent trois entraînements
rugby par semaine et deux séances de
muscu. Ce n'est pas de la gonflette, c'est
de la muscu de protection. On ne veut pas
en faire des Golgoths, on veut qu'elles se
protègent des blessures. On essaie de
chercher de la qualité et ce qui se fait de
mieux.
On s'entraîne à Fonsorbes et au Stade
Toulousain. Gérard Labbe, le président
de l'association, essaie de trouver un
arrangement au moins une fois par
semaine ou toute les deux semaines
pour que les filles s'entraînent au Stade.
Pourtant, on n'a que deux terrains, je sais
que c'est problématique parce qu'il y a
beaucoup trop d'équipes pour trop peu
de terrains. C'est mieux pour les filles,
ça leur fait du bien. Et puis l'équipe est
composée uniquement de toulousaines,
ça leur fait donc moins loin que de venir
à Fonsorbes. Il y a une vraie volonté
du Stade Toulousain de s'ouvrir et de
découvrir le rugby féminin. Très peu de
clubs en France le font, j'ai donc été très
heureux pour les filles que le président
de l'asso ait répondu favorablement à
ce parrainage. C'est un geste fort. Ca fait
chaud au coeur de voir qu'il y a des gens
qui comprennent ce que tu veux faire et
qui t'aident à le faire, et qui reconnaissent
ce que toi tu peux faire pour eux.
C'est du donnant-donnant.
C'est une vraie solidarité.
C'est bien dans l'esprit rugby !
C'est exactement ça. Et les valeurs que
génèrent ces filles, on a l'impression que
ces gens les ressentent. Je suis prêt à
faire énormément pour qu'elles aient
enfin ce qu'elles méritent.
Je ne suis pas un rêveur, je sais que la
difficulté est partout.
En parlant de difficultés...
quelles sont celles que tu rencontres
le plus ?
La principale est le manque de temps.
Je fais ça en plus de tout le reste,
bénévolement. L'autre difficulté réside
dans l'éloignement géographique de
Fonsorbes. Si on veut faire un grand club,
il faudra se rapprocher de Toulouse.
Il y a aussi la reconnaissance dont on a
parlé tout à l'heure, et l'engagement. Il
faut que des gens qui ont de la notoriété,
comme tu l'as dit Aulas qui l'a fait pour
le foot féminin, se mettent à en parler. Il
faut que des gens trouvent dans le rugby
féminin un intérêt de développement
personnel puisqu'l n'y a pas d'argent. Tu
vois par exemple cet été, on cherchait
des entraîneurs, mais ils voulaient
tous un salaire. On n'a donc trouvé
personne prêt à s'investir bénévolement.
Du coup, c'est Nathalie Feucher, une
ancienne internationale et moi-même qui
entraînons les filles.
Il y a donc, à l'Avenir Fonsorbais,
une forme d'amateurisme
professionnel...
Je préfère dire du professionnalisme dans
de l'amateurisme. L'évolution, pour nous,
pourra peut-être nous permettre d'ouvrir
des portes encore plus grandes. Quand
tu représentes un petit village ou quand
tu représentes une ville de 400 ou 500 000
personnes, l'attrait n'est pas le même. Ca
mettra du temps, il faudra faire ce qu'il
faut, mais c'est un objectif aussi.
Jean-Marc Doussain
Christofer Tolofua
97
les filles
méritent notre respect
Quels arguments donnerais-tu
pour convaincre ceux qui n'aiment pas
le rugby féminin ?
elles t'apportent énormément de fierté.
Elles n'ont pas le côté blasé que tu vois de
plus en plus chez les mecs.
J'aimerais déjà qu'ils se déplacent
et viennent voir ce que ces filles sont
capables de faire, au lieu de juger
sans savoir. C'est une chance de vivre
les matches qu'elles nous proposent.
Aujourd'hui, on ne le voit plus vraiment
dans le Top 14.
Quand j'ouvre la salle de muscu à 6 h 30
du matin, et que je vois ces petites venir
avant de partir en cours ou au boulot,
comment tu veux ne pas être admiratif ?
Elles veulent du haut niveau, on leur
donne du haut niveau. Certaines ne sont
même pas parties en vacances cet été
pour pouvoir se préparer, elles ont préféré
rester. Tu ne peux être que fier. En fait,
Elles ont leurs failles comme tout le
monde, mais en termes de valeurs, ce
sont des exemples. Il faut aussi arrêter
de penser qu'au rugby féminin, il n'y
a que des camionneuses. Ce sont des
filles musclées, qui font du sport de haut
niveau, qui font beaucoup de sacrifices
et méritent notre respect.
Serais-tu favorable à un statut de pro
ou de semi-pro pour les filles ?
Pourquoi pas... mais si tu leur offres
autre chose que de l'argent et du rugby.
Parce que sinon, on va partir dans les
dérives que l'on voit chez les mecs. Dès
qu'il y a obligation, ce n'est plus pareil.
Il faut essayer d'entourer les filles d'un
cocon qui leur permet de se développer
socialement, ça, elles en ont besoin.
Et là, on est dans le vrai.
Pour les voir régulièrement jouer et avoir rencontré
certaines d'entre elles, assurément, ces filles
méritent vraiment d'être dans la lumière. Il faut
aller les voir, sinon, comme le rappelle David, "on
manque quelque chose."
Et pour suivre toute l’actualité, en mots, en photos
ou en vidéo, des filles de l’Avenir Fonsorbais Rugby,
n’hésitez pas à aimer leur page Facebook ou à visiter
leur tout nouveau site : af-rugby-feminin.com
Photo : Avenir Fonsorbais Rugby Féminin
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Sophie bajadita.com
rubrique
sevens
nz7 : historique
sudrugby.com
fanny horta :
Une femme 100% seven !
mordusdelacturugby.fr
gold coast : une première
mitigée pour les bleus
mordusdelacturugby.fr
La fédé
ne joue pas fair play
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Réforme du Top10 : l'équilibre
des clubs en danger
bajadita.com
Le Stade Rennais Rugby,
un club 100 % féminin
bajadita.com
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Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
Commençons par les
Néo-zélandais, si vous
le voulez bien.
Ils ne sont plus que
sept sur le terrain,
mais ils sont tout aussi
redoutables qu’à XV.
appelée aussi la Melrose Cup) grâce la
récente victoire de 2013 succédant à celle
de 2001.
A tout seigneur tout honneur, on ne peut
laisser à personne d’autre que l’inoxydable
Gordon Tietjens, sélectionneur des AB7s
depuis 1994, le soin d’évoquer les
meilleurs joueurs de l’histoire de ce sport
et particulièrement ceux qu’il a eu sous
ses ordres.
Les All Blacks Sevens (AB7s), appellation
entérinée officiellement en 2012, ont en
effet un palmarès qui parle en leur faveur :
11 des 14 World Sevens Series (W7S)
remportées depuis qu’elles ont débutées
en 2000. Il faut ajouter à cela 4 titres des
Jeux du Commonwealth (JCW7) depuis
que le rugby à VII y a été introduit. Enfin,
ils ont remporté désormais deux fois la
Coupe du Monde de rugby à VII (CDM7,
Interrogé par l’IRB en 2011, il nous confiait
alors sa fantasy team. Commençons par
évoquer ceux qui ont tous en commun
d’avoir été médaillés aux JCW7 en 1998.
Le temps d’inscrire 37 essais avec les
Blacks, dont 15 en Coupe du Monde
record à battre, de se bâtir un palmarès
honorable à XV avec notamment 3 Tri
Nations et également à VII avec les JCW7
en 1998 et la CDM7 en 2001.
Jonah Lomu
Est-il encore nécessaire de présenter
Jonah Lomu (1975)? Sans doute pas. On
se contentera de paraphraser G. Tietjens
pour rappeler que le phénomène Lomu a
commencé à jouer avec les AB7s à 18 ans,
pouvant être indifféremment avant (comme
à ses débuts à 15) ou à l’aile. Il était difficile
de l’arrêter à quinze sur un terrain, alors je
vous laisser imaginer à sept…
100
Il se révéla au monde entier lors du
fameux tournoi à VII de Hong Kong en
1994 que la Nouvelle-Zélande remporta
face à l’Australie. La suite est bien
connue, il terrorisa ses adversaires de
la Coupe du Monde 1995 jusqu’à son
déclin et son arrêt prématuré en 2003
pour ses problèmes de reins (sans parler
des tentatives infructueuses de retour).
Jonah rendit un hommage vibrant à G.
Tietjens lorsqu’il fut interrogé après
la 500e victoire du coach en 2011 : «
Pour moi, si ce n’était grâce au VII je ne
serais pas arrivé là où je l’ai fait. Gordon
Tietjens poussait votre corps au-delà de
ses limites et vous rendait mentalement
tellement fort qu’au moment où j’ai joué
à XV j’étais prêt comme jeune joueur.
Pour vous dire la vérité, c’est juste son
état d’esprit. Il vient sans cesse avec de
nouvelles innovations et de nouveaux
joueurs parce qu’il doit le faire. Il fournit
le Super Rugby et les All Blacks et il
continue de le faire d’année en année. Et
hier, il a remporté son 500e match, ce qui
en dit long ».
Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
La présentation détaillée est dispensable
pour Christian Cullen (1976) aussi,
du moins je l’espère, car je ne cache
pas avoir un faible pour le Paekakariki
Express.
audace extraordinaire, et des jambes qui
tournaient plus vite que celles de Froome
sur un vélo, Christian Cullen a inscrit
pléthore d’essais et la plupart valent le
coup d’œil.
Arrière de légende à XV (malgré les
tentatives hasardeuses de John Hart
pour le repositionner), il était capable de
relancer partout sur le terrain. Avec une
confiance absolue en ses capacités, une
Le VII était le terrain de jeu idéal pour
lui. Repéré après ses performances
pour Manawatu en 1995-1996, il intégra
le squad des AB7s où il fit parler ses
qualités.
Eric Rush
et 2002. Il ajouta également la CDM7
en 2001 mais, ironie du sort, il dût
malheureusement céder sa place après
s’être cassé la jambe à Jonah Lomu qui
aida beaucoup les AB7s à remporter le
titre.
Celui qu’il est indispensable de présenter,
Jonah
c’est
EricLomu
Rush (1965). Bien qu’il eut une
carrière plus qu’honorable à XV en étant
sélectionné à 29 reprises avec les All
Blacks (dont 9 Test Matchs), c’est surtout
au VII qu’il est passé à la postérité grâce
à une longévité exceptionnelle avec les
AB7s jouant de ses 23 ans (1988) jusqu’à
ses 39 ans (2004).
Il débuta à XV avec Auckland en tant
que flanker, se distinguant déjà par ses
qualités de vitesse. Mais c’est grâce à
101
son transfert à North Harbour et son
repositionnement à l’aile en 1992 qu’il a
éclot à XV. Il connaîtra alors les joies de
la sélection, jusqu’à l’émergence d’un
certain Jonah Lomu qui le poussera hors
du groupe.
A partir de 1999, Eric Rush bascula à
plein-temps au rugby à VII pour participer
aux W7S naissantes remportant les 6
premiers titres avec les Blacks jusqu’à
l’arrêt de sa carrière en 2005. Il remporta
également 2 fois les JCW7 en 1998
En terme de profil, Eric Rush était
pratiquement à l’opposé de son jeune
concurrent. D’un gabarit relativement
modeste (1m83 pour 87 kgs), il misait
avant tout sur ses qualités de vitesse et
de déplacement alliées à une technique
irréprochable et un grand sens du jeu. Ses
qualités de meneur d’hommes lui valurent
d’endosser le rôle de capitaine de longues
années. L’âge faisant son œuvre, il fut
repositionné devant retrouvant quelque
part son rôle originel du XV, notamment
pour laisser la place à un certain Karl Te
Nana à l’aile.
Il tient le rôle d’assistant de G. Tietjens
depuis sa retraite en 2005, et tout laisse
à penser qu’il est le successeur désigné
appelé à prendre la suite de l’entraîneur
des AB7s quand viendra le temps de se
retirer. Eric Rush endossera ainsi sur
le bord du terrain le rôle de leader qu’il
a tenu durant toute sa carrière sur le
terrain.
Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
Dallas Seymour
Il est en effet marié avec la capitaine des
Silver Ferns, l’équipe féminine de netball
néo-zélandaise, Julie Seymour née
Dawson. On vous tiendra au courant pour
la carrière des quatre enfants.
3e ligne de formation, athlète complet,
joueur de devoir, D. Seymour ne fut pas
seulement un excellent joueur de VII mais
connut aussi une carrière à XV dont il n’a
pas à rougir.
Débutant à Canterbury de 1988 à 1993,
il passa également par Hawke’s Bay,
Wellington et Bay of Plenty, repassant par
Canterbury et faisant une pige avec les
Crusaders en 2000-2001.
Dallas Seymour (1967) est l’autre vieux
soldat des AB7s qui accompagna Eric
Rush durant quasiment toute sa carrière.
Avec 14 ans de bons et loyaux services de
1988 à 2002 pour les AB7s, Seymour est
Amasio Valence
un exemple de fidélité et de longévité en
rugby à VII. Il fut récompensé en 1998 en
remportant les JWC à Kuala Lumpur. Il
prit une retraite bien méritée à 35 ans en
2002 pour s’occuper de sa jeune famille.
Il compte même 3 matchs lors d’une
tournée en Australie avec les All Blacks
datant de 1992, en plus de 6 matchs
d’essai, auxquels il faut ajouter de
nombreuses autres sélections avec les
Mãoris, les -21 ans, l’équipe universitaire
et d’autres sélections représentatives.
Amasio Valence (1979) fait partie de la
catégorie des transfuges du rugby à VII,
étant né au Fidji mais ayant décidé de
devenir un All Black.
Son premier match contre ses anciens
compatriotes ne fut nul autre que la finale
gagnée des JCW7 en 1998. Un premier
titre auquel viendront s’ajouter 2 autres en
2002 et 2006, A. Valence est ainsi le seul à
avoir remporter 3 médailles d’or au JCW7.
Jonah Lomu
L’histoire aurait pu être différente pour
lui, car aussi surprenant que cela puisse
paraître il est né dans une famille de
footballeurs. Mais il n’était pas doué pour
ce sport selon ses propres mots. En 2002,
son frère fut même sélectionné en équipe
nationale des Fidji. Heureusement pour
les Néo-zélandais, il choisit le rugby à VII
et bien lui en pris car il endossa le rôle
de meneur de jeu et de botteur attitré de
l’équipe avec brio.
Dix ans après avoir débuté en 1998
avec les AB7s, il mit un terme à sa
carrière en 2008.
102
Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
firent des dégâts comme à Mar del Plata
pour la CDM7 en 2001. Comme T. Umaga
à XV, K. Te Nana fut également capitaine
des AB7s. Il joua également jusqu’à un
âge avancé, remportant en 2010 la
Auckland Rugby League avec les Point
Chevalier Pirates.
Karl Te Nana
En revanche, alors que T. Umaga jouait
pour Wellington au sud de l’île du nord,
K.Te Nana jouait pour North Harbour au
nord de l’île du nord (j’espère que vous
avez suivi). Surtout, il ne rencontra jamais
le succès de son compatriote à XV malgré
avoir été appelé en Super Rugby pour
les Highlanders en 2000 ou les Chiefs en
2002.
Ayant débuté en 1996, il était toutefois
absent de l’équipe victorieuse en 1998,
mais Karl Te Nana (1975) était bien
là pour la CDM7 en 2001 et les JCW7
en 2002. Si j’ose une comparaison
hasardeuse, je dirais que ce joueur était
un peu le Tana Umaga du VII, et pas
seulement pour les dreadlocks. Auteur
de quelques 113 essais en W7S, il fut
indiscutablement un des arrières les
plus doués de sa génération. Comme T.
Umaga, il a joué avec J. Lomu et les deux
L’essentiel de sa carrière fut dévoué au
VII où il fit bien des étincelles. Il vécut
notamment la transition vers les W7S au
début des années 2000 qui, comme il dit
lui-même, allait faire passer le VII à « tout
autre niveau ».
Après sa retraite sportive, il s’est tourné
vers la télévision où il anime avec Steve
Devine (ex n°9 des Blues, 10 caps)
l’émission This Given Sunday sur Sky TV.
Liam Neesam
Déjà intronisé dans le hall of fame de
G.Tietjens ayant terminé sa carrière au
VII, il n’a en revanche pas raccroché les
crampons, loin de là : Liam Messam
(1984), capitaine des Chiefs, champion du
Super Rugby l’an dernier et bien parti cette
année (demi-finale le week-end prochain,
à suivre !), a fini également par profiter de
l’absence de Jerome Kaino pour s’installer
dans le XV des All Blacks.
Très mobile, avec une large palette
technique, on lui a d’ailleurs souvent
reproché un manque d’investissement
dans les zones de combat.
Sans doute, mais à VII en revanche,
Messam avait toutes les qualités requises.
Double médaillé des JCW7 en 2006 et
2010, il a été un membre clé du squad
pendant cinq ans côtoyant le dernier
membre de la vieille garde Amasio Valence
comme ceux de la nouvelle génération.
103
Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
DJ Forbes
Enfin, il faudra parler de DJ Forbes (1982). Monstre de
puissance, taillé dans le marbre, ce guerrier au crâne rasé et aux
tatouages maoris est le capitaine actuel des AB7s.
Mais je réserve son portrait à plus tard.
Parmi les absents de la sélection de Gordon Tietjens, il y aurait bien des noms à citer, mais je pense qu’il faut revenir sur cette
équipe des JCW7 de 1998 qui prouve que le VII peut former des grands joueurs pour le XV. En plus donc de J. Lomu, C. Cullen, E.
Rush, D. Seymour et A. Valence, il faut préciser qu’ils étaient accompagnés à Kuala Lumpur par :
Caleb Ralph
Caleb Ralph (1977): il est assez peu connu en France malgré
une longue carrière principalement avec les Crusaders
(2000-08) pour lesquels il joua 116 matchs, 3 de moins que
le recordman R.Thorne, pour 6 titres. 58 essais marqués en
carrière soit 1 de moins que le recordman en Super Rugby
D.Howlett (59).
Recordman par contre du nombre de matchs consécutifs avec
104. Ajouta un 7e titre à son palmarès grâce à un caméo avec
les Reds en 2011 suite à une finale qu’il ne joua pas… face aux
Crusaders. 15 sélections surtout entre 2001 et 2003, 9 essais.
Il représenta les AB7s entre 1996 et 2000.
104
Joeli Vidiri
Joeli Vidiri (1973): ailier fidjien et néo-zélandais, ayant connu
les deux maillots à XV et à VII, il combinait vitesse et puissance
comme peu d’ailiers avant ou après lui. 56 essais en 71 matchs
avec Counties Manukau, 43 essais en 61 matchs avec les Blues
(record de l’époque), une machine à marquer.
Il connut malheureusement la même fin que J.Lomu, mettant
un terme à sa carrière prématurément à cause d’un problème
de rein.
Les joueurs qui ont fait l’histoire du VII
La Nouvelle Zélande
Bruce Reihana
Bruce Reihana (1976): actuellement à l’UBB et toujours fringant
à 37 printemps, on l’avait découvert dans l’hexagone quand il
avait remplacé Lomu blessé contre la France.
Ce fut une de ses deux seules sélections avec les Blacks,
ajoutées aux 11 avec les Mãoris. Après une carrière victorieuse
à Waikato et à VII (2 Ranfurly Shield, 2 Commonwealth 1998 &
2002), il part pour Northampton où il passera le cap des 1000 pts
en 9 saisons.
Aussi à l’aise ballon en main que dans l’exercice des tirs au but,
un joueur précieux partout où il a joué.
Rico Gear
Rico Gear (1978): grand frère de Hosea, avec un gabarit
plus modeste mais des jambes de feu. Il fut membre de
la ligne arrière de légende des Blues (Spencer, Rokoçoko,
Caucaunibuca, Howlett…), il alterna avec celle des Crusaders.
Ses performances lui valurent 20 sélections pour 11 essais avec
les Blacks.
Passé ensuite par Worcester, j’ai eu la chance de le rencontrer
à Lyon après un match de Bouclier européen contre le CSBJ :
un grand Monsieur.
Roger Randle
Roger Randle (1974): redoutable finisseur avec un physique de
déménageur (1m90 100 kgs), il est recordman d’essais en une
saison de Ranfury Shield (14), en une saison avec Waikato (16),
meilleur marqueur du Super 12 (13) et de la NPC (ITM Cup – 12)
en 2002, il alterna entre Hawke’s Bay/Hurricanes et Waikato/
Chiefs.
C’était un habitué des NZ Mãoris entre 1995 et 2003. Il est connu
chez nous pour être passé par le CSBJ vers la fin de sa carrière
(2004-05).
Photo : Reuters, hurricanes.co.nz, getfrank.co.nz, mr-connor.com, P. Consur, IRB/M.Seras Lima, Getty,
105
Nico sudrugby.com
Fanny Horta
une femme 100% Seven !
Fanny Horta, est une joueuse de rugby à XV mais aussi à VII. Jouant pour le
Toulouges
Rugby Club qui fait partie du TOP 10 féminin. Mais pour l’heure
Amasio Valence
Fanny regarde derrière elle concernant le Rugby à XV puisque depuis quelques
jours elle a signé un contrat avec la Fédération Française de Rugby pour mener
à bien son rôle de capitaine de l’équipe de France et pour préparer au mieux la
compétition suprême pour tous sportifs, les Jeux Olympiques 2016 à Rio.
Pour vous lecteurs et lectrices, elle est passée au questionnaire 100 % Seven !
Tout d'abord comment se passe
votre préparation pour les circuits
mondiaux qui débuteront à Dubaï
le 28 novembre ?
Jonah Lomu
La préparation physique a repris au mois
d'aout, nous avons eu des tests physiques
du 01 au 04 Octobre.
pour la saison à venir, on se doit de faire
un résultat et ça passe par une bonne
préparation.
Quels sont vos objectifs collectifs
pour cette nouvelle saison ?
Ca se passe bien, je prévois de monter
sur Paris dans les prochains mois afin
de me rapprocher du CNR. Je vais finir
mes études d'infirmière et suivre une
préparation quotidienne spécifique au 7.
Bien évidemment l'objectif premier est
de faire des résultats sur les circuits
IRB auxquels nous participerons, c'est
primordial pour se confronter aux
meilleures et avoir une chance de se
qualifier pour les JO.
Le tournée à Dubaï est plus qu'une étape,
elle va nous servir de tremplin
Cela va demander davantage d'efforts en
terme de préparation physique individuelle
106
et surtout de temps d'entrainements en
collectif, ce qui n'est pas chose facile en
fonction des métiers et études de chacune.
L'an dernier vous avez fini 14ème
sur 18 à l'issue des 5 étapes comptant
pour les circuits mondiaux ?
Selon vous quels sont les axes
de travail pour que le VII Féminin
français passe un cap ?
Il est bien évidement que sur le plan
physique, aujourd'hui encore on rencontre
des difficultés à tenir 14 minutes contre de
grandes nations (ex: Angleterre, NouvelleZelande) et enchainer deux jours de
compétitions en étant constantes dans le
jeu que l'on propose.
Ce qui est sur, et qui a montré des
résultats, c'est le fait de se retrouver sur
une période assez importante (un mois
environ) avant le début d'une compétition.
On prend d'avantage de repères en
collectif, et surtout on a le temps de
travailler tout simplement.
Fanny Horta
une femme 100% Seven !
Dallas Seymour
Vous jouez également à XV
avec l'USAP, pour vous vos ambitions
se reposent-elles sur le XV ou le VII ?
Le 7 m'apporte une dimension
complètement différente, c'est un sport
qui demande davantage de précision,
très exigeant dans tous les domaines, il
Amasio Valence
transforme
complètement le rugby tel que
je le connais depuis que j'ai 8 ans.
Je peux dire qu'au vu du projet que
j'ambitionne (monter sur Paris, avoir un
entrainement quotidien spécifique à 7, la
qualification pour les JO) mes ambitions
sont portées sur le rugby à 7.
Bien évidemment je ne dénigre pas le
XV, auquel je joue depuis toute petite, la
saison est compliquée pour la catégorie
Elite qui est, cette année, divisée en deux
poules de 5, cela ne donne pas le droit à
Jonah Lomu
l'erreur et nous met à chaque match sur
une chaise éjectable.
C'est une saison stressante avec un risque
de descente permanent avec tout ce que
cela implique pour le club.
Quel est votre meilleur souvenir de
la saison 2012-2013 qui s’est achevée
sur une cinquième place au Mondial à
Moscou ?
Je pense à la Tournée Européenne où l'on
a fini sur les deux tournois en demi et en
finale, mais aussi celle d'Amsterdam. C'est
là, je pense, que le déclic s'est fait sur les
ambitions de l'équipe de France.
Il en faut peu pour tomber dans le doute
et beaucoup pour se remettre dedans.
On s'est prouvé qu'on a été capable de
faire des matchs de qualités, et surtout
d'enchainer deux jours de compétitions
avec la même intensité. Sortir d'un match
avec le sentiment d'avoir passé un cap, de
croire en nos capacités.
Ce sont des sourires à la fin des matchs
et surtout la reconnaissance par les
tiers d'être une équipe pouvant être
dangereuse, c'est un statut qu'il va falloir
tenir à tout prix.
Un petit clin d'oeil au match contre la
Russie en Coupe du Monde où on fait un
match improbable, on remonte au score
dans les dernières minutes, on ne lâche
rien... les visages des copines, du staff, de
la famille venus nous voir.
C'est quelque chose de très encourageant,
nous sommes encore loin de Dubai et ses
milliers de supporters, mais peu à peu le
sept se fait une place. L'année dernière
une étape de la coupe d'Europe s'est faite
à Brive, peu de monde était au courant,
ce qui est dommage. J'espère vraiment
que l'année prochaine l'information
circulera davantage, de manière à donner
la possibilité à des familles, supporters
et écoles de rugby, de pouvoir assister à
cette étape et découvrir le rugby à sept
(masculin ou féminin) en France.
Enfin un petit mot pour nos lecteurs ?
J'espère vous retrouver autour des stades
afin de supporter l'équipe de France à 7.
Ce serait pour les joueuses et joueurs une
belle récompense et un honneur.
Continuons à promouvoir le 7 et merci à
Up&Under !
On a senti cette saison que le rugby
à VII a pris une nouvelle dimension
dans notre pays avec un soutien
qui ne fait que croître et qui se remarque
sur les bords de terrains, mais aussi
les réseaux sociaux. Cela doit vous faire
Photo : Fanny Horta, espnscrum.com, Getty Images, les-bleus-sevens.com
107
plaisir et doit être encourageant ?
Alexis mordusdelacturugby.fr
gold coast
une première mitigée pour les bleus
Pour la première étape du circuit mondial,
en Australie, les Bleus de Frédéric Pomarel
ont raté leur première entame d’étape.
Frédéric Pomarel, le coach des Bleus 7s rage après avoir vu
ses joueurs céder à 9 reprises en deux matchs.
Avec une poule composée de l’Espagne,
de l’Afrique du Sud et de l’Angleterre,
les Bleus sont sortis avec seulement un
succès contre nos voisins espagnols grâce
à un doublé de Jérémy Aicardi (28-19)
après
s’êtreValence
incliné deux fois lourdement
Amasio
face aux Springboks (29-5) et aux Anglais
(26-12).
En encaissant 9 essais en deux matchs
et en marquant seulement trois l’entame
de tournois n’étant pas bonne, les bleus
devaient réagir face à l’Espagne pour
espérer sortir tête de série pour le tableau
des phases finales de Bowl (poule basse).
Avec un Jérémy Aicardi rempli de cannes,
les Bleus entretenaient l’espoir d’obtenir
un mince résultat en Australie après la
Jonahface
Lomu
victoire
à l’Espagne.
Avec le succès face à l’Espagne les Bleus
terminaient troisième de leur poule et
allaient affronter le Portugal en quart de
finale de Bowl pas une mince à faire quand
on connaît l’effectif portugais ! Mais les
Bleus ont réussi à se sortir du piège en les
dominant 26-14 après trois essais inscrits
par deux anciens pensionnaires du Top
14, Julien Saubade, Julien Candelon et le
troisième par Renaud Delmas.
Photo : irbsevens.com
108
Ci-dessus : Julien Candelon s’en allant à l’essai.
Ci-dessous : Jonathan Laugel ici en défense face à
l’Espagne, et les Bleus avec la coupe de Bowl.
En demi-finale les Bleus affrontaient
l’Argentine avec un seul objectif : se hisser
en finale de Bowl.
Dans une demi-finale indécise, les
coéquipiers de Candelon sont sortis
vainqueurs sur le score de 17-12. Pour
terminer en beauté il fallait que les Bleus
battent le Canada pour être à peu près
satisfaits du parcours réalisé lors de cette
première étape.
disputer une mort subite !
Après deux grosses minutes jouées les
bleus en sont sortis vainqueurs grâce à
un essai de Saubade permettant ainsi aux
hommes de Pomarel de gagner la Bowl
du Gold Coast 7s.
La finale débutait mal, encaissant un
essai dès les premières minutes, les bleus
avaient du mal à canaliser les assauts
canadiens qui envoyaient du jeu aux quatre
coins du terrains. Il fallut attendre le
début de la seconde mi-temps pour voir
un Delmas franchir l’en but adverse et
débloquer le compteur bleu permettant
d’entretenir l’espoir dans cette finale.
Une minute plus tard, la défense bleue
pressait les canadiens, une erreur de
passe profitait à Albaladejo inscrivant
le second essai de la partie. Mais les
canadiens ne disaient pas leur dernier
mot en inscrivant un second essai en bord
de touche au terme du match. Malgré 14
minutes de jeu intense, le buteur canadien
n’a pas faibli et a permis à son équipe de
Alexis mordusdelacturugby.fr
culture
rugby
Rugby
clubs de france
bajadita.com
Rugby land
de richard escot
lexvnz.com
la drague les mecs et
le rugby, c'est tout pareil
xvovalie.com
usap : au commencement
était l'a.s.p.
bajadita.com
110
111
113
116
RUGBY clubs de france de antoine Aymond,
Nemer Habib et Frédéric Humbert
Indispensable à toute rugbybliothèque qui se respecte,
Rugby Clubs de France est le cadeau tout trouvé,
puisque c'est bientôt Noël, à offrir ou vous (faire) offrir.
Histoires de rugby, histoires de vies ou ma madeleine de Proust
Il était une fois… l’histoire de Rugby Clubs
de France, co-écrit par Antoine Aymond,
Nemer Habib et Frédéric Humbert, tout
fraîchement sorti des presses des Editions
Glénat. Il y a 18 mois, ces trois passionnés
de rugby ont eu la lumineuse idée de s’unir
pour le meilleur… et le meilleur. En donnant
naissance à un ouvrage à la fois beau et
dense, parfaitement documenté, illustré
avec pertinence et vraiment plaisant à
lire... ils ont donné au rugby français et à sa
littérature le livre qui leur manquait.
Une histoire... de destins
Rugby, Clubs de France,
de Antoine Aymond, Nemer Habib
et Frédéric Humbert.
Editions Glénat.
Rugby Club de France nous raconte, au fil
des pages, l'histoire de 44 clubs, et nous
rappelle avec un certain bonheur à quel
point elle est intrinsèquement liée à celle
des hommes. Parce que l'histoire d'un club,
c'est bien celle de sa ville, de ses joueurs,
de son stade, de ses supporters. Et des
histoires de chemins de vie déboussolés
parfois par le tourbillon d'une plus grande
Histoire.
Une histoire... de douce nostalgie
Rugby Club de France redonne vie à des
clubs parfois tombés dans l'oubli, tout en
inscrivant le rugby dans une lignée, un
patrimoine qui fait quelque part partie de
chacun de nous, et que l'on a peut-être
tendance, aujourd'hui, à perdre parfois
de vue. Ces histoires font bien plus que
parler à l'oreille de l'inconscient collectif
des amateurs de ce sport pas tout à fait
comme les autres. Elles nous touchent tous
personnellement, nous renvoyant à l'histoire
que nous avons chacun tissée avec le rugby.
Une histoire... de beaux souvenirs
C'est donc peut-être ça, en fin de compte,
que j'ai aimé par dessus-tout : ce voyage
dans le temps et ce retour en enfance que
m'a offert Rugby Club de France. Au fil de
ses pages, des souvenirs de matches sont
remontés, j'ai retrouvé des joueurs que
j'ai regardés voire admirés, il y a plusieurs
années, à la télé, ou suivi sur le bord des
terrains du Sud-Ouest avec mon père. Qu'il
pleuve ou qu'il vente. Merci donc, Antoine,
Nemer et Frédéric, de m'avoir permis de
sentir à nouveau cette odeur de camphre,
d'entendre "le chant du cuir", de revoir ces
quartiers de citron et cette fameuse éponge
magique qui a remis tant d'hommes sur
pied.
Une histoire... de cerise sur le gâteau
La préface est signée par Pierre Albaladejo
alias mister Drop, grand monsieur du
monde de l'Ovalie, que j'ai eu la chance
et le bonheur de côtoyer à plusieurs
reprises grâce à Jean-Louis Bérot, un autre
Dacquois. Mais ça, c'est encore une autre
histoire.
Sophie bajadita.com
110
‘
RUGBY LAND
de Richard Escot
Que suis-je venu chercher si loin de l’Eden Park, dans
ce village sans ballon ? Un monde qui n’est ni dans les
livres, ni dans les lettres, dont on ne trouve trace dans
aucun journal intime, dans aucune chronique familiale.
Je suis venu rencontrer un peuple sans idéologie,
ni leçon de morale, un peuple puissant, opiniâtre, qui
considère l’existence comme un défi.
Rugby Land, c’est l’histoire d’amour entre
un petit garçon et les All Blacks qu’il
découvre à l’âge de huit ans, et qui, adulte,
accomplit un périple initiatique en NouvelleZélande. Entre-temps, Richard Escot est
devenu journaliste sportif, spécialisé dans
le rugby.
Ce livre est le fruit de ses nombreux
voyages, relatés en 45 courts chapitres
composés d’interviews, de portraits, de
faits historiques mais surtout d’histoires
personnelles, de sensations et de
descriptions de magnifiques paysages.
Rugby Land, de Richard Escot.
Édité chez www.philippe-rey.fr
2011-208 pages.
Richard Escot nous met sur la piste de
l’exception néo-zélandaise. Grâce à de
nombreuses anecdotes essaimées au fil
de la lecture, nous comprenons mieux
comment est née l’alchimie entre le rugby
et les Néo-Zélandais.
Comment ne pas évoquer Charles Monro
quittant la Nouvelle Zélande pour étudier
à Londres et découvrant une nouvelle
forme de jeu ? A son retour sur l’île du
bout du monde en 1870, il apporte avec lui
plus qu’un sport, un mode d’expression
collectif qui unira les hommes et les
territoires : le rugby.
A bord du « Kaikoura », nous retrouvons
Arthur Shrewsbury emmenant avec lui
Photo : prow.org.nz
111
de nobles sportifs pour une tournée de 9
mois dans l’hémisphère sud. Le jeu proposé
par ces rugbymen britanniques influencera
considérablement le capitaine Dave Gallaher
pour fonder le jeu des « kiwis ».
Et puis, l’esprit guerrier des Maoris. Tous les
ingrédients sont réunis dans ce jeu de force,
d’adresse et de solidarité pour que leur
imagination puisse s’exprimer pleinement.
RUGBY LAND
de Richard Escot
Sir Wilson Whineray, légende du rugby
mondial et « héros national » néozélandais. Ancien pilier et capitaine
des All Blacks, il devient par la suite un
homme d’affaires avisé.
Inia Taylor, tatoueur traditionnel maori
de renom, difficile à approcher pour les
« Blancs Pakehas ». Pour lui, le moko
n’est pas un motif, pas un tatouage, mais
une réelle transformation et une façon
d’aborder la vie.
« Arahi » Rangi Watahi, sombre rebelle à
l’histoire tourmentée. Abordé dans un hall
d’aéroport, leur rencontre est totalement
déterminante. Elle permet de faire
basculer la suite du périple dans une autre
dimension.
‘
Grâce à son empathie, non exempte
d’esprit critique, pour ce pays et ce
peuple, ses recherches préalables sur
la culture maori, sa qualité d’écoute et
d’observation, son respect et sa curiosité,
presque sa quête, Richard Escot entre en
contact avec, entre autres :
Wilson Whineray
le moko n’est pas un motif...
mais une réelle façon d’aborder la vie.
Inia Taylor
Sont également évoqués Christian Califano,
Laurie Mains, Serge Blanco, Bryan Williams
et même Eric Cantona, sans oublier
l’incomparable phénomène qu’a été Jonah
Lomu.
Vic Yates, redoutable 3ème ligne des années
60 et véritable force de la nature.
Par ses descriptions allant droit à
l’essentiel, il saisit au vol un geste, une
façon d’être ou un détail vestimentaire.
Il nous fait toucher à l’intime des êtres et
nous révèle leurs qualités.
Waka Reid, son initiateur dans les forêts
perdues du Northland.
Des rues d’Auckland à Dunedin, nous
l’accompagnons lors de ses différents
voyages sur les deux îles, jusqu’au dernier,
Photo : independant.co.uk / Tangata, l'âme du rugby néo-zélandais
112
qui l’emmène au cœur de l’âme maorie.
Là, nous avons le vertige face à la
profondeur et la puissance d’évocation
de ce qu’il écrit de son expérience. Plus
qu’un livre sur le rugby c’est un livre sur
les rencontres. Sur la rencontre.
Nous sommes à ses côtés, et partageons
ses doutes, son désarroi parfois, mais
aussi ses moments d’accords parfaits,
de complicité et d’amitié. Il lui a été donné
beaucoup mais c’est parce qu’il le voulait
et le méritait.
De visiteur, il est devenu invité !
Tom lexvnz.com
Jeanne Say la drague, les mecs
et le rugby, c'est tout pareil
Les mecs, les coups classiques,
les coups bas, les techniques, les
stratégies, tout est transposable.
Ce qui est évident d'aborder dès
le début, c'est l'équipe.
Ces gars qu'on voit venir comme un
12 tonnes sur une route des Landes,
ces types qui parviennent encore
à nous surprendre, ces boîtes à
Carambar, ces statues dorées à leur
propre effigie.
Jeanne Say
Le pilier
Au rugby, les piliers encadrent le talonneur.
Ils guident l'impact dans la mêlée et doivent
garantir le lien avec l'équipe adverse. Ils
percutent à l'attaque afin de faire avancer le
ballon. Laissant parfois quelques neurones
au passage. Le pilier c'est le foie gras au
naturel du rugby.
In Real Life, le pilier c'est le gentil petit
bedonnant de 45 ans, qui va vous aborder
avec une maladresse touchante, vous
demander d'où vous venez, si vous êtes
accroc au rugby.
Il ne tentera rien d'extravagant, se
souvenant chaque minute que Mireille
l'attend à la maison dans le Gers, avec les
2 gosses, le chien devant Patrick Sébastien.
Parler à une femme dans un bar est déjà
tromper pour le pilier.
Le pilier connaît tous les joueurs du XV de
France depuis 97 et ignore complètement
que Grissom devient sourd - mais se fait
opérer - à partir de la Saison 6 de CSI - Les
experts, amis français. Les experts c'est
l'équipe de Handball pour le pilier. Le sport
c'est la vie. Le reste... Quels restes?
113
Appréciation: AUCUN DANGER. Sauf si
vous êtes en quête d'identification avec un
père absent et que la bonhommie nous titille
la langue.
Le talonneur
Au rugby, c'est ce gars qui en bord de
terrain lance le ballon au milieu de deux
lignes de types qui veulent sauter en l'air
en criant des mots dans le désordre. C'est
aussi le gars qui bouge ses cheveux en
mêlée, pour mieux envoyer la balle du
talon - ceci expliquant cela - vers le demi
de mêlée. Moins gras que le pilier, il n'en
reste pourtant que proche du chapon ou
de la dinde américaine - je parle de leurs
proportions pas de leur femme.
In Real Life, le talonneur est le petit gars
de 40 ans, anciennement adepte des salles
de muscu - comme il faut dire aux copains dont les abdos sont proches du fût de bière.
Un ancien beau, avec ou sans accent - plus
drôle avec - qui continue de vouloir porter
des t-shirts Kaporâlllleee ultra moulants,
rentrant ce ventre peu athlétique et
marchant tel Aldo Maccionne au bord de la
piscine - tout est une question de bords avec
le talonneur.
Jeanne Say la drague, les mecs
et le rugby, c'est tout pareil
les centres, ailiers et arrières ...
Ils draguent en bande, commandent
le même verre, vont pisser ensemble,
limite se la tiennent parce que
c'est ça les valeurs du rugby.
Le demi de mêlée
Au rugby, c'est la pûûût de 9 qui fout
toujours la merde: je mets pas la baballe
en mêlée parce lui là bas il se tient pas
bien, je vais voir l'arbitre parce que mon
homologue d'en face m'a mis les doigts
dans l'oeil, j'excite mes avants pour qu'ils
défoncent -sans raison- l'équipe adverse
et je rigole en regardant la bagarre
générale. Et comme il est indispensable
au lancement d'action offensive, il se la
pète grave! C'est un coq tout petit ou un
yorkshire castré: ça gueule et ça fait chier!
In Real Life, le demi de mêlée est le
petit qui se cache entre chaque blague
derrière ses potes golgoths. Il veut t'avoir
à l'usure. Il est sec comme une crotte
oubliée au soleil. Il vient sans cesse te
"poker" l'épaule et adore le fait que tu
fasses 15cms en plus que lui - même si
ça t'agace.
Le talonneur croit qu'une femme est
aussi abrutie qu'une poule faisane,
l'abordant avec la délicatesse d'un
boeuf bourguignon servi sur une aire
d'autoroute d'Auvergne. Il se croit dans un
film de Pacino, lance des "la même chose
pour la demoiselle aux yeux de braise"
alors il mate vos nichons et que le R est
totalement superflu.
Appréciation: POTENTIEL BOULET
- sauce liégeoise - qu'il faut cadrer
rapidement pour éviter les débordements
- de la graisse venant du jean trop
moule-byte. Sauf si la chasse au lapin à
découvert vous tente, souriez et engagez
la conversation avec le pilier.
Le deuxième
et le troisième ligne
Au rugby, le deuxième ligne saute quand
on lui lance la baballe, pousse quand
les copains poussent, se bat quand un
adversaire le regarde avec amour. Ces
gars qui frôlent les montants de porte
sont balaises comme des armoires, font
pâlir les jeunes filles dans les collèges et
114
mourir les vieilles dans les maisons de
retraite. L'oreille en chou fleur - oui, ce
sont eux quand vous dites "dégueuuuuu"
- le deuxième ou troisième ligne est
SOURD! C'est un albatros ou un vautour,
tant il arrive toujours quand tout est fini.
In Real Life, le deuxième ou troisième
ligne ne sait pas trop que faire de son
corps encombrant dans un lieu exigu tel
un bus, un bar, les toilettes d'un bar...
C'est l'ado qui a grandi trop vite et qui
ne sait que faire de ses pulsions et des
mouchoirs qu'il planque sous le matelas.
Mais ils nous plaisent ces bougres: ils
sont grands, parfois bâtis comme des
buildings qataris, on se sent de vraies
femmes face à ces mains qui pourraient
nous étrangler en une prise. Il plie les
manches de sa chemise pour pas montrer
qu'elle lui arrive à mi-bras.
Appréciation: POTENTIEL TOUT COURT mais je ne suis pas partiale dans l'histoire.
Après le deuxième ou troisième ligne est
extrêmement gentil et ne vous rentrera
pas dedans avec fougue - pas tout de suite
en tout cas. Mais PARLEZ FORT!
Appréciation: ALERTE SCOLAIRE. Même
si on les aime plus jeunes, on aime les
hommes pas les potes de maternelle.
Ils agissent comme si la puberté n'avait
pas franchi leurs frontières - Tchernobyl
style - et pensent que te sourire en te
caressant l'épaule - le bras tendu en l'air
évidemment - ça te fait un effet douche
collective au stade de France. NON!
Le demi d'ouverture
Au rugby, c'est le 10. Celui qui reçoit le
ballon du demi de mêlée - normalement
1 - et la passe aux lignes arrières normalement 2. Il est le lien entre la
défense et l'attaque, la maïzena de la
sauce du plat du dimanche. Et comme
la maïzena est démodée, il est difficile
de trouver le parfait liant pour une sauce
réussie.
In Real Life, le demi d'ouverture est le
gentil de la bande. Parfois insipide, il
ne vous saute pas dessus. Timide mais
sociable, il ne roule pas des mécaniques.
Il vous sourit franchement et ne parle
pas. Aucune frivolité dans sa tenue
vestimentaire, le demi d'ouverture est
discret. Le t-shirt - jean est de rigueur. Il
est cependant attentif à ses cheveux et à
sa peau - j'ai donc réussi à parler cheveux.
Jeanne Say la drague, les mecs
et le rugby, c'est tout pareil
Le talonneur, c'est le gars
qui bouge ses cheveux en mêlée,
pour mieux envoyer la balle du talon
- ceci expliquant cela vers le demi de mêlée.
Moins gras que le pilier,
il n'en reste pourtant que proche
du chapon ou de la dinde américaine
- je parle de leurs proportions
pas de leur femme...
Attention, ivre, il peut glisser sa main dans
votre soutif.
Appréciation: AUCUN RISQUE. Le flirt est
autorisé mais vous devrez faire le boulot!
Ce ne sera pas torride mais agréable c'est horrible mais parfois bien utile.
Les Centres,
ailiers et arrières
Au rugby, l'attaque c'est eux. Les
démarrages en trombe, les feintes de
passe, les courses effrénées, c'est encore
eux. Ils sont là pour aller aplatir le ballon
derrière la ligne en sautant comme des
lardons dans une poële trop chaude. Ils
font de grands gestes pour montrer qu'ils
sont contents, ils se cassent toujours un
truc, fragiles comme des footballistes.
Photo : WhiteCloud007, 3.bp.blogspot.com.
115
Ce sont des lapins de Garenne, ils se
ressemblent tous. Parfois y en a un ou
deux qui sort du lot. Et là c'est le pur
plaisir.
In Real Life, les centres, ailiers et arrières
sont les potes inséparables. Ils draguent
en bande, commandent le même verre,
vont pisser ensemble, limite se la tiennent
parce que c'est ça les valeurs du rugby. Ils
ont la coupe dernier cri - ou aucun cri du
tout - le style bien ancré, ils sont beaux,
propres avec des oreilles humaines. Ils
sont les beaux-fils parfaits, tantôt un peu
gentlemen farmer tantôt un peu bourrins
de fête foraine dans le Cantal. Ils vous
parlent à deux centimètres de votre visage
- tous en même temps - et comme ils se
touchent entre eux, ils ne vous pelotent
pas. Enfin pas de suite.
Appréciation: BOYS BAND. En adopter
un c'est se farcir le lot en permanence.
Ils font tout ensemble, comme des filles
ou des fourmis. Seuls, ils sont perdus.
Ils échangeraient même leurs slips.
Mais attention, rien de bien audacieux,
tout reste très classique. Les attaquants
vont chez les beaux-parents le dimanche
après-midi et font tout pour se faire bien
voir. Parfois, un moment d'égarement les
lance dans des figures périlleuses comme
le plaquage haut ou le pire - tremblez
peuple! - le cathédrale!
La fin de mon délire rugbystique prend
fin ici, jusqu'à la prochaine fois. Si vous
avez des commentaires, des ajouts, des
anecdotes, faites m'en part. Car la vie
comme le rugby, c'est avant tout une
grande histoire d'échanges - de fluides.
JeanneSay xvovalie.com
USAP
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L'A.S.P.
Bajadita vous propose aujourd’hui le premier article d’une
série qui nous accompagnera tout le long de la saison.
Cette série d’articles portera sur la saison 1913-14 de l’A.S.P.
l’ancêtre de notre U.S.A.P. actuelle. Plusieurs raisons font
que j’ai eu envie de revenir sur cette saison.
D’abord nous revenons pile cent ans en arrière.
Ensuite cette saison est historique pour le club catalan
puisque c’est la saison du premier bouclier de Brennus
du club catalan.
Enfin avec la première Guerre Mondiale seulement trois
mois après la victoire catalane rajoute une dimension
tragique et émouvante aux destinées des joueurs catalans.
Afin de mieux comprendre et de mieux
situer le rugby de l’époque en général
et le rugby catalan en particulier, nous
reviendrons d’abord sur la saison 1912-13
de l’A.S.P.
Un contexte très tendu
La première chose qui m’a frappé lorsque
j’ai commencé à m’intéresser à cette
période de l’histoire du club catalan est la
tension qui existait autour de lui. En effet
champion du Languedoc depuis 1905,
l’A.S.P. vient de perdre pour la première
fois ce titre au profit de Narbonne
mettant fin prématurément à sa saison
puisqu’à l’époque il fallait d’abord être
champion de différents championnats,
Languedoc, Littoral entres autres, pour
pouvoir disputer les phases finales du
championnat de France. Cette élimination
ravive différentes tensions qui existaient
au sein du club.
Ainsi lors de l’houleuse assemblée du
29 Avril 1912, plusieurs personnes,
dont Gilbert Brutus pour ne citer que
la personne la plus célèbre, décident
de quitter le club pour en fonder un
nouveau. C’est la naissance du Stade
Olympique Perpignanais (S.O.P.). A partir
116
de ce moment, de nombreuses tentatives
de déstabilisation naissent entre les
deux clubs. Il faut ici que j’apporte une
précision importante.
Mes sources proviennent d’un journal
de l’époque ardent défenseur de l’A.S.P.
Vous comprendrez alors que je passe
sur les différents coups tordus qu’ont
pu se livrer les deux clubs, puisque,
n’ayant qu’une version des choses, je
préfère m’abstenir de revenir sur ces
évènements. Cependant le fait de survoler
ces moments-là me fruste quelque peu,
je vous proposerai donc assez rapidement
un article sur cette scission au sein du
club et sur la naissance du S.O.P.
L’arrivée d’un
international gallois.
A l’instar d’Harry Owen Röe à Bayonne
d’autres clubs accueillent en leur sein des
joueurs britanniques désireux d’exporter
leur talent et leur savoir faire. L’A.S.P. a la
chance de voir arriver sous ses couleurs
Rowland Griffiths. Né à Tintern le 4 Mars
1886 Griffiths s’aguerrit au collège de
Monmouth. Durant sa scolarité il pratique
différentes disciplines comme le criquet,
l’aviron, le foot. Il joue ensuite à Newport
USAP
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L'A.S.P.
jusqu’à 21 ans. Centre, ailier ou arrière,
Griffiths fait partie de l’équipe de Newport
qui a affronté la Nouvelle-Zélande en
1905 et devient même à cette occasion le
premier joueur de Newport à marquer des
points face aux All Blacks.
Il participe aussi à la tournée des Lions
Britanniques de 1908 en Australie et
Nouvelle-Zélande. Désireux de partager
son savoir faire, Griffiths s’installe en
France à la Rochelle et joue pour le
Stade Rochelais avant de partir à Nantes
et de jouer pour le stade Nantais avec
d’excellents résultats puisque les nantais
atteindront les quarts de finale du
championnat de France. Il joue ensuite au
Racing Club de France, club avec lequel
dispute1_ la finale de 1912.
Contacté par différents clubs, il choisit de
rejoindre les rangs du club perpignanais. Il
Bedot
Un début de saison réussi.
Fort des conseils de leur international
gallois, les catalans progressent à
vitesse grand V et deviennent une équipe
redoutable.
Comme nous l’avons vu précédemment
les catalans doivent pour se qualifier
en championnat de France être les
premiers à l’issue du championnat
du Languedoc. Ce championnat est
composé des équipes de Narbonne,
Béziers, Carcassonne, Lézignan et
donc l’ASP. Les équipes s’affrontent
deux fois et le premier à l’issue de la
phase de poule est qualifié pour le
117
&
est de suite nommé capitaine de l’équipe et
est chargé d’organiser les entrainements,
de partager ses connaissances.
A ce sujet, il est bon de se souvenir qu’à
cette époque la France était loin du niveau
des équipes britanniques, et que de fait
lorsqu’un joueur britannique rejoint une
équipe française les clubs profitent de
leurs capacités pour mieux se structurer et
progresser.
Gravas
championnat de France. Pour compléter
ces rencontres de championnat, l’ASP
dispute aussi des matches amicaux.
Après des belles victoires face à des
équipes de régiment de Carcassonne
ou Montauban, l’ASP écrase le Castres
Olympique 33 – 0 avant de s’incliner face
au stade toulousain, champion de France
en titre, lors d’un traditionnel match
amical disputé à la Toussaint entre les
deux équipes.
Bien que nettement battu (11 à 0), le
club catalan dispute de l’avis de tous une
brillante partie dans le sillage notamment
de l’ouvreur Félix Barbe. Ce match est
porteur d’espoirs et l’ASP enchaine
avant le début du championnat du
Languedoc par deux victoires en amical
face à Vaugirard et au 56ème d’artillerie de
Montpellier.
Le début du championnat du Languedoc
est parfaitement maitrisé avec deux
victoires nettes face à Carcassonne
et Béziers. Mais malgré une nette
domination, l’ASP s’incline face à
Narbonne. Le club catalan rebondit
rapidement toutefois en dominant encore
largement Béziers et Lézignan s’appuyant
sur leur inamovible deuxième ligne
Gravas – Bedot.
USAP
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L'A.S.P.
Arrive alors la période de Noël durant
laquelle comme chaque année à cette
époque l’ASP reçoit un club britannique.
Ce sont les anglais de Gloucester qui sont
au menu de Noël 1912. Après une courte
défaite lors du premier match, les
catalans subissent une lourde défaite lors
du deuxième match. Mais William Ernest
Hall, l’un des sept frères de la célèbre
fratrie Hall, raconte déjà que les catalans
étaient trop indisciplinés et perdaient
trop de souffle à parler !
Comme quoi ce mal n’est pas nouveau.
Hall félicite aussi le demi de mêlée
Fournier indiquant même qu’il aurait
la place dans n’importe quelle équipe
anglaise. Il tient aussi à encourager un
jeune joueur débutant, le demi d’ouverture
Aimé Giral.
Puis le 1er Janvier 1913, l’ASP dispute et
remporte un autre match amical face à
Romans avant de prendre une éclatante
revanche sur Narbonne.
Mais cette victoire est éclipsée par la
réclamation portée avant la rencontre par
les dirigeants narbonnais marquant ainsi
le début de ce qu’on allait appeler l’affaire
Amilhat.
L’affaire Amilhat
Juste avant la rencontre du 09 Janvier
1913, le capitaine narbonnais Serres
(futur aspéïste d’ailleurs), déclare à
l’arbitre qu’il porte réclamation contre
un joueur de l’ASP, Amilhat, pour fait de
professionnalisme.
Malgré cela Griffiths, le capitaine catalan,
en accord avec ses dirigeants décide que
Amilhat participera à la rencontre que
gagnera l’ASP.
L’argumentaire narbonnais
Tout ce qui va suivre ici est tiré du rapport
présenté par M.Arnaud, président du RC
Narbonne aux membres du Comité du
Languedoc. Pour bien être clair ici il faut
préciser que le comité du Languedoc
émet d’abord un avis qu’il transmet au
(ancêtre fédé) seul organisme autorisé à
statuer.
En 1911 Amilhat habitait à Toulouse et
jouait au Stade Toulousain. Narbonne joint
alors au rapport des lettres envoyées par
Codine, actuel joueur de l’ASP qui faisait
118
partie de la Commission de rugby de l’ASP
en 1911, au père du joueur dans le but de
recruter son fil. Voilà quelques extraits de
ces lettres : « Quant à votre fils, nous lui
trouverons quelque chose de convenable,
car nous avons largement le temps »,
« Quant à votre fils, ne vous inquiétez
point : nous avons causé à plusieurs
personnes qui nous ont promis leur
concours. », ou encore « il en sera de
même pour votre fils, mais sa situation
sera plus facile à trouver ».
De même toujours pour essayer de
prouver le professionnalisme d’Amilhat,
Narbonne verse au dossier une lettre
envoyée par M.Pierre Ducup de SaintPaul en tant que président de l’ASP dont
voilà un extrait et avec laquelle avait été
envoyé un mandat de 50 francs destiné au
loyer de la famille Amilhat : « Nous nous
occupons activement de vous et de votre
fils. Ayez confiance. De toute façon, nous
vous garantissons cent francs par mois
en attendant de vous trouver un emploi
répondant à vos désirs. ». Dans la suite
du rapport les narbonnais indiquent
qu’une rencontre a eu lieu entre M.Ducup
de Saint Paul agissant en tant que
président de l’ASP, et M.Amilhat père. Au
cours de cette rencontre les deux parties
signant un contrat faisant d’Amilhat un
joueur de l’ASP et assurant des avantages
au père.
Les narbonnais indiquent aussi que
si Amilhat est venu jouer à Perpignan
c’est parce que le club lui assurait une
situation. Pour tous ces faits, Amilhat
devait être considéré professionnel et
disqualifié conformément à l’application
des règlements de l’amateurisme
nouvellement édités (20 Décembre 1912).
La réponse de l’ASP
Ayant connaissance de ces accusations,
l’ASP réplique par M.Jean Payra,
président du Conseil d’administration du
club. Il explique prenant appui sur une
correspondance échangée entre Codine
et Amilhat fils dès Mars 1911 que c’est ce
dernier qui a trouvé seul l’emploi qu’il
USAP
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L'A.S.P.
occupera à Perpignan à sa libération du
18e régiment d’artillerie de Toulouse. On
apprend aussi que Amilhat fils souhaite
rejoindre Perpignan pour se rapprocher
de sa fiancée avec laquelle il se mariera
le 31 Juillet 1912. Cela explique la
correspondance échangée entre Codine
et Amilhat père. Cette correspondance
est voulue par Amilhat fils dans le but que
Codine intervienne auprès de son père
pour qu’il n’ait pas d’inquiétudes pour son
fils.
avant de remettre le dossier à l’Union des
Sociétés Françaises de Sports Athlétiques
(USFSA qui gérait les compétitions de
rugby avant la naissance de la FFR) en
cas d’appel par l’un des deux clubs. Après
avoir pris connaissance des doléances des
deux clubs et des pièces jointes livrées
au dossier, le Comité du Languedoc
décide de rejeter la réclamation du RC
Narbonne jugée comme non fondée en
ce qui concerne le professionnalisme de
M.Amilhat fils, de l’ASP.
Mais on apprend aussi et surtout
qu’Amilhat fils veut cette correspondance
et que le club catalan s’engage auprès de
son père car il sait que le stade toulousain
lui a promis 250 francs par mois pour être
le gardien du stade. On apprend ainsi le
rôle obscur joué par le père du joueur qui
cherche à tirer un maximum de profits
des talents rugbystiques de son fils et qui
le menace de réaliser ses projets. C’est
donc pour cela que M.Ducup de SaintPaul se rend à Toulouse pour essayer de
trouver un terrain d’entente avec Amilhat
père sans toutefois que ce dernier ait le
consentement de son fils !
En conséquence le Comité homologue
le résultat du match du 09 Janvier 1913
et la victoire de l’ASP. En outre MM Olive
et Ducup de Saint Paul sont suspendus
respectivement deux et un an pour avoir
outrepassé leurs droits. Enfin les joueurs
Barbe et Codine sont mis hors de cause.
Le comité décide de remettre le dossier
à l’USFSA en cas d’appel par l’un des
deux clubs. Et là se produit une chose
incroyable. L’union, dans sa réunion
du 20 Janvier 1913, prend contre l’ASP
différentes décisions. Si le résultat du
match est bien homologué et Amilhat fils
mis hors de cause, MM Ducup de SaintPaul et Olive sont radiés à vie, tout comme
les joueurs Barbe et Codine !
L’affaire est donc transmise au Comité
du Languedoc qui doit statuer en premier
Le problème est que l’Union ne peut se
réunir qu’après que les clubs aient connu
officiellement les décisions de la réunion
du Comité du Languedoc. Or, l’ASP ne
reçoit le courrier officiel du comité que
le 21 Janvier 1913 ! De plus dans les
statuts de l’époque il était spécifié que les
ordres du jour des réunions devaient être
dévoilés au plus tard trois jours avant ces
réunions.
Mais cette affaire n’était absolument pas à
l’ordre du jour de la réunion du 20 Janvier
1913. Et, s’il est vrai qu’une affaire pouvait
être évoquée de manière exceptionnelle
dans une réunion de l’Union. Celle-ci
ne pouvait prendre aucune décision au
sujet d’un cas exceptionnel. L’ASP décide
alors, comme il en a parfaitement le droit
de protester de cette décision auprès de
l’Union.
Protestation qui allait porter ses fruits,
puisque l’Union revenait quelque peu sur
sa décision et décidait de suspendre MM
Ducup de Saint-Paul et Olive pour deux
et un an comme le préconisait la décision
du Comité du Languedoc, et réduisait les
sanctions envers Barbe et Codine, mais
les suspendait toutefois pour six mois,
signifiant ainsi pour eux la fin de la saison.
LES PHASES FINALES
Qualifiés donc en phases finales en
tant que champion du Languedoc, l’ASP
doit affronter le champion du Littoral,
Toulon, dans ce qu’on pourrait considérer
aujourd’hui comme un seizième de finale.
Barbe et Codine suspendus, Aimé Giral,
capitaine de l’équipe 2 de l’ASP est
propulsé à 17 ans titulaire à l’ouverture
de l’attaque catalane. Récot lui remplace
Codine au poste d’arrière.
barbe
119
Malgré un début de match difficile, les
catalans prennent l’ascendant et virent
en tête 5 à 0 (1 essai transformé) avant
de se détacher irrésistiblement en
seconde mi-temps en inscrivant trois
nouveaux essais pour l’emporter
finalement 16 à 0. Je passe rapidement
dessus mais il faudrait vraiment que je
vous livre quelques extraits des comptes
rendus des déplacements car
les anecdotes sont nombreuses et
savoureuses.
En huitièmes de finale c’est Lyon, le
grand Lyon, celui qui remportait le titre
de champion de France face à l’imbattable
stade Bordelais qui se dresse face au
XV catalan.
Amputés par les suspensions donc et par
les blessures, notamment celles de Py et
Cuillé jusqu’alors titulaires indiscutables,
la tâche semble des plus ardue pour la
jeune équipe catalane. D’autant plus que
dès le début de la rencontre, Récot puis
Courrégé sont touchés (est-il nécessaire
de préciser que les remplaçants n’étaient
pas autorisés à l’époque ?), mais l’ASP
USAP
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L'A.S.P.
est bien dans la rencontre et les deux
équipes se rendent coup pour coup dans
une première mi-temps intense. Sans
complexes, les catalans exercent une
pression des plus fortes sur la ligne
d’essai lyonnaise qui débouchera sur un
essai de l’excellent Fournier juste avant
la mi-temps. La domination est toujours
catalane, mais aucun point n’est marqué
en seconde mi-temps. L’ASP est pour
la première fois en quarts de finale de
première série.
Pour les quarts de finale c’est à Lyon
justement que se déroule le quart de
finale entre Compiègne et l’ASP. L’équipe
catalane réalise un début de match
calamiteux et est rapidement menée 8 à
0. C’est d’ailleurs le score à la mi-temps.
L’ASP semble passer à côté de son match
jusqu’à ce que Giral marque le premier
essai pour les siens. Le cours du match
change alors totalement et Larrère
marque un essai que Griffiths transforme
mettant ainsi les deux équipes à égalité.
Compiègne se révolte alors et l’ASP plie
mais ne rompt. Puis Lida, l’excellent
troisième ligne catalan, inscrit le
troisième essai de son équipe après
un magnifique exploit personnel. Le
coup est dur pour les nordistes qui sont
définitivement assommés par un dernier
de malchance avec les blessures
de Gravas, Bedot, nez cassé, et Lida,
épaule démise. Il ressort que cette
dernière blessure fût très préjudiciable
à l’équipe de Perpignan puisque blessé,
Lida, ne put protéger son demi de mêlée
Fournier.
lyda
essai du toujours excellent demi de mêlée
Fournier. Les catalans sont ainsi pour la
première fois de leur jeune histoire en
demi-finale du championnat de France.
C’est le SCUF finaliste (1911) qui est au
programme de cette demi-finale. Mais
malgré une nette domination soulignée
par tous les journaux de l’époque,
l’aventure aspéïste s’arrête là. Ces
comptes-rendus nous indiquent aussi que
les catalans ont énormément dominés
la première période mais ont joué trop
fougueusement oubliant de poser le
jeu et ont pêché dans la finition par
précipitation. Les catalans jouèrent aussi
Ce dernier, mis sous muselière par
Theuriet et Eutrope, ne put alimenter
sa ligne d’attaque de ballons. La
prestation de cette dernière et de
Giral particulièrement fut diversement
commentée. En effet la performance
d’Aimé Giral fit débat.
Véritable révélation pour certains,
trop timoré pour d’autres. Par contre
tous s’accordèrent pour souligner la
performance médiocre de Griffiths.
On apprend cependant qu’apparemment
celui-ci était blessé avant la rencontre et
n’eut pas son rendement habituel, bien
que pour certains journaux son déclin
était déjà amorcé depuis un moment.
Champion de France de deuxième division
deux ans auparavant, l’ASP a en deux
ans réussit la performance d’atteindre
cette fois les demi-finales de première
division et est maintenant considérée
comme l’une des formations les plus
prometteuses.
Jérémy bajadita.com
120
Je hais
le mouvement
qui déplace
les lignes.
RIEN NE VAUT
le mouvement
qui déplace
les lignes.
Charles Baudelaire, poète.
Extrait des Fleurs du mal.
Pierre Villepreux, ex rugbyman & consultant
Extrait d'interview.
les auteurs qui ont contribué
à ce numéro d'up&under
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Plus qu’un site de résultats bruts, Bajadita
vous propose des articles de fond et d’analyse
des rebonds ovales.
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Un grand merci à Olivier / Tahaacrea.com
pour la création & la réalisation graphiques de ce numéro.